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L’Univers est fait
de globes emboîtés
À Athènes, au Vesiècle avant J.-C., le philosophe
Platon se pose la question : “Comment représenter
les mouvements réguliers des astres dans le ciel ?”.
L’astronome et mathématicien Eudoxe de Cnide,
qui vit à la même époque, trouve une réponse : la
Terre se trouve au centre d’une sphère à laquelle
est suspendue la Lune. Une deuxième sphère
englobe la première, puis une troisième, une
quatrième, etc. Le Soleil et les planètes sont chacun
accrochés sur une sphère différente. En tout, il y a
27 sphères concentriques.
L’Univers est un monde clos
Un siècle plus tard, le savant Aristote complète cette
description. La Terre immobile occupe le centre de
l’Univers. Autour d’elle, dans la sphère où est
accrochée la Lune, tout se transforme et bouge. Au-
delà de la Lune, dans les autres sphères, tout est
immuable : c’est la ronde sans fin des planètes. La
dernièresphère,oùsont suspendueslesétoilesfixes,
englobe tout l’Univers. Au-delà il n’y a plus rien.
N’est-ce pas plutôt
la Terre qui tourne ?
Moins d’un siècle plus tard, Archimède puis
Aristarque de Samos pensent l’inverse : les étoiles
et le Soleil restent immobiles et la Terre tourne
autour du Soleil en décrivant un cercle. Le Soleil
devient le centre de l’Univers et de la sphère des
étoiles. Cette représentation de l’Univers, connue
pourtant du grand public, n’eut aucun succès. On
pensait que la Terre, le plus lourd des éléments,
devait forcément se trouver au centre de tout.
Comment croire que des étoiles faites de feu
puissent rester immobiles pendant que la Terre
pesante circulerait dans l’espace ?
Les précisions d’Hipparque
Lesystèmedessphèresemboîtéesplacelesplanètes
toujours à la même distance de la Terre. Or l’obser-
vation montre les planètes plus ou moins grosses
selon la période où on les observe : c’est donc
qu’elles se rapprochent ou s’éloignent de nous.
Environ 150 ans avant J.-C., Hipparque de Nicée
change de modèle mathématique pour rendre
mieux compte des observations. Il construit un
système de mouvements circulaires et uniformes
représentant la ronde des planètes par rapport aux
étoiles. Il établit un catalogue de plus de 800 étoiles
classées suivant leur éclat et découvre, en utilisant
les observations babyloniennes, que l’axe autour
duquel tourne la Terre n’est pas tout à fait fixe.
Le système de Ptolémée
Au début de l’ère chrétienne, Claude Ptolémée vit
à Alexandrie, un foyer scientifique très réputé. Ce
grand astronome perfectionne la théorie des
planètes commencée par Hipparque. Il met au
point une construction mathématique complexe
composée de petits et de grands cercles, avec la
Terre au centre. Ce système décrit la réalité
observée avec encore plus de précision que le
Les astronomes grecs et arabes
C’est en Grèce, plusieurs siècles avant J.-C. que des hommes ont pour la première
fois décrit la Terre et l’Univers sans les expliquer par une action des dieux. À cette
époque, les astronomes étaient aussi des philosophes et des mathématiciens.
Pour expliquer leur vision du monde, ils se servaient de calculs et de géométrie.
L’HISTOIRE
système d’Hipparque. Son œuvre principale, qui
nous a été transmise par les Arabes sous le nom
d’Almageste, explique sa théorie. Elle est si
complète qu’aucun astronome n’essaiera de la
contredire pendant quatorze siècles !
L’astronomie arabe
Après les travaux des Grecs, l’astronomie tombe en
sommeil pendant des siècles, à cause de l’invasion
de l’Empire romain par les Barbares. Il faut attendre
le VIIIesièclepourque renaisse le goût decetteétude,
grâceà lacivilisationarabe. Desobservatoiresvoient
le jour à Bagdad, Damas, Ispahan. Des savants achè-
tent à prix d’or les manuscrits des astronomes grecs
et indiens qu’ils traduisent, vérifient, corrigent si
nécessaire. L’Almageste de Ptolémée sera traduite
5 fois en arabe. L’astronome syrien al-Battani (855-
929) observe pendant plus de 30 ans les étoiles et les
planètes. Il utilise couramment un nouvel instru-
ment :letubed’observation. Cestubes,sanslentilles
auxextrémités, permettent de focaliserle regard sur
une toute petite portion du ciel pour éviter les
lumières parasites. Pour les savants arabes, l’étude
del’astronomierépond aussi àdes besoinsreligieux
pratiques : l’étude des astres permet de déterminer
le mois de ramadan, les heures de prière, l’orien-
tation vers la Mecque... Les artisans construisent de
nombreux instruments d’observation portatifs tels
que les astrolabes, avec lesquels on peut situer
précisément les étoiles.
L’astrolabe, un instrument inventé par les
astronomes arabes (VIIIesiècle) permettant
de mesurer la hauteur des astres dans le ciel
et donc de les repérer précisément.
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