L’ œuvre Domaine et thématiques G. Arcimboldo, Le Printemps, 1563/173. Huile sur toile, 76 X 64 cm. Conservée au musée du Louvre à Paris (1573) et au Kunsthistorisches Museum de Vienne (1563). Domaine: Arts du visuel Thématique: Art, espace, temps/ Art, état, pouvoir L’auteur Giuseppe Arcimboldo (1527/1593) est un peintre italien. En 1562, il appelé à Prague auprès de la famille impériale, les Habsbourg, dont il deviendra le portraitiste attitré. Sa série des têtes composée commencée en 1562 lui vaudra une très grande renommée. Il sera fait comte palatin en 1593. Mais son activité ne se borne pas à la peinture seule; c’est lui qui organise les fêtes princières et il est conseiller artistique pour la formation des collections impériales. Il sera pourtant oublié par “l’histoire “ avant d’être redécouvert par les surréalistes dont Salvator Dali. Contexte social et politique Arcimboloo a réalisé deux versions de la suite de tableaux des Quatre Saisons pour l’Empereur Maximilien II. La première en 1563 et la deuxième en 1573 que l’Empereur offrira à Auguste de Saxe pour sceller une alliance. Les oeuvres de 1573 sont au Louvre et se distinguent de celles de 1563 par le cadre peint à l’intérieur des tableaux. Il s’agit donc de tableaux “de cour” ou d’oeuvres “politiques” tant leur origine et leur destination mêlent l’art et le pouvoir. Mouvement ou courant et ou notion(s) L’origine des “têtes composées” d’Arcimboldo remonte à l’Antiquité, dans la tradition des masques bachiques formés de feuilles de vigne et de raisins. Les oeuvres de l’Antiquité étaient pour les artistes de la Renaissance, une source d’inspiration et Léonard de Vinci, par ses dessins de “grotesques” ou dans ses recherches de physionomies est aussi une source d’inspiration pour Arcimboldo. Mais cet artiste est aussi un grand peintre maniériste: en effet, il cherche dans ses oeuvres, non pas à copier une nature de référence, mais à faire oeuvre à partir de l’art et des oeuvres d’art. L’art maniériste est un art de citation, de codes, d’emprunts. Il est difficile parfois à comprendre aujourd’hui. Et les tableaux d’Arcimboldo sont pleins de messages cachés, d’allusions à des choses qui se passaient à l’époque du peintre et qui sont oubliées aujourd’hui. Les surréalistes, en surtout Dali, redécouvrant Arcimboldo, en feront à leur tout une référence pour leurs oeuvres ou les compositions sont souvent des images codées, cachées, de représentations énigmatiques venues des rêves. Mots clefs Analyse Allégorie, tête composée, masque bachique, maniérisme. Description: Le Printemps est un adolescent (une jeune fille peut-être). Son visage est constitué de fleurs fraîches, églantines, roses, marguerites et pâquerettes. Une courge forme le nez tandis que la bouche est dessinée par deux roses entre lesquelles apparaissent, évoquant les dents, des clochettes blanches de muguet. Au sein de ce foisonnement floral, certains détails ressortent comme la clochette boucle-d’oreille ou encore l’iris qui tel un bijou orne le buste. La chevelure bouclée s’ordonne en une couronne plus colorée et d’un volume important. Le cou du personnage est dissimulé par une collerette de fleurs blanches. Il est vêtu d’un manteau de feuillage, de fleurs et d’arbuste. Un chou forme son épaule. Interprétation: Le Printemps est la saison du renouveau et les fleurs éclosent, chassant la grisaille de l'hiver. Le visage aux joues roses est composé de lys, de pivoines, de roses, d'églantines, d'anémones. Un lys épanoui décore la chevelure, allusion à la prétention des Habsbourg de descendre d'Hercule. En effet, la légende dit que le lys naquit du lait que donnait Junon à Hercule. Cette oeuvre ne peut être séparée des trois autres qui sont l’Hiver, l’Eté et l’Automne. Le cycle des Quatre saisons, représentées sous les traits de l’Empereur Maximilien II(?) , en tout cas, fait à sa demande, a une valeur politique: il illustre le fait que l’empereur qui gouverne les Etats et dons les hommes, domine également le monde plus vaste et intemporel des saisons, de la nature et des éléments. Fonction/finalité Cette oeuvre est un cadeau fait par l’Empereur catholique Maximilien à un prince luthérien , Auguste de Saxe. Elle est donc dans sa fonction, très politique, même si ce qui est représenté reste allégorique. Ce cadeau est sans doute la preuve d’une volonté de médiation, d’alliance entre les maisons chrétiennes contre les Turcs qui menacent l’Occident. Rapprochement avec d’autres œuvres ou courants Masque Bachique Merian, Matthäus, dit Matthäus Merian l’ancien (1593-1650) Utagawa Kuniyoshi XVIII ème siècle Salvator Dali, L’image disparaît, 1938 Bernard Pras, Mickey, 2001