R E P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E Discours d'introduction de la table ronde n°3 « S'engager avec TARA OCEANS » Mesdames, Messieurs, ODETTE HERVIAUX Sénatrice du Morbihan Vice-présidente de la commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire Après une première matinée d'échanges consacrée à l'organisation de l'expédition et à sa mission scientifique, il nous revient désormais d'évoquer les logiques partenariales qui soutiennent TARA OCEANS ainsi que modalités de leur renforcement pour la deuxième moitié de l'expédition. L'organisation de cette table ronde doit en effet permettre de conforter la mobilisation du plus grand nombre autour d'enjeux majeurs pour la préservation de l'environnement et la lutte contre le changement climatique : la connaissance scientifique et pluridisciplinaire des milieux marins, l'innovation et le transfert de technologie. Autant de priorités économiques, écologiques et territoriales qui appellent des partenariats innovants et internationalisés entre les acteurs de la recherche, ceux de la formation et le tissu entrepreneurial et industriel. Il s'agit en l'occurrence de préciser en quoi l'expédition TARA représente une opportunité unique de promouvoir et réaliser un développement écoresponsable, dans l'intérêt de tous - acteurs publics et privés, organismes scientifiques, écoles - et à toutes les échelles, locale, régionale, européenne et internationale. Les spécialistes s'accordent pour leur part à reconnaître un rôle central pour la croissance économique à la recherche et à l'innovation, les deux demeurant intimement liées au développement durable. Elles peuvent ainsi permettre de concilier des perspectives trop souvent présentées comme antinomiques. -2- Nous devons malheureusement constater le quasi-échec de la stratégie de Lisbonne se solde par un quasi-échec : de 2000 à 2010, la dépense européenne en faveur de la recherche est restée très largement inférieure à l'objectif de 3% du PIB... Ce qui explique en grande partie la vigueur des débats relatifs au "grand emprunt". Sur une enveloppe totale de 35 milliards d’euros, ce seront finalement 21,9 milliards d’euros qui seront mobilisés pour accroître le potentiel de croissance de notre économie, dont 7,9 milliards pour la recherche et 5,1 milliards pour le développement durable, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, pour soutenir les phases de recherche ou de préindustrialisation dans les écotechnologies et les énergies décarbonées. Des fonds qui seront utiles et, espérons-le, fléchés concrètement et rapidement sur des opérations utiles et ambitieuses, à l'image de TARA. Car dans un contexte financier tendu, lié aux coupes budgétaires, à la crise économique et à ses effets négatifs sur l’investissement, le ralentissement des dépenses de recherche et développement (R&D) des entreprises françaises, mais également européennes, justifie une mobilisation forte et continue des pouvoirs publics, comme l'ont récemment montré les institutions communautaires à l'origine d’un plan d'urgence en faveur de l’innovation. Dans ce cadre, les politiques nationales et locales cherchent à agir sur les différents facteurs d'attractivité. En France, des dispositifs territorialisés nouveaux ont été mis en place pour valoriser le potentiel des territoires au regard des chercheurs et des entreprises innovantes, qu'il s'agisse des RTRA (réseaux thématiques de recherche avancée), des PRES (pôles de recherche et d'enseignement supérieur) ou bien encore de la mise en réseau de l'ensemble des acteurs, dans une perspective de synergie locale, à la fois scientifique et économique. Perspective portée notamment par les pôles de compétitivité, sur le modèle des clusters, qui renforce la coopération entre les laboratoires et les entreprises, reconnue comme essentielle à la diffusion de l'innovation. Un mois après le 50ème anniversaire du salon nautique et une rencontre sur l'internationalisation du Pôle Mer que j'ai présidée ici-même au Sénat, il apparaît en effet très utile de soutenir ces dynamiques partenariales en faveur du développement économique territorial et international par et pour la mer. À -3- Grande région maritime d’Europe, la Bretagne fait par ailleurs figure de pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment depuis l’organisation du Sommet mondial des régions à Saint-Malo en octobre 2008, en collaboration avec le PNUD et le PNUE. Elle compte par ailleurs des structures de renommée internationale, comme l’Ifremer, le CNRS ou encore l’Institut universitaire européen de la mer, soit 50 % de la recherche marine et maritime française que la Bretagne valorise au plan européen, qu’il s’agisse du Comité des régions ou de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes. De surcroît, un rapport de juin 2008 sur l’analyse de la participation de la Région au 6e PCRD (Programme-cadre de recherche et de développement) 2002-2006 confirme que les sciences du vivant arrivent au deuxième rang des priorités. Cette mobilisation des territoires pour et autour de l'expédition TARA OCEANS se trouvera confortée par plusieurs avancées historiques relatives à la reconnaissance du rôle des autorités locales en matière de lutte contre le changement climatique, adoptées par 193 pays après deux semaines de négociations dans le cadre la 16ème Conférence des Parties de la ConventionCadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). La reconnaissance des collectivités en tant que « parties prenantes gouvernementales » leur ouvre à présent les portes des négociations officielles jusque-là réservées aux États et les rend encore plus incontournables dans la définition et le financement de politiques internationales de lutte contre le changement climatique, qui comprennent bien évidemment un important volet scientifique dont TARA symbolise tout à la fois la nécessité et la réalité. Dans le cadre du partenariat de décembre 2009 entre l’académie de Rennes, le CRDP (Centre régional de documentation pédagogique) de Bretagne et Tara, notons enfin que plus de 2 000 élèves de 60 établissements bretons peuvent suivre l’expédition grâce au programme éducatif de l’expédition. Je forme par conséquent le vœu que ce temps d'échanges permettra de consolider et d'accélérer la mobilisation de soutiens publics et privés afin de garantir le plein succès de l'expédition scientifique jusqu'à son terme opérationnel en 2012 et, au-delà, de mettre à disposition des scientifiques impliqués les moyens nécessaires à l'exploitation durable des données et premiers résultats fournis par les équipes en mer et à terre.