n° 02 • octobre 2011 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique Résumé1 1. Transformer les menaces en opportunités : une Transition Juste 3 2. Changement climatique pour tous et impacts différenciés 4 3. Une Transition Juste dans les Pays les Moins Avancés (PMA) : politiques visant à réduire la vulnérabilité et garantir la justice sociale 5 4. Recommandations pour les syndicats dans les PMA 15 Conclusion17 Bibliographie18 L Avec le soutien de INSTITUT BELLEVILLE coopération syndicale internationale e cadre conceptuel de la Transition Juste est l’une des contributions du mouvement syndical international au débat international actuel sur l’adaptation au changement climatique et son atténuation. Si le concept de Transition Juste a déjà engendré de nombreux débats d’envergure, les discussions n’ont pas encore abouti à son utilisation dans des contextes sociaux-économiques spécifiques. C’est dans le but de cibler un tel contexte que le présent rapport mettra l’accent sur les Pays les Moins Avancés (PMA), en examinant la pertinence du cadre de la Transition Juste face aux enjeux spécifiques auxquels ils sont confrontés. Plutôt qu’une proposition très élaborée pour une politique de Transition Juste dans les PMA, le présent rapport doit être envisagé comme une tentative d’analyser le potentiel des politiques de Transition Juste, ainsi que les possibilités d’actions syndicales, dans les PMA. Des syndicats dans les PMA ont contribué à ce rapport qui a pour but d’être enrichi dans le futur par de plus amples contributions de syndicats et d’organisations partenaires. Résumé Les PMA sont tout particulièrement vulnérables aux impacts du changement climatique. Au-delà de l’obligation morale envers les générations futures, rendre les PMA moins vulnérables face aux changements climatiques représente une opportunité sans précédent de créer des emplois décents et d’améliorer les conditions de vie de tous. Il faut considérer les politiques de Transition Juste comme un ensemble d’instruments permettant d’atteindre un tel objectif, au travers des politiques axées sur le développement de systèmes de protection sociale, d’investissements améliorant l’accès aux services publics sans spolier les ressources naturelles, mais aussi sur la promotion de la démocratie et du dialogue social, de l’éducation et du développement de compétences, entre autres. De par leur présence au cœur du système économique, les syndicats peuvent devenir des acteurs clés de toutes les politiques de Transition Juste1. Dans un certain nombre de pays, ils ont déjà commencé à promouvoir activement des politiques de Transition Juste adaptées aux réalités économiques, culturelles et sociales spécifiques des populations locales. 1. Les actions syndicales incluent la prise de positions, l’influence sur les décisions gouvernementales, le dialogue social, la sensibilisation et les programmes de formation, les actions sur les lieux de travail, la construction d`alliances et de réseaux et la mobilisation de ressources. La CSI souhaite remercier l’Institut Belleville et la Confédération Française et Démocratique du Travail (CFDT) pour leur soutien financier lors de la présente recherche, leur dévouement pour l’action climatique, leur solidarité et leur engagement envers le renforcement de capacités des syndicats dans les PMA. Ce rapport est le résultat de discussions entre syndicalistes au sein du mouvement syndical international, à Bonn, en juin 2011, de contributions par le biais des listes électroniques de la CSI et d’une rencontre de délégué(e)s de travailleuses et de travailleurs lors d’un atelier de travail organisé en juillet 2011. La CSI souhaite également remercier le personnel et les membres du Congrès du Travail du Sierra Leone (SLLC en anglais) pour leurs commentaires éclairés et leur intérêt sans faille pour cette recherche. Information et recherche Le droit à l’information Identifier les priorités locales Mettre en place des plans de diversification économique Comprendre les impacts du changement climatique sur les marchés du travail Protection sociale et transformation du travail informel en emploi décent Accès à une éducation de qualité Formation professionnelle Protection sociale Formation et développement de compétences Investissements dans une économie socialement et économiquement durable Transition Juste dans les PMA Droits, démocratie et dialogue social Sources internationales de financement (APD, Finance climatique et envoi de fonds à l’étranger) Sources nationales de financement (Impôts, subventions sur les combustibles fossiles et stratégies nationales de développement) Normes du travail Démocratie Droits de l’homme Dialogue social pAgE 3 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique 1. Transformer les menaces en opportunités : une Transition Juste La crise climatique ne peut pas être séparée des différentes crises connexes qui affectent actuellement les conditions de vie des populations : crise énergétique, alimentaire, économique et financière. Tout comme ces crises, l’origine de la crise climatique réside dans le modèle de croissance actuellement en vigueur, injuste, écologiquement non viable et inefficace en terme économique ; un modèle qui a plongé des milliers de personnes dans la pauvreté (CSI 2010, 1). Lutter contre les effets de ces crises multiples – dont le changement climatique – implique de concevoir de façon collective un nouveau modèle de développement qui protège les travailleuses et les travailleurs vulnérables et leurs communautés à travers la résistance au changement climatique1, et la justice sociale et environnementale. En d’autres termes, la nature connexe de ces multiples crises exige une approche holistique. Afin d’être efficaces, les luttes contre le changement climatique et l’inégalité sociale dans les pays vulnérables doivent être traitées de façon simultanée par l’élaboration d’un cadre général garantissant une transition inclusive vers une économie plus respectueuse de l`environnement et plus juste. C’est précisément l’ambition du mouvement syndical, proposée dans le cadre de la Transition Juste. La mise en place d’un cadre de Transition Juste est primordiale pour garantir la transition vers une économie à faible consommation de carbone qui garantisse de meilleures conditions de vie pour les travailleuses, les travailleurs, leurs familles et leurs communautés. Cette approche garantira aussi la planification et la mise en place collective de décisions et de politiques par le biais de la participation citoyenne. Une Transition Juste implique une distribution équitable des efforts, entre les pays et au plan national. En d’autres termes, les pays qui ont contribué le plus au changement climatique doivent aussi contribuer le plus à l’effort collectif de mitigation, par rapport à leurs pays homologues en voie de développement. Cela implique aussi que ces mêmes pays fournissent une assistance aux pays les plus pauvres pour qu’ils puissent s’adapter 1. La résilience au changement climatique est la capacité des sociétés humaines et des écosystèmes à tolérer les perturbations et à se rétablir. aux impacts du changement climatique. Un cadre de Transition Juste doit intégrer des politiques qui promeuvent la prospérité et réduisent les inégalités. Une telle action passe par la création d’emplois et la transformation des emplois existants de façon à protéger simultanément les travailleuses et les travailleurs et le climat. En d’autres termes, une politique de Transition Juste participe à une stratégie plus générale de développement qui vise à la fois plus de prospérité économique, plus de justice sociale et plus de protection environnementale. Un cadre de Transition Juste suppose les orientations politiques suivantes : mm Des investissements qui soutiennent les secteurs économiquement viables et respectueux de l` environnement. Investir de manière significative dans les secteurs de l’énergie propre, du transport public et du logement doit devenir une priorité. Ces investissements doivent contribuer à un développement résilient qui protège l`environnement, contribue au « verdissement» de tous les lieux de travail, et encourage le développement et l’accès aux technologies vertes et créer des emplois décents. mm Un dialogue social et une consultation démocratique des partenaires sociaux et des parties prenantes. La consultation syndicale et l’engagement populaire sont indispensables à un processus de transition réussi. Les droits syndicaux et démocratiques doivent être reconnus et constituer le fondement de tout processus de décision politique. mm Le développement des formations et des compétences. Par ses implications immédiates et ses effets indirects (en particulier à travers les politiques de mitigation), le changement climatique touchera directement et transformera profondément le monde du travail. Les technologies, les biens et les services existants seront remplacés par de nouveaux. De nouvelles méthodes de production et outils, de nouveaux modèles de consommation devront être imaginés, conçus et mis en place. Pour que ces changements s’opèrent de façon cohérente et efficace, il faudra former les travailleurs et les travailleuses. C’est seulement à ce momentlà qu’il sera possible de développer et d’absorber de nouvelles technologies, et de tirer pleinement profit des énormes investissements dans les technologies vertes. mm La protection sociale. Afin de pouvoir mieux gérer la vulnérabilité accrue au changement climatique, les programmes de protection sociale page 4 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique existants devront être adaptés (et mis en place si nécessaire). Historiquement, les programmes de protection sociale ont toujours représenté la protection la plus efficace contre les diverses difficultés de la vie, souvent les plus imprévisibles (chômage, maladie, famine, mauvaises conditions de vie, etc.). De ce point de vue, la menace posée par le changement climatique ne doit pas faire figure d’exception. mm Information et recherche. La recherche sur les impacts sociaux du changement climatique et des politiques liées au climat, tout comme leur évaluation précoce, sont essentielles. Les décideurs politiques et les citoyens doivent être au fait des options disponibles et de leurs résultats escomptés. Il faut privilégier les politiques qui créent le plus d’emplois verts et décents, et qui contribuent le plus au développement. Comme nous le verrons, certains secteurs économiques reculeront – et dans certains cas disparaîtront – en conséquence non seulement du changement climatique mais aussi des décisions prises en matière de politiques et d’investissements pour atténuer ses effets. De nouvelles possibilités d’emploi devront donc être créées pour compenser ces pertes (Rosemberg 2011, 13). 2. Changement climatique pour tous et impacts différenciés Certes, le changement climatique est le fait de la nature et de l’homme, mais il faut reconnaître que ce dernier a substantiellement accéléré et accentué la tendance globale. Selon le GIEC2, les concentrations atmosphériques mondiales de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitrique résultant des activités humaines ont augmenté de manière significative depuis 1970 et dépasse aujourd’hui de loin les niveaux préindustriels (GIEC 2007, 2). Rejetés dans l’atmosphère, les Gaz à Effet de Serre émis par l’homme (GES) retiennent les radiations solaires dans l’atmosphère, contribuant ainsi à une augmentation planétaire des températures (PNUE et Sustainlabour 2008, 7-9). Si, historiquement, ce sont les Pays les Moins Avancés (PMA) qui ont le moins contribué au changement climatique, son 2. Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) est composé de scientifiques du monde entier. Le GIEC analyse de façon complète, objective, ouverte et transparente les informations scientifiques, techniques et socio-économiques sur les risques, l’adaptation et l’atténuation du changement climatique. Plus de 2 500 scientifiques ont participé à l’élaboration du dernier rapport en 2007. Pour plus d’informations, consultez le site www.ipcc.ch caractère global, conjugué au fait que les PMA sont les moins armés pour atténuer ses effets, impliquent que ces populations souffriront le plus de ses effets. Parmi les effets les mieux répertoriés du changement climatique, on peut citer l’élévation du niveau de la mer, des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et intenses, des cycles de précipitations de plus en plus variables et une augmentation de l’insécurité alimentaire. Certains événements climatiques sont liés à la situation géographique, facteur naturel mais une plus grande concentration de GES dans l’atmosphère engendrera une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses, les orages et les ouragans. Comme tout événement climatique extrême, les ouragans touchent principalement ceux qui, généralement dans les pays en voie de développement, souffrent déjà des effets de la pauvreté et des inégalités sociales. Entre 2000 et 2004, plus de 98 % des 262 millions de personnes touchées par les catastrophes climatiques vivaient dans des pays en voie de développement (CSI 2009, 17). La variabilité croissante des précipitations compromettra l’accès à l’eau potable et augmentera le risque de maladies hydriques (PNUE et Sustainlabour 2008, 13). Elle augmentera aussi l’insécurité alimentaire dans les pays les plus vulnérables. Selon la FAO3, le changement climatique affectera les quatre volets de la sécurité alimentaire, qui sont l’accès à la nourriture, la disponibilité et l’utilisation de la nourriture et la stabilité des systèmes de nourriture. Il va sans dire que ce sont les populations déjà vulnérables et souffrant « d’insécurité alimentaire » qui risquent d’être les premières et les plus gravement touchées (FAO 2008, iii). Le problème de l’élévation des niveaux de la mer est particulièrement grave si nous considérons qu`à l’heure actuelle, plus de la moitié de la population mondiale habite à moins de 60 km de la mer. Le risque d’inondations côtières s’intensifiera. Le sel contaminera les sources d’eau souterraines dans les zones côtières, réduisant ainsi la quantité d’eau potable disponible pour les populations locales et la nature environnante. Il faut préciser dès lors que 34 % des décès attribués au changement climatique se produisent dans les PMA ; la cause principale étant l’augmentation du nombre de cas de paludisme et de maladies d’origine hydrique. Ce taux devrait atteindre un niveau alarmant de 41 % d’ici à 2030 (DARA 2010, 16). Pour les populations côtières, cela 3. L`Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO en anglais) pAgE 5 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique signifiera une plus grande exposition à des maladies potentiellement mortelles, et des migrations forcées vers les terres. Au Pakistan, les inondations ont tué plus de 1 500 personnes en la seule année 2010. Aux îles Carterets, à l’est de la Papouasie-NouvelleGuinée, l’élévation des niveaux de la mer a obligé des communautés entières à abandonner leurs maisons et à migrer vers les hauteurs à l’intérieur des terres (Box 2009, 1). 2.1. Les PMA sont plus vulnérables au changement climatique Pourquoi les PMA sont-ils plus vulnérables ? (Dimension internationale) La plupart des PMA ne possèdent pas les ressources nécessaires pour gérer les effets du changement climatique. De plus, leur situation géographique augmente généralement leur exposition aux catastrophes climatiques et à leurs conséquences humaines et matérielles. Un certain nombre de PMA sont situés dans des zones tropicales et subtropicales: des zones qui seront sévèrement touchées par le changement climatique (PNUE et Sustainlabour 2008, 30). Leur plus grande dépendance à l’égard de ressources sensibles au climat augmente aussi l’exposition des PMA aux risques liés au climat. En Afrique Sub-saharienne (la où se situent la plupart des PMA), par exemple, environ 90 % de la production agricole dépend des pluies saisonnières et ceci dans une région où l’agriculture représente 70 % de l’emploi régional et 35 % du produit national brut. Il manque souvent aux PMA les savoir-faire, infrastructures et institutions nécessaires, et ils n’ont ni les compétences ni les ressources financières suffisantes pour gérer les impacts du changement climatique. En 2004, par exemple, la République Dominicaine et son voisin Haïti (PMA) ont été frappés par l’ouragan Jeanne. À cause de leur moindre capacité à gérer les ouragans (pauvreté, manque de systèmes d’alerte précoce, installations fragiles dans des zones à haut risque, etc.), les Haïtiens, plus vulnérables, ont subi plus de pertes humaines que leurs voisins dominicains. En République Dominicaine, environ 2 millions de personnes ont été touchées par l’ouragan. Il y eut 23 victimes et le processus de réparation fut relativement bien coordonné et efficace. A Haïti, au contraire, plus de 2 000 personnes ont perdu la vie dans la seule ville de Gonaïves et des dizaines de milliers d’autres se sont soudainement retrouvées enfermées dans un cercle vicieux de pauvreté (PNUD 2007, 182). L’expérience tragique de Jeanne montre comment des facteurs structurels entravent la capacité des PMA à gérer les catastrophes climatiques. Parmi ces facteurs, on peut noter par exemple: leur position de faiblesse dans les relations commerciales internationales, leurs niveaux élevés de dette publique, et les pressions qui en résultent de la part des institutions financières internationales comme la Banque Mondiale ou le Fonds Monétaire International. Au sein des PMA, qui est le plus vulnérable ? (Dimension nationale) La vulnérabilité n’est pas uniformément répartie au sein des PMA. Les familles et les travailleurs à faible revenu, les femmes, les minorités ethniques et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Alors qu’une telle affirmation peut paraître évidente, il est difficile d’accéder a des statistiques désagrégés pour l`illustrer. L’ouragan Katrina (2005) et ses répercussions offrent un exemple frappant de la plus grande vulnérabilité des communautés pauvres aux conditions climatiques extrêmes. Bien que les États-Unis ne soient pas un PMA, les habitants des quartiers les plus pauvres de la Nouvelle-Orléans ont été beaucoup plus touchés par l’ouragan que ceux situés dans les quartiers plus aisés. Trop de familles à faible revenu ont subi des pertes de vie et d’emploi du simple fait d’être privées des besoins les plus élémentaires (logements solides et décents, assurances, etc) (Younge 2005, 1). 3. Une Transition Juste dans les Pays les Moins Avancés (PMA) : politiques visant à réduire la vulnérabilité et garantir la justice sociale Ce qui se dégage de cet état des lieux succinct des PMA et de leur plus grande vulnérabilité aux événements climatiques, est le fait que les politiques de Transition Juste doivent prendre en compte les réalités nationales et sous-nationales. Dans les pays en voie de développement, deux questions seront particulièrement centrales pour établir des politiques de Transition Juste. D’une part, les PMA devront s’attaquer aux problèmes spécifiques liés au changement climatique dans les pays en voie de développement. D’autre part, ils devront s’assurer que les politiques mises en œuvre pour faire face à ces enjeux, contribuent – plutôt que ne freinent – à leur développement global (les vecteurs de réussite incluent la création d’emplois décents, la lutte contre la pauvreté et l’adoption d’un modèle de développement durable). Les politiques poursuivies dans ces pays doivent promouvoir des techniques d’adaptation au changement climatique innovantes, tout en s’appuyant sur ces efforts pour imposer un nouveau modèle de développement qui crée des emplois décents, protège l’environnement page 6 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique et garantit un avenir décent et prospère pour tous. En nous appuyant sur les cinq thèmes du cadre de la Transition Juste présentés dans leurs grandes lignes dans la section 1, nous proposons des politiques qui répondent aux enjeux, spécifiques et divers, auxquels doivent faire face ces pays, des politiques qui contribuent efficacement à de nouvelles opportunités durables de développement et de meilleures conditions de vie pour les travailleuses, les travailleurs et leurs communautés. 3.1. Investir dans une économie durable au niveau économique et social Afin de construire des économies résilientes au climat dans les PMA, des investissements très considérables seront nécessaires, investissements qui ciblent spécifiquement les secteurs qui créent des emplois décents, augmentent la cohésion sociale et préservent les ressources naturelles de la planète. Ceux-ci incluent des investissements dans des domaines comme les infrastructures qui protègent de façon durable les communautés des risques liés au climat ; la génération d’électricité de sources renouvelables et l’efficacité énergétique ; les services de santé ; l’accès à l’eau, sa gestion et son assainissement ; les transports en commun ; l’agriculture ; la préparation et la réponse aux catastrophes et la gestion des déchets. Dans le paragraphe suivant, nous mettrons en exergue deux secteurs – l’énergie et l’agriculture – afin de montrer les potentiels bénéfices sociaux, économiques et environnementaux d’investissements ciblés. 3.1.1. L’énergie Grâce à des investissements ciblés, les énergies renouvelables peuvent créer des emplois décents, permettre aux plus vulnérables d’avoir accès à une source d’énergie suffisante et bon marché, et de façon plus générale, favoriser le développement durable. Afin d’atteindre ces objectifs, les sources d’énergie renouvelable doivent être introduites dans l’éventail énergétique des PMA. Un certain nombre d’études ont démontré que les investissements dans les énergies renouvelables ont un effet positif en termes de création d’emplois dans le secteur énergétique dans son ensemble. Il a été démontré notamment que les énergies renouvelables généraient plus d’emplois par unité de capacité installée, par unité de courant généré et par dollar investi que les combustibles fossiles (OIT, PNUE, CSI et OIE 2008, 6). Les investissements dans les énergies renouvelables créent également des emplois dans le financement, la distribution, l’installation et l’entretien des systèmes d’énergie renouvelable. Le Sénégal est un exemple de l’efficacité de ces programmes. Dans ce PMA, les projets d’électrification rurale utilisent les énergies renouvelables (PNUE, CNUCED et UN-OHRLLS 2011, 6). De plus, les programmes d’efficacité énergétique dans le secteur de la construction réduisent de façon considérable les niveaux nécessaires de chauffage et de climatisation dans les bâtiments rénovés, réduisant ainsi les factures d’électricité, créant des emplois locaux et diminuant les pressions sur la génération de courant (OIT, PNUE, CSI et IOE 2008, 10). Dans les PMA, où 77 % de la population n’a pas d’accès adéquat à l’électricité, les énergies renouvelables peuvent créer des emplois et offrir l’électricité aux communautés les plus pauvres à des prix abordables (et sans avoir à construire un réseau d’électricité national). 3.1.2. Exploitation agricole familiale Les investissements au niveau de l’agriculture familiale peuvent aider à améliorer les conditions de travail et de vie des agriculteurs et agricultrices et de leurs familles dans les PMA. Dans les exploitations familiales – de préférence biologiques – les fermiers, les travailleuses et les travailleurs agricoles sont moins exposés aux produits chimiques dangereux que dans les fermes conventionnelles/industrielles. (De plus, la tendance évolue vers plus d’exigence qualitative à l’égard des produits de la part du public.) L’agriculture biologique est aujourd’hui pratiquée sur 37 millions d’hectares, dans 160 pays, et a presque quadruplé au cours des dix dernières années. Le nombre de producteurs biologiques est en pleine expansion dans les PMA, particulièrement dans les pays africains comme le Burkina Faso, l’Éthiopie, la Tanzanie et l’Ouganda. Le prix des produits issus de l’agriculture biologique est généralement plus élevé que celui des produits agricoles conventionnels. En Ouganda, par exemple, les études ont montré qu’en 2006, le prix de vente à la ferme de l’ananas, du gingembre et de la vanille biologiques était respectivement 3 fois, 1,85 fois et 1,5 fois plus élevé que celui des produits issus de l’agriculture conventionnelle (PNUE, CNUCED et UN-OHRLLS 2011, 7-11). Si les prix à la ferme sont favorables aux agriculteurs, les politiques qui favorisent l’agriculture biologique doivent garantir aux communautés locales et aux personnes les plus pauvres un vrai accès à des produits de qualité. En d’autres termes, les stratégies d’investissements doivent veiller à ce que les produits agricoles de qualité soient, avant toute chose, accessibles aux populations locales. 3.1.3. Autres secteurs Les investissements dans les transports publics contribuent de façon significative à un modèle de développement juste et durable. Premièrement, des réseaux de transport public plus denses et pAgE 7 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique plus efficaces permettent aux travailleuses et aux travailleurs de se rendre facilement sur leur lieu de travail. Deuxièmement, l`accès a de nouvelles zones géographiques permet aux travailleuses et aux travailleurs, de façon indirecte, de trouver de meilleures opportunités de travail. Troisièmement, les investissements dans les transports publics créent de nouveaux emplois dans le secteur du transport. Enfin, ils réduisent les niveaux de pollution dans les zones urbaines et, de ce fait, améliorent globalement la santé publique. Les investissements dans les systèmes de santé publique peuvent aussi jouer un rôle important dans le processus de Transition Juste. Correctement ciblés, les investissements dans la gestion des déchets, par exemple, aident à protéger l’environnement et la santé publique, et dans certains cas, à améliorer les conditions de travail. Au lieu de travailler de façon informelle sans protection sociale ni équipement de protection, les ramasseurs de déchets, par exemple, pourraient être embauchés par des entreprises publiques qui garantissent de bonnes conditions de travail et un salaire adéquat à ses employés. Dans le domaine de la gestion de l’eau, les investissements dans le contrôle des inondations et les systèmes d’alerte précoces (pour les catastrophes naturelles) contribuent également à la santé publique, la sécurité et à des emplois stables. Étant donné leur importance, les stratégies d’investissements susmentionnées doivent être le résultat de politiques publiques concertées qui incluent les différents partenaires sociaux et représentants de la communauté. Comme nous le verrons dans la sous-section suivante, deux enjeux majeurs pour les pays vulnérables et à faible revenu sont : (1) le financement de projets à long terme dans l’intérêt public (indépendamment de leur viabilité économique à court terme) ; (2) l’attraction d’investissements de la part des donneurs internationaux pour des initiatives qui ne bénéficient pas toujours de la même visibilité que d’autres projets de développement plus traditionnels. 3.2. Investissements publics et privés pour atténuer les effets du changement climatique L’État a un rôle fondamental à jouer dans la promotion d’un modèle de développement plus résilient, durable plus respectueux de l’environnement et plus juste socialement. Un grand nombre de mesures structurelles d’adaptation essentielles ne peuvent être entreprises que grâce à des investissements publics (Pacte Mondial des Nations Unies, PNUE, Oxfam, WRI 2011, 9). Les investissements publics doivent cibler les projets qui augmentent la résilience, améliorent la qualité des services publics et promeuvent la création d’ emplois décents. Alors que la contribution de l’État sera centrale, le secteur privé devra aussi participer à l’effort collectif. Les entreprises devront intégrer plus systématiquement la dimension du changement climatique et des approches à long terme dans leurs stratégies d’investissement. Plusieurs études ont démontré que le financement de l’adaptation et de la résilience sont des approches sensées d’un point de vue économique. Le Vietnam (même s’il ne fait pas partie des PMA) est un exemple pertinent. L’étude d’un projet de plantation de palétuviers conçu pour protéger les populations côtières des houles lors des tempêtes au Vietnam a évalué les profits économiques des investissements verts à 52 fois plus élevés que ceux obtenus par le biais de stratégies d’investissement traditionnelles (Pacte mondial des Nations Unies, PNUE, Oxfam, WRI 2011, 16). 3.2.1. Sources internationales de financement Un nombre important de sources innovantes de financement pour les emplois verts et décents et pour la résilience climatique existent au niveau international. Parmi les plus régulièrement citées, on trouve l’Aide Publique au Développement (APD) (a), la finance climatique (b) et les envois de fonds à l’étranger (c). (a) Aide Publique au Développement La première, et peut-être la source de financement international la plus évidente est le financement officiel versé avec la promotion du développement économique et du bien-être des pays en voie de développement comme objectif principal : l’Aide Publique au Développement (APD). Certaines conditions essentielles doivent être remplies pour que l’APD contribue au processus de Transition Juste. Premièrement, les pays développés doivent respecter leurs engagements d’allouer 0,7 % de leur PIB à l’APD. Deuxièmement, l’APD doit intégrer le changement climatique et ses effets potentiels. Selon des études récentes datées de 2007, entre 17 % et 33 % de toute l’APD était vulnérable aux effets du changement climatique (PNUD 2007, 191). Pour que les investissements soient adaptés aux conditions climatiques changeantes (c.-à-d. un barrage hydroélectrique dans une zone propice aux sécheresses), l’aide programmatique (à travers des stratégies de planification et de budget nationaux) devra être privilégiée par rapport à l’assistance basée sur des projets. A Kiribati, dans l’océan Pacifique, par exemple, le Gouvernement a collaboré avec des donneurs pour intégrer les risques liés au changement climatique dans les stratégies de planification nationale, par le biais de comités ministériels de haut niveau et de programmes d’assistance page 8 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique des donneurs qui prennent spécifiquement en compte les priorités établies dans les programmes nationaux (PNUD 2007, 196). Selon l’OCDE, les donneurs ont aussi une responsabilité cruciale lorsqu’il s’agit d’aider les pays à surveiller les conditions climatiques actuelles et à évaluer les impacts futurs du changement climatique au niveau national (OCDE 2009, 19). Une surveillance du climat plus poussée est bénéfique aux travailleuses et travailleurs et à leurs communautés. Au Mali, par exemple, le service de météorologie national a développé un programme transmettant les informations relatives aux précipitations et à l’humidité du sol aux agriculteurs. Dans les régions qui ont bénéficié de cette information, les rendements et les revenus ont augmenté de manière significative (PNUD 2007, 174). (b) Finance climatique Dès que les pays développés reconnaissent leur plus grande responsabilité envers le changement climatique par rapport aux pays en voie de développement, ils doivent aussi être prêts à financer leur part de mesures d’adaptation au changement climatique dans les pays en voie de développement (dont les PMA). De nombreuses problématiques doivent être adressées pour garantir que ces nouveaux mécanismes financiers améliorent efficacement la résilience des PMA au changement climatique et favorisent un nouveau modèle de développement centré sur la justice sociale. Selon l’ONU, au moins 86 milliards de dollars US par an seront nécessaires d’ici à 2015 pour pouvoir répondre correctement aux besoins en matière d’adaptation des pays en voie de développement.4 En 2010, les pays développés ont promis de mobiliser 100 milliards de dollars US par an d’ici à 2020 (sans fournir de précisions sur les sommes qui seraient dépensées pour l’adaptation). Cet objectif peut être atteint. Il représente moins d’un dixième des dépenses militaires des pays développés (PNUD 2007, 194). Cependant, sur un total de 30 milliards de dollars US promis aux pays en voie de développement pour l’adaptation au changement climatique dans le cadre du “Fast start finance”, le programme de financement accéléré pour la période 2010-2012, seulement entre 11% et 16 % des fonds ont réellement été consacrés à l’adaptation. Ceci représente la maigre somme de 3 milliards de dollars US (Ciplet et al. 2010,1). Plusieurs facteurs détermineront dans quelle mesure ces ressources peuvent contribuer à une Transition Juste (entre autres, des questions de 4. Cette somme n’inclut pas les investissements dans les énergies propres, dans l’exploitation durable des forets et dans d’autres secteurs liés à l’atténuation. gouvernance et de sources de financement). Afin d’assurer une gouvernance convenable, une proposition a été faite en faveur d’un « Fonds Vert pour le Climat » (FVC) qui comporterait une représentation équitable entre pays développés et ceux en voie de développement. Pour qu’il réussisse , le Fonds devra être ouvert, transparent, tenu responsable et dirigé de façon démocratique (donnant une voix aux personnes les plus vulnérables à travers le monde). Les ressources du FVC devront faire part des plans de développement nationaux qui devront être formulés, mis en œuvre et révisés en collaboration étroite avec les organisations de la société civile. Malheureusement, au moment de la rédaction du présent rapport, on ne connaît pas la part des 100 milliards de dollars US promis qui passera par le Fonds, ni la contribution des partenaires de la société civile à son fonctionnement. Une autre question importante concerne les sources de financement. Il y a un risque réel de voir certains des fonds de l’APD changer de destination pour être alloués uniquement au climat et de voir les financements liés au climat doublement comptés comme de l’APD et de la finance climatique. Le fonds doit fournir aux pays développés des directives claires afin d’éviter de tels phénomènes. Il doit aussi être capable de mettre en place des mesures disciplinaires, au cas où ces directives ne soient pas mises en application. Le FVC pourrait être approvisionné par l des sources innovantes de financement (une Taxe sur les Transactions Financières (FTT en anglais), des taxes sur le transport aérien et maritime avec des compensations pour les PMA, entre autres), complétées par des contributions supplémentaires de la part des gouvernements nationaux. La structure de la gouvernance et les sources de financement devront garantir que les PMA reçoivent l’intégralité des fonds promis, et que le financement public répondront aux besoins des populations, en particulier en termes d’adaptation. (c) Envois de fonds à l’étranger Au-delà des accords bilatéraux et multilatéraux, les envois de fonds à l’étranger des migrants internationaux pourraient également contribuer à des stratégies de développement résilient. Il va sans dire que la responsabilité du développement incombe, avant toute chose, au gouvernement et que les envois de fonds – des transferts privés d’argent entre particuliers (amis et famille) – doivent seulement compléter les stratégies menées par l’État. Cependant, les envois de fonds peuvent contribuer à l’effort global et à financer des projets de développement entrepris par l’État. Le programme mexicain « Dos por Uno » est un exemple pertinent d’une initiative coordonnée entre gouvernement et migrant (bien que le Mexique ne soit pas un pAgE 9 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique PMA). Pour chaque peso qu’une travailleuse ou un travailleur migrant dépose dans le fonds « Dos por Uno », le Gouvernement fédéral du Mexique et les pouvoirs publics dépensent deux pesos dans des travaux publics qui améliorent le bien-être collectif, comme la construction ou la rénovation de centres de santé (El Universal 2006,1). Pour qu’ils réussissent et pour qu’ils encouragent les migrantes, les migrants et les communautés bénéficiaires à contribuer à la mise en place du programme, les projets sur les envois de fonds doivent être gérés de façon transparente. Combinées, ces sources internationales de financement du développement peuvent contribuer de manière significative à l’adaptation des PMA au changement climatique et à des modèles de développement plus résilient. Malheureusement, les sources internationales de financement seules ne seront pas suffisantes. Des stratégies nationales et des sources de financement innovantes devront être mises en place. Celles-ci incluent, entre autres, la réforme des systèmes fiscaux nationaux, la suppression de certaines subventions (comme les subventions sur les combustibles fossiles) et une meilleure intégration du changement climatique dans les stratégies de développement nationales. résilience au changement climatique. Ce fonds est géré et mis en place par l’État avec le soutien et la participation de ses partenaires de développement et de la société civile (Martinez et Bastemeijer 2011, 285). Dans les deux cas, nous devons, en tant que syndicats, faire en sorte que les fonds pour la résilience au changement climatique soient gérés de façon démocratique et transparente. 3.2.2. Sources nationales de financement (c) Repenser les subventions aux combustibles fossiles La question de l’équité doit être intégrée dans les décisions visant à transformer les subventions aux combustibles fossiles. Les gouvernements des PMA utilisent une part substantielle de leurs ressources financières pour subventionner les combustibles fossiles. Malgré que les bénéfices financiers liés à la réduction des subventions aux combustibles fossiles soient évidents, leurs effets néfastes sur les foyers les plus pauvres qui comptent sur le faible coût des combustibles fossiles ne doivent pas être négligés. Les gouvernements, en consultation avec les syndicats et les communautés, doivent compenser les pertes pour les foyers les plus pauvres à travers des subventions nouvelles qui leur sont spécifiquement destinés. Le Ghana représente une expérience instructive (bien que ne relevant pas d’un PMA). Le gouvernement a utilisé les résultats d’une analyse de l’impact social et sur la pauvreté (en 2005) qui a démontré que les personnes aux revenus les plus élevés ont tendance à bénéficier le plus des subventions pétrolières . Par conséquent, le gouvernement ghanéen a organisé un débat public et parlementaire pour débattre spécifiquement de la réforme des subventions. Suite au débat, le gouvernement ghanéen n’a pas seulement réduit ses subventions pétrolières, mais, en parallèle, il a supprimé les frais de scolarité dans les écoles primaires et secondaires. Il a (a) Transformer les impôts sur les sociétés Au niveau national, les investissements nécessaires dans le domaine de la résilience au changement climatique et des emplois verts et décents pourraient provenir de politiques fiscales progressives. Les impôts sur les entreprises doivent être augmentés (tout particulièrement les taxes sur les entreprises qui dépendent de l’utilisation et de l’extraction de ressources naturelles). Les recettes publiques augmenteraient de façon significative dans les PMA grâce à l’instauration (ou l’augmentation) de taxes sur les ressources naturelles. Un exemple pertinent nous vient d’ Équateur (bien que ce ne soit pas un PMA). Afin d’augmenter les dépenses sociales, le gouvernement équatorien a augmenté la taxe sur les profits pétroliers imprévus (en septembre 2007), augmentant le taux de 99 % sur la différence entre le prix réalisé et le prix fixé par contrat (ajusté suivant l’inflation) – une augmentation de 49 % par rapport au taux de 50 % établi l’année précédente. Dans le cas des pays privés de ressources naturelles, les gouvernements peuvent récolter des fonds pour le changement climatique en mobilisant un pourcentage de leurs recettes globales. Le Bangladesh a déjà pris cette initiative. En juin 2010, le gouvernement, en collaboration avec ses partenaires de développement, a mis en place un Fonds de (b) Réformer les impôts fonciers et les impôts sur le revenu En plus des mesures susmentionnées, les impôts sur le revenu et les impôts fonciers pour les populations les plus aisées dans les PMA doivent également être augmentés (et dans certains cas mis en place). Afin de réduire la vulnérabilité et d’encourager un modèle de développement résilient et juste au niveau social et environnemental, une solidarité fiscale entre les riches et les pauvres est essentielle. Les politiques budgétaires doivent aspirer à une distribution plus équitable des ressources. Les réponses au changement climatique doivent adresser les causes sous-jacentes de la vulnérabilité sociale, vulnérabilité dont une composante clé est la redistribution injuste de la richesse (Kelly et Adger 2004, 325). page 10 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique également augmenté les fonds disponibles pour les soins de santé primaires et pour les programmes d’électrification rurale (PNUE, CNUCED et UN-OHRLLS 2011, 10). En agissant de la sorte, il a pu veiller à ce que les effets sociaux néfastes liés à la réduction des subventions soient compensés. (d) Intégrer le changement climatique dans les stratégies de développement nationales L’adaptation au changement climatique et le soutien aux travailleuses et aux travailleurs et à leurs communautés doivent constituer une partie intrinsèque des stratégies de développement nationales. Aujourd’hui, de nombreux investissements publics ne sont ni résilients au changement climatique, ni porteurs de création d’emplois décents. Si ces deux aspects étaient mieux incorporés aux plans de développement, les possibilités de développement durable, de justice sociale et de résilience au changement climatique augmenteraient de façon significative. Ne pas inclure le changement climatique dans les plans de développement augmente la vulnérabilité des grands projets d’infrastructures et d’activités agricoles, tout en diminuant leur rentabilité. Au Cambodge, par exemple, les réseaux routiers ont été développés sans prendre en compte les fortes probabilités d’inondations résultant du changement climatique. Le gouvernement Cambodgien n’ayant pas intégré le changement climatique et le besoin d’adapter les projets d’infrastructure publique en conséquence dans ses stratégies de développement, les travaux ont coûté plus cher que si toutes ces informations avaient été intégrées dès le début des projets. Les estimations prévoient que 10 millions de dollars US supplémentaires devront être dépensés afin de construire des vannes et des dalots adéquats (PNUD 2007, 175). Les plans de développement des zones côtières qui n’intègrent pas les risques d’élévation du niveau de la mer mettent en danger la vie des populations, les infrastructures de base et des secteurs entiers de l’économie (OCDE 2009, 4). Il faut également souligner le fait que les stratégies d’adaptation au changement climatique offrent de nouvelles opportunités d’emplois, et de ce fait, contribuent à une stratégie de développement résilient. C’est notamment le cas dans le domaine de la santé et de l’éducation (à travers la construction et le fonctionnement des centres de santé et des écoles par exemple). changement climatique, qui toucheront les lieux de production et d’habitation et les emplois. Il est fondamental que les communautés, les travailleurs, les femmes et les autres acteurs concernés soient consultés, afin d’exprimer leurs inquiétudes et de soumettre leurs alternatives, et qu’ils soient complètement impliqués dans la conception et la mise en application des politiques en matière d’adaptation et de développement durable. En d’autres termes, la concertation et le respect des droits de l’homme et du travail sont fondamentaux pour que la transition vers un futur plus durable soit inclusive, juste et efficace. (a) Les normes du travail La mise en application des Normes Fondamentales du Travail de l’OIT et d’autres normes du travail est essentielle pour garantir une Transition Juste dans les PMA. En proposant un ensemble de règles et de réponses aux enjeux rencontrés par les gouvernements, les travailleurs et les employeurs dans les domaines de l’emploi et des lieux de travail, les normes du travail5 contribuent grandement à la réglementation des marchés du travail nationaux. Les Normes Fondamentales du Travail de l’OIT incluent la liberté d’association et le droit à la négociation collective, l’éradication du travail forcé et obligatoire, l’abolition du travail des enfants et l’élimination des discriminations sur le lieu de travail. (b) Démocratie Il est clair que bien qu’essentiel, le respect des droits du travail ne garantira pas à lui seul un niveau suffisant d’engagement publique vers la construction de sociétés véritablement résilientes. Ce dernier objectif ne peut être atteint qu’à travers des systèmes démocratiques (des systèmes de gouvernance transparente et responsable, une plus grande égalité entre hommes et femmes). Des parlements élus de façon démocratique, une société civile active et des syndicats représentatifs et pluralistes sont des composants clé pour garantir le soutien populaire indispensable à une transition durable vers un modèle de développement résilient. Les décideurs politiques doivent veiller à ce que les femmes aient une représentation et une participation égales à celles des hommes dans les 5. Sur le lieu de travail, les conventions de l’OIT offrent 3.3. Conditions préalables pour une Transition Juste dans les PMA 3.3.1. Droits, démocratie et dialogue social Les communautés dans les pays vulnérables devront faire face à d’énormes enjeux liés au des lignes directrices légales très utiles en termes de participation des travailleuses et des travailleurs dans la prise de décision. Deux de ces conventions fondamentales sont des bases légales pour la participation dans la prise de décision. L’une est la Convention n°87 sur la Liberté d’association et le droit à la négociation collective (1948) et l’autre est la Convention n°98 sur le Droit d’organisation et de négociation collective. pAgE 11 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique parlements, dans les positions ministérielles de haut rang, dans les agences de développement nationales et internationales, etc. et qu’elles puissent travailler sans subir de discriminations. (c) Droits de l’homme L’obtention de droits humains, politiques, sociaux, culturels et d’égalité entre hommes et femmes, donne du pouvoir aux communautés vulnérables et les aide de façon indirecte à faire face aux défis liés au changement climatique. Par effet de miroir, cela contribue à la réduction de leur vulnérabilité globale. Le problème majeur est que, dans beaucoup de cas, les personnes ne connaissent pas leurs droits. Il est donc nécessaire pour les décideurs politiques et les organisations de la société civile (dont les syndicats) non seulement de protéger les droits existants et de demander de nouveaux droits pour les travailleuses, les travailleurs et leurs communautés, mais aussi de veiller à ce que l’information et l’assistance juridique soient accessibles à tous. Les droits de l’homme sont particulièrement importants dans le contexte du changement climatique. Par exemple, lorsque l’on octroie des droits fonciers adaptés aux communautés, et qu’elles en sont bien informées, elles occupent moins de campements informels dans des zones exposées. Les communautés sont aussi moins victimes d’évictions non-négociées. Un bon exemple (bien que ne provenant pas d’un PMA) se trouve en Thaïlande et au Sri Lanka. Après le tsunami de 2004, les autorités locales se sont empressées d’utiliser la catastrophe comme excuse pour expulser les pêcheurs de leurs campements côtiers, les remplaçant par de grands complexes hôteliers (Klein 2010, 1). Si les personnes ne sont pas informées de leurs droits, les événements directement imputables au changement climatique (sécheresses, élévation du niveau de la mer, etc.) peuvent mener à des évictions forcées de communautés de leur terres natales. Même si elles ne sont pas obligées de partir, les droits des populations locales (droits à un abri, aux provisions de base, à l’emploi, à l’éducation) devront toujours être protégés pour qu’elles puissent reconstruire leur vie et offrir un avenir meilleur à leurs enfants. (d) Dialogue social Le dialogue social et une participation importante des travailleuses et travailleurs et d’autres acteurs de la société civile à la planification et à la mise en application des mesures d’adaptation sont cruciaux puisqu’ils donnent lieu à des politiques plus inclusives et efficaces. Une participation forte augmente les chances que les dimensions sociales et celles du travail soient adéquatement intégrées dans les stratégies d’adaptation (OIT 2011a, 2-3). Des structures et des processus efficaces de dialogue social peuvent réellement faire la différence dans la lutte contre le changement climatique. Ils favorisent la bonne gouvernance, encouragent la paix sociale et stimulent le progrès économique (PNUE et Sustainlabour 2008, 89-90). La participation des syndicats aux initiatives de dialogue social sur le changement climatique et la Transition Juste améliore aussi les connaissances et les compétences de la base sur le changement climatique, permet aux travailleuses et aux travailleurs d’intégrer la question du changement climatique dans leurs activités syndicales et notamment sur les lieux de travail , et de participer de façon plus active et efficace aux processus politiques complexes. Selon une étude récente de l’OIT sur les discussions tripartites sectorielles en Espagne sur le changement climatique, le dialogue social contribue à renforcer les connaissances, le dialogue et la confiance mutuelle entre les parties. Ceci conduit les partenaires sociaux et les décideurs politiques à mieux appréhender les enjeux et les opportunités futurs. En d’autres termes, le dialogue social minimise les risques de conflit social et, grâce à son approche consensuelle , donne lieu généralement à des solutions politiques plus efficaces et à de meilleurs résultats (OIT 2010a, 9). 3.3.2. Formation et développement des compétences La transition dans les PMA d’une situation dans laquelle le changement climatique a des effets négatifs sur les travailleuses et les travailleurs et leurs communautés vers une situation dans laquelle les populations locales, grâce à une protection sociale adéquate et à un emploi décent, non seulement s’adaptent au changement climatique mais aussi sortent de la pauvreté, nécessite un meilleur accès à une éducation de qualité et à la formation professionnelle. (a) Accès à une éducation de qualité Des systèmes éducatifs financés par l’État sont le pivot de toute stratégie de Transition Juste. De nombreuses études ont souligné que l’éducation donne du pouvoir aux communautés vulnérables et réduit leur vulnérabilité globale. Le gouvernement a un rôle majeur à jouer pour élever les niveaux éducatifs et augmenter l’accès à l’éducation des populations les plus vulnérables, particulièrement les femmes. L’éducation est particulièrement importante dans les communautés rurales. Les changements dans les périodes de précipitations, par exemple, implique que les agricultrices et les agriculteurs ne savent plus quand semer, augmentant le risque de mauvaises récoltes et de crise alimentaire généralisée. Ces nouvelles circonstances nécessitent des programmes d’éducation et de formation qui ciblent spécifiquement les communautés rurales, des communautés qui page 12 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique sont généralement mal équipées pour faire face aux conséquences sectorielles du changement climatique (Palitza 2011, 1). Des systèmes éducatifs bien adaptés et correctement financés aident les travailleuses et travailleurs non seulement à s’adapter au changement climatique mais aussi à améliorer leurs perspectives de carrière. Assortis à des programmes de recherche et développement nationaux et internationaux, l’ enseignement supérieur peut aussi aider les PMA à innover et à développer leurs propres technologies et processus innovants qui répondent mieux à leurs besoins géographiques et sectoriels.6 (b) Formation professionnelle Avec le soutien des employeurs et des syndicats, les gouvernements doivent adapter et, si besoin est, mettre en place des instituts de formation professionnelle pour les travailleuses et travailleurs formels et informels, et les chômeurs. Le changement climatique et ses conséquences concrètes pour les travailleuses et travailleurs devraient être systématiquement inclus dans les programmes et les manuels de formation. Afin d’adapter les lieux de travail au changement climatique, des compétences « vertes » appropriées, traditionnelles et innovantes, devraient faire partie des programmes de formation. En plus de résoudre le problème de pénurie de travailleuses et travailleurs qualifiés, les mesures d’adaptation créent de nouvelles opportunités d’emploi et aident les travailleuses et les travailleurs à rester «employables » au fur et à mesure que l’économie évolue. Elles fournissent aussi aux travailleuses et travailleurs informels et aux chômeurs des opportunités d’emploi formel, aident les communautés vulnérables à diversifier leurs sources de revenu et permettent aussi aux investissements verts de déployer tout leur potentiel. A cet égard, les employeurs ont à la fois un intérêt particulier et une responsabilité en ce qui concerne le financement de programmes de formation de leurs employés dans les nouveaux secteurs « verts ». 3.4. La protection sociale et la transformation du marché informel 3.4.1. Protection sociale Dans les PMA, ceux qui sont les plus exposés aux effets du changement climatique manquent souvent de protection sociale adéquate. Des systèmes de protection sociale convenables offrent un niveau élevé de protection à tous, sans tenir compte de l’origine sociale, du sexe ou de la localisation géographique. Une des conséquences du changement climatique est que les mesures de protection sociale vont devenir primordiales si nous devons protéger les groupes les plus vulnérables dans les PMA (Martin Murillo 2011, 27). Les programmes de protection sociale jouent un rôle décisif durant les périodes d’instabilité économique qui suivent généralement les catastrophes naturelles. Selon l’OIT, la protection sociale, sous forme de programmes pour les chômeurs, d’assistance sociale et de travaux publics, aide à prévenir le chômage de longue durée et raccourcit la durée des récessions économiques (OIT 2010b, 6). Il est important de souligner que les programmes d’emploi doivent intégrer les questions d’égalité hommes-femmes. Des études de cas dans six pays africains ont démontré que les programmes d’emploi dans le secteur agricole n’incluaient pas les femmes (Heinrich Böll Stiftung 2010, 73). Les systèmes de protection sociale créent aussi un large éventail d’opportunités d’emploi. La construction de centres médicaux, par exemple, crée des emplois pour le personnel médical, les travailleurs et travailleuses du bâtiment, les aides ménagères, etc. Le débat international actuel sur le Socle de Protection Sociale (SPS)7 est particulièrement pertinent pour les PMA. Le SPS propose une série de droits de transferts et de services sociaux fondamentaux dans des domaines tels que l’emploi, la santé, l’eau et l’assainissement, la nutrition, l’éducation et le soutien familial. Ces services protègent et donnent du pouvoir aux communautés vulnérables, les aidant à sortir de la pauvreté. Afin que le SPS soit efficace, les politiques doivent être organisées et combinées de façon à aider principalement les plus vulnérables (dont les femmes, les enfants et les jeunes) (OIT 2011b, 1). Des études ont montré qu’en moyenne, le SPS coûterait moins de 2 % du PIB d’un pays, un petit prix à payer au vu des millions de personnes qui sortiraient de la pauvreté. Il est aussi primordial de s’assurer que le SPS contribue à la construction d’un système de protection sociale plus ambitieux, à travers une extension horizontale (pour couvrir le plus de citoyens possible) ainsi qu’une extension verticale (pour augmenter la quantité et la qualité des 7. Le Socle de Protection Sociale est débattu dans de 6. Ces efforts nationaux doivent être complétés par un « programme d’innovation international ». Une plus grande coopération et plus d’échanges entre les programmes de recherche nationaux et internationaux peuvent s’avérer mutuellement bénéfiques. nombreuses organisations comme l’OIT et le G20, et comportera probablement quatre piliers (retraites, chômage, santé et protection de la mère et de l’enfant), auxquels pourraient être rajoutés l’assainissement, le logement et l’éducation. pAgE 13 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique aides fournies) de la couverture de la sécurité sociale, tout en portant une attention particulière au besoin essentiel de travail décent et de participation des partenaires sociaux dans la conception d’un tel système. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le changement climatique justifie fortement le renforcement des programmes de protection sociale nationaux. Pour le Programme, quatre domaines sont particulièrement importants : les programmes pour l’emploi, les transferts d’argent liquide, les transferts de biens (ou transferts liés à la crise) et les transferts liés à l’assurance (PNUD 2007, 178). Une expérience instructive (bien que ne provenant pas d’un PMA) est l’Acte de Garantie d’Emploi Rural National d’Inde de 2005, un programme d’emploi qui contribue à une Transition Juste. L’Acte garantit aux travailleurs et travailleuses 100 jours de travail par an au salaire minimum pour chaque foyer en milieu rural. En plus de garantir des revenus stables pour les travailleurs et travailleuses vulnérables, il permet aussi aux communautés de choisir de façon collective le type de travaux publics qu’elles veulent effectuer au niveau local. Il est intéressant de remarquer que la plupart des communautés choisissent des projets liés à l’environnement (comme la gestion et la conservation de l’eau). Un autre exemple de programme de protection sociale qui contribue à réduire la vulnérabilité au changement climatique est l’initiative lancée par le Sierra Leone Labour Congress (Congrès des Syndicats du Sierra Leone) qui a créé un programme d’assurance et d’épargne qui protège les commerçants contre les risques auxquels ils s’exposent lorsqu’ils transportent leurs marchandises en haute mer, des risques qui vont probablement s’amplifier avec le changement climatique. Des systèmes de protection sociale bien financés et fonctionnant correctement ne doivent pas être réservés aux pays riches. Alors qu’il peut être qualifié comme pays en voie de développement (en 2005 son PIB annuel par personne était de 319 $), le Kirghizistan, par exemple, à mis en place son propre système public de protection sociale. En 2002, il représentait seulement 3 % de son PIB (Green 2008, 209). Dans le contexte actuel d’instabilité climatique, cette somme sera facilement récupérée car elle évite des pertes énormes lors d’événements induits par le changement climatique. La commission africaine de hautniveau, parrainée par le gouvernement britannique, a démontré que les coûts d’une protection sociale préventive sont inférieurs à ceux induits par les mesures nécessaires pour répondre aux crises (Green 2008, 212). Pour les PMA qui ne sont pas en mesure de financer un système de protection sociale entier, des études ont montré qu’une approche progressive peut aboutir à des résultats impressionnants. En commençant par des initiatives qui répondent aux besoins les plus pressants, les programmes peuvent progressivement être étendus et adaptés aux priorités nationales, et aux capacités financières et administratives . En 1995, le Népal, par exemple, a instauré un programme de retraite qui proposait une pension de retraite aux hommes et aux femmes de plus de 75 ans. Récemment, ce seuil a été abaissé à 70 ans. Cet exemple démontre que des mesures ciblées et progressives peuvent avoir des effets positifs (UN NGLS 2011, 1). 3.4.2. Transformation des emplois informels en emplois décents L’emploi informel représente une partie majeure de l’emploi global dans les PMA. Au Sénégal, par exemple, 90 % de tous les emplois sont dans l’économie informelle. Comme la protection sociale n’est accordée qu’aux travailleuses et travailleurs du secteur formel, cela signifie que les travailleurs et travailleuses informels n’ont accès ni à la sécurité sociale ni au chômage. En ne déclarant pas leurs employés, les employeurs ne contribuent pas à établir une solidarité entre riches et pauvres. Cette absence de droits et de protection sociale entraîne une haute vulnérabilité des travailleuses et travailleurs informels au changement climatique. Une priorité pour les PMA est de transformer le travail informel en travail décent. Dans certains pays, pour tenter de supprimer l’économie informelle, les gouvernements ont commencé à promouvoir de façon active des stratégies d’emploi décent. Parmi les exemples concernés (bien que ne provenant pas de PMA) il y a la Bolivie, le Pérou et l’Équateur où les gouvernements formalisent la situation des travailleuses et travailleurs du recyclage et améliorent leurs conditions de travail en créant des cadres institutionnels et des infrastructures gérées par la communauté, et par la mise en place de coopératives et d’un large dialogue social (CEPALC et OIT 2010, 11). Au Sénégal, le CNTS met en place des programmes de formation pour les travailleurs et travailleuses informels et mène des campagnes de sensibilisation pour souligner les avantages à être syndiqué. 3.5. Comprendre les enjeux à venir Une Transition Juste dans les PMA exige que les travailleuses et les travailleurs reçoivent une vraie information sur les enjeux, en particulier sur la manière dont leurs conditions de vie seront affectées par les changements et la manière dont ces menaces peuvent être transformées en opportunités. Le manque actuel de données sur de tels aspects freine un engagement plus poussé des page 14 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique travailleuses et des travailleurs, des syndicats et des communautés impliquées dans les processus politiques sur le changement climatique. 3.5.1. Le droit à l’information Une connaissance adéquate et l’accès à l’information sur les questions liées au changement climatique sont nécessaires s’il doit y avoir une participation publique véritable dans les processus de prise de décisions afférents. Les gouvernements et les entreprises doivent informer le public de leurs procédures et leurs activités dans le domaine du changement climatique. Les citoyens doivent pouvoir, et être encouragés , à les rendre responsables, particulièrement lorsqu’ils cachent des informations sur leurs activités. Cela comprend l’évaluation des impacts du changement climatique (en particulier ses impacts socio-économiques et sur l’emploi), des informations sur les processus de prise de décisions, les négociations climatiques et les programmes de financement du changement climatique. Il est essentiel que de telles informations soient mises à la disposition de la plus large audience possible (utilisateurs techniques et nontechniques) (Heinrich Böll Stiftung 2010, 33). 3.5.2. Comprendre les impacts du changement climatique sur les marchés du travail Des effets secondaires négatifs sont à prévoir en conséquence des politiques en matière de climat. Le but et la valeur ajoutée des politiques de Transition Juste découlent du fait qu’elles visent à traiter ces effets secondaires en veillant à ce que tout le monde bénéficie des transformations nécessaires dans le système productif. Afin d’évaluer les risques, il est nécessaire d’entreprendre des initiatives de recherche et des évaluations préalables sur les impacts sociaux et sur l’emploi du changement climatique ainsi que des politiques et des investissements liés à ce dernier. Cela encouragera les acteurs sociaux à s’impliquer activement dans la planification du processus de transition. Cela aidera aussi les décideurs politiques à compenser de façon appropriée les « perdants » en leur trouvant de nouveaux et de meilleurs emplois pour compenser ceux qui seront inévitablement perdus. 3.5.3. Identifier les priorités locales Afin de mieux comprendre les impacts du changement climatique et des stratégies d’adaptation sur les systèmes de production, des travaux de recherche devront être conduits de façon indépendante, et, le cas échéant, s’appuyer sur les connaissances locales déjà acquises. La vulnérabilité au changement climatique est une expérience locale et les politiques en matière de climat (dans le domaine de l’adaptation et dans celui de la promotion d’un développement à faibles émissions de carbone) doivent être adaptées aux contextes locaux. Il en va de même pour le cadre de la Transition Juste. Il y a actuellement un manque de recherches et de données reflétant les réalités locales et permettant de formuler des politiques de changement climatique dans les PMA. En Afrique, par exemple, la plupart des universités et des instituts de recherche possèdent leurs propres équipes d’experts techniques et de programmes de recherche dans le domaine du changement climatique. Cependant, dans un grand nombre de cas, les institutions gouvernementales et les décideurs ne se servent pas de ces résultats de recherche ni de ces compétences locales et privilégient l’assistance technique et l’expertise scientifique étrangères. (Heinrich Böll Stiftung 2010, 87). 3.5.4. Mettre en place des plans de diversification économique Les stratégies de diversification économique sont essentielles pour protéger de façon adéquate les communautés vulnérables et réduire leur exposition aux risques liés au climat. Des opportunités d’emploi diverses et accessibles doivent être proposées aux travailleuses et aux travailleurs si leur situation venait soudainement à se détériorer à cause du changement climatique ou des politiques liées au climat. Les agriculteurs et agricultrices, par exemple, doivent pouvoir diversifier leur production et avoir accès à des semences à prix abordables et résistantes à la sécheresse. De façon plus générale, les stratégies économiques nationales doivent tourner le dos à la simple production de denrées de base (qui ont un faible potentiel de croissance). Elles doivent formuler et introduire, en consultation avec les partenaires sociaux, une stratégie qui promeut les industries, l’agriculture et les services à faibles émissions de carbone et résilients au changement climatique . Les décideurs politiques doivent promouvoir les investissements dans les secteurs de l’économie verte (au potentiel élevé). Comme l’a démontré une étude récente, dans les PMA, la diversification économique et les investissements dans le secteur des services (commerce en ligne, développement de logiciels, etc.) créent des emplois décents, favorisent le développement et contribuent de façon significative à l’adaptation au changement climatique (CICDD 2009, 9-10). Une politique de diversification proactive doit chercher à créer des opportunités d’emplois décents dans les secteurs verts. Les secteurs des énergies renouvelables, par exemple, nécessitent une main d’œuvre importante, non seulement dans le domaine du bâtiment mais également dans celui de la maintenance. Puisqu’elles ne nécessitent pas de grandes centrales électriques centralisées ni d’un réseau électrique, les sources d’énergies renouvelables pAgE 15 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique (énergie éolienne, solaire…) peuvent facilement être adaptées aux réalités locales des PMA. 4. Recommandations pour les syndicats dans les PMA Une des priorités du mouvement syndical sera de traduire ces différentes propositions en actions concrètes. Le rôle principal des syndicats étant de protéger les travailleuses et les travailleurs, ils sont obligés de répondre aux conséquences du changement climatique pour les travailleuses, travailleurs, en particulier les plus vulnérables parmi eux. Afin de symboliser l’engagement du mouvement syndical à la protection de l’ environnement, Dorje Khat, du syndicat népalais des sherpas, a planté le drapeau de la CSI au sommet du Mont Everest le 26 mai 2011. Le courage et l’engagement de Dorje doivent inspirer les futures activités syndicales. Les syndicalistes, au travers de leur engagement pour la justice sociale et environnementale peuvent relever les défis de l’adaptation au changement climatique. 4.1. Influencer les décisions gouvernementales Dans sa première résolution entièrement dédiée au changement climatique, la Confédération Syndicale Internationale, au cours de son 2ème Congrès mondial, a décidé de traiter la « Transition Juste » comme la stratégie du mouvement syndical pour faire face au changement climatique (CSI, 2010). Les principes généraux contenus dans le cadre de la Transition Juste doivent constituer la base sur laquelle construire les stratégies syndicales dans les PMA. Il faudra donc effectuer un travail aux niveaux national et international pour promouvoir le cadre de la Transition Juste en le rendant plus complet en s’appuyant sur les expériences et les connaissances locales propres des syndicats. 4.1.1. Au niveau international Tout en dessinant collectivement le cadre de Transition Juste, les syndicats à travers le monde ont également commencé à faire activement pression sur les parties-prenantes au niveau des négociations internationales, notamment la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC). Défendre la Transition Juste représente une façon pour les syndicats de convaincre la communauté internationale de la pertinence des questions sociales dans les processus de négociation plus larges et d’impliquer les travailleuses et les travailleurs et les organisations qui les représentent dans le processus international. Historiquement, les propositions des syndicats – comme les questions sociales de façon plus générale – ont eu tendance à être écartées ou rejetées comme « entraves » ou obstacles dans le processus de négociation. Suite à des années de travail intense de sensibilisation sur les liens entre le changement climatique et le monde du travail, les revendications du mouvement syndical pour une meilleure intégration des dimensions sociales du changement climatique ont enfin été reconnues par la communauté internationale. En 2010, la Conférence des Parties (COP) de la CCNUCC a adopté une décision qui engage les gouvernements à garantir une Transition Juste créatrice d’emplois de qualité pour tous. La Vision Commune pour une action concertée à long terme de la CCNUCC reconnaît que « faire face au changement climatique requiert un changement de paradigme pour construire une société à faibles émissions de carbone qui offre de vastes possibilités et garantit la poursuite d’une croissance élevée et d’un développement durable, sur la base de technologies innovantes et de modes de production, de vie et de consommation plus durables, tout en assurant à la population active une Transition Juste qui crée du travail décent et des emplois de qualité » (CCNUCC 2010, 2-3).8 4.1.2. Au niveau national Les syndicats nationaux et locaux sont essentiels pour s’assurer que les politiques de Transition Juste sont réellement appliquées au niveau national. Les efforts des syndicats pour obtenir la mise en application d’instruments légaux nationaux représentent une contribution majeure au processus global de l’adaptation au changement climatique. L’implication des syndicats dans les processus décisionnaires nationaux liés au changement climatique, y compris les consultations généralement ouvertes uniquement aux organisations environnementales, est d’une importance primordiale si nous voulons impliquer le monde du travail dans le processus de transition. Les « Plans Nationaux d’Adaptation » sont actuellement en cours de 8. Les activités des syndicats sur le changement climatique ne sont pas limitées au cadre de la Transition Juste. à travers le monde, les syndicats ont adopté une approche commune selon laquelle le mouvement syndical demande aux gouvernements de s’engager dans des mesures ambitieuses visant à combattre le changement climatique, dont des politiques en faveur de réductions des émissions, d’adaptation, de financement climatique, de technologie, de déforestation, parmi tant d’autres. La Déclaration sur le changement climatique de la CSI offre une liste exhaustive de politiques qui pourraient contribuer à combler le « fossé de l’adaptation », à faire en sorte que la technologie et les investissements bénéficient à tous et à obtenir des droits pour les délégué(e)s à l’environnement sur les lieux de travail (CSI 2009). page 16 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique négociation dans les PMA. Ce serait une occasion perdue si les syndicats ne faisaient pas pression sur leur gouvernement pour inclure les syndicats dans ces débats et pour intégrer les formes de vulnérabilité spécifiques aux travailleuses et aux travailleurs dans les projets gouvernementaux. De même, en ce qui concerne l’intégration du cadre de Transition Juste, tous les gouvernements se sont engagés au niveau mondial à concevoir des Stratégies Nationales en matière de Changement Climatique. Ces stratégies devraient reconnaître à terme les enjeux spécifiques aux travailleuses et aux travailleurs dans la lutte contre le changement climatique, et s’engager dans la mise en application de cadres de Transition Juste. Enfin, les syndicats au niveau national pourraient intégrer dans leurs revendications pour des politiques nouvelles et plus efficaces en termes d’emploi et de politiques industrielles des demandes d’investissements dans des projets protecteurs de l’environnement et nécessitant une main d’œuvre importante. 4.2. Sensibilisation et formation 4.2.1. Au niveau international Au niveau international, les formations et les campagnes de sensibilisation peuvent jouer un rôle capital dans la sensibilisation des travailleuses et des travailleurs au changement climatique et aux stratégies syndicales afférentes. Sustainlabour, par exemple, a rédigé des documents pédagogiques et organisé des séminaires spécifiquement pour les syndicalistes et pour leur permettre de mieux appréhender les liens entre le changement climatique et le monde du travail.9 4.2.2. Au niveau national Dans les PMA, les impacts du changement climatique et des politiques pour atténuer ses effets sont largement ignorés des travailleuses et des travailleurs et de leurs communautés. Il faut donner aux citoyens un meilleur accès à une information impartiale et de qualité sur cet enjeu et ses différentes implications. Les syndicats devraient donc être encouragés à organiser des campagnes de renforcement de capacités et de sensibilisation publique aux niveaux national et local. De nombreux syndicats ont organisé des campagnes de sensibilisation (comme la centrale syndicale GEFONT) sur le changement climatique. Le but avéré de ces campagnes était d’impliquer les communautés vulnérables dans le débat climatique. Au Mozambique, par exemple, Radio Mozambique 9. Pour consulter le guide sur le changement climatique de Sustainlabour à l’adresse suivante : http://www.sustainlabour.org/documentos/fra21_2009.pdf diffuse régulièrement des bulletins d’information sur les risques climatiques aux populations locales. Des annonces radio en dialectes locaux peuvent aider les communautés vulnérables et les travailleuses et travailleurs en les prévenant de phénomènes météorologiques extrêmes dans leur région et en signalant où trouver abri et assistance. Les programmes de formation d’enseignants sur le changement climatique et la Transition Juste peuvent également contribuer à la dissémination d’informations pertinentes à un large public. Les syndicats dans le domaine de l’éducation peuvent, par exemple, aider les professeurs à préparer une leçon sur le changement climatique et la Transition Juste. Grâce aux effets de retombée, les écoliers transmettront ce qu’ils ont appris à leurs familles et leurs amis. Du fait de leur plus grande vulnérabilité aux impacts climatiques à cause de leur situation économique, et grâce à leur potentiel contribution incroyable à la construction d’alternatives, les femmes, les jeunes et les travailleurs informels doivent être la cible de ces campagnes. Le développement de compétences est aussi essentiel pour que les travailleurs et travailleuses s’impliquent dans la construction d’une économie à faibles émissions de carbone et résiliente au changement climatique. Les initiatives syndicales dans les PMA pourraient jouer un rôle décisif dans la construction et la dissémination des « compétences vertes » nécessaires. Les syndicats peuvent, par exemple, organiser des stages de formation sur les technologies propres et les services verts. Un exemple pertinent (bien que ne relevant pas d’un PMA) est celui de l’UOCRA, le syndicat argentin des travailleurs et travailleuses de la construction, qui offre des formations sur les énergies renouvelables à ses membres. A la fin de la formation, les participants obtiennent un certificat syndical. 4.3. Action sur le lieu de travail Même si les employeurs devraient être légalement obligés de protéger leurs employés contre les risques environnementaux et en matière de santé publique sur leur lieu de travail, dans un grand nombre de cas, les vies des travailleuses et des travailleurs sont de plus en plus en danger. L’action des syndicats sur le lieu de travail peut contribuer de façon significative au processus général de mise en application d’un nouveau modèle de développement, plus juste au niveau social et environnemental. A travers leur connaissance du lieu de travail, et leur présence sur ce dernier, les syndicats sont parfaitement placés pour informer les travailleurs, les travailleuses et leurs communautés de leurs vulnérabilités et pour aider à mettre en place pAgE 17 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique des programmes d’adaptation. Ils peuvent organiser des campagnes et des programmes de formation adaptés au contexte local, permettant aux travailleuses et aux travailleurs d’appréhender les enjeux du changement climatique. Les actions liées à ces campagnes peuvent prendre la forme de brochures, d’affiches ou de séminaires. Le rôle environnemental des délégués syndicaux doit être reconnu dans la législation nationale et sur le lieu de travail afin de garantir que les délégués aient le temps, les ressources et la formation nécessaires pour conduire des activités qui traitent spécifiquement des liens entre l’environnement et le lieu de travail. Des systèmes d’alerte préventives, de plans d’évacuation et de plans « canicule » (l’installation de systèmes de climatisation pour anticiper la montée des températures par exemple) sont relativement faciles à mettre en place et peuvent aider à sauver des milliers de vies. Sur les lieux de production, les syndicats et les comités de travailleurs et travailleuses personnel peuvent faire pression sur leurs employeurs pour qu’ils investissent dans des technologies vertes et qu’ils adoptent des modes de production et de prestation de services résilients. Dans les pays où les entreprises multinationales sont implantées, les syndicats devraient dialoguer avec les représentants de ces sociétés sur l’évaluation des risques climatiques. Certaines multinationales ont commencé à évaluer le d’exposition aux risques climatiques de leurs employés, des communautés avoisinantes et des fournisseurs. Les syndicats peuvent réellement aider la Direction tout au long du processus d’évaluation des risques. Avec l’aide des syndicats, la Direction sera mieux armée pour développer des mesures appropriées de gestion des risques climatiques sur le lieu de travail et pour augmenter la résilience sur le long terme. Par le biais d’une meilleure information, les multinationales peuvent veiller à ce que les infrastructures, nouvelles et existantes, n’augmentent pas la vulnérabilité climatique. Elles peuvent promouvoir la recherche sur les impacts climatiques et disséminer des informations et outils aux syndicats et aux membres de leur chaîne de production, en particulier les producteurs à petite échelle, contribuant ainsi à la gestion collective des risques. Les entreprises, en collaboration avec les syndicats, peuvent ainsi faciliter l’accès de leurs fournisseurs à des informations, des équipements et des technologies qui leur permettront de faire face aux chocs climatiques. 4.4. Forger des alliances S’assurer que la dimension sociale, le travail et l’égalité fassent parties des décisions liées au climat est une tache difficile qui ne peut certainement pas être entreprise seule. Elle requiert une approche et un agenda collectifs. Les syndicats, à travers le développement du cadre de Transition Juste sont correctement équipés d’un point de vue conceptuel pour jouer un rôle proactif dans de futurs partenariats avec d’autres groupes de la société civile à tous les niveaux. Ces initiatives multipartites se propagent à travers le monde. La coopération avec les chercheurs et les chercheuses est également essentielle pour que le mouvement syndical élabore des arguments solides pour le cadre de Transition Juste. 4.5. Construire des réseaux Les syndicats nationaux doivent aligner leurs programmes de travail avec ceux du mouvement national syndical afin de garantir une cohérence et un soutien mutuels entre les activités nationales et internationales sur la Transition Juste. De plus, les réseaux verticaux entre les niveaux nationaux et internationaux doivent être complétés par des réseaux horizontaux entre les syndicats nationaux au niveau régional. Les réseaux régionaux facilitent la diffusion et le partage d’informations et de meilleures pratiques entre les syndicats nationaux. Cette mise en réseau peut contribuer au renforcement de capacités des syndicats et à l’accélération du processus de Transition Juste dans les PMA. Conclusion Promouvoir le développement, combattre le changement climatique, réduire les inégalités, éradiquer le secteur informel, garantir la protection sociale universelle…Voici les défis énormes à relever pour les Pays les Moins Avancés. Ce rapport a cherché à démontrer comment la lutte contre le changement climatique dans les PMA pourrait devenir une opportunité historique non seulement pour donner un nouvel élan au processus de développement dans les PMA mais aussi pour aboutir à des sociétés plus justes, des sociétés dans lesquelles le travail est décent, la protection sociale est accessible à tous et l’économie est durable (notamment à travers des investissements ciblés dans les secteurs qui augmentent la demande nationale pour des produits transformés localement, comme c’est le cas de l’agriculture biologique, ou des énergies renouvelables). Les syndicats ont un rôle clé à jouer dans la résolution de ce défi historique. Leurs efforts de mobilisation détermineront très largement la capacité des PMA à bénéficier des multiples avantages d’une réponse intégrée au changement climatique. n page 18 Pour que les politiques en matière de changement climatique bénéficient aux personnes : Une Transition Juste dans les pays vulnérables au changement climatique Bibliographie Box, D. (2009). The first climate evacuation: what have we learned? The Ecologist, [en ligne] Disponible à l’adresse suivante :http://www.theecologist.org/investigations/climate_ change/293674/the_first_climate_evacuation_what_have_ we_learned.html [Consulté le 6 janvier 2011]. Centre international de commerce et de développement durable (ICTSD). (2009). Trade and Climate Change Adaptation: Sustainable Development Objectives for LDCs, SVEs and SIDS. [en ligne] Disponible à l’adresse suivante : http://ictsd. org/downloads/2010/01/trade-and-climate-change-adaptation.pdf [Consulté le 22 juillet 2011]. 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