J. Bouju / Eth.F12 Anthropologie politique : séances 1 02/02/12
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Pour l’époque moderne, le renouvellement viendra de l’anthropologie britanique : Meyer-Fortes et E.
Evans-Pritchard (les Nuer: décrits comme un système politique segmentaire et acéphale). Ailleurs :E. Leach
(1972, sur l’instabilité du système Katchin « highland Burma »),
Un des fondements universels de toute forme de pouvoir : la générosité du puissant-riche
M. Sahlins (1963) qui oppose le modèle politique des chefferies aristocratiques polynésiennes à celui du
« grand homme » big man en Mélanésie. Le big man s’élève au-dessus des autres grâce à sa capacité à
produire et à faire produire une richesse, dont il calcule la sphère de redistribution, qui garantit en
retour la reproduction de ses privilèges.
5. La capacité de l’homme de pouvoir à produire et à faire produire une richesse, dont il
calcule la sphère de redistribution, qui garantit en retour la reproduction de ses
privilèges et de son autorité
Mais de tout ces travaux et études anciens, il ressort qu’aucun paramètre ne peut être strictement corrélé
à l’apparition de l’Etat et entre les formes non étatiques et étatiques du pouvoir politique, on observe
d’innombrables formes intermédiaires qui ne peuvent être considérées que comme des singularités.
I.1 Les fondateurs
I.1.1 Max Gluckman et le caractère conflictuel des sociétés traditionnelles
Annoncée par les travaux de nombreux essayistes et philosophes (Machiavel, Marx), l’étude du pouvoir en
action n’a vraiment pris place qu’avec l’œuvre de Max Gluckman (1963, 1965). Il fut l’un des premiers à
insister sur le caractère conflictuel des sociétés traditionnelles et à y décrire des équilibres fluctuants ;
révélateurs de contradictions structurelles.
Les rituels et les cérémonies mettent en scène les conflits qui menacent l’ordre social et contribuent, par
leur effet cathartique, à rétablir la cohésion du groupe : les institutions elles-mêmes finiraient toujours par
se reproduire !
I.1.2 Georges Balandier & l’anthropologie dynamiste
Véritable fondateur de l’anthropologie politique en France, il aborde les problèmes de la modernité liés à la
situation coloniale, urbaine ou industrielle.
L’approche dynamiste se veut une saisie du contradictoire et de l’approximatif dans des relations sociales
que les fonctionnalistes et les structuralistes avaient tendance à analyser sous l’angle du fonctionnement
régulier des institutions et selon des modèles d’équilibre.
L’A.P. doit s’appuyer sur le réel vécu et pensé par les acteurs sociaux. La méthode, habituelle de
l’anthropologie, est celle de l’ethnographie (J. Copans, 1998, L’enquête ethnologique de terrain). On
réexplore des terrains autrefois revendiqués par les sociologues à l’aide de méthodes qualitatives de
micro-observations accordant un privilège au témoignage direct et vécu. Ainsi se construisent des
objets neufs sur des territoires limitrophes.
Le champ à déjà été pâturé par d’autres disciplines : Des superpositions de champs sont en cours : après
les années 60 (indépendances), les sociologues, historiens et les politistes investissent le champ
exotique du tiers-monde que les anthropologues avaient l’habitude de se partager. Inversement, l’État