750), instaurateur d’un califat héréditaire, sera remplacé par l’Empire abbasside
(750-1258). Mais l’absence d’un corpus doctrinal sunnite ofciel et uniforme
(Coran, Sunna et jurisprudence) y favorise de nombreux particularismes régionaux.
De plus, l’islam conquérant tolère les chrétiens, les juifs et les zoroastriens qui
conservent leur religion. Enn, sorti d’Arabie, l’islam s’ouvre aux inuences exté-
rieures, indiennes, perses et grecques. En conséquence, l’époque abbasside et la
cour bagdadienne évoquent encore l’âge d’or de cet islam éclairé et rayonnant,
alors qu’à partir du X
e
siècle la réexion et l’interprétation personnelle (ijtihâd)
seront peu à peu proscrites en religion. Les particularismes régionaux, protant de
l’organisation administrative décentralisée et de l’éloignement du pouvoir califal,
facilitèrent les autonomies. Ainsi des califats rivaux s’établirent – sunnite abbas-
side à Bagdad (750-1258), shiite fatimide en Égypte (969-1171), sunnite omeyyade
en Andalousie (929-1031) – facilitant l’implantation des États latins à la n du XI
e
siècle.
C’est d’ailleurs dans ce contexte que les madrasas et le djihâd (ou guerre légale)
furent institués an d’enseigner le Coran et de répandre l’islam. Ces idées seront
fréquemment reprises ensuite : de l’Algérie d’Abd el-Kader aux moudjahidines
afghans. Après les invasions turques (XI
e
siècle) puis mongoles (1258, prise de Bag-
dad), de nouveaux empires se forment mais restent divisés par le schisme originel.
Ainsi, le sunnisme ottoman (1516-1924), héritier du califat, s’opposera au shiisme
des Séfévides de Perse (1499-1722), voire au syncrétisme de l’Empire moghol d’Inde
(1526-1858). Mais, au l des siècles, l’islam n’aura cessé de s’étendre vers l’Asie.
3) Face à la modernité
Au XVIII
e
siècle, les souverains, notamment ottomans, s’éloignent d’une
gouvernance purement religieuse de leurs sujets en adoptant des réformes admi-
nistratives et sociales. Ibn ‘Abd Al Wahhab (1705-1792) s’y opposera en prônant
un puritanisme religieux strict, le wahhabisme.
Or, au XIX
e
siècle, le monde musulman apparaît en retard face à une Europe
conquérante. Pour les modernistes, tel Al-Tahtawi (1801-1873), la religion est un
frein au développement et doit être détachée de la sphère politico-économique.
À l’inverse, selon les réformistes musulmans comme Al-Afghani (1839-1897) ou
Mohammed ‘Abdu (1849-1905), la solution réside dans un retour aux principes
islamiques originels. Mais, le 3 mars 1924, Atatürk abolit le califat. Le sunnisme
perd son dirigeant religieux universel. Certains s’engagent alors dans l’islam poli-
tique, tels les Frères musulmans en Égypte (1929) ou l’Association des oulémas
musulmans en Algérie (1931) sans parvenir au pouvoir. Finalement, dans l’islam
actuel, deux constructions politiques contemporaines antagonistes servent de réfé-
rences: le Royaume d’Arabie Saoudite, sunnite wahhabite, fondé en 1932, et la
République islamique d’Iran, shiite, établie en 1979.
Ainsi, le monde musulman reste marqué par ses divisions historiques. En outre,
la forte concurrence entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, en quête d’une souveraineté
religieuse autant que politique, favorise l’émergence de thèses islamistes fort éloi-
gnées des préceptes musulmans initiaux.
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Centre d’enseignement militaire supérieur Air (CEMS Air)
ISSN 1963-2150
Droit et institutions - Janvier 2009
Les ches du CEMS Air 35
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