Tekhnê
Note d’intention
Tekhnê est une performance hybride entre cirque, vjaying et programmation.
Ce spectacle réunit Elza Davidson (contorsionniste), Alex Trillaud (Cirque Aleatoire
acrobate en mat chinois), Antoine Vanel (Blindsp0t vidéo & programmation).
Cette rencontre pluridisciplinaire vient d’une curiosité envers les pratiques
émergentes d’art numérique et de leurs implications dans le spectacle vivant.
Issus des mêmes écoles de cirque (Ecole de Cirque de Lomme 59) Alex et Elza
sont deux artistes aux langages corporels communs, complices et artistiquement
complémentaires, ils souhaitaient depuis longtemps voir naître un spectacle mélangeant
leurs deux univers et ouvert sur les arts numériques.
Leur rencontre avec Antoine, programmeur et créateur vidéo, permet la réalisation
de cette envie, et le début d’une collaboration transdisciplinaire. Leur corps, outil
d’expression et de travail devient la matière d’un nouveau spectacle mélangeant
mapping, animations temps réel et vidéo projection et reposant sur un nouvel outil
permettant une interactivité inédite avec le public.
LE PROJET.
Tekhnê est une création numérique et circassienne, qui se donne pour objec-
tif de questionner son public sur les nouvelles tendances que sont le trans-huma-
nisme, et le “tout technologique”.
DEFINITION
Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prô-
nant l’usage des sciences et des techniques an d’améliorer les caractéristiques
physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains
aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la mala-
die, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cette
optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur
d’autres techniques émergentes. Les dangers comme les avantages que pré-
sentent de telles évolutions préoccupent aussi le mouvement transhumaniste.
Michel Serres - extrait d’une interview sur son
ouvrage “petite poucette”
« L’écolier, l’étudiante d’aujourd’hui, qui vivent un tsunami tant le monde change
autour d’eux. Nous connaissons actuellement une période d’immense basculement,
comparable à la n de l’Empire romain ou de la Renaissance. Il doit s’adapter à
toute allure, beaucoup plus vite que ses parents et ses grands-parents. C’est une
métamorphose !
Sur ce plan, Petite Poucette n’a rien à inventer, le virtuel est vieux comme le monde
! Ulysse et Don Quichotte étaient virtuels. Madame Bovary faisait l’amour virtuel-
lement. Les nouvelles technologies ont accéléré le virtuel mais ne l’ont en aucun cas
créé. La vraie nouveauté, c’est l’accès universel aux personnes avec internet, aux
lieux avec le GPS, aux savoirs avec Wikipédia. La planète, l’humanité, la culture
sont à la portée de chacun, quel progrès immense ! Nous habitons un nouvel es-
pace… La Nouvelle-Zélande est ici, dans mon iPhone !
Ce que l’on sait avec certitude, c’est que les nouvelles technologies n’activent pas
les mêmes régions du cerveau que les livres. Il évolue, de la même façon qu’il avait
vélé des capacités nouvelles lorsqu’on est passé de l’oral à l’écrit. Que foutaient
nos neurones avant l’invention de l’écriture ? Les facultés cognitives et imaginatives
ne sont pas stables chez l’homme, et c’est très intéressant. C’est en tout cas ma ré-
ponse aux vieux grognons qui accusent Petite Poucette de ne plus avoir de mémoire,
ni d’esprit de synthèse. Ils jugent avec les facultés cognitives qui sont les leurs, sans
admettre que le cerveau évolue physiquement.
Une longue vie devant et aussi derrière lui. L’homme le plus cultivé du monde des
générations précédentes, l’uomo di cultura, avait 10 000 ans de culture, plus un
peu de préhistoire. Petite Poucette a derrière elle 15 milliards d’années, du big bang
à l’homo sapiens, le Grand Récit n’est plus le même ! Et on est entrés dans l’ère
de l’anthropocène et de l’hominescence, l’homme étant devenu l’acteur majeur du
climat, des grands cycles de la nature. »
Alain Damasio extrait de conférence ted
plutot tres humains que trans humain
« Nous réinventons notre rapport au monde, nous même et aux autres par la tech-
nologie. Il y a une jouissance dedans pour nos egos, avec l’extension de cette
technologie qui nous assiste et qui nous obéit au doigt et à l’œil. On y voit ce qu’on
y gagne : une maîtrise, un pouvoir accru sur le monde mais est ce qu’on n’y perdrait
pas quelque chose de très personnel de très précieux et que l’on pourrait appeler
ma Puissance. Ma puissance de vivre, d’agir avec mes propres forces, d’habiter le
monde avec mon cœur et mon corps.
La technologie a ouvert et dynamiser nos facultés physiques et mentales. Au-
jourd’hui il y a un croisement des courbes où l’accumulation massive des technolo-
gies se paierait d’une diminution de notre puissance et une forme de dévitalisation.
Il y a trois grands moteurs affectifs de notre pulsion technophile
La technologie vient outiller nos paresses, on lui sous traite nos fatigues, on exter-
nalise nos capacités cognitives dans la machine.
La technologie vient conjurer nos peurs, nous rassurer, la peur suprême de la so-
litude avec ce cocon de réseaux. On lui demande contrôler notre environnement
La technologie vient combler notre antique désir d’être dieu, on lui demande de
nous empêcher de vieillir et nous libérer de la mort.
Beaucoup d’enjeux et d’argent derrière cette religiosité sordide sinon morbide
qu’on appelle le transhumanisme. Mais de quoi le transhumanisme est il le nom?
Il veut externaliser dans la technique ce qu’il sent que sa chair et son esprit ne sont
pas capable par eux même de faire. Il veut des prothèses pour un cœur et pour un
cerveau en pleine possession de leurs moyen mais qu’il vit lui comme handicapé.
Le transhumanisme croit qu’il manque à l’homme quelque chose. J’ai la tranquille
conviction que l’être humain a en lui absolument tout ce dont il a besoin pour une
vie riche intense et féconde.
Nous n’avons pas besoin de devenir plus- humains mais nous avons besoin de
devenir plus humain. »
PROPOS
Désignés par le même mot grec, Tekhnê, l’art et la technique ont été liés pendant
longtemps visant à l’amélioration de la condition de l’homme. L’invention de la
roue, de l’écriture ont indéniablement été des avancées techniques et cognitives
permettant à l’homme de mieux vivre. Ces inventions ont souvent été mal accep-
tées voire dénigrées mais ont pour autant trouvé leur place dans nos sociétés.
Le spectacle souhaite amener le public à se questionner sur notre rapport actuel
à la technique : de nos jours, la recherche et la technologie sont animées par
des objectifs de performance, de productivité, de rentabilité... Sans que nous le
voulions, un nouvel humain est né, il n’a plus le même corps, la même espérance
de vie, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde,
ne vit plus dans la même nature et n’habite plus le même espace. La technologie
d’aujourd’hui a envahi tous les champs du vivant, cherchant à connecter toujours
plus, à accélérer les rythmes et les cadences, l’accès à l’information...
Cette «inltration» progressive de la technologie dans nos vies n’est pas fortuite
: elle est voulue, calculée, rééchie par des sociétés dont les intérêts peuvent être
interrogeables.
Le transhumanisme aujourd’hui n’est plus un mythe, mais plutôt une tendance
: une direction dans laquelle l’humanité entière est entraînée. L’idée de mêler
progressivement l’homme à la machine a fait son chemin. Les projets de Google,
visant à repousser les limites de la vie par l’usage d’une technologie toujours plus
“intégrée” à notre corps, interrogent : Doit-on se laisser porter ? Cette nouvelle
tendance de pensée n’est-elle pas dangereuse ?
Ce glissement vers toujours plus de technologie est là. Chaque jour un nouveau
dispositif, une nouvelle découverte, une nouvelle idée, un nouveau pas vers une
intelligence articielle toujours plus sophistiquée.
Tout cela est-il réellement mené dans l’objectif de “mieux vivre” ? Ces outils n’ont-
ils pas une face cachée? Qu’en est-il de notre intégrité d’être humain? De notre
vie privée?
C’est un bouleversement tel qui s’annonce, qu’il nous paraît essentiel aujourd’hui
de se questionner, sans catastrophisme ni idées reçues, mais en toute connais-
sance de cause, sur ce que sera l’homme demain.
OBJECTIFS
Ce projet constitue l’enjeu de la création d’un spectacle vivant de 45 minutes avec
le recours à une technologie numérique dont nous nous efforcerons de montrer
les richesses et les dangers. Il s’agit de combiner les savoir-faire de chacun (cirque,
vidéo et programmation) pour créer une forme concrète de spectacle hybride.
Propice aux festivals d’art numérique ou de cirque, ce spectacle aspire également
à un échange avec le public et à le questionner sur son propre rapport au corps
et au virtuel.
MOYENS ET DISPOSITIF
La scénographie reposera essentiellement sur une structure scénique en qua-
dripode, permettant l’accroche des vidéoprojecteurs, écrans et capteurs utilisés
pour le spectacle, et offrant une variété de disciplines circassiennes : mât chinois,
suspension, slackline… en autonomie quasi-totale.
Un dispositif dédié au spectacle sera créé sur mesure an de créer une réelle
interactivité avec le public. L’idée retenue est d’amener chacun, à travers l’utili-
sation de son téléphone portable à être actif durant le spectacle.
Par ce biais sera permis un échange atypique plateau/public:
La possibilité d’envoyer du texte, des images, des données au public
La possibilité de réaliser un “sondage”
La possibilité pour le public de s’exprimer à certains moments, de manière
libre (envoi de commentaires, de messages … qui pourront être diffusés sur scène)
Utilisation de robots (drones ou autres)
Le tout créant une matière propice à faire “se questionner chacun”.
Un dispositif de vidéo-projection afchera les messages, les graphiques, les
contenus proposés en direct par le public… et diffusera des contenus vidéos créés
en direct par des capteurs disséminés sur scène.
Le choix est clair : utiliser des technologies de pointe pour parler de la technolo-
gie, l’interroger et en disséquer les usages.
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