2 - La physique du 20° siècle :
Le vingtième siècle commence avec un incroyable foisonnement de théories souvent incompatibles entre elles
et avec les principes connus de la physique. Progressivement, ces théories ont été ajustées de façon à constituer un
ensemble pratiquement cohérent, les difficultés résiduelles étant passées sous silence. Pour s’en convaincre, il suffit de
lire ou relire les articles originaux dans lesquels ces théories ont été proposées pour la première fois.
Les grandes théories :
Sans vouloir être exhaustifs, nous allons considérer les plus emblématiques de siècle.
La théorie de la relativité :
Considérons tout d’abord la théorie de la relativité dont la genèse est remarquablement expliquée dans le livre
de Jules Leveugle [1]. Cette théorie n’a été que lentement acceptée par les physiciens en raison de son incompatibilité
avec certains des grands principes de la physique qui sont cités par Poincaré en 1904 lors de la conférence de Saint
Louis [2] : Le principe de conservation de l’énergie, le principe de la dégradation de l’énergie, le principe de l’égalité de
l’action et de la réaction, le principe de conservation de la masse, le principe de moindre action, auxquels il ajoute pour
la première fois le principe de relativité.
Cette théorie conçue pour conserver la vitesse de la lumière, ou plus exactement les équations de Maxwell,
n’est pas totalement compatible avec les principes de la physique cités par Poincaré. Pour rendre la vitesse de la lumière
indépendante du repère, fallait-il mettre les équations de Maxwell au dessus de tous les principes de la physique ? Etait-
il nécessaire d’abandonner la notion d’Ether, milieu supposé de propagation des ondes optiques, et sacrifier pour cela
plusieurs des principes de la physique comme celui de la conservation de l’énergie?
La théorie quantique :
Une autre théorie fondamentale du siècle est incontestablement la théorie quantique de Planck. La formule du
rayonnement thermique du corps noir proposée par Planck le 19 octobre 1900 introduisait la notion de quanta d’énergie
[3, 4]. La lecture de l’article original montre clairement que le modèle physique, très peu réaliste, proposé sans
justification par Planck avait pour seul objet d’illustrer, en faisant appel à la théorie des quanta, une formule décrivant
bien les résultats expérimentaux.
Malgré la notoriété de Planck, la notion de quanta n’a commencé à être acceptés qu’après l’article que Poincaré
a consacré à la théorie des quanta en 1912 [5]. Il y disait notamment : l’hypothèse des quanta est la seule qui conduise à
la loi de Planck, ce qui était bien la moindre des choses puisque Planck avait construit sa théorie du corps noir dans ce
but. On a seulement oublié les réserves de Poincaré sur la structure du modèle physique adopté par Planck.
Entre temps, Einstein avait envoyé le 18 mars 1905 un article dans lequel il introduit la notion de quanta
d’énergie localisés en des points de l’espace, chacun se déplaçant sans se diviser, c'est-à-dire de ce qui sera appelé plus
tard le photon [6]. Cette notion a évolué depuis de façon à mieux rendre compte des propriétés ondulatoires de la
lumière, mais l’assimilation du photon à un grain de lumière subsistera implicitement dans beaucoup d’esprits.
La physique des particules :
Des premières notes de Louis de Broglie en 1923 à sa thèse, la mécanique ondulatoire allait compléter cette
révolution conceptuelle. Associer à chaque particule une onde posait des problèmes nouveaux. Une onde
électromagnétique est transverse et ne peut avoir une symétrie de révolution. L’onde de louis de Broglie d’une particule
fixe pouvait être longitudinale et donc avoir une symétrie de révolution, mais restera mystérieuse, malgré les résultats
positifs de diffraction de particules réalisées depuis.
Parallèlement, Heisenberg proposa en 1925 une théorie baptisée mécanique des matrices ou mécanique
quantique, puis Schrödinger sa célèbre équation en 1926. Ce domaine de la physique, bien éloigné de la radioélectricité,
et dont la complexité dépasse le cadre de cet exposé ne sera pas abordé ici.
Nous noterons seulement que c’est à la suite de ces travaux qu’Heisenberg produit ses fameuses relations
d’incertitude. Avec l’école de Copenhague, il introduisit dans la physique l’indéterminisme.
Sur la base des relations d’incertitude, les physiciens admirent que ce qui ne s’observe pas n’existe pas. Ainsi
une particule n’a plus de trajectoire et sa position n’existe que si elle est mesurée à un instant donné avec une précision
limitée par les relations d’incertitude. Dès lors, la physique décide de ne pas s’intéresser aux transitions entre états
quantiques qui sont pourtant essentielles, en particulier dans les interactions entre matière et rayonnement.
La victoire de l’école de Copenhague marque la victoire d’une approche abstraite de la physique.
Aujourd’hui, dans le but de mieux connaître ses bases conceptuelles, la physique théorique s’intéresse de plus
en plus aux expériences sur des photons uniques. Celles-ci conduisent à des résultats de plus en plus surprenants, les
JS'11, Cnam Paris, 29-30 mars 2011
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