Chapitre 2.8.1. — Myxomatose
Manuel terrestre de l’OIE 2005 1031
bactériennes. Le virus est transmis entre lapins par l’intermédiaire d’insectes piqueurs tels que les puces ou les
moustiques. Une transmission directe par contact est possible, bien que plus limitée, dans les populations
étroitement confinées.
Un myxome primaire apparaît au point d’inoculation au bout de 2 à 5 jours, suivi par une conjonctivite (qui signe
une infection systémique), une inflammation de la région ano-génitale et le développement de lésions cutanées
secondaires en diverses régions du corps. Dans la forme oculo-respiratoire, la lésion primaire est en général une
macule inflammatoire rosée précédant un catarrhe oculo-nasal. Les souches virulentes peuvent tuer un lapin en
10 à 15 jours. La manipulation du virus myxomateux ne présente aucun risque, ce dernier ne se transmettant pas
à l’homme.
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
Dans la mesure où les signes de la maladie deviennent plus discrets avec l’atténuation des souches de virus,
l’envoi de prélèvements au laboratoire devient de plus en plus nécessaire. Les différentes techniques disponibles
varient dans leur capacité à détecter le virus myxomateux dans les lésions myxomateuses typiques, dans
l’œdème des paupières ou des organes génitaux. Lors de lésions atypiques, ces techniques permettent de
différencier l’infection due au virus myxomateux de celle due au virus du fibrome de Shope.
1. Identification de l’agent pathogène
Une portion de lésion est excisée à l’aide de ciseaux et débarrassée de l’épiderme et de la couche superficielle
du derme. Elle est lavée en solution physiologique tamponnée au phosphate (PBS) additionné d’antibiotiques
comme défini ci-dessous, puis broyée et homogénéisée à une dilution de 1 g de tissu pour 4,5 à 9,0 de PBS. Les
cellules sont rompues par 2 cycles de congélation-décongélation, ou par ultrasonication, afin de libérer les virions
et les antigènes. Cette suspension est centrifugée pendant 5 à 10 min à 1 500 g. Le surnageant est utilisé pour
les épreuves.
a) Culture
L’isolement du virus en culture de cellules peut utiliser des cultures primaires de cellules de rein de lapin
(RK), ou des cellules établies en lignée continue, telle que la lignée RK-13, en milieu essentiel minimum
(MEM) contenant 5 % de sérum de veau, 100 Unités Internationales (UI)/ml de pénicilline ; 100 µg/ml de
streptomycine ; 100 µg/ml de gentamycine ; 50 UI/ml de nystatine (mycostatine) ; et 5 µg/ml d’amphotéricine
(fungizone). L’inoculum est représenté par le surnageant de l’homogénat de lésion ou par du jetage oculo-
respiratoire repris en Opti-MEM additionné de 2 % de sérum de veau et d’antibiotiques. L’inoculum est retiré
de la couche de cellules au bout de 2 h. Les cellules sont rincées avec un faible volume de milieu puis
recouvertes de milieu d’entretien (Opti-MEM).
Un effet cytopathogène (ECP) typique des poxvirus (10) se développe en 24 à 48 h (à 37°C et 5 % de CO2),
mais avec certaines souches, il peut être plus lent et n’apparaître qu’au bout de 7 jours. Des groupes de
cellules voient leur cytoplasme confluer et forment des syncytia de taille variable, renfermant de 2 à
50 noyaux et même rassemblant jusqu’à une centaine de noyaux, selon la souche de virus. Le noyau de
certaine cellule présente des altérations, la chromatine formant des agrégats basophiles de taille et en
nombre variables, donnant à la culture un aspect en peau de léopard. Les inclusions intracytoplasmiques
éosinophiles, lorsqu’elles sont présentes, demeurent discrètes. Les cellules infectées s’arrondissent, se
contractent, deviennent pycnotiques puis se lysent et se détachent de leur support (verre ou plastique). A la
longue, toutes les cellules seront infectées et la couche monocellulaire se détache complètement.
Le virus du fibrome de Shope produit tout d’abord des foyers d’accumulation de cellules arrondies qui
prolifèrent et s’empilent (10). A la périphérie, les cellules récemment infectées montrent de légères
modifications nucléaires et des inclusions cytoplasmiques acidophiles nombreuses et précoces. La couche
cellulaire est détruite en plusieurs jours.
b) Méthodes immunologiques
Les tests d’immunodiffusion en gélose (IDG) sont de réalisation facile et rapide – les résultats peuvent être
obtenus en 24 h. Les plaques de gélose sont préparées avec de l’agar Noble (0,6 g), de l’éthylène diamine
tétra-acétique (EDTA) (2,5 g), du chlorure de sodium (4,5 g), et de l’eau distillée (500 ml) contenant du
thiomersal (merthiolate) à 1/100 000. L’antisérum standard (voir ci-dessous) et l’échantillon à tester sont
placés dans des puits opposés de 6 mm de diamètre, séparés de 5 mm. Une autre technique consiste à
déposer un fragment de lésion directement sur la gélose, à 5 mm d’un disque de papier filtre imprégné de
l’antisérum. Des lignes de précipitation, habituellement jusqu’à 3, apparaissent en 48 h, indiquant la