4 Mo - pdf - Département du Calvados

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Cahiers de la Direction des Archives du Calvados - N°42 - 2009
61, rue de Lion-sur-Mer - 14000 CAEN - 02 31 47 18 50
De Sainte-Hélène
à l’Afrique du Nord,
les médailles
commémoratives
françaises
Colloque du 6 décembre 2007
©
Direction des Archives du Calvados
2009
DE SAINTE-HÉLÈNE A L’AFN
Les médailles commémoratives françaises
Discours d’ouverture de l’Amiral Brac de la Perrière
Ce sont celles-ci, les moins prestigieuses en quelque sorte, qui font l’objet de
l’exposition inaugurée vendredi dernier et du
colloque d’aujourd’hui.
L
orsque j’ai accepté de présider le colloque sur les médailles commémoratives
françaises, dont le sujet me paraissait
digne d’intérêt, j’ai été bien présomptueux car,
si je suis passionné par l’histoire, je ne suis
compétent ni en histoire ni en phaléristique et
je viens donc ici pour m’instruire et découvrir
avec vous les arcanes de ces décorations, bien
que certaines me soient familières depuis mes
jeunes années, et je regrette de n’avoir pu
dégager du temps pour une visite de l’exposition.
Destinées à commémorer une action
militaire (campagne, bataille ou occupation)
elle est remise à tous ceux qui ont pris part à
cette action et qui peuvent le justifier. Ces
décorations parfois décernées en très grand
nombre peuvent concerner non seulement des
militaires mais bien souvent aussi des civils.
Au cours des interventions de notre
colloque, nous allons ainsi parcourir l’histoire
de notre pays au cours des deux derniers siècles. Ce sera pour nous une occasion de nous
remémorer les pages glorieuses ou douloureuses de cette histoire en pensant à tous ces
jeunes Français qui ont participé aux nombreux conflits auxquels notre pays a pris part.
Nous n’oublions pas non plus ceux qui continuent à être présents à travers le monde, au
nom de la France, souvent sous la bannière de
l’ONU.
Comme vous le savez, l’origine des
décorations repose sur la recherche par les
autorités de chaque pays d’un moyen efficace
de récompenser les bons serviteurs en leur
donnant la possibilité d’arborer un signe visible de leur conduite. Parmi les très nombreuses
décorations créées en France au cours des
derniers siècles, il faut distinguer par ordre de
préséance les ordres nationaux : la Légion
d’honneur, l’Ordre de la Libération, l’Ordre
national du mérite et la Médaille militaire (qui
passe en préséance avant l’Ordre national du
mérite), et puis en deuxième ligne, si je puis
dire, il y a toutes les médailles qui ont été
décernées à titre individuel, la primauté
devant rester à l’acte individuel.
Les interventions ont été programmées en suivant pratiquement l’ordre de la
création de chaque médaille commémorative :
notre programme et tout spécialement notre
matinée sont très chargés et je demande à
chaque intervenant de bien vouloir tenir l’horaire avec rigueur … et nous reporterons
toutes les questions de l’assistance en fin de
journée. Le choix des thématiques ayant été
laissé aux intervenants, ces interventions présenteront une certaine diversité.
On trouve énormément de décorations, de la Croix de Guerre jusqu’aux
médailles d’honneur décernées par le gouvernement en passant par les différents grands
mérites, comme les Palmes académiques ou le
Mérite maritime ;
Afin de donner le bon exemple, je
m’arrête et je cède pour 30 minutes, la parole
à Monsieur Joël Beauvais qui est l’un des principaux artisans de notre journée.
Et puis en bout de chaîne, on trouve
les médailles commémoratives qui sont portées
dans l’ordre de leur création.
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La médaille de Sainte-Hélène, dans le Calvados
1857-1870
par Joël BEAUVAIS
Contexte général
Russes. L’ennemi de l’oncle est devenu l’ami du
neveu, et le fait que Victoria décerne sa
médaille de cette campagne à tous les soldats
alliés (la médaille de campagne est dans la tradition de ce pays, ainsi il y a une médaille
anglaise pour Waterloo) n’est pas peu pour susciter le désir d’une récompense collective mais
individuelle, une façon de dire que chacun a
tenu sa place.
La médaille de Sainte-Hélène est la première
médaille commémorative française d'importance
puisqu'elle a été distribuée à plus de 350 000 et
peut-être 400 000 exemplaires aux survivants
des armées de la Révolution et de l’Empire.
Ses archives détenues par la Grande
Chancellerie de la Légion d'Honneur ont été
détruites avec le Palais de Salm pendant les
troubles de la Commune et n’ont pas été
reconstituées, à l'inverse de celles de la Légion
d'Honneur.
En février 1848 le roi Louis Philippe est renversé. Louis Napoléon Bonaparte, fils du roi
Louis, un frère de Napoléon 1er est nommé
Président de la République le 10 décembre
1848 ; le 2 décembre 1851 il réalise un coup
d’état et se proclame Empereur des Français.
Dès 1849 il s’inquiétera de la situation morale
et matérielle des anciens militaires en créant
une commission chargée de recenser les
demandes d’aide et de secours. Devenu
Empereur il donnera une suite favorable au testament de son oncle qui avait légué la moitié de
son domaine dit privé aux officiers et soldats qui
avaient combattu pour lui. Pour cela il ouvre un
crédit de 8 millions à répartir entre les survivants et il crée une commission en 1854 présidée par le Comte d’Ornano. Commission
appelée d’Examen des Réclamations des
Anciens Militaires.
Au travers des rapports de ses proches,
Napoléon III prend conscience du faible niveau
de vie, voire des graves difficultés d’existence
des anciens militaires qui sont en grande majorité sans pension malgré les « fatigues de la
guerre » (campagnes de Russie et de l’hiver
1814 en France – pour ne parler que des dernières).
Il est aussi conscient que depuis 1840 et le
retour des Cendres de Napoléon Ier aux
Invalides, toute action vers cette partie de population lui apportera soutien et popularité.
Cette Commission peut réparer quelques injustices. On donne ainsi des secours ponctuels et
quelques secours viagers sous réserve de pouvoir faire état de trois blessures. De plus,
quelques Légions d’honneur sont accordées.
Mais les anciens militaires sont peu nombreux à
pouvoir entrer dans ces critères étroits.
Créée par le décret du 12 août 1857 signé
Napoléon III la médaille de Sainte-Hélène a eu
un retentissement considérable en France et
même en Europe (Belgique, Pologne, Italie,
États allemands). Elle représente peut-être le
point culminant de la légende napoléonienne
lorsqu'elle a été distribuée. Napoléon III en a
tiré une assise politique importante.
Le texte du décret précise quatre choses importantes : une médaille commémorative, premier
emploi du terme pour une médaille « portée »,
est donnée (donnée, insistons, pas vendue) à
tous les militaires français et étrangers (à l’instar de la médaille de Crimée) qui ont combattu
sous les drapeaux de la France.
Description de la médaille
Elle est en bronze très foncé quasiment couleur
chocolat, d’où son surnom ironique de médaille
en chocolat, mais ceci n’a pas nui à son prestige.
Par ailleurs, en 1855 l’armée française avec
30.000 hommes est engagée dans la campagne de Crimée avec les Anglais contre les
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Esthétiquement elle est assez réussie. Oeuvre du
sculpteur Barre, l’administration de la Monnaie
en a l’exclusivité. Son module est 38 mm de
hauteur. Le ruban est suspendu à un anneau
bélière. Il est de couleur vert foncé, avec 5 raies
rouges verticales de 1,8 mm de largeur, plus un
fin liseré sur les bords. Elle est remise avec un
diplôme gravé de format A4 environ dans une
jolie boite en carton blanc gaufrée en relief d’un
aigle impérial. Alors bien sûr on trouve des
variantes de taille et de métal.
En 1858 cinq autres distributions eurent lieu
pour les retardataires qui se signalaient ou pour
ceux qui n'ayant pas fourni de pièces justificatives durent attendre la fin des vérifications.
La seconde distribution eut lieu le 22 février
1858, puis en mars et en mai de la même
année en sous-préfecture. Ensuite la mission fut
déléguée aux maires directement. Après annulations successives de date de forclusion elle a
été distribuée jusqu’en 1870 (et peut-être audelà) en nombre de plus en plus restreint.
Sainte-Hélène dans les Archives départementales
La médaille de Sainte-Hélène dans le Calvados,
situation et enquête
Les archives conservées se répartissent dans les
séries M, R et Z.
Principalement dans 6 cartons de la série M,
riches de quelque milliers de documents qui
n'étaient pas préalablement inventoriés en
détail.
Il semble qu'après 1860 et sur l'insistance des
familles la médaille et le diplôme leur aient été
remis malgré le décès du titulaire mais auparavant la médaille n'était pas remise et 66 diplômes
se retrouvent dans les cartons, la médaille associée,
anonyme, ayant elle été réattribuée.
Ces demandes tardives s'expliquent par le fait
que le demandeur n'ait pas reçu l'information,
ce qui est plausible pour certaines communes
de faible importance, par le désintérêt possible
pour une médaille à laquelle n’était attaché
aucun avantage matériel.
A signaler que comme dans toute bonne administration la balance entre les médailles reçues,
les diplômes reçus, et ce qui a été distribué,
révèle une comptabilité si complexe que cet
inventaire peut présenter des inexactitudes.
En 1869, une pension viagère de 250 francs
annuels est attribuée aux 42 592 médaillés
français survivants.
En 1887, en France, date de la disparition du
dernier médaillé calvadosien connu, il ne reste
plus que 224 médaillés, et 3 en 1895.
Notre documentation provient des Archives
départementales.
Dans le Calvados on peut estimer qu'entre
3 050 et 3 760 médailles ont été effectivement
distribuées, car il n’est pas certain que les
610 vétérans dont le numéro de diplôme n'a
pas été retrouvé ne l'aient pas reçue.
A l’exception de 40 médaillés, tous les titulaires
sont localisés dans 650 communes sur les 763
que compte le département.
Pour cette distribution a été mise en place une
logistique considérable qui a dû occuper plusieurs personnes à la Préfecture de Caen qui
centralisaient des renseignements venant des
sous-préfectures, lesquels remontaient des
maires. Aux maires de prévenir leurs administrés susceptibles de recevoir ladite médaille, de
leur demander leurs pièces justificatives, d'établir un tableau récapitulatif, ensuite de répondre
aux demandes de renseignements complémentaires de la Grande Chancellerie.
Les listes transmises à Paris, Ministère de
l’Intérieur, une vérification était effectuée aux
Archives du Ministère de la Guerre pour ceux
qui ne fournissaient qu’une déclaration, puis le
Grand Chancelier a fait un premier envoi de
médailles et brevets le 28 novembre 1857.
Le Calvados n'étant pas parmi les départements
les plus rapides, le Préfet a demandé d'accélérer
les choses et que toutes les remises se fassent en
grande cérémonie à l'hôtel de la préfecture pour
l'arrondissement de Caen et dans les sous-préfectures pour les autres arrondissements le
samedi 13 décembre - action bien sûr relatée
dans la presse.
Le relevé nominatif complet réalisé en 2006
(mis en ligne sur sainte-helene.org) révèle
que 3 760 demandes de médailles ont été faites
mais seulement 3 500 environ ont été effectivement distribuées. Dans le cas de 600 demandeurs leur demande n’a pas été apostillée du
numéro de brevet mais cela ne signifie pas
qu’ils ne l’aient pas reçu. Pour 40 demandeurs
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la commune de résidence reste inconnue malgré le croisement effectué entre l’état de
demande et le récépissé de médaille. Il faudrait
déchiffrer la signature des maires, ce qui est
une tâche quasi impossible.
Le premier état à être envoyé par la préfecture
de la Seine Inférieure est fait en décembre
1857, et comprend plus de 5 000 demandes
d’où il résulte un retour de 4 851 brevets
en série continue qui seront remis à partir
du 8 février 1858
Dans le Calvados la démarche d’enquête est
différente : il semble que la demande initiale
n’ait pas comporté les bons renseignements et
ainsi la Préfecture réécrira aux sous-préfectures,
lesquelles aux maires d’où une perte de temps
conséquente. Et la première liste moins complète comportant 1 200 demandes ne partira
que le 12 octobre 1857 mais reviendra plus vite.
A l’opposé les décorés sont proportionnellement moins nombreux sur la région de Vire
(moins frappée par la conscription).
Qui sont les décorés ? Qui sont les non décorés ?
3 759 demandeurs hommes pour 1 femme :
Marie Hamelin, épouse Schmitt, de SainteMarguerite-d’Elle fait sa demande en 1857 ;
elle se déclare cantinière du 4e Ligne, campagne de Russie prisonnière rentrée le 2
novembre 1814. Il n’est pas sûr qu’elle ait été
décorée, en tout cas son numéro de diplôme ne
figure pas dans les Archives ; son décès et celui
de son mari n’ayant pas été retrouvé – rien ne
peut être affirmé.
Quelques cas particuliers sont à signaler :
Jean Lefèvre de Caen sera lieutenant en 1813
au 107e. Il signale qu’il a eu deux frères tués
pendant la campagne de France, le premier à
Hanau, le second à Chalons-sur-Marne. Lecoq
François à Caen s’est échappé des pontons de
Cadix. Louvet de Gonneville sur Honfleur
signale qu’il a participé aux combats d’Iéna,
d’Eylau, de Friedland et de Talavera.
Répartition géographique des médaillés
Préfecture ou Sous-préfectures
Caen
520 personnes
Bayeux
73 personnes
Lisieux
102 personnes
Falaise
90 personnes
Vire
82 personnes
Pont-l’Evêque
21 personnes
Qui n’est pas décoré malgré sa demande.
Gazengel de Mondeville, car il a été condamné
à 2 mois de prison pour avoir soustrait un hectolitre de blé trouvé sur la grande route ! Jardin
Jean Baptiste de Quetteville aurait fait une
fausse déclaration ? Sergent 31e ½ brigade.
Enfin un inspecteur aux Fourrages du nom de
Henri Michel François Lelaidier n’est pas décoré
car son service ne peut être considéré comme
service militaire, mais un employé aux transports militaires en Espagne reçoit la médaille,
Morel de Tilly-sur-Seulles. Renouf d’Avenay n’a
pas de brevet : au service le 31 juillet 1813 à la
Compagnie de réserve du Calvados, l’enquête
révèle qu’il a été réformé avant incorporation.
Lesellier de Sainte-Marguerite-d’Elle ne l’a pas :
il a été incorporé le 26 mai 1815, alors que les
« 100 jours » se terminent avec Waterloo
le 18 juin 1815. Il faudrait vérifier le contrôle du
32e de Ligne
Comme toujours il peut y avoir quelques cas
contestables, soit d’attribution soit de refus.
Et puis quelques localités ont nombre de récipiendaires : Orbec 36, Saint-Pierre-sur-Dives
40, Trouville 60, Honfleur 179.
Comme Argences 20, Balleroy 16, Bernières
31, Condé-sur-Noireau 48, Courseulles 35,
Langrune 18, le Tourneur 22, Ouistreham 18,
Port-en-Bessin 19, St-Aubin-sur-Mer 20, Verson
20.
Cette répartition est fonction de la conscription
et des inscrits maritimes réalisée 60 ans auparavant, compte non tenu des déplacements de
population difficiles à apprécier, le conscrit pouvant être né ailleurs qu’au lieu de résidence lors
du tirage au sort, et pouvant aussi résider en
1857 dans aucun des lieux précédents.
Même si le phénomène n’est pas aussi frappant
qu’en Seine-Inférieure, une certaine prépondérance sur les côtes d’inscrits maritimes incorporés très jeunes localisent beaucoup de médaillés
de Sainte-Hélène sur les côtes du Calvados.
Les membres de la Légion d’Honneur
Il y en a 18. Dont huit ont été nommés sous le
Ier Empire dont le plus ancien est Jean Victor
Durand qui a été nommé le 12 février 1813.
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Quel âge ont-ils ?
Il faut signaler Hurel Paul Edmond à Caen,
décoré en 1814 comme marin (rare à cette
époque) pour sa participation au combat du
Romulus. Ne signale pas qu’il est légionnaire
(modestie), Pierre Pierre, de Formigny, décoré
en 1814 comme sous-lieutenant au 2e cuir.
Autant en Seine-Inférieure 90 % des âges lors
de la demande sont signalés autant ils ne figurent que 5 % des cas dans le Calvados mais la
moyenne obtenue avec ces chiffres est sensiblement
la même que sur la population haute normande.
L’âge moyen est de 69 ans, par contre il est plus
difficile de trouver les âges extrêmes.
Pour les mousses et tambours ou enfants de
troupe on imagine facilement qu’ils sont jeunes
en 1857 (sic) et pour ceux qui déclarent avoir
servi dans une demi-brigade on imagine qu’ils
sont les plus âgés.
Ainsi Louis Beaufort de Longues, Jacques Bouet
et Pierre Bouet respectivement de la 48e et
65e demi-brigade.
Bouteiller est né en 1775 à Dieppe, Breton à
Tournay, 90 ans, n’a pas la médaille car il
décède entre-temps, Brionne est né en 1771 il a
donc 86/87 ans
Gondon dit la douce a été au service de 1792
à 1815 ! Quel âge a-t-il ?
Etat de la conscription. La majorité d’entre eux
sont nés dans la période où elle s’est appliquée
c'est-à-dire nés après 1783. Beaucoup sont
appelés dans la Marine. Mais pour l’armée de
terre on trouve : la prédominance du 28e d’Infanterie de Ligne, 130 individus. Puis le 86e de Ligne
avec 52 individus, le 32e avec 49 et le 138e
avec 44 individus. Infanterie Légère, le 36e
Léger vient en tête avec 48 soldats puis le 5e
léger, 28 soldats. Bien sûr des décorés sont issus
de la Garde Impériale et l’un déclare même
avoir servi dans la Garde des Consuls ! donc
avant 1804. Les douaniers, 5 personnes, (sont
militaires). Pour la Cavalerie les 2e et 9e chasseurs
à cheval comptent 26 médaillés chacun. 4e hussards, 6e dragons ont le plus de médaillés. Un
médaillé déclare avoir servi dans un régiment
suisse ; quelques-uns dans les Gardes d’Honneur
signalant ainsi leur origine sociale. Des artilleurs, oui, mais pas de chiffre significatif principalement quelques canonniers garde-côtes
dans le 10e Bataillon qui était stationné entre
Ouistreham et Isigny. Idem pour le service de
santé hôpitaux et ambulances.
D’où viennent t-ils ?
Le lieu de naissance est rarement indiqué.
Quand il est indiqué on constate que 96 % viennent du Calvados, 3 % des départements voisins
et moins de 1% d’ailleurs, dont un Italien et un
Polonais.
Leur état de santé
1 - événements non liés à leur situation d’ancien militaire.
En 1857 Guillaume Léonard Fortier est signalé
atteint d’aliénation mentale mais calme.
Guerin, de Courvaudon, grabataire depuis
6 ans, est incapable de se rendre à la remise de
la médaille, il décède d’ailleurs en novembre
1859 à 68 ans. Hamel Jean Baptiste est paralysé du bras gauche. Ce ne sont que quelques
exemples.
Les grades
Il est assez difficile sans étude détaillée de
chaque cas d’être précis car certains se mentionnent officier sans préciser qu’il s’agit d'un
grade obtenu après 1815.
Pour l'armée de terre on peut compter évidemment
une très grande majorité d’hommes de troupe.
On compte : 37 sous-lieutenants, 39 lieutenants, 29 capitaines, 8 chefs de bataillon ou
d’esc., 4 officiers sans précision soit un total de
117 pour 3 500 médaillés (0,5 % environ).
2- Les blessures de guerre sont indiquées.
Michel Boisard a perdu l’oil gauche et est estropié, Thieville a été blessé d’un coup de feu à la
jambe gauche en Espagne. Gondon a été
blessé à Wagram, Cacqueray a été blessé à
Waterloo, comme Lafosse à Mont-Saint-Jean ;
Morice a été gravement blessé, Fouache de
Lion-sur-Mer a été amputé, il était sur le vaisseau l’Auguste, Porquet de Maisoncelles souffre
d’un tremblement continuel du bras gauche.
Ayant évoqué l’aspect militaire, abordons l’aspect
social de l’époque Napoléon III.
Les archives de Sainte-Hélène sont révélateurs
de la situation sociale d’une partie de la population que nous appellerions aujourd’hui les
« seniors ».
10
Conclusion
Il n’y a pas de gros tableau de blessures car on
peut penser que les plus gravement atteints sont
décédés avant 1857.
Au-delà de l’aspect strictement individuel qui a
permis à nos Calvadosiens d’éprouver une certaine fierté du devoir accompli pendant les
guerres de la Révolution et de l’Empire et d’en
porter la marque visible, l’étude de la médaille
de Sainte-Hélène et de ses archives, par sa
richesse, ouvre la voie à une analyse très intéressante de la société.
Leur état de fortune ou d’infortune
Ce renseignement ne figure que pour près de
10% des décorés.
Gondouin de Gonneville sur Dives est signalé
par le maire comme « ne possédant rien ». Mais
Groult de Saint-Paer est rentier. Jean Breton de
Tournay est signalé dans un complet dénuement.
Ce sont surtout les « indigents » qui sont signalés en raison des secours régulièrement demandés. Il faut noter qu’en pleine période de distribution de la médaille de Sainte-Hélène, lors de
son voyage en Basse-Normandie en 1858
Napoléon III décidera de répartir 6.000 francs
en secours pour les médaillés de Sainte-Hélène.
***
Bibliographie sommaire
Pour qui souhaiterait approfondir ses connaissances sur la médaille de Sainte-Hélène on
pourra consulter :
www/sainte-helene.org qui, outre un historique
détaillé permet de rechercher un aïeul décoré.
Le n° 316 de la revue du Souvenir Napoléonien
avec un article de l’ancienne conservatrice du
Musée de la Légion d’honneur, Madame
Ducourtial.
Le n° 170 de la revue Symboles et Traditions
avec un article de Daniel Werba.
Leur activité professionnelle n’est que rarement
indiquée, elle serait à rechercher dans leur acte
de décès ou de mariage.
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12
La médaille commémorative de la guerre
de 1870-1871
par Daniel WERBA
Evoquer la médaille de la guerre de 1870 –
1871, c’est évoquer une période particulièrement sombre de notre histoire nationale.
Négligée par les collectionneurs, car assez
commune, la médaille de 1870 l’a également
été, tout au moins jusqu’à ces dernières années,
par les auteurs historiens et phaléristes.
Il est vraisemblable que l’amertume de la défaite
n’était pas étrangère à ce désintérêt.
Cette guerre aura été funeste à plus d’un titre :
- d’abord 140 000 morts et autant de blessés,
370 000 prisonniers, des villes dévastées,
- ensuite la perte de l’Alsace et de la Lorraine,
- enfin, un coût financier considérable, le paiement d’une indemnité de cinq milliards de
francs-or, des régions pillées et le recul de l’influence française en Europe.
Cette guerre malheureuse a traumatisé le pays
et marqué plusieurs générations de jeunes gens
qui ont vécu dans l’attente de la revanche et du
retour à la mère patrie des deux provinces perdues. Il faudra la victoire de 1918 pour qu’enfin
s’efface des mémoires cette blessure dont on
disait « qu’elle vivait au fond des cours ».
L’histoire, relayée par une opinion publique trop
heureuse de trouver un bouc émissaire à ses
malheurs, va faire porter à l’empereur
Napoléon III la responsabilité du conflit et de la
défaite.
L’accusation est injuste et il ne faudra pas moins
d’un siècle pour qu’enfin on en revienne à une
analyse plus objective.
En effet, l’empereur avait conscience des faiblesses de l’armée française et des ambitions de
la Prusse. Dès 1866, il avait pris la mesure de la
puissance militaire prussienne qui en quelques
jours avait balayé les armées combinées
d’Autriche-Hongrie et de Bavière, leur infligeant
à Sadowa une cuisante défaite dont elles ne se
remirent jamais. L’année suivante, en 1867, lors
de l’exposition universelle de Paris, il avait
constaté la supériorité des canons Krupp, tout
acier à chargement par la culasse, sur notre
artillerie de bronze désormais obsolète. La volonté
de l’empereur était de moderniser notre armée
et il s’agissait d’une priorité désormais incontournable compte tenu des ambitions de la
Prusse.
LA GUERRE CAUSE ET DÉROULEMENT
C’est dans cette perspective que l’empereur fait
adopter en 1866 le fusil chassepot largement
supérieur au dreyse prussien, car plus précis,
plus rapide, plus robuste et de plus longue portée. L’empereur, de sa cassette personnelle, dote
l’armée du canon à balles, ancêtre de la mitrailleuse, arme terrible et redoutable dont l’effet
dévastateur était foudroyant. Enfin et surtout
l’empereur charge le ministre de la guerre,
le maréchal Niel, d’entreprendre l’ouvre de
redressement indispensable avec la création
de la garde nationale mobile. A cette nouvelle
l’opposition fit chorus : « Vous voulez donc
transformer la France en caserne… ». La
réplique cinglante et prophétique du maréchal
n’y changera rien : « Craignez qu’elle ne se
transforme en cimetière »
Le projet fut délaissé.
Dans le même temps la Prusse qui depuis des
années se préparait à la confrontation était sur
le pied de guerre ; la ligne, la réserve
Avec le recul du temps on peut penser que cette
guerre était inéluctable car il s’agissait pour la
Prusse d’une part de régler en Europe une question de suprématie, d’autre part, de réaliser sous
son autorité l’unité allemande. A ce dessein, il y
avait un obstacle : la France. Il ne manquait
qu’un prétexte au conflit. L’affaire d’Espagne
allait le fournir.
En 1868, la couronne d’Espagne est offerte au
prince Léopold de Hohenzollern, proche parent
du roi de Prusse Guillaume Ier. Vive émotion en
France, émotion dont le chancelier Bismarck tire
habilement parti en divulguant la tristement
célèbre dépêche d’Ems « le chiffon rouge qui
affolera le taureau gaulois ».
Le 19 juillet 1870, c’est la guerre, déclarée
témérairement par la France, une guerre dont
elle aurait pu faire l’économie dans l’honneur, le
prince de Hohenzollern ayant renoncé au trône.
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et la Landsheer rassemblaient 500 000 hommes
auxquels nous n’avions à opposer que 265 000
hommes.
Par une chaleur épouvantable, l’armée démoralisée se met en marche pour l’ultime étape.
Les 1er et 2 septembre, encerclée dans la
cuvette de Sedan, elle succombe sous un déluge
de fer et de feu.
L’empereur se porte en 1ère ligne pour y trouver la mort qui l’épargne mais frappe son aide
de camp, le capitaine d’Hendricourt, qui se
trouvait à ses côtés.
Pour arrêter le carnage, l’empereur se résout à
faire hisser le drapeau blanc sur la citadelle. Il
est prisonnier. La nouvelle est connue à Paris où
la révolution éclate.
L’impératrice régente quitte la capitale et se
rend à Trouville d’où elle peut gagner l’Angleterre.
Le 4 septembre, la République est proclamée, le
gouvernement de la Défense nationale proclame la patrie en danger et lève des centaines
de milliers d’hommes. Des armées sont formées
mais sans discipline, sans instruction, parfois
sans armes et sans cadres.
On s’aperçoit, mais trop tard, de la pertinence
de la Loi Niel…
A cela s’ajoutait une confusion totale. Si le
maréchal Lebœuf ne craignait pas d’affirmer
« qu’il ne manquait pas un bouton de guêtre »,
les officiers ne possédaient ni cartes ni renseignements sur les zones des combats à venir.
En vérité, l’armée française vivait sur une réputation flatteuse mais inexacte. Elle vivait auréolée de victoires prestigieuses certes, mais
acquises au prix fort comme à Solferino sur des
armées désuètes (Autriche, Hongrie ou Russie)
ou sur des bandes d’irréguliers (Algérie ou
Indochine).
En fait, l’état-major n’était pas préparé à une
guerre moderne. Plus clairvoyant qu’on ne l’a
dit, l’empereur Napoléon III savait cela, raison
pour laquelle il était hostile à cette guerre qui
venait trop tôt et dont il pressentait sans doute
qu’elle serait fatale à sa dynastie et à la France.
Hélas, les ardeurs belliqueuses de son entourage, relayées par une opinion publique quasi
unanime, l’ont emporté sur la réserve du souverain affaibli par la maladie.
Ces armées sont :
- l’armée du camp retranché de Paris sous les
ordres du général Trochu, dont Victor Hugo
disait : « Trochu, participe passé du verbe trop
choir ». Défaites de Champigny, du Bourget,
de Buzenval…
La suite est connue : c’est un long et douloureux
chemin de croix qui, d’août 1870 à janvier
1871, va mener le pays au désastre :
- 2 août, défaite de Wissembourg ;
- 6 août, défaite de Forbach ; défaite de
Reichshoffen qui livre l’Alsace et ouvre les
portes de la Lorraine
- le maréchal Mac Mahon bat en retraite sur le
camp de Châlons. Le maréchal Bazaine s’enferme dans Metz avec 180 000 hommes, dont
la garde impériale fer de lance de l’armée.
- l’armée de la Loire, après les succès
d’Orléans et de Coulmiers va, avec le général
Chanzy, de désastres en déroutes. Défaites de
Beaune, de la Rolande, de Loigny, du Mans.
La débâcle ne s’arrêtera qu’aux portes de Laval
avec la signature de l’armistice.
- l’armée du Nord commandée par un officier
de grande valeur le général Faidherbe, vainqueur à Bapaume, victoire sans lendemain.
De sanglantes batailles se livrent, Mars-la-Tour,
Gravelotte, Saint-Privat, mais Bazaine n’a pas la
volonté de forcer l’encerclement. Le 18 août,
Metz est investie et, pendant deux mois et demi,
l’armée française va rester quasi immobile
jusqu’à ce que le maréchal Bazaine et la famine
la livrent avec armes et drapeaux le 29 octobre.
Avec les débris de l’armée l’empereur veut couvrir Paris et se mettre sous la protection des forts
de la couronne : là, la troupe pourra se renforcer, se reconstituer et reprendre courage et
moral. Le parti de la guerre s’y refuse : il faut
marcher sur l’ennemi en direction de Sedan où
Bazaine viendra rejoindre après avoir traversé
les lignes prussiennes.
- l’armée de l’Est, la malheureuse armée de
l’Est, commandée par le brave général
Bourbaki, vainqueur à Villersexel mais vaincu
à Héricourt sans avoir pu forcer le blocus de
Belfort. La retraite douloureuse de l’armée de
l’Est est restée synonyme de débandade ce qui
est injuste. Oubliée par les négociateurs français de l’armistice l’armée de l’Est, dans des
conditions épouvantables, dans la neige et
par un froid sibérien a pu gagner la Suisse
pour y être internée. De désespoir, le général
Bourbaki tentera de se suicider en se tirant
une balle dans la tête.
14
Tout au long de ces mois tragiques, ponctués de
défaites et de drames, vont s’accomplir des
actes sublimes et héroïques, des sacrifices pour
l’honneur et le drapeau.
La première médaille créée, le fut au printemps
1871, c’est l’Etoile de la 4e brigade de l’armée
des Vosges de Riciotti Garibaldi, fils du célèbre
Guiseppe Garibaldi.
Quantité de médailles, insignes, rubans divers
et variés furent remis par ces associations dans
les années qui suivirent la guerre.
Le but de ces associations était multiple et
notamment :
- d’abord conserver vivaces les liens fraternels
tissés durant les combats ;
- ensuite, participer aux fêtes patriotiques et
commémoratives, hommages aux morts autour
des tombes et des monuments (Caen, Honfleur,
Dives, Villers-sur-Mer, Lion-sur-mer, Lisieux,
Bernay…) ;
- enfin, avoir un rôle social auprès d’adhérents
les plus démunis : par le biais de cotisations et
de dons, les plus malheureux étaient secourus et
aidés.
L’Histoire se souvient :
- de la charge des cuirassiers de Reichshoffen,
- de la charge des chasseurs d’Afrique sur le
plateau de Floing,
- des marsouins de la maison des dernières
cartouches à Bazeilles,
- des volontaires de l’Ouest à Ligny,
- des citadelles de Bitche et de Belfort…
Et d’autres dévouements encore dont beaucoup
sont hélas aujourd’hui tombés dans l’oubli.
La Légion d’honneur et la Médaille militaire
viendront récompenser les plus méritants parmi
ces braves. Mais pour les autres, les obscurs, les
sans grade, ceux qui avaient fait leur devoir en
se portant au secours de la Patrie, rien que
l’amertume de la défaite. Cette situation était
choquante.
Certes, la défaite était sans appel mais ces
hommes n’avaient pas démérité. Ils avaient
connu les combats, vécu le danger, souffert du
froid, de la faim, de la peur. Ils pouvaient légitimement prétendre à la reconnaissance, même
modeste, de la Nation.
A plusieurs reprises par l’intervention d’hommes
politiques ou d’associations d’anciens combattants, le débat fut mis sur la place publique.
En vain, chaque tentative se heurtait à un refus
du Gouvernement qui n’entendait même pas
évoquer le sujet.
La plus importante de ces associations était celle
des « Vétérans des Armées de Terre et de Mer »
créée en 1893 et qui a survécu jusque dans
les années 40. Elle comptait des dizaines de milliers d’adhérents répartis en 2 241 sections
en France et dans les Colonies et eut, comme
présidents d’honneur, des personnages aussi
illustres que le président Clémenceau ou les
maréchaux Joffre, Foch, Lyautey. C’est assez
dire son importance et son prestige.
Ces associations étaient diverses :
- associations nationales :
Union fraternelle des Mobiles et Combattants
de 1870,
Fédération des Combattants de 1870,
Société fraternelle des Combattants de 1870,
Union générale des Combattants de 1870, etc.
- associations locales :
Anciens Combattants de Lisieux, de l’Aigle, de
Rouen, d’Elbeuf, de Louviers, etc.
- associations régimentaires :
Anciens de l’Armée de Metz, de la Loire, de
l’Est, etc.
- associations d’anciens d’une bataille, d’un siège :
Anciens de Gravelotte, de Belfort, de
Champigny, de Châteaudun, etc.
La guerre avait duré sept mois, le combat pour
la Médaille de 1870 allait durer quarante ans...
LES ASSOCIATIONS
On ne peut s’empêcher de penser au sort identique des vétérans du Ier Empire qui attendirent
42 ans leur Médaille de Sainte-Hélène et,
comme leurs illustres aînés, les anciens de 1870
n’eurent d’autre choix que de suppléer, par le
biais de leurs associations, à la défaillance des
autorités.
Dans l’attente d’une récompense officielle, ils
purent ainsi orner leur poitrine de modestes
insignes à caractère privé.
15
De ces multiples associations, deux ont survécu :
le Souvenir Français dont le but est de veiller à
l’entretien des tombes militaires et des monuments commémoratifs (On doit au Souvenir
Français l’érection de très nombreux monuments
commémoratifs) ; et la Société des Volontaires
de 1870-1871 créée en 1872 et qui,
aujourd’hui, porte le nom de Société des
Volontaires 1914-1918 et 1939-1945 et T.O.E
et Résistance.
vaincu. L’Autriche et la Bavière après le désastre
de 1866, la Russie après Sébastopol ou la
guerre contre le Japon, le Danemark après la
guerre des Duchés, n’avaient eu aucune hésitation à rappeler par médailles officielles des
défaites douloureuses.
En dépit des refus réitérés, des anciens de 1870
ne cessèrent jamais de revenir à la charge,
inlassablement, toujours plus déterminés et soutenus désormais par des pétitions qui rassemblaient des dizaines de milliers de signatures.
L’obstination de ces hommes, au premier rang
desquels figuraient toujours Ernest Noël, député
de Paris, et Georges Berry, également député de
Paris, finit par l’emporter sur l’opposition du
Gouvernement.
Toutes ces associations, ou presque, décernaient un insigne portable avec ruban. L’insigne
était généralement composé d’un trophée
d’armes surmontant une médaille avec l’effigie
de la République. Le ruban était souvent tricolore à bandes noires (deuil) et vertes (espoir).
Ces insignes parfois pittoresques mais toujours
émouvants restaient cependant des insignes privés et ne revêtaient pas la valeur d’une récompense officielle. Les associations ne s’y trompaient pas et se firent de plus en plus pressantes
pour qu’une médaille officielle fût instituée.
Ce désir était d’autant plus fort que
ces anciens voyaient avec un sentiment de dépit et de frustration la
poitrine de leurs cadets se couvrir de nombreuses médailles
décernées à l’occasion des
campagnes
coloniales
menées par la France
(Tonkin
1885
–
Madagascar
1886
–
Dahomey
1892
–
Coloniale
1893
–
Madagascar 1895 – Chine
1902 – Maroc 1909).
En 1894 une démarche est
entreprise par un parlementaire parisien, Ernest Noël,
qui dépose, mais sans aucun
succès, un projet de loi. Il récidive deux ans plus tard, mais nouveau refus du ministre de la Guerre
: « il n’y a pas lieu de perpétuer par un
signe ostensible le souvenir de cette période de
notre histoire nationale ».
LA MÉDAILLE COMMÉMORATIVE
En 1910, après quarante ans de lutte, leurs
efforts allaient être couronnés de succès. Cette
année-là, dans le cadre de la discussion du
budget de l’exercice, les préfets furent invités
à établir les premières listes d’ayants
droits de manière à évaluer leur
nombre pour pouvoir calculer les
conséquences financières de
cette création.
Le 29 mai 1911, le
Gouvernement
présente
enfin un projet de loi tendant à la création de la
médaille tant attendue : «
Depuis plusieurs années, la
question s’est posée devant
l’opinion d’accorder aux
survivants de la campagne
un témoignage effectif de la
reconnaissance de la Nation
». Le 22 juin 1911, le comte
Hubert de Montaigu, député,
donne lecture à la Chambre du
rapport fait au nom de la
Commission de l’Armée chargée d’examiner le projet de loi tendant à la création
d’une médaille commémorative et il proposait
de l’adopter. L’urgence est demandée….Il était
temps….
Le 3 juillet 1911, le projet est adopté par la
Chambre (485/1). Le 12 juillet, le Sénat l’adopte
à son tour (271/0). Le 9 novembre 1911, 40
ans et 10 mois après la guerre, la loi est votée.
L’argument était tout à fait spécieux. En effet, de
nombreux pays d’Europe, à l’histoire militaire
glorieuse, avaient exprimé leur reconnaissance
à leurs combattants malheureux car le courage
est une vertu qui ne connaît ni vainqueur ni
16
Quant au processus d’obtention, il est le suivant :
la demande est à établir sur papier libre en se
conformant strictement au modèle fixé par
l’Instruction. Il est vivement conseillé, pour faciliter la tâche des services, de passer par les
associations qui regrouperont les demandes de
leurs adhérents et les adresseront à l’administration concernée. (L’association des Vétérans
des armées de terre et de mer traitera 80 000
dossiers).
C’est la qualité de l’ayant droit qui fixe le destinataire du dossier :
- le ministère de la Guerre pour l’armée d’active
et la garde nationale mobile ;
- le préfet du département pour la garde nationale mobilisée ;
- les municipalités des villes assiégées demeurées françaises, pour la garde nationale
sédentaire.
- le ministre de la Marine pour les corps et services de la Marine ;
- le ministre des Finances pour les douanes et la
trésorerie aux armées ;
- le ministère de l’Agriculture pour le corps des
forêts ;
- le sous-secrétariat d’Etat aux postes et télégraphes pour la poste et télégraphie militaire ;
- la préfecture de Police pour les gardiens de la
paix de la ville de Paris.
La loi du 9 novembre 1911 et l’instruction spéciale
du 2 novembre 1911
Cette loi du 9 novembre 1911 est brève, elle
comprend six articles : le premier institue la
médaille et le second en donne la description ;
le troisième exclut les « indignes » : ceux qui se
seront signalés par leur mauvaise conduite
durant les hostilités et ceux qui auront été
condamnés durant la même période ; enfin, le
sixième renvoie pour application à une instruction spéciale.
Cette instruction spéciale datée du 2 novembre
1911 est signée du ministre de la Guerre, le
général Messimy, elle fixe les ayants droits et
expose les modalités d’obtention. Ce texte est
fondamental. Les ayants droits sont les suivants :
« Les militaires ou anciens militaires actuellement vivants présents sous les drapeaux de juillet 1870 à février 1871 inclus ».
Ces militaires ou anciens militaires doivent avoir
servi dans l’une des huit catégories suivantes :
- l’armée d’active,
- la garde nationale mobile,
- les corps francs reconnus,
- la garde nationale mobilisée,
- la garde nationale sédentaire des villes assiégées (Paris, Strasbourg, Belfort, etc.),
- les corps et services de la marine,
- les corps organisés mobilisés en 1870
(douanes, agents et gardes des forêts, gardiens de la paix de la ville de Paris),
- les services de la trésorerie et de la poste aux
armées.
Après vérification, les demandes sont transmises
aux services compétents des ministères de la
Guerre et de la Marine. Ces demandes doivent
être accompagnées de la justification de la présence sous les drapeaux par un document officiel ou à défaut par attestation signée de deux
témoins et d’un extrait de casier judiciaire ou
une attestation de bonnes vie et mours délivrée
par une association d’anciens combattants.
Pour les Français vivant à l’étranger les
demandes doivent être déposées auprès de
l’ambassade de France. Pour les étrangers, par
la voie de l’ambassade à Paris de la nation à
laquelle ils appartiennent. Cette obligation
concerne les Alsaciens-Lorrains devenus allemands suite à l’annexion et elle provoquera
d’ailleurs leur profond mécontentement.
Ces formalités accomplies il faut attendre la
remise du brevet dont la distribution commencera à la fin de l’année 1911 et se poursuivra
de manière régulière jusqu’au mois d’août
Cependant, très vite, on s’aperçoit que ce cadre
est trop étroit et le 27 mars 1912, sur proposition du colonel Driant, la Chambre élargit la
liste des ayants droits aux médecins, aux infirmières et infirmiers, aux aumôniers et aux
aérostiers ayant quitté Paris en ballon. Par
contre, les pompiers et les civils prisonniers ou
otages ne sont pas retenus.
Le 23 juillet 1923, la loi apporte à cette liste
deux catégories supplémentaires : les enfants
volontaires qui avaient moins de quatorze ans à
la déclaration de guerre et qui ont été enrôlés
dans la garde nationale, et les enfants de moins
de dix-huit ans non incorporés mais ayant
accompli un acte de courage civique.
17
1914. Cette distribution sera officiellement suspendue durant la durée des hostilités mais elle
reprendra avec la fin de la guerre (les Archives
départementales de l’Eure possèdent des dossiers de remises postérieures à la guerre de
1914 – 1918, cote 7 R 11).
Maroc en prenant soin toutefois de dépouiller le
casque de la République de la couronne de laurier qui l’ornait. Pour l’anecdote on rappellera
que c’est une actrice de l’Opéra Comique,
Fernande Dubois, qui servit de modèle pour
l’effigie de la République casquée.
La médaille
La médaille de bronze du modèle officiel est
d’un module de 30 mm. Cependant, il en existe
de nombreuses variantes non officielles :
variante de modules (des modules réduits pour
tenue de soirée et un gros module de 36 mm),
variante de métal (bronze argenté, bronze doré,
argent, or, parfois avec roses).
Il existe également un modèle de fantaisie dit du
« Duc des Cars » portant dans le cartouche du
revers l’inscription : « Le Duc des Cars à ses
frères d’Armes ». Cette médaille est longtemps
restée une énigme et il aura fallu les recherches
de M. Philippe Vraine pour en percer le mystère.
Il s’agit d’une médaille privée, frappée par la
maison Arthus Bertrand de Paris à la demande
du duc des Cars. Cette médaille était destinée à
être remise par le duc des Cars à ses compagnons de la promotion 1872 de Saint-Cyr « La
Revanche ».
Le brevet est offert mais la médaille est aux frais
du récipiendaire qui peut en faire l’acquisition
de ses deniers auprès de la Monnaie de Paris ou
bien auprès de son association. Il lui en coûte
1F50 pour le modèle « Ordonnance », 2F pour
le même modèle avec la barrette « Engagé
Volontaire ».
L’insigne. La médaille est précisément décrite
dans l’article 2 de la loi du 9 novembre 1911 :
L’insigne sera en bronze du module de 30 mm.
Il porte à l’avers l’effigie de la République et au
revers des attributs militaires rappelant la collaboration des troupes de la Guerre et de la
Marine avec le millésime 1870 – 1871. Cette
médaille sera suspendue au ruban par une
bélière également en bronze. Le ruban aura
une largeur de 36 mm. Il sera coupé dans le
sens de sa largeur de 9 raies vertes et noires
alternées d’une largeur de 4 mm chacune. Pour
les engagés volontaires une agrafe en argent
barrant portera la mention « Engagé Volontaire ».
Le ruban vert et noir n’a jamais varié et ce malgré la proposition faite en décembre 1918 par
Paul Pugliesi Conti, député de la Seine : « La
Chambre invite le Gouvernement à supprimer
de la médaille 1870-1871 le noir qui rappelait
notre deuil national et à y substituer une nouvelle couleur représentative de la victoire de la
France ». Cette proposition fut renvoyée devant
la Commission de l’Armée. Bien que logique et
de bon sens, il ne semble pas que cette suggestion fut suivie d’effet.
Comme on peut s’en rendre compte à la lecture
de cette description officielle, l’insigne est simple pour ne pas dire modeste. Cette sobriété a
été voulue et le sénateur Berteaux y a personnellement veillé : pas d’aspect pompeux, pas
de feuille de laurier ou de chêne, pas le mot
« gloire ».
Il existe des barrettes artisanales, sans caractère
officiel, comme la barrette « BELFORT ». Il s’agit
là de fantaisies, d’une indiscutable rareté, qui
font la joie des collectionneurs.
La réalisation de la médaille fut confiée à un
artiste de renom, Georges Lemaire (1843 –
1914) qui avait déjà gravé différentes
médailles, dont la fameuse médaille coloniale
(1893) mais aussi les médailles de l’expédition
de Chine (1900 – 1901) et du Maroc (1909).
Georges Lemaire s’est scrupuleusement
conformé aux exigences du sénateur Berteaux et
la médaille est d’une grande sobriété. On
notera que, pour l’avers, il a purement et simplement repris le modèle de la médaille du
Le brevet est d’une extrême simplicité. D’un format de 30,5/21 (feuillet de 61/42 plié) il mentionne le nom et le prénom du titulaire, son
grade, son corps et précise le port de l’agrafe
« Engagé Volontaire ». En raison de l’austérité
du document, des brevets décoratifs furent mis
dans le commerce notamment par les journaux.
18
CONCLUSION
Aucune cérémonie de remise à caractère officiel
n’était prévue. C’est au cours de fêtes locales ou
de célébrations patriotiques que, dans chaque
commune de France, furent honorés les titulaires et ce, en l’absence de toute pompe militaire, ni prise d’armes, ni défilé, sauf celui du
corps des sapeurs-pompiers, des associations
patriotiques et des sociétés de gymnastique.
A l’origine le ministre de la Guerre s’était même
opposé à la présence de militaires en uniforme
lors de ces manifestations. Avec le temps, les
choses s’assouplirent et les officiers purent, en
uniforme, remettre la médaille commémorative
aux vétérans.
La presse locale et les revues d’associations se
firent systématiquement l’écho de ces cérémonies et relatèrent par le menu le déroulement
dans leurs colonnes. Des cartes postales sur ce
thème ont été éditées par des imprimeurs
locaux.
Le 7 décembre 1924, le fils du maréchal
Maunoury écrivait au Grand Chancelier de la
Légion d’honneur :
« Monsieur le Grand Chancelier,
Lorsqu’en 1911, le Maréchal Maunoury reçut la
médaille commémorative de 1870, il l’enferma
dans son écrin mais ne la porta jamais.
Quand le 10 septembre 1914 il remit à son chef
d’Etat-Major le texte de l’ordre du jour qu’il
adressait à ses troupes victorieuses, il avait épinglé sur sa vareuse l’humble médaille de bronze
soutenu par un ruban vert et noir.
Cette décoration de mon père nous était particulièrement précieuse.
Nous sommes fiers de l’offrir au Musée de la
Légion d’honneur »
Cette lettre émouvante résume tout ce qu’ont
représenté la médaille commémorative de 1870
– 1871, la douleur de la défaite et la foi indéfectible en la revanche.
Remerciements
Le nombre de titulaires, les derniers survivants.
Il est certainement possible de connaître avec
exactitude le nombre de titulaires. Hélas, je n’y
suis pas parvenu. Cependant, une lettre circulaire du ministre de l’Intérieur, en date d’octobre
1912, apporte un début de réponse précisant
qu’à cette date, 180 000 diplômes avaient
d’ores et déjà été attribués et fixant approximativement le nombre total à 287 000.
On peut estimer que le nombre de titulaires n’a
vraisemblablement pas excédé 300 000. Quant
aux derniers survivants, j’ai également échoué
dans mes recherches.
En 1936, soit 65 ans après le conflit, les députés se préoccupaient encore des anciens de
1870 et le 2 avril était votée la création de la
Croix du Combattant Volontaire 1870 – 1871.
Madame de Chefdebien, Conservatrice du
Musée de la Légion d’honneur
Monsieur Darnis, Conservateur du Musée de la
Monnaie de Paris
Bibliographie
Ouvrages spécialisés sur la période :
Philippe BOIRY, Histoire de la Société des
Volontaires, Pilote 24 Edition Périgueux, 1998.
Philippe VRAINE, La Société Nationale des
Vétérans des armées de terre et de mer, Philippe
Vraine Chevregny, 2001.
Philippe VRAINE Médailles et insignes portables
de la guerre franco- allemande de 1870 – 1871,
Philippe Vraine Chevregny, 2004 et 2007.
Revue Symboles et Traditions
Par référence aux vétérans du Ier Empire et de
la 1ère Guerre mondiale, il est permis de penser que les derniers combattants de 1870 –
1871 ont disparu dans les années 1955 –
1960.
Ouvrages de phaléristique :
André DAMIEN, Le grand livre des Ordres de
Chevalerie et des Décorations, Solar, 1991.
M. DELANDE, Décorations France et Colonies,
Delande, Paris 1934.
19
20
La médaille coloniale
par Antoine CHAMPEAUX
Lieutenant-colonel, conservateur du musée des troupes de marine
L’usage de médailles commémoratives pour
récompenser les militaires ayant participé à des
campagnes de guerre est relativement récent en
France tandis qu’il est plus ancien dans d’autres
pays européens comme la Russie, l’Allemagne
ou encore la Grande-Bretagne depuis les
guerres napoléoniennes. Ainsi, les premières
médailles commémoratives distribuées à des
soldats français sont des décorations étrangères :
celle du siège de Rome (1849) ou les médailles
de la Crimée et de la Baltique créées en 1856.
C’est sans doute l’exemple des Britanniques
décernant leur médaille commémorative à des
soldats français qui incite Napoléon III à créer
en 1857 la Médaille de Sainte-Hélène, « première véritable médaille commémorative1 »,
puis en 1859 la médaille commémorative de la
campagne d’Italie, en 1861 celle de Chine et
en 1863 celle du Mexique.
L’expansion coloniale amène ensuite les gouvernements de la IIIe République à poursuivre la
frappe de médailles commémoratives, en 1886
pour le Tonkin, en 1886 pour Madagascar et en
1892 pour le Dahomey. Cette énumération
allait s’interrompre provisoirement à l’initiative
de quatre-vingt-trois députés soucieux… d’économiser les deniers de l’État (!) avec la création
d’une nouvelle et singulière médaille commémorative qui sous une nouvelle appellation est
devenue plus que centenaire.
ser les services militaires dans les colonies, et
résultant, soit d’un séjour prolongé dans les
colonies ou pays de protectorat, soit de la participation, dans une colonie quelconque, à des
opérations de guerre. […] Pour chacune des
campagnes de guerre, une agrafe spéciale sera
créée portant le nom de la colonie et la date de
la campagne. »
Delcassé, sous-secrétaire d’État aux colonies,
approuve aussitôt ces dispositions en ajoutant :
« C’est une simplification et une économie. »
Les députés approuvent également : les mots
« Très bien ! Très bien ! » font écho au ministre dans l’hémicycle.
Après délibération de la Chambre des députés
et du Sénat, le texte de l’amendement légèrement modifié devient l’article 75 de la loi des
finances promulguée le 26 juillet 1893 par le
président de la République, Sadi Carnot, loi
portant création de la médaille coloniale. Et, le
6 mars 1894, sur proposition du ministre de la
marine et du ministre de la guerre, le président
de la République signe le décret d’application
de la loi.
Description
Selon le décret du 6 mars 1894, la médaille
coloniale est en argent, d’un module rond de
30 millimètres. Elle porte, d’un côté (avers),
l’effigie casquée de la République avec les mots
« République Française », de l’autre côté
(revers), en légende « Médaille Coloniale » et,
au milieu, un globe terrestre sur un trophée
militaire interarmées comportant drapeaux,
canons, ancre, fusils, sabres et haches. Selon
L’Illustration du 17 mars 1894, le dessin de la
médaille coloniale est l’œuvre du capitaine de
frégate Saulnier de La Pinelais. La gravure est
confiée à Georges Lemaire pour l’hôtel de la
Monnaie. Sa signature figure sur le jeton.
LA CRÉATION DE LA MÉDAILLE COLONIALE
Au cours des mois de juin et juillet 1893, le
Parlement examine en effet la loi de finances.
Le 12 juillet, Casimir Périer, président de la
Chambre des députés, donne lecture d’un
amendement « qui allait avoir, en ce qui
concerne l’histoire des récompenses, une certaine importance2 ». En effet, cette disposition
additionnelle est ainsi conçue : « Il est créé une
médaille coloniale unique, destinée à récompen-
1 André Souyris-Rolland, Guide des ordres, décorations et médailles militaires, 1814-1963, Paris, Public-Réalisations, 1982, p. 61.
2 Francis-Henri Courroy, La Médaille coloniale 1893-1993, la France Outre-Mer racontée par les décorations, Ville d’Epinal, 1993,
p. 5.
21
La médaille coloniale est supportée par un
ruban de couleur bleu ciel, de largeur 36 mm,
comportant une raie centrale, blanche, de 7 mm
et, à 1 mm des bords, deux raies blanches de 2 mm.
Simple, mais élégant, ce ruban évoque sans
doute par sa couleur, la beauté des cieux d’outre-mer.
Les spécialistes s’accordent à décrire deux types
officiels :
l’un de 1893 à bélière biface, à épaule basse et
signature GEORGES LEMAIRE complète ;
l’autre type, apparu après la Première Guerre
mondiale, à bélière uniface et signature incomplète.
Il existe également quantité de variantes de la
médaille coloniale comme le modèle à épaule
haute, sans signature et avec une olive et un
anneau qui remplacent la bélière. Un autre
modèle réalisé à Londres pendant la Seconde
Guerre mondiale comporte un module de
26 mm, sans signature ni poinçon.
Autant de variantes qui s’expliquent par la multiplicité des fabricants : outre la Monnaie de
Paris qui fournit les jetons (fabrication dont elle
conserve l’exclusivité), plusieurs maisons privées
fabriquent également cette décoration : Laisne,
Baqueville, Lemaitre, Chobillon, Marie, ArthusBertrand. Après la Première Guerre mondiale,
Marie, Chobillon, Arthus-Bertrand ainsi que de
nouveaux fabricants privés (Delande, Marie
Stuart, Mourgeon) obtiennent de pouvoir fabriquer la totalité de la décoration mais avec un
jeton n’excédant pas 25 mm de diamètre. C’est
ce qui explique l’apparition de décoration d’un
diamètre réduit. On constate que le plus souvent les fabricants s’accordent une tolérance
d’environ 10 % par rapport aux dimensions
fixées ! Il existe également des fabrications artisanales notamment celles produites en
Indochine ou en Afrique du Nord.
sont ajoutées sur le ruban de la médaille,
portant le nom des combats auxquels le titulaire
de la médaille a effectivement participé au cours
de la campagne.
Malgré le souci du gouvernement de réaliser
des économies en ne frappant désormais
qu’une médaille unique, le ministre de la guerre
« de concert avec le ministre de la marine » se
soucie néanmoins « des expéditions antérieures
qui, en raison, de leur importance, seraient de
nature à motiver la concession de la médaille
coloniale3 ».
Un effet rétroactif est donc prévu pour les événements antérieurs à 1893, ce qui est souvent le
cas en matière de médaille commémorative. En
fait, le gouvernement remonte assez loin dans le
temps et homologue les campagnes à compter
du 1er juillet 1827 pour les troupes de la
marine et du 1er mai 1830 pour les troupes de
la Guerre ! Pour autant « les expéditions ayant
déjà donné lieu à la délivrance des médailles
commémoratives spéciales, telles que celles du
Dahomey, de Madagascar, du Tonkin4 » sont
exclues de la liste.
Les agrafes ou barrettes
Les textes officiels « parlent » d’agrafes, mais
la Monnaie de Paris les appelle barrettes. Trois
modèles existent : spécial, oriental, ordinaire.
Suivant les attributions légales, elles existent en
argent, en bronze ou en vermeil (argent doré).
À l’origine, les agrafes sont fixées sur le ruban à
l’aide d’une pince à rabattement échancrée,
dispositif remplacé par la suite par une barrette
de serrage.
Attribution des agrafes
Les agrafes sont attribuées par décrets ou par
arrêtés jusqu’à la fin de la guerre de 19391945. Certains décrets n’imposaient que la présence sur le théâtre des opérations, lors d’événements divers, alors que d’autres imposent une
participation effective. Un brevet numéroté est
remis au titulaire et la concession est mentionnée sur les pièces militaires des intéressés.
Les campagnes coloniales
Le décret du 6 mars 1894 prévoit que « le titulaire recevra la médaille coloniale avec autant
d’agrafes qu’il aura accompli de campagnes
dans des possessions différentes ». Ces agrafes
3 Rapport au président de la République en vue de la signature du décret d’application de la loi du 26 juillet 1893. Cette volonté
est néanmoins limitée : « De cette énumération, nous avons écarté, bien qu’elles aient ouvert le droit au bénéfice de campagne de
guerre, quelques périodes de notre histoire contemporaine, pendant lesquelles nos troupes se trouvaient en état d’hostilité avec les
populations indigènes, sans qu’il se soit produit d’actions de guerre véritables».
4 Ibid.
22
Une même agrafe peut avoir été attribuée pour
plusieurs campagnes ayant eu lieu à des
époques différentes ou pendant une longue
période. L’agrafe AFRIQUE OCCIDENTALE
FRANÇAISE est attribuée pendant 35 ans
(1905-1940).
De même, un nom de campagne peut figurer
sur des agrafes de types divers (ordinaire ou
oriental), ou en métal différent (argent, vermeil).
L’agrafe TCHAD ordinaire en argent a été attribuée pour les campagnes de 1901 à 1910 ;
une autre, ordinaire en vermeil, pour les missions accomplies à compter de 1969.
Certaines agrafes portent les dates des campagnes
conformément au texte de la loi du 26 juillet
1893 qui n’a été en fait que très peu appliqué.
Citons, par exemple, la plus ancienne (MAROC
1925) et la plus récente (TUNISIE 1942-1943).
1853), ILES MARQUISES (1842-1843), NOSSIBE (1849), NOUVELLE-CALÉDONIE (18531879), SÉNÉGAL ET SOUDAN (1833-1893),
ILES DE LA SOCIÉTÉ (1844-1847), TUNISIE
(1881-1883). Certains de ces anciens combattants étaient donc des vieillards lorsqu’ils se
virent décerner la médaille coloniale.
À propos de l’agrafe portant le nom CÔTE
D’OR, il convient de préciser qu’il s’agit d’une
erreur : le pays s’appelait en fait Côte de l’Or
(Ghana actuellement) et le texte du décret du 6
mars 1894 attribuant cette agrafe donne bien le
nom de CÔTE DE L’OR. L’agrafe a été décernée
pour la participation aux opérations dans les
possessions de Grand Bassam, de 1849 à
1853.
Les agrafes attribuées aux missions d’études ou
d’exploration
Les premières agrafes attribuées
Réservée, d’après les premiers textes, aux seuls
militaires, l’attribution de la médaille coloniale
est étendue, par l’article 77 de la loi du 13 avril
1898, aux fonctionnaires civils ayant pris part à
des opérations de guerre aux colonies et, sur la
proposition des gouverneurs et chefs de mission, aux militaires et aux civils ayant participé à
des missions coloniales périlleuses et s’y étant
distingués avec courage. Le 30 juin 1903, le
Parlement français adopte une loi tendant à
conférer la médaille coloniale, avec agrafe
AFRIQUE ou ASIE, aux missions d’études ou
d’exploration accomplies par des militaires ou
des civils depuis 1875. Le décret d’application
du 11 juin 1913 donne une liste de 172 missions comprenant : 107 missions en AOF, 33
en AEF, 6 à Madagascar et 26 en Asie. Le nombre important de missions explique les dix
années nécessaires pour confirmer l’homologation.
La première mission indiquée dans la liste est la
mission d’exploration de la Mellacorée (rivière
située à 150 kilomètres au sud de Conakry, en
Guinée). On y trouve également la mission politique à Bafoulabé (entre Kayes et Kita au
Soudan), accomplie par le capitaine d’infanterie de marine Gallieni, en 1879-1880 et d’autres missions accomplies par de « grands coloniaux ». Le lieutenant d’artillerie de marine Pol,
en 1880, sur le Haut-Sénégal ; le capitaine
Binger, en 1887-1889 ; le sous-lieutenant
Mangin, en 1890, dans le sud de la Mauritanie ;
le lieutenant Marchand, à Bakoumou (Soudan),
en 1890-1891.
Un décret du 6 mars 1894 donna la liste de
neuf campagnes ou théâtres d’opération pour
lesquels la médaille coloniale avec agrafe était
accordée à titre rétroactif. Les agrafes accordées portent les noms des campagnes homologuées, soit : ALGÉRIE (1827-1882), COCHINCHINE (1857-1868), CÔTE D’OR (1849-
23
LES AGRAFES DE LA MÉDAILLE COLONIALE
• Agrafe Centre Africain
Créée par la loi du 28 mai 1902, elle a été
décernée pour les opérations effectuées, avant
le 5 septembre 1900, au centre de l’Afrique
(Haut-Oubanghi, Bahr-el-Ghazal, Chari et Lac
Tchad, aux membres des missions dirigées par
l’administrateur Gentil (1897-1900) et de la
mission Joalland-Meynier.
On pourrait les présenter par ordre chronologique d’attribution, ou encore par régions ou
théâtres d’opérations. Retenons pour critère le
type de fabrication.
Agrafes du modèle normal
Elles sont en principe en argent et sont équipées
de pinces à rabattement échancrées. Outre les
onze premières agrafes déjà mentionnées cidessus, seize agrafes supplémentaires ont été
attribuées (vingt-sept au total), ce sont : ADRAR,
AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE, AFRIQUE
OCCIDENTALE
FRANÇAISE,
COMORES,
CONGO, CÔTE D’IVOIRE, DAHOMEY,
GUINÉE FRANÇAISE, GUYANE, HAUTMÉKONG, LAOS ET MÉKONG, MADAGASCAR,
MAURITANIE, SAHARA, TCHAD, TONKIN.
Un second modèle spécial constitué par un
cadre bordé par des festons perlés à leurs extrémités (48 mm de longueur), surmonté d’un
soleil rayonnant et muni d’une barrette de serrage :
• Agrafe Mission Saharienne
Créée par la loi du 22 février 1901, elle est
attribuée aux membres de la mission de
Foureau-Lamy, du Sahara à l’Afrique centrale,
de 1898 à 19005. Le musée des troupes de
marine conserve la médaille coloniale avec
deux agrafes en or du capitaine de Thézillat,
membre successivement de la mission FoureauLamy comme chef de l’escorte de spahis, puis
de la mission Gentil comme commandant de la
cavalerie du Bornou. Un autre militaire se vit
décerner deux agrafes en or : le commandant
Fournier dont la décoration est conservée dans
une collection privée6 : sergent-major au 1er
régiment de tirailleurs algériens et membre de
la mission Foureau-Lamy, il obtint la seconde
agrafe en or pour sa bravoure lors du combat
de Kousseri.
• Agrafes du modèle spécial
Elles sont en or pour les officiers et le cadre
européen de la troupe et en argent pour les
militaires indigènes de tout grade. Le personnel
civil peut en bénéficier suivant le rang et les services rendus. Elles sont au nombre de quatre et
dessinées selon deux modèles. Un premier
modèle spécial constitué par un cadre de style
oriental (41 mm de longueur) posé sur un motif
fait de feuilles de roseau et muni d’une pince à
rabattement :
• Agrafe de l’Atlantique à la Mer Rouge
Elle est créée par la loi du 4 juillet 1899 pour les
membres français de la mission dirigée par
Liotard et le commandant Marchand, dans
l’Afrique centrale et sur le Haut-Nil, du 23 mai
1896 au 19 mai 1899. Un décret du 2 août
1900 accorde la même agrafe, mais en argent,
au personnel militaire indigène ayant pris part
aux opérations de ladite mission qui se termine
par l’affaire de Fachoda. Le musée des troupes
de marine conserve la médaille coloniale du
général Mangin portant, entre autres, cette agrafe.
• Agrafe Gabon-Congo
Créée par décrets des 21 et 24 octobre 1906
pour les membres des différentes missions dirigées par l’explorateur Sarvorgnan de Brazza :
première mission de 1875 à 1878, au Gabon
(Ogooué-Allima) ; deuxième mission de 1879
à 1882 et troisième mission dite de l’ouest africain, de 1883 à 1885. La médaille coloniale de
François Flagel, membre de la mission Ouest
africain, est conservée dans une collection privée7.
5 Parties d’Alger (Foureau-Lamy), du Gabon (Gentil) et de Dakar (Voulet-Chanoine puis Joalland-Meynier), les missions se dirigent
vers l’Afrique centrale et le lac Tchad. Réunies en avril 1900 sous le commandement de Gentil, elles livrent le combat de Kousseri
le 22 avril 1900, au cours duquel le commandant Lamy et le capitaine de Cointet trouvent la mort. La ville de Kousseri est située
sur le fleuve Logone, en face de N’Djaména, ex Fort-Lamy, ville située sur le fleuve Chari.
6 Jean Hass, La Médaille coloniale, un drapeau, un empire, Beldocene, 1997, p. 172.
7 Ibid., p. 181.
24
25
Agrafes du modèle oriental
Seize agrafes sont attribuées. Elles sont munies
d’une pince à rabattement. Elles correspondent,
presque toutes, aux campagnes du Maroc des
années vingt puis des Forces Françaises Libres,
de 1940 à 1943. Ce sont : AFRIQUE
FRANÇAISE LIBRE, BIR-HAKEIM, BIR-HAKEIM
1942, CÔTE DES SOMALIS, CÔTE DES SOMALIS 1940-1941, ÉRYTHRÉE, ÉTHIOPIE, FEZZAN,
INDOCHINE, KOUFRA, LIBYE, MAROC,
MAROC 1925, MAROC 1925-1926, TRIPOLITAINE, TUNISIE 1942-1943.
L’agrafe INDOCHINE a été attribuée pour les
campagnes effectuées entre 1935 et 1941 et
l’agrafe MAROC, pour celles entre 1912 et
1925.
Ces agrafes sont en argent, à l’exception de
deux agrafes réalisées en vermeil : MAROC
1925 et MAROC 1925-1926.
Certains font également figurer sur le ruban de
leur médaille coloniale un insigne évoquant les
circonstances pour lesquelles elle leur est attribuée, comme sur telle décoration méritée par
un aviateur ayant participé à la Croisière Noire8
portant l’insigne aux trois cocottes tricolores.
Cette expédition dirigée par le général Vuillemin
compte 30 avions Potez 25 qui parcourent
l’Afrique du Nord, le Sahara, l’Afrique occidentale française et l’Afrique équatoriale française
du 8 novembre au 24 décembre 19339. Parfois
on trouve l’insigne de la francisque sur des
médailles coloniales attribuées pendant la
période de l’Etat français de Vichy. Ces dispositions ne sont évidemment pas réglementaires.
La médaille coloniale sans agrafe
Le décret du 11 janvier 1921 précise les conditions d’attribution de la médaille coloniale sans
agrafe : « le port de la médaille coloniale sans
agrafe est accordé aux militaires et marins, indigènes exceptés, présents sous les drapeaux à la
date du 27 mars 1914, ou postérieurement à
cette date, ayant au moins dix ans de services
effectifs pour les hommes de troupe et quinze au
moins pour les officiers et qui, en outre, ont servi
en activité et avec distinction pendant six ans au
moins dans les territoires du sud de l’Algérie et
de la Tunisie délimités par la loi du 24 décembre
1902, régions sahariennes comprises, dans les
colonies et pays de protectorat autre que la
Réunion, l’Inde Française, St-Pierre-et-Miquelon,
les possessions françaises du Pacifique et des
Antilles ».
Le lieutenant-colonel P. Rullier note à ce sujet :
« Il semble que pendant longtemps, et on ne
sait pourquoi, la médaille sans agrafe ait été
considérée comme plus “honorable” que la
médaille avec agrafe, alors que la première pouvait n’être que le résultat d’un long séjour
exempt de danger dans un territoire salubre et
que la seconde donnait la preuve de la participation à une campagne de guerre ou à une mission périlleuse10. »
Agrafes du modèle normal
Pour compliquer la tâche des collectionneurs,
les agrafes du modèle spécial et du modèle
oriental existent également en modèle normal.
Les agrafes du modèle spécial en or ont été
fabriquées également en argent. Les agrafes
munies à l’origine d’une pince à rabattement
ont enfin été fabriquées avec une barrette de
serrage. Outre celles que nous avons déjà
citées, deux agrafes supplémentaires du modèle
normal et avec barrette de serrage ont été attribuées : SOMALIE (1942) et EXTRÊME ORIENT à
partir de 1946.
Agrafes non réglementaires
La Monnaie de Paris ne possédant pas le monopole de la frappe des médailles et agrafes, l’on
rencontre de nombreuses variantes des agrafes
de la médaille coloniale, par exemple agrafe
MAROC 1925, au modèle oriental. Il existe
aussi un grand nombre d’agrafes non réglementaires, à l’intitulé parfois pittoresque :
COLONIALE, COLONIES, FRANCE D’OUTREMER, HAUT MÉKONG ou HAUT NIL (voir
annexe).
8 L’appellation de l’expédition est un hommage et renvoie évidemment à la première Croisière Noire organisée par André Citroën
avec des autochenilles en 1924-1925.
9 Agrafe AFRIQUE attribuée par décret du 28 mai 1934 (J.O. du 12 juin 1934).
10 Symboles et Traditions n° 38, p. 15.
26
Fabrication
Dès l’origine de sa diffusion, le recours aux
fabricants privés s’est imposé par la quantité de
décorations attribuées à l’origine : en 1902, la
Marine a distribué 20 000 médailles et la
Guerre 80 000. Avant la Première Guerre mondiale, le rythme passe de 25 000 à 10 000 par
an. Les événements du Maroc dans les années
vingt maintiennent le rythme annuel des attributions à 30 000. La fin des grandes opérations
coloniales fait tomber ce chiffre à 1 000 par an
de 1929 à 1939. Dans son livre sur cette décoration, Jean Hass estime que, depuis 1893, au
moins un million d’exemplaires de la médaille
et « probablement une quantité double
d’agrafes » ont été distribuées par l’Etat ou vendues dans le commerce11.
concession est toujours mentionnée sur les
pièces militaires des intéressés. Comme pour la
médaille coloniale précédemment, on note
quelques variantes, comme une médaille avec
un module réduit de 25 mm de diamètre.
Francis-Henri Courroy note : « Le processus
mondial de la décolonisation étant réalisé et l’attribution de cette médaille ne paraissant plus se
justifier, certains se posèrent même la question
de l’utilité de ce changement de nom d’une
médaille qui, comme d’autres, allait entrer dans
le domaine de l’histoire12. »
Agrafes de la médaille d’outre-mer
On attendit effectivement dix-sept années…
C’est Yvon Bourges, ministre de la Défense, qui
crée en décembre 1979 les quatre premières
nouvelles agrafes en vermeil (bande de bronze
doré de 10 mm de large, bordée sur le pourtour)
pour accompagner la médaille d’outre-mer :
agrafes TCHAD13, MAURITANIE14, LIBAN15 et ZAÏRE16.
Le texte précise que les services accomplis sur
lesdits territoires au titre des accords de coopération ne donnent pas droit à l’attribution de la
médaille d’outre-mer. Cependant, les militaires
qui ont été amenés à participer activement aux
opérations, bien que servant au titre de la coopération, peuvent être en fait proposés.
Depuis 1979, de nouvelles agrafes ont été
créées : ORMUZ17, MOYEN-ORIENT18, CAMBODGE19, SOMALIE20 et RWANDA21. La liste
s’est allongée ces dernières années avec les
opérations conduites au TIMOR ORIENTAL, en
ARABIE SAOUDITE, à HAÏTI, en RÉPUBLIQUE
LA MÉDAILLE D’OUTRE-MER
Le 6 juin 1962, le général de Gaulle, président
de la République française, signe le décret substituant l’appellation médaille d’Outre-Mer à
l’appellation médaille coloniale dans tous les
textes législatifs ou réglementaires relatifs à
cette médaille. L’insigne de la médaille d’outremer est celui de la médaille coloniale. Seule
l’inscription portée au revers est modifiée, en
1962, les mots médaille coloniale étant remplacés par médaille d’Outre-Mer.
Désormais, de simples instructions ou des décisions ministérielles fixent les conditions d’attribution. Comme pour la médaille coloniale, un
brevet numéroté est remis au titulaire et la
11 Jean Hass, op. cit., p. 41.
12 Francis-Henri Courroy, op. cit., p. 31.
13 Décision ministérielle n° 205842 du 14 décembre 1979 pour les actions menées par les militaires et assimilés au Tchad, depuis
le 15 mars 1969. Antérieurement, dès le 15 juin 1970, les militaires français qui ont reçu la croix du mérite tchadien pour avoir
participé à ces opérations ont été autorisés à porter cette décoration étrangère.
14 Décision n° 205843 (même date) pour la Mauritanie du 1er novembre 1977 au 29 juin 1990.
15 Décision n° 205844 (même date) pour le Liban, depuis le 22 mars 1978.
16 Décision n° 205845 (même date) pour le Zaïre du 13 mai 1978 au 29 juin 1990.
17 Pour les actions menées dans le golfe Persique et le golfe d’Oman du 30 juillet 1987 au 1er juillet 1990.
18 Décision n° 36928 du 20 décembre 1990 pour les opérations Salamandre, Artimon, Busiris, Daguet, Méteil, Phère, Libage,
Ramure et Merrain.
19 Décision n° 1645 du 18 janvier 1993 pour le Cambodge à compter du 12 novembre 1991.
20 Décision 18189 du 10 janvier 1993 pour l’opération Oryx à compter du 7 décembre 1992.
21 Décision du 27 août 1995 pour les opérations entre le 22 juin et le 30 septembre 1994
27
CENTRAFRICAINE, en CÔTE D’IVOIRE et en
RÉPUBLIQUE DU CONGO.
Soulignant la rémanence de certains théâtres
d’intervention de l’armée française, quelques
agrafes de la médaille d’outre-mer reprennent
les intitulés de celles de la médaille coloniale :
TCHAD, MAURITANIE, SOMALIE, CÔTE D’IVOIRE.
En effet, récompensant les services accomplis
par les militaires et civils lors de leur participation aux campagnes, expéditions, missions politiques ou scientifiques dans les territoires d’outre-mer, les 51 agrafes de la médaille coloniale
portent témoignage d’actes de courage et de
dévouement et symbolisent également les souffrances supportées, pour accomplir leur mission, par tous ceux qui servirent la France dans
les colonies et territoires d’outre-mer. Après la
décolonisation, la médaille d’outre-mer
témoigne à son tour de l’engagement des
forces militaires françaises en soutien des nouveaux Etats africains, puis, sur tous les continents et souvent dans le cadre des NationsUnies, dans le rétablissement et le maintien de
la paix ou dans l’action humanitaire, nouvelle
forme de la présence de la France outre-mer.
En un tableau synoptique saisissant, les 65
agrafes des médailles coloniales et d’outre-mer
décrivent toute l’histoire de l’armée française
depuis deux siècles sur les théâtres tropicaux.
Ces deux décorations restent uniques en leur
genre. Au cours de leurs cent quatorze années
d’existence (1893-2007), elles illustrent cent
soixante dix-huit années de campagnes de
guerre et d’opérations (1829-2007) menées
par près de six générations de combattants !
Et ce n’est pas fini…
La médaille d’outre-mer sans agrafe
Comme on l’a vu précédemment, les conditions
d’attribution de la médaille coloniale sans
agrafe étaient assez rigoureuses. Pour la
médaille d’outre-mer, un arrêté du 23 décembre 1964 indique que « les séjours accomplis
dans les départements ou territoires ci-après
désignés ouvrent droit à l’attribution de la
Médaille d’outre-mer, sans agrafe : Guyane,
Côte des Somalis, Archipel des Comores, Terres
Australes et Antarctiques Françaises, Territoires
des Etats Africains et Malgache, où la France
entretient, soit des Forces Françaises, soit des
missions militaires de coopération technique ».
L’arrêté ne précise pas si une condition de durée
de séjour est exigée. Un arrêté du 3 novembre
1988 précise cette liste de territoires22.
CONCLUSION
« Une médaille passe-partout » ?
Alors la médaille coloniale, « une médaille
passe-partout23 » selon l’expression de Jean Huon ?
Oui en un sens, car elle a joué son rôle et rempli sa double mission de simplification et d’économie.
Pourtant sa création n’interrompt pas la frappe
d’autres médailles commémoratives : dès
1895, à peine deux ans après l’apparition de la
médaille coloniale, la République crée la
médaille de Madagascar, première des
médailles commémoratives postérieures à celle
qui est censée les remplacer toutes ! Depuis,
une quinzaine ont vu le jour qui, paradoxe, font
parfois double emploi avec la médaille coloniale. Il est donc avéré que les concepts d’économie et de simplification sont finalement malvenus dans le domaine des récompenses qui
sanctionnent l’engagement patriotique, les vertus civiques et militaires et le service du pays…
La médaille commémorative française
Reste que l’extension du champ d’intervention
de l’armée française hors des limites de l’ancien
« pré carré » et de ce qui fut l’empire colonial
l’a conduite ces dernières années sur des théâtres plus continentaux en Europe de l’Est et en
Asie. Le gouvernement a fait frapper en 1995
une nouvelle médaille commémorative pour
récompenser les soldats24 : elle est baptisée
tout simplement médaille commémorative française.
Trois agrafes ont déjà été attribuées : ALBANIE,
EX-YOUGOSLAVIE, AFGHANISTAN.
22 « La Guyane, les Terres australes et antarctiques françaises et les territoires des Etats africains et malgache où la France entretient soit des forces françaises, soit des missions militaires de coopération technique : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun,
Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mayotte,
Niger, République centrafricaine, Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo, Zaïre. »
23 Jean Huon, « La médaille coloniale et la médaille d’outre-mer », Militaria n° 79, p. 7.
24 Décret n° 95-1098 en date du 9 octobre 1995 portant création d’une médaille commémorative française (J.O. du 13 octobre
1995).
28
29
La médaille coloniale reste un objet de choix
pour les collectionneurs qui tentent de retrouver
l’ensemble des agrafes qui ont été émises
depuis plus de cent ans. Souhaitons pour les
générations futures qu’un monde plus apaisé ne
conduise pas la médaille commémorative fran-
çaise à connaître le même destin exceptionnel
que la médaille coloniale. Et qu’en quelque
sorte la limitation du nombre des guerres et
conflits conduise à une moindre émission de
barrettes commémoratives…
Bibliographie sommaire
HASS Jean, La Médaille coloniale, un drapeau,
un empire, Beldocene, 1997.
BOEM 30, 42, 307.
COURROY Francis-Henri, La Médaille coloniale
1893-1993, la France Outre-Mer racontée par
les décorations, Ville d’Epinal, 1993.
HUON Jean, « La médaille coloniale et la
médaille d’outre-mer », Militaria n° 79, mai 1991.
Décorations officielles françaises, Monnaie de
Paris, 1956.
RULLIER P. (lieutenant-colonel), « La médaille
coloniale », Symboles et Traditions n° 38.
DROIT Michel (dir.), Ordres et décorations de
France, Editions du Grand Rond, 1981.
RULLIER P., « À propos de la médaille coloniale
d’Indochine », Symboles et Traditions n° 127,
juillet-septembre 1988.
HASS Jean, « La médaille coloniale en
Indochine », Symboles et Traditions n° 115, juillet-septembre 1985.
STIOT R. D. (commissaire général), « La
médaille coloniale et ses agrafes », Symboles et
Traditions n° 70.
HASS Jean, « La médaille coloniale de l’Etat
français », Symboles et Traditions n° 123, juilletseptembre 1987.
SOUYRIS-ROLLAND André, Guide des ordres,
décorations et médailles militaires, 1814-1963,
Paris, Public-Réalisations, 1982.
30
Annexes
51 agrafes réglementaires de
la médaille coloniale
ADRAR
AFRIQUE
AFRIQUE ÉQUATORIALE
FRANÇAISE
AFRIQUE FRANÇAISE LIBRE
AFRIQUE OCCIDENTALE
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
ALGÉRIE
ASIE
BIR-HAKEIM
BIR-HACHEIM 1942
CENTRE AFRICAIN
COCHINCHINE
COMORES
CONGO
CÔTE DES SOMALIS
CÔTE DES SOMALIS 1940-1941
CÔTE D’IVOIRE
CÔTE D’OR
DAHOMEY
DE L’ATLANTIQUE À LA MER
ROUGE
ÉRYTHRÉE
ÉTHIOPIE
EXTRÊME-ORIENT
FEZZAN
FEZZAN TRIPOLITAINE
GABON-CONGO
GUINÉE FRANÇAISE
GUYANE
HAUT-MÉKONG
ILES DE LA SOCIÉTÉ
ILES MARQUISES
INDOCHINE
KOUFRA
LAOS ET MÉKONG
LIBYE
MADAGASCAR
MAROC
MAROC 1925
MAROC 1925-1926
MAURITANIE
MISSION SAHARIENNE
NOSSI-BÉ
NOUVELLE-CALÉDONIE
SAHARA
SÉNÉGAL ET SOUDAN
SOMALIE
TCHAD
TONKIN
TRIPOLITAINE
TUNISIE
TUNISIE 1942-43
61 agrafes non réglementaires
de la médaille coloniale
1895
1925 MAROC 1926
1940 CÔTE DES SOMALIS
1941
1942 TUNISIE 1943
AFL
AFRIQUE ORIENTALE
AFRIQUE ORIENTALE
FRANÇAISE
AGADIR
ALGÉRIE 1906
ANTI-ATLAS
ATLAS
BÉNIN
BIRHAKEIM 1942
CAMEROUN
CASABLANCA
CENTRAFRIQUE
CHINE
CHINE 1895
COLONIAL
COLONIALE
COLONIES
CÔTE FRANÇAISE DES SOMALIS
DAKAR
EXTRÊME ORIENT
FEZ
FEZZAN 1942
FORMOSE
FRANCE D’OUTRE-MER
GABON
GRAND BASSAM
GUADELOUPE
HAUT MÉKONG
HAUT NIL
HAUT OUBANGUI
INDO-CHINE
KUFRA
LÉGION ÉTRANGÈRE
MADAGASCAR 1895
MAROC 1925-26
MAROC 1926
MAROC 1926-1927
MAROC 1927-28
31
MAROC 1927-1928
MAROC 1928-1929
MARRAKECH
MOYEN ATLAS
NOUVELLE CALÉDONIE
OCÉANIE
ORIENT
QUANG TCHÉOU WAN 1898-1899
RIF
SIAM
SOUDAN
SUD ORANAIS
SUD TUNISIEN
TAFILALET
TAZA
TOGO
TRIPOLI
TUNISIE 42-43
TUNISIE 1942-1943
14 agrafes de la médaille
d’outre-mer
CAMBODGE
CÔTE D’IVOIRE
HAÏTI
LIBAN
MAURITANIE
MOYEN ORIENT
ORMUZ
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
RÉPUBLIQUE DU CONGO
RWANDA
SOMALIE
TCHAD
TIMOR ORIENTAL
ZAÏRE
2 agrafes non réglementaires
de la médaille d’outre-mer
ARABIE SAOUDITE
DÉTROIT D’ORMUZ
3 agrafes de la médaille commémorative française
AFGHANISTAN
ALBANIE
EX-YOUGOSLAVIE .
Autres médailles commémoratives postérieures à 1893
Médaille de Madagascar 1895-1896 (1896)
agrafe 1895
BLÉSSÉS, AFRIQUE, ALLEMAGNE, ATLANTIQUE, EXTRÊME ORIENT, FRANCE, GRANDEBRETAGNE, ITALIE, LIBÉRATION, MANCHE,
MÉDITERRANÉE, MER DU NORD, NORVÈGE,
URSS, 1941, 1942, 1943, 1944, 1945
Médaille de Chine 1900-1901 (1902) agrafe
1900 CHINE 1901
Médaille du Maroc 1909-1912 (1909) trois
agrafes de type oriental : CASABLANCA,
OUDJA, HAUT GUIR – agrafe MAROC (1913)
Médaille de la campagne d’Italie (1953)
Médaille des services volontaires de la France
libre (1946) agrafe croix de Lorraine
Médaille de 1870-1871 (1911) agrafes
ENGAGÉ VOLONTAIRE et 1870-1871
Médaille française des opérations en Corée (1952)
Médaille de 1914-1918 agrafe ENGAGÉ
VOLONTAIRE
Médaille de la campagne d’Indochine (1953)
Médaille des opérations au Moyen-Orient
(1957) agrafe MOYEN-ORIENT
Médaille de Syrie-Cilicie (1922) devenue
médaille du Levant (1923-1939) agrafes
LEVANT, LEVANT 1925-1926, LEVANT 1941 (1941)
Médaille des Dardanelles (1926)
Médaille des opérations en Afrique du Nord
(1958) agrafes ALGÉRIE, TUNISIE, MAROC,
SAHARA
Médaille d’Orient (1926)
Médaille de la reconnaissance française
Médaille du Levant (FFL, 1941-1943)
Illustrations : Jean Huon, Musée des troupes
de marine, Antoine Champeau
Médaille de 1939-1945 (1946) agrafes
ENGAGÉ VOLONTAIRE, DÉFENSE PASSIVE,
32
33
34
La médaille commémorative de la Grande Guerre
par Ivan CADEAU
Capitaine, officier chargé de recherche
au département Terre du Service historique de la Défense
Les sources évoquant la médaille commémorative de la Grande guerre sont rares au Service
historique de la défense (SHD). On trouve, en
effet, en tout et pour tout un seul carton qui
traite du sujet, encore faut-il noter que ce dernier s’intéresse normalement à la Médaille interalliée, dite médaille de la Victoire : ce qui
témoigne de l’étroit lien qui existe entre ces deux
décorations.
En revanche, la consultation du Journal Officiel
des débats parlementaires, tant à la Chambre
des députés qu’au Sénat, fournit une synthèse
intéressante et complète de la genèse de la
médaille. Enfin, de nombreux ouvrages généralistes présentent plus ou moins bien cette
médaille commémorative, notre préférence
allant à l’ouvrage de Anchel et Caillé, paru en
1933, Histoire des décorations françaises
contemporaines.
l’Etat à contribution, tant pour la réalisation de
la médaille en elle-même que pour sa remise
aux futurs ayant-droits…
La médaille commémorative de la Grande
guerre, qui voit le jour le 23 juin 1920, un an et
demi après l’armistice, se veut le reflet de la
France en guerre, de toute la France en guerre.
Dans l’esprit de ses promoteurs, elle doit être le
symbole de l’Union sacrée des premiers jours
d’août 1914, et ainsi englober tous ceux qui,
militaires comme civils, ont œuvré, chacun à sa
façon, à la défense du pays.
A ce titre, elle n’apparaît donc pas purement
comme une décoration militaire. En effet, si elle
est acceptée par le monde combattant, celui-ci
va bientôt lui préférer la médaille interalliée de
la Victoire, la « vraie » médaille du combattant,
qui sera créée quelques mois plus tard. D’autre
part, la commémorative 14-18 frustrant les exigences des associations d’anciens combattants
ne va pas empêcher ces derniers de continuer
leur lutte pour une meilleure reconnaissance de
leurs droits. C’est notamment le cas des engagés volontaires de la guerre, que l’autorisation
du port d’une agrafe sur le ruban de la commémorative 14-18 ne suffit pas à satisfaire.
Introduction
L’idée de création d’une médaille commémorative de la Grande guerre apparaît très tôt dans
le conflit. En effet, dès le début de l’année 1915,
naît le désir de voir instituer une médaille commémorant la guerre en cours. Cette idée s’inscrit parfaitement, par ailleurs, dans la tradition
des médailles commémorant les campagnes et
guerres du XIXe siècle, et plus particulièrement
celle de la guerre de 1870 (même si cette dernière ne fut instituée que fort tardivement, en
1911 seulement).
Toutefois, il faut attendre la fin des hostilités
pour que le débat soit relancé. C’est le gouvernement lui-même qui en est l’initiateur, contrairement à d’autres décorations nées après
guerre de la volonté et de la lutte d’associations
d’anciens combattants. L’appui du gouvernement explique ainsi la relative rapidité avec
laquelle la loi instituant la commémorative
Grande guerre est votée. Il convient cependant
de préciser que cet appui s’accompagne de la
ferme volonté de ne pas mettre les finances de
En effet, le contexte social dans lequel apparaît
la médaille est profondément marqué par l’apparition de nouveaux groupes sociaux : ceux
des anciens combattants et victimes de guerre.
Or, l’immédiat après-guerre est pour ces derniers le temps des désillusions. Après avoir
chaque jour risqué leur vie et parfois avoir été
profondément marqué dans leur chair, les poilus découvrent un pays qui ne leur fait pas la
place qui leur semble due. Aux difficultés à
retrouver un emploi s’ajoutent des difficultés
morales. Aussi, le monde combattant, qui commence à s’organiser sérieusement à cette même
période, est-il particulièrement vigilant quant à
35
ses droits et quant aux décisions politiques et
économiques qui le concernent.
serait destinée qu’aux militaires, décoration qui
serait de surcroît susceptible d’être conférée au
cours des hostilités. Il n’est pour l’heure pas
question d’autres catégories de personnels, que
ce soient des sapeurs-pompiers, des policiers,
ou même des ambulancières.
Ainsi après nous être, dans un premier temps,
intéressés à la genèse de la médaille et à sa
création, nous terminerons par l’évocation des
réactions des anciens combattants, face à une
décoration qui ne leur est pas propre.
Sept mois après l’armistice, en juin 1919,
la question est de nouveau soulevée. Sous l’impulsion du gouvernement, il revient au député
Henri Tasso de présenter le projet devant la
Chambre. M. Tasso, futur maire de Marseille,
est lui-même un ancien combattant.
Mobilisé comme maréchal des logis dans l’artillerie lourde, il gagne ses galons de sous-lieutenant sur le champ de bataille et est cité trois fois
à l’ordre de l’armée, notamment pour son courage devant Verdun.
La création d’une telle médaille « est urgente et
nécessaire, dit-il. Il est indispensable, il est normal de perpétuer le souvenir de souffrances
imposées à notre patrie par ceux qui voulaient lui
ravir ses richesses et ses libertés. Il faut que la
marque de ce souvenir soit répandue le plus tôt
possible dans tous les coins du territoire »3.
Genèse de la médaille commémorative de
la Grande guerre
Croix de guerre et médaille commémorative
française
Nous le disions en introduction, l’idée d’une
commémorative de la guerre qui débute en
août 1914 apparaît dès l’année suivante. C’est
d’ailleurs au cours de cette même année 1915
que l’on commence à utiliser l’expression
« Grande guerre », en raison de l’ampleur du
conflit et de sa violence, jusqu’alors inconnue.
En fait, la mention de cette médaille est contemporaine du débat passionné qui agite le gouvernement, la Chambre des députés, les sénateurs
et le haut commandement, au sujet de la création d’une Croix de guerre, qui aurait pour objet
de récompenser le courage et la bravoure des
soldats sur le champ de bataille.
En janvier 1915, dans son célèbre discours
réclamant farouchement cette croix des braves,
le colonel Driant oppose cette décoration à la
future médaille commémorative qui, elle, dit-il,
«sera donnée à tous»1.
Quelque temps plus tard, au mois de septembre, le ministre de la guerre, Alexandre
Millerand, qui s’était d’ailleurs battu pour limiter
la portée de la Croix de guerre, relance l’idée
d’une médaille commémorative qui serait « une
marque tangible de la participation à l’immense
lutte »2. En effet, ce même mois, est déposé un
projet de loi portant création d’une décoration
qui serait attribuée à la fin des hostilités à tous
les soldats mobilisés, et dans l’immédiat, mais à
titre provisoire, aux militaires dégagés de leurs
obligations par suite de réforme ou de blessure.
On le voit, cette proposition, qui reste toutefois
lettre morte, porte sur une décoration qui ne
Ainsi, et nous empruntons ici la formule de
Anchel et Caillé dans leur ouvrage sur l’histoire
des décorations françaises paru en 1933 : « il
fallait réunir dans une même pensée ceux qui
s’étaient offerts aux balles comme ceux ou celles
qui, à l’arrière, s’étaient consacrés au salut de la
patrie »4. On le voit, le projet initial a considérablement évolué puisqu’il ne s’agit plus seulement d’honorer les poilus, mais de rendre hommage à la Nation en armes. Cette proposition
de loi est par ailleurs grandement facilitée par le
fait que, parallèlement aux débats consacré à la
médaille commémorative française de la
Grande guerre, un autre est en cours visant à
l’institution d’une médaille interalliée de la
Victoire, destinée, elle, aux seuls combattants.
Médaille interalliée ou française ?
En effet, en mars 1918, alors que se poursuivent
les opérations, est émise l’idée de créer une
médaille qui symbolise l’effort commun de tous
les pays de l’Entente. Le député BouillouxLaffont déclare ainsi qu’il « nous semblerait par-
1 Croix de guerre – Valeur militaire. La marque du courage. SHD/Ministrère de la Défense, 2005, p. 94.
2 http://medaille.decoration.free.fr.
3 R. Anchel, P.-F. Caillé, Histoire des décorations françaises contemporaines, Javal et Bourdeaux éditeurs, Paris, 1933, p.101.
4 Ibid.
36
La loi du 23 juin 1920
ticulièrement heureux, particulièrement juste de
ne pas créer une médaille commémorative, uniquement française, mais de voir plus loin et plus
haut »5.
Cette médaille, interalliée, revêt un caractère
extrêmement important pour les anciens combattants, car, contrairement à la commémorative 14-18, cette médaille serait leur médaille,
celle des seuls poilus. Elle permettrait immédiatement de reconnaître un combattant qui a
connu le feu, d’un combattant de « l’arrière ».
Le projet de loi portant sur la création de la
médaille commémorative de la Grande guerre
est discuté à la Chambre le 18 mars 1920 et
déposé au Sénat le 21 mai pour être finalement
adopté par lui le 8 juin, après quelques amendements au texte initial.
Malgré un relatif consensus sur le texte,
quelques amendements sont demandés.
Les discussions les plus vives portent sur les
ayant-droits. Le député Blaisot, député du
Calvados mort en déportation à Dachau en janvier 1945, est l’un des rapporteurs du projet.
Il dénonce notamment l’Article 2 de la loi qui
attribue « aux gardes civils, agents de police et
sapeurs-pompiers des villes bombardées le droit
au port de la médaille »7. « Prenez garde, dit-il,
car si vous vous engagez sur cette voie, je ne
vois pas pourquoi vous ne donneriez pas la
médaille commémorative à toute la population ! »8.
Est alors précisée une dernière fois la nature
exacte du projet, et les polémiques prennent fin :
« Si la médaille interalliée de la Victoire doit être
réservée aux seuls combattants (…), la médaille
commémorative est un insigne analogue à celui
de 1870, qui doit être accordé de la façon la
plus large possible à tous ceux qui peuvent exciper un fait de guerre »9.
La seconde intervention est motivée par des
questions budgétaires. M. Henri Paté, rapporteur de la commission des finances, réclame et
obtient la suppression de l’article 6 de la loi qui
ouvrait droit à un crédit pour la réalisation de la
médaille et sa remise aux intéressés. « A l’heure
où nous en sommes et étant donné l’état des
finances publiques, déclarait-il, je suis persuadé
que ceux qui ont droit à la médaille commémorative (…), que certains attendent avec impatience, consentiront à se l’offrir eux-mêmes »10.
Ainsi, il revient aux ayant-droits de se procurer,
à leurs frais, la décoration. Nulle cérémonie de
remise de la médaille ne serait organisée. Peutêtre, et sans doute, cela a-t-il dû se faire à
A la séance du conseil supérieur de la guerre
tenue le 7 mars 1921 où sont une nouvelle fois
discutées les conditions d’attribution de cette
médaille de la Victoire, le général de Serrigny
souligne d’ailleurs que cette commémorative
« ne peut être distribuée à tout le monde »6.
Il ajoute de plus que les sociétés d’anciens combattants attachent une grande importance à
cette différenciation. Elles n’acceptent en effet
dans leurs rangs que les titulaires de la médaille
de la Victoire, signifiant véritablement pour eux
l’emblème des combattants.
En effet, les conditions d’attribution de cette
médaille fixée dès 1919, stipulent, en autres,
qu’il faut avoir passé au minimum trois mois en
unités combattantes pour pouvoir prétendre à
son port.
Ce qui pour la plupart des Alliés, qui n’ont
envoyé que des corps expéditionnaires, ne pose
pas de difficultés majeures, provoque l’exclusion de fait, en France, d’un très grand nombre
de personnes, militaires comme civils, qui se
sont dévoués et ont œuvré pour le salut de la
patrie et ce, tout au long du conflit.
Pour cette raison est acceptée en 1919 l’idée de
création deux médailles, aux fonctions différentes. La médaille commémorative française
de la Grande guerre est cependant la première
a être créée.
5 Ibid., p. 94.
6 SHD. 1N24. Séance du Conseil supérieur de la Guerre tenue le 7 mars 1921 au palais de l’Elysée.
7 Journal Officiel, Article 2 de la loi du 23 juin 1920 portant création d’une médaille commémorative dite « de la Grande guerre ».
8 Journal Officiel des débats parlementaires à la Chambre, Année 1920, Adoption d’un amendement de M. Saget de p. 616.
9 Ibid.
10 Ibid., Adoption d’un amendement de M. Paté, p. 617.
37
quelques occasions, mais les ayant- droits se
l’achetaient et la portaient sans autre forme de manifestation
Ces questions réglées, la loi est votée le 23 juin
1920. La médaille commémorative de la
Grande Guerre, que l’on trouve fréquemment
sous la désignation de médaille commémorative
14-18, est née.
léristique française puisque qu’à l’anneau traditionnel se substitue un type de bélière proche du
modèle britannique.
Au revers sont gravés les mots « République
française » semés de feuilles de chêne et de
laurier avec, au centre, l’inscription « Grande
guerre 14-18 ».
Il existe deux autres types, avec différentes
variantes, le dernier, fort rare, présente, sous le
menton de la femme coiffée, une tête de coq
gaulois.
Le choix de la médaille
Entre le vote de la loi et le décret d’application
du 22 janvier 1921, un concours pour le choix
de la médaille est ouvert par le ministre de
l’Instruction publique et des Beaux-Arts.
Concours qui donne lieu à la réalisation de 73
maquettes.
Les 25 et 26 janvier 1921, le grand public est
admis à visiter, au Grand Palais, l’exposition des
différentes maquettes. Le jury, composé des rapporteurs du projet, des trois représentants des
ministères de la Guerre, de la Marine et des
Colonies, de membres de l’administration des
Beaux-Arts, de sculpteurs et de graveurs, une
quarantaine de personnes au total, retient dans
un premier temps six projets. Ces derniers sont
présentés aux Français à travers l’hebdomadaire l’Illustration du 29 janvier 1921.
Finalement c’est la médaille du graveur-médailliste Morlon qui est retenue. Morlon, auteur de
plusieurs médailles, deviendra célèbre au début
des années trente avec le type Morlon des pièces
de monnaie présentant la République coiffée du
bonnet phrygien.
Le ruban d’une largeur de 36 millimètres de largeur
est coupé dans le sens de la longueur de onze
raies blanche et rouge (6 blanches pour 5 rouges).
Il ne nous a pas été possible de comprendre les
raisons qui ont motivé le choix de ces couleurs,
couleurs déjà utilisées pour la médaille commémorative de l’expédition d’Italie.
La médaille en elle-même, en bronze, du
module de 33 mm représente sur son avers une
effigie symbolique coiffée du casque Adrian
modèle 1915 tenant un glaive antique audessous de la garde en croix. Appuyée sur la
ligne de l’épaule un faisceau de laurier. Ce sont
également des feuilles de laurier mêlées à des
feuilles de chêne qui, au sommet, joignent la
médaille à la bélière. Bélière rare dans la pha-
Tous modèles confondus, la médaille commémorative de la Grande guerre a été frappée à
des millions d’exemplaires, sans qu’il nous ait
été possible d’en connaître le nombre exact.
Conditions d’attribution
L’article 2 de la loi du 23 juin 1920 accordait la
médaille : « à tout militaire ou marin présent
sous les drapeaux ou à bord des bâtiments
armés par l’Etat, entre le 2 août 1914 et le 11
novembre 1918, ainsi qu’aux marins du commerce et aux infirmières, infirmiers, médecins,
pharmaciens, administrateurs bénévoles ayant
servi entre ces mêmes dates aux armées ou à
l’intérieur et aux gardes civils, agents de police et
sapeurs-pompiers des villes bombardées. Auront
droit à la médaille commémorative également
les dames employées comme automobilistes,
téléphonistes et secrétaires dans les formations
organiques des armées relevant du commandement en chef, à la condition qu’elles aient rempli
ces fonctions pendant au moins six mois »11.
Le décret d’application du mois de janvier 1921
précise un peu plus tard encore davantage la
liste des ayant-droits.
Aucun justificatif n’est nécessaire, aucun
diplôme n’est délivré pour le port de cette décoration. En revanche, les intéressés doivent être
en mesure, le cas échéant, de pouvoir justifier
les droits à ce port par une pièce d’identité (livret
militaire, titre de permission, attestation de service…). La satisfaction de nombreux Français
qui attendaient effectivement une telle marque
de reconnaissance est toutefois accompagnée
de la réaction mitigée du monde combattant.
11 SHD. 1N24. Loi du 23 juin 1920 portant sur la création d’une médaille commémorative dite de la « Grande guerre ».
38
INSATISFACTION DU MONDE COMBATTANT
Ainsi, la commémorative Grande guerre est
acceptée, mais s’adressant à la Nation tout
entière, elle n’entame en rien la volonté de
reconnaissance accrue du monde combattant
dans de nombreux domaines, y compris dans
celui des décorations.
Les années 20 sont le reflet de cette lutte, où
ligues et associations s’érigent en groupes de
pression face aux gouvernements et parlementaires. La création de la Croix du combattant en
juin 1930 sera l’un des aboutissements de cette
lutte, cette dernière étant explicitement destinée
« à signaler tous ceux qui, au péril de leur vie,
ont défendu la patrie ».
Satisfaction et réticence
Au sortir de la Grande guerre, de nouveaux
groupes sociaux apparaissent : les anciens
combattants et victimes de guerre. Ils sont environ 6,5 millions sur l’ensemble des mobilisés de
la guerre. Ils seront encore 5,8 millions en
1930.12
Le 20 novembre 1917, un an avant la signature
de l’armistice, Clemenceau avait lors d’un discours resté célèbre à la Chambre utilisé cette
phrase choc : « Ils ont des droits sur nous »13.
Ces droits, les anciens combattants entendent
bien les faire valoir, d’une part pour permettre
une meilleure reconnaissance de leur statut,
d’autre part afin de les distinguer des civils et
des « embusqués » de l’arrière.
Cependant, le monde des anciens combattants
est pluriel et lui-même soumis à différents intérêts, c’est notamment le cas des engagés volontaires, dont la distinction par la commémorative
de la Grande guerre n’apparaît que comme
une étape vers une meilleure reconnaissance.
Aussi, si la création de la médaille commémorative correspond à ce souci de reconnaissance,
elle ne satisfait pas entièrement les poilus.
L’octroi de cette décoration à toute une série de
personnels qui n’a jamais connu le feu ni les
tranchées heurte en effet la sensibilité et la susceptibilité de beaucoup, qui ne se sentent pas
distingués suffisamment du reste de la nation.
Or, et c’est dans une certaine mesure le propre
d’une décoration, la reconnaissance des actions
accomplies doit être visible de tous mais également intelligible par tous. Ce que ne permet pas
la médaille commémorative de la Grande
guerre, qui en rassemblant trop empêche toute
distinction.
Agrafe « Engagé volontaire » et croix du combattant
volontaire.
L’article 3 de la loi instituant la médaille
commémorative stipule que les engagés volontaires de la guerre ont droit au port d’une
agrafe « engagé volontaire », à l’instar de ce qui
avait prévalu pour la médaille commémorative
de la guerre de 1870-71.
Sont considérés comme engagés volontaires,
tous ceux qui, « vieux ou jeunes, dégagés des
services militaires ou non, susceptibles d’appel
dans les deux ans, se seront engagés au cours
de la Grande guerre»14. Il en est de même des
officiers de complément qui, bien que libérés
dès le temps de paix par leur âge de cette obligation militaire, sont restés volontairement dans
les cadres de la réserve ou de la territoriale.
L’octroi de cette agrafe ne les satisfait pourtant
pas, puisqu’au cours des années 20, plusieurs
propositions d’amendement à la loi vont être
déposées dans le sens d’un élargissement du
texte initial. Certaines demandes paraissent
d’ailleurs abusives ; ainsi, une proposition de
novembre 1927 propose de considérer comme
engagés volontaires « tous ceux qui ont
Certes, la création de la Médaille interalliée de
la Victoire va réparer ce qui est perçu comme
une injustice, en rendant un véritable hommage
aux seuls combattants. Le fait que cette dernière
ait bénéficié du solide soutien du maréchal Foch
rehausse d’autant sa valeur. Mais, au moment
où est créée la commémorative 14-18, si la
décision et les conditions d’attribution de la
médaille de la Victoire sont arrêtées (janvier
1919), il faut attendre la loi du 20 juillet 1922
pour voir sa naissance officielle.
12 Antoine Prost, Les Anciens combattants. 1914-1940, Archives Gallimard Julliard, 1977, p.73.
13 http://www.assemblee-nationale.fr. Intervention de M. Georges Clemenceau du 20 novembre 1917. Extrait des Annales de la
Chambre des députés.
14 SHD. 1N24. Loi du 23 juin 1920 portant sur la création d’une médaille commémorative dite de la « Grande guerre ».
39
demandé à reprendre du service actif dans les
six mois qui ont précédé la mobilisation générale »15.
La réponse du ministère de la Guerre, négative,
ne parvient qu’en mars 1929 : « Sans vouloir
examiner les motifs, d’ailleurs les plus divers, qui
les ont amenés à demander leur réintégration
dans l’armée, on peut dire que leur acte est difficilement comparable à celui des hommes qui,
sans nulle contrainte, s’enrôlèrent après la
déclaration de guerre pour la défense du pays
menacé »16.
que le statut spécifique de ces poilus soit reconnu.
A partir de cette date, la médaille commémorative
de la Grande guerre perd son agrafe, devenue
dès lors sans objet.
Conclusion
Dans l’esprit de ses créateurs, la médaille
commémorative de la Grande guerre est à rapprocher de la médaille commémorative de
1870-71. Elle est la marque de la défense de la
France, par des Français, civils ou militaires,
combattants du front, ou non. Elle est le symbole
de la mobilisation du pays contre l’ennemi ; à ce
titre elle veut rassembler le plus largement possible. Mais si cette médaille contente une
grande partie du peuple français et reconnaît
leur action, elle reste, par son caractère trop
« civil » et trop général, une médaille de
« second ordre » pour les poilus qui entendent
bien, au début des années vingt, faire reconnaître la spécificité de leur communauté.
Le débat est pourtant loin d’être clos et est
relancé par la création de la Croix du combattant. En effet, les engagés volontaires veulent
encore se distinguer de la masse des soldats
pour voir reconnaître leur action propre. Ils ont
finalement gain de cause cinq ans plus tard
avec la création d’une croix du combattant
volontaire instituée par la loi du 4 juillet 1935.
A noter que cette croix est également attribuée
aux combattants volontaires de la guerre de
1870-1871. Il aura fallu attendre 17 ans pour
15 SHD. 1N24. Proposition de loi n° 5076 du 21 novembre 1927 tendant à modifier la loi du 23 juin 1920 et à étendre la réglementation et le port de l’agrafe « engagé volontaire » de la médaille commémorative de la Grande guerre.
16 SHD. 1N24. Ministère de la Guerre. Cabinet du ministre. 2e bureau, note n° 44 121 du 5 mars 1929.
40
La médaille commémorative de la guerre 1939-1945
par André PASCUAL
Je vais vous parler de la médaille commémorative de la deuxième guerre mondiale, mais il me
paraît nécessaire au préalable de vous présenter très brièvement l’histoire du second conflit
mondial et de ses conséquences pour la France.
Quant à la France, elle va connaître la défaite
en mai 1940 et subir l’occupation nazie.
Ce sera la prise du pouvoir par le maréchal
Pétain et la création de l’Etat français avec sa
capitale Vichy en zone libre. Ce sera aussi l’appel du 18 juin 1940 du général Charles de
Gaulle, la résistance, la renaissance d’une
armée française libre et la victoire.
Mais les sacrifices consentis par notre pays sont
importants. Les pertes humaines se chiffrent à
plus de 210 000 morts militaires et 330 000
victimes civiles.
Le poids économique de la guerre, c’est
d’abord le pillage direct des ressources nationales par l’occupant, en denrées agricoles, en
produits industriels, auquel s’ajoutent les
indemnités monétaires qui représentent à partir
de 1943 pratiquement la moitié des dépenses
publiques (25 millions de marks par jour). Les
destructions du capital productif, des immeubles, ont été évaluées à près de 45 % de la production nationale. Encore faut-il ajouter les destructions d’infrastructures : routes, ponts, voies
ferrées, ports et l’impact qualitatif causé par
l’absence de recherche et de progrès techniques
pendant toute la durée de la guerre. En outre
notre pays est divisé entre ceux qui ont suivi la
légalité du maréchal Pétain et ceux qui ont
rejoint la légitimité du combat de la France libre
du général de Gaulle.
Depuis 1943 celui-ci est à la tête du commandement en chef des armées de la France combattante et du comité français de libération
nationale qui devient le gouvernement provisoire de la République française le 3 juin 1944
à Alger.
Grâce à l’action du général de Gaulle et après
l’épisode tragique de l’épuration, les institutions
républicaines reprennent toute leur place. La
réconciliation nationale s’impose. La France
retrouve son statut de grande nation. Mais le
général de Gaulle qui est contre le « régime
des partis » démissionne le 20 janvier 1946.
Le 23 mars 1933, Hitler devient chancelier du
Reich. L’idéologie totalitaire du National
Socialisme va pouvoir s’imposer. Contre ce totalitarisme l’opposition allemande se montre
impuissante, quant à l’armée, force organisée
qui pourrait se dresser contre lui, elle veut avant
tout reconstituer une force militaire qui permette
à l’Allemagne de retrouver sa place de grande
nation continentale. Hitler va pouvoir avec la
complicité de l’armée tourner le traité de
Versailles et préparer le peuple allemand à une
guerre de revanche qui fera oublier l’humiliation de la défaite de 1918.
1936, Hitler fait réoccuper la rive gauche du
Rhin par ses troupes. 1938, l’Autriche est
annexée sans que les démocraties occidentales
réagissent. Printemps 1939, les nazis entrent
dans Prague, la Tchécoslovaquie n’existe plus.
Londres et Paris forment des protestations platoniques et pensent avoir sauvé la paix grâce aux
accords de Munich. Hitler continue sa manipulation des démocraties, il est persuadé qu’il peut
envahir la Pologne sans risque de guerre mondiale.
Le 1er septembre 1939 la Pologne est envahie.
Le 3 septembre 1939 l’Angleterre et la France
déclarent la guerre à l’Allemagne nazie :
la 2e guerre mondiale est déclenchée. Elle va
durer cinq ans et provoquer la mort d’environ
38 millions de personnes. Elle se déroulera sur
de nombreux théâtres d’opérations, Europe,
Afrique, Asie. Elle se terminera par la victoire
des Alliés sur l’Axe. Le 8 mai 1945,
l’Allemagne nazie signe à Berlin la capitulation
sans conditions. Le Japon, après l’explosion
atomique d’Hiroshima, capitulera également
le 2 septembre 1945.
41
42
Norvège, pour les opérations du 12 avril 1940
au 17 juin 1940,
Afrique, pour les opérations du 25 juin 1940 au
13 mai 1943,
Italie, pour les opérations du 1er décembre 1943
au 25 juillet 1944,
Libération, pour les opérations du 25 juin 1940
au 8 mai 1945,
Allemagne, pour les opérations du 14 septembre 1944 au 8 mai 1945,
Extrême-Orient, pour les opérations du
7 décembre 1941 au 15 août 1945,
Grande-Bretagne, opérations aériennes du
28 novembre 1942 au 8 mai 1945,
URSS, opérations aériennes du 28 décembre
1942 au 8 mai 1945,
Atlantique, opérations maritimes,
Méditerranée, opérations maritimes,
Manche, opérations maritimes,
Mer du Nord, opérations maritimes.
Le 23 janvier 1946, Félix Gouin est élu président du gouvernement provisoire, c’est sous
ce gouvernement qu’est instituée la médaille
commémorative française de la deuxième
guerre mondiale par décret du 21 mai de la
même année. Cette médaille est accordée à
tout combattant militaire ou civil d’unités subordonnées à l’autorité du gouvernement français
ayant lutté contre l’Allemagne nazie et ses complices.
Exceptionnellement les étrangers remplissant les
conditions requises peuvent en être décorés.
La médaille a été dessinée par Josse et gravée
par Simon. Elle est en bronze de forme hexagonale. L’avers représente un coq aux ailes
déployées dressé fièrement sur des chaînes brisées qui se détache sur un fond de croix de
Lorraine. Le revers est occupé au centre par une
petite branche de laurier avec sur le pourtour
l’inscription République Française en lettres
capitales. Au dessous des feuilles de laurier
apparaît sur trois lignes la mention « Guerre
1939-1945 ». Un segment circulaire de 2 mm
de largeur surmonte la médaille et porte le
ruban d’une largeur classique de 37 mm.
Celui-ci est à fond clair bordé de deux bandes
vertes de 4 mm, elles-mêmes encadrées de
deux fines lignes rouges d’un millimètre chacune. La bande centrale est coupée en son
milieu sur toute la longueur par des « V » de
couleur rouge. Le ruban peut être orné de barrettes portant l’indication des campagnes auxquelles a pris part le titulaire.
Ces barrettes étaient au départ au nombre de 13 :
France, pour les opérations du 3 septembre
1939 au 25 juin 1940,
Par décret du 2 août 1949, une barrette Défense
Passive vient récompenser les personnels ayant
subi un bombardement, participé à un combat
ou titulaire d’une pension d’invalidité au titre de
cette organisation. Le décret du 11 août 1953
instaure une barrette Engagé Volontaire qui distingue les personnes qui peuvent prétendre à ce
titre pour la Guerre 1939-1945. Comme toutes
les médailles commémoratives de campagnes,
elle peut également comporter l’étoile rouge
pour blessure de guerre. Une barrette spéciale a
d’ailleurs été créée par des fabricants privés. Les
titulaires peuvent prétendre également au port
des barrettes au millésime des années de guerre
1939, 1940, 1941, 1942, 1943, 1944, 1945.
43
bleue médiane représenterait les océans, d’où
vient la délivrance et qui unissent le continent et
l’empire colonial, les deux bandes vertes l’espoir et l’affirmation de la victoire, le vert étant à
la fois la couleur de l’espérance et celle de la
couronne des lauriers du triomphe, enfin les
liserés rouges et les V de la même couleur qui
surchargent le centre du ruban, le sang versé
pour obtenir la liberté.
Il est à noter qu’il est peu courant de surcharger
ainsi les rubans, en général ils comportent des
couleurs verticales, rarement horizontales, et
parfois des attributs métalliques et non pas tissés dans la trame du ruban comme dans ce cas.
Il est à noter que la barrette Italie a été supprimée
lors de la création de la médaille commémorative
de la campagne d’Italie par la loi du 1er avril 1953.
Il existe aussi des barrettes non officielles,
Autriche qui fait référence à l’arrivée des formations françaises au Voralberg, Campagne
d’Italie, Alpes 1939-1945, Corse qui se rapporte à la barrette Libération, Ile d’Elbe qui se
rapporte à la barrette Italie.
Les premières barrettes ont été fabriquées en
bronze par la Monnaie de Paris. Par la suite en
respect du texte législatif ces barrettes ont été
produites en métal argenté. Plusieurs fabricants
privés ont créé leurs propres modèles, il s’agit
de Mourgeon, Arthus-Bertrand, Chobillon,
Delande et Aubert. Bien entendu ce système des
barrettes nous fait penser à la Médaille d’OutreMer, anciennement médaille coloniale, sur le
ruban de laquelle se positionnent les barrettes
correspondant aux différents théâtres d’opérations.
Elle nous fait penser également à une médaille
beaucoup plus récente qui a été créée en octobre
1995, la médaille commémorative française où
là aussi le même mode de représentation a été
adopté. On peut citer aussi la médaille de la
Défense nationale créée en 1982, mais dans ce
cas on panache à la fois les lieux géographiques avec les différentes composantes
d’armes de la défense nationale (Infanterie,
Gendarmerie, Génie, etc.).
Les textes législatifs précisent que la décoration
peut être portée si sa mention figure sur une des
pièces militaires de l’ayant-droit, aucun diplôme
n’étant délivré. Mais, comme bien souvent, cette
précision n’est pas tout à fait respectée, car on
trouve diverses autorisations de port, des certificats d’attribution ou des diplômes souvenir qui
remplacent ce diplôme inexistant.
Ces documents sont délivrés soit par les autorités militaires (bureau des archives militaires de
Pau, formations combattantes : FFI/MLN/
RÉSISTANCE), soit par des autorités civiles
(Mairie, Préfecture pour les médailles comportant la barrette Défense Passive), ou par des
associations reconnues d’anciens combattants.
La médaille peut être remise au récipiendaire
soit lors d’une prise d’armes, soit lors d’une
commémoration officielle par une autorité militaire ou civile, ou par un camarade déjà titulaire
de la décoration. Il n’y a pas de cérémonial
imposé sinon le classique « ouvrez le ban, fermez le ban ».
Bien que cette récompense ait été attribuée à
plusieurs milliers de personnes, il n’existe pas à
ma connaissance d’association particulière des
titulaires de cette médaille.
Les intéressés se regroupent plutôt au sein d’associations d’anciens combattants.
Il faut remarquer que si dans beaucoup de pays
à chaque campagne ou guerre correspond une
médaille commémorative, en France est privilégiée la médaille représentative comportant des
barrettes d’opérations.
La médaille existe en plusieurs modèles tous
frappés par la Monnaie de Paris, sauf le modèle
de fabrication locale certainement originaire
d’Afrique du Nord. Il existe un modèle qui comporte une bélière un peu plus réduite que le
deuxième ; quant au troisième c’est le modèle
actuel vendu depuis 1962 en finition dorée.
La symbolique de l’avers de cette médaille est à
la fois simple et forte. C’est en effet le coq gaulois, emblème de la Nation, qui se dresse pour
combattre la tyrannie et briser les chaînes de
l’occupation nazie, sous l’égide de la croix de
Lorraine des Français libres.
En ce qui concerne le ruban n’ayant aucune
base officielle, je vous propose une interprétation qui me paraît plausible : la large bande
En conclusion, je pense que la création de la
médaille commémorative de la guerre 19391945 a été tout-à-fait positive, car d’une part
elle reconnaît publiquement des mérites individuels circonstanciés et d’autre part elle a participé pleinement à la démarche nécessaire de la
réconciliation nationale.
44
Les médailles commémoratives de Corée,
d’Indochine et du Moyen-Orient
par Marcel MARION
gène sur tous les plans (armement, vitesse et
rayon d’action) mais l’entraînement est très
poussé.
D’abord un petit rappel historique sur
l’Indochine, sans vouloir reprendre des dates
trop éloignées. La 2e Guerre Mondiale débute
le 2 septembre 1939 ; elle se déroula, comme
vous le savez tous, par une inaction pendant
six mois, et en deux mois nous capitulons.
Sous le commandement du capitaine de vaisseau Berenger, nos cinq bâtiments attaquent, le
17 janvier 1941, l’escadre thaï et lui cause de
sérieux dommages, plusieurs bâtiments coulés,
d’autres endommagés ; après cet exploit, la
marine siamoise est mise hors état de nuire et
nos adversaires ne se risqueront plus à sortir de
leur port. La victoire de Koh Ghang est la seule
victoire navale française de la seconde guerre
mondiale. Elle a eu des conséquences très positives sur nos adversaires et surtout sur les
Japonais, ce qui a permis une relative tranquillité pendant les quatre années que dura notre
présence avec l’occupant japonais.
Que se passe-t-il en Indochine ? Pratiquement
rien, sauf l’emprisonnement des cadres du parti
communiste indochinois, mais les chefs Pham
Van Dong et Vô Nguyên Giap se sauvent en
Chine, ce même Giap que nous retrouverons
plus tard.
L’Indochine est maintenant sous le régime de
Vichy, les Japonais, le 19 juin 1940, exigent la
fermeture et le contrôle de la frontière de Chine ;
le 23 juillet, l’amiral Decoux remplace le général Catroux au gouvernement général, Catroux
sur le chemin du retour en France en profite
pour s’évader à Singapour et rejoint de Gaulle.
La fin de l’administration française en Indochine
aura une date précise, le 19 mars 1945.
Ce jour-là, les Japonais attaquent toutes les garnisons françaises qui se défendront vaillamment
avec leur armement désuet ; il y aura 2 500
morts dans leurs rangs ; les civils et les militaires seront emprisonnés ; ils ne seront libérés
qu’en septembre 1945. Depuis sa création, par
le P.C.I. du 10 au 19 mai 1945, le Viet Minh
joue un jeu très caché, les Japonais l’ont armé,
et les Américains aussi sous prétexte d’antijaponais ce qui est très contestable.
Quand Leclerc reprend pied en Indochine, en
fin 45 pour le sud et début 46 pour le Tonkin, il
trouve une administration Viet Minh en place et
cela est difficile à gérer. Les incidents se succèdent, avec en novembre 46 de sérieux accrochages à Haiphong et Langson, puis le 19
décembre, l’insurrection généralisée. La guerre
d’Indochine commence, vous connaissez la fin.
Ceci est un petit résumé, mais ce n’est pas le
sujet d’aujourd’hui.
Seulement il n’y a pas que les Japonais qui s’intéressent à l’Indochine. Depuis 1907, la France
garantissait les frontières du Cambodge et du
Laos, le Siam avait dû rendre au Cambodge les
provinces de Battambang et de Siem Reap et
certains territoires au Laos. Le Siam, voyant la
France battue, a voulu profiter de cette situation,
et en novembre 1940, l’armée thaïlandaise
tente de franchir la frontière et, dans les mois
qui suivent, l’aviation thaï bombarde Vientiane,
Pakse, Sisophon etc. L’armée et l’aviation française ripostent de leur mieux, et la marine envisage un coup de force. Cependant, la marine
thaïlandaise dispose d’une flotte importante,
deux garde-côtes cuirassés modernes, deux
autres plus anciens, une dizaine de torpilleurs
tout neufs, quatre sous-marins, des avisos,
des dragueurs ; pour leur faire face, nous
n’avons que des forces bien moindres, un croiseur, le La Motte-Picquet, des avisos coloniaux,
Dumont d’Urville et Amiral Charner, des avisos
anciens Tahure et Marne, la division est hétéro-
Jusqu’en 1945, les militaires et les fonctionnaires
en Indochine recevaient des décorations comme
45
la médaille coloniale ou la médaille de la garde
indigène, des douanes, des chemins de fer et la
croix du Mérite de l’Indochine française, plusieurs autres : cambodgienne, laotienne ou
annamite ; mais les plus prestigieuses étaient
les ordres du million d’éléphants et du parasol
blanc (Laos) et du dragon d’Annam.
Nous en reparlerons tout à l’heure.
Estimant que, malgré le peu d’effectifs engagés,
cette unité avait grandement servi la cause de
notre pays dans le monde faisant revivre, selon
les termes d’un communiqué allié, « la gloire
de la Marne et de Verdun », le gouvernement
créa par décret du 8 janvier 1952 la médaille
commémorative française des opérations de
l’Organisation des Nations-Unies en Corée.
Je fais une parenthèse à l’Indochine, car au
point de vue chronologique, avant la médaille
commémorative d’Indochine, une autre
médaille fut créée.
Le modèle de la médaille a été dessiné par l’héraldiste Robert Louis, qui dessina « l’aile armée
des troupes aéroportées ». La maquette fut réalisée par le graveur Delannoy.
***
La médaille est décernée aux militaires du détachement français des Nations-Unies en Corée
et aux personnels de la marine ayant séjourné
deux mois sur ce théâtre d’opération, et aux
étrangers ayant servi sous commandement
français et qui ont rempli les conditions de
concours pouvant prétendre au port de cette
décoration.
La médaille commémorative française
des opérations de l’Organisation
des Nations Unies en Corée
Le 25 juin 1950, la Corée du nord, soutenue
par la Chine, franchit la frontière de la Corée
du Sud. Les Etats-Unis, sous l’égide de l’O. N. U.,
envoyèrent leurs unités stationnées au Japon. La
France décida le 23 août de participer à ces
opérations. Le 25 octobre 1950 s’embarquait à
Marseille un corps faiblement instruit d’un millier de volontaires. En pleine campagne
d’Indochine, la France ne pouvait qu’apporter
un appui symbolique au général Mac Arthur,
commandant des forces de l’O. N. U. en Corée.
Mais ce bataillon de Corée, sous les ordres du
général Magrin-Vernerey, dit Monclar, inspecteur de la Légion étrangère, qui prit les galons
de lieutenant-colonel pour commander ce
bataillon, eut une conduite exemplaire : jeté en
plein combat dès son arrivée, au moment de la
retraite sur le Yalou il se couvrit de gloire tant
lors de la guerre de positions qui suivit, que
dans la contre-offensive victorieuse du 38e parallèle.
Après la suspension des hostilités en juillet
1953, il fut envoyé en Indochine. Il débarqua à
Saigon le 1er novembre.
Il est à noter (ce qui est assez exceptionnel) que
l’insigne est fourni gratuitement avec le diplôme
correspondant (Instruction du 12 février 1952,
paragraphe IV).
La distinction comporte :
un ruban aux couleurs de la France et de l’O. N. U.
disposées en rayures verticales :
- pour l’O. N. U. 20 mm de largeur, bleu clair
avec au centre une raie verticale blanche ;
- pour la France 8 mm de chaque côté des
couleurs précédentes, le bleu étant aux extrémités (soit d’un côté trois raies bleu d’outremer foncé, blanche, vermillon écarlate ; de
l’autre côté trois raies, vermillon, blanche,
bleue).
une médaille : ronde, en bronze, au centre les
armes de la Corée enfermées dans une figure
géométrique à huit lobes, ces armes sont
posées sur une torchère enflammée dont l’extrémité est rattachée à la bélière et dépasse vers
le haut ; le tout est posé sur un fond rayé
rayonnant et entouré de deux rameaux d’olivier.
Au revers : l’inscription Médaille commémorative française des opérations de l’Organisation
des Nations Unies en Corée entourée, des mots
République Française.
La bélière est formée d’un motif de la largeur
du ruban et symbolisant l’architecture de la toi-
Rotinat, Président de la commission de Défense
nationale du Conseil de la République, invita le
gouvernement les 23 et 29 août 1951 à créer
une médaille particulière pour ce bataillon qui a
forcé l’admiration du haut commandement de
l’O. N. U.
46
ture d’une petite pagode (ou pagodon). Elle est
de la largeur du ruban, comme la médaille
commémorative de la Grande Guerre, le fait est
assez rare pour être signalé.
Œuvre de Robert Louis, le symbolisme de cette
décoration est particulièrement riche au point de
vue héraldique ;
le fond guilloché rappellerait « le pays du matin
calme », nom légendaire de la Corée ;
la torchère, le souvenir des soldats tués au combat ;
les huit lobes, la liberté ;
les rameaux d’olivier, l’O. N. U.
Quant aux armes de la Corée, il s’agit de la
figure du yin et du yang, les deux principes de
l’univers, entourée de quatre trigrammes (trois
lignes coupées ou pleines) qui symbolisent ici le
ciel, la terre, l’eau et le feu.
Les pertes du bataillon s’élèvent à 262 tués,
1008 blessés et 7 disparus. Un monument à la
mémoire des combattants français a été inauguré à Suwon à l’initiative du gouvernement de
Séoul.
Les conditions de concours sont les mêmes que
pour les médailles commémoratives des deux
guerres mondiales.
Huit ans après le début de la campagne, commencé avec le général Leclerc, au lendemain de
la Seconde Guerre Mondiale, contre le Viet
Minh, le gouvernement créa le 1er août 1953
une médaille commémorative de la campagne
d’Indochine destinée à être attribuée tant aux
combattants des formations régulières qu’à ceux
des forces supplétives. Depuis 1950, plusieurs
députés en avaient émis l’idée et leur projet
avait été soutenu par Raphaël Leygues, au nom
de la commission de Défense de l’Assemblée de
l’Union française.
La médaille commémorative d’Indochine
Lors du conflit indochinois, la Croix de Guerre
des T. O. E. récompensait les actions d’éclat
individuelles. Mais, il fallait laisser à tous les
combattants une marque tangible de leur participation à cette campagne lointaine. Certes, la
médaille coloniale était attribuée, avec la barrette Extrême-Orient, à certains personnels,
mais elle en excluait d’autres, les autochtones,
par exemple, qui se battaient avec le corps
expéditionnaire.
Le bataillon français a été décoré, à titre collectif, de la Présidential Unit Citation par la
République de Corée. De ce fait, tous ceux qui
ont servi dans cette unité au moment de la campagne ont droit au port de la barrette en laiton
doré encadrant un ruban blanc avec la cocarde
coréenne bordée de deux bandes vertes avec
deux petits liserés rouges.
Créé un an avant la fin des opérations, le
modèle de la médaille a été dessiné par le
général Carlier, directeur de la Symbolique militaire au service historique de l’Armée de terre,
déjà auteur de la médaille commémorative de
la campagne d’Italie ; la maquette a été réalisée par le graveur Muller.
Les caractéristiques en ont été fixées par
le décret de création, complété par l’arrêté du
28 août 1953. Le ruban est un rappel de celui
de la médaille commémorative de l’expédition
du Tonkin instituée le 6 septembre 1885.
La médaille est décernée aux militaires ayant
participé à la campagne d’Indochine dans une
formation régulière ou supplétive pendant au
moins quatre-vingt-dix jours entre le 16 août
1945 et le 11 août 1954 et aux personnels civils
de la marine marchande, de l’aviation civile,
embarqués sur des navires ou membres d’équi-
47
page d’appareils de navigation aérienne, ayant
assuré pendant quatre-vingt-dix jours au moins,
des transports de troupes ou de matériel à destination ou à l’intérieur de l’Indochine, entre les
mêmes dates. Le délai de quatre-vingt-dix jours
n’est pas exigé des personnels blessés ou cités
lors de la campagne.
Le général Carlier, auteur de la médaille, a fait
deux rappels par les principaux symboles figurés : celui de l’ordre du dragon d’Annam dont
la bélière était à peu près identique (créée en
1850 par l’Empereur d’Annam puis ordre colonial français de 1896 à 1950) ; et celui de l’ordre du million d’éléphants et du parasol blanc
(ordre laotien créé en 1927) dont la très belle
médaille était composée de trois têtes d’éléphants accolées.
La distinction comporte :
un ruban : sept raies jaunes et vertes alternées
(quatre jaunes et trois vertes) et bordé de vert
des deux cotés ( le ruban de la médaille du
Tonkin comportait trois raies jaunes et quatre
raies vertes alternées et était bordé de jaune des
deux côtés) ;
une médaille : ronde, en bronze, un naja à
sept têtes supporte un cartouche rectangulaire
où est marquée l’inscription Indochine en relief,
avec au dessus un éléphant tricéphale, entouré
des mots République Française ; au revers :
une couronne de chêne et de laurier entourée
de l’inscription Corps Expéditionnaire Français
d’Extrême-Orient ;
une bélière : un dragon tortillé (le caractère
esthétique de cette bélière est assez rare pour
être signalé).
Aucun diplôme n’est délivré. La possession
d’une pièce militaire justifiant leurs titres donne
aux intéressés le droit au port de la médaille.
Les personnels civils doivent présenter une attestation de participation établie par le général
commandant en chef des forces en Indochine.
Un décret du 26 mai 2005 a institué une journée nationale d’hommage aux morts pour la
France en Indochine. La date retenue est celle
du 8 juin. Précisons que les pertes françaises en
Indochine sont évaluées à 75 200 tués et
63 300 blessés.
La médaille commémorative française
des opérations du Moyen-Orient
Le 30 octobre 1956 la France et la GrandeBretagne envoient un ultimatum à l’Egypte et à
Israël en guerre, afin de préserver la paix au
Moyen-Orient. Ils leur ordonnent de retirer leurs
troupes de chaque côté du canal de Suez, sur
une zone de plusieurs kilomètres. L’Egypte refusant, les forces franco-britanniques débarquent
à Port-Saïd et à Port-Fouad, les 5 et 6 novembre. Elles occupent la zone du canal jusqu’à El
Kantara. A l’initiative de la diplomatie internationale, cette action est arrêtée avec l’arrivée
des Casques bleus, le 15 novembre 1956. Le
corps expéditionnaire français, en alerte depuis
le mois de septembre, est commandé par le
général Beauffre pour l’armée de terre et par
l’amiral Barjot pour la Marine nationale.
Un décret du 22 mai 1957 crée la médaille
commémorative française des opérations du
Moyen-Orient. Une instruction du 30 octobre
1957 précise, à l’usage de l’Armée de mer et
de la Marine marchande, les détails d’application de ce décret.
48
La médaille est décernée, sans conditions de
durée de séjour, aux militaires français qui ont
participé entre le 1er septembre 1956 et le 22
La possession d’une pièce militaire justifiant leur
participation aux opérations donne aux intéressés le droit au port de cette décoration. Les
ayants-droit qui ne possèdent aucune pièce officielle peuvent recevoir de l’autorité militaire qui
détient leurs pièces matricules une autorisation
de porter cette décoration.
décembre 1956 inclus, aux opérations qui se
sont déroulées dans la zone géographique comprise entre les parallèles 20° et 36° N et les
méridiens 24° et 40° E, et aux ressortissants
français non militaires, en particulier équipages
des navires marchands et des appareils de
l’aviation commerciale, dans les mêmes conditions
La distinction se compose d’un ruban, bleu,
coupé dans le sens de la longueur de trois raies
jaunes ; d’une médaille frappée et gravée par
l’administration des monnaies et médailles ;
elle est ronde, en bronze, portant l’effigie d’une
République casquée, cuirassée à l’antique,
entourée des mots République Française ; au
revers, l’inscription Médaille Commémorative
Française des opérations du Moyen-Orient
1956.
Cette médaille est la reprise, en ce qui concerne
son avers, de la médaille commémorative du
Maroc (1909) due au graveur Georges Lemaire.
Elle est en bronze (et non en argent) comme
l’avaient été la médaille commémorative de
Syrie-Cilicie (1922) et la médaille commémorative d’Orient et des Dardanelles (1926) et qui,
toutes deux avaient repris le modèle de celle du
Maroc (qui était, elle, en argent).
La bélière est formée de deux branches de laurier entourant un croissant (la médaille du
Maroc avait deux branches d’olivier et un croissant, les médailles d’Orient et des Dardanelles
et Syrie-Cilicie avaient deux palmes et un croissant).
L’agrafe, en bronze, porte l’inscription MoyenOrient.
49
La médaille commémorative des opérations de sécurité
et de maintien de l’ordre
par Jacques MEYNIEL
Contexte historique, politique et militaire
se manifeste pourtant une activité de rébellion
armée, par le fait même qu’il s’agit là de deux
protectorats étroitement liés à la France par
l’histoire et la tradition, certes, mais également
et surtout par des traités reconnus sur le plan
international.
A partir des premières semaines de l’année
1952, alors que la France se trouve durement
engagée en Indochine, un mouvement de
contestation violente prend naissance en
Tunisie, sous l’impulsion du Néo-Destour et de
ses chefs, Salah-ben-Youssef et Habib
Bourguiba. Cette agitation encore sporadique
prend la forme, d’abord dans le bled, d’embuscades sur les routes, d’attaques à main armée
sur des gendarmeries, des postes militaires, tandis que le terrorisme urbain ne prendra naissance qu’un peu plus tard.
Il va sans dire que le commandement militaire
français prend très rapidement les mesures de
sauvegarde nécessitées par le rétablissement de
l’ordre.
Par ailleurs, ce qu’on pouvait craindre, l’agitation politique, doublée d’actions de rébellion et
de terrorisme se manifeste, à son tour au
Maroc, où les autorités politiques et militaires
françaises, après avoir déposé et exilé le Sultan
Mohammed V pour avoir mis en cause, par une
évidente mauvaise volonté, le bon fonctionnement des institutions du Protectorat, prennent là
aussi les mesures conservatoires de maintien de
l’ordre.
Les agitateurs agissant généralement sous couvert du parti de l’Istiqlal et des adhérents à
l’Union Générale des Travailleurs marocains,
mouvements politiques et radicaux, très opposés
à la présence française, se montrent de plus en
plus agressifs. Ce qui amène le commandement
militaire français à renforcer, dans la mesure
des disponibilités, les garnisons au Maroc.
Cependant, en raison de la guerre d’Indochine,
les moyens militaires de la France se trouvent
alors limités. On peut même ajouter à cette
lourde servitude la nécessité de respecter les
engagements pris vis-à-vis de l’Alliance
Atlantique, pour la défense de l’Allemagne dans
le cadre de la guerre froide (OTAN).
D’autre part, la France ne peut juridiquement
pas se considérer - stricto sensu – en guerre
dans ces deux territoires d’Afrique du Nord où
En conséquence de quoi, rien n’empêche leurs
gouvernements respectifs de réclamer –par la
voix populaire notamment- une plus grande
autonomie, première étape d’un parcours,
comme on le verra, hélas, plus tard, qui mène
vers une indépendance pleine et entière.
Autre difficulté, dans cette situation délicate,
l’impossibilité de mettre en œuvre des troupes
françaises issues de la conscription dans des
opérations de guerre proprement dites, sans
l’accord du Parlement. Il ne reste alors disponibles que les quelques troupes professionnelles
non encore engagées sur un autre théâtre
d’opération.
Mais, finalement, la situation en Afrique du
Nord va évoluer, d’une part, par l’indépendance accordée d’abord à la Tunisie, puis enfin,
au Maroc (avec en particulier, la restauration de
Mohammed V sur son trône). D’autre part,
l’Algérie qui est demeurée calme jusqu’alors, va
voir se déclencher, lors de la Toussaint 1954,
une tentative sérieuse d’insurrection générale,
certes encouragée par les exemples tunisiens et
marocains et le retrait de la France d’Indochine
à la suite de la regrettable conférence de
Genève la même année.
Là, la seule contrepartie favorable, c’est que cet
accord international, sanctionnant un abandon
total de la présence française en ExtrêmeOrient, va permettre le rapatriement assez
rapide sur une Algérie, très démunie de moyens
militaires, de forces parfaitement aguerries.
Il faut ajouter également que le gouvernement
français d’alors, demeurant dans l’impossibilité
juridique de décréter l’état de guerre dans ses
départements d’Algérie, va toutefois pouvoir
obtenir du Parlement un accord permettant l’engagement sur ce théâtre de troupes issues de la
50
spécialement pour ce conflit une « Croix de la
valeur militaire » et comme, par définition, tout
le monde ne peut naturellement y prétendre, on
va également créer une « médaille commémorative d’Afrique du Nord » dans sa première
appellation qui deviendra, par la suite la «
médaille commémorative des opérations de
sécurité et de maintien de l’ordre ». Et ceci,
dans le souci bien compréhensible et fort louable d’honorer les quelque deux millions de
Français de souche et de musulmans qui ont
servi la France dans ses divers territoires
d’Afrique du Nord entre 1952 et 1962. Et dont
l’abandon ne fut absolument pas la conséquence d’une quelconque inaptitude à gagner
une guerre –car c’en était finalement une – qui
nous était faite.
conscription, avec la possibilité d’accroître, en
fonction des besoins militaires, la durée du service, voire le rappel de classes plus anciennes,
de spécialistes et de cadres de réserve.
Toutefois, comme il n’était pas légalement possible de faire mention d’un état de guerre, on
pourra seulement évoquer une situation dite de
« maintien de l’ordre et de rétablissement de la
sécurité ».
On peut donc alors aisément en déduire que
« la guerre d’Algérie n’existe pas ! »
Devant cet état de chose, il s’avère donc impossible de distinguer les combattants (qui, officiellement, n’existent pas en tant que tels !...) les
plus valeureux avec une quelconque Croix de
Guerre d’un type existant. On va donc créer
51
tions, aux opérations de sécurité et de maintien
de l’ordre en Afrique du Nord, tels les policiers,
gardes champêtres, infirmiers responsables
sanitaires d’un regroupement, infirmiers itinérants dispensant l’assistance médicale gratuite.
Conditions et mode d’attribution de la médaille
Comme on a pu le voir ci-dessus, en vue de
commémorer les opérations dites « de maintien
de l’ordre » en Afrique du Nord, qui se sont
déroulées entre 1952 et 1962, une nouvelle
médaille commémorative fut créée par le décret
n° 58-24 du 11 janvier 1958. Ce décret abrogeait celui du 12 octobre 1956, instituant une «
médaille commémorative des opérations de
sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du
Nord ».
Cette médaille a pour but de récompenser les
militaires ayant participé pendant 90 jours au
moins aux opérations définies ci-dessus dans
une formation régulière et supplétive sur les territoires et pendant les périodes suivantes :
en Tunisie, entre le 10 janvier 1952 et le 2 juillet 1962
au Maroc, entre le 1er juin 1953 et le 2 juillet 1962
en Algérie, entre le 31 octobre 1954 et
le 1er juillet 1964
au Sahara, entre le 31 octobre 1954 et
le 27 juin 1961
Le délai de 90 jours n’est pas exigé pour les personnels qui ont été décorés de la « Croix de la
valeur militaire », ou ayant été blessés lors de
ces opérations.
CARACTÉRISTIQUES
Ruban.
Largeur 36 m/m
Couleurs : rouge écarlate, avec une large raie
centrale verticale bleue de 14 mm, et sur
chaque bord séparé de celui-ci par un liseré
rouge écarlate de 1mm, une bande verticale
blanche de 5 mm.
Agrafes.
Il existe quatre agrafes rectangulaires en maillechort doré : Algérie, Tunisie, Maroc, Sahara.
Insigne.
Médaille ronde en bronze, du module de 30 mm.
Avers, gravure de Georges Lemaire, dessin du
général Carlier.
Revers, gravure de Raymond Tschudin.
Sur l’avers, effigie de la République casquée,
entourée de la légende République Francaise.
Sur le revers, une couronne de chêne et de laurier entourant l’inscription centrale : « Médaille
commémorative des opérations de sécurité et de
maintien de l’ordre ».
Elle peut également être remise, à condition de
satisfaire aux exigences précitées, aux personnels mis à la disposition du commandement
militaire et ainsi qu’à toute personne ayant pris
part, en raison de son emploi ou de ses fonc-
Bélière.
Elle est formée de deux branches de laurier.
52
Conclusion
une seule, celle de Sainte-Hélène, était offerte
aux ayants droit qui, de plus, pouvaient en en faisant
état, obtenir quelques subsides du gouvernement en
cas d’extrême pauvreté. Toutes les autres devaient
être acquises par les récipiendaires,
Il ne m’est évidemment pas possible de faire
une véritable synthèse en quelques minutes d’une
journée passionnante, avec des interventions
diverses et riches en renseignements de tous ordres.
Comme je l’avais annoncé lors de mes
quelques mots d’introduction, nous avons revécu les
heures tragiques ou glorieuses de notre histoire avec
une particulière acuité en ce qui concerne la guerre
– un peu oubliée – de 1870 ou les événements les
plus récents liés aux engagements de la deuxième
guerre mondiale ou des opérations d’Outre-Mer (et
notamment en Afrique du Nord).
la plupart d’entre elles étaient ouvertes aux
étrangers ayant combattu à nos côtés ou au sein de
nos unités : il semble que le nombre de ceux qui en
ont bénéficié ait été assez faible, sauf en ce qui
concerne celle de Sainte-Hélène,
les médailles commémoratives des guerres
mondiales comme les médailles d’Outre-Mer ont été
largement ouvertes aux civils et ceci a été, notamment après la « Grande Guerre », un sujet de polémique pour les associations d’anciens combattants.
Avant d’essayer de regrouper quelques-uns
des éléments communs à toutes les « commémoratives », je voudrais faire deux remarques un peu
personnelles …
Tout d’abord, je voudrais souligner combien l’évocation de Sainte-Hélène est importante pour moi,
puisque j’ai eu la chance d’une « escale » en 1974
avec la Jeanne d’Arc que je commandais, escale qui
m’a laissé un très profond souvenir en mettant mes
pas dans ceux de l’Empereur durant son exil de six
ans sur cette île inhospitalière …
Tout en remarquant que, paradoxalement, les
archives anciennes ont été parfois plus faciles à
appréhender que celles correspondant à des faits
plus récents, je voudrais souligner que seul Monsieur
Beauvais a pu explorer les archives du Calvados, en
fournissant des éléments régionaux très intéressants.
Enfin, il faut s’étonner (ou… se réjouir de l’impuissance des « technocrates ») que la « médaille commémorative française de 1995 » ne soit pas la seule
à être décernée aujourd’hui pour les actions menées
par nos armées depuis vingt ans … mais que la
médaille d’Outre-Mer continue à être attribuée (avec
la barrette appropriée) lors de conflits situés dans ces
pays de notre ancien « Empire Colonial ».
Ensuite, une remarque de marin … pour souligner l’importance de l’action des marins dans nos
conflits d’Outre-Mer (ce qui est bien normal !). Les
textes du dix-neuvième siècle traitent en effet des «
militaires et des marins » alors que les « troupes de
marine » faisaient partie intégrante de la Marine
jusqu’en 1900, et il est amusant en 2007 de constater l’évolution du vocabulaire puisque, apparemment alors, les marins ne pouvaient être considérés
comme des militaires !!!
Je ne saurais conclure ces quelques mots sans
remercier :
- le Comité d’Organisation qui, sous la présidence de Monsieur Le Roc’h Morgère, directeur des
Archives départementales du Calvados, qui nous
accueille dans ses locaux, était composé de M.
Leconte, directeur de l’ONAC du Calvados, M.
Marion, représentant l’ANAI, M. Bénard, représentant les ACPG, M. le Colonel Marchetti, ancien
adjoint au délégué militaire départemental du
Calvados, Mme Leclerc et M. Joël Beauvais, secrétaire et instigateur de cette journée, en tant que
représentant du Souvenir napoléonien en BasseNormandie,
Mais, en revenant aux médailles commémoratives, je voudrais souligner que nous n’avons évoqué aujourd’hui que la plupart d’entre elles et, en
tous cas, les plus importantes mais je ne peux résister à l’envie de citer devant vous :
la médaille frappée par Charles VII en 1451
lors de la fin de la guerre de Cent ans pour célébrer
« l’expulsion des Anglais ». Elle aurait été remise
aux combattants qui pouvaient la porter au bout
d’un cordon.
Deux médailles ne correspondant pas à une action
militaire mais à une guerre civile, baptisées médaille
commémorative de juillet remise aux « émeutiers »
des journées de juillet 1830 (27, 28 et 29 juillet) et
médaille commémorative des « blessés » de février
1848 (22, 23 et 24 février).
- les intervenants qui ont su nous passionner
tout en respectant leur temps de parole,
- les auditeurs qui ont bien voulu manifester
leur intérêt pour ces médailles commémoratives,
auxquelles sont très attachés tous nos anciens combattants et qui portent dans leurs rubans les souvenirs des gloires ou des douleurs de notre pays.
Venons-en aux éléments communs ou, au
contraire, spécifiques des médailles dont nous avons
entendu parler en détails aujourd’hui :
Amiral Brac de la Perrière
53
Table des matières
Discours d’ouverture par l’Amiral BRAC DE LA PERRIÈRE...............................
5
La médaille de Sainte-Hélène dans le Calvados, 1857-1870
par Joël BEAUVAIS ....................................................................................................
6
La médaille commémorative de la guerre de 1870-1871
par Daniel WERBA .................................................................................................... 12
La médaille coloniale
par Antoine CHAMPEAUX
Lieutenant-colonel, conservateur du musée des troupes de marine.............................. 20
La médaille commémorative de la Grande Guerre
par Ivan CADEAU
Capitaine, officier chargé de recherche au département Terre
du Service historique de la Défense ........................................................................... 34
La médaille commémorative de la guerre 1939-1945
par André PASCUAL.................................................................................................. 41
Les médailles commémoratives de Corée,
d’Indochine et du Moyen-Orient
par Marcel MARION ................................................................................................. 45
La médaille commémorative des opérations
de sécurité et de maintien de l’ordre
par Jacques MEYNIEL ............................................................................................... 50
Conclusion
par l’Amiral BRAC DE LA PERRIÈRE.................................................................... 53
REMERCIEMENTS
Louis LE ROC'H MORGÈRE, directeur des Archives du Calvados,
remercie ses secrétaires Mesdames Marie-Aline Pivet, Catherine Montaigne
et Sophie Lechevallier-Boissel pour leurs travaux de secrétariat, de saisie et de corrections,
ainsi que toute l’équipe de l’Imprimerie du Conseil général du Calvados,
54
Médaille de la guerre de 1870-1871 (cf page 16),
avec la devise “Oublier, jamais”
DIRECTION DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES
61, RUE DE LION-SUR-MER
14000 CAEN
TEL. : 02.31.47.18.50
I.S.B.N. 978-2-86014-098-0
Brochure gratuite. Ne la vendez pas, offrez-la!
Mise en page et impression : imprimerie du Conseil général du Calvados
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