Cahiers de la Direction des Archives du Calvados - N°42 - 2009
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De Sainte-Hélène
à l’Afrique du Nord,
les médailles
commémoratives
françaises
Colloque du 6 décembre 2007
2009
©Direction des Archives du Calvados
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Lorsque j’ai accepté de présider le col-
loque sur les médailles commémoratives
françaises, dont le sujet me paraissait
digne d’intérêt, j’ai été bien présomptueux car,
si je suis passionné par l’histoire, je ne suis
compétent ni en histoire ni en phaléristique et
je viens donc ici pour m’instruire et découvrir
avec vous les arcanes de ces décorations, bien
que certaines me soient familières depuis mes
jeunes années, et je regrette de n’avoir pu
dégager du temps pour une visite de l’exposi-
tion.
Comme vous le savez, l’origine des
décorations repose sur la recherche par les
autorités de chaque pays d’un moyen efficace
de récompenser les bons serviteurs en leur
donnant la possibilité d’arborer un signe visi-
ble de leur conduite. Parmi les très nombreuses
décorations créées en France au cours des
derniers siècles, il faut distinguer par ordre de
préséance les ordres nationaux : la Légion
d’honneur, l’Ordre de la Libération, l’Ordre
national du mérite et la Médaille militaire (qui
passe en préséance avant l’Ordre national du
mérite), et puis en deuxième ligne, si je puis
dire, il y a toutes les médailles qui ont été
décernées à titre individuel, la primauté
devant rester à l’acte individuel.
On trouve énormément de décora-
tions, de la Croix de Guerre jusqu’aux
médailles d’honneur décernées par le gouver-
nement en passant par les différents grands
mérites, comme les Palmes académiques ou le
Mérite maritime ;
Et puis en bout de chaîne, on trouve
les médailles commémoratives qui sont portées
dans l’ordre de leur création.
Ce sont celles-ci, les moins presti-
gieuses en quelque sorte, qui font l’objet de
l’exposition inaugurée vendredi dernier et du
colloque d’aujourd’hui.
Destinées à commémorer une action
militaire (campagne, bataille ou occupation)
elle est remise à tous ceux qui ont pris part à
cette action et qui peuvent le justifier. Ces
décorations parfois décernées en très grand
nombre peuvent concerner non seulement des
militaires mais bien souvent aussi des civils.
Au cours des interventions de notre
colloque, nous allons ainsi parcourir l’histoire
de notre pays au cours des deux derniers siè-
cles. Ce sera pour nous une occasion de nous
remémorer les pages glorieuses ou doulou-
reuses de cette histoire en pensant à tous ces
jeunes Français qui ont participé aux nom-
breux conflits auxquels notre pays a pris part.
Nous n’oublions pas non plus ceux qui conti-
nuent à être présents à travers le monde, au
nom de la France, souvent sous la bannière de
l’ONU.
Les interventions ont été program-
mées en suivant pratiquement l’ordre de la
création de chaque médaille commémorative :
notre programme et tout spécialement notre
matinée sont très chargés et je demande à
chaque intervenant de bien vouloir tenir l’ho-
raire avec rigueur et nous reporterons
toutes les questions de l’assistance en fin de
journée. Le choix des thématiques ayant été
laissé aux intervenants, ces interventions pré-
senteront une certaine diversité.
Afin de donner le bon exemple, je
m’arrête et je cède pour 30 minutes, la parole
à Monsieur Joël Beauvais qui est l’un des prin-
cipaux artisans de notre journée.
DE SAINTE-HÉLÈNE A L’AFN
Les médailles commémoratives françaises
Discours d’ouverture de l’Amiral Brac de la Perrière
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La médaille de Sainte-Hélène, dans le Calvados
1857-1870
par Joël BEAUVAIS
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Contexte général
En février 1848 le roi Louis Philippe est ren-
versé. Louis Napoléon Bonaparte, fils du roi
Louis, un frère de Napoléon 1er est nommé
Président de la République le 10 décembre
1848 ; le 2 décembre 1851 il réalise un coup
d’état et se proclame Empereur des Français.
Dès 1849 il s’inquiétera de la situation morale
et matérielle des anciens militaires en créant
une commission chargée de recenser les
demandes d’aide et de secours. Devenu
Empereur il donnera une suite favorable au tes-
tament de son oncle qui avait légué la moitié de
son domaine dit privé aux officiers et soldats qui
avaient combattu pour lui. Pour cela il ouvre un
crédit de 8 millions à répartir entre les survi-
vants et il crée une commission en 1854 prési-
dée par le Comte d’Ornano. Commission
appelée d’Examen des Réclamations des
Anciens Militaires.
Au travers des rapports de ses proches,
Napoléon III prend conscience du faible niveau
de vie, voire des graves difficultés d’existence
des anciens militaires qui sont en grande majo-
rité sans pension malgré les « fatigues de la
guerre » (campagnes de Russie et de l’hiver
1814 en France pour ne parler que des der-
nières).
Il est aussi conscient que depuis 1840 et le
retour des Cendres de Napoon Ier aux
Invalides, toute action vers cette partie de popu-
lation lui apportera soutien et popularité.
Cette Commission peut réparer quelques injus-
tices. On donne ainsi des secours ponctuels et
quelques secours viagers sous réserve de pou-
voir faire état de trois blessures. De plus,
quelques Légions d’honneur sont accordées.
Mais les anciens militaires sont peu nombreux à
pouvoir entrer dans ces critères étroits.
Par ailleurs, en 1855 l’armée française avec
30.000 hommes est engagée dans la cam-
pagne de Crimée avec les Anglais contre les
Russes. L’ennemi de l’oncle est devenu l’ami du
neveu, et le fait que Victoria cerne sa
médaille de cette campagne à tous les soldats
alliés (la médaille de campagne est dans la tra-
dition de ce pays, ainsi il y a une médaille
anglaise pour Waterloo) n’est pas peu pour sus-
citer le désir d’une récompense collective mais
individuelle, une façon de dire que chacun a
tenu sa place.
La médaille de Sainte-Hélène est la première
daille commémorative française d'importance
puisqu'elle a été distribuée à plus de 350 000 et
peut-être 400 000 exemplaires aux survivants
des armées de la Révolution et de l’Empire.
Ses archives détenues par la Grande
Chancellerie de la Légion d'Honneur ont été
détruites avec le Palais de Salm pendant les
troubles de la Commune et n’ont pas été
reconstituées, à l'inverse de celles de la Légion
d'Honneur.
Créée par le décret du 12 août 1857 signé
Napoléon III la médaille de Sainte-Hélène a eu
un retentissement considérable en France et
même en Europe (Belgique, Pologne, Italie,
États allemands). Elle représente peut-être le
point culminant de la légende napoléonienne
lorsqu'elle a été distribuée. Napoléon III en a
tiré une assise politique importante.
Le texte du décret précise quatre choses impor-
tantes : une médaille commémorative, premier
emploi du terme pour une médaille « portée »,
est donnée (donnée, insistons, pas vendue) à
tous les militaires français et étrangers l’ins-
tar de la médaille de Crimée) qui ont combattu
sous les drapeaux de la France.
Description de la médaille
Elle est en bronze très foncé quasiment couleur
chocolat, d’où son surnom ironique de médaille
en chocolat, mais ceci n’a pas nui à son prestige.
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