Entretiens de la Belle et la Bête
Maurice Ravel XXe et XXIe siècle France
28 janvier 1912 Cycle 1, Cycle 2, Cycle 3 04'17"
Genre :
Musique savante, début du XXe siècle, Musique symphonique
Thème :
Le figuralisme, Le conte
L’œuvre (ou l’extrait) :
Les Entretiens de la Belle et la Bête font partie de Ma mère l’Oye, une œuvre avec des intentions descriptives
(comme le Carnaval des Animaux de Camille Saint Saëns) qui s’appuie sur des contes de Perrault, de Madame
Leprince de Beaumont et Madame D’Aulnoy.
Ravel la composa en 1910 pour faire plaisir aux enfants de ses amis musiciens. D’abord destinée au piano
pour quatre mains, elle fut orchestrée en 1912 pour devenir un ballet. Cette suite comporte 5 parties :
• Pavane de la Belle au bois dormant
• Le Petit Poucet
• Laideronnette, impératrice des Pagodes
• Les entretiens de la Belle et la Bête
• Le jardin féérique
Le livret des Entretiens de la Belle et la Bête est inspiré du conte de Madame Leprince de Beaumont :
« Entre la Belle. Elle prend son miroir, se poudre. Entre la Bête. La Belle l’aperçoit et reste pétrifiée. Elle
repousse avec horreur les déclarations de la Bête qui tombe à ses genoux, sanglotant. Rassurée, la Belle se
joue de la Bête avec coquetterie. La bête tombe évanouie de désespoir. Touchée par ce grand amour, La Belle
la relève et lui accorde sa main. Elle ne voit plus à ses pieds qu’un prince plus beau que l’amour, qui la
remercie d’avoir terminé son enchantement. »
Auteur / Compositeur / Interprete :
Maurice Ravel (1875 - 1937) est un compositeur français.
Il commence à étudier le piano à l’âge de 6 ans. À 14 ans, il entre au Conservatoire national supérieur de
musique de Paris, où il travaille la composition.
Le 16 avril 1921, Maurice Ravel acquiert une maison à Montfort-l’Amaury (dans les Yvelines) : « Le
Belvédère » où il passe les 16 dernières années de sa vie pendant lesquelles il compose des œuvres majeures,
dont L’Enfant et les sortilèges et le célèbre Boléro.
Auteur de l'oeuvre :
Compositeur :
Ravel Maurice
Interprète :
Arrangeur :
Formation instrumentale :
Les vents : deux grandes flûtes, deux hautbois, deux clarinettes en si bémol, un basson, un contrebasson, deux
cors en fa.
Les percussions : un triangle, timbales, une grosse caisse.
Les cordes : une harpe, violons altos, violoncelles, contrebasses.
Les clés de lecture :
Le livret des Entretiens de la Belle et la Bête est inspiré du conte de Madame Leprince de Beaumont :
« Entre la Belle. Elle prend son miroir, se poudre. Entre la Bête. La Belle l’aperçoit et reste pétrifiée. Elle
repousse avec horreur les déclarations de la Bête qui tombe à ses genoux, sanglotant. Rassurée, la Belle se
joue de la Bête avec coquetterie. La bête tombe évanouie de désespoir. Touchée par ce grand amour, La Belle
la relève et lui accorde sa main. Elle ne voit plus à ses pieds qu’un prince plus beau que l’amour, qui la
remercie d’avoir terminé son enchantement. »
Une analyse musicale :
Discours de La Belle (Jusqu'à 1'10")
La clarinette joue une mélodie douce sur 22 mesures. C’est La Belle qui s’exprime.
Discours de la Bête (De 1'10" à 1'37")
Le contrebasson, par son timbre chaud et profond, imite la voix caverneuse de la Bête.
Dialogue entre La Belle et La Bête (De 1'37" à 2'15")
La Bête se rapproche de La Belle pour lui demander de l’épouser : montée dans les aigus du contrebasson,
accelerando et crescendo de l’orchestre.
Mais celle-ci refuse : retour au calme, la musique reprend son tempo initial.
Nouveau dialogue entre La Belle et La Bête (De 2'15" à 3'02")
Cette fois-ci La Belle accepte, lui accorde sa main et lui donne sans doute un baiser : nouvel accelerando et
crescendo de l’orchestre jusqu’au double forte. Silence.
Métamorphose de La Bête en Prince (De 3'02" à 3'08")
D’un coup de baguette magique, La Bête se métamorphose en Prince : coup de cymbale, glissando de la
harpe, résonance du triangle.
Discours du Prince (De 3'09" à 3'33")
Le thème est celui de La Bête, joué dans les aigus du violon, en harmoniques.
Discours de La Belle (De 3'33" à 3'53")
Le thème est repris par la flûte et la harpe, joué plus calmement et lentement.
Plénitude des amoureux (De 3'53" à la fin)
Sur un accord de fin de deux notes (la et do), La Belle et le Prince semblent portés par un amour infini.
Maurice Ravel est sans doute un des compositeurs qui sait le mieux traduire en musique les sentiments et le
caractère de ses personnages : tel un horloger suisse, il façonne méticuleusement sa musique, s’attachant à la
précision et la compréhension de son discours musical.
Ce n’est pas un hasard si Ravel choisi ici le mouvement d’une valse, une danse qui ouvre le bal lors du
mariage de deux jeunes amants. Et que dire du choix même des instruments : le contrebasson, difforme et
imposant, se métamorphose en un violon, aux courbes humaines.
Exploitation pédagogique possible :
Il est intéressant de commencer par l’écoute de la version pour piano. On peut lire le livret ou simplement
donner aux élèves le nom des deux personnages principaux de l’histoire pour conduire l’imagination vers la
perception d’éléments musicaux simples : le thème de La Belle est joué dans les aigus, celui de La Bête est
joué dans les graves. Il s’ensuit un dialogue entre ces deux personnages.
L’écoute de la version orchestrale met en relief la couleur des sons par la richesse des timbres des instruments
choisis par Ravel.
L’histoire de La Belle et La Bête est un bon support pour mener un travail sur la matière sonore et les
paramètres du son : à chaque personnage, on peut faire correspondre un timbre (une crécelle, une bouteille en
plastique...), une intensité (forte/piano), une hauteur (aigu/grave). Ainsi, à la manière de Ravel, en
caractérisant les personnages, on peut raconter l’histoire de La Belle et La Bête à l’aide de petites percussions,
d’objets usuels ou tout simplement la voix.
Il est alors indispensable d’avoir une approche des instruments, des objets usuels ou de la voix par la
recherche de différents modes de jeu (gratter, secouer, froisser, frapper, chuchoter, crier, ronronner, etc.). Cela
permet d’enrichir le vocabulaire des élèves, d’affiner leur faculté de discriminer les sons et de ce fait,
d’exprimer précisément leurs pensées musicales.
Le conducteur, élaboré de préférence avec les élèves, sert de support pour structurer la construction musicale :
Les productions seront alors enregistrées
À ce stade, il est important d’échanger sur les productions obtenues : qui joue le thème de La Belle ? De La
Bête ? Les caractéristiques des personnages sont-elles bien exprimées par le choix et la manipulation des
objets sonores ? (pertinence des nuances, des timbres choisis) Reconnaît-on le passage de la métamorphose ?
On peut ainsi améliorer les productions musicales en approfondissant le caractère des personnages, en
affinant la recherche par la manipulation des objets sonores, en perfectionnant le jeu instrumental et
l’interprétation.
Informations complémentaires :
La Belle et la Bête, conte de 1757 de Madame Leprince de Beaumont.
Références discographiques :
Maurice Ravel.
Orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Sir Simon Rattle. Durand.
EMI classic.
Auteur de la fiche pédagogique :
Michaël Sanchez
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