L’enjeu des minarets
Le peuple suisse a refusé, par votation, que les mosquées édifiées dans
le pays comprennent des minarets. Juger si la décision est l’expression
de la sagesse ou au contraire de préjugés racistes ne saurait constituer
la réflexion dominante. L’essentiel réside, en effet, en l’expression sou-
veraine du peuple via la consultation directe. Les menaces de boycotta-
ges financiers et commerciaux, de désordres publics et d’actes de ter-
reur divers proférés notamment par certains chefs d’Etat et de gouver-
nement de pays membres de la Ligue arabe et de la Conférences des
Etats islamiques contreviennent à la souveraineté helvétique et aux
principes organiques contenus en la Charte des Nations unies. Ils lais-
sent perplexes. Ces mêmes Etats prompts à critiquer la Suisse disposent
de législations particulièrement restrictives à l’égard de leurs citoyens
non musulmans et de l’édification de leurs lieux de culte. Burak Bekdil,
chroniqueur au quotidien turc Hürriyet, rédigeait récemment un arti-
cle dans lequel il indiquait qu’en Turquie « ceux qui osent critiquer l’is-
lam politique se retrouvent derrière des barreaux. » Nedim Gürsel, écri-
vain turc de renommée internationale, vient, à cet effet, d’être condam-
né en première instance pour atteinte à l’intégrité de l’islam. Au-delà
des légitimités de chacun, toute cette agitation ne peut qu’inquiéter les
démocrates du monde entier.
Pierre Saba
Paris
Quels signes extérieurs ?
Dans son édition du 2décembre, Le
Monde écrit que « se pose la ques-
tion: burqa, mosquées, minarets,
jusqu’où les Européens sont-ils
prêts à accepter les signes exté-
rieurs de l’islam ? ».
Cette question me paraît mal for-
mulée. Si, en effet, les mosquées et
(dans une certaine mesure) les
minarets sont bien des « signes
extérieurs de l’islam» et devraient,
à ce titre, être acceptés sans réticen-
ce par les Européens, en revanche
la burqa est un «signe extérieur »
non pas de l’islam, mais de l’is-
lamisme (encore appelé intégris-
me ou fondamentalisme), qui est
en quelque sorte à l’islam ce que le
gauchisme est à la gauche ou le fas-
cisme à la droite, et que, pour
autant que je sache, les musul-
mans rejettent dans leur très gran-
de majorité.
René Martin
Antony (Hauts-de-Seine)
Argent et religion
Les résultats du référendum suisse
sur les minarets sont doublement
inquiétants: en ce qu’ils expri-
ment de permanence de l’intolé-
rance religieuse dans une société
civilisée et ouverte par certains
côtés, et aussi parce qu’on peut se
demander si ces résultats seraient
différents dans nombre de pays
européens, dont la France… Mais
ils incitent aussi à faire une sugges-
tion à nos voisins suisses: « Pour-
quoi n’organiseriez-vous pas un
référendum portant sur la question
de savoir si la Suisse doit ou non
continuer d’accueillir dans ses ban-
ques l’argent provenant de pays
musulmans ? » On me répondra
que l’argent n’a pas de connota-
tion religieuse (sauf pour le dollar
peut-être), et que la Suisse a tou-
jours su se montrer accueillante
vis-à-vis de l’argent étranger, d’où
qu’il vienne et quelle que soit la
façon dont il a été obtenu. Néan-
moins, je pense qu’un tel référen-
dum aiderait les Suisses, et par rico-
chet les autres nations, à réfléchir à
la cohérence de leurs sentiments à
l’égard de l’argent d’une part et de
la religion de l’autre.
Jacques Dupront
L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne)
Guillaume Tell
Nous avions déjà le combat de Don
Quichotte contre les moulins,
nous avons maintenant celui de
Guillaume Tell contre les mina-
rets. Aussi mal ciblées que celles
des Américains après le 11-Septem-
bre, ces représailles du peuple suis-
se visaient en fait le comporte-
ment odieux du fils Kadhafi sur
son territoire, et les excuses humi-
liantes faites à son père par les hau-
tes autorités politiques de l’Etat
pour faire plaisir à quelques ban-
quiers. Ce sont aussi ces gens-là
que cette votation a voulu sanc-
tionner.
Paul Vincent
Paris
Lueur d’espoir
Dans la foulée de cette mauvaise
nouvelle avec les commentaires
de qualité variable, on oublie une
petite lueur d’espoir, qui permet
de croire à une évolution, lente
bien sûr, comme il se doit en Suis-
se. En 1762, Genève, protestante cal-
viniste, avait refusé la construc-
tion d’un clocher lors de l’érection
d’une église protestante luthérien-
ne, sise place du Bourg-du-Four. En
effet, même la façade de ce lieu de
culte n’avait eu le droit d’évoquer
la présence d’une église et encore
aujourd’hui ce bâtiment est sou-
vent considéré comme un palais
quelconque. Presque 250ans plus
tard, ce canton et République, se
prononce en majorité contre le
refus de la construction de mina-
rets et prône ainsi la tolérance.
Jochen Lang
Pessac (Gironde)
Réactions sévères
Si j’avais été consulté, j’aurais
répondu non à l’interdiction des
minarets. C’est d’une part ma
conception de la liberté, de la laïci-
té et, d’autre part, dans un Midi où
les influences architecturales mau-
res sont nombreuses, un minaret
ne me choquerait pas. Ce faisant,
je trouve les réactions à l’égard des
Suisses sévères et démesurées.
C’est leur liberté d’expression. A la
décharge des Suisses, n’oublions
pas qu’ils sortent à peine de l’affai-
re du fils Kadhafi.
Nul doute que cette humiliation,
venue d’Orient, a eu un impact sur
le scrutin, même s’il s’agit d’un
amalgame regrettable.
Nul doute aussi que les résultats
de cette votation résultent plus
d’une réaction frileuse et protectri-
ce par amalgame que d’une oppo-
sition à une religion.
La faute à qui ? N’oublions pas que
les relations tant individuelles
qu’internationales sont régies par
le principe de réciprocité. S’il
appartient aux démocraties de
promouvoir la liberté, il leur
incombe de défendre la leur.
Quand verra-t-on, par exemple,
des émissaires gouvernementaux
refuser de mettre un voile en terre
musulmane? Quand verra-t-on de
grands groupes ne s’implanter
que si leur personnel féminin
conserve la liberté de vivre à l’occi-
dentale et de sortir tête nue?
J’attends, qu’à défaut de condam-
ner, le recteur de la Mosquée de
Paris et le Conseil français du culte
musulman déplorent les 50 coups
de fouet infligés, au Soudan, à une
gamine de 16ans, chrétienne, pour
port d’une jupe au genou. Tant
que les modérés feront profil bas
et resteront silencieux, laissant
croire à leur acceptation ou leur
vassalisation à l’extrémisme, vous
aurez des scrutins de ce type.
Christian Ricaud
Montpellier
Rappels historiques
Dans sa tribune publiée dans
LeMonde du 9 décembre, le prési-
dent de la République justifie le
référendum d’initiative populaire
suisse qui a interdit la construc-
tion de minarets, et se réfère aux
«traditions d’ouverture, d’hospitali-
té et de tolérance» de la Suisse. Ces
traditions existent et sont fortes ;
mais elles coexistent avec d’autres
traditions plus à même d’éclairer
le récent référendum. Le parti qui
a fait campagne pour l’interdic-
tion avait aussi fait campagne
contre les liens européens de la
Suisse, contre son entrée aux
Nations unies, et même contre son
entrée au Fonds monétaire interna-
tional (FMI) et à la Banque mondia-
le. Il n’est guère inspiré par un
désir d’ouverture. Jadis, la Confédé-
ration helvétique fut un des der-
niers pays européens à accorder
aux juifs la liberté d’établissement
(en 1866, après avoir été obligée
par le traité de commerce et d’éta-
blissement de 1864 d’accorder ce
droit aux Français juifs), et la liber-
té de culte (en 1874). En 1893, le
tout premier référendum d’initiati-
ve populaire interdit l’abattage
rituel juif, après une campagne
électorale aux motifs antisémites.
Il y a une dizaine d’années, le gou-
vernement confédéral a essayé de
faire rapporter cette interdiction ;
voyant qu’il allait à l’échec, il y a
finalement renoncé en 2002.
Notons qu’au référendum de 1893
comme à celui de 2009, les can-
tons francophones de Genève,
Vaud et Neufchâtel ont voté
contre la majorité et pour la tolé-
rance religieuse.
Jean Baneth
Paris
Quelle logique ?
Voici deux déclarations de minis-
tres qui me font bondir. L’une de
M.Estrosi, ministre de l’industrie,
qui déclare : «Il n’y aura pas de
minaret à Nice ; il n’appartient pas
à l’architecture française. » Est-ce
que les colons français qui construi-
sirent des cathédrales, entre
autres, à Alger et à Saïgon se sont
préoccupés de savoir si les clochers
des églises appartenaient à l’archi-
tecture arabe ou indochinoise ?
L’autre de Mme Boutin, ex-ministre :
«Les minarets symbolisent la terre
d’islam et la France n’est pas terre
d’islam.» J’en conclus donc que, si
nous avons construit des cathédra-
les à Alger et à Saïgon, c’est que
nous considérions l’Algérie et l’In-
dochine comme terres chrétien-
nes; logique, non?
Jean Aubry
Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)
Respect de la loi
Avec raison, l’éditorial du 2 décem-
bre invoque, contre le « rejet osten-
sible» de l’islam, les principes euro-
péens et français. Il comporte
cependant deux formules qui me
semblent demander une préci-
sion: d’abord en parlant de « recon-
naissance des religions », alors que
la République «ne reconnaît aucun
culte » ; ensuite en invoquant «le
droit de pratiquer sa religion », qui
n’est pas directement en jeu en l’es-
pèce. Ce que la République, comme
le Conseil de l’Europe auquel appar-
tient la Suisse, « reconnaît», c’est
des droits égaux aux religions qui
respectent la loi. On ne saurait
donc refuser aux musulmans rem-
plissant cette condition des mina-
rets qu’ils veulent muets et relati-
vement modestes.
La hiérarchie catholique l’a bien
compris, mais non le président. Il a
déclaré en effet le 1er décembre
devant des élus UMP que les gens,
en Suisse comme en France, ne
sont pas hostiles à la pratique de
l’islam, mais «ne veulent pas que
leur pays change, qu’il soit dénatu-
». Barrès et Maurras ne sont pas
loin: « enracinés» dans le «paysa-
ge», les clochers, donc le catholicis-
me, font partie de la «nature» de la
France. Voilà qui éclaire, si l’en
était encore besoin, le sens du
débat sur l’identité « nationale »
(un mot qui renvoie à « nature »).
Marc Andrault
Angers (Maine -et-Loire)
Une question de perception
Je suis étonné du caractère unilaté-
ral des commentaires concernant
le vote de la majorité des Suisses
sur les minarets. S’il est vrai que la
question a probablement donné à
une majorité de mes concitoyens
l’occasion de se prononcer non sur
les minarets mais sur la percep-
tion de l’islam que l’on a en Suisse,
il n’en demeure pas moins que cet-
te perception n’est pas infondée.
Si l’islam fait peur, il appartient
avant tout aux musulmans de
lever nos craintes en analysant les
raisons de l’intégrisme islamique
et en s’en distançant au moyen
d’un débat interne mais public.
C’est alors seulement que l’on aura
l’impression que les extrémistes
sont isolés et n’ont pas d’influence
sur le plus grand nombre de
musulmans. Une précision enco-
re: les extrémistes, s’ils ne sont pas
tous des terroristes, n’en tiennent
cependant pas moins des propos
souvent haineux à l’égard de nos
sociétés, revendiquent constam-
ment des mesures spécifiques
pour la communauté musulmane
qui ne sont pas compatibles avec
nos lois ni nos usages. Il convient
donc de ranger cela également
dans des formes d’extrémisme sur
lesquelles la communauté musul-
mane doit s’expliquer.
Laurent Nicole
Onex (Suisse)
Principes ou identité ?
Ainsi donc les Suisses ont décidé
de ne plus construire de mina-
rets… Si j’étais suisse, j’aurais
réfléchi à deux fois : les Etats isla-
miques (en particulier les Etats du
Golfe) pourraient peut-être eux
décider de ne plus confier leurs
avoirs aux banques suisses, qui
perdraient ainsi le beurre et l’ar-
gent du beurre ; et les pétrodollars
s’envoleraient avec les minarets…
Ce n’aurait même pas été une ques-
tion de « principes»… ou d’identi-
! Le monde n’est plus ce qu’il
était.
Paule Khodabandeh
Paris
Crispations
Droits et devoirs
Impossible de ne pas rappeler à nos amis suisses, et aux Français qui
auraient pu voter comme eux, que la laïcité donne des droits mais aussi
des devoirs. Elle doit respecter les religions en leur permettant, entre
autres, d’ériger des lieux de culte. Dès lors qu’ils sont construits par des
financements non publics et licites. Cependant, il est temps que nos poli-
tiques rappellent d’autres principes qui éviteraient une dérive d’intolé-
rance. Les citoyens ont du mal à comprendre certaines tergiversations.
Exemple: le problème de la burqa ne nécessite pas une loi mais le rappel
que toute personne présente sur le territoire français doit pouvoir être
identifiée. Burqa, cagoule ou masque n’est pas acceptable sur l’espace
public. Est-ce si difficile à dire ?
Guy Hébert
Montpellier
P
esez à doses égales, une mesu-
re d’identité nationale, une de
burqa, ajoutez une louche
d’immigration sauvage, une
pincée de mariage gris et sau-
poudrez largement de mina-
rets suisses. Mélangez bien, chauffez dou-
cement puis ajoutez un doigt de laïcité
positive. Vous obtenez un beau brouet de
crispations, prêt à servir en toutes occa-
sions – élections, crises, sondages adver-
ses, etc.
La recette est classique mais elle mar-
che, y compris auprès de nos lecteurs. En
témoignent leurs critiques tous azimuts
après la votation suisse sur les minarets.
Pêle-mêle, conservateurs, féministes, chré-
tiens et laïques, sans oublier les Suisses ni
les démocrates déçus du référendum euro-
péen, tous à un titre ou à un autre s’insur-
gent contre notre traitement de l’événe-
ment, jugé au mieux trop « politiquement
correct», au pire méprisant pour le lecteur.
A l’amalgame des crispations répond
l’amalgame des reproches – aussi fournis
qu’hétéroclites. Premier grief, l’élitisme.
«La démocratie, c’est d’abord la loi de la
majorité dans un vote libre, ai-je appris de
Rousseau. Il semble que les choses aient
changé. Quand la réponse ne plaît pas, l’éli-
te – Le Monde – lâche le mot: populisme,
et tout est dit. C’est un peu court », réagit
Bernard Clapies (Blaesheim, Bas-Rhin),
après l’article titré «Les populistes euro-
péens inspirés par le vote suisse», du
2décembre. Carles du Bourg (Paris) ren-
chérit: «Votre éditorial, marqué par l’idéo-
logie de l’antiracisme, manque de réalisme
et de mesure. Une chose est certaine : la reli-
gion musulmane dès qu’elle est majoritai-
re quelque part impose sa loi bien au-delà
du cercle de ses adeptes. D’autre part, il y a
parmi les musulmans une petite minorité
de fous furieux. C’est prendre les gens pour
des imbéciles que de penser qu’ils mélan-
gent tout et notamment cette réalité avec
la situation des immigrés et leur droit à
pratiquer leur religion. C’est vous qui
mélangez tout.»
Les lecteurs les plus fidèles, comme
Jean-François Hagnéré (Creutzwald,
Moselle), contestent au même titre le dos-
sier sur la Suisse, publié dans l’édition du
3décembre: « Vous demandez leur avis à
quatre intellectuels suisses. Comme par
hasard, ils vont tous dans le même sens,
celui du politiquement correct… Est-il sain
et raisonnable de se mettre ainsi la tête
dans le sable ? » Idem pour Damien Le Goa-
ziou (Gosier, Guadeloupe): « Que Le Mon-
de n’imagine pas que ceux qui ne pensent
pas tout à fait comme lui, donc des milliers
de gens, sont des racistes imbéciles. Je ne
parviens pas à comprendre un titre tel que
“Qu’arrive-t-il au modèle suisse ?”. J’ai déjà
été gêné par le mépris du Monde pour le
petit peuple, mais jamais à ce point. »
A
utre critique: les généralisations.
«Rien de pire que de lire : “les Fran-
çais, les Suisses, les hommes, les fem-
mes”, etc. – généralisation qui faisait
bouillir de rage Marguerite Yourcenar et
qui n’est pas digne du Monde. Ecrivez une
majorité de…», relève Jean-Pierre Massias
(El Jadida, Maroc).
Les Suisses justement (pardon !, une
majorité de lecteurs suisses) plaident, logi-
quement, pour leur paroisse. «Jenesuis
pas raciste, mais qu’on nous laisse tranquil-
les avec ces procès d’intention à l’encontre
de nos droits les plus élémentaires de
citoyen libre et souverain », écrit Nadine Sli-
ti-Crausaz (Genève). « Dans leur grande
majorité, les Suisses ne sont pas plus racis-
tes que les Français, ajoute George Michel
Bovay (Ferney-Voltaire, Ain). Une fois de
plus, la gauche caviar française fait preuve
d’angélisme, comme lors de la parution du
livre de Samuel Huntigton, Le Choc des civi-
lisations, dont la prospective se réalise
aujourd’hui.»
Quatrième sujet de désaccord : les victi-
mes de l’islam intégriste. D’abord les fem-
mes: «Le jour où mes amies musulmanes
ne seront plus lapidées au moindre panta-
lon dépassant d’une burqa, alors là, oui,
j’oserai critiquer la décision suisse », note,
entre autres, Sabine Aussenac (Auch, Gers).
Mais aussi les chrétiens : «J’aimerais qu’un
éditorial du Monde s’élève avec autant de
vigueur contre les exactions dont sont victi-
mes les chrétiens dans les Etats musul-
mans. Pas plus tard que la semaine derniè-
re, la patrie du grand mufti du Caire
lequel protestait contre la Suisse –, brûlait
des églises coptes. Il est de notoriété publi-
que que les chrétiens sont chassés peu à peu
du Moyen Orient », proteste le Père Fran-
çois Genuyt (Lyon), tandis que le général
Jean Salvan (Fiac, Tarn) demande : «Pour-
rait-on savoir combien d’églises, avec ou
sans clocher, ont pu être construites dans le
monde musulman depuis dix ans ? »
Les laïques ne sont pas en reste: «Jesuis
choquée par la formulation (dans les “Titres
du jour” de l’édition en ligne) de la ques-
tion: “L’islam est-il compatible avec les
sociétés européennes?” Cela laisse enten-
dre: une Europe chrétienne. La question est
en fait celle des religions et de la laïcité en
Europe. L’autre question est le fondamenta-
lisme musulman – pas l’islam –, qui teste les
sociétés européennes», remarque Edith
Miquet (Wattignies, Nord), parmi beau-
coup d’autres.
Dernier motif de fâcherie : la démocra-
tie directe – dont beaucoup de défenseurs
n’ont pas digéré le référendum européen
de 2005. « Vous rapportez beaucoup de
réactions, étrangères ou suisses, préconi-
sant un second vote, sous-entendu “cor-
rect”. Cela me rappelle le référendum sur
l’Europe où, les résultats n’ayant pas été
ceux prévus par certains décideurs politi-
ques et médiatiques, il a fallu, après quel-
ques mois, rectifier le tir – par un nouveau
vote ou un tour de passe-passe. Le concept
de démocratie n’en ressort pas indemne »,
regrette Jean-Marie Ribière (Poulx, Gard).
Résultat: un tollé pluriel mais presque
unanime si l’on exclut les lecteurs qui s’ex-
priment sur le fond de l’affaire (lire ci-des-
sous) – non sur son traitement dans nos
colonnes.
Il ne nous appartient pas de commenter
les valeurs défendues par le quotidien,
taxées aujourd’hui à l’envi d’angélisme,
d’élitisme ou d’aveuglement. Ni son droit
à prendre position. Remarquons simple-
ment qu’il serait prudent, à l’avenir, de
limiter l’emploi du terme « populisme »,
qui, qualifiant une démarche politique, est
faussement interprété comme une mar-
que de mépris. Appelons un chat un chat
et les partis « populistes» l’extrême droite.
Evitons aussi les généralisations. Et par-
don aux lecteurs suisses, involontaire-
ment blessés.
p
Nous publions ci-dessous une lettre parue dans Le Monde du 5 décembre
dont, en raison d’un problème technique, tous les pourcentages étaient
erronés.
Nucléaire, autre point de vue
Le point de vue de Benjamin Dessus dans la page Dialogues du 21 novem-
bre sur le nucléaire n’est pas objectif. Oui, un Français et un Allemand
consomment à peu près 1,4t de pétrole par an puisqu’il sert surtout au
transport et à l’habitat. De même, un Français consomme 8 177 kWh/an et
un Allemand 7 437, qu’il paie deux fois plus cher qu’un Français. Mais en
France 73% proviennent du nucléaire et 13 % de l’hydraulique, en Allema-
gne 31% du nucléaire et 51 % de la houille et du lignite, disponible et gra-
tuit chez elle.
Oui, sans ces richesses locales, la France devrait importer du pétrole (ou
du gaz ou du charbon) si elle produisait moins de nucléaire. Si l’Allema-
gne fait un gros effort pour les énergies renouvelables, elle y est poussée
par la quantité de CO2qu’elle produit (10 tonnes par habitant et par an
contre 6 en France). Et pourtant, elle continue à étendre ses mines de ligni-
te à ciel ouvert autour de Cologne où un projet prévoit de déplacer 15 000
habitants!
Denis Hemme Jouy-en-Josas (Yvelines)
Horizons Dialogues
Courrier Spécial islam et Europe
Médiatrice
Véronique Maurus
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Samedi 12 décembre 2009
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