diagnostique et de son mauvais pronostic. Dans notre se
´rie, il
occupe la premie
`re place des cancers digestifs pris en charge
dans notre service avec une fre
´quence de 12,8 % des cancers
digestifs. Des fre
´quences plus e
´leve
´es ont e
´te
´rapporte
´es par
Diarra [5] au Mali et d’Effi et al. [6] en Co
ˆte d’Ivoire :
respectivement 59,1 % et 44,6 %. Cette fre
´quence apparemment
faible dans notre se
´rie peut avoir plusieurs causes. Ainsi,
certains patients porteurs de le
´sions suspectes de cancer de
l’estomac, dont la nature maligne n’a pas e
´te
´confirme
´e
histologiquement, ont e
´te
´exclus de notre e
´tude. En outre, le
diagnostic de cancer gastrique pouvant e
´galement e
ˆtre fait en
milieu chirurgical, certains patients ont e
´chappe
´a
`notre
se
´lection. La plupart des patients consultent tardivement
(3,15 mois d’e
´volution dans notre se
´rie), du fait qu’une grande
partie d’entre eux recouraient a
`l’autome
´dication et a
`la pratique
de la me
´decine traditionnelle. Ils sont donc vus en consultation
a
`une phase de complication, ou
`il n’est plus possible de re
´aliser
une fibroscopie œsogastroduode
´nale, et donc de poser le
diagnostic de cancer gastrique. L’a
ˆge moyen des patients e
´tait
de 58,8 ans et la tranche d’a
ˆge 50-59 ans e
´tait la plus
repre
´sente
´e. Bouglouga et al. [7], au Togo, et Kadende et al.
[8], au Burundi, rapportent des donne
´es similaires avec des a
ˆges
moyens de respectivement 55,85 et 55,1 ans et un pic de
fre
´quence se situant dans la tranche de 40-59 ans. En revanche,
en France, l’a
ˆge moyen est plus e
´leve
´(70,1 ans pour les hommes
et 75,2 ans pour les femmes) [9]. Cette diffe
´rence pourrait
s’expliquer par le fait que l’infection a
`Helicobacter pylori – qui
s’acquiert de
`s la petite enfance et est implique
´e dans la
carcinoge
´ne
`se du cancer de l’estomac [10] – a une pre
´valence
plus e
´leve
´e dans notre pays (53,4 %). Notre se
´rie pre
´sente une
pre
´dominance masculine, avec un sex-ratio de 2,5, conforme
aux re
´sultats de Kone
´et al. au Mali [11]. Selon Segol et al. [12],
cette re
´partition serait due a
`une consommation alcoolotaba-
gique plus fre
´quente chez le sujet de sexe masculin, caracte
`re
e
´galement observe
´dans notre se
´rie et qui constitue un cofacteur
de carcinoge
´ne
`se gastrique. Les e
´pigastralgies sont le sympto
ˆme
d’appel le plus fre
´quent (44 %), suivies des douleurs abdomi-
nales diffuses (22 %) ; ces re
´sultats se rapprochent de ceux de
Bouglouga et al. [7]. La majorite
´de nos patients ont consulte
´
3,15 mois en moyenne apre
`slede
´but des sympto
ˆmes. Dans la
litte
´rature, les de
´lais d’e
´volution avant consultation sont varie
´s.
Pour Koffi et al. [13],enCo
ˆte d’Ivoire, le de
´lai moyen
d’e
´volution avant la consultation e
´tait plus long, 8,1 mois, avec
des extre
ˆmes de un jour et de soixante mois. La consultation
tardive explique le retard diagnostique et une prise en charge
chirurgicale rapide. Une masse e
´pigastrique est note
´ea
`
l’examen physique dans 19 % des cas. Ce re
´sultat est similaire
a
`celui de Blackshaw, en Grande Bretagne [14] : 14,2 %, mais
tre
`s infe
´rieur a
`celui Dembe
´le
´et al. [15], au Mali : 65 %. Cette
valeur traduit un stade avance
´de la tumeur au diagnostic. La
forme ulce
´robourgeonnante est la variante macroscopique la
plus fre
´quente : 25 %. Kone
´et al. [11] rapportent au contraire
une pre
´dominance de la forme bourgeonnante (67,5 %). Cette
diversite
´de l’aspect macroscopique pourrait s’expliquer par le
fait que les re
´sultats de la fibroscopie œsogastroduode
´nale
de
´pendent de la qualite
´de l’ope
´rateur, et surtout re
´sulter d’une
absence de standardisation dans la description macroscopique
de ces le
´sions. L’antre est le sie
`ge des le
´sions dans 72 % des cas,
suivi du fundus : 28 %. La pre
´dominance du sie
`ge antral est
e
´galement rapporte
´e dans la litte
´rature [2, 4]. En revanche, Kone
´
et al. [11] et Ayite et al. [3] notent une fre
´quence du sie
`ge
antropylorique de 36,4 %. Le sie
`ge cardial, fre
´quemment
observe
´dans d’autres e
´tudes, n’a pas e
´te
´identifie
´dans notre
se
´rie. Cela peut s’expliquer par le fait qu’une partie des tumeurs
du cardia sont rattache
´es aux cancers du bas œsophage en
fonction de leur topographie (classification de Sievert).
L’ade
´nocarcinome est la forme histologique la plus fre
´quente
avec trente cas (94 %). Il en est de me
ˆme pour la plupart des
e
´tudes [6, 11], Effi et al. et Kone
´rapportant respectivement
95,2 % et 84,4 %. Nous avons retrouve
´deux cas de lymphome
de MALT, conforme a
`l’e
´tude de Kone
´et al. [11] au Mali. Cette
faible fre
´quence concorde avec les donne
´es e
´pide
´miologiques
en Afrique [3] sur le cancer gastrique. La dure
´e moyenne
d’hospitalisation e
´tait de 15,5 jours avec des extre
ˆmes de trois et
soixante-huit jours. Bouglouga et al. [7] notent une dure
´e
moyenne d’hospitalisation de 21,1 jours avec des extre
ˆmes de
trois jours et quatre-vingt-onze jours. Dans les deux se
´ries, on
observe des dure
´es soit tre
`s courtes, soit tre
`s longues. Ceci
illustre deux faits : le mauvais pronostic, en raison d’un
diagnostic tardif, et la fre
´quence des complications, ne
´cessitant
de longues hospitalisations. Enfin, le manque de moyen
financier des patients peut expliquer en partie certaines
hospitalisations courtes. Dans notre e
´tude, seulement cinq
malades (16 %) sont de
´ce
´de
´s, contrairement a
`ce qu’ont
observe
´Bouglouga et al. dans le me
ˆme service : 30,8 % [7].
L’ame
´lioration des mesures de re
´animation, associe
´ea
`un
rapide transfert en milieu chirurgical de nos patients, expli-
querait cet apparent faible taux de mortalite
´hospitalie
`re dans
notre se
´rie. Les quatorze patients – cinq libe
´re
´s et neuf sortis a
`
leur demande – qui ont e
´te
´perdus de vue sont possiblement
de
´ce
´de
´s : cela aurait pu augmenter le taux de mortalite
´de notre
se
´rie autour de 59 %, sans tenir compte du probable taux de
mortalite
´enregistre
´parmi les treize patients transfe
´re
´sen
chirurgie.
Conclusion
Le cancer de l’estomac reste un cancer fre
´quent et de mauvais
pronostic au Togo. Si les manifestations cliniques sont le plus
souvent tardives, le mode de re
´ve
´lation habituel demeure la
douleur abdominale. Son diagnostic est souvent pose
´a
`un stade
ou
`les le
´sions sont e
´volue
´es et souvent me
´tastatiques, rendant
difficile le traitement chirurgical. De plus, la chimiothe
´rapie
n’est pas de pratique courante au Togo. L’ade
´nocarcinome
gastrique repre
´sente le type histologique le plus fre
´quent, au
pronostic fa
ˆcheux dans notre se
´rie. Un diagnostic pre
´coce est
souhaitable, a
`travers des campagnes de sensibilisation de
masse et une meilleure accessibilite
´a
`l’endoscopie digestive
haute afin d’ame
´liorer le taux de survie de nos patients.
Tableau 2. Re
´partition des cas de cancer gastrique selon les aspects histologiques
retrouve
´s
Table 2. Distribution of stomach cancer cases by histologic classification
Type histologique Effectif Pourcentage (%)
Ade
´nocarcinome 30 94
Ade
´nocarcinome diffe
´rencie
´24 75
Ade
´nocarcinome indiffe
´rencie
´619
Lymphome 2 6
Total 32 100
Me
´decine et Sante
´Tropicales, Vol. 25, N81 - janvier-fe
´vrier-mars 2015 67
Cancer de l’estomac
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