Chapitre 2.4.8. — Diarrhée virale bovine
764 Manuel terrestre de l’OIE 2008
troubles de croissance. Les animaux virémiques persistants présentent une source d’infection continue pour
les autres animaux du troupeau. Leur identification rapide et leur retrait du troupeau sont donc
indispensables. Les animaux achetés devraient être systématiquement testés en vue de montrer l’absence
d’une virémie persistante de BVDV.
Les taureaux infectés ont en général un sperme de faible qualité. L’importante infectiosité du sperme
diminue également la fertilité du taureau (45, 67). Tous les taureaux d’insémination naturelle ou artificielle
devraient être testés afin de mettre en évidence une éventuelle infection persistante par le BVDV. Une
infection persistante des testicules chez des taureaux (qui sont, par conséquent, fortement séropositifs) peut
s’installer vraisemblablement à la suite d’une infection aiguë au cours de la puberté, mais cet événement est
rare (59, 75). Cette situation a aussi été observée après vaccination avec un vaccin atténué (34). Les
porteuses d’embryons devraient être négatives en virémie de BVDV avant la première utilisation. Les
donneuses infectées de façon persistante par le BVDV présentent également une source d’infection
possible, puisque les oocystes avec une zona pellucida interrompue sont sensibles à une infection in vitro
(73). Cependant, une étude limitée portant sur 2 animaux infectés de façon persistante a montré que la
majorité des oocystes étaient négatifs au BVDV (71). Les embryons peuvent également s’infecter suite à
l’infection aiguë du donneur (3). Les produits utilisés dans les techniques de reproduction in vitro (sérum de
bovins, cultures de cellules de bovins) sont des matériaux à risque pour l’infection par le BVDV, et devraient
être testés systématiquement pour ce virus (9). En effet, des incidents récents d’introduction du virus via de
telles techniques (24, 48) ont permis la mise en évidence de ces facteurs de risque. Il est fondamental que
les sérums utilisés comme compléments dans les milieux de culture soient stérilisés selon les méthodes
décrites dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres (Code terrestre), à l’article 4.5.5. du chapitre
4.5., « Collecte et traitement de la semence de bovins et de petits ruminants »., et abordées également dans
ce chapitre dans la section B.1.a. Les pays d’importation peuvent effectuer des tests supplémentaires, tels
que décrits dans l’article 4.7.6. du chapitre 4.7., « Collecte et manipulation des ovules/embryons » du Code
terrestre, afin de confirmer la stérilisation.
d) Maladie des muqueuses
Il est bien connu que les animaux virémiques persistants peuvent mourir de maladie des muqueuses par la
suite (11) ; pourtant, ceci survient rarement. Il a été montré que ce syndrome est lié à la présence du biotype
cytopathogène, provenant soit d’une surinfection (5, 14), soit d’une recombinaison entre des biotypes non-
cytopathogènes, ou de la mutation d’un biotype persistant (50). Par conséquent, le diagnostic de
confirmation de la maladie des muqueuses devrait inclure l’isolement du virus cytopathogène dans les tissus
de l’animal atteint. Ce biotype est parfois isolé à partir du sang, mais est en général surtout mis en évidence
dans différents tissus, comme par exemple les tissus intestinaux ou les plaques de Peyer (17). L’isolement
viral est également facilement réalisé sur la rate. Celle-ci est facile à prélever et est rarement toxique pour
les cultures cellulaires après préparation pour isolement viral. L’isolement à partir de tissus intestinaux est
par contre parfois difficile, lorsqu’une autolyse a déjà eu lieu. Dans ce cas, des suspensions de nœuds
lymphatiques intestinaux peuvent être testées. Du virus non-cytopathogène peut également être recherché,
surtout sur sang ou sur les organes directement liés à la circulation sanguine. Des coupes de tissus au
cryostat peuvent être colorées par immunofluorescence ou par marquage à l’immunoperoxydase afin de
mettre en évidence l’antigène viral.
La maladie des muqueuses est mortelle dans tous les cas. Elle peut débuter de façon tellement fulgurante
que les premiers signes cliniques observés peuvent être la mort ou l’animal moribond. Il est cependant plus
habituel de voir des animaux anorexiques pendant plusieurs jours, avec un état général se dégradant et
avec des signes de douleur abdominale. Ils peuvent développer une diarrhée profuse, et rapidement perdre
du poids. Des érosions sont souvent remarquées dans la bouche, principalement le long de la ligne
gingivale. De l’épiphora et du ptyalisme sont également observés. En général, les cas de maladie des
muqueuses sont rares et sporadiques.
L’examen post mortem révèle des érosions des muqueuses du tractus digestif. Les plus remarquables se
situent au niveau des plaques de Peyer, dans l’intestin grêle et dans les nœuds lymphatiques iléo-caecaux.
À l’examen histopathologique, une destruction du tissu lymphoïde intestinal est clairement observée. La
plupart des cellules des plaques de Peyer sont lysées et remplacées par des cellules inflammatoires, des
débris cellulaires ou des cellules provenant de l’épithélium abîmé qui recouvrait précédemment les plaques.
L’infection aiguë par une souche de BVDV très virulente peut être cliniquement semblable à la maladie des
muqueuses, ce qui peut prêter à confusion, surtout lorsque plusieurs animaux sont atteints. La maladie des
muqueuses peut survenir dans des cohortes d’animaux infectés persistants lorsque les chaleurs ont été
synchronisées. La différence entre l’infection aiguë et la maladie des muqueuses se fait en étudiant de près
l’anamnèse, et en recherchant aussi bien des anticorps que des antigènes ou du virus chez les animaux
infectés et convalescents. La séroconversion des animaux convalescents est un indicateur d’une infection
aiguë, alors que deux résultats de recherche d’antigènes ou de virus positifs sur un même animal, effectués
à 3 semaines d’intervalle, signent une maladie des muqueuses. En général, les animaux atteints de maladie