Renforcer l‘economie locale et l‘emploi dans les zones urbaines en difficulte Exemples de bonnes pratiques en Europe Etude de fond sur la „Charte de Leipzig sur la ville européenne durable“ de la présidence allemande du Conseil Mentions légales Editeur Bundesministerium für Verkehr, Bau und Stadtentwicklung (BMVBS) Invalidenstraße 44 10115 Berlin www.bmvbs.de Bundesamt für Bauwesen und Raumordnung (BBR) Deichmanns Aue 31 – 37 53179 Bonn www.bbr.bund.de Rédaction Bundesamt für Bauwesen und Raumordnung, Bonn Dr. Peter Jakubowski Michael Zarth Secrétariat URBACT, Saint Denis La Plaine (Mandataire) Melody Houk Deutscher Verband für Wohnungswesen, Städtebau und Raumordnung, Berlin Christian Huttenloher Traduction Preference SF, Chastre (Belgique) Frederico Serge Reproduction et copies Tous droits réservés Citation BMVBS / BBR (Editeur): Renforcer l‘economie locale et l‘emploi dans les zones urbaines en difficulte, BBR-Online-Publikation 04/2007. urn:nbn:de:0093-ON0407R141 ISSN 1863-8732 urn:nbn:de:0093-ON0407R141 © BMVBS / BBR, Mars 2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte Table des matières 1 Introduction 5 2 Le rôle des villes dans le développement des entreprises 7 2.1 Principales caractéristiques de l’aide aux entreprises 7 2.2 Comment les villes peuvent-elles s’assurer que les instruments de soutien financier sont réellement utilisés par les acteurs auxquels ils sont destinés? 10 2.3 Comment les villes peuvent-elles adapter les instruments de soutien financier aux spécificités des quartiers en difficulté ? 15 2.4 Comment les villes peuvent-elles offrir des avantages spécifiques à certains territoires dans le but de favoriser la création d’entreprises ? 20 2.5 Comment les villes peuvent-elles transformer le potentiel des zones urbaines en difficulté en activités économiques ? 25 2.6 Points-clés – Des ensembles intégrés de dispositifs de soutien et de promotion des petites entreprises, qui répondent à la demande locale 27 3 Le Rôle des villes en matiere d’emploi 30 3.1 La contribution des autorités locales aux politiques de l’emploi 30 3.2 Comment les villes peuvent-elles garantir à l’ensemble de leurs citoyens un accès au marché du travail ? 33 3.3 Comment les villes peuvent-elles améliorer la qualité du capital humain dans les zones urbaines en difficulté ? 41 3.4 Comment les villes peuvent-elles aider entreprises et travailleurs à changer pour s’adapter au changement ? 45 3.5 Comment les villes peuvent-elles créer de nouveaux emplois et garantir qu’ils constituent des opportunités pour les populations des quartiers en difficulté? 47 3.6 Points-clés 51 4 Régénération urbaine : des perspectives de renouveau économique 54 4.1 Le potentiel économique des mesures de régénération urbaine 54 4.2 En quoi l’amélioration de l’accessibilité et de la mobilité peut-elle contribuer au développement économique local? 55 4.3 Comment tirer pleinement parti de la régénération physique pour qu’elle soit un atout en termes de revitalisation des quartiers ? 57 Tablé des matiéres BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 4.4 En quoi la transformation de l’image d’un quartier en difficulté et la création d’une identité territoriale peuvent-elles contribuer au développement économique? 63 4.5 En quoi l’activation du potentiel culturel et créatif peut-elle renforcer la revitalisation économique ? 65 4.6 Comment les villes peuvent-elles créer un environnement sûr et propre, favorable à l’activité économique locale? 69 4.7 Comment les villes peuvent-elles créer de l’emploi tout en apportant des réponses aux besoins sociaux? 71 4.8 Comment les villes peuvent-elles contribuer à pérenniser les processus et les résultats des programmes de régénération urbaine ? 73 4.9 Points-clés : Perspectives d’emploi et de développement économique offertes par la régénération urbaine 75 5 Conclusions générales 78 5.1 Les villes peuvent jouer un rôle essentiel en faveur du développement économique et de l’emploi et faire en sorte que ceux-ci bénéficient aux territoires et populations les plus en difficulté 5.2 Les villes sont en position unique pour créer des opportunités économiques en faveur des quartiers en difficulté par le biais d’approches intégrées de la régénération urbaine 81 5.3 Les villes n’ont ni le pouvoir ni les ressources d’agir seules. Mais elles peuvent optimiser l’impact de leur intervention dans les quartiers en difficulté en jouant un rôle moteur dans le développement de partenariats avec d’autres acteurs 82 5.4 Les villes peuvent optimiser leur potentiel d’intervention en agissant en étroite collaboration avec les niveaux européen, national et régional, et en disposant d’un soutien ciblé de la part de ces différents niveaux de gouvernement 78 83 Annexe 1: liste des exemples de bonnes pratiques 85 Bibliographie 88 Tablé des matiéres BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 1 Introduction Plus de 75% de la population européenne vit aujourd’hui dans les villes, villes qui sont de plus en plus reconnues comme des moteurs du développement et de l’innovation, et comme des acteurs de premier plan en matière de production de richesses et d’intégration sociale. Cependant, dans un nombre croissant de villes, y compris dans les villes les plus riches, des foyers persistent, qui concentrent pauvreté et ségrégation sociale et spatiale. La situation de ces zones défavorisées est variable mais elles partagent cependant un certain nombre de caractéristiques. En effet, qu’elles soient situées dans des quartiers anciens et dégradés du centre ville, aux alentours de friches industrielles ou encore dans les faubourgs les plus éloignés du centre ville, ces territoires connaissent des faibles niveaux de développement ainsi que des taux de chômage et de pauvreté qui dépassent de loin la moyenne locale. Malgré les politiques mises en oeuvre par l’Union Européenne et par la plupart des Etats Membres et des régions au cours des dernières années, les problèmes auxquels sont confrontés les habitants de ces zones en difficulté sont toujours d’actualité, voire s’aggravent. Il devient urgent de sortir ces quartiers d’une situation susceptible de dégénérer et de s’attaquer aux origines de la spirale de conflits et de violence qui en découle dans de nombreux cas. La résolution des problèmes auxquels sont confrontés ces quartiers nécessite des ressources humaines et financières dépassant de loin les moyens dont disposent les villes. L’étendue de ces problèmes requiert le déploiement de politiques structurelles financées par les Etats et par l’Union Européenne. Les villes n’en ont pas moins un rôle essentiel à jouer en matière de support aux activités économiques, à la création d’entreprises et d’emplois. Les politiques relatives au développement économique et à la création d’emplois relèvent généralement de la compétence des autorités nationales et, dans un nombre croissant de pays européens, de celle des autorités régionales. Néanmoins, les villes sont devenues des partenaires de premier plan lorsqu’il s’agit notamment de la mise en œuvre des politiques nationales relatives à la création de richesses, au développement économique et à l’emploi au niveau local. Leur rôle est double. En premier lieu, les autorités municipales participent à la mise en oeuvre de dispositifs conçus au niveau national et/ ou régional. Leur connaissance des réalités locales leur permet de transposer et d’adapter les dispositifs en fonction des besoins et ressources de leur territoire. En second lieu, les villes sont à même de compléter les politiques nationales et régionales par des actions qui ciblent plus spécifiquement les zones les plus défavorisées, d’autant plus que celles-ci ne sont souvent pas couvertes par les politiques élaborées au niveau national. Les villes sont seules en mesure de : • Assurerlacoordinationdespolitiques,desacteursetdesinstrumentslesplussusceptiblesdecontribueraudéveloppementurbaindanscesterritoiresspécifiques; • Définirlesconditionspropicesàl’émergencedeprojetsvisantàfavoriserlacréation denouvellesactivitésetdenouveauxemplois; • Impulserdenouveauxprojetsdedéveloppementlorsquelacapacitéetl’espritd’initiativefontdéfautdanslesecteurprivé. Chapitre1 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte Les villes sont très différentes en fonction de leur taille, de leur richesse ainsi que du cadre culturel, institutionnel et législatif dans lequel elles se situent, ce qui n’est pas sans incidence sur la marge de manœuvre dont elles disposent au niveau local. Chaque ville doit trouver la solution adaptée à ses besoins quand il s’agit d’intégrer ou réintégrer les quartiers en difficulté et leurs habitants dans la vie économique et sociale de la ville, de réintroduire des activités économiques et des entreprises dans ces quartiers afin de réduire la fracture entre ces territoires et le reste de la ville en matière de taux d’occupation notamment. L’essor des activités économiques et des entreprises est une condition sine qua non de la réussite à long terme des politiques de développement menées dans ces quartiers. Certaines villes élaborent, de façon pragmatique, des solutions faisant intervenir des investissements privés, des mesures visant à attirer les entreprises ou à stimuler leur création dans les territoires en difficulté. Des approches très variées sont mises en œuvres, qui ne s’excluent pas mutuellement et peuvent au contraire se compléter : • Certainesvillesoptentpourl’approchehabituellequiconsisteàdévelopperdesmesuresincitativesàl’adressed’entrepreneurspotentiels.Cesdispositifsneselimitent pasauxquartiersendifficultéetdanscertainscas,laconcurrencepourattirerles investisseursextérieursesttellequecertainesvillessontamenéesàsedemandersi leprixàpayern’estpastropélevé.Ainsiquenousl’avonsévoquéprécédemment, certaineszonesendifficultésontdansdessituationstellesquelesautoritéslocales neparviennentplusàrépondreàleursbesoinssansunappuiconséquentdesniveauxnationaleteuropéen.Undesexempleslesplusmarquantsdecetteapproche estceluides“ZonesFranchesUrbaines”danslesquelleslesnouveauxinvestisseurs bénéficientdeconditionsexceptionnellesentermesd’exonérationsfiscales,d’allègementconsidérabledesformalitésadministratives,etc. • D’autresvillesaccordentlaprioritéaudéveloppement«endogène»,surtoutlorsque leschancesd’attirerdesinvestisseursextérieurssontréduitesàpeaudechagrin. Danscecas,l’étenduedeleuractionpeutvarier:certainesselimitentàcréerunclimatfavorableaudéveloppementetàl’essordeprojetsd’entreprisesoudecréation d’emploiindépendant.D’autresvillesvontunpeuplusloinet,prenantactedelafaiblessedutissuindustriel,s’efforcentd’impulserdenouveauxprojets,généralement danslesecteurdel’économiesociale,avantdepasserleflambeauauxopérateurs privésdansunsecondtemps. Certaines approches combinent développement endogène et améliorations structurelles exogènes, de façon à maintenir ces quartiers dans la course voire de leur permettre de prospérer dans un environnement de plus en plus mondialisé. Ces actions, visant à promouvoir le développement économique dans les zones en difficulté, sont décrites au chapitre 2. Il arrive que ces mesures soient complétées par des politiques d’accompagnement des groupes les plus défavorisés, de soutien aux initiatives portées par des minorités culturelles et d’incitation à la sortie de l’économie informelle. La création d’emplois est intrinsèquement liée au développement économique; elle constitue un ingrédient essentiel de la revitalisation des quartiers en difficulté et doit, par conséquent, faire l’objet d’une attention toute particulière (voir chapitre 3). Les villes désireuses d’intervenir en matière d’emploi disposent de différentes voies d’action : elles peuvent encourager la création d’emplois locaux et/ ou promouvoir l’accès aux emplois disponibles dans des zones plus prospères (promouvoir l’employabilité des gens provenant de zones défavorisées, créer des infrastructures physiques qui assurent l’accès aux zones créatrices d’emploi, etc.). Ces actions s’inscrivent généralement dans Chapitre1 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte le cadre de mesures nationales qui résultent elles-mêmes de priorités fixées à l’échelle européenne. Du fait de leurs rapports très étroits avec les résidents (employés) et les entreprises (employeurs), les autorités locales ont le pouvoir de contribuer de manière pertinente à la mise en oeuvre de ces mesures dans les quartiers en difficulté et surtout, de les adapter aux spécificités locales. Enfin, et ceci n’est pas de moindre importance, un certain nombre de villes présente une expérience en matière d’approche intégrée du développement urbain, approche suivant laquelle les différents projets sont conçus pour se compléter les uns et les autres et renforcer leur impact respectif sur le territoire. Cette expérience (émanant principalement des initiatives communautaire URBAN I, URBAN II et Projets Urbains Pilotes) représente un atout essentiel quand il s’agit de favoriser l’essor d’activités économiques et la création d’emploi dans les quartiers en difficulté. Le chapitre 4 traite précisément de la régénération urbaine, mettant l’accent sur le lien entre les politiques de développement économique local et les actions visant à stimuler l’emploi dans le cadre de programmes intégrant les diverses composantes de la régénération urbaine : développement et adaptation des infrastructures, restauration du patrimoine culturel, développement d’un environnement sûr, mise en place de services contribuant à la transformation du cadre de vie des résidents locaux. Les villes ont fait preuve de leur capacité à transformer certains handicaps caractéristiques des quartiers en difficulté en atouts pour le développement économique et la création d’emplois. Ce chapitre illustre les principaux moyens dont disposent les villes pour relever ce défi. Dans chacun des chapitres, l’analyse des différentes approches repose sur les résultats et les pratiques mises en avant par les réseaux et villes URBACT et, de façon limitée, sur des pratiques identifiées dans le cadre d’autres réseaux et programmes pertinents. 2 Le rôle des villes dans le développement des entreprises 2.1 Principales caractéristiques de l’aide aux entreprises Récemment, il a été admis que les micro-entreprises, au même titre que les petites et moyennes entreprises, sont plus importantes pour l’emploi et le développement économique local des quartiers en difficulté que les grandes entreprises. Plus de 95% de la totalité des entreprises en Europe sont des micro-entreprises ou des petites et moyennes entreprises, qui sont à l’origine de plus de 75% des emplois.. Cependant, certains états membres de l’UE font état du fait que leur taux de création d’entreprises est, dans les zones les moins performantes, 10 fois inférieur à celui enregistré dans les zones les plus performantes. Le Royaume-Uni, par exemple, déclare que le pays dans son ensemble perd 5 milliards d’euros par an et des dizaines de milliers d’emplois du fait de la faiblesse des taux de création d’entreprises dans les quartiers de centre-ville. Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que les villes s’investissent dans la promotion de l’esprit d’entreprise, de la création d’entreprise et la croissance des entreprises comme des mesures-clés de leurs politiques de développement économique. Pour appréhender les principaux outils financiers et non-financiers utilisés par les villes quand il s’agit de stimuler l’esprit d’entreprise dans les zones urbaines défavorisées, il est important d’avoir à l’esprit trois caractéristiques majeures des initiatives les plus récentes en la matière. Small Business and Government. The Way Forward. Small Business Service. Department of Trade and Industry. UK 2002 Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte Premièrement, les villes ont désormais tendance à concevoir l’esprit d’entreprise dans une acception plus large que celle qui prévalait jusque-là L’esprit d’entreprise peut englober des activités de nature très variée: des initiatives extrêmement petites visant à arrondir les fins de mois, des activités à temps partiel menées par des femmes, des jeunes et des moins jeunes qui souhaitent davantage de flexibilité, des activités sociales mises en oeuvre par des individus ou des groupes de proximité en vue d’améliorer la qualité de vie, tout comme des projets d’entreprise initiés par le secteur public dans le but d’attirer des fonds privés susceptibles de financer des services d’utilité sociale et autres investissements. Malgré les politiques menées ces dernières décennies, les zones urbaines en difficulté connaissent parfois de faibles niveaux d’entreprenariat. Compte tenu du fait que toutes les formes d’entreprise (privée, publique, d’économie sociale ou même d’économie informelle) sont le moteur du développement économique, la définition large de l’esprit d’entreprise évoquée précédemment met en exergue la nécessité d’encourager un éventail plus large d’activités. Les petites et moyennes entreprises (PME) et surtout les micro-entreprises constituent la base de l’offre de services dans les zones concernées. Elles sont à la source de la vitalité économique nécessaire pour motiver les personnes et les entreprises à s’installer sur un territoire. L’absence d’entreprises dans les zones urbaines en difficulté crée, en conjonction avec d’autres facteurs, un climat industriel défavorable qui conduit les entreprises présentes à partir, ce qui in fine ne manque pas d’accentuer le déclin du terrtoire. Dans le chapitre suivant, le terme “petites et moyennes entreprises” (PME) sera utilisé dans son sens large et couvrira notamment les micro-entreprises. En outre, les politiques et dispositifs décrits en matière d’accompagnement cibleront spécifiquement les petites et micro-entreprises et elles ne concerneront pas les mesures de promotion des entreprises traditionnelles. Deuxièmement, les micro-entreprises et les PME ont des besoins très spécifiques et leur réussite dépend d’opportunités locales spécifiques qui ne revêtent pas la même nature dans les différents types de zones urbaines Dans les zones les plus défavorisées, il est nécessaire de déployer davantage d’efforts afin d’oeuvrer sur les opportunités en matière d’essor des entreprises et de l’emploi. Les instruments traditionnels d’aide aux entreprises n’atteignent généralement pas leur cible dans ces quartiers. Lors de l’élaboration des différents dispositifs d’intervention, il est essentiel de partir des opportunités et limites spécifiques au quartier en question. Par sa connaissance des réalités locales, la ville est l’instance publique la plus à même d’adapter les politiques nationales et régionales existantes et de concevoir et mettre en oeuvre des dispositifs et mesures spécifiques visant à stimuler les entreprises. Les efforts en faveur des entreprises locales dans les zones en difficulté doivent s’inscrire dans le contexte économique de la ville et de sa région. La situation de l’activité économique et du marché de l’emploi dans les autres parties de la ville sont aussi d’une importance cruciale pour le bien-être de la population des quartiers en difficulté. A cet égard, il existe une grande différence entre les zones défavorisées qui font partie d’une ville et d’une région riches et les mêmes zones situées dans une région objectif 1. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte Des auteurs américains tels que Michael Porter ont également avancé que les quartiers défavorisés des centres ville offrent des opportunités commerciales cachées du fait de la proximité des marchés, des chaînes de production et des communautés de chefs d’entreprise partageant la même vision, du faible coût de la main d’oeuvre qui est, de surcroît, très volontariste, des prix relativement bas du foncier, etc. Néanmoins, ces opportunités sont, en règle générale, beaucoup plus limitées dans les “banlieues” et dans les zones périphériques de nombreuses villes. Dans ces cas, la possibilité de créer et développer de nouvelles entreprises au coeur même de la zone en difficulté se trouve fortement réduite. Cependant, il existe malgré tout un large éventail de services à la population qui peuvent faire émerger des opportunités commerciales importantes. Les politiques et les instruments visant à stimuler l’esprit d’entreprise dans différents types de quartiers en difficulté s’inscrivent de plus en plus dans le cadre d’approches intégrées des forces et des faiblesses entrepreneuriales de chacun des quartiers. Dans certaines zones, les conditions de base susceptibles de favoriser l’expression de l’esprit d’entreprise font défaut. Certaines initiatives comme les Zones Franches Urbaines et les ”Opportunity Zones” permettent d’éliminer ou de contrebalancer des conditions particulièrement difficiles. Même lorsque les conditions de base se sont améliorées, les chefs d’entreprise originaires de groupes ou de quartiers défavorisés ont souvent besoin d’un soutien financier et non-financier spécifique pour lancer leur projet. Les villes ont développé un savoir important quant aux types d’aide qui fonctionnent ou ne fonctionnent pas dans les différents territoires en question. Troisièmement, la création d’une entreprise est la première étape d’une longue série menant au développement de marchés durables Certains centres commerciaux dans les centres-ville connaissent, par exemple, des taux élevés de création d’activités et des taux équivalents de faillites, avec une concurrence acharnée entre des firmes locales qui s’arrachent de faibles parts de marché. Ainsi, les villes ont expérimenté différentes méthodes de regroupement d’entreprises, sous la forme de réseaux et de partenariats, afin que celles-ci s’entraident pour réussir dans les segments plus rentables du marché. Certaines de ces opportunités commerciales ont un lien direct avec la régénération urbaine qui est traitée dans le dernier chapitre. Le chapitre qui suit donne un aperçu des principales politiques et instruments utilisés par les villes de l’Union Européenne en vue d’encourager l’esprit d’entreprise dans les quartiers en difficulté. Nous mettrons l’accent sur les aspects suivants : • Mesures pour accroître l’utilisation des dispositifs d’aide aux entreprises par les entrepreneurs des quartiers en difficulté ; • Mesures pour adapter les instruments de soutien financier aux besoins des entreprises et des entrepreneurs dans les quartiers en difficulté ; • Mesures incitatives s’appliquant à des territoires spécifiques et de partenariats locaux à l’échelle des quartiers ; • Mesures visant à transformer des opportunités locales spécifiques en activités économiques (NB: ces opportunités sont développées plus avant dans le chapitre 3 relatif à la régénération urbaine). Porter, M. (1995): The Competitive Advantage of the Inner City, Harvard Business Review, pp. 55–71 (vol. 73 / 3). Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 10 2.2 Comment les villes peuvent-elles s’assurer que les instruments de soutien financier sont réellement utilisés par les acteurs auxquels ils sont destinés? • Les villes peuvent aller à la rencontre des entrepreneurs dans les quartiers en difficulté • En allant au contact de la population, les villes peuvent découvrir ce dont les entrepreneurs, potentiels ou existants, ont véritablement besoin • Les villes peuvent établir des partenariats avec des acteurs spécialisés afin d’offrir des services efficaces et de qualité • Les villes peuvent mettre au point un ensemble intégré de services d’aide aux entreprises adaptés à la demande Les mesures de soutien non-financier aux PME peuvent accroître les chances de voir émerger des entreprises prospères. Ce type de services est essentiel si l’on veut assurer aux PME l’accès aux financements. Un dossier de montage d’entreprise bien préparé a plus de chances d’être accepté dans le cadre d’une demande de prêt ou de subvention. Toutes les villes d’Europe ont mis au point un large éventail de services non-financiers. Un des problèmes fréquemment rencontrés par les villes et les acteurs locaux qui mettent au point des services de soutien non-financier est la faible utilisation de ces services par les PME. Une étude européenne relative aux services et dispositifs de soutien aux entreprises (DG Entreprises, 2002) dresse la liste des principales raisons qui rendent compte de l’absence de recours à ces services. Il apparaît que, à l’échelle des petites entreprises, la nécessité d’une aide extérieure n’est souvent pas reconnue. 60% des sociétés unipersonnelles et 33% des start-up déclarent qu’elles n’ont aucunement besoin d’une aide extérieure. Cette attitude peut s’expliquer par la surcharge de travail des managers et l’absence d’informations quant aux possibilités mises à leur disposition pour améliorer la performance de leur entreprise. Par ailleurs, les PME éprouvent des difficultés à trouver le bon prestataire de services. Or elles semblent privilégier une approche locale et personnelle lorsqu’il s’agit de services de soutien. Enfin, au sein des PME, on assiste à un sentiment d’asymétrie entre le type et la qualité des services offerts et les besoins réels. Il est probable que ces obstacles soient encore plus insurmontables pour les chefs d’entreprise installés dans les zones urbaines en difficulté. Les villes doivent adopter une approche volontariste pour toucher les entrepreneurs dans les quartiers en difficulté Des services comme les services de proximité et de conseil de première ligne doivent être localisés aussi près que possible des entreprises. Il existe différentes approches en matière de services de proximité. La première consiste à ouvrir un centre de soutien aux entreprises sur le territoire concerné. Le Service d’Amorçage de Projet à Marseille, par exemple, vise à aider des publics cibles particuliers à lancer leur propre entreprise. La proximitéavec le public-cible est réalisée en utilisant la présence d’institutions existant dans le quartier. La seconde approche consiste à diffuser des informations et à L’utilisation du concept de PME dans le cadre de cette étude relève de la définition donnée Chapitre 2, section 2.1., qui inclut notamment les micro-entreprises. European Commission, DG Enterprises Support Services for micro, small and sole proprietor’s businesses. Final Report. Austrian Institute for Small Business Research (IfGH). Brussels 2002 Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 11 mener des campagnes directement auprès des entrepreneurs potentiels ou auprès de personnes qui seraient susceptibles d’entrer en contact avec des entrepreneurs. A Kassel, le premier contact dans le cadre d’une demande de financement d’entreprise se fait par l’intermédiaire d’un assistant social travaillant dans le quartier. Le projet Reflex mené par le district d’Islington à Londres offre un des exemples les plus marquants du recours aux services de proximité. Leur approche consiste à former des associations locales de minorités ethniques, à offrir des conseils de première ligne en matière de création d’entreprise et ensuite, à aiguiller ces associations vers les organisations traditionnelles de soutien aux entreprises. REFLEX, Islington/ Londres (Royaume-Uni) : des services de proximité volontaristes Objectifs : Déclencher des processus de création d’entreprises et réduire les obstacles auxquels sont confrontées les petites et moyennes entreprises gérées par des personnes issues de minorités ethniques dans les quartiers en difficulté. Actions : La philosophie du modèle Reflex consiste à renforcer les capacités des organisations locales, à aider et à conseiller les entreprises qui sont créées par les habitants. Reflex permet aux associations d’engager des conseillers et de renforcer leurs capacités à aider les entreprises et les chefs d’entreprise. REFLEX recourt aux services offerts par les associations locales, aux formateurs et aux agences de soutien aux entreprises qui pratiquent les services de proximité et l’aide ciblée. Deux des caractéristiques du projet consistent en un repérage du potentiel de création d’entreprises au sein des minorités ethniques et des communautés noires et en la mise en réseau des entrepreneurs et chefs d’entreprise. Acteurs : Le district d’Islington a mené ce projet avec l’aide du secteur privé, du secteur public et du secteur bénévole. Après quelques années fécondes, de nouveaux partenariats ont vu le jour visant à assurer la pérennisation du modèle Reflex. Le partenariat SIED (Favoriser l’inclusion sociale dans la création d’entreprises) va plus loin que le modèle REFLEX initial puisqu’il a pour but d’aider les entreprises constituées par des groupes exclus du marché du travail. Parmi les partenaires, on compte trois districts londoniens, les Universités de Kingston, des entreprises qui offrent formation et conseils ainsi que l’association de centres locaux de conseil aux entreprises (ACBBA). L’ACBBA rassemble 25 communautés ethniques du Royaume-Uni. Ressources : Le projet Reflex a été co-financé par le programme EQUAL. Principales conclusions : L’approche consiste à former les associations locales de minorités ethniques pour leur permettre d’offrir des conseils de première ligne aux entrepreneurs et ,d’aiguiller ces derniers vers des instances traditionnelles de soutien aux entreprises. Cette approche s’est révélée fructueuse et a fait l’objet d’un transfert vers d’autres communautés locales. Une autre approche visant à augmenter le recours aux services de soutien aux entreprises consiste à se concentrer sur certains segments de l’éventail de services de soutien. En d’autres termes, il s’agit de concentrer l’aide sur une composante de l’entreprise, de prendre contact avec le chef d’entreprise et d’éventuellement, lors d’une étape ultérieure, d’offrir une aide plus étendue. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 12 A Athènes Ouest, un projet mettant l’accent sur l’utilisation d’internet par les entrepreneurs, avec des objectifs clairement définis et circonscrits, a été accepté d’emblée par un groupe de chefs d’entreprise qui avait tendance à se méfier du gouvernement local. Le projet a débouché sur un changement radical dans l’utilisation d’internet et a ouvert la voie au développement d’autres types de services de soutien aux entreprises. En allant au contact des acteurs locaux dans les quartiers, les villes peuvent mettre au point des instruments pour aider les entrepreneurs à définir leurs besoins en matière de services Les agences intervenant auprès des entreprises entretiennent un stéréotype du « bon chef d’entreprise », un homme plutôt jeune et qui présente bien. Il importe de dépasser de tels stéréotypes. Il y a un besoin généralisé, au niveau des quartiers en difficulté, de contacts personnalisés avec les institutions et d’un accès facile aux différents services. Les conseillers en matière de soutien aux entreprises et les institutions bancaires doivent être formés à l’écoute et adapter leurs services aux besoins réels des territoires et des groupes défavorisés. Les systèmes de parrainage et de coaching (en face à face) ainsi que l’aide aux réseaux sont particulièrement utiles dans la mesure où le mentor ou le pair arrive avec le même bagage et a connu les mêmes problèmes que la personne qu’il accompagne. Dans la ville de Gera, les PME définissent leurs besoins de façon collective dans le cadre d’un réseau et avec l’aide d’un prestataire de services ; ainsi, les services offerts correspondent mieux aux besoins des entreprises. A Rotterdam Delfshaven, le repérage des besoins (inconscients) fait l’objet d’une simulation orchestrée par le mentor dans le cadre d’un programme de coaching conçu au niveau local. En France, un organisme national de coaching des chefs d’entreprise, l’ECTI, possède différentes antennes dans chacun des départements. L’initiative, financée par les cotisations des « parrains » et des « filleuls », ne dépend pas financièrement du gouvernement. MentoorRaad, Rotterdam (Pays-Bas) : coaching ciblé sur les chefs d’entreprise Objectifs : Mettre en place une aide ciblée en direction des entreprises existantes, visant à procurer des conseils relatifs aux décisions importantes en matière de management d’entreprise, et ce en mettant les chefs d’entreprise en réseau pour assurer la promotion de la coopération par le partage d’expérience. Actions : Le projet MentorRaad de Rotterdam inclut du coaching et une aide à la mise en réseau des chefs d’entreprise provenant de quartiers en difficulté. Ce projet repose sur la participation de chefs d’entreprise expérimentés (souvent retraités) et de directeurs, qui coachent d’autres chefs d’entreprise dans les étapes les plus importantes de la vie de la société. Les coaches sont sélectionnés en fonction de la confiance que leur accorde le groupe cible et de la qualité des contacts personnels qu’ils entretiennent avec ce dernier. Afin de toucher le nombre maximum d’entreprises émanant de communautés d’affaires pluriethniques des quartiers défavorisés de Rotterdam, le projet MentorRaad utilise une large gamme de méthodes de communication telles que l’approche individuelle, le bouche-à-oreille et les réunions de réseaux. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 13 Acteurs : Le projet a été lancé par le “Werk in West/Centrum Ondernemen” de Delfshaven en collaboration avec la chambre de Commerce et est désormais dirigé par la ville de Rotterdam. Outre ces partenaires, le comité de pilotage assure la participation d’autres acteurs tels que les districts de villes, les clubs d’affaires locaux et des organisations commerciales locales. Ressources : Le financement de base (frais de fonctionnement) est apporté par la ville de Rotterdam et la gestion du projet est assurée par chacun des districts de villes. La cotisation des « filleuls » s’élève à 50 euros. Enfin, un parrainage est assuré par la chambre de commerce et par une fiduciaire. Principales conclusions : Le projet permet le recours à une expertise entrepreneuriale fortement ancrée dans le local afin d’assurer une meilleure acceptation du système de parrainage. Les besoins sont définis dans le cadre d’un dialogue entre le chef d’entreprise et son parrain (mentor). Le projet a reçu une appréciation positive lors d’entrevues avec des entreprises ainsi que dans le cadre d’une évaluation externe. En conséquence, après avoir été une expérience pilote dans le district de Delfshaven, le projet a été rendu opérationnel dans neuf districts de Rotterdam. Etant donnée l’importance grandissante de l’activité des entrepreneurs issus de minorités ethniques dans les quartiers en difficulté, les villes européennes ont mis au point des projets intégrés visant cette catégorie d’entrepreneurs et tenant compte de leurs origines culturelles. Le projet Mentorraad et d’autres projets de la ville de Rotterdam recourent à des parrains qui partagent les mêmes origines culturelles que les entrepreneurs concernés. Le projet City Mondial (ville du monde) de La Haye prend sa source dans le potentiel économique qu’offre la diversité culturelle. La ville doit instaurer un partenariat et y intégrer des organismes spécialisés afin de pouvoir offrir une gamme complète et efficace de services d’aide aux entreprises Dans les zones défavorisées, les organisations officielles qui représentent les entreprises et les professionnels sont souvent inexistantes ou inactives. Les petites entreprises ne sont pas enclines à s’affilier à des organisations professionnelles. Pour leur part, les organisations professionnelles ne privilégient pas la représentation des intérêts des entreprises des zones défavorisées. Les autorités locales peuvent encourager les organisations professionnelles à se montrer plus actives dans les territoires en difficulté. Bureau d’aide à l’emploi, Evosmos (Grèce): partenariat avec la Chambre de Commerce Objectifs : La ville d’ Evosmos, située dans une région Objectif 1, devait composer avec un tissu industriel principalement composé de micro-entreprises et de sociétés familiales unipersonnelles (bars, restaurants, petites boutiques) et un faible engagement de la part de la Chambre de Commerce. L’objectif consistait à renforcer les capacités des chefs d’entreprise locaux et à les rendre plus perméables aux conseils de spécialistes. Actions : Tout d’abord, la ville a mis sur pied une équipe locale de conseillers d’entreprise afin d’aider les micro-entreprises et les petites entreprises à remplir les for- Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 14 mulaires de demande de financement et à participer à des programmes de formation. Dans un deuxième temps, un partenariat a été établi avec la chambre de Commerce locale qui s’est de plus en plus impliquée dans l’aide aux micro-entreprises locales. Le projet a démarré ses activités en 1988 : à cette époque, cinq entreprises bénéficiaient de cette initiative. Dix-sept ans plus tard, une relation de confiance s’est établie avec les petites entreprises locales et plus de 1OO entreprises ont bénéficié de l’appui de la ville. Acteurs : La ville d’ Evosmos, les conseillers d’entreprise, La Chambre de Commerce. Ressources : Le projet a été co-financé par le FEDER. Principales conclusions : L’expérience d’ Evosmos peut servir de modèle dans le cas du traitement de zones défavorisées qui peuvent accéder à un soutien public important (financement par l’UE) et où les organisations professionnelles sont faibles. Les villes devraient s’efforcer de mettre au point une gamme de services aux entreprises qui soit axée sur la demande Afin de répondre à la demande d’un groupe plus vaste d’entrepreneurs locaux, il est essentiel de proposer une gamme large et variée de services qui couvrent trois domaines principaux : les compétences personnelles, l’accès au marché et les demandes de financements extérieurs. Les instruments efficaces d’aide aux entreprises revêtent généralement la forme d’une gamme de services financiers et non-financiers adaptés aux besoins spécifiques de petites entreprises. Ce qui équivaut à dire qu’il est extrêmement difficile pour une ville ou une agence de s’occuper de tout. La ville doit mettre sur pied un partenariat et y associer des partenaires spécialisés comme les institutions financières, les organismes de formation et d’éducation, les entreprises et les associations auxquelles les populations en difficulté font confiance. Une antenne locale des services de soutien aux entreprises peut permettre aux entrepreneurs de trouver facilement le type d’aide dont ils ont besoin sans devoir chercher à différents endroits. A Vienne, par exemple, le Service d’aide aux entreprises (Wirtschaftservice) est le premier point de contact pour les entreprises existantes et pour les start up. L’antenne locale du service d’aide aux entreprises (Regionales Wirtschaftservice) est un service itinérant qui est chargé d’offrir une aide rapide dans chacun des 23 districts. Le projet COMPYTE dans la ville de Gijon rassemble et fait collaborer les organisations qui offrent des services d’aide aux entreprises. Le bureau de promotion des entreprises de Leipzig n’est pas seulement un centre d’information et de soutien mais il fournit également des locaux bon marché aux entreprises. De nombreuses villes telles que La Haye (avec son service d’aide aux entreprises et son association de chefs d’entreprise débutants) et Turin ont testé la création d’un « guichet unique d’entreprises ». Cependant, ce concept a changé et ne se réfère plus nécessairement à un bureau où tout peut être réglé. L’élément essentiel consiste à définir une signalétique uniforme, des normes et procédures identiques afin qu’aussi bien les clients que les partenaires de la chaîne d’aide se repèrent et aient une compréhension commune du dispositif. Afin de répondre aux diverses exigences des entrepreneurs, certaines villes ont élaboré un système de chèques permettant le recours aux services d’aide. Plutôt que d’imposer une même démarche à tous les entrepreneurs, le système de chèques offre aux chefs Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 15 d’entreprise la possibilité de choisir entre différents types de services et entre différents prestataires de services. Ce qui débouche sur une harmonisation des services les plus utilisés en fonction de la demande. Pendant desannées, les entrepreneurs démarrant une activité qui sollicitaient l’aide de la municipalité de Rotterdam étaient aiguillés vers un conseiller en entreprise (la ville travaillait alors avec 3 consultants privé). Ce système était assez onéreux pour la ville étant donné qu’il était gratuit pour les usagers et qu’il attirait de nombreuses start-up parfois peu viables. Le chef d’entreprise n’avait que peu de choix au niveau des conseillers et des types d’aide et cet appui se trouvait limité à la phase de lancement. Dans les évaluations, on trouvait peu d’éléments tangibles susceptibles de montrer que les projets d’entreprises qui avaient bénéficié de ce dispositif étaient par la suite plus prospères que d’autres qui n’en auraient pas bénéficié. En 2005, un nouveau système de « bons » a vu le jour. Il s’adresse à tous les chefs d’entreprise et est davantage axé sur la demande que le système précédent. Le chef d’entreprise évalue son besoin et choisit le type d’aide et le prestataire de services qui lui conviennent. La municipalité subventionne à hauteur de 50% des coûts ou à concurrence de 1.000 euros. Chaque chef d’entreprise qui a besoin d’aide peut souscrire à ce système via une procédure simple et rapide. Au cours des quatre premiers mois, plus de 100 chefs d’entreprise ont bénéficié d’une subvention. Désormais, le recours au dispositif est plus le fait de chefs d’entreprise bien établis que de porteurs de start-up et la qualité de l’entrepreneuriat s’est sensiblement améliorée. 2.3 Comment les villes peuvent-elles adapter les instruments de soutien financier aux spécificités des quartiers en difficulté ? • Les villes peuvent coopérer avec les fonds de garantie nationaux et régionaux • Les villes peuvent garantir la disponibilité de petits prêts accessibles • Les villes peuvent mettre au point des systèmes de subventions globales destinés à aider à la constitution du capital L’accès au financement est un facteur essentiel du développement des PME. En règle générale, cet accès au financement passe par les banques et autres institutions financières. Les entrepreneurs se retrouvent en difficulté lorsque les organismes prêteurs se montrent réticents à financer des projets. Il existe au moins trois raisons qui justifient cette réticence. Tout d’abord, les PME ne disposent pas de suffisamment de garanties (nantissement), ce qui augmente le risque financier. Deuxièmement, le coût élevé des dossiers de demande de prêts et de leur traitement en comparaison avec les montants limités des crédits entraîne des taux d’intérêt exagérément élevés. En troisième lieu, il n’y a pas suffisamment d’informations ni d’études officielles relatives aux petites entreprises. Les deuxième et troisième motifs peuvent être contrebalancés par une aide professionnelle offerte aux PME au moment de la préparation de la demande de financement. Ce type d’aide fera l’objet d’une analyse plus approfondie dans la section suivante. URBACT-Network ECO-FIN-NET, SMEs’ Access to Finance, Cities’ actions in disadvantaged urban areas, Leipzig/Brussels, June 2006 Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 16 Les villes peuvent participer à des systèmes de garantie et prévoir des clauses spécifiques relatives aux prêts accordés aux entreprises situées dans des quartiers en difficulté Une solution assez courante au défaut de garantie par nantissement et qui est pratiquée dans la plupart des états membres de l’UE est le recours à des fonds de garantie. Ce dernier consiste à faciliter l’accès au crédit pour les petites entreprises, en partageant le risque avec l’institution de prêt. Une ville ou une autre autorité publique peut décider de participer à la capitalisation du fonds et/ ou aux frais de fonctionnement. La banque ou l’institution financière reste l’instance qui accorde le crédit mais l’autorité publique atténue le risque pour la banque. De cette manière, l’expertise requise pour la gestion des prêts et des crédits reste au sein des banques privées et des institutions financières alors que l’autorité locale s’efforce de réduire les obstacles à l’accès au crédit et au capital-risque pour les entreprises situées dans des zones en difficulté. Dans la pratique, la relation entre l’autorité publique et les institutions financières peut prendre différentes formes. L’exemple de Marseille, qui est décrit ci-dessous, montre qu’un fonds de garantie doit s’ancrer dans une collaboration étroite entre les institutions financières, les autorités publiques, les experts en PME et les organisations professionnelles. Le CPEM, Marseille (France): Centre pour la Promotion de l’Emploi via les PME Objectifs : Aider les chômeurs à créer leur propre emploi en fondant une PME et augmenter l’embauche dans les PME existantes. Autres éléments connexes à traiter : l’absence de garantie par nantissement et l’absence de relation avec les banques ; les personnes défavorisées dans les quartiers nantis ; le taux de chômage élevé. Actions : L’une des actions en chantier depuis 1994 est le prêt à 0 % d’intérêt en faveur des start-up, communément appelé « prêt personnel ». Le montant maximum du prêt ne peut excéder les 8.000 euros (1.500 euros doivent être remboursés chaque année). En 2000, le gouvernement régional a lancé le Fonds Régional de Garantie sur Prêt qui offre un plan de garantie intégrée et d’aide aux entreprises lors de la constitution de PME de moins de 10 travailleurs. C’est dans cet esprit qu’a été signée une convention générale avec les institutions bancaires locales. Ce fonds offre des produits adaptés aux PME (des prêts bancaires de 40.000 euros maximum et des garanties à 80% aux PME qui comptent moins de trois ans d’existence; 50.000 euros et une garantie à 60% aux PME qui ont plus de trois années d’existence). Le Centre pour la Promotion de l’Emploi (le CPEM) fournit également des conseils et une aide à l’élaboration de business plans et au montage des demandes de prêt. Au cours de ses deux premières années d’existence, la PME se voit offrir un système de parrainage qui est assuré par des bénévoles (anciens chefs ou directeurs d’entreprises, retraités, membres d’associations ou personnes isolées). Depuis 1994, plus de 1 million d’euros provenant du fonds « prêt personnel » ont été accordés sous forme de prêts ; 1.000 PME ont reçu une aide et environ 2.000 emplois ont été créés. Le CPEM accorde entre 80 et 200 prêts par an. A peu près 500 PME sont en train de rembourser leur emprunt. Le taux de remboursement est excellent (plus ou moins 90%). 80% des PME existent toujours après trois années. Après cette période, le taux est à la baisse. Acteurs : Le bureau du CPEM, le conseil municipal de Marseille, la Chambre de Commerce, la Région Provence Alpes Côte d’Azur, une grande banque publique et un grand nombre d’entreprises telles que France Télécom. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 17 Ressources : Les frais de personnel du CPEM sont entièrement pris en charge par la ville de Marseille (1 administrateur, 1 directeur, 5 agents de crédit, 3 secrétaires). Les dépenses quotidiennes sont couvertes par des acteurs publics et privés. Le fonds « prêts personnels » est financé par l’aide publique (60% proviennent des autorités nationales et locales et de l’UE), par des bailleurs de fonds privés (20% provenant des grandes sociétés ou d’entreprises de taille moyenne) et par le remboursement effectué par les PME (20%). Seul l’argent privé est utilisé pour les prêts, les deniers publics viennent, quant à eux, alimenter le fonds de garantie. Principales conclusions : Reconnaître la nécessité d’une structure de partenariat très flexible et très forte qui rassemble des partenaires privés et publics, des volontaires et des réseaux locaux qui aident les PME. Il est possible qu’un fonds de garantie n’accepte que des projets à 0% de risques, perdant ce faisant sa raison d´être. Afin d’éviter cette dérive, les fonds de garantie doivent atteindre une taille suffisante qui leur permette de constituer une masse critique. L’échelon le plus pertinent n’est pas le niveau local mais plutôt le niveau régional et/ ou national. Plusieurs villes européennes ont constaté que la constitution d’un fonds de garantie au niveau local s’avère trop onéreuse et impossible à pérenniser. La ville de Gdansk, par exemple, participe à un fonds de garantie régional après avoir échoué dans la création de son propre fonds de garantie au niveau local. Le concept de masse critique s’applique également aux qualifications requises et aux frais de gestion du fonds. Les institutions financières spécialisées sont plus qualifiées pour ce genre de tâches que les instances publiques. Citons comme exemple la “Banque des PME” en France et les plans de garanties régionaux en Allemagne. Le fonds de garantie global doit permettre aux autorités locales d’apporter une contribution ciblée sur les entreprises dans des zones spécifiques et moyennant le respect de conditions de garantie négociables. Les autorités locales doivent ensuite s’assurer que le fonds est réellement accessible pour les petits projets en zones défavorisées. Afin de pérenniser ce fonds, des systèmes de contre-garantie doivent voir le jour au niveau national et au niveau européen (fonds européen d’investissement). Les villes peuvent favoriser la mise à disposition et l’octroi de petits prêts facilement accessibles Dans les zones défavorisées, même les plus petits projets doivent être pris en considération en raison du faible taux d’activités entrepreneuriales. Les villes peuvent jouer un rôle essentiel en encourageant les banques privées à accorder des petits prêts destinés aux entreprises situées dans des quartiers en difficulté. Ces prêts peuvent s’adresser aussi bien aux start-up qu’aux entreprises déjà établies. A Gijon, deux programmes de micro-crédits ont été élaborés en collaboration avec une caisse d’épargne (La Caixa) dans le cadre d’un projet Equal, afin d’offrir des micro-crédits à des catégories sociales bien spécifiques. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 18 Micro-credits, Gijon (Espagne): Accès au financement pour les micro-entreprises Objectif : dans l’hypothèse que les micro-entreprises constituent les pôles principaux de développement économique et les principaux gisements d’emplois, la ville de Gijon s’est lancée dans différentes activités destinées à favoriser les projets de création d’entreprises menées par des entrepreneurs confrontés à des difficultés financières. Actions : La ville de Gijón a conclu un accord de collaboration avec une caisse d’épargne (Caixa) afin d’octroyer des micro-crédits à des groupes cibles spécifiques : familles monoparentales, migrants, personnes de plus de quarante-cinq ans, femmes handicapées et chômeurs de longue durée. Le montant maximum des crédits s’élève à 15.000 euros, la durée du remboursement est de 4 ans et le taux d’intérêt s’élève à 5.5%. En outre, la ville de Gijon, en coopération avec la ville de Aviles, a dégagé les « micro-crédits Equal pour les villes » destinés aux start-up et aux micro-entreprises existantes. Ce projet, qui a été mené à bien dans le cadre de l’initiative EQUAL, offre des petits prêts garantis afin de réaliser des investissements financiers dans les fonds de roulement, et ce à concurrence de 50% (du montant total) ou de 30.000 euros. La durée du remboursement est de 3 à 5 ans et le taux d’intérêt s’élève à 4%. Les emprunts sont garantis par le Fonds de Garantie Régional (ASTURGAR) et dans le cadre d’une collaboration avec des institutions financières qui offrent de meilleures conditions. Acteurs : Le projet mené dans le cadre de l’initiative EQUAL repose sur un accord entre ASTURGAR, les villes et d’autres instances locales et régionales favorables au projet telles que le Centre Municipal pour Entreprises de Gijon et La Curtidora de Aviles. Ressources : Le rendement annuel des micro-crédits EQUAL est inférieur à 600.000 €. Principales conclusions : Une des caractéristiques innovantes du projet est relative à l’implication conjointe des banques et du Fonds de Garantie Régional dans le développement local ainsi que l’octroi de micro-crédits à une échelle locale par le truchement d’accords avec les institutions financières et les services d’aide aux entreprises. La faiblesse du marché des micro-financements est particulièrement marquée dans les nouveaux états membres où les systèmes de sécurité sociale ne sont pas aussi forts que dans l’UE des 15. Parmi les anciens états membres, la France est le pays qui possède la plus longue tradition de micro-financements ; elle dispose de deux réseaux nationaux qui suivent des approches très différentes. L’ADIE accorde environ 9.000 très petits crédits par an (en moyenne moins de 4000 € ) à des taux d’intérêt semblables à ceux pratiqués sur le marché et sans garantie. Le réseau France Initiative Réseau qui rassemble des plateformes d’initiatives locales, offre des prêts à 0% d’intérêt sans garantie. Les opérateurs spécialisés en micro-crédits dans ces réseaux ainsi que dans d’autres instances sont les partenaires idéaux des villes. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 19 Les villes peuvent, si leur budget le leur permet, mettre au point des systèmes de subvention et décider des critères d’éligibilité Le problème de l‘accès aux financements dans les zones urbaines défavorisées peut justifier le recours à une aide financière publique octroyée sous la forme de subventions. Pour les décideurs locaux, l’avantage des subventions est qu’elles peuvent facilement être ciblées sur des types spécifiques d’entreprises et de territoires. Les subventions peuvent être utilisées, dans le cadre de projets d’entreprise, afin d’augmenter le capital et donner accès à d’autres formes de financement. Un des avantages principaux pour les entreprises est la rapidité du système. Globalement, l’inconvénient du système de subvention réside dans le fait qu’il s’agit d’un instrument onéreux et que bien souvent, il s’inscrit dans des plans financés par le niveau européen et/ou par le niveau national. Les villes allemandes de Kassel, Leipzig et Gera, par exemple, ont conçu des systèmes élaborés de subventions locales dans une zone financée par URBAN et qui fait partie d’une région Objectifs 1 et 2. Gera et Leipzig sont des villes Objectif 1 et Kassel, une ville Objectif 2, ce qui explique que les taux de subvention diffèrent en vertu du cadre européen régissant les aides d’état. A Gera et à Leipzig, les subventions couvrent 35 à 50% du coût de l’investissement. Depuis 2006, ce type d’instrument est beaucoup plus facile à utiliser dans les nouveaux états membres et dans les quelques dernières zones Objectif 1 des anciens états membres, du fait de la disponibilité des fonds structurels. Projet d’économie locale, Kassel (Allemagne) : système de subvention aux PME locales Objectifs : Stabiliser les PME situées dans les territoires URBAN II ; créer de nouveaux emplois et des opportunités de stages, préserver les emplois existants et éviter les espaces commerciaux vides. Actions : Au cours des années 2004 et 2005 et dans le cadre du programme URBAN II, la ville de Kassel a accordé des subventions non-remboursables en faveur de la création de nouveaux emplois et de nouvelles places de stages, d’investissements dans les start-up, de projets d’agrandissement d’entreprises ou au retour d’entreprises dans les zones URBAN II. Les subventions ne dépassaient pas le « minimum minimorum » et après une première phase, elles étaient ramenées en-deçà de 20.000 euros. Les subventions pouvaient supporter jusqu’à 30 % du coût d’une start-up et jusqu’à 20 % du coût d’une entreprise déjà établie. Une prime supplémentaire était prévue en cas de création d’emplois ou de places de stage. Les chefs d’entreprise étaient éligibles uniquement s’ils ne pouvaient obtenir de financement dans le cadre de programmes nationaux et régionaux. Le groupe cible était constitué de PME et de travailleurs indépendants qui n’auraient jamais sollicité l’aide de l’administration locale. Un travailleur social s’est vu confier la tâche d’aider les chefs d’entreprise qui n’étaient pas familiers avec les formalités administratives à remplir leur formulaire de candidature. Au total, 69 PME ont reçu un financement, 34 d’entre elles étaient des start-up. Le nombre d’emplois créés s’élève à 129 et celui des places de stage à 33. Partenaires : Le projet a été lancé par les autorités municipales de Kassel. Une commission (composée notamment de représentants de la Chambre de Commerce et d’industrie, du service municipal pour le développement et du service d’urbanisme) prenait les décisions relatives aux subventions. Ressources : les frais de personnel relatifs à l’engagement d’un travailleur social et les frais de location des bureaux s’élevaient à environ 100.000 euros. Les subven- Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 20 tions aux PME financées par URBAN s’élevaient à 1,15 million d’euros pour un investissement privé total d’environ 4 millions d’euros. Principales conclusions : les frais liés au recrutement d’un travailleur social ont entraîné une réduction des subventions disponibles. Plus de la moitié des candidats demandaient un co-financement de moins de 10.000 euros, ce qui montre que des petites sommes d’argent suffisent à faire démarrer une entreprise. Les subventions permettent d’aider les entreprises en leur apportant des fonds propres. Ce type d’aide à la constitution de capitaux propres est mieux adapté aux petits projets des zones défavorisées que les interventions dans des capitaux à risques qui concernent surtout des opérations de plus grande échelle (le minimum variant entre 100.000 et 200.000 euros). Grâce aux subventions, l’entreprise peut obtenir plus facilement un prêt auprès d’une banque. 2.4 Comment les villes peuvent-elles offrir des avantages spécifiques à certains territoires dans le but de favoriser la création d’entreprises ? • Les villes peuvent encourager les petits investissements grâce à des exonérations fiscales • Les villes peuvent accorder une attention particulière aux entreprises locales lors de l’attribution de marchés publics • Les villes peuvent encourager la création de partenariats dans des zones spécifiques • Les villes peuvent offrir un ensemble intégré de mesures d’aide aux entreprises dans des zones bien précises Dans certaines villes, des mesures ont été mises en œuvre, modifiant les conditions d’investissement dans certaines zones (par rapport aux conditions qui prévalent sur le reste du territoire). Il s’agit d’exonérer ou de réduire l’impôt et les charges sociales comme c’est le cas dans les Zones Franches Urbaines de France, de constituer des partenariats qui ont le droit de prélever des impôts supplémentaires destinés à au financement de mesure d’intérêt collectif au bénéfice des entreprises situées dans la zone en question comme c’est le cas dans les « Business Improvement Districts » du Royaume-Uni ou encore d’accorder des subventions suivant des conditions préférentielles comme c’est le cas dans les « Opportunity Zones » néerlandaises. Toutes ces approches doivent faire l’objet d’une gestion minutieuse afin qu’elles ne violent pas la législation européenne en matière de concurrence, car elles visent explicitement l’amélioration de la situation des entreprises dans un quartier spécifique de la ville et pas sur l’ensemble du territoire. Les petits investissements peuvent être encouragés par des instruments fiscaux mis en place dans des zones bien délimitées Des incitations telles que des exonérations d’impôts spécifiques et de charges sociales peuvent contribuer à encourager les petits investissements et dès lors à assurer la promotion de l’emploi. La ville de Dublin, par exemple, offre des exonérations fiscales afin Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 21 d’encourager le développement économique. En France, il existe une politique nationale qui vise spécifiquement les zones urbaines en difficulté. Zone Franche Urbaine (France) : cadre national destiné à stimuler l’économie dans les zones urbaines en difficulté Objectifs : Encourager les installations d’activités et les investissements dans certaines zones urbaines en difficulté via des exonérations fiscales et des exonérations de charges sociales en faveur des petites entreprises dans des zones géographiques bien délimitées : les zones franches urbaines. Actions : 44 zones franches urbaines ont été créées en 1994 ; chacune d’elles compte plus de 10.000 habitants et est considérée comme tout particulièrement défavorisée au regard de critères fixés par la législation française. En 1999, 41 zones urbaines défavorisées supplémentaires ont été qualifiées pour bénéficier du dispositif des zones franches urbaines. La dernière extension géographique a eu lieu en 2006 lorsque 15 nouvelles zones de ce type ont vu le jour. Les instruments d’aide sont : (i) Exonération de l’impôt sur le revenu des entreprises ; (ii) Exonération des charges sociales; (iii) Exonération de la cotisation de soins de santé pour les artisans et les VRP; (iv) Exonération de la taxe foncière et de la taxe professionnelle. Acteurs : Il s’agit d’un instrument national qui est utilisé au niveau local par les autorités locales. Ressources : Au fil des ans, le coût annuel du dispositif des Zones Franches Urbaines a connu une augmentation qui s’explique par le nombre croissant d’entreprises participantes et de zones franches. En 1997, le coût total s’élevait à 141 millions d’euros ; en 2007, le budget total est de 330 millions d’euros. Principale conclusions : Cet instrument national est un outil essentiel mis à disposition des villes pour stimuler l’activité économique dans les zones urbaines en difficulté. Il dispose d’un ancrage local grâce à une large palette de politiques intégrées qui visent à promouvoir les entreprises locales. Au cours des quatre premières années de cette politique, le nombre d’entreprises dans ces zones a augmenté de 75% et le nombre d’employés a été multiplié par trois Cet instrument national des Zones Franches Urbaines (ZFU) est un outil essentiel à disposition de certaines villes françaises pour stimuler l’activité économique dans les zones urbaines particulièrement défavorisées. Cet instrument bénéficie en outre d’un ancrage local grâce à une large palette de politiques intégrées visant à promouvoir les entreprises locales. Les villes peuvent fixer, dans le cadre des procédures d’adjudication des marchés publics, des critères définissant le recours aux entreprises sociales (locales) Les autorités locales peuvent être un gros client pour les entreprises locales. Certains instruments spécifiques peuvent favoriser le recours aux entreprises situées dans des zones urbaines en difficulté. Les villes qui ont mis au point ce type d’instruments peu République Française, Ministère Délégué à la Ville et la Rénovation Urbaine, Bilan des Zones franches urbaines, Rapport au Parlement, Décembre 2002. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 22 vent se heurter à des restrictions imposées par la législation européenne en matière de concurrence dans le cadre des procédures d’appels d’offres. L’expérience a montré qu’il est cependant possible de concevoir des instruments efficaces qui respectent les règlements de l’UE. La législation européenne en matière de marchés publics permet aux autorités locales d’insérer certaines clauses sociales dans leurs procédures d’adjudication même s’il leur est interdit de pratiquer la discrimination géographique. Depuis quelque temps, les villes ont deux grandes approches de l’utilisation de leur pouvoir d’achat considérable en vue de créer des emplois au niveau local. La première approche privilégie les entrepreneurs privés ordinaires qui acceptent d’engager un certain nombre de chômeurs locaux .La deuxième approche privilégie les entreprises sociales qui non seulement engagent de la main d’œuvre locale mais qui en plus créent du capital social. La première approche fait l’objet d’une analyse plus approfondie dans le chapitre consacré à l’emploi. Un exemple intéressant illustrant la seconde approche est celui de la ville de Sheffield qui consacre désormais 40% de son budget de marchés publics au profit des entreprises sociales. Dans ce cas précis, l’objectif est non seulement de créer de l’emploi mais également de construire du capital social dans certains des quartiers les plus défavorisés de la ville et de susciter un sens de l’entreprise collective qui vise à répondre aux besoins sociaux. La ville de Turin a introduit une clause « d’insertion permanente par le travail » dans les appels d’offres municipaux, ce qui a permis à 22 coopératives sociales de décrocher des contrats et d’engager plus de 400 personnes précarisées. Des instruments visant à encourager les partenariats peuvent être mis en place dans des zones spécifiques Au Royaume-Uni, le concept de Business Improvement District (BID) désigne un accord de partenariat grâce auquel autorités locales et entreprises locales mettent en place des actions bénéficiant à la communauté locale et à l’amélioration du climat d’affaires. Il s’agit d’une zone géographique bien définie au sein de laquelle les entreprises ont choisi d’investir collectivement dans des améliorations locales et dans des services supplémentaires destinés à embellir leur environnement commercial. La mise en place des BID dans les villes repose sur une série de réglements nationaux régissant leur établissement et leur modus operandi. Le contenu précis d’un BID est défini par les entreprises locales en collaboration avec les autorités locales et est approuvé par le vote de tous les contribuables qui paient l’impôt sur les sociétés (un impôt local imposé à tous les propriétaires d’entreprises). La majorité de ces derniers s’accordent à l’avance sur la manière dont va être dépensé leur argent et sur le supplément qu’ils sont disposés à apporter en plus de l’impôt d’entreprise. Une fois la proposition de BID approuvée, tous ces « contribuables » se voient obligés de payer la taxe supplémentaire pendant le nombre d’années fixé. Les phénomènes de « passager clandestin » peuvent ainsi être évités. Autre avantage, ce système permet d’assurer un financement stable en dehors du budget normal des autorités locales. Mi-2006, un vote favorable avait été accordé pour la mise en place de 29 BID. Ministère des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer, Évaluation des Politiques de service des administrations locales qui concourent au financement privé des projets de développement dans les quartiers défavorisés. Kent Hudson, Klaus Werner, Michel Garcin, Antonin Stephany, Rapport final Juillet 2006 Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 23 BID Broadstreet, Birmingham (Royaume-Uni): partenariat officiel pour un environnement qui soit plus favorable au développement des activités économiques Objectifs : les priorités se résument en un triple mot d’ordre : ‘plus clair, plus sûr, plus propre’. Les objectifs consistent à rehausser l’image et le profil de la zone, accroître le nombre et la durée des visites, offrir un environnement plus clair, plus sûr et plus propre aux clients et au personnel, faire émerger la fierté ainsi que la confiance des investisseurs et pérenniser des investissements axés sur les activités. Actions : La zone de Broad Street est un quartier de loisirs (nocturnes) qui comporte 320 entreprises dont 52% relève du secteur des loisirs et 41% sont des bureaux. Les composantes principales du système sont : la nomination d’un directeur de Broad Street ; l’embauche de gardes de jour et de nuit ; des nettoyages supplémentaires des rues, des décorations florales et des actions de marketing et de relations publiques. Acteurs : Le partenariat du centre ville de Birmingham (le BCCP) gère le Broad Street Business Improvement District (le BID). Le BCCP est un partenariat public/ privé qui rassemble le Conseil Municipal de Birmingham, les forces de Police, des associations de commerçants du centre commercial et de gros détaillants. Ressources : Les actions entreprises dans la zone sont financées par la perception d’une partie de l’impôt de société payé par les entreprises de la zone concernée. La structure générale de perception est la suivante : au cœur de la zone de Broad street, les entreprises du secteur des loisirs versent 2% de la valeur de l’impôt de société et les autres entreprises, quant à elles, versent 1% du montant de l’impôt de société. Dans la zone extérieure, toutes les entreprises versent 0,5% de la valeur de l’impôt sur les sociétés. Principales conclusions : Après une année de fonctionnement, la perception relative à l’environnement avait déjà connu une amélioration. Les crimes violents ont diminué de 9,4 %. Le BCCP prépare d’ores et déjà des BIDs pour d’autres quartiers de Birmingham En Allemagne, même s’il n’existe pas de cadre national pour les BID, deux régions (Hambourg et Essen) ont adopté leur propre législation régionale en matière de BID et d’autres régions discutent d’initiatives législatives ou développent des approches similaires en se passant de cadre juridique spécifique. Même si le BID représente un instrument prometteur pour la relance économique, il y a un aspect essentiel qui doit être pris en considération lorsqu’on traite de quartiers en difficulté : jusqu’à présent, les BID ont été mis en place dans des zones assez centrales qui connaissaient déjà un certain niveau d’activité économique. Il n’y a que peu d’expériences évoquant la mise en place de BID dans des zones urbaines très défavorisées. Néanmoins, à la lumière des expériences positives en matière de gestion de quartiers (neighbourhood management, qui découle du concept de gestion des centres-ville), il serait intéressant de tester les BID et de débattre de leur possible adaptation afin de permettre la relance économique dans les quartiers en grande difficulté (souvent périphériques). Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 24 Les villes peuvent développer un ensemble intégré de subventions, de mesures de soutien aux entreprises et d’investissements pour les entreprises situées dans des zones en difficulté Afin de surmonter les multiples problèmes auxquels sont confrontées les zones urbaines en difficulté, une politique intégrée devrait associer mesures en faveur du développement des entreprises et mesures d’aide à l’embauche. Les programmes URBAN ont favorisé la mise en place d’ensembles intégrés de mesures visant le développement des entreprises. Lors de la prochaine période 2007-2013, les états membres, les régions et les villes devront mettre au point ce type d’ensembles de mesures dans le cadre des financements relevant du mainstream. Les Kansenzones de Rotterdam (Zones d’opportunités) présentent un exemple de coopération entre le gouvernement central et la ville afin d’assurer le financement de programmes intégrés. Zones d’opportunités, Rotterdam (Pays-Bas) : éventail complet de mesures d’aide aux entreprises en fonction de leur localisation Objectifs : Améliorer le climat économique dans des zones bien précises de la ville de Rotterdam en abaissant les barrières aux investissements privés via la mise en place d’un ensemble intégré de mesures. Actions : Le projet des Kansenzones de Rotterdam repose sur des mesures d’aide intégrée aux entreprises d’une zone choisie, combinant un plan de subventionnement, des investissements dans des PME, des micro-crédits octroyés par des banques, un service de conseil aux chefs d’entreprise débutants, un partenariat publicprivé pour la gestion de la zone, des investissements publics visant à rénover les locaux commerciaux, un programme de formation pour les jeunes précarisés et un système d’informations immobilières en ligne. Le plan de subventionnement prévoit une subvention de 50% des investissements effectués par des chefs d’entreprises et propriétaires fonciers dans de l’équipement durable ou dans la rénovation de locaux commerciaux (la subvention minimale est de 2.000 euros et la subvention maximale de 100.000 euros). La ville a conclu un accord avec trois banques ; accord qui prévoit des critères moins stricts dans l’évaluation des demandes de financement opérées par les chefs d’entreprise recevant une subvention. Une partie de l’impôt foncier local (jusqu’à 2 millions d’euros par an) est reversée à ces zones. Le gouvernement du district et les commerçants ont décidé conjointement de la façon d’investir cet argent afin d’améliorer la conjoncture économique. Acteurs : La ville de Rotterdam, la Rotterdam City Development Corporation, les Districts de Charlois et de Feijenoord de la ville de Rotterdam, le gouvernement central, les commerçants et d’autres chefs d’entreprise, trois institutions bancaires, des promoteurs de projets, des propriétaires fonciers, des écoles professionnelles. Ressources : la ville et le gouvernement national ont chacun investi à part égale dans un budget total s’élevant à 48 millions d’euros pour la période 2005-2008. Principales conclusions : Pendant sa première année d’existence, le système de subventions est parvenu à stimuler les investissements. En Septembre 2006, 515 demandes de subvention ont été présentées ; ce qui a permis un investissement total de 14 millions d’euros (dont 5,2 millions d’euros provenant du secteur privé). Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 25 2.5 Comment les villes peuvent-elles transformer le potentiel des zones urbaines en difficulté en activités économiques ? • Les villes peuvent mettre au point des systèmes d’information qui mettent en évidence les opportunités économiques • Les villes peuvent rechercher activement des opportunités économiques et les promouvoir grâce à des outils de marketing • Les villes peuvent créer des entreprises en fonction des opportunités économiques identifiées Les villes peuvent mettre au point des services d’information concernant les marchés économique et foncier ainsi que le marché du travail afin d’aider le secteur privé dans sa recherche d’opportunités économiques Les autorités locales peuvent fournir des informations de base concernant le marché local afin d’améliorer la connaissance que les PME ont de la situation des différents paramètres à l’œuvre sur ce même marché. Les PME peuvent exploiter une telle information afin de gagner en compétitivité et de repérer des opportunités économiques. Le Grand Lyon a créé l’« Observatoire Partenarial Lyonnais en Economie » (L’OPALE) qui fournit régulièrement des informations à jour relatives aux tendances en matière d’emploi et d’activité économique dans des zones relativement petites. La ville de Naples a également créé quatre Centres Opérationnels pour la Préqualification Economique (Les CUORE) dans des zones urbaines en difficulté. L’élément central de ces CUORE est un observatoire qui informe régulièrement, dirige et aide les PME. Un soutien est proposé en matière de recherche de locaux commerciaux, de nouveaux marchés à l’étranger et de personnel ; l’observatoire développe également des dispositifs visant à transformer les activités non déclarées en projets rentables relevant de l’économie formelle. Un rapport récent du Ministère français du Transport et de l’Infrastructure, qui repose sur l’expérience américaine, recommande aux villes d’adopter des approches stratégiques beaucoup plus ambitieuses en matière d’utilisation de l’information dans le cadre de la promotion des activités économiques et de l’emploi. Ce rapport souligne le fait que les villes, de par leur action, peuvent avoir une incidence majeure sur l’efficacité du marché foncier local, du marché économique local et du marché de l’emploi local, et ce en réunissant, en un même lieu, des informations relatives aux prix du foncier, aux permis d’urbanisme, aux emplois vacants, aux services publics et aux tendances en matière d’investissements publics et privés. La plupart de ces informations peuvent être rendues disponibles et faciles d’accès par le biais des technologies de l’information axées sur le local (les GIS). Ce procédé permet aux investisseurs privés et publics de repérer et d’utiliser à leur avantage les atouts des quartiers en difficulté. La ville de Sheffield a également mis en place une approche basée sur les GIS afin de procéder à l’analyse de la qualité de vie dans une centaine de quartiers de la ville ; elle a mis au point le “Successful Neighbourhood Information” qui dans son graphisme illustre la qualité de sept services locaux clés. Ces brochures d’information sont ensuite utilisées comme base pour conclure des « conventions locales » entre les autorités locales et les ministères du gouvernement central afin de pouvoir planifier les investissements dans les zones concernées. Ministère des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer, Évaluation des Politiques de service des administrations locales qui concourent au financement privé des projets de développement dans les quartiers défavorisés. Kent Hudson, Klaus Werner, Michel Garcin, Antonin Stephany, Rapport final Juillet 2006 Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 26 Les villes peuvent rechercher activement les opportunités économiques et les promouvoir en assurant leur marketing au niveau local Grâce au recours à des stratégies de promotion et de marketing, les villes peuvent mettre en exergue certaines opportunités économiques susceptibles d’intéresser des petits investisseurs et de soutenir les activités économiques déjà présentes. Les activités de marketing peuvent également permettre de sensibiliser le consommateur final et d’étendre le marché potentiel. Les minorités ethniques représentent un grand marché. Les nouveaux arrivants sont souvent porteurs d’une culture de l’entreprise familiale et d’horaires de travail souples dans une société où les semaines de travail se raccourcissent de plus en plus et où l’on rechigne à travailler en dehors des heures de bureau. En considérant la diversité ethnique comme un atout et non pas comme une faiblesse et en la présentant comme un nouveau produit touristique, les autorités locales peuvent jeter un pont entre les cultures pluriethniques et l’économie locale et construire, par ce biais, une image positive des zones urbaines à forte concentration de communautés ethniques. A La Haye, un des principaux objectifs de la politique économique menée par la ville est d’aider les minorités ethniques à créer leur propre entreprise. La City Mondial (ville du monde) est une initiative destinée à établir une relation positive entre les cultures ethniques et les entreprises commerciales établies dans des quartiers comptant une forte population étrangère. Environ 300 start-up parmi les 1700 créées chaque année à La Haye sont le fait de personnes issues des minorités ethniques et leur nombre va croissant. La plupart des minorités ethniques ouvrent des commerces de détail ou des entreprises de restauration qui ciblent les clients provenant de ces mêmes minorités. Dans le secteur du tourisme, les entreprises qui visent à répondre aux besoins des immigrants sont sous-représentées, alors que ce secteur offre un potentiel extraordinaire. Pour illustrer ce propos, il convient de rappeler que chaque année, 25 millions de personnes visitent les différents quartiers de la ville de La Haye et y dépensent 400 millions de dollars. L’offre de produits et de services pluriculturels dans les quartiers défavorisés de la ville représente un potentiel extraordinaire pour le développement de produits touristiques « exotiques ». Parallèlement à cela, le secteur du tourisme offre la possibilité de relier l’esprit d’entreprise des populations immigrantes et l’intégration économique et culturelle. Autre exemple de l’utilisation du marketing local, la promotion de groupements locaux d’entreprises d’un secteur similaire (musique, mode, alimentaire et autres). Ces opportunités sont décrites de façon plus détaillée dans le chapitre 4. Les villes peuvent jouer le rôle d’entrepreneur et créer des entreprises en fonction des opportunités identifiées Une des caractéristiques des zones urbaines en difficulté étant l’insuffisance d’entreprises, les villes peuvent décider de donner un petit coup de pouce supplémentaire au développement économique en augmentant la taille des entreprises existantes et le nombre de nouvelles entreprises. Pour ce faire, les villes peuvent, tout d’abord, mettre au point des instruments spécifiques de soutien aux entreprises existantes. Et si cela s’avérait insuffisant, les villes peuvent s’impliquer directement dans la création d’opportunités pour les investisseurs privés. Dans certains cas, il suffit à la ville de diffuser des informations sur les opportunités présentes sur un marché, comme c’est le cas dans l’exemple de La Haye présenté ci- Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 27 dessus. Grâce à ces informations ciblées, les acteurs du marché peuvent être incités à agir. Dans d’autres cas, il est pertinent que l’implication de la ville aille jusqu’à la création d’entreprises. C’est ce que l’on peut appeler la capacité entrepreneuriale des villes qui va bien souvent de pair avec l’économie sociale, cette dernière étant davantage compatible avec le « statut public de l’autorité locale ». La ville occupe une position unique car elle peut envisager d’élaborer un business plan qui mobilise des financements publics courants (c’est-à-dire qui s’appuie, par exemple sur des financements relevant de la sécurité sociale ou des prestations de santé). Au moment où la ville de Syracuse a été confrontée à la fermeture d’un grand hôpital pour personnes handicapées, elle a trouvé le moyen de pérenniser la prise en charge des personnes handicapées provenant des quartiers en difficulté en créant « le foyer familial » pour personnes handicapées. Cette structure est exploitée par le personnel de l’ancien hôpital qui s’est constitué en coopérative et effectue les mêmes tâches qu’auparavant mais dans une unité de soins plus exiguë. La ville a élaboré le business plan du « foyer familial » avant de le transférer à la coopérative. La pérennisation de l’entreprise est assurée, ses frais étant pris en charge par la couverture sociale des patients. Une des autres caractéristiques de l’économie sociale découle du fait que, dans ce secteur, les personnes ne sont pas intéressées par la création d’entreprises au sens traditionnel du terme. Elles ne réfléchissent pas en termes de retour sur investissement mais plutôt en termes de création de leur propre emploi. Vous trouverez d’autres exemples d’entreprises sociales et d’autres illustrations de leurs rapports avec le marché de l’emploi local dans le chapitre suivant. 2.6 Points-clés – Des ensembles intégrés de dispositifs de soutien et de promotion des petites entreprises, qui répondent à la demande locale Les zones en difficulté se caractérisent notamment par la rareté des entreprises qui s’y implantent. Les entreprises étant le moteur du développement économique, il est essentiel d’aider les activités existantes et d’encourager l’essor de nouvelles entreprises. Le groupe cible le plus important lorsqu’il s’agit d’aider les entreprises dans les zones défavorisées est constitué par les micro-entreprises et les petites entreprises. Or, les instruments traditionnels d’aide aux entreprises ne semblent pas convenir à ce groupe cible. Dès lors, les villes ont un rôle important à jouer dans la mise au point d’instruments d’aide mieux adaptés aux besoins des chefs d’entreprise locaux (principalement ceux établis dans des zones défavorisées). Les villes peuvent apporter une valeur ajoutée aux politiques nationales et régionales de développement des entreprises et, dans certaines circonstances, elles peuvent jouer un rôle central dans la mise au point de nouveaux instruments. Un des objectifs importants des instruments et des politiques en question est de créer un climat favorable aux entreprises dans des quartiers bien spécifiques. Le point de départ de ces mesures devrait être les opportunités existantes dans ces quartiers. Les différents contextes locaux requièrent des solutions différentes. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 28 Les villes peuvent aller à la rencontre des chefs d’entreprise et les aider à définir leurs besoins en matière de services de soutien La disponibilité de micro-crédits ne garantit pas leur utilisation par les groupes visés. Ces derniers doivent être informés de l’existence de ces crédits et avoir la possibilité de présenter un bon plan d’entreprise. Les chefs d’entreprise peuvent recevoir d’autres types d’aide tels que le coaching ou de la formation à l’amélioration d’un plan d’entreprise ou à la préparation d’une demande de prêt. Des instruments d’aide efficaces peuvent améliorer l’accès des PME aux financements, notamment sous la forme d’ensembles intégrés de services financiers ou non-financiers parfaitement adaptés aux besoins des petites entreprises. Des services d’aide personnalisés et axés sur la demande sont mieux adaptés aux entreprises situées dans les zones urbaines en difficulté. Les spécificités des populations de ces zones doivent être prises en considération. Grâce à un soutien personnalisé, les dispositifs locaux de parrainage permettent de toucher des entrepreneurs issus de milieux différents. . La mise en place de réseaux et de groupements locaux d’entreprises permet d’encourager l’entraide entre pairs et de sensibiliser les chefs d’entreprise quant à la disponibilité d’un large éventail de services d’aide aux entreprises. Le travail actif d’information sur le terrain demande un énorme engagement en temps et par voie de conséquence, en argent. Sans ce travail cependant, les instruments d’aide n’ont que peu de chance d’atteindre leurs objectifs. Les villes peuvent assurer l’octroi de petits prêts et de micro-crédits aux entrepreneurs actifs dans les zones urbaines en difficulté Les petits projets ainsi que les micro-entreprises et sociétés de petite taille jouent un rôle important dans les zones urbaines en difficulté; dès lors, il convient de les prendre au sérieux et de les encourager. A la lumière du petit nombre d’entreprises installées dans ces quartiers, il est grand temps d’encourager toutes les initiatives durables de création d’entreprises, et ce quelle que soit la taille des projets. Ceux-ci étant des projets à haut risque pour les banques et autres institutions financières, il est difficile, voire impossible, pour les entrepreneurs désireux de s’investir localement de contracter un emprunt. En conséquence, les villes, en collaboration avec d’autres acteurs nationaux et/ ou régionaux peuvent constituer des fonds de garantie qui ciblent tout particulièrement les prêts octroyés aux entreprises dans les zones en difficulté. Les banques et autres institutions financières éprouvent moins de difficultés à accorder des crédits aux entrepreneurs en question étant donné qu’une partie du risque est couverte par le fonds de garantie. La ville s’assure que les prêts sont réellement accordés aux chefs d’entreprise dans les zones en difficulté, mais en laissent la gestion aux institutions financières. Les villes peuvent instaurer un partenariat avec des entités publiques et privées afin de développer un ensemble intégré de mesures de soutien aux entreprises qui réponde à la demande locale La ville doit mettre en place des partenariats et attirer des partenaires spécialisés provenant d’institutions financières, d’organismes de formation et d’éducation, d’associations professionnelles et d’autres organisations auxquelles les populations des zones en Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 29 difficulté font confiance. Ainsi, il est possible d’assurer une gamme complète de services d’accompagnement dans les différentes phases de création d’une entreprise. Afin de faire face aux différents types de demandes émanant des entrepreneurs locaux, certaines villes ont mis au point un système de « bons » pour le recours aux services. Plutôt que d’imposer un parcours standard aux chefs d’entreprises, le système des « bons » offre la possibilité au chef d’entreprise de choisir lui-même le type de services et de prestataires qui lui convient. Des accords de partenariat entre la ville et les chefs d’entreprise peuvent être envisagés afin de décider conjointement des mesures à prendre pour rendre l’environnement plus favorable aux investissements et à l’activité économique. Ces partenariats s’avèrent plus pérennes lorsqu’ils peuvent disposer d’un budget annuel qui s’appuie sur un financement à long terme ; en utilisant, par exemple, une partie de l’argent collecté sous forme d’impôts fonciers locaux. Des conditions financières spécifiques peuvent être mises en place dans les zones en difficulté afin de stimuler les petits investissements privés Il est possible de stimuler les petits investissements dans les zones en difficulté en établissant des niveaux d’imposition différenciés et en accordant des exonérations d’impôts et de charges sociales. Une autre approche consiste à accorder des subventions aux chefs d’entreprise et aux propriétaires fonciers qui investissent dans les quartiers en difficulté. Ce type de mesures a potentiellement une très forte incidence mais il s’agit d’une approche onéreuse que les villes ne peuvent se permettre que lorsqu’elles disposent de l’appui de financements du niveau régional, national et européen. Les incitations financières sont souvent associées à d’autres types d’aide aux entreprises dans les zones concernées, comme l’offre de locaux commerciaux, des programmes de formation et des services d’information et de coaching. En tant qu’acheteur sur le marché local, les villes peuvent avoir une incidence majeure sur l’activité des entreprises locales En théorie, les marchés publics représentent un instrument important pour le développement des entreprises locales. La législation européenne en matière de concurrence doit néanmoins être respectée. Il existe des exemples de villes qui sont parvenues à encourager la participation des entreprises sociales locales dans le cadre des procédures d’appels d’offres. Les villes peuvent s’impliquer activement dans le repérage d’opportunités économiques et les transformer en activités économiques Dans les zones urbaines défavorisées, les instruments traditionnels d’aide au développement d’entreprises sont insuffisants. En effet, il est nécessaire de déployer des efforts supplémentaires afin d’assurer le repérage d’opportunités pour les entreprises locales et pour l’emploi local. Une des premières étapes de cet effort consiste à diffuser des informations détaillées à propos de la conjoncture économique et du marché immobilier. Chapitre 2 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 30 La ville peut également repérer les opportunités économiques les plus importantes. En effet, grâce aux stratégies de marketing et de promotion, les opportunités économiques peuvent être soumises aux petits investisseurs potentiels et, par la même occasion, les informations ainsi diffusées peuvent soutenir les activités des entreprises existantes. Les actions de marketing peuvent également sensibiliser le client final et élargir le marché potentiel. La ville peut même aller plus loin et agir elle-même en entrepreneur, soit en développant un nouveau service dans le cadre d’une instance publique, soit en externalisant certaines activités vers l’économie sociale ou vers d’autres types d’entreprises privées. Les gouvernements nationaux peuvent appuyer ce processus en sensibilisant les villes et en les aidant à améliorer leur expertise dans ce domaine. Développer des ensembles intégrés d’instruments s’avère indispensable pour que les politiques locales aient un réel impact sur la situation des populations et quartiers en difficulté Afin de contrer les tendances négatives de l’évolution économique dans les zones défavorisées, il est nécessaire d’adopter une approche intégrée. En d’autres termes, il convient non seulement d’associer les différents instruments d’aide aux entreprises mais aussi de les ancrer dans une stratégie locale pour l’emploi et dans différentes initiatives relevant de la régénération urbaine. 3 Le Rôle des villes en matiere d’emploi 3.1 La contribution des autorités locales aux politiques de l’emploi Dans la plupart des pays d’Europe, les interventions portant sur le marché du travail dans le but de réduire le chômage et de créer de l’emploi relèvent principalement des gouvernements nationaux et/ ou régionaux. Mais, en dépit d’une batterie impressionnante de politiques nationales, les problèmes que connaissent de nombreux quartiers dans un grand nombre de villes européennes en matière d’emploi s’aggravent et prennent une ampleur dangereuse. L’Audit urbain montre que les villes touchées par des niveaux de chômage élevés ont généralement des quartiers où ces taux sont deux fois plus élevés que la moyenne, avec des dépassements pouvant aller jusqu’à 60 %. Pourtant nombreuses restent les régions d’Europe où les villes rencontrent d’importantes difficultés quand il s’agit de se poser en partenaires légitimes dans la lutte pour la création d’emplois. Au premier abord, l’intervention des villes sur le marché du travail semble, ces dernières années, devenue plus difficile en raison de la révision de l’Agenda de Lisbonne et de la Stratégie Européenne pour l’Emploi (SEE) qui place de plus en plus l’accent sur un ensemble de priorités économiques qui, à première vue, paraissent hors d’atteinte des acteurs locaux. A y regarder de plus près, la ligne directrice qui faisait spécifiquement référence au développement de l’emploi local dans la Stratégie Européenne pour l’Emploi a disparu. L’UE a clairement défini une batterie de priorités relatives au marché du travail, qui reflètent les principales préoccupations politiques d’un grand nombre d’Etats membres. Elles concernent trois domaines politiques clés qui reviennent, sous des formes légèrement différentes, dans l’ensemble des principaux documents de politique européenne, Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 31 dans un souci de jeter les bases des politiques européennes et nationales des prochaines années. Il s’agit : 1) d’attirer et de maintenir sur le marché du travail un plus grand nombre de personnes et de moderniser les systèmes de protection sociale (activation); 2) d’améliorer les capacités d’adaptation des travailleurs et des entreprises (avec le concept de « flexisécurité »); 3) d’augmenter les investissements dans le capital humain (y compris en matière d’apprentissage tout au long de la vie). L’amélioration de la gouvernance dans les politiques de l’emploi constitue également un souci de premier plan, qui passe par le renforcement des capacités administratives et le développement des partenariats. A l’exception de ce dernier point, les débats en cours sur la flexisécurité, sur l’activation et sur l’apprentissage tout au long de la vie semblent, pour la plupart, porter sur des réformes nationales à opérer dans des domaines comme les systèmes fiscaux, les établissements scolaires, les services de l’emploi, les mécanismes de négociations salariales, etc. Cependant, dans le présent chapitre, nous comptons démontrer que les villes ont leur rôle à jouer sur le marché du travail. En premier lieu, les villes, en partenariat avec d’autres acteurs, ont un rôle central à jouer dans la mise en œuvre de l’ensemble des priorités et des lignes directrices posées dans la Stratégie Européenne pour l’Emploi révisée Les villes se sont dotées d’un large éventail de mécanismes leur permettant de rendre ces politiques plus humaines en tenant davantage compte des besoins des populations locales – et plus particulièrement des besoins des territoires et des catégories les plus vulnérables. En outre, les villes sont également en mesure de pallier une faiblesse caractéristique des politiques d’emploi actuelles. Presque toutes les références à l’esprit d’entreprise et à la création d’emploi (le volet « demande » du marché du travail) ont été effacées de la politique européenne de l’emploi. Ce choix revêt une grande importance car le pilier « esprit d’entreprise » était celui qui faisait référence aux nouveaux gisements locaux d’emplois, au développement local de l’emploi, à l’économie sociale, aux micro-entreprises et aux travailleurs indépendants. Les trois priorités actuelles de la SEE révisée portent aujourd’hui sur les améliorations à apporter au volet « offre » du marché du travail. Cela ne signifie nullement que les aspects liés à l’esprit d’entreprise et à la création d’emploi ont perdu toute leur importance dans l’UE. Au contraire, ils figurent au centre de la stratégie révisée de Lisbonne qui stipule que 22 millions de nouveaux emplois devront être créés d’ici à 2010 afin de réaliser les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés. Mais l’esprit d’entreprise a été retiré des orientations « emploi » pour être inscrit dans les orientations « microéconomiques ». Le risque existe d’un glissement des priorités vers la promotion des pôles de croissances chez les « gazelles » des hautes technologies au détriment de la mise en place d’un cadre donnant aux populations visant dans les zones urbaines défavorisées une chance de gagner leur vie en créant leur propre emploi ou une petite entreprise. Une politique locale de l’emploi qui ne considère dans l’équation que l’aspect « offre de travail » nous paraît biaisée. Pourquoi investir dans le capital humain et ouvrir des passerelles vers l’emploi s’il n’y a à la clé aucun emploi qui offre un minimum de dignité ? Dans sa préface d’une étude réalisée il y a peu par Eurocities sur les initiatives locales pour l’emploi dans les villes européennes, le Conseiller et Chef du Département du travail et des affaires économiques de Munich écrivait : « les politiques de l’emploi ne peuvent être menées indépendamment des activités de promotion de l’économie locale ». Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 32 Les villes, en partenariat avec d’autres acteurs, peuvent jouer un rôle absolument crucial pour transformer la croissance en emplois, tout en veillant à ce que les emplois ainsi créés soient susceptibles d’offrir un avenir à l’ensemble de leurs citoyens Les villes peuvent établir le pont indispensable entre les politiques relatives à l’offre de travail et la création d’emplois susceptibles de satisfaire de véritables besoins – dans des domaines comme la culture, les services sociaux et l’environnement – et, partant, entre les lignes directrices européennes pour l’emploi et les orientations microéconomiques de l’UE. Ces besoins constituent souvent le point de départ dans l’élaboration de mesures pour l’emploi ciblées dans le cadre de stratégies de régénération urbaine intégrée. Plusieurs villes européennes ont lancé des initiatives de promotion de l’emploi local il y a plus d’une trentaine d’années, lorsque les premières crises pétrolières et l’accélération de la mondialisation ont entraîné une restructuration en profondeur des industries de base. La Commission européenne, elle-même, a brandi la bannière des initiatives locales en matière d’emploi dès les années 80, avec le Partenariat d’Activités pour le Développement Economique Local et le Livre blanc de Delors sur la Croissance, la Compétitivité et l’Emploi en 1993. Depuis, la Commission a financé un éventail impressionnant de programmes et d’initiatives censées tester et diffuser des bonnes pratiques en matière de politiques pour l’emploi local tant en milieu urbain que rural. Cela a donné lieu à deux Communications et à une ligne directrice portant spécifiquement sur le développement de l’emploi local dans les premières versions de la Stratégie Européenne pour l’Emploi. Nous disposons donc aujourd’hui d’un corpus considérable de connaissances ou « d’acquis » sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas dans les politiques locales pour l’emploi, corpus que divers réseaux et projets européens se chargent aujourd’hui de faire connaître. Dans le même temps, deux cycles de l’Initiative communautaire Urban ont permis de tirer un nombre incalculable d’enseignements sur la manière d’intégrer des mesures de promotion de l’emploi dans des stratégies de redéveloppement urbain intégrées ciblées vers les quartiers les plus défavorisés. Le présent chapitre renvoie à un grand nombre de conclusions tirées par les réseaux URBACT actifs dans ce domaine. Il est en effet important que les villes capitalisent sur cette richesse d’expériences, la multiplient et l’adaptent à leur propre situation, mais avant toute chose, il est primordial qu’elles évitent de réinventer la roue. Les villes peuvent optimiser leur impact sur l’emploi en cessant de confiner leur réflexion à des projets isolés et en mobilisant tout leur potentiel pour se positionner en acteur économique et intermédiaire sur le marché du travail Les exemples présentés ci-dessous montrent que les villes disposent d’avantages ou de « leviers » qui leur permettent de cibler de manière particulièrement efficace les politiques de l’emploi vers les domaines qui en ont le plus besoin. Elles sont les plus aptes, du fait de leur proximité au terrain, à identifier les véritables obstacles à l’emploi, ainsi que les tremplins vers l’emploi. Elles peuvent mobiliser l’engagement des populations et des entreprises locales. Mais surtout, elles jouent un rôle central pour faire le lien entre les différents secteurs politiques, tant au sein des collectivités locales qu’en dehors de celles-ci, afin d’assurer une meilleure adéquation entre la main d’œuvre disponible dans les quartiers en difficulté et les emplois créés. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 33 Dans les pages qui suivent, nous nous pencherons d’abord sur la manière dont les villes sont en mesure de garantir que les trois priorités politiques clés de la Stratégie Européenne pour l’Emploi bénéficient réellement aux quartiers urbains en difficulté. Nous verrons ensuite comment elles peuvent utiliser pleinement leur potentiel pour créer des emplois durables. 3.2 Comment les villes peuvent-elles garantir à l’ensemble de leurs citoyens un accès au marché du travail ? • Les villes peuvent adopter une approche stratégique de l’activation basée sur les besoins des populations • Les villes peuvent identifier et cibler les principaux obstacles à l’intégration professionnelle • Les villes peuvent mettre en place des passerelles intégrées vers le marché du travail, en se concentrant sur certains groupes cibles • Les villes peuvent transformer leurs « faiblesses » en matière de marché du travail en atouts, en se basant sur l’identité de groupes précis • Les villes peuvent accompagner des processus ascendants de renforcement des capacités locales • Les villes peuvent accompagner la transition d’une économie informelle vers une économie formelle • Les villes peuvent accompagner la transition d’une situation de dépendance à l’égard des systèmes de protection sociale vers une indépendance sur le marché du travail Les villes peuvent adopter une approche stratégique de l’activation fondée sur les besoins des populations Le nombre de personnes « inactives » qui, selon les chiffres officiels, sont en dehors du marché du travail dans les villes européennes, peut être 5 ou 6 fois supérieur au nombre officiel de sans-emploi. Il s’agit de femmes avec enfants, de personnes âgées, de personnes handicapées et d’un grand nombre de jeunes. Si certains survivent d’indemnités sociales et que d’autres gagnent une partie de leur revenu dans l’économie « informelle », la plupart vivent simplement en situation de pauvreté. Le souhait de nombreux Etats membres de l’UE de mobiliser ce potentiel gaspillé, mais surtout de réduire leurs dépenses sociales par le biais de « stratégies d’activation et d’insertion », se reflète dans la première priorité « emploi » des Orientations intégrées pour la croissance et les emplois. A l’origine de la situation de nombreuses personnes incapables de réintégrer le marché du travail, se trouve une combinaison extrêmement complexe d’obstacles et d’incitations qui varient grandement d’une personne à l’autre et d’un endroit à l’autre. Ainsi, même si les gouvernements européens, nationaux et régionaux peuvent fixer des objectifs généraux, la cible risque d’être manquée et des conséquences négatives imprévues sont possibles faute d’une interprétation locale des objectifs en question. Le risque est d’autant plus fort dans le cas d’une population ou d’un quartier qui sont éloignés du marché du travail. Voilà pourquoi des villes comme Glasgow se sont dotées d’une approche stratégique de l’activation basée sur une analyse des besoins des populations. La ville prétend Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 34 qu’un total de 110.500 personnes, représentant 28% de la population en âge de travailler à Glasgow, est sans emploi. Cependant, seules 18.000 d’entre elles sont inscrites sur les registres des demandeurs d’emploi. Près de 92.000 bénéficient d’un large éventail d’indemnités de longue durée, principalement en raison de problèmes de santé, ce qui constitue une sous-utilisation dramatique de la principale ressource de la ville : sa population. Afin de s’attaquer à ce problème, le Conseil municipal de la ville de Glasgow a mis en place un Forum « Welfare-to-Work » (« de l’assistance sociale à l’emploi ») composé des principales organisations publiques et privées intervenant en matière de politiques pour l’emploi de la ville. Ce forum s’est fixé l’objectif ambitieux de réduire de plus de 30.000 unités le nombre de personnes qui reçoivent des indemnités de longue durée. Stratégie « Welfare to Work » de Glasgow (RU): Stratégies intégrées pour l’Activation en vue de la sortie des situations de dépendance à l’égard du système de protection sociale Objectifs : diminuer le nombre de personnes en âge de travailler qui bénéficient d’indemnités de longue durée, permettre à un plus grand nombre de personnes de retrouver une formation ou un emploi, et offrir à des sans-emploi des passerelles vers l’emploi par le biais d’un système de conseillers personnels et de programmes. Actions : Il s’agit d’un forum « Welfare to Work » qui associe les secteurs privés et publics, sous la direction d’un éminent homme d’affaires. Dans le cadre de la stratégie « Accès égal à l’emploi », des administrateurs ont été nommés dans une série de quartiers prioritaires, afin d’aider des populations défavorisées à accéder à des projets de formation et d’emploi traditionnels et de faire le lien entre projets sociaux et de santé et projets d’emploi et de formation. En outre, un Fonds « Working for Families » a été institué pour développer des services en faveur des personnes dont la recherche d’un emploi ou d’une formation est entravée par l’absence de garderie d’enfants. Des « tuteurs pour l’accueil des enfants » aident les parents à trouver des places d’accueil, à planifier leur réinsertion professionnelle et à acquérir de nouvelles compétences. Enfin, le projet « Positive Futures » a été lancé par une équipe de « travailleurs-référents » ou de conseillers personnels désireux de guider des jeunes issus des populations vulnérables à travers le labyrinthe institutionnel de la recherche d’emploi Acteurs : Conseil municipal de Glasgow, Job Centre Plus (agences pour l’emploi), Département des affaires sociales, Scottish Enterprise Glasgow, le conseil de la santé, des entreprises privées. Ressources : la stratégie « Accès égal à l’emploi » est dotée d’un budget de 5 millions de livres pour les trois premières années. Le projet « Working for Families » a un budget de 2,5 millions de livres pour une période de quatre ans. Principaux enseignements : la ville a montré qu’il est possible de rassembler un large éventail d’organisations publiques et privées autour d’une stratégie intégrée, axée sur la population, visant à accroître l’accès à l’emploi. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 35 Les villes sont en position idéale pour identifier et avoir une action sur les principaux obstacles à la réinsertion professionnelle Une des premières questions auxquelles les villes doivent s’attaquer lorsqu’elles désirent mettre en place une stratégie d’activation est la suivante : quels sont les obstacles qui empêchent les habitants des quartiers en difficulté de réintégrer le marché du travail quand ils le désirent ? Deux des obstacles sur lesquels il est facile, pour les villes, de peser sont la répartition inégale des structures d’accueil de la petite enfance, ainsi que le coût et la disponibilité des moyens de transport des quartiers défavorisés vers les principaux gisements d’emploi. Des villes ont résolu ces problèmes par des mécanismes qui peuvent créer des emplois durables. Par exemple, le Partenariat Ballyfermot est mené dans un quartier défavorisé situé à l’Ouest de Dublin qui compte une population de plus de 20.000 résidents, dont plus d’un millier de ménages monoparentaux et 43 % menacés de pauvreté. Afin d’aider ces populations à participer à la rapide croissance économique que connaît l’Irlande, un large partenariat local a soutenu le développement d’une offre commerciale locale et viable de places d’accueil pour enfants, qui s’accompagne d’une structure d’accueil pre- et post-scolaire pour les travailleurs et employeurs de la communauté et génère des emplois de gardiens et gardiennes d’enfants. A Evosmos, la collectivité locale a ouvert quatre centres d’activités créatives pour enfants. Les centres offrent simultanément une garderie de grande qualité pour 700 enfants et un large éventail de services d’aide pour 250 femmes sans-emploi à la recherche d’un emploi ou d’une formation en entreprise. Pour ce qui concerne le transport, les exemples sont nombreux de villes ayant amélioré les liaisons d’autobus ou de trains entre les quartiers défavorisés et les quartiers plus dynamiques de la ville (par exemple, la ligne de tramway qui relie le centre-ville de Strasbourg et sa banlieue en difficulté). Il s’agit sans conteste de la première priorité des villes qui en ont les moyens. Certaines villes, comme le Grand Lyon, ont mis en place des systèmes de transport adaptés aux besoins avec des minibus reliant les quartiers défavorisés aux principaux gisements d’emplois ou de formations. Les villes peuvent jouer un rôle central quand il s’agit de faire le lien entre les diverses étapes des parcours intégrés d’accompagnement vers le marché du travail - par la prise en compte des besoins des minorités ethniques, des jeunes et des femmes La plupart des commentateurs sont aujourd’hui d’avis que l’accès au marché du travail ne dépend pas que de la suppression de certains obstacles ou entraves isolées. Réinsérer une personne sur le marché du travail est un processus composé d’une série d’étapes difficiles pour tout un chacun. Le parcours est, évidemment, plus long, plus dangereux et plus cher pour une personne plus éloignée du marché du travail. Nombreux sont les Etats membres qui se sont dotés de passerelles intégrées vers l’emploi. Les collectivités locales, par le biais de projets locaux, ont démontré qu’elles étaient en position idéale pour adapter ces passerelles de manière à les rapprocher au maximum des véritables besoins des bénéficiaires et de prendre réellement en compte la réalité économique et institutionnelle locale qui, souvent, détermine les chances de succès de la passerelle en question. Un grand nombre de projets urbains se concentrent sur l’élaboration de passerelles intégrées adaptées spécifiquement aux besoins de groupes précis, comme les minorités ethniques, les jeunes ou les femmes. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 36 STRIVE, Harlsden, Londres (RU) : passerelles intégrées vers l’emploi pour les minorités ethniques Objectifs : donner plus d’autonomie aux résidents issus de minorités ethniques, ainsi que les compétences relationnelles nécessaires pour trouver un emploi ; leur donner une expérience professionnelle dans un véritable emploi ; dispenser une formation à l’intention de ceux qui, par ailleurs, ne seraient pas éligibles ; offrir une série de services visant à améliorer le taux de maintien dans l’emploi. Actions : en 1999, le projet a mis en place une passerelle vers l’emploi dans le cadre d’un programme intitulé STRIVE, qui a fait ses preuves à Harlem, New York. Il s’agissait d’un cours intensif de trois semaines, suivi de 2 années d’aide à la recherche d’un emploi ou d’un placement en entreprise. L’originalité de l’approche était multiple : efforts visant à changer la mentalité des bénéficiaires, en les transformant de victimes en adultes pouvant se vendre sur le marché ; liens avec de véritables emplois pour ceux qui doutent de l’intérêt des programmes d’emplois obligatoires ; formation sur le tas ; suivi intensif pour améliorer le maintien dans l’emploi. Trois quarts des participants ont décroché un emploi salarié. En 2006, l’organisation était parvenue à placer en entreprise plus de 4000 personnes, et la méthodologie STRIVE a été appliquée avec succès dans diverses régions du Royaume Uni. Acteurs impliqués : LEAP (Local Employment Access Projects – projets d’accès à l’emploi local) est une organisation locale indépendante composée de personnes issues de l’immmigration et située à Harlsden, un quartier de Londres touché par un taux élevé de chômage. 80% des participants au programme STRIVE étaient d’origine africaine ou des Caraïbes. L’organisation a, dans le passé, entretenu des liens avec le Conseil du Comté de Brent. Ressources : à la base, le projet LEAP recevait son financement du « Harlsden City Challenge », avant d’être financé par divers autres projets de régénération Principaux enseignements : on considère que le projet doit sa réussite à un faisceau de facteurs : priorité donnée aux efforts d’autonomisation et aux compétences interrelationnelles, engagement des formateurs, sentiment de confiance établi entre ceux-ci et les participants, accent placé sur l’interaction au sein du groupe, niveau élevé de participation active exigé des étudiants, transition sans heurt entre atelier de formation et placement en entreprises, suivi post-formation et la stabilité des formateurs... Principauxenseignementsdespasserellesversl’emploimisesenplaceauxniveauxdes quartiersoudesvilles: • Elaboration participative des passerelles : des conseillers aident les sans-emploi à analyser leurs propres atouts et faiblesses, et à établir leur programme individuel pour obtenir un emploi. Le processus n’est pas imposé, mais négocié. Une fois le plan adopté, la personne sans-emploi prend le volant – même si un instructeur personnel l’accompagne tout au long du processus. • Utilisation de pairs comme modèles ou conseillers : aider des personnes issues d’un groupe à aider d’autres personnes issues d’un groupe proche. Par exemple, des projets comme « Loisir » ou le « magasin du temps » à Aarhus utilisent des pairs issus d’une même minorité ethnique pour aider d’autres bénéficiaires. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 37 • Utilisation de mentors : former des personnes possédant une expérience en entreprise à écouter et soutenir d’autres personnes de la même origine, afin de les aider à prendre les bonnes décisions. • Une approche qui repose sur l’identification et l’exploitation d’opportunités et une autonomisation collective. Certaines parmi les approches les plus intéressantes vont au-delà des parcours individuels et essayent de capitaliser sur les intérêts et forces de certains groupes comme les jeunes ou les minorités ethniques. Les villes peuvent transformer leurs « faiblesses » sur le marché du travail en atouts, en travaillant sur l’identité de groupes spécifiques Dans certains quartiers, la forte proportion de jeunes ou de représentants de minorités ethniques vulnérables peut être considérée comme une « faiblesse » dans le cadre d’une analyse traditionnelle du marché du travail. Cependant, plusieurs villes se sont efforcées de transformer ce problème en atout, en se concentrant sur la diversité portée par une jeunesse dynamique ou une culture ethnique. Cela peut donner un sentiment renouvelé d’appropriation et d’autonomie et parfois, des emplois. Par exemple, la ville de San Sebastien a mis sur pied un projet reposant sur les intérêts et les atouts des jeunes en matière d’industries créatives. Le projet prévoit 12 mois de formation et d’emploi pour un groupe de neuf jeunes choisis en fonction de l’entreprise qu’ils proposent de créer dans le secteur de l’industrie audiovisuelle. Le programme offre aux participants des informations, un accompagnement et des conseils pour développer leurs idées, une formation à la gestion d’entreprises, une formation professionnelle dans un domaine lié à l’idée initiale. Plus important, les jeunes reçoivent un emploi à temps partiel pendant une période de 12 mois, afin de peaufiner leur idée dans le domaine choisi. Quand il s’agit de créer des emplois reposant sur la diversité, certains pays sont confrontés à des limites imposées par leur constitution. D’autres cependant explorent pleinement le potentiel offert par les diverses cultures ethniques dans le cadre de la vente au détail, de la restauration, de la musique, etc. Un grand nombre de ces activités restent cantonées à des rues ou quartiers précis. Là encore, de telles approches peuvent déboucher sur une chaîne intégré d’activités allant de mesures visant à renforcer les capacités et à restaurer la confiance des individus, à de véritables campagnes marketing visant à promouvoir tout un quartier ou un secteur particulier de façon à sortir le territoire des limites de marchés générateurs de faibles revenus. ALA KONDRE, Rotterdam (Pays-Bas): créer des emplois en exploitant la diversité culturelle Objectifs : initié en 2003 pour ’améliorer l’image d’une rue à l’abandon où se concentraient cependant de nombreux magasins multiculturels, dans la municipalité de Delfshaven à Rotterdam. L’objectif était de faire connaître le caractère unique de la rue, comme point de rencontre de diverses cultures et source de biens et de services multiculturels. Actions : sur la base des suggestions des commerçants locaux, le nom de “Ala Kondra” a été donné à la rue, ce qui en surinais signifie « tous les pays », afin de renforcer son image multiculturelle et de créer un sentiment d’unité. Une stratégie Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 38 de communication a été mise en place avec les entrepreneurs. Pour éviter qu’une culture domine les autres, des signaux routiers, des affiches et des drapeaux faisant référence à diverses cultures ont été utilisés pour décorer la rue. La « Rabo Bank » a accepté d’accorder une facilité d’hypothèque aux vendeurs au détail. Le gouvernement local envisage une série de mesures, dont un régime fiscal préférentiel et d’autres services, à l’intention des entrepreneurs locaux, qui pourraient bénéficier à la totalité de la rue. Acteurs : la municipalité, les commerçants locaux. Il a été possible d’associer quelques banques parmi les plus importantes. Ressources : information non disponible Principaux enseignements : en choisissant une rue commerçante dans sa totalité, il est possible de créer un sentiment d’identité. Si la plupart des entrepreneurs sont prêts à participer au dispositif, il est important de commencer par les plus motivés. Quelques petites actions visibles s’imposent afin d’obtenir rapidement des résultats. L’approche doit ensuite être formalisée par la création d’une association de commerçants, par la mise en place d’une agence de promotion et par la mise à disposition de sources permanentes de financements publics et privés – à l’image, par exemple, des « Business Improvement Districts » du Royaume Uni (voir 2.4). Les villes peuvent soutenir des processus ascendants de renforcement des capacités locales et du capital social Outre le renforcement social et économique des capacités au sein de groupes cibles spécifiques, de nombreuses villes se concentrent sur le développement du capital social et de l’identité de quartiers en difficulté dans leur ensemble. Des processus de régénération physique de grande envergure améliorent souvent ostensiblement l’environnement physique de certains quartiers, mais laissent le tissu social et économique en l’état, ou contribuent à sa dégradation. Il en résulte des bâtiments et des parcs dans un environnement de dépendance, de découragement et d’insécurité. Allumer des petites flammes d’activités pour redonner confiance constitue la première étape vers la création de communautés durables, d’individus et d’entreprises. Cependant, à court terme, beaucoup de projets individuels ne mènent pas directement à de l’emploi et ne sont donc pas éligibles à certaines sources de financement (par exemple le Fonds social). Dans ce contexte, certaines villes comme Londres et Cardiff ont utilisé des instruments financiers flexibles tels que des subventions mondiales comme « fonds de lancement » pour des petites initiatives locales, arguant qu’elles représentent une étape vitale du chemin beaucoup plus long qui mène à la création d’emploi. KCIDADE, Lisbonne (Portugal) : renforcement des capacités locales Objectifs : tester une nouvelle méthodologie pour aider 15.000 personnes issues de trois « bidonvilles » près de Lisbonne et en processus de relogement, ainsi que 53.000 autres résidents à prendre le contrôle de leur vie et à échapper à l’exclusion sociale grâce à l’emploi et la création de nouvelles activités économiques. Actions : KCIDADE est un projet expérimental sur 10 ans, reposant sur l’activation des communautés qui identifient leurs propres besoins et créent leurs propres ca- Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 39 pacités. Le projet inclut une série d’activités (escalier de l’emploi et de l’esprit d’entreprise). Il prévoit de lancer une série de « projets communautaires d’innovation » qui se concentrent sur la création d’identité et de cohésion sociale, et de créer trois Centres communautaires d’innovation, tous conçus pour être des « espaces créatifs et novateurs », planifiés et gérés par les résidents, à heures d’ouverture flexibles. Les centres disposeront « d’espaces numériques d’inclusion » destinés à combler le fossé numérique qui isole les résidents défavorisés du reste de la société. Ils prodiguent des conseils personnels, offrent des ateliers de motivation au réemploi, des formations professionnelles et des stages, un soutien à la création d’entreprises, des micro-crédits et une certification professionnelle et pédagogique ad hoc. Acteurs : les partenaires impliqués sont la Fondation Aga Khan, la municipalité de Sintra, d’autres Fondations de premier plan, l’Association commerciale et industrielle, l’Association des enfants, le ministère du Travail et Hewlett Packard. La participation des résidents locaux, en tant qu’utilisateurs et travailleurs, la mobilisation des chefs d’entreprises locaux, la coordination avec les écoles et services sociaux locaux sont au cœur de toute l’approche. Ressources : le budget estimé pour 2006 s’élevait environ à 1,6 millions d’euros (700.000 euros d’EQUAL). Le projet a pour philosophie d’utiliser les ressources externes pour renforcer les capacités locales mais sans les remplacer. Principaux enseignements : l’importance d’une approche à long terme (au moins 10 ans), une étude préliminaire solide et un système de contrôle, le renforcement des capacités individuelles et communautaires à la base de tout le projet, l’importance de partenariats à grande échelle, la nécessité d’accompagner les projets sociaux et économiques par de la régénération physique. Les villes peuvent créer des passerelles entre les services sociaux et les politiques pour l’emploi pour accompagner la transition d’une situation de dépendance à l’égard du système de protection sociale vers une indépendance sur le marché du travail C’est l’un des domaines les plus sensibles et les plus fougueusement contestés des politiques actuelles en faveur de l’emploi. Le soi-disant « triangle d’or » de la flexisécurité apparaît à la fois dans les débats sur la politique d’activation et dans ceux relatifs à l’adaptabilité des travailleurs et des entreprises au changement mondial. Les trois sommets du triangle font référence aux éléments suivants : un filet de sécurité sociale solide qui permettra d’amortir la chute des travailleurs en période de chômage, des politiques de marché actives pour garantir qu’ils cherchent et trouvent un emploi, des relations de travail plus « flexibles ». Lorsqu’il s’agit de considérer les stratégies des zones urbaines défavorisées, il convient de ne pas sous-estimer un facteur déterminant dans ce débat apparemment national : si les cadres réglementaires dans lesquels s’inscrivent les politiques en matière de prestations sociales et de marché du travail sont fixés à l’échelon national, les autorités locales ont un rôle de plus en plus important à jouer dans leur application. Par exemple aux Pays-Bas, une loi récente sur la sécurité sociale a octroyé une responsabilité majeure aux administrations locales en matière d’administration des dispositifs de sécurité sociale. Elle leur a également accordé une certaine marge de manœuvre pour réduire les dépenses sous forme d’allocations et augmenter l’efficacité des politiques d’intervention en direction du marché du travail. La politique actuelle de la ville de Hertogenbosch (Bois-Le-Duc) est emblématique de cette nouvelle orientation. Nos études de cas Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 40 montrent que des approches similaires sont actuellement expérimentées à Glasgow et dans le Département du Doubs. Dans la plupart des pays d’Europe, les autorités locales gèrent les départements des services sociaux et disposent d’informations de première main sur la situation des personnes résidant dans les quartiers en difficulté. Elles ont aussi des responsabilités dans la mise en oeuvre de nombreuses politiques concernant le marché du travail, la formation et le conseil en carrières professionnelles. Enfin, bien que les programmes soient en général définis au niveau national, elles peuvent jouer un rôle important auprès des écoles et établissements d’enseignement. Cela signifie que les villes disposent d’une capacité d’action déterminante, non seulement lorsqu’il s’agit de faciliter la sortie de situations de dépendance à l’égard du système de protection sociale, mais aussi lorsqu’il s’agit d’adapter les dispositifs et processus aux besoins de certains territoires et groupes de population. Les villes peuvent aussi jouer un rôle important en matière d’accompagnement des processus de transition de l’économie informelle vers l’économie informelle On estime à 18% (chiffre stupéfiant) la proportion du revenu national brut provenant de l’économie informelle en Europe occidentale. Au total, 30 millions de personnes seraient impliquées dans des activités relevant du secteur informel – soit plusieurs fois le nombre de chômeurs. La proportion des personnes vivant de l’économie informelle a augmenté au cours des années quatre-vingt-dix dans presque tous les Etats membres, parallèlement à une augmentation des bas salaires. On sait très peu de choses sur l’économie informelle. Il peut s’agir d’entreprises actives dans des secteurs très respectables mais qui ne déclarent pas tout ou partie de leurs revenus ou des salaires de leurs employés. Il peut également s’agir de travailleurs qui ne déclarent pas tout ou partie de leurs revenus pour des activités telles que le travail ménager, la construction, l’entretien, la vente dans la rue, etc. Aucune de ces activités n’est illégale en soi. Mais elles constituent autant d’échappatoires pour les personnes, jeunes et moins jeunes, résidant dans les zones urbaines en difficulté Au niveau local, les villes ont expérimenté la mise en place de divers dispositifs de soutien, en matière d’informations, de conseil, de formations, de mise à disposition d’infrastructures et services collectifs (permis plus flexibles, sécurité, installations d’affichage, accès aux marchés publics) ainsi que des contrôles plus stricts. Clavel, Séville (Espagne) : voies pour sortir de l’économie informelle Objectifs : légaliser la vente de fleurs dans le nord de Séville pour soutenir le travail autonome et l’indépendance des gitanes. Actions : le projet Clavel (œillet) a commencé par une période de discussions directes avec les 800 gitanes vivant dans un quartier défavorisé afin de vraiment comprendre leurs conditions de vie. Deuxièmement, une activité – la vente de fleurs – a été choisie et ses conditions de viabilité dans l’économie formelle étudiées. Cela a nécessité une série de changements « en amont » dans la formation des femmes qui vendent les fleurs. Au cours de l’étape suivante, le projet local a servi d’intermédiaire et a réuni les services sociaux, les vendeurs de rue et les départements de l’égalité des chances ainsi que les associations locales de fleuristes et les femmes, pour s’ac- Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 41 corder sur un « permis social » plus flexible de la vente de rue. Les femmes ont reçu une formation et ont créé une association qui faisait connaître leur production florale en utilisant leur propre logo distinctif – un œillet bien sûr. Acteurs : Junta de Andalucia (gouvernement régional), Ayuntamiento de Sevilla (autorité locale), FEANSAL (Fédération des entreprises sociales), FPAAVV (Fédération des associations de quariter), AESIM (association spécialisée dans les études sur l’égalité des chances), Sevilla Acoge (ONG s’occupant de l’accueil des immigrants), Union Romani (ONG qui soutient les gitans), ASPANRI (ONG s’occupant de personnes handicapées), Proyecto Hombre (ONG s’occupant de toxicomanes). Ressources : environ 2.000.000 euros. Partiellement financé par l’initiative EQUAL. Principaux enseignements : les personnes qui travaillent dans l’économie souterraine sont souvent entreprenantes de nature mais il est capital de comprendre les obstacles qui les empêchent de mener une activité légale. Ces activités de l’économie souterraine peuvent devenir des initiatives d’entreprises légales, mais il faut travailler en parallèle au niveau des chefs d’entreprise et du cadre administratif et juridique. Certaines villes ont essayé d’aller plus loin et d’envisager l’économie informelle comme une opportunité plutôt que simplement comme un problème. Dans de nombreux cas, l’économie informelle peut avoir la fonction d’un « incubateur » de compétences et de développement de l’esprit d’entreprise, éléments qui, sont susceptibles de porter leurs fruits dans l’économie formelle. Par exemple, à Palerme, on estime qu’environ 28% de la main d’œuvre, soit à peu près 52.000 personnes, travaillent dans le secteur de l’économie informelle. La plupart de ces personnes ont moins de 25 ans, dont une grande partie sont des femmes célibataires ayant une famille. Le projet Al Bab réunit les conseils municipal et régional, le ministère de la Justice, différentes écoles et établissements d’enseignement, des organisations communautaires et des sociétés privées dans un projet ambitieux qui vise à régénérer des zones négligées de la ville et d’y développer des centres d’accueil communautaires où des coopératives offriront toute une série d’activités touristiques et de services. 3.3 Comment les villes peuvent-elles améliorer la qualité du capital humain dans les zones urbaines en difficulté ? • Les villes peuvent offrir une deuxième chance à ceux qui sont sortis du système éducatif traditionnel • Les villes peuvent créer des passerelles entre écoles, établissements de formation et employeurs • Les villes peuvent utiliser les nouvelles technologies pour augmenter l’accès aux ressources pédagogiques et aider au développement de stratégies d’éducation continue • Les villes peuvent offrir aux jeunes plus de modèles de fonctions professionnelles d’entreprise • Les villes peuvent contribuer à combler les lacunes en compétences recherchées par les employeurs Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 42 Les villes peuvent offrir une deuxième chance à ceux qui sont sortis du système éducatif traditionnel Dans la plupart des pays d’Europe, des règles nationales régissent le système éducatif formel dans le but de garantir un accès universel et un traitement égal à tous les citoyens. Ecoles et universités peuvent être es obstacles insurmontables à franchir en termes d’intégration dans les stratégies locales d’emploi. L’une des premières réponses des autorités locales est de soutenir différents types de formations et d’enseignement pour mettre fin aux manquements du système existant. Il existe plusieurs exemples excellents de projets de soutien scolaire et d’écoles de la deuxième chance qui se concentrent sur des groupes cibles particuliers et/ ou certains territoires en difficulté. Par exemple, la Finlande connaît un haut niveau de décrochage scolaire dans les établissements professionnels. Le Projet Haavi à Vanta s’est attaqué à cette question en créant une « équipe mobile de résolution des problèmes » constituée de deux personnes, qui utilisent une méthode pratique et concrète pour lutter contre le décrochage. Il a fallu associer les professeurs, les parents et les jeunes dans un cadre d’intervention flexible, holistique et en temps réel. Chaque situation était évaluée individuellement au cas par cas, et les différentes étapes étaient définies en adéquation avec la situation qu’il s’agisse de travailler sur la situation de l’élève au sein de l’école ou autre. Pendant la première phase du projet, environ 100 jeunes ont participé à la démarche et le taux de décrochage est passé de 20% à 13%. La deuxième phase du projet inclut également des actions visant à faciliter le passage de l’enseignement général vers les écoles professionnelles. Le message principal véhiculé par le projet est le suivant : « apprenez à connaître les jeunes ». AMUK, Copenhague (Danemark) : recourir à des mentors pour empêcher l’abandon précoce des études Objectifs : accompagner des jeunes garçons issus d’une minorité ethnique marginalisée dans un quartier en difficulté de Copenhague – « Norrebro » – à mieux choisir le type d’enseignement qu’ils pourraient suivre, pour assurer leur maintien dans le système scolaire ou leur permettre de réintégrer ce dernier. Actions : une organisation, AMUCK CV, a employé 13 tuteurs – des jeunes issus de la même minorité ethnique ayant terminé leur scolarité ou encore scolarisés. La deuxième étape consistait à préparer les tuteurs à travailler avec les garçons. La troisième étape visait à trouver les garçons qui allaient participer au projet. Les tuteurs étaient associés en binôme à un jeune garçon éprouvant des difficultés scolaires (le stagiaire). Les tuteurs ont ensuite établi un premier contact avec leur stagiaire, puisont travaillé avec les garçons pendant 6 mois, en se concentrant sur l’enseignement, la confiance en soi et le développement personnel, sur la base des compétences, intérêts et désirs de chaque stagiaire. Acteurs : le Centre municipal pour l’orientation des jeunes et le Département de l’intégration, le Centre d’orientation pour les jeunes de la banlieue de « Norrebro ». Ressources : le Département municipal de l’intégration a financé la majeure partie du projet. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 43 Principaux enseignements : l’importance d’être à l’écoute des jeunes et d’établir un sentiment de confiance ; le besoin de comprendre leur point de vue ; l’intérêt de recourir à des gens auxquels ils peuvent s’identifier (les tuteurs) et qui ont vécu le même genre de problèmes ; le besoin d’impliquer les jeunes dans la conception de solutions pédagogiques réalistes. Les villes peuvent jouer un rôle majeur dans la création de passerelles entre écoles, établissements de formation et employeurs Beaucoup de villes se sont rendu compte qu’elles pouvaient jouer un rôle stratégique dans la médiation entre les besoins de leurs citoyens, les écoles locales, les établissements de formation et les employeurs. Les approches incluent des actions telles que développer une offre de stages qui s’adressent aux jeunes dans le secteur privé, encourager les représentants du secteur privé à visiter les écoles et à motiver les enfants et les jeunes. Les avantages pour les enfants et leurs perspectives sont évidents. Pour les entreprises privées, cela peut être une excellente manière de recruter de nouveaux apprentis et de les tester pendant une période d’expérience de travail avant qu’ils ne quittent vraiment l’école. Par exemple, le projet Work Med que la ville de Reggio Calabria promeut, finance les salaires des jeunes pendant leur formation en entreprise sur une période de 10 mois dans une entreprise locale. La ville coordonne toute la procédure et s’assure de la qualité des stages et formations. En conséquence, sur les 500 stages effectués, 350 jeunes se sont vus offrir un contrat de travail – un excellent taux de réussite de 70%. The Mentor Company, Malmö (Suède) : les jeunes, de l’exclusion à l’inclusion Objectifs : fournir aux jeunes d’origine étrangère un meilleur accès au marché du travail suédois. Actions : le projet Mentor Company (Société de tuteurs) a débuté en 2002 dans les écoles secondaires supérieures de Öresundsgymnasiet et Pauliskolan. Les élèves d’origine étrangère ont eu la possibilité d’effectuer quatre visites et de bénéficier d’au moins deux semaines de stage payées dans l’une des huit entreprises participantes. Le processus a commencé par la sélection des élèves et des entreprises, suivie de réunions entre des représentants des entreprises et des écoles. L’étape suivante a consisté en une série de visites d’études, de stages et de réunions d’évaluation dans les entreprises à la fin de chaque stage. Pendant la première année du projet, 35 élèves de chaque école ont participé au projet. Partenaires : l’Office du commerce et de l’industrie de la ville de Malmö, 2 écoles et plusieurs entreprises. Ressources : une grande partie du projet a été financé sur du bénévolat, tandis que le budget des écoles et la municipalité en ont financé d’autres parties. Le budget ordinaire des écoles finance à présent le projet ; les entreprises participantes financent quant à elles les stages. L’Office du commerce et de l’industrie de la ville de Malmö a rémunéré un consultant. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 44 Principaux enseignements : le projet a donné aux jeunes un avant-goût des exigences du marché du travail, et parallèlement, les entreprises ont eu un meilleur aperçu des jeunes vivant dans la ville de Malmö. Le projet a fortement reposé sur l’engagement et la participation de tous les partenaires – la direction et les professeurs des écoles, ainsi que les entreprises. Les villes peuvent utiliser les nouvelles technologies pour augmenter l’accès aux ressources pédagogiques et aider au développement de stratégies de formation continue Par exemple, le Real Partnership (Partenariat Réel) à Glasgow consiste en une coopération entre les administrations locale et régionale, les établissements d’enseignement supérieur, une association d’entreprises, les universités et institutions du secteur de l’enseignement. Ils ont créé un réseau de centres communautaires principalement situés dans des bibliothèques, mais aussi des centres d’affaires et des établissements d’enseignement pour offrir une éducation continue dans toute la ville. Les centres proposent un accès public gratuit aux installations informatiques (accès gratuit à l’Internet), l’apprentissage des compétences informatiques de base, une série de matériel didactique professionnel et récréatif, l’accès à l’apprentissage en ligne, l’accès à des informations et des ressources sur l’enseignement au sens large, des formations et des perspectives d’emploi. Il est possible de fournir des modèles de fonctions professionnelles et améliorer la formation à l’esprit d’entreprise auprès des jeunes et des femmes dans les écoles et d’autres établissements Beaucoup de projets se concentrent sur la préparation des jeunes à l’emploi rémunéré. Cependant, dans certains cas, les emplois rémunérés ne sont tout simplement pas là ou n’attirent pas les jeunes. Le besoin de faire évoluer les attitudes des entreprises, les modèles de fonctions professionnelles ainsi que les compétences des jeunes et des femmes semble de plus en plus reconnu. Femmes créatrices d’entreprises au 21ème siècle, Bilbao (Espagne) : promouvoir l’esprit d’entreprise Objectifs : promouvoir une culture d’entreprise dans la population féminine de Bilbao et offrir aux femmes chefs d’entreprises les outils nécessaires pour (ré-)intégrer le marché du travail, grâce au travail indépendant. Actions : le projet propose aux femmes des ateliers de développement d’entreprise, des ateliers en informatique et une aide à Internet ainsi que des conseils personnalisés en gestion et développement de business plan. Les femmes reçoivent aussi des conseils quant à la recherche de financement, à la gestion et la prise de décision pendant les trois premières années de leurs activités. Enfin, un réseau de tuteurs est créé pour faciliter le partage des connaissances, expériences et contacts entre collègues femmes chefs d’entreprises. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 45 Acteurs : Société de promotions d’entreprises et d’emploi de Bilbao, et une fondation créée par la Caisse d’épargne de Bilbao et spécialisée dans la création d’emploi auprès des jeunes. Ressources : l’investissement dans les 9 entreprises que les femmes ont créées s’élevait à 2.324.487 euros, dont 1.290.689 euros (56%) provenant de financements externes. Les femmes ont financé le reste. 60% du financement externe provenait de deux caisses d’épargne. Principaux enseignements : l’évaluation des ateliers montre que les femmes ont l’impression que le projet a aidé à améliorer leur confiance en elles, leur capacité créative, ainsi que leur capacité à gérer leur propre entreprise. Les tuteurs doivent garder à l’esprit que les chefs d’entreprises voudront améliorer leurs capacités et aptitudes en un court laps de temps. Les tuteurs se révèlent particulièrement utiles pendant la première année d’activités. Les villes peuvent aussi aider les employeurs à développer les compétences qui font défaut sur le marché de l’emploi Cela nécessite de créer dans toute la ville des liens avec des réseaux d’entreprises coopérantes. Comme le montrent les exemples susmentionnés (le projet Haavi en Finlande, le Mentoring Project de Malmö en Suède et le projet Work Med de Reggio Calabria en Italie), beaucoup d’entreprises sont souvent prêtes à accepter des chômeurs issus de quartiers en difficulté – qui souffrent souvent d’une mauvaise réputation injustifiée. Les avantages pour les entreprises participantes comprennent la présélection des candidats les plus appropriés pour l’entreprise et le poste en question [un gain de temps pour l’entreprise] et un accompagnement permanent dans la phase initiale d’embauche. A Glasgow par exemple, le Management Training Programme (Programme de formation en gestion) offre une formation aux chefs d’entreprise, aux managers et techniciens par le biais de subventions permettant le recours à des formateurs externes financés jusqu’à 50% (système de coupons) ; ces formations sont ciblées spécifiquement sur les compétences requises pour rester concurrentiel dans l’économie mondiale (par ex. le commerce électronique, Internet et la création d’un site Internet). 3.4 Comment les villes peuvent-elles aider entreprises et travailleurs à changer pour s’adapter au changement ? • Les villes peuvent identifier les tendances sur le marché du travail et dans l’économie locale • Les villes peuvent créer des partenariats liant les zones/,secteurs de croissance et les secteurs défavorisés A première vue, les recommandations formulées dans les lignes directrices intégrées de la Commission européenne pour la croissance et l’emploi qui font référence à l’amélioration de l’adaptabilité des travailleurs et des entreprises semblent s’appliquer principalement aux tendances à l’œuvre au niveau national voire mondial. Cependant, il existe une série d’actions que les villes peuvent entreprendre et qui profiteraient aux territoires en difficulté. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 46 Les villes peuvent identifier et anticiper les tendances à l’œuvre sur le marché du travail et dans l’économie locale La Commission européenne soutient que « les villes devraient utiliser les systèmes et outils d’analyse nécessaires pour anticiper les changements économiques et sociaux ». Dans ce contexte, certaines villes ont établi des « observatoires » du marché du travail, qui portent une attention toute particulière à la situation des territoires les plus défavorisés de la ville. A Rome par exemple, l’Observatoire municipal sur l’emploi et les conditions de travail repose sur un accord passé entre le conseil municipal et les partenaires sociaux. L’Observatoire s’intéresse non seulement aux changements sousjacents de l’offre et de la demande d’emplois, mais aussi aux salaires, conditions et droits du travail. De la sorte, il peut suivre de près les changements qui touchent à la fois à la flexibilité et à la sécurité de l’emploi ainsi que les avantages et obstacles réels rencontrés lors de la sortie du système d’allocations-chômage et/ ou de l’économie informelle. Les villes peuvent créer des partenariats liant les zones/ secteurs de croissance et les quartiers ou groupes en difficulté Bien sûr, c’est une chose d’observer les tendances de l’emploi et l’économie et c’en est une autre que d’agir. L’émergence d’une nouvelle activité d’entreprise et la croissance économique ne se traduisent pas forcément par plus d’emplois pour les résidents locaux. En fait, si les sources traditionnelles de revenus de la population locale sont aussi menacées, les résultats de la croissance dans une partie de la ville peuvent se traduire par un fort ressentiment et une explosion de colère dans une autre partie de la ville. Les autorités locales sont idéalement placées pour aider les résidents à s’adapter à ces schémas de croissance et de baisse de l’activité économique et de ses bénéfices. Cela implique généralement l’assemblage d’une série de mesures visant à améliorer les liens entre l’offre locale de main d’œuvre et la demande qui aille bien au-delà de l’exercice traditionnel consistant à faire correspondre les postes vacants au nombre de chômeurs. D’une part, cela peut nécessiter de s’atteler à certains des obstacles susmentionnés en matière de garde d’enfants, transports, etc. Mais plus important encore, cela nécessite une action simultanée sur le long terme pour adapter les compétences de la population locale aux exigences des secteurs en croissance. Les villes ont expérimenté divers mécanismes pour établir les liens nécessaires entre ces différentes dimensions du marché du travail. Des Centres locaux de ressources dans les zones urbaines défavorisées, tel que le Ben Johnson Centre à Tower Hamlets, Londres jouent un rôle important en tant « qu’intermédiaires » locaux dans des villes comme Londres. Cependant, l’un des modèles les plus couronnés de succès récemment développé est le modèle de « pôle d’activités » mis en place dans des villes telles que Leicester et Birmingham. Pôle d’emploi Bull Ring, Birmingham (RU) : réunir demandeurs d’emploi issus des quartiers en difficulté et secteurs de croissance du centre-ville Objectifs : garantir que les résidents des quartiers urbains en difficulté situés en périphérie bénéficieraient d’une grande partie des 8.000 emplois créés dans l’un des plus grands projets de réaménagement de magasins du centre-ville – le Bullring de Birmingham. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 47 Actions : le projet comprenait un ensemble coordonné d’actions : promotion auprès des demandeurs d’emploi, activité ciblée dans certaines zones, travail d’approche au moyen d’un bus mobile, conseils sur la sécurité sociale, ensemble de formations et accompagnement de la population locale et collaboration étroite avec les administrateurs du personnel des 140 principaux employeurs du centre commercial pour identifier leurs exigences et obtenir leur engagement. La garde d’enfants était aussi assurée. Le partenariat a réussi à pourvoir un tiers des nouveaux emplois et faire en sorte que 80% d’entre eux bénéficient à des chômeurs, 60% aux femmes, presque la moitié aux personnes issues de minorités ethniques et plus de la moitié à des personnes issues de certains quartiers périphériques prioritaires. Acteurs : le partenariat Pôle d’emploi BullRing a été créé en 2002 grâce à une collaboration entre le conseil municipal, Job Centre Plus, le Département du travail et des retraites, « Connexions Service » chargé de l’emploi des jeunes, le Learning and Skills Council (Conseil d’apprentissage et de compétences) chargé de la formation, Business Link chargé de l’accompagnement des entreprises, la Chambre de Commerce, des représentants du Secteur bénévole de Birmingham et des promoteurs immobiliers privés. Ressources : le FEDER et les partenaires impliqués ont financé le projet. Principaux enseignements : travailler en parallèle sur les volets de l’offre et de la demande du marché du travail. Négociations et implication précoce du promoteur immobilier et des principaux employeurs. Partenariat entre la ville et toutes les principales institutions publiques. Financement adéquat. 3.5 Comment les villes peuvent-elles créer de nouveaux emplois et garantir qu’ils constituent des opportunités pour les populations des quartiers en difficulté? • Les villes peuvent tirer profit de leur capacité d’acheteur public pour créer des emplois destinés à la population locale • Les villes peuvent s’assurer que l’embauche locale et les processus de formation développés par les autorités publiques créent des opportunités d’emploi pour les territoires et populations en difficulté • Les villes peuvent combiner financements public et privé pour créer des emplois dans le secteur de l’économie sociale Nous avons vu plus haut que les villes peuvent jouer un rôle majeur pour garantir que tous les citoyens aient un meilleur accès au marché du travail, améliorer la qualité du capital humain et aider les travailleurs et les entreprises à s’adapter aux changements. Cependant, la contribution essentielle que les villes peuvent apporter se trouve précisément du côté de l’offre. Les villes peuvent jouer un rôle capital en garantissant que les emplois créés bénéficient à la population locale et rencontrent la demande locale. Par le passé, les villes ont mis en oeuvrediverses approches en matière d’interventions publiques visant à favoriser la création d’emplois. Une première consistait à attirer plus d’investissements d’entreprises externes sur le territoire en faisant la promotion de la ville, en aidant à la réinstallation et en offrant des incitations généreuses. Cette politique continue encore à figurer dans l’arsenal de la plupart des administrations munici- Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 48 pales, mais la marge de manœuvre s’est aussi réduite suite aux pressions des autres villes et des pays en voie de développement. Une deuxième approche consistait simplement à créer des emplois dans le secteur public. La difficulté de maintenir ces emplois compte tenu des pressions sur les dépenses publiques a aussi grandement réduit leur marge de manœuvre relative à cette stratégie. Enfin, un autre ensemble de stratégies visait à encourager les l’essor des entreprises émergentes et l’expansion de PME entièrement locales. C’est probablement la priorité actuelle de la plupart des stratégies de création d’emploi mises en œuvre par les villes. Le chapitre sur le rôle des villes dans le développement des entreprises aborde cette question (Chapitre 2). Cependant, certaines villes inscrivent ces approches et stratégies dans un contexte beaucoup plus large, prenant en compte toutes les fonctions qu’elles peuvent exercer dans l’économie locale (d’acheteurs, de parties contractantes, d’employeurs, de fournisseurs de services, d’investisseurs et faiseurs de politiques) sous l’angle de leur impact potentiel sur l’emploi – particulièrement dans les quartiers en difficulté. En utilisant toutes ces fonctions, elles peuvent mobiliser une approche beaucoup plus dynamique empreinted’esprit d’entreprise et visant la création d’emploi. Dans ce contexte, l’économie sociale s’avère un secteur particulièrement propice et de plus en plus important. En tant qu’acheteurs, les villes peuvent utiliser leur pouvoir d’achat pour créer des emplois qui bénéficient à la population locale La législation européenne relative aux marchés publics permet aux autorités locales d’inclure certaines clauses sociales dans leurs procédures de passation des marchés, sachant qu’elles n’ont pas le droit de faire de la discrimination géographique. Récemment, les villes ont utilisé deux grandes approches pour mettre leur capacité d’acheteur au service de la création d’emplois locaux. La première avantage les contractants privés ordinaires qui s’engagent à employer un certain nombre de chômeurs locaux, tandis que la deuxième favorise les entreprises sociales qui n’emploient pas seulement la population locale, mais investissent simultanément dans la construction du « capital social ». Le Département du Doubs en France s’est lancé dans la première approche. De récentes réformes ont fait passer la responsabilité de l’attribution du « revenu minimum d’insertion » au niveau départemental, qui a estimé que les coûts afférents avaient augmenté de 50% sur les trois dernières années. Ce qui représentait 32 millions d’euros pour 8.700 personnes. Le département a évalué qu’un tiers de ces personnes était directement employable, qu’un tiers devait recevoir une formation complémentaire et qu’un autre tiers aurait beaucoup de difficultés à entrer sur le marché du travail. Le département a donc décidé d’utiliser son budget annuel en matière de marchés publics de 170 millions d’euros pour créer une ouverture aux 30-50% des chômeurs qui semblaient les plus proches du marché du travail. Pour ce faire, une clause a été intégrée dans la législation sur les marchés publics, qui favorise les entreprises s’engageant à embaucher des personnes bénéficiaires d’allocations. Simultanément, un accord a été passé avec l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) qui procède en amont à l’identification et au recrutement des personnes, et qui en aval prodigue des conseils et offre de l’aide aux entreprises. Les principaux emplois touchaient les domaines de la construction, l’entretien des parcs et les routes. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 49 Sheffield est un exemple intéressant de la deuxième approche. Cette ville dépense à présent environ 40% de son budget marchés publics dans les entreprises sociales. L’objectif ici était non seulement de créer de l’emploi, mais aussi de créer un capital social dans certaines zones les plus défavorisées de la ville, ainsi qu’un sens de « l’entreprise collective » dont le but serait de répondre aux besoins sociaux (voir le Chapitre 2.4). Promotion de l’emploi et insertion grâce aux marchés publics, Grand Lyon (France) : les marchés publics comme outil de création d’emploi local Objectifs : la communauté urbaine de Lyon a décidé d’inclure une clause sociale dans ses contrats de marchés publics afin d’aider les personnes les plus éloignées du marché du travail à accéder à l’emploi. Actions : la ville a d’abord mené une étude en 2003. Elle a mandaté l’équipe chargée de l’insertion locale et de l’emploi dans l’une des zones les plus défavorisées de l’agglomération de Lyon pour conseiller et rédiger la clause. Cela a donné trois options pour les employeurs : la première était d’engager directement le chômeur ; la deuxième d’arriver à un accord avec une organisation intermédiaire du marché du travail (voir ci-dessous) ; la troisième était d’utiliser une agence de travail intérimaire sur la base d’un nombre fixe d’emplois en fonction de la taille et de la nature du contrat. Acteurs : la ville a créé une unité de coordination pour surveiller le processus qui impliquait l’Agence Nationale Pour l’Emploi – ANPE – et les équipes locales d’insertion et d’emploi. Ressources : l’objectif était de donner du travail à au moins un chômeur pour chaque million d’euros de marchés publics. Fin 2005, le projet n’avait pas atteint son objectif, mais avait quand même permis à 227 chômeurs de trouver un emploi grâce aux contrats des marchés publics, d’une valeur d’environ 800 millions d’euros. Principaux enseignements : il était essentiel que la clause sociale n’ait pas d’effet discriminatoire ou ne déforme pas la concurrence dans les marchés publics. Donc la clause était devenue une condition nécessaire pour entrer sur le marché et non un critère de choix entre les candidats au contrat. Il était aussi important d’offrir aux employeurs une gamme d’options pour remplir les conditions, afin de ne pas ralentir les procédures contractuelles. En tant qu’investisseurs et employeurs majeurs, les villes peuvent s’assurer que les politiques de recrutement et de formation développées par les grandes institutions créent des opportunités d’emploi pour les territoires et populations en difficulté Le Partenariat de travail de Nottingham a identifié plus de 200 postes vacants au sein du conseil municipal, postes que les chômeurs locaux pourraient remplir. Le projet a reposé sur une coopération avec le bureau du personnel, des établissements locaux de formation, des bureaux de l’emploi et des groupes communautaires pour offrir une palette de services incluant informations et publicité, contacts dans les communautés défavorisées, formations et conseils spécialement adaptés, garantie d’un entretien d’embauche et accompagnement en matière de garde des enfants. La même approche peut s’étendre à d’autres grands employeurs. Par exemple, la ville de St Etienne a signé un accord avec un grand complexe hospitalier pour proposer des Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 50 emplois aux chômeurs des quartiers sud-est de la ville, un territoire particulièrement défavorisé, dans l’entretien de bâtiments, la construction et les soins. Une fois encore, il a fallu soutenir le projet par des contacts, des conseils et des formations. La ville envisage maintenant d’inclure une « clause sociale » dans ses appels d’offres. En tant que fournisseurs de services et contractants, les villes peuvent combiner financements public et privé pour créer des emplois dans le secteur de l’économie sociale Jusqu’à assez récemment, il semblait que la seule option disponible aux autorités locales était soit de créer de l’emploi directement dans le secteur public, avec tous les coûts que cela implique, soit de sous-traiter les services à des fournisseurs privés, ce qui allait de pair avec une moindre importance accordée aux objectifs sociaux de ces services et potentiellement une moindre qualité de l’emploi. Mais les entreprises sociales offrent une solution intermédiaire. Il existe clairement un risque qu’elles soient simplement utilisées pour réduire les coûts en « sortant » les services et les emplois du secteur public. Elles peuvent cependant servir à exercer un effet de levier sur les flux d’investissements privés qui, combinés aux fonds publics, peuvent créer de nouveaux emplois viables dans des domaines d’utilité sociale. A Milan par exemple, une série de comités locaux (tavoli) composés des municipalités locales, d’organisations du secteur tertiaire et des partenaires sociaux planifient ensemble les services dans des domaines tels que la prise en charge des enfants et personnes âgées, les personnes handicapées, les maladies mentales, l’immigration et la pauvreté, services qui sont gérés par des coopératives sociales. La ville utilise plus de 300 coopératives sociales qui emploient plus de 9.200 personnes et fournissent une large gamme de services. Ils ont formé quatre « laboratoires territoriaux » qui servent d’antennes pour déterminer les besoins locaux. L’Italie dans son ensemble abrite plus de 240.000 entreprises sociales qui réalisent un chiffre d’affaires annuel de 38 milliards d’euros et emploient près de 630.000 personnes. Nombreux sont les exemples de villes qui promeuvent les initiatives publiques-privées liées à des besoins sociaux dans des domaines tels que les soins, l’environnement et les loisirs. Les « organisations intermédiaires du marché du travail » (IMT) constituent un sous-ensemble de ces initiatives. Elles ont pour principal objectif de fournir un ensemble d’expériences de travail, de formations et de conseils, en offrant des contrats à durée déterminée aux chômeurs – qui en général travaillent dans des services d’utilité sociale pour les communautés à faibles revenus. La plupart des IMT sont elles-mêmes des organisations sans but lucratif qui prennent essentiellement deux formes. Dans le premier cas, une petite organisation centrale attire la combinaison adéquate de financements publics et privés avant de confier le travail à une série d’ONG spécialisées qui embauchent les chômeurs. Glasgow Works représente le meilleur exemple de cette approche. Dans le deuxième cas, une seule organisation accède au financement, emploie l’équipe de direction, engage les travailleurs IMT et entreprend le travail. Le Wise Group (Groupe des sages) de Glasgow en est le meilleur exemple qui compte à présent 370 employés à temps plein et réalise un chiffre d’affaires annuel de 17 millions de livres sterling. Selon les estimations, en 2003, quelque 14.000 chômeurs de longue durée ont participé aux projets IMT dans plus de 40 villes du Royaume-Uni, et les taux de recrutement qui allaient de 43% à 67% sont de loin bien plus élevés que pour les programmes d’emploi traditionnels comparables. Il existe des exemples d’IMT réussis dans beaucoup de villes d’Europe. Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 51 3.6 Points-clés Dans de nombreuses zones urbaines en difficulté, le chômage enregistré est deux fois supérieur à celui de la moyenne de la ville et il atteint 60% dans certains quartiers. Ce n’est que la partie émergée d’un iceberg composé de personnes qui ne sont même pas considérées comme étant sur le marché du travail. Des solutions urgentes s’imposent. Ce n’est donc pas le moment que les institutions européennes, nationales, régionales et locales argumentent sur « qui fait quoi ». Toute contribution est essentielle. Les villes en particulier disposent de potentiels variés, en tant qu’acteurs économiques et intermédiaires sur le marché du travail. Les pratiques susmentionnées montrent que les villes peuvent maximiser leur impact sur l’emploi dans les zones urbaines en difficulté – et dans la ville entière – en cessant de penser en termes de projets et catégories d’emploi isolés et en mobilisant tout le potentiel de leur organisation en tant qu’acteurs économiques et intermédiaires sur le marché du travail. Les villes sont des acteurs essentiels dans la mise en œuvre de la politique européenne pour l’emploi Les villes, en partenariat avec d’autres acteurs, sont des acteurs essentiels dans la mise en œuvre de chacune des principales priorités et lignes directrices de la Stratégie Européenne pour l’Emploi De plus, elles peuvent influencer la mise en œuvre de ces politiques de sorte à optimiser leur impact sur la situation des personnes résidant dans les quartiers en difficulté. Les villes peuvent adopter une approche stratégique d’activation qui repose sur les besoins de la population Une forte proportion de personnes vivant dans des zones urbaines en difficulté ne sont même pas considérées comme susceptibles d’entrer sur le marché du travail pour des raisons variées et complexes. Les solutions standard se révèlent souvent inefficaces ou ont des conséquences négatives imprévues. Les villes sont dans une position idéale pour appréhender la situation dans son ensemble et développer des solutions ciblées pour activer les potentiels cachés du marché du travail et répondre ainsi aux besoins des employeurs et des employés locaux. Normalement, les statistiques relatives au nombre de personnes qui travaillent dans l’économie informelle, perçoivent des allocations-chômage et sont en dehors du marché du travail sont plusieurs fois supérieures au nombre de chômeurs officiellement inscrits. Grâce à de bonnes informations, certaines personnes peuvent commencer rapidement un nouveau travail, d’autres ont besoin d’une formation et d’un accompagnement pour surmonter des obstacles particuliers, tandis que d’autres ont besoin d’une assistance sociale à long terme. Les villes peuvent obtenir des informations de première main et personnaliser les solutions pour répondre aux besoins réels. Les villes sont en position idéale pour identifier et agir sur les principaux obstacles à l’entrée sur le marché du travail et créer des mécanismes intégrés en faveurs de communautés et groupes-cibles spécifiques Certains des principaux obstacles à l’entrée sur le marché du travail sont particulièrement sensibles à l’action locale. L’accueil de la petite enfance et les systèmes de Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 52 transport représentent deux des cibles les plus claires. Améliorer l’offre dans ces deux domaines peut non seulement créer de l’emploi mais aussi faciliter l’accès à l’emploi. Le manque de formations et de qualifications adéquates représente aussi un obstacle majeur auquel les villes peuvent s’attaquer en développant des stratégies globales visant à améliorer le capital humain. Mais surmonter des obstacles isolés ne suffit pas. Pour beaucoup, avoir accès au marché du travail exige de trouver son chemin dans le labyrinthe des institutions publiques et privées qui interviennent en la matière. Les administrations municipales peuvent accompagner le chômeur sur le chemin vers l’emploi. Elles jouissent d’atouts spécifiques, car elles peuvent concevoir des mesures d’accompagnement qui tiennent compte des besoins spécifiques de groupes particuliers tels que les minorités ethniques ou les jeunes. Elles peuvent aussi créer des mécanismes pour redonner capacité et confiance à des quartiers particuliers. Cela a conduit certaines villes à transformer les faiblesses qui les caractérisaient sur le marché du travail en recourrant à des jeunes, à la culture ethnique et communautaire pour approcher et motiver les résidents des zones urbaines défavorisées. Elles ont conçu des séries de mesures qui transforment ces creusets de diversité en idées d’entreprises et d’emplois. Dans ce sens, les villes peuvent aussi mettre en place des passerelles entre une situation de dépendance à l’égard des indemnités-chômage et/ ou de l’économie informelle et une situation « active » sur le marché du travail. Les villes peuvent jouer un rôle majeur dans l’amélioration du capital humain en créant des passerelles entre écoles locales, établissements de formation et employeurs L’un des principaux obstacles auxquels les communautés défavorisées se heurtent réside dans l’inéquation entre leurs compétences et celles requises par les nouveaux emplois créés. Cet écart peut se révéler extrêmement grave pour des groupes particuliers à des étapes précises de leur vie : les jeunes qui quittent l’école, les femmes qui retournent au travail, les migrants, les minorités ethniques et les travailleurs âgés. Les villes ont contribué à la mise en place de projets qui utilisent une combinaison de mentors et d’apprentissage fondé sur l’expérience, à la fois pour réduire le décrochage scolaire et aider les étudiants qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi. Elles ont imaginé divers projets pour amener les employeurs et chefs d’entreprises dans les écoles, afin de fournir des modèles de fonctions professionnelles et améliorer la compréhension mutuelle. Elles ont aussi réuni des établissements intervenant dans l’enseignement au sens large tels que les bibliothèques et agences de formation pour augmenter l’accès à l’éducation continue. Diverses méthodes ont été utilisées pour inclure l’esprit d’entreprise dans le programme scolaire. Les villes peuvent aussi travailler sur l’autre volet – avec les employeurs locaux – pour aider les entreprises à identifier leurs besoins en matière de compétences et mutualiser leurs forces afin de mettre en place des formations dans des domaines prioritaires comme celui des technologies de l’information. Les villes peuvent aider les entreprises et les travailleurs à s’adapter au changement L’une de contradictions les plus notoires de notre temps est la concentration de personnes exclues aux portes de certains des pôles de croissance les plus importants de notre Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 53 économie. Les villes ont non seulement créé divers types « d’observatoires » pour suivre et anticiper ces développements, mais elles ont commencé à créer les mécanismes nécessaires pour contrebalancer ou au contraire exploiter les tendances observées. Cela comprend la combinaison de mesures relatives au volet « offre d’emploi » (mesures d’information, de conseil et formation destinées aux personnes des quartiers en, difficulté) et de mesures relevant du volet « demande », avec de plus en plus d’employeurs et d’administrateurs du personnel qui adaptent les procédures de recrutement. Les villes peuvent combler un vide majeur des politiques en faveur de l’emploi – transformer la croissance en emplois Une grande partie de la politique économique se concentre maintenant sur le renforcement de la compétitivité des groupes ou entreprises de haute technologie. Elle porte beaucoup moins d’attention aux possibilités de création d’emplois viables dans des domaines accessibles aux populations des zones en difficulté. Le premier chapitre du présent rapport traite des outils à disposition des villes pour promouvoir le développement des PME locales et la création d’emplois. Mais les villes peuvent aller beaucoup plus loin et garantir que ces emplois soient de nature à offrir un avenir aux habitants des zones défavorisées. Les villes peuvent utiliser leur pouvoir en tant qu’acheteurs pour créer des emplois dans la population locale Les villes disposent de deux grandes stratégies lorsqu’il s’agit d’agir en tant qu’acheteur. La première consiste à s’assurer de l’ouverture des procédures de marchés publics aux PME locales. Dans certains cas, les villes ont inséré des clauses favorisant les entreprises qui poursuivent également des objectifs sociaux utiles pour la ville et le marché du travail local. La deuxième vise à favoriser les (grandes) entreprises existantes qui s’engagent à employer un certain nombre de personnes locales. Les deux stratégies sont soutenues par des informations, conseils et formations à l’intention des employés et des employeurs. En tant qu’investisseurs et employeurs importants, les villes peuvent s’assurer que les politiques d’embauche et de formation des grandes institutions créent des possibilités d’emploi dans les zones et groupes défavorisés. Cela signifie que la ville peut montrer l’exemple dans ses propres procédures de recrutement et de formation et ensuite fournir conseils et assistance aux principaux employeurs privés et publics. Une fois encore, cela implique un travail parallèle du côté recrutement et du côté conseils en formation. Le poids d’une ville dans ce domaine est particulièrement fort si elle s’engage dans des investissements importants. En tant que fournisseurs de services et contractants, les villes peuvent combiner financements public et privé pour créer des emplois dans l’économie sociale Très peu d’autorités locales sont maintenant en position de créer des emplois en augmentant les dépenses publiques. Cependant, les villes sont en général pleinement conscientes d’une série de besoins insatisfaits en matière de prise en charge sociale, de sécurité, de culture, d’amélioration environnementale, etc. Les résidents locaux lancent Chapitre 3 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 54 parfois des projets de création d’emploi autonome pour répondre à ces besoins et seuls certains d’entre eux se regroupent pour former des organisations communautaires et des entreprises sociales. Dans de nombreux pays, les villes ont développé des plate-formes d’organisations relevant de l’économie sociale et publique pour développer des stratégies à plus long terme qui identifient à la fois les besoins sociaux et la combinaison de flux de financements publics et privés qui peuvent soutenir les emplois dont elles ont besoin. 4 Régénération urbaine : des perspectives de renouveau économique 4.1 Le potentiel économique des mesures de régénération urbaine Dans les deux premiers chapitres de ce rapport, nous nous sommes essentiellement intéressés aux instruments visant à favoriser le développement de perspectives de création d’entreprises et d’emploi dans les zones urbaines en difficulté. Dans ce dernier chapitre, nous allons replacer ces tentatives et ces efforts dans le contexte des stratégies globales et intégrées de régénération des quartiers en difficulté dans les villes européennes. Nous mettrons ici l’accent sur les opportunités offertes par la dimension physique des programmes de régénération urbaine, sans pour autant négliger la dimension plus immatérielle de ces mêmes programmes. Notre postulat de départ est que les villes européennes et les acteurs locaux ont, par le passé, trouvé le moyen de mettre les politiques intégrées de régénération urbaine au service du développement de nouvelles perspectives en matière d’emploi et de formation, mais qu’il y a matière à améliorer considérablement ces efforts au vu de l’analyse des nombreuses pratiques et expériences accumulées par les villes européennes. Cette tendance à conjuguer les investissements et les projets/ programmes de régénération urbaine physique avec d’autres objectifs politiques s’observe d’ailleurs dans plusieurs pays d’Europe depuis les années ‘80. Dans un premier temps, des objectifs sociaux, à savoir notamment l’ouverture de perspectives d’emploi et de formation, ont été intégrés à ces programmes et projets. Dans un deuxième temps, ce sont les questions de développement économique qui ont retenu l’attention des pouvoirs locaux avec l’apparition de la notion « d’économie locale » et une tentative de renforcement de cette dernière pour en faire un élément central des stratégies intégrées de régénération urbaine. Plus récemment, les projecteurs se sont braqués sur la « culture locale » et le « patrimoine culturel », toujours en lien avec une autre question de plus en plus d’actualité : comment pérenniser ces interventions – quelles sont les chances de voir d’autres ressources s’ajouter aux subsides et financements publics – surtout en termes d’activités bénévoles et d’engagement de capitaux privés ? Bien que les quartiers défavorisés des villes européennes pâtissent d’un manque de finances publiques pour leur réaménagement et leur revitalisation, il n’en reste pas moins que les niveaux d’investissements et de dépenses y demeurent élevés, que ce soit en termes d’investissements sur le bâti et les infrastructures, d’allocations sociales ou d’argent privé. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 55 Cette situation justifie à elle seule la nécessité de considérer comment ces dépenses peuvent se rattacher à des voies et moyens plus efficaces pour atteindre les objectifs des politiques de développement économique et d’emploi. Une analyse des pratiques et des expériences actuellement menées dans les villes européennes peut s’avérer éclairante et instructive non seulement pour les élus locaux et les maîtres d’œuvre des projets mais aussi pour l’élaboration des politiques régionales, nationales et européennes. Parmi les dimensions de la régénération urbaine examinées dans ce chapitre figurent l’accessibilité et la mobilité, les opportunités offertes par les programmes de régénération physique, la transformation de l’image des quartiers en difficulté, la stimulation des activités créatives et culturelles, l’instauration d’un climat de sécurité, la transformation des réponses à des besoins sociaux en activités économiques pérennes, notamment par le biais d’instance de « management des quartiers ».. Signalons encore qu’une des démarches innovantes explorée dans le cadre des programmes URBAN et URBACT est l’approche intégrée de la régénération urbaine qui qui inclut des mesures visant à encourager l’esprit d’entreprise et la création d’activités économiques au niveau local tout en considérant les dimensions non-économiques de la régénération urbaine comme autant d’opportunités et de marchés potentiels pour le développement économique local dans les quartiers en difficulté. 4.2 En quoi l’amélioration de l’accessibilité et de la mobilité peut-elle contribuer au développement économique local? • Les villes peuvent supprimer les barrières physiques pour améliorer l’accessibilité • Les villes peuvent organiser des moyens de transport adéquats pour relier les zones urbaines défavorisées aux marchés de l’emploi environnants Dans l’optique d’une revitalisation intégrée des zones urbaines en difficulté et de la réinsertion de leurs résidents dans l’économie/ la société locale, la question de l’accès et de la mobilité occupe évidemment une place centrale à maints égards. Le défi essentiel consiste à établir de nouvelles passerelles physiques et psychologiques entre ces quartiers et « le reste de la société » et à amener les personnes exclues vers les opportunités existantes ou nouvellement créées. Les villes peuvent mener deux types d’action complémentaires. Les villes peuvent supprimer les barrières physiques pour améliorer l’accessibilité En règle générale, les quartiers en difficulté sont physiquement coupés du reste de la ville par des obstacles importants. Il peut s’agir d’autoroutes ou de lignes de chemin de fer dont les zones de franchissement ne sont ni attrayantes ni sûres, ou d’autres obstacles. On trouve dans les villes européennes beaucoup d’exemples de quartiers en difficulté localisés en bordure d’un centre-ville économiquement actif mais coupés de celui-ci par une barrière physique. La revitalisation économique doit donc tenir compte de ces obstacles physiques et créer de nouveaux points de passage, attrayants et sûrs vers les quartiers concernés. L’aménagement de l’accès physique vers les « zones d’opportunité » voisines peut avoir des effets immédiats sur le développement des quartiers autrefois isolés et défavorisés, surtout lorsqu’il s’accompagne de mesures d’incitation ciblées et complémentaires. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 56 Les villes peuvent organiser des moyens de transport adéquats pour relier les zones urbaines défavorisées aux marchés de l’emploi environnants Pour promouvoir l’emploi et relier les habitants des zones urbaines défavorisées aux marchés du travail environnants, il faut proposer des moyens de transport adéquats et accessibles. C’est ce que l’on entend dire dans les grands ensembles d’habitat social de banlieue (en France, par exemple, et dans beaucoup de nouveaux États membres) mais aussi dans d’autres quartiers. Nous en avons rapporté quelques exemples au point 3.2. La mise en place de nouveaux moyens de transport requiert parfois de lourds investissements publics, notamment lorsqu’il s’agit de créer de nouvelles lignes de métro, de bus ou de chemin de fer. Il est toutefois possible d’arriver au même résultat par l’offre de nouveaux services qui, en prime, créeront de l’emploi local. Ces entreprises récentes, qui proposent des services de bus par exemple, sont l’occasion rêvée de traiter deux problèmes à la fois – l’isolement spatial et l’offre d’emploi insuffisante – de manière intégrée. Outre la création de nouveaux emplois dans les zones urbaines défavorisées, ces entreprises inversent la donne : grâce à elles, les habitants peuvent aller vers les emplois de l’économie environnante plutôt que de devoir attendre que les emplois viennent à eux. Le Nottingham Express Train (NET), à Nottingham (Royaume-Uni) : Un investissement significatif du secteur privé pour la réinsertion des quartiers en difficulté Objectifs : Le principal objectif de cette infrastructure ferroviaire récemment créée grâce à des fonds privés est d’instaurer un « climat d’investissement » dans une zone défavorisée – en desservant le centre-ville, en reliant des destinations clés et en s’arrêtant dans des quartiers socialement et économiquement défavorisés du centre et d’ailleurs. Actions : La principale action a été l’ouverture d’une nouvelle ligne de chemin de fer entre le centre-ville et les zones urbaines défavorisées environnantes. Ce projet a également mis en place un réseau intégré de transport local auquel est associée une importante société de bus locale. Acteurs : Le principal intervenant de cette initiative est le secteur privé qui a fourni la majeure partie des investissements nécessaires. Les organismes régionaux consultés avant et pendant la construction se sont employés avec le maître d’œuvre à avantager le plus possible le niveau local en faisant appel à des travailleurs et des entreprises locales. Ressources : Quelque 60 millions de livres sterling ont été versés à des entreprises locales pour des travaux de construction. L’instrument « Private Finance Initiative » et la contribution financière massive du secteur privé ont exigé un niveau de justification du projet plus important que celui qui est requis au titre des marchés public traditionnels. Principaux enseignements : La principale leçon à tirer de ce projet est qu’une bonne coopération entre les investisseurs privés et le secteur public permet de veiller à ce que l’investissement privé ne profite pas qu’au seul secteur privé, mais aussi aux quartiers en difficulté et à leurs habitants. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 57 4.3 Comment tirer pleinement parti de la régénération physique pour qu’elle soit un atout en termes de revitalisation des quartiers ? • Les villes peuvent miser sur leur patrimoine architectural comme une source potentielle de développement économique • Les villes peuvent miser sur la revalorisation du parc immobilier du centre-ville et de la périphérie • Les villes peuvent miser sur le réaménagement des friches et des sites industriels désaffectés • Les villes peuvent améliorer leurs infrastructures au profit des entreprises et de la communauté locale Les travaux de construction et de rénovation entrepris dans les zones urbaines en difficulté dans le cadre d’initiatives de régénération urbaine ouvrent déjà de nombreuses perspectives de formation et d’emploi pour les demandeurs d’emploi locaux. Au point 3.5, nous avons vu comment les villes pouvaient, en tant qu’acquéreurs, mettre leurs dépenses au service de la création d’emplois destinés à la population locale. Au-delà de leurs effets immédiats, ces opérations de régénération physique peuvent servir de catalyseurs à de nombreuses autres activités économiques. Les villes peuvent valoriser leur patrimoine architectural et en faire une ressource plutôt qu’un obstacle au développement économique Au-delà des problèmes d’image et d’identité dont souffrent les quartiers en difficulté et de l’exclusion et du déshéritement qui en découlent, toute opération de revitalisation économique durable doit aussi s’atteler à l’environnement physique et envisager l’exécution de certains travaux sur le bâti. Dans ce contexte, on sous-estime bien souvent un atout important, qui est le patrimoine physique et industriel des quartiers concernés. Le réaménagement, la mise en valeur et la revitalisation de ce patrimoine à des fins nouvelles et pour de nouveaux usagers sont des éléments centraux, quoique généralement fort coûteux, des stratégies de revitalisation. Or c’est souvent l’occasion de faire « coup double » : primo, améliorer l’image de marque, l’attrait et la fonctionnalité du quartier, et secundo, par le réaménagement des sites et des bâtiments, ouvrir des perspectives de formation et d’emploi pour les populations locales. La rénovation du patrimoine culturel bâti représente aussi des marchés pour les entreprises locales. Programme de revitalisation de la ville de Bydgoszcz (Pologne) : Création d’un centre d’aide à l’emploi et aux entreprises dans un bâtiment historique Objectifs : Le principal objectif du « Programme de revitalisation de la ville de Bydgoszcz » est d’apporter des améliorations physiques à certains quartiers pour attirer les investisseurs privés et rendre ces quartiers plus attractifs. Actions : Un projet détaillé a été élaboré pour l’île de Mill, en plein centre-ville, prévoyant la construction de trois passerelles pour piétons afin de faciliter l’accès à Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 58 cette île et d’y réaménager un bâtiment historique en Centre d’aide à l’emploi et aux entreprises. Ce Centre doit apporter une aide aux travailleurs indépendants et fournir d’importants services publics (informations sur les procédures juridiques, garanties d’emprunt, taxes et assurance) aux chômeurs ainsi qu’aux entreprises récemment créées. Acteurs : Ce sont les pouvoirs publics locaux de Bydgoscz (le service d’aménagement urbain, notamment) qui sont à l’initiative de ce projet. Les mesures d’incitation mises en place par le secteur public ont permis d’attirer les investisseurs privés. Ressources : Les seules ressources investies jusqu’ici ont été le fait du service d’aménagement de la ville de Bydgoscz pour la réalisation d’une analyse préparatoire et d’un plan de réhabilitation. Il s’agit à présent de trouver des ressources pour la mise en œuvre de ce programme de revitalisation locale. Principaux enseignements : Les améliorations physiques apportées à une zone urbaine en difficulté ont nettement plus d’impact lorsqu’elles sont accompagnées par des structures qui apportent un soutien ciblé aux résidents locaux et aux investisseurs extérieurs désireux de tirer parti du regain d’attrait de cette zone pour y implanter leur activité. Les explications et illustrations fournies au chapitre 2 ont montré combien l’impact de ces activités pouvait être considérablement amplifié dès lors que des schémas d’accompagnement financier sur mesure sont élaborés et proposés aux start ups. Abordée et utilisée avec discernement, la valorisation du patrimoine architectural des centres-villes historiques offre de nombreuses possibilités de croissance et de développement économiques. Pour les quartiers, les villes et les régions, il devient de plus en plus important de développer des « guichets uniques » pour survivre dans la jungle des lieux d’implantation et répondre aux demandes des investisseurs, consommateurs et personnes à la recherche de logements à différents stades de leur existence. Action de lutte contre les espaces commerciaux inoccupés, à Taranto (Italie) : Rénovation du centre-ville historique afin de stimuler l’investissement privé Objectifs : Le principal objectif de ce projet est de restaurer un axe important du centre-ville historique de Taranto, avec deux effets majeurs : un attrait de plus en plus grand de ce quartier pour les investisseurs privés et, donc, pour les visiteurs et les touristes, ce qui devrait améliorer les revenus des commerçants déjà établis dans cette zone. Actions : Pour ce faire, un plan de réhabilitation du centre-ville historique a été élaboré afin de restaurer le bâti et de fournir des équipements et des services à la municipalité. Après que le projet de la rue Di Palma ait converti la rue en zone piétonne, le secteur privé a investi dans de nouveaux magasins, bars et lieux de rencontre dans cet espace public. Des entrepreneurs privés ont par ailleurs décidé d’investir dans la rénovation de bâtiments historiques situés à proximité pour créer un quartier de théâtres. Partenaires : Ce projet a été initié par la municipalité de Taranto dans le cadre d’URBAN II. Une fois que les investissements publics ont été suffisamment attractifs, des Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 59 investissements privés extérieurs s’y sont ajoutés et les PME existantes ont investi dans leurs propres activités. Ressources : Financements d’URBAN II et cofinancement local comme incitations de départ et, suite à ces investissements publics, arrivée d’investisseurs privés. Principaux enseignements : Un investissement ciblé des collectivités locales dans un quartier défavorisé – à partir d’une analyse minutieuse du potentiel local – peut avoir un effet considérable sur l’investissement privé et, partant, conférer plus d’attrait touristique ou commercial à ce quartier. Compte tenu de ces tendances et de ces tentatives, on s’aperçoit combien les centresvilles historiques offrent des opportunités pour créer un élément d’attraction unique mais aussi, durant leur réaménagement, pour créer de l’emploi et de la formation, souvent dans des techniques et des métiers en voie de disparition. De nombreuses villes européennes de moyenne importance ont su parfaitement négocier ce virage et insuffler une nouvelle vie, lancer de nouvelles activités économiques et redonner prospérité à ces quartiers. Dans la plupart des cas, la première démarche aura été de décider de la nouvelle affectation du quartier, dans le cadre d’une vision stratégique qui est ensuite mise en œuvre étape par étape, généralement au sein d’une étroite coopération entre le secteur public et le secteur privé. REVITALISATION DU CENTRE-VILLE HISTORIQUE DE BARI, à Bari (Italie) : La création de chambres d’hôte (Bed and Breakfast) chez des particulier comme source d’activités commerciales Objectifs : Ce projet portait sur la création de capacités d’hébergement à bas prix dans le centre-ville historique de Bari pour attirer des touristes supplémentaires. Ce projet devait se traduire par un complément de chiffre d’affaires pour les commerçants locaux ainsi que par de nouvelles activités économiques pour les familles locales qui géreraient ces logements en chambre avec petit déjeuner (Bed & Breakfast ou B&B). Actions : Le projet a formé 20 familles pour qu’elles puissent créer et gérer leur propre B&B, d’une capacité d’accueil de 2 à 4 personnes. Pour pérenniser cette initiative, l’étape suivante a consisté à aider ces familles à fonder leur propre association afin de se répartir le poids de la gestion de ces nouveaux B&Bs. Acteurs : Le projet a été lancé à l’initiative des pouvoirs locaux de Bari. 20 familles locales y ont été associées ainsi qu’une agence de formation. Ressources : Les familles qui ont pris part à ce projet et ont créé leur propre B&B ont pu bénéficier d’une subvention allant jusqu’à 75% des investissements. Principaux enseignements : Par le biais de cette démarche intégrée, le projet a permis aux familles gérantes d’un B&B de s’assurer un revenu complémentaire ; il a en outre attiré une nouvelle catégorie de touristes à Bari, donnant ainsi un coup de fouet à l’économie locale. Ceci montre que le repérage des besoins locaux suivi d’un appui ciblé peut muer des activités potentielles en activités économiques qui ouvrent de nouvelles possibilités commerciales et apportent un revenu de complément aux habitants qui faisaient déjà du commerce. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 60 En revalorisant le parc immobilier du centre-ville et de la périphérie, les villes peuvent indiquer que ce sont des zones de développement potentiel Un des éléments qui est souvent négligé par les politiques de revitalisation économique et sociale, c’est le parc immobilier d’avant-guerre que l’on trouve encore dans la plupart quartiers en difficulté. Le principal défi consiste à définir et à maintenir une « fourchette d’investissement pertinente », à stimuler des investissements suffisants pour induire un véritable changement et une réelle valorisation du parc immobilier de sorte à le rendre attractif, tout en limitant ces investissements à certaines parties du parc immobilier ou au maintien d’un certain niveau de loyers afin d’éviter la gentrification du quartier et donc le départ des locataires des couches socialement défavorisées vers d’autres parties de la ville qui deviendront, à leur tour, déshéritées. Les conditions préalables à ce type de démarche sont réunies, puisqu’on assiste dans la plupart des pays européens à une renaissance du logement en centre-ville ; même les jeunes couples avec enfants redécouvrent les avantages d’un emplacement central. Il suffit donc que la remise à niveau du parc immobilier s’accompagne de la fourniture des services et des infrastructures nécessaires pour qu’elle ait un impact global sur la revitalisation économique de ces quartiers, sachant que ces nouveaux venus formeront aussi de nouveaux groupes de consommateurs disposant de revenus plus élevés qu’ils dépenseront en partie dans les commerces de proximité. Pour de nombreux pays et villes d’Europe, les cités construites en périphérie représentent un immense défi de régénération urbaine. Il y a toujours le risque de les voir se muer en ghettos mono-structurels et enclavés où ne vivent que des groupes défavorisés. Une tendance souvent renforcée par la pénurie d’emplois et par l’absence de moyens de transport. Dans plusieurs nouveaux États membres, le problème se complique du fait que les logements de ces cités ont été vendus à bas prix aux locataires, qui ne disposent pas des moyens financiers nécessaires pour assurer l’entretien et la modernisation des bâtiments. Dans ce cas précis, des projets qui incluent un fort niveau de soutien sont aussi essentiels que de nouveaux modèles de gestion taillés sur mesure pour ces ensembles d’habitat. La ville de Brno donne un bon exemple d’implication des groupes défavorisés dans la reconstruction de leurs logements. Deuxième ville de la République tchèque, Brno compte 3% de Roms, qui représentent environ 12.000 habitants. Ces Roms vivent dans des immeubles d’habitation qui n’ont plus été entretenus depuis de nombreuses années. Une organisation privée sans but lucratif et la municipalité conjuguent leurs efforts pour rénover ces bâtiments et tenter de résoudre les problèmes d’endettement de ce groupe-cible. L’instrument de prédilection choisi pour atteindre cet objectif est l’implication active du groupe-cible dans la rénovation des logements et la mise en valeur du cadre de vie. Résultat : le réaménagement du quartier a non seulement fait un bond en avant, mais plusieurs locataires ont réussi à apurer leurs dettes et à commencer à payer régulièrement leur loyer. Durant la phase de mise en œuvre, deux comités de locataires ont été créés pour les 41 personnes qui se sont portées volontaires ; elles reçoivent en ce moment une formation. Réaménagement des friches et des sites industriels désaffectés Le réaménagement des sites et immeubles industriels ou commerciaux abandonnés est une autre voie de recours essentielle pour les stratégies de réactivation économique des zones urbaines en difficulté. La plupart des villes européennes ont depuis longtemps expérimenté avec succès divers projets et stratégies de ce type. Si tant est qu’il Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 61 existe une « nouvelle génération » de projets dans ce domaine, assortie de mesures plus vastes et plus intenses d’incitation au redéploiement économique et à la création d’emploi, celle-ci ne vise pas seulement à réaménager un site ou un bâtiment, mais à faire en sorte que la nouvelle affectation ou fonction de ce dernier aille bien au-delà des limites de son territoire. Pour les bâtiments désaffectés, cela implique non seulement de trouver une nouvelle affectation, mais aussi d’élaborer et d’appliquer un concept qui lui donne une forte visibilité et qui soit en même temps une impulsion au développement des territoires adjacents. Concrètement, cela peut vouloir dire l’installation d’une institution ou de services publics ou d’une société privée dans le bâtiment en question de façon à attirer de nouveaux visiteurs et consommateurs dans le quartier et stimuler ensuite le développement des services et commerces de proximité afférents. Cela peut également vouloir dire l’affectation du site à la création de nouveaux pôles d’entreprises bien visibles, dans le domaine des technologies de l’information et de la communication par exemple, ou encore celui des industries créatives. Le « Medi Point Concept », à Heerlen (Pays-Bas) : Dispositif d’incitation économique ayant un impact régional au travers de la réhabilitation de bâtiments désaffectés Objectifs : La réhabilitation et la rénovation d’une ancienne boulangerie industrielle pour y installer un pôle d’entreprises locales opérant dans le secteur médical. Le choix du secteur médical comme dénominateur commun répondait à l’objectif de ne pas se contenter d’une simple réhabilitation du bâtiment abandonné mais d’aller plus loin pour faire du site un lieu d’implantation attractif pour les entreprises. Actions : La première étape a consisté à rénover le bâtiment de l’ancienne boulangerie industrielle : ravalement des murs extérieurs, rénovation et redécoupage de l’intérieur. Dans le même temps, on a développé le concept commercial d’un nouveau pôle médical et amorcé une campagne de promotion active du site. Acteurs : un investisseur privé est à l’initiative de ce projet, qui a ensuite reçu l’appui non financier des pouvoirs publics pour faciliter le processus de réaménagement. Ressources : Financement par URBAN II et cofinancement local. Coût total de l’investissement : 6,2 millions d’euros, dont 400 000 euros versés par le FEDER/ URBAN et 227 273 euros par la municipalité. Principaux enseignements : Ce projet ramène de l’emploi dans le quartier en proposant des locaux aux petites et moyennes entreprises du secteur médical et paramédical. 350 emplois ont ainsi été créés, plus que ce qui avait été prévu à l’origine, grâce à l’implantation de Doc Morris, une société en plein essor. La principale leçon à tirer de ce projet est indubitablement que la ré-affectation d’un bâtiment abandonné au travers d’un concept intelligent et innovant peut avoir une incidence sur l’activité commerciale et la création d’emplois dans les quartiers en difficulté qui va bien audelà de la simple ré-affectation d’une friche industrielle. Le projet peut devenir un pôle d’attrait régional et contribuer à améliorer l’image et la réputation d’un quartier déshérité auprès des milieux d’affaires comme dans le reste de la population urbaine. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 62 Outre les friches industrielles, les sites militaires désaffectés – qui sont nombreux dans les nouveaux États membres – peuvent également être réaménagés, d’autant qu’ils se situent généralement à proximité du centre-ville, à un emplacement stratégique, comme le montre le projet Ville Nord de Vilnius. Ces aménagements se réalisent souvent dans le cadre de partenariats public-privé associant des investisseurs privés. Projet « Nord de Vilnius », à Vilnius (Lituanie) : Conversion d’une ancienne zone militaire située au cœur d’un quartier résidentiel de grande qualité et d’affectation mixte Objectifs : Le réaménagement d’une ancienne base militaire soviétique afin de transformer la partie septentrionale de la ville en zone résidentielle, d’y créer les conditions permettant d’attirer les investisseurs privés, de débarrasser ce quartier de l’image négative qui l’affectait, d’associer les investisseurs privés importants ainsi que les résidents à la définition précise des équipements et des aménagements à réaliser. Actions : Duran la phase initiale, la municipalité a élaboré un plan d’aménagement de la zone, puis a créé « JSC Northtown », une société d’économie mixte chargée de la mise en œuvre du plan. Il s’est notamment agi de consulter intensivement les résidents et les propriétaires, de démolir les bâtiments vétustes du site et de préparer les infrastructures nécessaires. Cela fait, les investisseurs privés ont été associés au partenariat en vue d’aménager le site pour le rendre attrayant. Acteurs : Ce projet a été initié par la municipalité de Vilnius. C’est elle qui a créé la société d’aménagement JSC Northtown qui a ensuite été le chef de file de la mise en œuvre du projet avec une forte participation des investisseurs privés. Ressources : L’ensemble du projet a été financé grâce à un apport de 17,4 millions d’euros de JSC Northtown, auxquels se sont ajoutés quelque 145 millions d’euros d’investissements privés. Principaux enseignements : Cet exemple montre que le réaménagement de sites désaffectés mais encore attrayants peut s’effectuer dans des délais relativement courts et à un faible coût pour les collectivités locales. La mise en œuvre a été plus rapide du fait de la création d’une société d’économie mixte qui a été chargée de l’exécution du projet sur une base contractuelle. Pour la municipalité, le coût s’est réduit à une « cotisation d’infrastructure » que les utilisateurs du domaine doivent acquitter et qui est versée à un fonds renouvelable qui finance de nouveaux investissements. S’agissant de la qualité du cadre de vie, la création d’espaces verts était une des conditions contractuelles imposées aux investisseurs privés. Pour la réhabilitation des sites désaffectés, on observe le même principe dans les récents projets d’aménagement conçus par diverses villes européennes. Avant d’affecter une nouvelle fonction à ces sites, celles-ci procèdent à une analyse minutieuse de l’économie locale et régionale afin de repérer les secteurs économiques qui offriraient un gros potentiel de croissance une fois le pôle d’attrait conçu et réalisé. Il y a plusieurs exemples de réalisations de ce type dans les villes européennes, autour des sports et des loisirs, un secteur économique qui offre d’immenses perspectives de croissance et qui est souvent à la recherche de sites et d’emplacements que seuls les sites et bâtiments industriels peuvent lui offrir. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 63 4.4 En quoi la transformation de l’image d’un quartier en difficulté et la création d’une identité territoriale peuvent-elles contribuer au développement économique? • Les villes peuvent déployer des efforts ciblés pour débarrasser les quartiers en difficulté d’une image souvent (exagérément) mauvaise pour en souligner au contraire les qualités en tant que zones d’investissement et d’innovation • Les villes peuvent prendre d’importantes mesures d’incitation en mettant en œuvre des projets phares dans ces cités pour y attirer des investissements. • Les villes peuvent [ré]implanter des institutions publiques dans ces quartiers afin d’y promouvoir fortement et visiblement le développement économique. Une stratégie de régénération urbaine durable et réussie suppose évidement la prise en charge des problèmes économiques, sociaux et physiques des zones urbaines en difficulté mais aussi l’amélioration de l’image du quartier et l’appui à la création d’une nouvelle identité interne et externe. Les villes peuvent déployer des efforts ciblés pour débarrasser les quartiers en difficulté dee l’image souvent (exagérément) mauvaise qui les affecte pour souligner au contraire les qualités qu’ils portent en tant que zones d’investissement et d’innovation Les campagnes de promotion des centres-villes visant à améliorer leur positionnement et leur compétitivité au plan régional, national, voire international sont monnaie courante. L’élaboration et le lancement de campagnes aussi professionnelles en faveur des zones urbaines stigmatisées et déshéritées sont en revanche beaucoup plus rares dans les villes européennes, alors qu’elles sont tout aussi importantes et efficaces dans le cadre des stratégies de revitalisation économique. Au point 2.5, nous avons déjà présenté le projet de Rotterdam Ala Kondre comme un modèle de réussite dans l’amélioration de l’image de marque d’une rue délabrée.. Nous aurions également pu citer le projet « Je préfère le nord » de Copenhague, où des efforts ciblés ont été déployés pour changer l’image d’un quartier et amener ses habitants à se rendre compte qu’en dépit des problèmes, le quartier restait un endroit où il faisait bon vivre et travailler. Après avoir monté un partenariat pour la construction d’immeubles et l’aménagement d’un parc local, le promoteur s’est rendu compte qu’il avait beaucoup de mal à vendre ses nouveaux logements en raison de la piètre image de marque du quartier. En même temps que le projet de régénération locale, il a donc lancé une campagne dans toute la ville. En publiant une petite brochure qui décrivait le quartier et en menant une campagne publicitaire vantant les mérites du lieu, le partenariat a cherché à renforcer l’identité locale et à donner au quartier l’image positive d’un pôle d’affaires. Les villes peuvent prendre d’importantes mesures incitatives en mettant en œuvre des projets phares dans ces cités pour y attirer les investisseurs On constate que de nombreuses villes européennes se sont servi de projets phares pour influencer de manière très visible et très significative la réputation d’un quartier et, partant, son attractivité économique. Ces projets phares peuvent être les points de Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 64 départ décisifs d’une revitalisation globale d’un quartier en difficulté, suivant l’une des deux stratégies suivantes. Les collectivités locales peuvent tout d’abord cibler leurs efforts et proposer des mesures incitatives globales pour amener de grandes entreprises à choisir une zone donnée comme nouveau lieu d’implantation. Elles font ainsi coup double, en créant de nouvelles perspectives d’emploi et en améliorant le profil de la zone en question. Sans compter que l’implantation d’une grande entreprise incite souvent ses prestataires de services à s’installer à proximité. Ville Renouvelée, à Lille (France) : Secteurs public et privé assurent la promotion d’un grand projet de revitalisation d’une zone désaffectée Objectifs : Le but du projet est de régénérer des sites industriels désaffectés de Lille et de Tourcoing afin d’améliorer l’image et le cadre de vie de ces sites, en y incluant une notion d’habitat urbain. Actions : Ce projet a été impulsé par le secteur privé (promoteurs immobiliers locaux). L’ensemble du schéma directeur est cogéré par la Communauté urbaine et les collectivités locales, des partenariats individuels, l’État, différents niveaux de pouvoirs publics et du secteur privé. Une charte, signée par tous les partenaires, officialise les engagements. Le secteur public a vendu les terrains à bas prix et a entrepris des travaux complémentaires sur le domaine public. Un protocole d’accord définit les rôles et les responsabilités du secteur privé et du secteur public. Des contrats spécifiques ont ensuite été conclus entre les promoteurs et les organismes de logement social. Pour les zones les plus défavorisées, des projets spécifiques ont été mis en œuvre, en fonction des caractéristiques des sites visés et surtout des besoins de leurs habitants et des possibilités de développement. Partenaires : Les moteurs de l’ensemble de cette opération sont des promoteurs locaux, divers niveaux de pouvoirs publics [niveaux local et national, communauté urbaine] et des associations de logement social. Ressources : Des ressources publiques pour les coûts de planification, la préparation des terrains et des subsides pour abaisser le prix auquel ces terrains ont été vendus aux investisseurs privés. Suite à quoi, cette zone a bénéficié de nombreux investissements privés. Principaux enseignements : Ce projet livre deux principaux enseignements. Primo, l’élaboration d’un projet et d’une politique intelligents permettent de s’assurer que les sites désaffectés et les quartiers défavorisés bénéficieront des grands aménagements prévus à l’échelle de la ville. Secundo, le potentiel dont disposent les collectivités locales lorsqu’elles appliquent une politique ciblée de vente des terrains publics – en négociant une baisse du prix en contrepartie d’engagements contractuels des investisseurs privés. Les villes peuvent [ré]implanter leurs institutions publiques dans ces quartiers afin d’y promouvoir fortement et visiblement le développement économique. C’est là la deuxième stratégie, souvent plus facile à mettre en œuvre pour les pouvoirs publics nationaux, régionaux et locaux, consistant à retenir un quartier pour l’implantation d’institutions publiques. Comme nous l’avons vu précédemment (Voir le chapitre 2), il existe de nombreux exemples, allant de la construction d’une nouvelle bibliothèque Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 65 municipale à celle d’un bureau de poste, d’un hôpital ou de grands bâtiments pour l’administration publique, qui montrent combien ce type d’intervention peut être couronné de succès. Ces interventions non seulement débouchent sur de la création d’emplois dans ces quartiers et, idéalement, en rehaussent la qualité architecturale, elles stimulent également l’apparition de petites et moyennes entreprises qui cherchent à s’établir à proximité des grands employeurs et incitent les résidents des quartiers environnants à surmonter progressivement leurs préjugés et leurs stéréotypes pour venir dans ce quartier. Enfin, nous avons vu au point 3.5 une mesure d’incitation plus indirecte, qui n’a rien à voir avec la réimplantation d’institutions publiques dans les quartiers défavorisés : à l’instar des grands investisseurs et des grands employeurs, les villes peuvent veiller à ce que les politiques de recrutement et de formation des grandes institutions se traduisent par des perspectives d’emploi pour les groupes et les zones défavorisés (Voir 3.5.). 4.5 En quoi l’activation du potentiel culturel et créatif peut-elle renforcer la revitalisation économique ? • Les villes peuvent recenser leur potentiel culturel endogène et développer des actions ciblées pour le transformer en perspectives économiques et d’emploi. • Elles peuvent utiliser la richesse des communautés multiculturelles comme point de départ pour la définition de « facteurs de vente » des quartiers en difficulté • Elles peuvent aider des personnes jeunes et créatives à lancer de nouvelles activités économiques dans les zones urbaines en difficulté. Dans les années ’80 déjà, on pouvait noter que l’Europe allait voir la disparition de nombreux secteurs économiques et que seule une poignée d’entre eux seraient capables de générer de la valeur ajoutée, de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises. La culture a rapidement été identifiée comme l’un de ces secteurs et les acteurs culturels ont été sollicités pour contribuer à la régénération et au développement urbains. Dans le même temps, les coupes budgétaires opérées dans le secteur public ont obligé les organisations artistiques et culturelles à rendre davantage de comptes et à apporter la preuve de leur contribution au développement économique, en termes de création de valeur ajoutée, d’emplois et d’une « nouvelle image » de la ville. Les villes ont accumulé une bonne expérience dans l’utilisation de la culture comme catalyseur de développement économique, par le biais de diverses approches innovantes. Les villes peuvent promouvoir le secteur de la culture afin de générer de nouvelles activités commerciales et ouvrir de nouvelles perspectives d’emploi Certaines villes ont élaboré et mis en œuvre une stratégie culturelle locale, consistant notamment à : dresser la carte de l’ensemble de leurs ressources culturelles et des idées susceptibles de renforcer leur capacité d’action ;donner une cohérence d’ensemble à leur secteur culturel ; faire du secteur culturel un pôle qui attire l’attention des décideurs politiques et des acteurs urbains, en mettant en évidence les enjeux culturels de la ville et la nécessité de nouveaux partenariats entre le secteur culturel et d’autres Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 66 acteurs dans les secteurs de l’éducation, du tourisme ou de l’emploi. La mise en œuvre de stratégies de cette nature s’est avérée profitable à la revitalisation économique et à l’amélioration durable de l’image de nombreuses villes européennes. La conception et l’application de ces stratégies culturelles locales n’est toutefois pas encore monnaie courante dans l’aménagement urbain, aussi faudrait-il davantage les promouvoir et les soutenir financièrement. C’est en 2000 que la municipalité de Manchester a créé les Creative Industries Development Services [CIDS]. Il s’agit d’une association indépendante qui entend concourir à la mise en place d’un pôle d’industries créatives dans les domaines de la musique, du design, des médias, de la publication, des arts du spectacle, de l’art visuel, de la mode et des jeux pour ordinateur. Cette initiative, qui s’inscrivait à l’origine dans le cadre de la stratégie culturelle de la ville, fait désormais partie intégrante de sa stratégie économique et est devenue un élément incontournable de sa « Knowledge Capital Initiative ». Le CIDS cherche à créer un environnement porteur pour les entreprises de création et a, pour ce faire, mis en place divers services corrélés. Nous avons déjà expliqué au chapitre 3 que les jeunes des quartiers en difficulté représentaient souvent des perspectives inexploitées. L’exemple de San Sebastian montre qu’une action auprès des jeunes, autour de leurs sujets d’intérêt et de compétence, peut déboucher sur la création de nouvelles entreprises liées à l’activité audiovisuelle. Centre cinématographique et des médias de Lasipalatsi, à Helsinki (Finlande) : Carrefour de la culture, des médias et de l’innovation Objectifs : Les objectifs liés à la réhabilitation de cette ancienne salle de cinéma située dans le centre-ville d’Helsinki étaient de préserver la valeur architecturale de l’immeuble Lasipalatsi, de proposer aux citoyens la possibilité d’améliorer leur maîtrise des technologies de l’information et de la communication (TIC), de soutenir le développement des TIC et leur utilisation, et de stimuler l’activité économique dans un quartier en déclin. Actions : Les principales activités du projet ont été la rénovation de l’immeuble désaffecté Lasipalatsi parallèlement à la définition pour ce bâtiment d’un concept permettant aux gens du quartier d’améliorer leur connaissance des TIC et si possible de créer de nouvelles entreprises. Acteurs : La municipalité d’Helsinki en coopération avec des initiatives culturelles et des sociétés privées (des sociétés d’édition, par exemple). Ressources : Financement européen au titre de Projet Pilote Urbain et cofinancement local ; plus tard, cofinancement du Fonds Social Européen et du programme Culture 2000. Principaux enseignements : Depuis son ouverture, ce centre est devenu un point de rencontre entre les gens, la culture, les médias et l’innovation. Il a nettement contribué à donner du centre-ville d’Helsinki l’image d’un lieu dynamique et culturel. Ce centre attire plus de 100 000 visiteurs par mois, bien plus qu’on ne l’avait envisagé au départ. Aujourd’hui, le complexe abrite plus d’une vingtaine d’entreprises. Ce projet prouve donc que la réhabilitation d’un immeuble désaffecté peut avoir une incidence non seulement sur l’attrait d’un quartier, mais aussi sur le renforcement des capacités de la population locale. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 67 Face au fort taux de chômage parmi les jeunes, et au pourcentage croissant de jeunes vivant dans les zones urbaines en difficulté, de plus en plus de villes investissent dans les industries de la création, dans des quartiers où de nombreux jeunes sont motivés et qualifiés. Les villes peuvent exploiter la diversité culturelle comme une ressource et un moteur de changement et de développement économique On peut résumer les diverses tentatives de valorisation du capital et du potentiel créatifs au profit de la revitalisation des quartiers en difficulté en ces termes : découvrir les potentialités cachées et les transformer en atouts économiques et en « facteurs de vente » uniques, ou transformer ce qui était considéré comme un problème en opportunité. Les exemples les plus importants et les expériences les plus positives concernent deux groupes cibles, « les minorités ethniques » et « la population estudiantine » Le potentiel des minorités ethniques tient généralement à leur esprit d’entreprise développé et à une forte envie de créer leur propre entreprise, quitte à vivre chichement au départ, dans le cadre de projets venant enrichir l’éventail des restaurants de la ville ainsi que ses connexions/ relations commerciales internationales. C’est la raison pour laquelle de nombreuses villes européennes ont monté des projets qui utilisent avec succès ce potentiel comme point de départ de leur stratégie de revitalisation économique dans les quartiers défavorisés, pour y renforcer le niveau d’activité économique, le nombre d’emplois, les possibilités de formation, l’attrait général du quartier dans le contexte urbain, et pour donner aux personnes extérieures de nouvelles raisons de se rendre dans ce quartier et de « l’utiliser » en surmontant les clichés négatifs et les stéréotypes. Nous avons déjà exposé quelques exemples et possibilités en la matière au point 2.2 (voir l’exemple de « City Mondial » à La Haye). Les villes peuvent également profiter de la présence d’institutions universitaires et d’une population estudiantine pour créer de nouveaux marchés. Plusieurs projets ont suivi des démarches analogues pour faire de la présence massive d’étudiants dans certains quartiers en difficulté un atout de revitalisation économique durable et réussie. Pour les quelques années qu’ils doivent passer à l’université, les étudiants choisissent souvent d’élire domicile dans des quartiers défavorisés à cause du prix des loyers et de leur animation sociale. Sitôt leur diplôme obtenu, la plupart d’entre eux déménagent pour trouver du travail ailleurs. La plupart de ces étudiants ont par ailleurs des talents et une activité dans le secteur dit « de la création », qu’il s’agisse de design, de musique, d’art, etc. Ils ne disposent que de peu de revenus et s’installent souvent dans des lieux et des chambres qui ne trouveraient pas acquéreur sur le marché traditionnel. Généralement, ils ne trouvent pas les conditions qui leur permettent d’exprimer pleinement leur potentiel créatif. C’est à partir de ce constat que de nombreux projets apportent un appui ciblé à ces jeunes créatifs des quartiers défavorisés. Dans la plupart des cas, ces stratégies fournissent une aide ciblée à la création d’entreprises en mettant en place des réseaux et des pôles de créateurs pour qu’on sache qu’ils sont un atout et un potentiel pour ces quartiers. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 68 « Place aux idées », Dortmund (Allemagne) : Créer un lien entre les activités de création et les espaces abandonnés Objectifs : Le principal objectif de ce projet qui concerne la partie nord du centre-ville de Dortmund était de repérer les espaces et les immeubles désaffectés qui ne pouvaient être mis en location sur le marché du logement traditionnel et qui répondaient aux besoins particuliers des créateurs, de manière à stimuler le développement de leur activité et l’apparition de nouvelles sociétés et de nouveaux pôles de créateurs. Actions : Dans un premier temps, les espaces inoccupés de la zone ont été recensés en collaboration avec divers organismes de gestion de quartier. En coopération avec plusieurs organismes et projets culturels, les besoins particuliers des créateurs vivant dans le quartier ont ensuite été analysés. Dans un deuxième temps, on a fait coïncider ces demandes avec les espaces inoccupés dans les arrière-cours, les anciennes boutiques et autres endroits du même style. Tout le monde y a trouvé son compte : les artistes en trouvant des espaces de travail à bon marché, la municipalité en donnant une nouvelle affectation à des espaces abandonnés et les propriétaires en obtenant un revenu. Dans une prochaine étape, il est prévu d’organiser des pôles d’activité autour des arts et des médias et d’aménager un immeuble abandonné en nouveau centre, avec comme objectif corollaire de profiter de ces activités créatives pour attirer d’autres activités et visiteurs. Acteurs : Créée dans le cadre du programme URBAN II, l’agence pour le développement économique local [awb] est à l’origine du projet. En l’espèce, elle a collaboré avec la municipalité, les organismes de gestion de quartier et plusieurs projets et organismes culturels. Ressources : Financement par URBAN II et cofinancement régional/ local. Principaux enseignements : Le repérage et la valorisation des potentiels cachés dans les quartiers en difficulté, grâce à un appui ciblé des collectivités locales, peut cumuler plusieurs avantages : en l’espèce, la réhabilitation d’immeubles et d’espaces abandonnés (et l’apport d’un revenu supplémentaire pour leurs propriétaires) ainsi que la stimulation de la création d’entreprises et de start ups parmi les résidents locaux – avec en l’occurrence une mesure d’incitation additionnelle par la création d’un pôle d’activité. La visibilité des activités de création contribue en outre à améliorer l’image du quartier. Ces pôles de création, qui peuvent être décisifs pour le démarrage des jeunes artistes, peuvent aussi être envisagés dans le cadre d’une réactivation d’immeubles désaffectés, offrant ainsi des centres de création emblématiques qui attireront de nouveaux visiteurs dans le quartier et amélioreront son image de marque. C’est ainsi que, sur le site désaffecté de l’usine à gaz d’Óbuda, dont plusieurs bâtiments sont classés au patrimoine industriel, la ville de Budapest a commencé à installer des activités culturelles et de loisirs à titre temporaire tout en élaborant une perspective à plus long terme pour ce site. La destination finale du site n’étant pas encore précisément arrêtée, la première phase de mise en œuvre consistera à affecter le site à des activités culturelles et de loisirs intérimaires et limitées dans le temps. Les premiers projets sont l’extension de « l’Infopark » voisin, l’accueil de sociétés cinématographiques, d’un nouveau musée et l’ouverture et l’animation des quais avec le déploiement de sociétés privées. L’affectation à long terme du site devra être définie en collaboration avec les sociétés privées et être progressivement mise en œuvre. Pour l’ensemble de ce processus de régénération, Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 69 une société de régénération et d’aménagement de Budapest (connue localement sous le nom de Budapest CC) a été constituée, détenue à 80% par la ville et à 20% par le secteur privé. L’affectation de fonctions temporaires dans un premier temps permet d’éviter la poursuite de la dégradation du site tout en ne fermant aucune possibilité d’affectation future. 4.6 Comment les villes peuvent-elles créer un environnement sûr et propre, favorable à l’activité économique locale? • Les villes peuvent contribuer à instaurer un climat de sécurité • Les villes peuvent donner la priorité à l’entretien du cadre de vie • Les villes peuvent profiter de ces actions pour ouvrir de nouvelles perspectives d’emploi et de formation Pour la plupart des villes européennes, débarrasser certains quartiers de l’insécurité ou, dans de nombreux cas, du sentiment d’insécurité ou de la réputation d’insécurité qui les affecte pour les transformer en lieux de vie propres et attrayants est un objectif essentiel de l’aménagement et du développement économique durables des quartiers en difficulté. On touche ici aux problèmes de sécurité et de propreté dans les ensembles d’habitation, dans les rues et les centres commerciaux, dans les jardins publics et les espaces verts, dans les parcs et les sites commerciaux et industriels. Les villes peuvent contribuer à instaurer un climat de sécurité, de confiance commerciale dans des quartiers considérés comme « peu sûrs » Autant l’installation de caméras de surveillance est à la mode dans les centres-villes européens pour lutter contre l’insécurité, autant ce choix est peu judicieux pour les zones urbaines en difficulté. Plusieurs approches ont été développées qui, pour la plupart, reposent sur des actions et un engagement volontaires des résidents qui s’associent aux efforts déployés par l’autorité locale pour améliorer la sécurité et la qualité de vie de leur quartier. Ces initiatives ont déjà le mérite de contribuer à améliorer la réputation du quartier, de même que la situation proprement dite, et peuvent donc avoir une incidence sur sa revitalisation économique, les consommateurs et les habitants des quartiers voisins commençant à y revenir pour le commerce de détail et les activités de loisirs. Elles peuvent aussi amener les commerçants locaux et régionaux à reconsidérer le quartier comme un lieu d’implantation sûr et attrayant. L’impact sur l’emploi et la génération de revenus dans le quartier est évidemment bien plus direct lorsque les activités et services de renforcement de la sécurité donnent lieu à la création d’entreprises et d’emplois locaux. De nombreux projets citent l’exemple typique de l’amélioration de la sécurité dans les tours d’habitation, par exemple. Il y a quantité d’exemples de réussite dans le cas des « services de conciergerie » récemment créés à l’entrée des HLM : non seulement ils rassurent les locataires, mais ils constituent un attrait supplémentaire pour ce type de logement car ces services de concierge s’accompagnent généralement d’autres services. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 70 Services de concierge, à Berlin (Allemagne) : L’amélioration de la sécurité comme source d’emplois Objectifs : Améliorer l’image et la sécurité du quartier de Kotbusser Tor et ouvrir de nouvelles perspectives d’emploi aux habitants de ce quartier. Actions : Avant tout, des mesures de réaménagement urbain ont été prises, telles que l’amélioration des arrière-cours des ensembles de logements, la modification de certains couloirs anxiogènes et criminogènes et la surveillance des espaces casqués. L’entrée principale d’une HLM a en outre été élargie et réaménagée pour accueillir un service de concierge. Cinq personnes travaillent dans ce hall d’entrée ; elles proposent de petits services aux résidents, rendent les relations plus conviviales, font de la médiation entre locataires. Ce foyer d’accueil à l’entrée de l’immeuble est devenu le lieu d’échanges sociaux quotidiens et d’activités culturelles (échanges culturels, pièces de théâtre, performances artistiques, etc.). Partenaires associés : Le principal acteur de cette démarche est la municipalité, en concertation avec l’organisme de gestion du quartier. Après avoir pris une mesure d’incitation et conclu un partenariat pour ce projet, des associations de logement et des commerçants ont rejoint le projet. Ressources : La mise de fond a été apportée par la municipalité (y compris pour les programmes de création d’emploi), mais des investissements ont ensuite été apportés par les commerçants et les associations de logement. Principaux enseignements : Ce projet montre bien que des mesures intégrées d’amélioration de l’apparence, de la sécurité et de l’image d’un quartier peuvent aller de pair avec l’ouverture de nouvelles perspectives d’emploi pour la population locale. On obtient des résultats plus significatifs et plus pérennes lorsqu’une action dans le domaine de la sécurité conduit à la création de sociétés et d’entreprises locales de sécurité, idéalement situées dans les quartiers en difficulté eux-mêmes, à l’aide d’une mise de fonds du secteur public mais dans la perspective que, à long terme, ces entreprises deviennent totalement indépendantes et élargissent leur champ d’activité au-delà du quartier. Les villes peuvent donner la priorité à l’entretien du cadre de vie pour attirer les commerces dans un quartier Les actions d’entretien des logements et du cadre de vie dans les quartiers en difficulté – espaces publics, voiries, parcs, etc. – ouvrent d’autres perspectives en matière d’intégration des actions menées au niveau d’un quartier. Nous avons déjà souligné combien il était important d’améliorer l’image de ces territoires par rapport aux quartiers environnants et de donner à ses résidents des raisons de s’identifier à leur quartier et d’en être fiers. A cet égard, les efforts déployés pour mieux entretenir l’environnement urbain sont décisifs. Un exemple intéressant du potentiel de ce type d’intervention a été présenté au point 2.4, lorsque nous avons décrit l’initiative prise dans le quartier Broadstreet de Birmingham, où le profil et l’image du quartier ont été améliorés pour augmenter le nombre Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 71 et la durée des visites et accroître les dépenses et le chiffre d’affaires des entreprises locales (Voir 2.4.). Ces interventions peuvent également contribuer à la création d’emplois locaux et au développement économique. Les exemples les plus positifs que l’on rencontre dans diverses villes européennes montrent que cette valeur ajoutée s’obtient : • en combinant ces interventions à des activités de formation pour les groupes défavorisés ; • en intégrant les groupes-cibles confrontés à des problèmes particuliers – liés à la toxicomanie par exemple – et en augmentant progressivement le champ d’activités qui leur est confié ; • en soutenant l’emploi à plus long terme des résidents locaux par le biais de subventions publiques ; • en créant de nouvelles entreprises qui reprennent à leur compte les travaux d’entretien des espaces publics. L’association Poly Bonnevie, située à Molenbeek, une des 19 communes de Bruxelles, fabrique du mobilier urbain et des aires de jeu, en utilisant les informations recueillies au travers d’ateliers pour enfants. Pour la production de ce mobilier, l’association a créé sa propre société commerciale sous la forme d’une entreprise d’insertion socioprofessionnelle et a ensuite élargi son activité à la rénovation des rues, et plus précisément des façades. Toutes ces activités sont directement liées à des modules de formation : entre 50 et 60 personnes sont formées chaque année, sur la base de modules de 12 mois à plein temps. Cette entreprise sociale a rénové et aménagé plusieurs aires de jeu et amélioré l’aménagement et l’apparence de plusieurs rues. Il ressort en outre des divers projets du même type qui ont été testés dans plusieurs villes européennes que l’entretien des espaces publics par les résidents du quartier induit un certain sens de la responsabilité, ce qui contribue à réduire le vandalisme – une des raisons à l’origine de la mauvaise image du quartier et de sa mauvaise réputation aux yeux des entrepreneurs et commerçants locaux. 4.7 Comment les villes peuvent-elles créer de l’emploi tout en apportant des réponses aux besoins sociaux? • Les villes peuvent prendre des mesures d’incitation au développement de nouvelles formes de prestation sociale • Elles peuvent soutenir l’implication et l’emploi actifs des résidents • Elles peuvent stimuler la création d’entreprises sociales La question du réaménagement et de la ré-affectation des infrastructures publiques occupe une place de plus en plus importante dans la politique urbaine. Cette tendance s’explique notamment par le changement démographique : de nombreux pays d’Europe constatent une baisse, un vieillissement et un plus grand métissage de leur population (urbaine). Il s’agit donc d’adapter les infrastructures publiques en conséquence, en convertissant des bâtiments scolaires désaffectés en centres de proximité pour personnes âgées, par exemple. Mais il y a une autre raison à l’importance croissante de cette question : les ressources publiques pour le fonctionnement et l’entretien de ces équipements sont de plus en plus limitées. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 72 Les villes peuvent être les catalyseurs de l’introduction et de la mise en œuvre de nouveaux concepts et modèles d’infrastructure sociale Les formes de prestation mixtes privées-publiques sont de plus en plus prisées dans le débat actuel. Elles ouvrent en effet la voie à de nombreuses perspectives économiques et d’emploi, même si la plupart d’entre elles ont encore besoin d’un appui créatif et innovant durant leur phase de conception et de démarrage. Ce défi, qui est important pour la politique urbaine en général, devient crucial lorsqu’il s’agit des zones urbaines en difficulté, où se concentrent des populations qui ont besoin de toutes sortes de soutien au quotidien et pour leur éventuelle réinsertion dans la société économique et urbaine . Un nombre croissant de projets développés dans les villes européennes s’attachent à « moderniser » les infrastructures – tant du point de vue des équipements que de la fonctionnalité. La participation et l’engagement actifs du secteur associatif et des résidents à ce type de projet permet non seulement d’économiser les ressources publiques, mais aussi de contribuer activement à l’élaboration et à la fourniture de services qui sont mieux adaptés aux besoins spécifiques de chaque quartier tout en ouvrant de larges perspectives d’emploi et de formation. La ville luxembourgeoise de Dudelange a racheté un immeuble délabré pour le rénover et en faire un centre communautaire, qui sert de lieu de rencontre pour les résidents et abrite des services sociaux. Ce centre communautaire a été créé en lien étroit avec les résidents de façon à répondre à leurs besoins les plus pressants. Il sert de lieu de rencontre pour les résidents, propose des activités parascolaires telles que des cours de sport et de langue, une école maternelle, des repas pour enfants et des services sociaux. Au travers de ces activités, le centre communautaire s’emploie à combattre l’exclusion sociale. Il est devenu un point de rencontre pour les enfants et leurs parents et permet aux résidents d’accéder plus facilement aux services sociaux. Promouvoir l’accès à l’emploi par la fourniture de services locaux La structure sociale des zones urbaines en difficulté a toujours nécessité qu’y soit développée une offre de services « sur mesure », adaptée au territoire et à sa population. Ces services étaient autrefois assurés par les collectivités locales. Au chapitre 3, plusieurs démarches ont été présentées, qui permettent aux groupes défavorisés d’accéder plus facilement à l’emploi, notamment : • lesactivitésduPartenariatdeBallyfermotàDublin(Voirsection3.2.) • les«Centresd’occupationcréative»àEvosmos(Voirsection3.2.) D’autres systèmes sont tout aussi importants comme : • les services de tutorat et de coaching tels que décrits à la section 3.3 (Voir par exemple la Mentor Company de Malmö) • les efforts déployés pour créer un lien entre les chômeurs résidant dans les quartiers en difficulté et les employeurs – l’avantage pour ces derniers étant que l’intervention des collectivités locales peut contribuer à pallier certaines failles du marché sur des compétences spécifiques dont les employeurs ont besoin (Voir les exemples section 3.3.). Les nombreux projets étudiés montrent de manière de plus en plus convaincante que les pouvoirs publics ont atteint leurs limites en termes de ressources disponibles et ne sont – généralement – pas capables de concevoir et de fournir des services qui ré- Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 73 pondent parfaitement aux besoins des groupes locaux. D’où l’émergence d’un nombre croissant de projets qui sont initiés par le secteur associatif et sans but lucratif au titre d’une convention de services passée avec le secteur public et qui intègrent chaque fois que possible des éléments de formation et d’acquisition de compétences par les gens du quartier, débouchant parfois sur la création d’une entreprise d’économie sociale. Les villes peuvent promouvoir l’éclosion d’entreprises d’économie sociale qui créeront de l’emploi tout en améliorant la qualité de vie des résidents locaux Les projets dans le domaine des soins de santé et des services liés à la personne sont particulièrement pertinents dans les stratégies de revitalisation des quartiers, que ce soit pour l’amélioration des conditions de vie ou pour la création de nouvelles perspectives d’emploi et d’activité économique, prenant souvent la forme d’entreprises d’économie sociale liées à la communauté. Nous avons déjà donné quelques exemples de ce type aux points 2.5 et 3.5 . À Coventry, les conditions de dénuement extrême d’une partie de la population ouvrent des perspectives aux femmes issues de l’immigration là où pauvreté et mauvaise santé vont de pair. Des offres d’emplois se sont en effet créées pour les musulmanes de la ville, pour des fonctions visant à flécher les parcours vers les services sociaux, à accompagner les patientes à leurs rendez-vous médicaux, à participer aux programmes de promotion de la santé et à favoriser l’application de mesures de prophylaxie (vaccin contre la grippe, dépistage, etc.). Ces travailleuses suivent deux semaines de formation qualifiante, puis sont affectées à divers services : crèches, écoles primaires, dispensaires, nutritionnistes de proximité, programmes pour personnes âgées, centre pour réfugiés, etc. Elles y utilisent leur formation et leurs connaissances des relations interculturelles pour devenir le trait d’union entre (surtout, mais pas uniquement) les musulmanes et les services sociaux et de santé. Plusieurs de ces travailleuses-relais de la santé poursuivront leur parcours pour devenir formatrices au NHS (National Health Service). Les collectivités locales sont souvent les maîtres d’œuvre des projets. Elles repèrent très tôt les nouveaux besoins et les nouvelles perspectives au sein de la société urbaine et trouvent des partenaires pour élaborer de nouvelles offres de services qu’elles envisagent de transférer ensuite vers le secteur privé, lucratif ou non lucratif. Nous avons présenté l’exemple intéressant de Syracuse au point 2.5. En l’occurrence, la fermeture d’un grand hôpital a donné l’occasion de monter une coopérative, qui propose aujourd’hui un hébergement aux personnes handicapées, après que le montage et le plan d’entreprise aient été réalisés par la municipalité. 4.8 Comment les villes peuvent-elles contribuer à pérenniser les processus et les résultats des programmes de régénération urbaine ? • Les villes peuvent stimuler des alliances locales par la mise en place de réseaux en matière de « gestion des quartiers » (neighbourhood management) • Les villes peuvent soutenir les organismes de gestion des quartiers Les développements précédents ont bien montré que le temps des subsides était révolu et qu’à la lumière de ressources publiques de plus en plus comptées, la question de la pérennisation des réalisations revêtait de plus en plus d’importance. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 74 Les villes peuvent stimuler des alliances locales par la mise en place de réseaux en matière de de gestion des quartiers La plupart des villes et pays d’Europe accordent une place de plus en plus importante aux nouvelles approches visant à instaurer une gestion durable et efficace des quartiers, surtout des quartiers urbains où se concentrent actuellement les problèmes. L’élaboration et la mise en œuvre de ces approches répondent à plusieurs motivations. Premièrement, il y a de moins en moins de ressources publiques disponibles pour traiter les problématiques multiples et corrélées de ces quartiers. La réussite des stratégies mises en œuvre passe donc par la conclusion d’alliances et de partenariats à l’échelle des quartiers, par du bénévolat et par l’activation et l’intégration de toutes les énergies disponibles. Deuxièmement, on se rend bien compte qu’une régénération globale de ces quartiers est un travail de longue haleine qui a besoin de points d’ancrage et de référence locaux. Dans les démarches couronnées de succès, cette gestion du quartier ne porte pas tant sur l’apport d’une aide ou d’un appui individualisé que sur la « gestion des ressources », en vue notamment de maintenir les réseaux locaux en activité. Une des principales tâches de l’organisme de gestion du quartier consiste donc à solliciter et à associer le secteur privé aux efforts déployés pour remédier aux problèmes du quartier et à obtenir leur engagement et l’octroi de ressources à cette fin. Le réseau de quartier à vocation commerciale de Stralauer Kiez, à Berlin (Allemagne) Objectifs : Améliorer l’image du quartier afin d’y attirer les investisseurs commerciaux et de promouvoir les activités économiques existantes ; réduire le taux d’inoccupation des surfaces commerciales ; faire connaître les atouts et le potentiel du quartier ; mettre en place une coopération autonome avec les milieux d’affaires locaux ; créer des emplois par la mise à niveau et l’amélioration de l’espace public ; renforcer l’engagement du secteur public par la participation des résidents et des entrepreneurs locaux ; promouvoir l’engagement citoyen et la coopération entre les propriétaires, les promoteurs, les entreprises locales et les résidents. Actions : Une fois le partenariat local créé par le biais d’une large participation, un contrat de deux ans a été conclu avec une entreprise privée pour qu’elle crée un réseau de quartier pérenne et à vocation commerciale chargé de promouvoir le développement économique et l’engagement citoyen. Acteurs : Le partenaire à l’origine de ce projet est l’administration en charge du développement économique du district. Les milieux d’affaires locaux et les organismes de gestion de quartier ont été associés à la phase d’élaboration du projet. À l’issue d’un processus de sélection, c’est une société privée qui a décroché le contrat d’exécution. Ressources : Financement par URBAN II et cofinancement local Principaux enseignements : Le développement durable d’un quartier en difficulté, en vue du développement de l’activité économique, de la création d’emplois et de l’amélioration durable de l’attractivité du quartier, sera nettement plus efficace si il associe le secteur privé dès le départ et si il se concentre sur la mise en place d’un partenariat local solide et durable plutôt que sur la simple mise en œuvre d’activités publiques sans avoir défini une perspective durable qui fédère le quartier et ses principaux acteurs, économiques ou non. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 75 Les villes peuvent soutenir des organismes de gestion des quartiers pour instiller un plus grand sens de la responsabilité collective vis-à-vis de l’avenir du quartier La création d’« enveloppes de quartier » est une autre idée qui fait son chemin. Elle est sous-tendue par le principe désormais largement admis qu’il est crucial pour les résidents de s’engager activement et durablement dans le développement de leur quartier, d’acquérir et de conserver une forte motivation pour contribuer à la mise en œuvre des stratégies de régénération et pour investir leur temps, leur énergie, leurs connaissances au service du quartier. Il est également admis que pour renforcer leur motivation, les résidents et leurs organisations doivent disposer d’un budget propre de sorte à pouvoir prendre leurs décisions eux-mêmes et à amorcer leurs propres projets d’amélioration. Des enveloppes de quartier ont ainsi été créées dans le cadre du programme URBAN II de Dortmund. Pour chacun des trois quartiers qui constituent le territoire d’intervention du programme URBAN II, un fonds a été mis à la disposition de l’organisme de gestion du quartier qui l’administre. Tous les résidents et toutes les organisations peuvent soumettre des projets à l’organisme de gestion du quartier et un jury, formé de bénévoles du territoire URBAN, sélectionne les projets qui seront financés. L’expérience montre que ces fonds induisent nombre d’idées et d’activités du côté des résidents, les incitent à développer leurs propres initiatives et à contribuer activement à l’amélioration de leur quartier. Les pays qui expérimentent cette démarche depuis un certain temps constatent que celle-ci enclenche aussi des processus de « capacity building » chez les habitants qui assument de plus en plus de responsabilités par rapport aux thématiques essentielles du développement du quartier. À Berlin, Soldiner Strasse est un organisme de gestion de quartier qui est géré par une société privée, ainsi que par le Sénat et les administrations de district. L’endroit connaît un fort taux d’immigration et souffre également d’un manque d’espaces vacants et surtout de commerces. Parmi les initiatives prises par cet organisme, citons la création d’un groupe de travail sur les problèmes de circulation, le réaménagement et la reconstruction d’un espace public par des étudiants des écoles d’architecture de Palerme et de Berlin, et un travail de rénovation de grande qualité d’une cour d’école. La participation des citoyens aux prises de décision budgétaires est l’une des clés de la réussite de ces projets. Deux structures ont été mises en place pour faciliter la participation des citoyens : le « Jury des citoyens » et le comité « LOS » qui disposent tous deux d’un budget pour le financement de projets communautaires. 4.9 Points-clés : Perspectives d’emploi et de développement économique offertes par la régénération urbaine Une question d’action locale « sur mesure », mais qui doit bénéficier d’un appui national et régional Dans de nombreux pays européens, on constate effectivement une intégration progressive des objectifs de développement économique et d’emploi dans les programmes et les projets de régénération urbaine. C’est une tendance qu’il faut soutenir et renforcer, par le biais d’échanges d’informations ciblés, par exemple, ou par l’organisation de processus internationaux de mutualisation des connaissances en matière de conception et de mise en œuvre des approches intégrées de régénération urbaine. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 76 Bien que l’intégration de la promotion de l’emploi et du développement économique doive se faire sur le terrain, en fonction des problèmes et des potentiels propres à chaque quartier, ces initiatives ont néanmoins besoin d’un appui politique et de schémas de financement régionaux et nationaux. Reste à surmonter l’éternel obstacle de la coordination entre les divers ministères, services et entre leurs plans de financement respectifs – surtout lorsqu’il s’agit de conjuguer un programme de financement territorial avec des schémas de financement structurés autour de groupes-cibles. L’accessibilité et la mobilité sont des facteurs-clés de la revitalisation des quartiers L’absence de systèmes et de moyens de transport constitue un obstacle majeur au développement de nombreuses zones urbaines exclues. Faute de transports, les gens ne peuvent avoir physiquement accès à l’emploi et le territoire n’offre aucun intérêt aux investisseurs privés qui auraient pu contribuer à son développement économique et à la création d’emplois locaux. La résolution de ce problème de transport peut déjà en elle-même créer de l’emploi et être à l’origine de nouvelles entreprises mais elle sera dans la plupart des cas tributaire – du moins durant la phase de démarrage – de subsides et de (co)financements publics. La régénération physique est la principale source de perspectives de développement de l’emploi et de la formation dans la régénération des quartiers Dans de nombreuses villes européennes, la modernisation du parc immobilier d’avantguerre offre un excellent point de départ pour améliorer l’image et l’attrait des quartiers, mais aussi pour attirer des investissements privés importants et permettre à ces territoires urbains de retrouver une mixité d’usages et d’usagers. Cette démarche de modernisation et d’ouverture de nouvelles perspectives en matière d’emploi et d’activité économique s’avère en revanche beaucoup plus difficile à réaliser dans les grandes cités de banlieue. Le fait d’impliquer les sociétés et les associations de logement, de les reconnaître comme d’importants acteurs économiques, de mettre en place des coopérations stratégiques à long terme avec elles, peuvent néanmoins ouvrir des voies d’action intéressantes. Le patrimoine physique et architectural d’une ville est l’un de ses principaux atouts et axes de développement. Sa valorisation et son aménagement ouvrent des perspectives de formation et d’emploi pour les habitants et sont fortement susceptibles d’attirer les investissements du secteur privé. Les immeubles et sites désaffectés peuvent également devenir des filons intéressants. Les villes européennes qui ont le mieux réussi dans ce domaine ne se sont pas contenté de réaffecter ou de réaménager ces sites et ces immeubles ; elles ont défini des stratégies de réhabilitation qui avaient une envergure régionale et qui pouvaient attirer des investissements consécutifs importants. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 77 Des campagnes professionnelles d’amélioration de l’image des quartiers et des projets phares peuvent contribuer à instaurer un climat propice aux investissements, au changement et à la croissance économique En Europe, de nombreuses zones urbaines en difficulté continuent de pâtir d’une mauvaise image de marque dans la région où elles se situent, dans les quartiers environnants, voire même auprès des gens qui y habitent [manque d’identification]. Des campagnes professionnelles d’amélioration de l’image du quartier, telles que celles qui sont souvent menées pour accroître la compétitivité des centres-villes au plan régional, national ou international, s’avèrent donc nécessaires pour le développement durable des quartiers en difficulté. Il s’agit de les découvrir, de leur donner une visibilité et de les promouvoir en tant que « facteurs-clés de vente» de ces territoires. Des projets phares peuvent contribuer à amorcer ce changement. Ils ont pour effet direct de donner un coup de fouet économique au quartier, d’y ouvrir des perspectives d’emploi et de rompre son isolement en faisant venir des gens de l’extérieur. Ils ont pour effet indirect de signaler aux milieux d’affaires locaux et régionaux que ce quartier peut également devenir une zone d’opportunité économique, d’investissement et d’affaires. Le secteur public peut amorcer le changement en implantant d’importants services ou institutions publics dans les zones urbaines en difficulté. Cette démarche peut en outre inciter le secteur privé à investir ou à se réimplanter dans des zones stigmatisées. La diversité culturelle et la créativité sont les atouts maîtres de nombreux quartiers en difficulté : il s’agit de les découvrir, de les activer et de les transformer en activités et en revenus économiques La culture se profile de plus en plus comme un secteur de croissance économique important. En Europe, il existe toutefois peu de stratégies de développement culturel cohérentes dans le cadre d’approches intégrées du développement des quartiers. De nouvelles mesures d’accompagnement politique et de nouveaux schémas de financement ciblés seraient donc utiles à cet égard. On trouve souvent beaucoup de personnes créatives [étudiants, artistes] dans les quartiers en difficulté ; il faudrait leur donner plus de « visibilité » et les aider à convertir leur capital de création en capital commercial. Instaurer et assurer la sécurité et l’entretien des quartiers est une condition préalable aux investissements privés, à la croissance économique et à un succès durable La sécurité est un élément essentiel de l’image et de l’attractivité d’un territoire. Tenir compte de cette dimension implique d’enclencher un vaste mouvement participatif en vue d’améliorer la sécurité (ou le sentiment de sécurité) dans les quartiers en difficulté. Cela passe par une implication active des habitants, des associations et des milieux d’affaires. Au-delà de cet engagement sur une base volontaire, l’emploi et le développement économique bénéficieront d’un coup de fouet supplémentaire avec la création de start up dans le secteur de la sécurité et donc l’ouverture de nouvelles perspectives d’emploi pour les résidents. Chapitre 4 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 78 L’entretien régulier de la voirie et des espaces publics ouvre lui aussi des perspectives d’investissement et d’amélioration des aménagements et, partant, d’emploi et de formation dans le domaine de la régénération urbaine. Les problèmes d’inclusion sociale et de fourniture de services sociaux peuvent devenir le champ d’application de nouveaux modèles et de nouvelles opportunités commerciales La structure sociale des zones urbaines en difficulté suppose, ce n’est pas nouveau, que l’organisation et la fourniture des services y soient taillées « sur mesure » pour le quartier et les groupes ciblés. Les changements démographiques créent des difficultés supplémentaires en la matière. Il apparaît cependant que le secteur des services à la personne dans les zones urbaines offre de nombreuses opportunités pour conjuguer amélioration des conditions de vie et ouverture de perspectives d’emploi et de formation. Les collectivités locales sont souvent les maîtres d’œuvre de tels projets. Elles repèrent très tôt les nouveaux besoins et perspectives au sein de la société urbaine et trouvent des partenaires pour élaborer de nouvelles offres de services qu’elles envisagent de transférer par la suite vers le secteur privé, lucratif ou non lucratif. La pérennisation des processus et des résultats des programmes de régénération n’est pas une donnée ; elle se planifie et s’organise. Des organismes de gestion de quartier bien organisés et bien informés sont essentiels à la mise en œuvre de processus de revitalisation urbaine durables et pérennes. Ces organismes de gestion de quartier peuvent également impulser des partenariats locaux qui maintiennent des réseaux relationnels au sein des quartiers en difficulté ou entre ceux-ci et l’extérieur. L’implication constante et responsable tant des résidents -avec l’appui d’une « enveloppe de quartier » par exemple- que du secteur privé constitue un des principaux défis à relever dans ce domaine d’action. Les organisations sans but lucratif qui participent à la mise en œuvre des projets et qui sont prestataires de services dans les quartiers en difficulté font partie de ces éléments intangibles indispensables à la création d’emploi et au développement de formations susceptibles de déboucher sur de l’emploi. Il faut les aider à croître, à se stabiliser et à s’inscrire au cœur de l’infrastructure sociale de ces quartiers. 5 Conclusions générales 5.1 Les villes peuvent jouer un rôle essentiel en faveur du développement économique et de l’emploi et faire en sorte que ceux-ci bénéficient aux territoires et populations les plus en difficulté Les villes peuvent d’une part adapter les politiques nationales en faveur de la création d’entreprises et de l’emploi et d’autre part concevoir des programmes spécifiques Chapitre 5 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 79 adaptés aux réalités locales, aux ressources et aux besoins des zones urbaines les plus défavorisées. Pour ce faire, les villes doivent : Créer un environnement favorable à l’emploi et aux PME Les villes peuvent jouer un rôle majeur dans la mise en place de conditions favorables au développement économique local et à l’emploi. Au-delà des interventions en termes d’amélioration de l’environnement physique et de l’image, elles peuvent montrer l’exemple et garantir que les achats publics, les investissements, le recrutement, les formations et autres services soient orientés vers et accessibles aux entrepreneurs et demandeurs d’emploi locaux, ouvrant ainsi des opportunités d’emploi et de création d’entreprises au niveau local. Se concentrer sur les petites et micro entreprises A l’exception de rares cas, lorsque des investisseurs de taille s’établissent dans des zones en difficulté, les plus grandes possibilités de dynamisation de l’économie locale dans ces quartiers résident dans les petites et micro entreprises existantes ou émergentes. Les instruments de soutien aux entreprises doivent s’adapter aux besoins de telles entreprises. Par exemple, les villes peuvent assurer la disponibilité de prêts à petite échelle, micro-crédits et garanties en coopération avec les acteurs nationaux et/ ou régionaux et les banques. Développer des services personnalisés en matière d’accompagnement des entreprises et de l’emploi Les zones urbaines présentent une large variété de caractéristiques sociales, culturelles, physiques et économiques, qu’il convient de prendre en compte. Il n’existe pas de « solution universelle ». Les villes doivent aussi développer une « approche personnalisée » de l’accompagnement des entreprises, des formations et des conseils en matière d’emploi en offrant différentes solutions en fonction des différents contextes locaux et groupes cibles. Toucher les entrepreneurs locaux et les résidents Même lorsque les services d’aide aux entreprises et à l’emploi sont adaptés et répondent aux besoins d’une population ou d’un territoire spécifique, les groupes cibles sont rarement au courant de l’existence de tels dispositifs d’accompagnement ou se heurtent à différents obstacles quand il s’agit d’y recourir. C’est particulièrement vrai dans les quartiers en difficulté où la population est confrontée à des situations sociales complexes, a perdu confiance en elle, et quelquefois a abandonné tout espoir d’améliorer sa qualité de vie. En conséquence, l’accompagnement aux entreprises et les services en matière d’emploi doivent être couplés à des stratégies qui visent à traiter efficacement de l’ensemble des problèmes de la communauté. Il s’est avéré que les ressources financières et humaines consacrées à ces approches volontaristes auprès de groupes spécifiques tels que les femmes, les jeunes et les communautés ethniques se sont révélé payantes en termes d’emplois et d’entreprises. Chapitre 5 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 80 Intégrer les différents services/ dispositifs d’accompagnement Créer une entreprise ou passer d’une situation de dépendance à l’égard du système de protection sociale à un véritable emploi requiert d’entrer en contact avec toute une série d’agences et d’institutions différentes – allant des bureaux de prestations sociales aux services d’assistance sociale, en passant par les établissements de formation, les bureaux de placement, les services fiscaux et les établissements bancaires. Résoudre un problème dans un domaine amène souvent un autre problème. Il est impératif de construire des « voies continues », sans trous ou failles, pour permettre aux entrepreneurs et demandeurs d’emploi d’atteindre leurs objectifs. La nécessité de développer des ensembles intégrés de mesures combinant soutien financier et non-financier en réponse à une demande réelle est un cas emblématique de cet impératif. Une même approche intégrée d’accompagnement doit être adoptée pour aider les personnes à passer d’une situation de dépendance à l’égard des allocations-chômage vers un emploi effectif ou de l’économie informelle vers l’économie formelle. Combiner une approche à l’échelle de toute la ville et des projets spécifiquement orientés vers les quartiers en difficulté Il n’est jamais possible de résoudre les problèmes d’une zone urbaine défavorisée sans considérer les liens potentiels avec le marché du travail et l’économie du reste de la ville. Néanmoins, la situation de certains quartiers est tellement grave qu’il est nécessaire d’appliquer un dispositif intégré de mesures spéciales pour essayer de rétablir l’équilibre. Les Zones Franches Urbaines en France, les Kanzenzones aux Pays-Bas et les Business Improvement Districts au Royaume-Uni, sont autant d’exemples de stratégies intégrées visant à relancer l’activité économique dans les zones urbaines en difficulté. Du côté de l’emploi, ces initiatives peuvent s’accompagner de différents types de centres locaux pour l’emploi et de centres de ressources pour les entreprises. Développer le capital humain tout au long du cycle de vie et sur le long terme La ressource la plus précieuse d’un quartier – et d’une ville – à long terme réside dans sa population. Le changement dans les quartiers en difficulté nécessite une responsabilisation tant individuelle que collective. Cela implique de transformer les soi-disant problèmes – comme la présence de jeunes et de minorités ethniques – pour en faire des opportunités en termes sociaux et économiques. Ces processus peuvent être plus efficaces et durables s’ils reposent sur des stratégies flexibles, d’apprentissage continu visant à développer le capital humain et social des zones urbaines en difficulté. Lier les territoires en difficulté aux secteurs de croissance Quelquefois, il est impossible de créer ou d’attirer des entreprises dans les quartiers en difficulté. Mais les villes ont montré qu’il est possible de négocier une série de conditions avec les employeurs dans des secteurs économique en pleine croissance qui permettent de favoriser l’accès, au marché du travail, des demandeurs d’emploi issus des quartiers en difficulté, et ce grâce à un ensemble ciblé d’informations, de conseils et de formations. Stimuler le développement de liens entre petites et grandes entreprises, ainsi que les réseaux d’entreprises à l’échelle de la ville (et au-delà) devrait être envisagé à cet égard. De plus, les villes peuvent aussi améliorer la desserte des quartiers Chapitre 5 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 81 en transports et faire tomber des obstacles tels que le manque de places d’accueil de la petite enfance. Agir comme des entrepreneurs L’époque où l’action des villes se limitait à la construction de bâtiments et à la fourniture de services est depuis longtemps révolue. De nombreuses villes montrent comment elles peuvent répondre à des besoins sociaux que ni le marché ni le secteur public ne sont à même de couvrir. Elles peuvent prendre l’initiative et mettre en synergie ressources publiques et privées de façon à développer de nouveaux créneaux d’activités viables sur le marché. L’économie sociale constitue un secteur particulièrement important pour la mise en œuvre de ce type d’approches. Réunir et fournir des informations actualisées sur le contexte local Pour arriver à une promotion ciblée de l’activité économique et de l’emploi, la mise à disposition d’informations sur les données économiques locales est cruciale, aussi bien pour les services publics que pour les entreprises. Les villes sont idéalement positionnées pour organiser la collecte et la diffusion d’informations à petite échelle sur les types d’entreprises qui opèrent sur un territoire, la disponibilité de la main d’œuvre, les marchés, l’immobilier et les biens, la présence d’agréments publics et privés, etc. De telles données sont nécessaires à la définition et à la mise à disposition de services de la part des autorités locales. Elles sont également des ressources utiles pour accompagner les entreprises locales existantes. Enfin, elles peuvent aussi servir de façon stratégique, pour identifier les atouts potentiels et existants du marché local, ou encore pour promouvoir les nouvelles possibilités d’entreprises et d’activités. 5.2 Les villes sont en position unique pour créer des opportunités économiques en faveur des quartiers en difficulté par le biais d’approches intégrées de la régénération urbaine Les villes deviennent de plus en plus conscientes que les dépenses dans des domaines traditionnels tels que la culture, le patrimoine architectural, l’information, la cohésion sociale et la sécurité – ne sont pas simplement un fardeau pour leurs finances. Si elles sont correctement gérées, elles peuvent aussi se révéler des investissements susceptibles de créer de nouveaux marchés et de nouveaux emplois. Par exemple, la régénération de centres-villes historiques et du patrimoine culturel – lorsqu’elle est liée à des stratégies économiques de promotion du tourisme – peut mener à la création d’emplois, nécessitant des compétences spécifiques qui seront développées grâce à des programmes de formation destinés en priorité aux populations locales. Afin de tirer au maximum profit de ces opportunités, les villes doivent améliorer leur capacité d’intégration suivant plusieurs dimensions : Intégrer et coordonner différents secteurs et départements Afin de transformer la réhabilitation d’un bâtiment historique, la gestion d’un festival communautaire, ou encore la prise en charge des enfants ou des personnes âgées en sources durables d’emplois et de revenus, les planificateurs, architectes et travailleurs sociaux doivent penser davantage comme des économistes et des chefs d’entreprise. Chapitre 5 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 82 Le fossé traditionnel entre professions et départements peut être en grande partie comblé par le travail d’équipe et une planification visant à ce que la régénération ait un réel impact sur les multiples problèmes des personnes vivant dans des zones urbaines en difficulté. Créer des synergies entre les politiques sectorielles L’environnement physique dégradé qui caractérise les zones urbaines en difficulté est souvent préjudiciable aux activités des entreprises, notamment lorsqu’il se combine à une faible desserte en transports vers le centre-ville ou d’autre parties dynamiques de la ville. Les politiques d’entretien et de nettoyage des rues, de lutte contre l’insécurité et d’amélioration du service des transports publics et autres services tels que les garderies non seulement créent des emplois directs, mais aussi donnent une impulsion aux entreprises installées ou émergentes. De même, les politiques de développement d’une main d’œuvre locale qualifiée non seulement aident les résidents à obtenir un travail dans leur quartier ou ailleurs, mais aussi augmentent l’attrait de du territoire concerné pour les entreprises extérieures. Combiner les instruments politiques de façon ciblée et intégrée Le budget et les compétences dont disposent les villes pour les infrastructures et les services publics sont en général bien plus importants que ceux alloués aux projets spécifiques de régénération urbaine ou de développement de l’économie et de l’emploi. Il est donc essentiel de dépasser les frontières étroites des secteurs de l’action publique et de mobiliser toutes les forces de la ville dans ses fonctions d’acheteur, investisseur, contractant, employeur et régulateur. De même, toute solution pour favoriser l’emploi dans les quartiers en difficulté suppose de travailler simultanément à l’amélioration du capital humain grâce à l’éducation et à la formation, et à l’incitation à la création de nouveaux emplois et à l’embauche. Cela exige une coordination accrue des efforts de la ville et d’autres agences externes. 5.3 Les villes n’ont ni le pouvoir ni les ressources d’agir seules. Mais elles peuvent optimiser l’impact de leur intervention dans les quartiers en difficulté en jouant un rôle moteur dans le développement de partenariats avec d’autres acteurs L’intégration des politiques décrites ci-dessus nécessite une transformation de la gouvernance urbaine traditionnelle. Commencer par une coopération forte entre les secteurs de l’administration locale elle-même Il est préférable de commencer par considérer des partenariats qui reposent sur une volonté sérieuse de collaboration entre les principaux départements de l’administration locale elle-même, avant d’être trop ambitieux et de développer des coopérations externes. Ce faisant, l’on risquerait de créer des doublons et de perdre en crédibilité – chaque département étant susceptible d’établir ses propres partenariats externes sans cohérence avec ceux des autres départements, voire en concurrence avec ces derniers. Lorsqu’il s’agit du marché du travail, une coopération horizontale devrait in- Chapitre 5 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 83 clure une coopération avec d’autres autorités locales, en particulier les villes voisines. Un bassin d’emploi peut couvrir le territoire de plusieurs municipalités et les mesures d’accompagnement devraient être coordonnées au niveau du bassin d’emploi, avec les villes voisines. Les taxes locales ayant un impact psychologique fort sur les chefs d’entreprises, la coordination avec les municipalités voisines doit être envisagée aussi dans ce domaine. Créer des partenariats avec d’autres agences publiques et organisations professionnelles pour développer des ensembles intégrés de services Peser sur des dynamiques complexes telles que celles à l’œuvre sur le marché du travail et l’essor des entreprises requiert d’aligner un ensemble d’agences publiques allant des bureaux de sécurité sociale aux écoles en passant par les bureaux de placement, les services de formation, les bibliothèques, etc. La ville peut jouer un rôle prépondérant dans la création et la gestion de tels partenariats locaux. Impliquer le secteur des entreprises Les entreprises font souvent défaut dans les quartiers en difficulté et suscitent parfois un sentiment de méfiance, au sein de la communauté locale d’entreprises et entre celle-ci et le gouvernement local. Il convient de s’y attaquer pour surmonter les obstacles et arriver à une véritable coopération et un engagement de chacun. D’autre part, il est aussi important d’impliquer les institutions financières et les employeurs proches, plus puissants, dans les zones urbaines en difficulté. Activer et impliquer les résidents et les groupes communautaires Non seulement ceux-ci constituent-ils des relais d’opinion dans la communauté, mais ils sont également des canaux idéaux pour rétablir la confiance envers l’emploi et les services aux entreprises. Il est important de créer un véritable dialogue et de rétablir la confiance et la capacité organisationnelle via des actions de petite envergure, mais visibles. Ces organisations sont le logiciel de tous les processus de régénération qu’il convient de stabiliser et d’accompagner si l’on veut obtenir des résultats durables. 5.4 Les villes peuvent optimiser leur potentiel d’intervention en agissant en étroite collaboration avec les niveaux européen, national et régional, et en disposant d’un soutien ciblé de la part de ces différents niveaux de gouvernement Les villes ont besoin d’un cadre politique stable mais néanmoins flexible La plupart des villes dépendent de financements nationaux et régionaux pour développer et mettre en œuvre des politiques locales réussies. Les expériences de plusieurs pays et villes d’Europe montrent l’importance, pour les autorités locales, d’intervenir dans un cadre politique sûr– définissant des règles et principes novateurs, mais laissant en même temps assez d’espace pour développer des solutions locales personnalisées. Chapitre 5 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 84 La coopération verticale entre les niveaux européen, national, régional et local constitue la clé du succès La réussite et la qualité de l’impact de de tels programmes et politiques reposent largement sur une communication bien structurée et sur la mise en place de structures de coopération entre les niveaux européen, national, régional et local. C’est particulièrement vrai car les politiques visant à stimuler l’économie locale et le développement durable ne peuvent que sortir des limites de la ville et être conçues conjointement avec d’autres niveaux du gouvernement, surtout régional. Qui plus est, les cadres réglementaires généraux fixés pas les niveaux administratifs supérieurs donnent toute leur importance à la coordination et à la coopération verticales. Les marchés publics représentent un exemple frappant de leviers en matière de développement économique local. Les villes désireuses de lier l’investissement public en faveur de la création d’emplois locaux aux possibilités de formations destinées à la population des quartiers en difficulté doivent trouver des procédures de passation des marchés qui respectent le droit européen relatif à la concurrence, chose qui n’est pas facile. Par conséquent, la réalisation de ces potentiels doit se faire dans un dialogue permanent entre les niveaux européen, national et régional. La législation nationale peut offrir les incitations les plus importantes Les systèmes de dégrèvement fiscal les plus significatifs pour les chefs d’entreprises et les investisseurs dans les zones urbaines en difficulté dépendent de la législation européenne, nationale ou régionale, comme c’est le cas pour la création des Zones Franches Urbaines et des Zones d’Opportunités. L’approfondissement de ces instruments juridiques devrait se faire en prenant en compte les expériences et les besoins des villes. Les villes bénéficient d’incitations européennes pour le développement de processus d’apprentissage et d’innovation Beaucoup des pratiques et exemples mis en avant dans cette étude ont été rendus possibles grâce à l’aide de projets et programmes pilotes européen. De telles incitations constituent une source inestimable d’innovation et d’apprentissage au niveau local, avec un impact clair et mesurable sur les performances locales et la capacité à résoudre les problèmes. En conséquence, il est capital que ces projets pilotes s’inscrivent dans des projets plus durables, afin de pérenniser les actions réussies et de les faire connaître. Chapitre 5 BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 85 Annexe 1: liste des exemples de bonnes pratiques Projet Ville Réseau URBACT Service d’Amorçage de Projet Marseille (France) ECO-FIN-NET REFLEX Islington/ Londres (UK) UDIEX ADAPT/ASTRANET – ASTRAbis Athènes ouest (Grèce) ECO-FIN-NET Réseaux de PME Gera (Allemagne) Leipzig (Allemagne) ECO-FIN-NET MentorRaad Rotterdam (PaysBas) ECO-FIN-NET UDIEX ECTI - Association de Seniors au service des entreprises Grenoble (France) ECO-FIN-NET City Mondial La Haye (Pays-Bas) REGENERA Bureau d’aide à l’embauche Evosmos (Grèce) ECO-FIN-NET Service local d’aide aux entreprises (Regionaler Wirtschaftservice) Vienn (Autriche) ECO-FIN-NET COMPYTE Gijon (Espagne) ECO-FIN-NET UGB – Bureau de promotion des entreprises Leipzig (Allemagne) ECO-FIN-NET OOR – Aide aux chefs d’entreprise, Rotterdam (Ondersteuning Ondernemers Rotterdam) CPEM - Centre pour la promotion de l’emploi dans les PME (Plateforme d’initiative locale) Fonds de garantie des prêts régionaux Rotterdam (Pays-Bas) ECO-FIN-NET Marseille (France) ECO-FIN-NET Gdansk (Pologne) ECO-FIN-NET Micro-crédits Gijon (Espagne) ECO-FIN-NET Projet d’économie locale Kassel (Allemagne) Phyre Plan de subventionnement Gera, Leipzig des PME (Allemagne) ECO-FIN-NET Zone Franche Urbaine REGENERA France Système volontariste d’appels d’offre publics en Sheffield (UK) faveur des petites entreprises sociales locales Clause relative à l’insertion permanente sur le Turin (Italie) marché de l’emploi Annexe Liens internet http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.ifac-provence.asso.fr/mpthuveaune/pages/ pole/emploi/SAP.html http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/synthesisand-prospect/case-studies/workshop-3-long-term-unemployment-and-discrimination-in-the-labour-market.html www.reflexmodel.co.uk http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.urban-gera.de http://www.urban-leipzig.de/ http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.obr.rotterdam.nl/mentorraad/ http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.ecti-vsf.org/eng/ http://urbact.eu/projects/regenera/documents/city-presentations.html http://www.eukn.org/netherlands/themes/Urban_Policy/ Economy_knowledge_and_employment/Urban_economy/Competitiveness/City_marketing/city-mondial_1023. html http://www.citymondial.nl/city_mondial/home http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.wwff.gv.at/upload/medialibrary/rws_bilanz1_4540.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf^ http://cve.gijon.es/index.asp?MP=124&MS=91 http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.ugb-leipzig.de/ http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.ondernemerswinkel.rotterdam.nl/Rotterdam/ openbaar/Overig/OW/documenten/oor_brochure.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://www.cpem-marseille.com/ http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/phyre/pdf/BRTaranto280906.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ECO-FIN-NET/Pdf/Final_Report_ECO-FIN-NET_Final.pdf http://urbact.eu/projects/regenera/documents/city-presentations.html www.ville.gouv.fr/pdf/editions/zfu-pratique.pdf http://khnetonline.com/article/puca_fr_0706.pdf. REGENERA http://urbact.eu/projects/regenera/documents/city-presentations.html BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte Partenariat pour un environnement favorable à Birmingham (UK) l’activité économique, District de Broadstreet Kanzenzones (zones d’opportunités) OPALE - Observatoire Partenarial Lyonnais en Economie CUORE – Centres opérationnels pour la requalification économique SecurCity Rotterdam (Pays-Bas) Grand Lyon (France) REGENERA http://www.opale-lyon.com Naples (Italie) Regenerando http://urbact.eu/projects/regenerando/home.html Foyer familial pour les Syracuse (Italie) personnes handicapées De l’état providence à une Glasgow (UK) stratégie pour l’emploi http://khnetonline.com/article/puca_fr_0706.pdf. https://www.sheffield.gov.uk/your-city-council/councilmeetings/scrutiny/strategic-resources-and-perf/agenda9th-january-2006/sheffield-neighbourhood-informationsystem Regenerando REGENERA Dublin (Irlande) UDIEX Evosmos (Grèce) Regenerando Grand Lyon REGENERA STRIVE Harlsden, Londres (UK) UDIEX Magasin des loisirs Aarhus (Danemark) Centres de métiers créatifs Plateforme pour la Mobilité KCIDADE San Sebastien (Espagne) Rotterdam (Pays-Bas) Lisbonne (Portugal) Clavel Séville (Espagne) Al Bab Palerme (Italie) Projet Haavi Vantaa (Finlande) AMUK Copenhague (Danemark) Work Med Reggio Calabria (Italie) La maison du parrainage (The Mentor Company Malmö (Suède) Partenariat Real Glasgow (UK) Femmes chefs d’entreprise du 21ème siècle Bilbao (Espagne) TITLE Ala Kondre http://urbact.eu/projects/regenerando/home.html http://urbact.eu/projects/regenera/documents/city-presentations.html http://urbact.eu/fileadmin/subsites/udiex/ppt/Ciaran_ Reid_-_presentation.ppt http://www.ballyfermotpartnership.ie/ http://urbact.eu/projects/regenerando/home.html http://www.entreprendre.grandlyon.com/Insertion_par_ l_economie.817.0.html http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/synthesisand-prospect/case-studies/workshop-3-long-termunemployment-and-discrimination-in-the-labour-market/ leap-harlesden-london-strive-harlem-usa.html http:// www.leap.org.uk Les jeunes http://urbact.eu/fileadmin/subsites/Young_people/doc/ – de l’exclusion Aarhus_-_Fritidsbutikken.doc à l’inclusion URBACT http://urbact.eu/projects/cultural-activities/home.html Culture http://urbact.eu/fileadmin/corporate/doc/urbact_case_ UDIEX network_ala_kondre_4wsp.doc http://www.kcidade.com/eng/ http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/synthesisUDIEX and-prospect/case-studies/workshop-4-enterprise-development/proyecto-clavel-carnation-project-sevilla.html Regenerando http://urbact.eu/projects/regenerando/home.html http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/synthesisUDIEX and-prospect/case-studies/workshop-1-children-andyoung-people-at-the-margins/vantaa-finland.html?0= Les jeunes http://urbact.eu/fileadmin/subsites/Young_people/doc/ – de l’exclusion Copenhagen_-_Norrebro.doc à l’inclusion Regenerando http://urbact.eu/projects/regenerando/home.html Les jeunes http://urbact.eu/fileadmin/corporate/doc/Malmo_– de l’exclusion _OSG_-_The_mentor_company.doc à l’inclusion http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ISN/pdf/REAL_ParISN tnershipV2.pdf http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/synthesisand-prospect/case-studies/workshop-4-enterprise-deveUDIEX lopment/project-for-female-entrepreneurs-of-the-21stcentury-bilbao.html http://urbact.eu/fileadmin/subsites/ISN/pdf/Glasgow_ ISN Management_Training_Programme_CS.pdf Programme de formation Glasgow (UK) en Management Observatoire municipal de l’emploi et des conditions Rome (Italie) Regenerando de travail Tower Hamlets, LonCentre Ben Johnson dres (UK) Annexe http://urbact.eu/fileadmin/subsites/securcity/doc/URBACT_Case_SecurCity_Business_Improvement_DistrictBirmingham.doc www.broadstreetbid.com www.birmingham.gov.uk/bccp www.ukbids.org www.kansenzones.nl or www.rotterdamveilig.nl Informations sur les quartiers qui réussissent Sheffield (UK) (Successful Neighbourhood Information) Partenariat Ballyfermot 86 http://urbact.eu/projects/regenerando/home.html BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte Hubs pour l’emploi Bullring et service de recrute- Birmingham (UK) ment Bullring Système volontariste de marchés publics en faveur de l’emploi local Promotion de l’embauche et de l’insertion dans le cadre des marchés publics Partenariat pour l’emploi de Nottingham Convention entre un centre hospitalier privé et la ville Comités locaux (tavoli) Groupe pour l’emploi et groupe de Wise (entreprises sociales pour l’insertion par le travail), Glasgow REGENERA Département de Doubs (France) Grand Lyon (France) REGENERA http://www.entreprendre.grandlyon.com/Insertion_par_ l_economie.817.0.html Nottingham (UK) UDIEX http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/home.html St. Etienne (France) REGENERA Le Train Express de Nottingham (NET) Nottingham (UK) Partners4Action Programme de relance Bydgoszcz (Pologne) Phyre http://urbact.eu/fileadmin/subsites/phyre/pdf/BRTaranto280906.pdf Bari (Italie) URBACT Culture http://urbact.eu/fileadmin/subsites/Cultural_Activities_ Cr/pdf/UC-EtudesCas-Eng.pdf Brno (République Tchèque) Hous-Es http://urbact.eu/projects/hous-es/home.html http://urbact.eu/projects/phyre/home.html http://urbact.eu/fileadmin/subsites/phyre/pdf/BRTaranto280906.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/partner4action/pdf/ PractionersGuide_-_final_English.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/partner4action/pdf/ Baseline_Report_%28Final_Version_Mar_06%29.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/partner4action/pdf/ PractionersGuide_-_final_English.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/partner4action/pdf/ Baseline_Report_%28Final_Version_Mar_06%29.pdf Phyre Vilnius (Lituanie) Phyre Je préfère le Nord (I love North Best) Copenhague (Danemark) Partners4Action Ville Renouvelée Lille (France) Partners4Action Manchester (UK) URBACT Culture Helsinki (Finlande) ISN Un espace pour des idées Dortmund (Allemagne) Óbuda Gasworks Budapest (Hongrie) Services de Conciergerie Berlin (Allemagne) Molenbeek, Bruxelles (Belgique) Dudelange (Luxembourg) Travailleurs de la santé Coventry (UK) Marketing de quartier axé sur les entreprises StraBerlin (Allemagne) lauer Kiez Enveloppes de quartier Dortmund (Allemagne) Gestion de quartier SoldiBerlin (Allemagne) ner Strasse Annexe http://urbact.eu/fileadmin/subsites/partner4action/pdf/ PractionersGuide_-_final_English.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/partner4action/pdf/ Baseline_Report_%28Final_Version_Mar_06%29.pdf http://urbact.eu/fileadmin/subsites/phyre/pdf/ agosto2006.pdf Phyre Heerlen (Pays-Bas) Centre de proximité http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/synthesisand-prospect/case-studies/workshop-3-long-termunemployment-and-discrimination-in-the-labour-market/ the-wise-group-and-glasgow-works.html Taranto (Italie) Le projet North Town Poly Bonnevie http://urbact.eu/projects/regenera/documents/city-presentations.html Milan (Italie) UDIEX CIDS – Services pour le développement d’une Industrie Créative Le Film Lapislatsi et le centre médiatique http://urbact.eu/fileadmin/subsites/regenera/ppt/Regenera_birmingham_bullringemployment_1_.ppt http://urbact.eu/projects/regenera/documents/city-presentations.html http://khnetonline.com/article/puca_fr_0706.pdf. Glasgow (UK) Actions de lutte contre les locaux commerciaux inoccupés Centre pour la régénération du centre historique de Bari Participation des Roms dans la construction de leur maison Le « Medi Point Concept » 87 http://urbact.eu/fileadmin/subsites/Cultural_Activities_ Cr/pdf/UC-EtudesCas-Eng.pdf http://urbact.eu/projects/isn/synthesis-and-prospects. html http://urban.dortmund.de/urban/project/themen/ URBAN II Dortnordstadt/templates/project/detail/project_detail. mund jsp?cid=2538 Partners4Achttp://urbact.eu/fileadmin/subsites/partner4action/pdf/ tion) Obuda_Gas_Works_case_study.pdf REGENERA http://urbact.eu/projects/regenera/home.html http://urbact.eu/fileadmin/subsites/phyre/pdf/BRTaPhyre ranto280906.pdf http://www.eukn.org/eukn/themes/Urban_Policy/TransEUKN port_and_infrastructure/Services_and_amenities/Amenities/Community_centres/Differdange_1031.html UDIEX http://urbact.eu/projects/udiex-udiex-alep/home.html http://urbact.eu/projects/regenera/documents/city-preREGENERA sentations.html http://urban.dortmund.de/urban/project/themen/ URBAN II Dortnordstadt/templates/project/detail/project_detail. mund jsp?cid=2538 REGENERA http://urbact.eu/projects/regenera/home.html BBR-Online-Publikation 04/2007 Renforcer l’economie locale et l’emploi dans les zones urbaines en difficulte 88 Bibliographie Bundesamt für Bauwesen und Raumordnung: la promotion des activités économiques dans les zones de programmation des programmes fédéraux-régionaux « Villes à interactions sociales » – Possibilités et Recommandations”, Bonn, 28 juin 2005 (traduit vers l’anglais par David Froessler). 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