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l’allure rébarbative sous laquelle elle se présentait et le caractère fantaisiste de ses hypothétiques
planètes trans-neptuniennes. Voici, d’ailleurs, ce que nous écrivions à cet ami au début janvier 2005 :
J’ai lu avec intérêt tout ce que vous exposez de l’histoire de l'École de Hambourg et de la vie
de Witte. Je ne manquerai pas, si l’occasion m’en est donnée un jour dans le cadre de mes
cours de mondiale, d’évoquer ces travaux, bien que je n’aie pas l’intention de me plonger
dans une étude approfondie de cette école si particulière. J’avoue que j’ai peine à
comprendre, par exemple, comment il est possible de calculer les éphémérides de planètes
hypothétiques et de travailler ensuite à des pronostics sur des bases aussi fragiles ; mais je
sais que, chez nos cousins germains d’Outre-Rhin, l’esprit de système peut s’allier sans
difficulté à l’intuition et même à la fantaisie (au sens schumannien de ce terme, bien sûr).
J’espère que vous ne prendrez pas en mauvaise part mes impertinentes remarques, en tout
cas, je partage vos inquiétudes relatives à la période 2010-2015 (phase du carré évolutif
Uranus-Pluton).
Il semblait bien, au début 2005, que notre aimable correspondant n’ait aucune chance de nous
amener sur les terres embrumées de l'École de Hambourg. Toutefois, sans même que nous en soyons
bien conscient, il existait un point d’ancrage, dans notre pratique courante, avec un dérivé de cette
école : en effet, douze ans plus tôt, nous avions consacré toute l’année 1993 à la traduction d’anglais
en français du livre Mundane Astrology de nos confrères d’Outre-Manche3 ; or ceux-ci utilisaient le
plus naturellement du monde les mi-points et se référaient constamment au COSI de Reinhold Ebertin
dont Henri Latou avait donné une traduction en français4. Un bref séjour auprès d’Henri Latou nous
permit de bien comprendre cette technique dont personne, en France, ne nous avait parlé, de nous
familiariser avec elle, et la lecture d’un excellent ouvrage publié par Michael Harding et Charles
Harvey nous conduisit à approfondir notre approche en nous initiant à l’enseignement de John Addey
sur les Harmoniques5. Depuis lors, nos lecteurs savent qu’ils n’échapperont pas, dans nos analyses, à
la prise en compte de configurations de mi-points ; cependant, nous nous efforçons toujours de
présenter de la façon la plus claire possible uniquement les mi-points qui entrent dans l’analyse d’un
phénomène, en allant toujours à l’essentiel. Dès lors, le rejet des mi-points (et de leur représentation
dans le cadre des éphémérides graphiques) relève de la mauvaise foi, de la paresse intellectuelle ou
d’un singulier blocage envers des techniques jugées trop « mathématiques », comme si la France
n’avait jamais donné au monde de mathématiciens de renom ! Mathématiques bien rudimentaires,
d’ailleurs, dans le cas des mi-points, puisqu’il suffit de savoir faire des additions et des divisions par 2,
par 4, par 8 ou par 16… En outre, nos logiciels d’astrologie nous fournissent toutes les listes de mi-
points consultables sur un simple clic. Bref, depuis longtemps, la technique des mi-points, en référence
à Ebertin, nous était devenue tout à fait familière, mais il il n’était pas question pour nous de remonter
d’Ebertin à l'École de Hambourg, dont il dérivait, et nous lui étions même plutôt reconnaissant d’avoir
simplifié à l’extrême l’héritage d’Alfred Witte et d’avoir écarté soigneusement ces hypothétiques
trans-neptuniennes dont personne au monde ne savait justifier ni l’existence ni l’attribution
d’éphémérides à des corps célestes parfaitement invisibles et fantomatiques. La question semblait
donc bien tranchée – et raisonnablement tranchée.
Il conviendrait toutefois de se souvenir que, dans l’histoire des sciences, il n’y aurait jamais eu le
moindre progrès si des « novateurs » ne s’étaient attaqués précisément à des domaines qui semblaient
jusqu’alors devoir demeurer confinés dans la sphère des phénomènes inaccessibles à la raison humaine
et rejetés dans les ténèbres extérieures de l’irrationalité. Les lumières de la raison, lorsqu’elles sont
judicieusement appliquées, permettent d’élargir la sphère des connaissances, d’intégrer des archipels
ou des continents nouveaux, sans que jamais, pour autant, les mystères de l’univers et de la vie ne
soient épuisés ; bien au contraire, chaque élargissement du savoir augmente et aiguise la conscience de
l’étendue de notre ignorance. Pour se lancer dans l’exploration des terres inconnues, il faut commencer
3 HARVEY Charles, CAMPION Nicholas, BAIGENT Michaël, L’Astrologie mondiale, Editions du Rocher, Paris, 1995 Traduit de
l’anglais par Charles RIDOUX (610 pages).
4 EBERTIN Reinhold, Combinaison des influences astrales, Ed. du Rocher, 1983 (trad. Henri LATOU). - KdG (Kombination
der Gestirneinflüsse) ou COSI (Combination of Stellar Influence).
5 HARDING Michael et HARVEY Charles, Working with Astrology, The psychology of Harmonics, Midpoints and
Astro*Carto*Graphy, Londres, Arkana,1992 (2° éd.).