des pertes et de la résilience. Au cours des dix dernières années, les écocritiques ont
beaucoup parlé de l’importance de la fiction, de la poésie et du théâtre pour représenter
les relations complexes entre le climat et l’énergie (Adamson, Ballard, Bergthaller,
Campbell, Clark, Heise, Johns-Putra, LeMenager, McHolm, McMurry, O’Brien,
Siperstein, Szeman, Trexler, Wallace), y compris les questions de genre, de temporalité,
de spéculation, de subjectivité, d’étendue, de pouvoir et de justice. En termes très
généraux, ces experts soutiennent que la description littéraire des changements
climatiques actuels et futurs permet un travail de réflexion sur les mesures d’atténuation
et d’adaptation ainsi qu’une meilleure compréhension de l’impact des changements
climatiques sur les plans personnel, social et psychologique. Ces experts soulignent
l’importance de bien comprendre les multiples formes d’inégalités qu’entraîne
inévitablement le changement climatique, lesquelles vont vraisemblablement s’accentuer
dans les prochaines décennies (ce que l’écocritique Rob Nixon appelle slow violence).
Aussi, ils insistent sur le besoin d’imaginer des solutions qui combinent la volonté de
résilience avec celles de justice, de participation et de vie communautaire.
Au Canada, comme ailleurs, cette déférence à la justice touche tout particulièrement les
peuples autochtones dont l’existence, les modes de vie, le bien-être et la culture sont
particulièrement liés aux terres et aux territoires : lieux de rencontre, de chasse et de
pêche (George), d’infrastructure économique (Weller et Lange), d’accès à l’eau (Grover),
de sources alimentaires traditionnelles (Turner), de santé physique et mentale (Willox),
de souveraineté (Vendiola) ou d’histoire culturelle (Armstrong). Malgré tout, les
Premières Nations, les Métis et les Inuits du Canada continuent de suivre les traditions
culturelles et techniques – notamment par la mise en récit, un élément essentiel pour
comprendre l’environnement – qui leur ont permis de faire face aux changements
climatiques pendant des millénaires. Des initiatives autochtones, comme le projet Déline
Knowledge, explorent comment utiliser la sagesse véhiculée dans les histoires
traditionnelles pour comprendre les changements écologiques et sociaux qui
accompagnent le changement climatique. En même temps, des conteurs autochtones, des
écrivains et des artistes ont intégré cette sagesse à de nouvelles formes, afin de jeter la
lumière sur la relation entre l’occupation coloniale et la dégradation environnementale ou
sociale (Dion). Par conséquent, les expériences propres aux peuples autochtones, qui
luttent face aux problèmes énergétiques et aux changements climatiques, seront au cœur
des Récits du changement climatique. Elles mettront en évidence les problèmes reliés au
milieu, aux terres, aux dévastations, aux moyens de subsistance, à la résilience, à la
culture, à la souveraineté, à la décolonisation et à la transmission d’histoires. Problèmes
que les Premières Nations, les Métis et les Inuits ont déjà soulevés dans le contexte des
changements climatiques (Atleo, Berkes, Cruikshank, Grossman et Parker, Krupnik et
Jolly, Kunuk, Leduc, Thomas et Twyman) et sur lesquels nous devons nous pencher.
En tenant compte de ces diverses perspectives sur le climat et les histoires, Récits du