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SAÂD
IARADI
conseils s
ur
ces s
uj
ets dev
an
t plusieurs personne
s.
En
revanche, les recettes de
sorce
ll
erie relevant de la volonté de nuire à
autrui
-
par
exempl
e,
faire divorcer
un
co
uple, rendre quelqu'
un
malade ou lui faire le
tqaf
-
so
nt toujours dites
en
secret, parce que les voyantes ne veulent pas avoir la ré
putation
d'être des
so
rcières
et
les patientes non plu
s.
Ainsi, comme la voyante ve
ut
con
ser
ver la
réputation de ne pas faire de la sorcellerie qui nuise, si
un
e
cli
e
nt
e inconnue lui
dem
an
de
ce
genre de sorcellerie, elle montrera un profond mécont
entement
et
lui répo
ndr
a qu'e
ll
e n'est p
as
une sorcière. Elle se comportera comme
si
e
ll
e
avait été insultée.
La sorcellerie nuisible
est
pratiquée dans la
di
scrétion
tota
le, au seul
béné
fice
des clie
nt
s qui viennent souvent chez elle
et
qui l'ont prise comme
co
nfide
nt
e,
ou pour des consultantes accompagnées
par
un
e perso
nn
e que la
voya
nt
e connaît.
Ce
lle-ci prépare alors la sorcellerie chez elle ou chez sa
cli
e
nt
e,
toute seule ou en
pr
ésence de cette dernière. Parfois, elles demande à la
cli
e
nt
e
de se
pr
oc
urer
les ingrédients né
ce
ssaire
s,
en
lui indiquant les
li
eux où e
ll
e
peut
les trouver,
et
en lui donnant ceux qui sont difficiles à se proc
ur
er
ou qui ne se
trou
ve
nt
pas chez les herboriste
s.
La patiente fournit le
pr
énom de la per
so
nne
à qui elle veut faire la sorcellerie ainsi que celui de
sa
mère. Mais ces my
stères
dans les déplace
ments
et
les consultations, loin de constituer seulem
ent
une
gê
ne, contribuent grandement à renforcer la croyance dans l'e
ffic
acité de la
so
r
ce
ll
eri
e,
il
s
mettent
en scène la nocivité «réelle
)}
des mixtures de la voyante.
Lesfoqaha
Le
fqih
est
aussi appelé tale
b.
C'est
un
personnage ancien dans la
soc
iété
marocaine, d
ont
la légitimité
et
le savoir
so
nt
religieux. Il
est
censé pouvoir
r
éc
i
ter
le
Co
ran par cœur
et
connaître les alJ,adith. Les foqaha dont je parle ne
s
ont
pas des docte
urs
de l'islam, à l'
instar
de ceux formés à l'école Qarawiyyin
qui
po
ssède
nt
le
titre
officiel de 'a
lim
ou de faq/h. C'e
st
pour
ce
la,
sans
dou
te
,
que le terme fqih est,
dans
cette occurrence, synonyme de taleb qui se
rt
aussi à
désigner les
ét
udiant
s en
sc
ie
nc
e islamique. Naguèr
e,
la fonction
pI
;nc
ipale
du
fqih
éta
it
d'enseigner le Coran aux enfants; il exerçait son métier d
ans
une
petite boutique ou d
ans
un
e maison, qu
'o
n appelle
jam
" ou
ms
/d
, meublée de
nates. Au fond de la pièce, le fqih éta
it
assis s
ur
un
mat
el
as
entouré de coussins.
Il
ten
ait
toujours à la main
un
long bâton, afin d'a
tteindr
e les enfants qui
n'appren
aient
pas les versets
co
raniques ou qui se montraie
nt
dissipé
s.
Le
s
versets
éta
ient
éc
rits s
ur
un
e
pl
a
nchett
e
(3)
de bois, polie
et
blanchie à l'argile
blanch
e,
avec un
qalam,
so
rt
e de plume confectionné à pa
rtir
d'
un
roseau qu'on
trempe, pour écrire, dans de l
'e
ncre à base des cornes de chèvre ou de laine de
mouton brûl
é,
et
qui s'effa
ce
dès qu'on lave la planchette avec de l'eau.
(3l «Elle
est
fa
it
e
en
bout
s de
mi
co
ucou
li
er ou de noyer, de
fo
rme
qu
ad,·angulaire. E
ll
e
est
longue de soi
xan
te ce
ntim
è
tre
s, large de tre
nte
environ. E
ll
e
es
t
ra
b
ot
ée soigneusement
ju
s
qu
'à ce
qu
'c
ll
e s
oit
devenue au
ss
i lisse que
du
papier. A la partie sup
érie
ur
e,
il
y a un
petit
trou dans lequel
p
asse
une
fi
ce
ll
e ou
un
e
co
urroie en mar
oq
uin qui pe
rm
et de la su
spe
ndr
e
..
(D ES
PAl
I
MET
, 1948 : 90
).