lutte », ne sont pas les produits des révolutions bourgeoises pour la plupart d’entre
eux.
Ils sont des produits des monarchies absolues, autrement dit, de la concentration ultime du
pouvoir féodal entre les mains de quelques grandes familles régnantes (par les guerres,
mariages, donations, ventes…).
La France était pratiquement dans ses frontières actuelles au moment de la révolution
bourgeoise de 1789, seuls la Savoie, Nice et le Vaucluse ont été rattachés ensuite. L’Espagne
est dans ses frontières actuelles depuis le 17e siècle. L’Angleterre dominait déjà toutes les îles
britanniques (Ecosse, Irlande, Galles, Man) à cette même époque, sous les Stuart (dynastie
d’origine écossaise).
Sous les monarchies absolues, le capitalisme a commencé à se développer, et la bourgeoisie
avec. Mais celle-ci avait souvent sa « fraction dirigeante » (la plus puissante économiquement,
politiquement et culturellement) au « centre » de ces Etats royaux, le centre autour duquel ils
s’étaient développés. Ce centre s’est trouvé à la direction des révolutions bourgeoises.
En France, c’est la bourgeoisie de la moitié Nord, surtout de la région parisienne, qui a dirigé
et ‘centralisé’ la Révolution de 1789, et celles de 1830 et 1848 encore plus. Cette bourgeoisie
dirigeante a maintenu sous sa domination, et/ou dans l’arriération (déjà engendrée par la
centralisation monarchique), le développement capitaliste des autres régions, au détriment de
leur bourgeoisie comme des masses populaires.
En Grande-Bretagne, la révolution bourgeoise s’est faite tôt (17e siècle) et en alliance avec
l’aristocratie, déjà « convertie » au capitalisme agricole. Celle-ci, fournisseuse en matières
premières (laine, bois, alimentation, charbon) de la bourgeoisie dont le QG était à Londres, a
maintenu les campagnes et notamment les terres celtiques (Écosse-Irlande-Galles) dans une
arriération et une exploitation brutale. En Espagne, le processus révolutionnaire bourgeois
s’est déroulé de 1833 à 1876, tardivement, et donc inachevé (laissant de grandes prérogatives
à l’aristocratie terrienne et au clergé). Il a été largement dirigé, politiquement et
culturellement, par la bourgeoisie (et l’aristocratie « libérale ») castillane de Madrid (et ses
appendices de Séville, Cadix etc.), mais celle-ci s’est aussi
appuyée sur les puissantes bourgeoisies basque de Bilbao (contre les carlistes), catalane de
Barcelone, asturienne (Oviedo-Gijón) et cantabrique (Santander), etc. C’est le « pacte
espagnol » des bourgeoisies, renouvelé pour la dernière fois en 1975-78 (en incluant les
« nationalistes » basques du PNV, catalans de la CiU etc.), après la centralisation castillane
autoritaire de Franco (justifiée par la lutte contre-révolutionnaire).
L’Unité de l’Italie, elle, est le produit d’une révolution bourgeoise. Mais une révolution
bourgeoise « incomplète », menée totalement par et pour la bourgeoisie du Nord (Turin, Milan,
Gênes), en alliance avec l’aristocratie ‘libérale’ du Nord (la famille de Savoie à sa tête) et en
compromis avec l’aristocratie terrienne du Sud et l’Église catholique. L’Unité s’est faite en
maintenant le Sud, et les autres régions arriérées (Alpes, Sardaigne etc.) dans l’arriération et
la semi-féodalité, et dans une exploitation féroce. Cependant, les questions nationales en Italie
ne sont pas extrêmement conflictuelles, sauf peut-être en Sardaigne (qui est, elle, une
annexion féodale du Piémont, par traité, au 18e siècle !). Les revendications du Val d’Aoste,
des Vallées occitanes ou du Sud-Tyrol restent relativement pacifiques ; la Ligue du Nord est un
mouvement 100% bourgeois et fasciste, sur une revendication nationale totalement
imaginaire, en réalité une simple revendication de « riches qui ne veulent plus financer les
pauvres bons-à-rien du Sud (et immigrés) ». Car, d'un point de vue économique, la plaine du
Pô est le centre capitaliste en Italie, même si la capitale administrative est à Rome.