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BOUCKENHOVE épouse ROUSSEL Catherine
GIL Marc
Edward T. Hall
La dimension cachée
Points
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La dimension cachée (1966)
Qui est Edward T. Hall?
-
Edward Twitchell Hall est un anthropologue américain né en 1914.
- Il accorde de l’importance aux faits interculturels. Il a effectué des recherches sur la
perception culturelle de l’espace. Cela lui a permis de travailler dans de nombreuses
universités et pour le Département d’Etat aux Etats-Unis.
Il y enseigna les techniques de communication interculturelle
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aux étrangers, dans son
service.
-Dans ses livres, il va grandement développer la notion de proxémie : il va chercher à
montrer quels sont les usages que les hommes font de l’espace afin d’en faire un produit
culturel spécifique.
Dans La dimension cachée, il va étudier les différents rapports que les hommes ont à l’espace
pour expliquer les différences de comportement sociaux et culturels à travers le monde.
- En effet, il va décrire l’anthropologie de l’espace en basant son analyse microculturelle
sur trois types d’espaces et va démontrer que ceux-ci conditionnent le comportement
humain et ont tendance à rapprocher ou éloigner les Hommes.
- Il va aussi revenir sur la notion de distance qui va faire intervenir les sens des individus
mais va varier selon les cultures.
- Puis, il offre une étude comparée des cultures allemande, française, anglaise, des
cultures japonaise et arabe afin de mettre en avant la diversité des comportements que peut
entraîner une pratique de l’espace différente.
- Les structures proxémiques sont essentielles pour lui et devraient être connues de tous
car elles permettent aux différents peuples de se comprendre et pourraient être à la base des
analyses des urbanistes qui auraient la possibilité d’envisager des villes en tenant compte des
besoins de chacun. Pour lui, l’homme se sert donc de l’espace de façon inconsciente, c’est une
« dimension cachée » qui ne lui parvient pas toujours.
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Qu’est-ce que la communication interculturelle ?
Pour l’école de Palo Alto* et E. T. Hall, communication et culture sont les deux faces d’un même phénomène.
Comme le fait remarquer justement Y. Winkin. (Yves Winkin, 29 janvier 1953 à Verviers (Belgique), est
Professeur des universités en Sciences de l'information et de la communication. Spécialisé en « Anthropologie de
la communication », il enseigne la sociologie des interactions et l'histoire sociale des "cultural studies" anglo-
saxonnes à l'École normale supérieure (ÉNS, Lyon).)
*L’école de Palo Alto désigne un groupe d’hommes qui ont travaillé ensemble autour de la théorie de la
communication et de la relation entre les individus (initiateur : Grégory Batson)
« Hall, comme tous les auteurs cités ici (ceux de l’école de Palo Alto), envisage la culture comme un ensemble
de codes décomposables et analysables. Toute interaction obéit à des règles que l’anthropologie doit faire surgir
au grand jour » (Winkin, 1981). Autrement dit, la culture est un « langage silencieux » (Hall, 1973) qui vient
faire obstacle au dialogue entre individus de nationalités différentes. Dans cette optique, le but de la
communication interculturelle est de déchiffrer et de rendre visible cette culture inconsciente qui fait obstacle à
la communication.
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Notions, définitions :
- « La dimension cachée », c’est l’espace que l’homme maintient entre lui et les autres,
qu’il construit autour de lui à la maison ou au bureau. En classe, l’enseignant construit
des espaces, notamment les coins en maternelle
2
.
- La proxémie est liée à l’art et à la communication.
Ce
néologisme désigne l’ensemble des observations et théories concernant l’usage que
l’homme fait de l’espace en tant que produit culturel spécifique.
1 - Culture et communication
La culture est l’objet de l’anthropologie qui ambitionne d’accéder à un universel,
atteint par l’observation des particularités des sociétés. Il s’agit de penser l’universalité de
l’être humain, d’avoir une réflexion sur la diversité et de l’étudier
3
.
La communication constitue le fondement de la culture. Le langage est un élément
majeur dans la formation de la pensée : la perception que l’homme a du monde environnant
est programmé par la langue dont il parle. Le langage a une faculté anthropologique. On
connaît une culture pour se décentrer et être moins ethnocentriste : comprendre l’autre en
adoptant ses manières de faire ou pas (je peux comprendre l’autre en restant moi-même). On
pousse la compréhension très loin même si ça nous choque. On se centre plus sur l’altérité
(autre culture) que sur l’identité (ne pas enfermer l’autre ou soi-même)
4
.
Les différents peuples se servent de leurs sens dans leur interférence avec
l’environnement. Ça donne des données concrètes sur leurs différences. Les Arabes utilisent
davantage l’olfaction et le toucher que les Américains. Les systèmes culturels peuvent faire
varier la structure du comportement. L’homme crée les prolongements de son organisme : il
construit la totalité du monde il vit, son « biotope ». En créant ce monde, il détermine
l’organisme qu’il sera. Les villes créent des individus différents (taudis, prisons…), l’homme
intègre des minorités dans une culture dominante.
La survie de l’environnement est dépendante du stress plus que du facteur alimentaire :
la surpopulation entraîne un stress psychologique qui entraîne une modification dans la
chimie de l’organisme et une agressivité. En conséquence, le taux de naissance diminue et
celui de mortalité augmente, jusqu’au stade de l’effondrement de la population.
L’environnement façonné par l’homme doit se sauver des besoins proxémiques de
l’homme. La priorité c’est d’entrer en communication avec les autres ethnies à l’intérieur et à
l’extérieur des frontières (noirs américains & populations de culture espagnole). En classe,
on peut sortir de l’étouffement en s’aidant de la liberté de fonctionnement de la classe
unique
5
.
2- La distance chez les animaux
Elle est transposable en termes humains. Les conduites sont identiques mais on
diminue le temps d’analyse. Les générations sont courtes (en quarante ans, on étudie quatre
cents générations de souris et deux générations d’humains).
2
Maria Montessori (1870-1952), médecin psychiatre pour qui l’école est un milieu organisé pour nourrir le
développement, l’élan créateur (cf. L’enfant, ed. Gonthier-Denoël).
3
Cours d’anthropologie culturelle.
4
Idem
5
Bernard Collot, chercheur en sciences de l’éducation, montre comment des petites structures rurales envisagent
différemment le découpage du temps et de l’espace.
4
La Territorialité permet à l’animal de se protéger et de ne pas chercher de cachette.
Les plus faibles se protègent. La propriété privée est le territoire d’un individu, la propriété
publique est le territoire d’un groupe. En classe, il s’agit d’une propriété publique, c’est le
territoire d’un groupe. Pour Michel Barlow
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, on fait en groupe ce que l’on ne peut pas faire
tout seul.
Dans les distances il y a les animaux à contact (morse, hippopotame, porc, chauve-
souris, perroquet, hérisson) et les espèces sans contact (cheval, chien, chat, rat, mouette) qui
sont plus sensibles au stress résultant de l’environnement. Les animaux qui vivent en société
doivent rester en contact les uns avec les autres car la perte de contact avec le groupe les
expose aux attaques des prédateurs. La distance sociale n’est pas seulement la distance au-
delà de laquelle l’animal perd le contact avec son groupe, c’est surtout une distance
psychologique au-delà de laquelle l’anxiété commence à se développer chez l’animal (bulle,
cercle invisible qui enserre le groupe). En classe, on va individualiser, puis retourner au
groupe afin de construire le concept d’autonomie, par un étayage-désatayage
7
. Lorsqu’un
danger rend nécessaire un contrôle plus étroit, la distance sociale diminue : au carrefour, la
famille se tient la main.
Les sociétés animales se développent jusqu’au moment elles atteignent une densité
critique provoquant un état de crise dont la solution est leur condition de survie. Chez les
Crabes des Galápagos, l’odorat des carapaces tendres attire les autres crabes à carapace dure.
Les cerfs de l’île James ne résistent pas au stress du fait de l’hypertrophie des glandes
surrénales qui jouent un rôle important dans la régulation de la croissance, de la reproduction
et des systèmes de défense de l’organisme.
La régulation démographique est liée à d’autres facteurs que l’activité des prédateurs
et l’importance des réserves alimentaires.
3- Comportement social et surpopulation chez les animaux
Il s’agit de déterminer les facteurs impliqués dans le maintien de l’équilibre
démographique. La surpopulation produit des effets catastrophiques.
- Le Cloaque comportemental
John Calhoun en 1947 étudie les effets du stress sur les rats. Le cloaque
comportemental se définit par les aberrations du comportement et des conditions qui lui
donnent naissance.
. Causes : manger à plusieurs, comportement sexuel qui passe de délicat à brutal, propreté de
la nidation, soin aux petits (mélanger les portées).
. Conséquences physiologiques : femelles qui avortent, tumeurs, mortalité juvénile.
L’élévation de la densité démographique entraîne une prolifération des classes et sous-
classes : les mâles dominants se bagarrent. Le processus cloacal s’arrête lorsqu’un rat établit
sa domination.
- Comportement agressif
Un comportement agressif normal est lié à des signaux qui arrêtent l’impulsion
agressive, lorsque le vaincu a son compte (Karl Lorenz) : les rats continuent à se mordre. La
surpopulation détruit des fonctions sociales importantes provoquant ainsi la désorganisation et
finalement l’effondrement démographique ou la crise de la mortalité. Le taux de mortalité des
6
« Le travail en groupe des élèves » Bordas, 1993.
7
Lev Vygotsky (1896-1934) et la zone proximale de développement : ce que l’enfant fait avec l’adulte, il peut le
faire tout seul.
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femelles rompt l’équilibre des sexes. Quand l’agressivité augmente, les animaux ont besoin
d’un plus grand espace (anticiper le conflit, le rendre positif, récréations décalées, gestion de
l’espace et du temps). Lorsqu’ils ne peuvent pas le satisfaire, une réaction en chaîne se
déclenche. Une double explosion d’agressivité et d’activité sexuelle accompagnée de stress
surmène les surrénales. Il en résulte un effondrement démographique de la population dû à la
baisse du taux de fertilité, une vulnérabilité plus grande aux maladies et une mortalité massive
par choc hypoglycémique. Au cours de ce processus, les animaux dominants sont favorisés et
réussissent généralement à survivre.
- Aspects positifs du stress
C’est un facteur efficace de l’évolution qui met en jeu la compétition de l’espèce
plutôt que la compétition entre espèces. Il améliore la race et permet de dégager les caractères
latents de l’organisme : l’ancêtre de l’homme était un animal à habitat terrestre à l’odorat
développé, mais la concurrence entre espèces l’a fait déserter le sol pour les arbres et
développer ainsi la vue. En classe proposer des exercices un peu plus difficiles, travailler au
seuil, (endurance).
- Récepteurs à distance
L’évolution de l’homme a été marquée par le développement des « récepteurs à
distance ».
. L’olfaction est un moyen important de communication à distance, par exemple sentir la
colère : les fous vous entraînent dans leur délire, les anxieux dans leur anxiété (ne pas y
répondre). Par la vue et l’ouïe, il a pu créer les arts qui font appel à ces deux sens. Il en est de
même des systèmes de communication que l’homme a élaborés.
. L’odorat procure une satisfaction affective, sensuelle : salle de classe propre, tableau lavé.
. La vision encode le complexe et développe la faculté de l’abstraction : attention, affichages.
Il s’agit de voir comment l’importance relative accordée respectivement à la vue
(certains élèves, il suffit de les regarder), l’ouïe (travailler dans le bruit) et l’odorat (« sentir »
l’élève) varie selon les cultures et conduit à des perceptions très différentes de l’espace et des
relations des individus dans l’espace.
. Dans la méthode ethnographique, on se met dans une disposition d’écoute plus forte que
d’habitude. L’écoute, la patience, la tolérance sont des compétences professionnelles
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.
4- La perception de l’espace, les récepteurs à distance : les yeux, les oreilles, le nez
Pour comprendre l’homme, il faut avoir une notion de ses systèmes de réception et de
la façon dont la culture transforme l’information que ceux-ci fournissent.
L’appareil sensoriel de l’homme comporte deux catégories de récepteurs :
. Les « récepteurs à distance » qui s’attachent aux objets éloignés et qui sont les yeux, les
oreilles et le nez.
. Les « récepteurs immédiats » qui explorent le monde proche, par le toucher, grâce aux
sensations que nous livrent la peau, les muqueuses et les muscles.
8
Cours d’anthropologie culturelle.
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