Office fédéral de l'environnement OFEV Division Climat 3003 Berne Neuchâtel, le 30 novembre 2016 Consultation sur la Politique climatique de la Suisse post-2020 Madame, Monsieur, La Chambre neuchâteloise du commerce et de l'industrie (CNCI) est une association patronale de droit privé qui réunit plus 950 entreprises et 30 organisations occupant 40'000 personnes. Elle défend les conditions-cadres de l’économie neuchâteloise et, en particulier, milite pour un approvisionnement énergétique sûr et compétitif. Le Canton de Neuchâtel est particulièrement concerné par les questions énergétiques en raison, notamment, de sa forte composante industrielle, de son orientation vers l’extérieur (il est le troisième canton exportateur de Suisse en francs par habitant), mais également de par la présence, sur ses terres, de la dernière raffinerie de pétrole active de Suisse, raffinerie qui assure 25% de la consommation annuelle suisse de produits pétroliers. Le 1er septembre 2016, le Conseil fédéral a soumis à consultation son projet de politique climatique pour la Suisse après l’année 2020, année correspondant à la fin de l’actuelle loi sur le CO2. La ratification de l’accord de Paris est un signal très encourageant pour lutter contre le réchauffement climatique au niveau planétaire. L’accord doit toutefois encore être confirmé dans les faits par les autres états et notamment par les Etats-Unis, concurrent important de la Suisse, qui a menacé de ne pas le ratifier. Le réchauffement climatique étant une problématique globale, un cavalier seul de la Suisse ne permettrait de résoudre aucune solution, mais engendrerait inévitablement une désindustrialisation aux effets dévastateurs. La CNCI soutient sans retenue le couplage du système d’échange de quotas d’émissions (SEQE) suisse avec l’équivalent européen. Elle appelait ce couplage de ses vœux depuis de nombreuses années. Le couplage est indispensable à la survie de l’industrie suisse lourde, qui est fortement émettrice de CO2. La CNCI rejette par contre l’explosion des plafonds tant de la taxe sur le CO2 que des amendes y relatives. La Suisse ne peut pas avancer de manière unilatérale sur la question, sachant qu’elle est déjà largement en avance sur la parafiscalité du CO2, comme en témoigne le graphique ci-dessous, issu de la recherche de l’OCDE. Le graphique date par ailleurs de 2013, soit avant les augmentations supplémentaires de la taxe sur le CO2. En outre, sur le nouveau système de taxe sur le CO2, un modèle simplifié doit être développé : qui tienne part des conventions cantonales d’une part et qui ne fixe pas de critère tel que prévu à l’article 31 al. 1 d’autre part. Comme en atteste le tableau en page 11 de votre rapport, l’industrie a déjà plus que largement rempli le rôle qui lui était dévolu et les objectifs qui lui étaient fixés. L’expérience montre que ce sont les mesures librement consenties par les entreprises qui apportent les meilleurs résultats en termes d’efficience énergétique1. Dans le secteur des transports, les allégements fiscaux des biocarburants prévus dans la loi sur l’imposition des huiles minérales (Limpmin) doivent impérativement être prolongés, au moins, jusqu’en 2030. L’instrument fiscal a en effet démontré sa pertinence et l’utilisation de biocarburants de deuxième génération en Suisse a pris un essor très important en Suisse ces dernières années, permettant de réduire efficacement et durablement les émissions de CO2. Son abrogation entraînerait un retour en arrière et pénaliserait drastiquement la politique énergétique de la Suisse. En outre, il en va de même pour l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair) dont l’exception prévue pour le dépassement autorisé de la tension de la vapeur prescrite pour un ajout de bioéthanol à l’essence pour moteurs arrive à échéance à fin septembre 2020. Cette exception est indispensable pour assurer une production régulière durant la période estivale. L’exception n’ayant pas engendré de plaintes, elle doit être reconduite jusqu’en 2030. Ces deux mesures sont indispensables pour que la Suisse continue 1 Voir à ce sujet Aubert M. « Impact d’une exigence légale environnementale sur l’innovation, le cas des gros consommateurs neuchâtelois », Université de Neuchâtel, 2013. http://www2.unine.ch/files/content/sites/unine/files/Developpement_durable/Impact%20d%E2%80% 99une%20exigence%20le%CC%81gale%20environnementale%20sur%20l%E2%80%99innovation% 20le%20cas%20des%20gros%20consommateurs%20neucha%CC%82telois.pdf à jouer son rôle de précurseur au niveau de l’intégration des biocarburants dans les carburants traditionnels de transports et, partant, dans une politique efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La limite de compensation poussée à 80% est également exagérée et inutile : la limite maximale de 40% telle que fixée aujourd’hui dans la loi est loin d’être activée (10% prévu en 2020), elle est déjà très extrême. En vous remerciant de nous avoir donné cette occasion de nous exprimer, et en restant à votre disposition pour tout complément d’information, nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de nos sentiments les meilleurs. Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie Alain Marietta Florian Németi Président Directeur