
Finn a rencontré Anna, une enfant,  dans la rue d’un quartier pauvre à Londres en 1935. Après l’avoir 
ramenée  chez  lui,  il  a  découvert  une  petite  fille  qui  avait  une  quête  incessante  de  la  beauté,  et  qui 
trouvait Dieu dans les choses les plus insolites : les tickets de tram, l’herbe, les mathématiques... 
Elle vécu quelques années avec lui, et après sa mort il a réuni ensemble quelques fragments précieux de 
ce qu’elle avait écrit. Ce sont ces fragments qui composent « Le Cahier d’Anna » 
 
« Finn dit que si on habite une maison et qu’on  laisse la  fenêtre devenir  toute 
pleine  de  claboussures  et  toute  crasseuse  et  qu’on  regarde 
dehors, on voit le monde tout crasseux aussi. Mais il 
l’est  pas.  Si  vous  regardez  dedans,  on  dirait  que 
c’est sale, mais c’est pas sale, c’est les carreaux 
qui  sont  sales.  Bon.  Je  vais  encore  parler  de 
Finn parce  que Finn dit que  tous les gens  ont 
deux fenêtres. D’abord  ils ont  la fenêtre  de 
l’œil  c’est  pour  regarder  dehors  et  voir  des 
choses, et la fenêtre du cœur c’est pour regarder 
dedans  et  pour  se  voir.  Finn  dit  que  quand  on  pleure, 
c’est pour laver les carreaux comme ça on y voit plus clair. 
 
Un  jour,  j’ai  demandé  un  bonbon  à  Finn  et  Finn  a  dit  non. 
Comme j’étais triste, j’ai pleuré un peu, j’ai pleuré des vraies 
larmes  pour  lessiver  ma  fenêtre  de  l’œil  qu’était  toute 
crasseuse : j’avais envie de bonbons et même que c’était de la 
gourmandise. Finn, il a rien dit, il m’a prise dans ses bras et il 
m’a mise devant une glace pour que je voiye le reflet de Finn, et 
le  reflet,  y  souriait !  Alors  j’ai  souri  aussi,  j’ai  vu  que  mes  yeux 
pétillaient et que je voyais bien. Et j’ai vu que Finn disait non pour 
la  bonne  raison  qu’il  avait  pas  d’argent  parce  qu’il  l’avait  toute 
donnée    à  Missis  Barkr  pour  quelle  s’achète  des  cracaouettes  à 
vendre pour se faire un peu de sous pour s’acheter à manger ! Et moi j’avais pas bien 
vu : la fenêtre de mon œil était toute crasseuse et toute sale de gourmandise. 
  
Tout  le  monde  a  une  fenêtre  de  l’œil  et  une  fenêtre  du  cœur.  Finn  m’apprend  à 
astiquer ma fenêtre de l’œil et ma fenêtre du cœur. » 
 
Le Cahier d’Anna – Fynn – Edition Seuil (p 40 à 42) 
 
"  La  lampe  de  ton  corps,  c’est  l’œil.  Quand  ton  œil  est  sain,  ton 
corps  tout  entier  est  aussi  dans  la  lumière ;  mais  si  ton  œil  est 
malade, ton corps aussi est dans les ténèbres. Si la lumière qui est  
en toi est ténèbres, quelles ténèbres."  
 
Matthieu 6, 22-23