LES CIRCUITS INTEGRES I. DEFINITION: II. CATEGORIES DE

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LES CIRCUITS INTEGRES
Dans ce cours, nous n'introduirons que des notions essentielles concernant le
phénomène de l'intégration car le sujet est trop vaste et dépasserait rapidement les
limites de notre programme. Ce sera donc un cours proche de la vulgarisation. De
plus, tout étant en constante évolution1, ce qu'on pourrait dire dans les détails risque à
tout moment de ne plus être conforme à la réalité. Pour se tenir au courant, le mieux
reste la lecture de revues spécialisées dont quelques titres intéressants vous sont
fournis en bibliographie.
I. DEFINITION:
Destiné à remplir une fonction déterminée, le circuit intégré est un ensemble de
composants électroniques actifs et passifs groupés et interconnectés par construction même.
II. CATEGORIES DE CIRCUITS INTEGRES:
Les circuits intégrés, du fait de leurs dimensions, ont incité à la création d'un
nouveau terme: la microélectronique.
Le schéma suivant résume cette nouvelle notion:
MICROELECTRONIQUE
Optoélectronique
(afficheurs, LED,…)
Composants
discrets (chips)
C.I. monolithiques
Bipolaires
MOS
CTD
C.I. hybrides
Couches
Minces
Couches
épaisses
On peut voir qu'il y a deux grandes catégories de circuits intégrés: les C.I
hybrides et les C.I monolithiques.
1
Ce cours a été écrit fin des années 70 ( !)
34
M. HADDADI Cours et Exercices d'Electronique Générale
2° Partie: L'AMPLIFICATION
1°) Les circuits intégrés hybrides:
Ils ne méritent pas tout à fait le nom de circuits intégrés comme le laisse
apparaître leur fabrication: ils sont conçus sur un substrat isolant (verre ou
céramique ou autre) qui, par impression ou gravure, reçoit des conducteurs et des
composants passifs. Les éléments actifs, réduits à leur plus simple expression (chips),
sont ensuite ajoutés et soudés (on dit qu'ils sont « rapportés »).
On distingue deux sortes de circuits hybrides:
- Les hybrides à couches minces (moins de 10 µm) réalisés le plus souvent par
dépôt sous vide et gravure.
- Les hybrides à couches épaisses (10 à 50 µm) où les couches sont obtenues par
sérigraphie. Avec cette technique, il est même possible de réaliser directement sur le
substrat des transistors, appelés transistors TFT (Thin Film Transistors) ou
transistors à couches minces.
2°) Les circuits intégrés monolithiques:
Ce sont des éléments électroniques actifs et passifs réalisés simultanément au
cours d'un même processus de fabrication. Ils sont dits « monolithiques » car ils ne
comprennent à l'intérieur du boîtier qu'un seul morceau de Silicium et c'est dans ce
morceau que sont réalisés tous les composants du circuit.
Du point de vue technologique, on y trouve trois grandes subdivisions:
a) Les circuits à transistors bipolaires tels les PNP et NPN classiques.
b) Les circuits à transistors MOS (N-MOS, P-MOS ou C-MOS) et à J- FET.
c) Les circuits à transfert de charge CTD (de Charge Tranfert Devices) tels les
CCD (Charge Coupled Devices), les BBD (Bucket Brigade Devices), les SCT
(Surface Charge Transistor) et les CID (Charge Injection Devices). Ces éléments
méritent une explication car nous ne les avons pas encore rencontrés.
- Les CCD (Charge Coupled Devices)
Ce terme se traduit par dispositif à couplage de charges. Il est réalisé dans un
substrat de Silicium de type N oxydé sur lequel sont déposées trois électrodes
métalliques (figure 1)
Dioxyde de Silicium
(SiO2)
E1
E2
E3
P
P
P
Silicium N
Figure 1
Supposons que les électrodes E1 et E3 soient à un potentiel négatif de -5V et
que l'électrode E2 soit au potentiel de -10V: les charges positives (minoritaires) du
substrat s'accumuleront sous E2 .
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M. HADDADI Cours et Exercices d'Electronique Générale
2° Partie: L'AMPLIFICATION
Appliquons maintenant une tension de -15 V à E3 : la charge présente sous E2
va tomber dans le puits qui vient de se créer et vient donc d'être transférée.
Ainsi, une commande triphasée convenable va permettre un fonctionnement
tel que celui que l'on vient de décrire ce qui permet la réalisation de fonctions du type
mémoire ou registre à décalage par exemple (les CCD sont actuellement utilisés en
capteurs dans les caméras vidéo).
On remarque l'extrême facilité de fabrication de ces dispositifs car on n'a fait
appel ni à des diffusions ni à des techniques d'isolation ni à des procédés de masquage
élaborés.
Evidemment, on voit mal comment ces composants peuvent travailler en régime
linéaire et c'est ce qui a conduit au développement d'un autre type d'éléments à
transfert de charges, les BBD, de « Bucket Brigade Devices », traduit approximativement par « éléments à chapelets ». Les BBD dont la fabrication nécessite une
diffusion supplémentaire sont aptes à travailler en analogique et en numérique
jusqu'à des fréquences qui atteignent 10 MHz
Citons pour terminer que la famille des CTD regroupe aussi les SCT (Surface
Charged Transistors ou transistors à charge de surface) et les CID (Charge Injection
Device ou dispositif à injection de charge).
Une étude plus détaillée nous entraînerait dans un cours de technologie qui
s'éloigne du but que nous nous sommes fixés dans notre cours d'électronique
générale.
III. INTERET DES CIRCUITS INTEGRES:
Pourquoi assiste-t-on à cette course aux circuits intégrés ? Parce qu'ils présentent
un grand nombre d'avantages dont:
- La compacité:
Une calculatrice de poche standard comprend une dizaine de milliers de
transistors (30 à 100.000) contenus sur un ou deux circuits intégrés (A titre de
comparaison, l'ENIAC, le premier ordinateur, qui remplissait beaucoup
moins de fonctions, occupait une pièce immense et quelques annexes !)
- La fiabilité:
On sait que la cause la plus fréquente des défaillances est le défaut des
soudures. L'intégration, en diminuant le nombre de connexions (donc le
nombre de soudures) réduit considérablement le taux de pannes.
- L'économie:
Par exemple, un amplificateur opérationnel (ou un amplificateur de puissance)
coute en version intégrée considérablement moins que le prix d'achat des
composants discrets qui le constituent. Ajoutons à cela les économies de main
d'oeuvre, de support et de châssis.
- La facilité d'utilisation:
Elle est évidente car la majorité des fonctions élec- troniques sont disponibles
et les mises au point de circuits hasardeuses ont pratiquement disparues.
- Une faible consommation:
Les consommations qui sont descendues jusqu'à l'ordre du nA permettent la
réalisation d'appareils autonomes et trés pratiques
- Des performances élevées
Ces performances sont dues à la réduction des longueurs de connexion (car
n'oublions pas qu'en 1 nS, le courant électrique parcourt 30 cm) ce qui entraîne
l'augmentation de la vitesse de réponse des circuits (500 MHz et plus).
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M. HADDADI Cours et Exercices d'Electronique Générale
2° Partie: L'AMPLIFICATION
IV. LES FAMILLES DE CIRCUITS INTEGRES:
On divise les circuits électroniques en deux grandes catégories: les circuits
numériques (ou logiques) et les circuits linéaires (ou analogiques). Ils se
différentient par la manière dont ils traitent l'information:
- Les circuits numériques travaillent par « tout ou rien » (leurs signaux d'entrée
et de sortie ne prennent que deux valeurs représentées conventionnellement par 0 et
1)
- Les circuits linéaires présentent un signal de sortie fonction des signaux
d'entrée.(Cette fonction n'est évidemment pas nécessairement du type y=ax+b mais on
les appelle quand même circuits linéaires). Ce type de circuit intégré est apparu un peu
plus tard que le premier, vers 1965.
Ces deux catégories se divisent aussi en familles. Bien que les frontières ne
soient pas toujours très nettes, on pourra grossièrement présenter les subdivisions
suivantes:
1°) Circuits intégrés logiques:
-Logique RTL (Resistor Transistor Logic)
-Logique DTL, DCTL, ... (Diode Transistor Logic)
-Logique TTL (Transistor Transistor Logic)
-Logique MOS(Metal On Silicon)
Les figures 2a et 2b montrent par exemple une porte NAND réalisée dans
différentes logiques. Précisons que les logiques RTL, DTL, DCTL, ... ne sont
pratiquement plus utilisées. Ce sont les plus anciennes. Ajoutons que la logique TTL,
qui est en usage actuellement avec la logique MOS, présente plusieurs versions
améliorées et a induit une certaine évolution (pour des questions de rapidité, on
préfère ne pas saturer les transistors de commutation) d'où la TTL Schottky (on y
utilise des transistors Schottky, c'est à dire avec jonctions métal-semi conducteur),
l'ECL (Emitter Coupled Logic), la IIL (Integrated Injection Logic), ... De même que
la logique MOS, qui a permis le développement des micro-processeurs, présente aussi
plusieurs subdivisions (P-MOS, N-MOS, C-MOS, LOC-MOS, ...)
VCC
VCC
S
A
B
C
S
A
B
C
Porte NAND RTL
Porte NAND DTL
Figure 2a
Les logiques anciennes
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
Les portes MOS les plus courantes sont en technologie C-MOS:
VCC
VCC
+VDD
PMOS
S
entrée
A
B
C
sortie
NMOS
-VSS
Inverseur CMOS
Porte NAND TTL
Figure 2b
Les logiques modernes
Il faut noter qu'il existe des technologies (par exemple celle appelée BiMOS)
dans laquelle on intègre sur une même puce des bipolaires et des MOS.
2°) Circuits intégrés linéaires:
Leur classement est peut-être plus difficile mais on pourra toujours dire qu'il y a des
circuits intégrés:
- Amplificateurs opérationnels
- Alimentations stabilisées
- Grand Public (pour radio-TV, montres, ...)
- Interfaces (commande de lignes, lecteurs de tores, ...)
- Divers (commande de thyristors, PLL, complexes, ...)
V. PROCESSUS DE FABRICATION DES CIRCUITS INTEGRES
La technologie planar épitaxiale est aujourd'hui généralement adoptée. La
structure typique d'un circuit intégré est schématisée dans la figure 3:
1
4
2
c
3
2
P
b
n+
N
N
5
4 (C)
d
P
1
5 (E)
3 (B)
a
n+
P
N
Substrat P
Figure 3
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
n+
On y distingue les couches suivantes:
a- Le substrat du type P, d'une épaisseur de 6 mils (1 mil vaut 25 µm), obtenu à
partir d'un lingot de Silicium de dopage déterminé (souvent la concentration de
donneurs est de l'ordre de 1,4 1015 atomes/cm avec une résistivité typique de 10 Ωcm). Ce lingot est d'une longueur de 10 in et d'un diamètre de 1 à 2 in2
b- La couche épitaxiale du type N dans laquelle seront fabriqués tous les
composants du circuit. Cette couche possède une épaisseur de l'ordre de 1 mil (25
µm).
c- La couche protectrice de Silice (dioxyde de Silicium) d'une épaisseur de
l'ordre de 0,5 µm obtenue par oxydation de la couche épitaxiale dans un four à
1000°C sous atmosphère d'Oxygène. Cette couche servira lors du processus de
fabrication, comme nous le verrons plus en détail dans le point suivant.
d-La couche d'Aluminium utilisée pour les connexions entre les différents
composants.
Du point de vue géométrie, un circuit intégré standard peut être fabriqué sur une
« puce » carrée de Silicium de 50x50 mils. Ainsi, un substrat (« wafer ») de 1 in
pourra être divisé en 400 « chips » de surface 50x50 mils. Sachant qu'un transistor
occupe au maximum 50 mils, ( dans les circuits récents, un transistor possède un côté
d'une largeur de l'ordre du dixième de micron) chaque circuit intégré est apte à contenir
au moins 50 transistors (ou autres composants) et il y aura donc 50x400 =20.000
composants/in sur chaque wafer. Comme on met plusieurs wafers, on fabrique donc des
milliers de circuits intégrés simultanément ce qui explique leur faible prix de revient.
Le schéma suivant (figure 4) résume sous forme de film la
transistor NPN partant d'un substrat de Silicium P:
P
1. Substrat
N
N
P
P
masque
N
N
N
P
P
P
4. Dépôt d’un vernis
photosensible
d'un
3. Oxydation de la
surface
2. Dépôt de la
couche épitaxiale
UV
2
fabrication
5. Masquage et
insolation
6. Dissolution du
vernis de protection
Note 2004 : le diamètre actuel des lingots atteint largement les 4 in
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
N
N
P
P
7. Elimination des
zones de SiO2
8. Elimination du
vernis
N
N
N
P
9. Diffusion de zones
P
Cette dernière diffusion sert à constituer des caissons pour isoler le transistor des
autres éléments (ce point sera détaillé un peu plus loin).
On considère maintenant l’élément central :
N
N
P
P
N
2. Photogravure et
fenêtre dans l’oxyde
1. Oxydation
P
N
3. Diffusion de la base
et réoxydation
Zones n+
N
P
P
N
4. Photogravure et
ouverture de fenêtres
N
5.Diffusion des émetteurs
Collecteur
Emetteur
Base
P
6.Ouverture de fenêtres
pour prise de connexion
P
7. Métallisations
Figure 4
Film de la réalisation d’un transistor NPN
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
Isolement des composants:
Il faudra remarquer que, sans précautions, les composants d'un circuit intégré
seraient tous court-circuités entre eux. En effet, regardons les deux transistors de la
figure 5: le substrat du type P est conducteur et court-circuite donc les deux
collecteurs.
C
B
E
C’ B’
N
N
E’
N
N
P
P
Substrat P
Figure 5
On a alors développé plusieurs méthodes d'isolement:
1°) Par jonctions PN polarisées en inverse (dans notre exemple, le substrat P
sera porté à un potentiel plus négatif que celui des collecteurs)
2°) Par caissons de dioxyde de Silicium intercalés entre le substrat et les
collecteurs des transistors (figure 6). Cette méthode, très utilisée, a pour avantage de
réduire les courants de fuite et les capacités parasites collecteur-substrat. Ce procédé
s'effectue selon les étapes suivantes:
a) Ouverture de canaux dans le Silicium N monocristallin
b) Oxydation (couche d'une épaisseur de 1 à 5µm de SiO2)
c) Dépôt d'une couche de Silicium poly cristallin
d) La couche de Silicium monocristallin est rabotée de façon à créer des
zones N tout à fait isolées.
N
N
N
N
N
N
(a)
N
N
N
(c)
(b)
N
N
N
(d)
Figure 6
Des techniques plus récentes d'isolation par oxyde existent (procédé
isoplanar dans lequel la couche d'oxyde est obtenue par dépôt sous vide, etc...)
41
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
3°) Par diverses méthodes propres aux fabricants (isolement diélectrique
connu sous le nom d'EPIC, isolement par air utilisé sous le nom de V-ATE par
Raytheon, etc...)
Finition du circuit intégré:
- Métallisation: c'est une opération (étape 7 précédente) dans laquelle on
évapore un métal (souvent l'Aluminium) à l'endroit où on prévoit la prise des
contacts. Cette opération s'effectue après l'ouverture de fenêtres dans l'oxyde.
- Passivation (protection du Silicium par une couche d'oxyde afin qu'il ne soit
pas chimiquement actif)
- Découpe (certains circuits seront livrés ainsi: ce sont les « chips »)
- Soudure par thermo compression
- Contrôles et mesures
Les contrôles s'effectuent visuellement (à l'aide de loupes binoculaires)
- Mise en boîtier (les boîtiers sont divers: TO5, TO99, DIL, DIP, etc...)
Exemple de boîtiers:
DIP (Dual-In-Line), PDIP (PlasticDIP),
SDIP (Shrink DIP)
PLCC (Plastic Leaded Chip Carrier)
VII. CLASSEMENT DES CIRCUITS INTEGRES
Du point de vue complexité, on classe les circuits intégrés en faisant intervenir
le nombre de transistors ou de portes logiques qu'ils contiennent. On distinguera ainsi:
- Les SSI, de « Single Size Integration » ou intégration à petite échelle (moins
de 100 transistors ou 1 à 10 portes)
- Les MSI, de « Medium Size Integration » ou intégration à moyenne échelle
(100 à 1000 transistors ou 10 à 100 portes).
- Les LSI, de « Large Scale Integration » ou intégration à grande échelle (1000
à 10.000 transistors ou 100 à 1000 portes).
Au delà, on parle de VLSI (Very Large Scale Integration), de ULSI (Ultra Large
Scale Integration) etc... puisque actuellement, on dépasse largement le million de
transistors dans un boîtier.
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
On a remarqué en fait que la densité d'intégration , depuis 1970, a toujours doublé
tous les 18 mois: Ainsi, le premier microprocesseur (INTEL 4004) regroupait 2300
transistors sur une « puce » de 7 mm de côté soit une densité de 5000 transistors/cm.
Au début des années 1980, cette densité est passée à 500.000 transistors/cm et
elle atteint maintenant3 plusieurs millions.
Il faut savoir que ce n'est pas le nombre de composants dans un circuit intégré
qui augmente son prix de revient, mais le nombre d'opérations nécessitées par sa
fabrication. Il a donc intérêt, les problèmes thermiques mis à part, à augmenter au
maximum la densité d'intégration. Cette augmentation dépend des progrès de la
technique de la photogravure: en 1983, la gravure par rayons Ultra-Violets
permettait d'obtenir des motifs avec une largeur de 2 µm. A la place des rayons UV, on
a utilisé des faisceaux d'électrons ou d'ions ,ce qui a permis d'obtenir des motifs de
largeur inférieur au micron. On utilise actuellement des rayons X qui permettraient
d'atteindre le domaine de quelques millièmes de microns. On parle ainsi de « nanoélectronique».
VIII. EVOLUTION DES CIRCUITS AVEC L'INTEGRATION
Si votre curiosité vous a fait observer le schéma électrique interne d'un
quelconque circuit intégré, vous avez sans doute remarqué des différences certaines
avec les schémas classiques à éléments discrets. En effet, certaines contraintes liées
à la fabrication des différents composants font qu'on n' « intègre » pas directement
n'importe quel schéma.
1°) Réalisation des composants passifs:
a) Les résistances:
Il y a plusieurs types:
- Type base:
Elles sont fabriquées lors des diffusions base des transistors.Le type P-base
est le plus courant. On obtient des valeurs de 100 Ω à 30 kΩ à 20% prés. Cette
médiocre précision (due aux erreurs de géométrie et de pilotage des masques)
fait qu'on ne devrait faire appel dans un circuit intégré qu'à des valeurs
absolues relativement basses. Le fait que les résistances soient fabriquées
simultanément permet d'obtenir les mêmes résistances, avec moins de 1%
d'erreur et il est donc préférable de faire appel à des rapports de résistances
plutôt qu'à des valeurs absolues.
-Type émetteur:
Fabriquées lors de la diffusion des émetteurs, elles ont des valeurs inférieures à
la centaine d'Ohms. C'est le type N qui est le plus employé.
-Type collecteur:
Ce type qui permettrait d'obtenir des valeurs élevées est en fait peu employé.
Signalons qu'il existe des résistances à film mince, c'est à dire des résistances
obtenues par évaporation d'un métal sur le substrat mais c'est une méthode qui
est exceptionnellement employée. Notons, en ce qui concerne les résistances
diffusées, qu'une résistance de valeur supérieure à 10 kΩ coûte aussi cher que 5
à 6 transistors. Il faudra donc se résigner à travailler avec des faibles valeurs de
résistances.
3
en 1996
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
b) Les condensateurs:
On peut réaliser un condensateur de deux façons:
-Par intégration d'une diode bloquée (on sera alors limité en valeur de capacité à
30-60 pF)
-Par édification d'un véritable condensateur dont le diélectrique serait la Silice .
Dans ce cas, la capacité ne dépend que de la surface occupée mais cette
surface devient vite prohibitive et on ne dépasse en pratique pas la trentaine de
pF. D'ailleurs, au delà de cette valeur, les condensateurs obtenus sont de
mauvaise qualité et d'un prix élevé.
c) Les inductances:
Elles sont évitées. Ce n'est que par exception, à très haute fréquence, qu'on
trouvera des lignes accordées qui jouent ce rôle.
2°) Evolution des circuits avec l'intégration:
Nous savons que les circuits de polarisation classiques en composants
discrets (figure 7a ) font un grand usage de condensateurs (ou de selfs) pour la liaison
et les découplages. Comme nous venons de le voir, ces éléments ne peuvent pas être
intégrés et il a donc été nécessaire de concevoir d'autres méthodes de polarisation qui
d'ailleurs, sont apparues très efficaces.
VCC
VCC
T’
T
(a)
(b)
Figure 7
Polariser un transistor, c'est, comme nous l'avons déjà vu, fixer son point moyen
de repos. On y arrive en fixant son courant de base ou,comme le fait le circuit
de la figure 6b , sa tension base-émetteur:
La tension base de T' est fixée par la tension de déchet de la diode constituée
par T. Le courant qui traverse T' reste constant dans une large gamme de
températures car T et T' peuvent être identiques et, de plus, étant très voisins l'un
de l'autre, ils seront soumis aux mêmes dérives. Un autre exemple est indiqué
dans la figure 8 mais d'autres systèmes de polarisation , dits à valeur optimale, donc
plus élaborés, existent et sont très employés.
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
VCC
R2
R1
R4
T
R3
T’
s
V
R1
, on a s = CC
2
2
Pour polariser T’ au milieu de la droite de
charge, on fixe des rapports de résistances.
Avec R3=R2 et si R4 =
e
Figure 8
IX. CONCLUSION
L'apparition des circuits intégrés a révolutionné l'électronique et, par voie de
conséquence, toute la technique actuelle. Les recherches restent soutenues en suivant
principalement trois directions4:
- Une première qui vise la réalisation de circuits ultra-rapides et qui a conduit à
l'utilisation d'un matériau autre que le Silicium, l'Arseniure de Gallium car les
électrons possèdent dans ce cas une mobilité 4 à 6 fois plus élevée.
- Une seconde qui tente la réalisation « volumique » de circuits: les circuits seraient
empilés les uns sur les autres dans une pastille unique mais le problème des
interconnexions verticales est assez ardu, en plus des problèmes thermiques ( car
n'oublions pas que tous les éléments en fonctionnement s'échauffent)
- Une troisième, assez curieuse, est la biologie: l'idée est de réaliser des éléments
bistables à partir de molécules organiques. On espère ainsi diviser par 100 les
dimensions et les coûts sans affronter les problèmes d'échauffement des
composants. Plusieurs laboratoires dans le monde s'intéressent à cet axe. Sans
préjuger de l'aboutissement de ces recherches, il semble bien que la quasi-totalité
des circuits électroniques soient dans l'avenir réalisés par intégration. Dores et
déjà, la majorité des grands utilisateurs de l'électronique font appel à l'ASIC
(Application Specific Integrated Circuit ou circuit intégré spécifique à une
application), qui est une technologie qui permet de réaliser à la demande n'importe
quel circuit, même en VLSI et sans pour cela prévoir nécessairement une grande
série .
Nous assistons donc bien à une véritable révolution et il faudra bien, à défaut
d'être acteur, être spectateur attentif.
4
Note de 2005 : Une équipe de scientifiques spécialisés en information quantique et en nanofabrication, pilotée par
les Drs Pawel Hawrylak et Andy Sachrajda, est parvenue à fabriquer le prototype d'un semi-conducteur à un spin à partir
d'un point quantique. Il s'agit d'une réalisation majeure, car l'électronique, science qui repose sur la charge des électrons, a
presque atteint sa limite technologique. C'est pourquoi les chercheurs du monde entier essaient d'exploiter les propriétés
quantiques de l'électron, en l'occurrence son spin. Le prototype mis au point au CNRC illustre comment pourrait fonctionner
un transistor à un spin.Le nouveau semi-conducteur fait appel à la science quantique. Le point quantique est un atome
artificiel. Ces points se comportent comme un quantum, dont on peut prévoir et modifier la charge. En reliant les points
quantiques à un réservoir au spin polarisé par des galleries d'exploration latérales, les chercheurs s'assurent que les
électrons qui entrent dans le réservoir ou en sortent ont leur spin aligné vers le haut ou le bas, si bien que le point quantique
se retrouve sous basse ou haute tension. En contrôlant la charge et le spin de l'électron, on paverait la voie à une forme
transistorisée du calcul quantique, où l'unité de manipulation quantique, ou qubit, consisterait en un état de spin précis. (voir
la suite sur le site http://www.nrc-cnrc.gc.ca/highlights/spintronic_f.html)
45
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2° Partie: L'AMPLIFICATION
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