42
LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
FORESTERIE
Plusieurs facteurs déterminent l’installation et
la survie des semis de pin blanc.
JACQUES
PLEAU
atteints ont été élagués et dégagés en vue de favoriser leur
croissance, tandis que ceux qui étaient gravement atteints
ont été systématiquement détruits pour éviter la propaga-
tion de la maladie.
Des résultats encourageants
Un programme de suivi écologique a été mis en place
en vue de vérifier l’efficacité des actions entreprises et de
procéder aux ajustements nécessaires (Thériault et Quen-
neville, 1998). Il faudra attendre encore quelques années
pour vraiment comprendre l’impact des interventions sur la
régénération des écosystèmes de pin blanc. En effet, plusieurs
facteurs déterminent l’installation et la survie des semis. Un
élément important à considérer est le cycle de production
des semences, les bonnes années semencières étant espacées
de trois à dix ans (US Forest Service, 1974). Une fois la graine
libérée, encore faut-il qu’elle rencontre les conditions pro-
pices à sa germination et qu’elle ne subisse pas de pression
indue de la part des espèces compétitrices, comme le sapin
baumier. Une étude récente tend à démontrer que la pré-
dation des petits rongeurs (Simonnet, 2001) est un facteur
additionnel pouvant limiter le succès de reproduction du
pin blanc.
Bien qu’il soit encore tôt pour présumer de l’effet des
opérations menées à ce jour, les inventaires réalisés à la suite
des brûlages dirigés laissent entrevoir des hausses importan-
tes du taux de régénération des peuplements. En effet, sur
le site du lac Moucheté, brûlé en 1995, plus de 60 000 semis
à l’hectare ont actuellement été recensés, ce qui dépasse les
attentes en termes d’installation de jeunes pins blancs. Les
résultats préliminaires indiquent aussi que le sapin baumier
est désavantagé là où le feu atteint un pourcentage de recou-
vrement important. Le sapin baumier est sensible à la cha-
leur et résiste très mal au passage d’un feu, même s’il est de
faible intensité. Comme la préparation du lit de germination
produite par le brûlage dirigé est favorable aux deux espèces,
il importe, pour éviter la production de semences de sapin,
que le brûlage recouvre d’une façon assez uniforme la surface
traitée.
Conclusion
Une meilleure compréhension de la dynamique et de
l’évolution des écosystèmes est un préalable à leur saine ges-
tion. Nous ne connaissons que partiellement les mécanis-
mes qui régissent le maintien des peuplements de pin blanc.
Pour cette raison, Parcs Canada utilisera une gestion de type
« adaptative », afin d’intégrer les nouvelles découvertes aux
travaux entrepris pour le maintien de l’intégrité écologique.
Ainsi, au cours des prochaines années, des travaux visant le
développement des connaissances et de l’expertise seront
menés parallèlement aux efforts de restauration.
Références
AHLGREN, C.E., 1976. Regeneration of red pine and white pine following
wildfire and logging in northeastern Minessota. Journal of Forestry,
74 (3), 6 p.
BOUCHER, T., 1952. Mauricie d’autrefois. Édition du bien public, Collection
« Histoire régionale », 11, 206 p.
DEL DEGAN, MASSÉ et ASS., 1993. Inventaire dendrométrique et écologique
de la végétation, Parc national de la Mauricie. Parcs Canada, Service de
la conservation des ressources naturelles, 3 volumes.
GÉLINAS, C., 1984. L’exploitation et la conservation forestière au parc
national de la Mauricie, 1830-1940, Dossier documentaire. Parcs
Canada, Québec, 460 p.
HEINSELMAN, M.L., 1981. Fire intensity and frequency as factors in the
distribution and structure of northern ecosystems. In Money & al.
Proceeding on the conference on fire regimes and ecosystem properties,
U.W. For. Ser. General Technical report (W.O.-21), p. 7-57.
LOI SUR LES PARCS NATIONAUX, codifications administratives, L.C. 1992,
ch.1, art. 100.
MC RAE, D.J., T.J. LYNHAM & R.J. FRENCH, 1993. Implementing a successful
understory red pine and white pine prescribed burn. Proceedings
paper from the white pine/red pine workshop, Chalk River, October
7-9, 1993, 11 p.
PARCS CANADA, 1997. Énoncés d’intégrité écologique pour les parcs
nationaux : Guide de rédaction. Parcs Canada, 39 p.
PARCS CANADA, 1994. Principes directeurs et politiques de gestion. Parcs
Canada. Ministère du Patrimoine canadien, 127 p.
PELLETIER, H., 1998. Plan de conservation des écosystèmes terrestres, Parc
national de la Mauricie. Service de la conservation des ressources
naturelles. Parcs Canada, 320 p.
QUENNEVILLE, R. et M. THÉRIAULT, 1994. Plan de gestion du feu, Programme
intérimaire d’utilisation du feu à des fins de restauration d’écosystèmes.
Parc national de la Mauricie. Service de la conservation des ressources
naturelles. Parcs Canada, 95 p.
SIMONNET, F., 2001. Impact des petits rongeurs sur la régénération après
feu du pin blanc (Pinus stobus) dans le parc national de la Mauricie.
Université du Québec à Rimouski, en préparation.
THÉRIAULT, M. 1996. Rapport d’opération, brûlage dirigé, Lac Moucheté,
Parc national de la Mauricie, Service de la conservation des ressources
naturelles, non publié, 46 p.
THÉRIAULT, M. et R. QUENNEVILLE, 1998. Cadre pour la restauration écologique
du Pin blanc (Pinus strobus) au parc national de la Mauricie. Service de la
conservation des ressources naturelles, Parcs Canada, 39 p.
US FOREST SERVICE, 1974. Seeds of Woody Plants in the United States,
ASDA Agr. handbook 450, 883 p.
WILKINS, C., 1994. The mythic white pine is in trouble. Canadian Geographic,
Sept./oct. 1994, p 58-66.