Manuel terrestre de l’OIE 2008 761
CHAPITRE 2.4.8.
DIARRHÉE VIRALE BOVINE
RÉSUMÉ
Les bovins de tout âge sont sensibles à l’infection par le virus de la diarrhée virale bovine (BVDV :
Bovine viral diarrhoea virus) (cf. également chapitre 4.5. du Code sanitaire pour les animaux
terrestres, « Collecte et traitement de la semence de bovins et de petits ruminants »). Le virus est
présent dans le monde entier. Les signes cliniques peuvent aller d’une infection subclinique jusqu’à
la maladie des muqueuses, affection rapidement fatale. Des atteintes aiguës peuvent provoquer de
la diarrhée transitoire ou de la pneumonie, en général sous forme épidémique. Certaines formes
aiguës associées à des taux de mortalité importants ont également été décrites. Ces dernières sont
souvent, mais pas toujours, associées à un syndrome hémorragique. Cependant, la plupart des
infections du jeune bovin sont subcliniques et passent inaperçues. Le virus se transmet
principalement par contact direct entre bovins. La transmission verticale joue un rôle important dans
l’épidémiologie et la pathogénie de l’infection.
L’infection d’un fœtus bovin peut provoquer des avortements, la naissance de mort-nés, des effets
tératogènes ou l’infection persistante d’un veau nouveau-né. Les animaux en virémie persistante
peuvent naître faibles et apathiques ou, par contre, sembler totalement normaux et sains, et de ce
fait, ne pas être identifiés cliniquement. Certains de ces animaux développeront par la suite la
maladie des muqueuses, avec de l’anorexie, des ulcérations gastro-intestinales et une diarrhée
profuse, menant invariablement à la mort. La maladie des muqueuses n’apparaît que chez les
animaux infectés de façon persistante.
Il est très important d’éviter le commerce d’animaux virémiques. Un animal sérologiquement positif
et non virémique est en général considéré comme « sûr » à condition qu’il ne s’agisse pas d’une
femelle gestante. Les vaches séropositives portant des fœtus infectés de manière persistante sont
un facteur important dans la transmission du virus entre troupeaux. À peu près 15 % des animaux
virémiques persistants possèdent des anticorps contre la protéine NS2 ; le pourcentage d’animaux
virémiques persistants possédant des anticorps contre la glycoprotéine E2 est plus faible. La
séropositivité d’un animal ne peut donc pas être assimilée à son innocuité. En général, les
infections latentes ne sont pas décrites chez des animaux après la guérison d’une infection aiguë.
Cependant, le sperme d’animaux infectés de façon aiguë, et très rarement, d’animaux guéris
pourrait être infectieux.
Identification de l’agent pathogène : le BVDV est un pestivirus de la famille des Flaviviridae,
proche de la peste porcine classique et de la « maladie des frontières » (Border disease) chez les
petits ruminants. Il existe deux biotypes du BVDV : le biotype non-cytopathogène et le biotype
cytopathogène. Par ailleurs, il existe deux génotypes différents du point de vue antigénique (le
type 1 et le type 2), et les isolats viraux de ces deux types présentent une diversité biologique et
antigénique considérable.
Les animaux d’aspect sain, mais en virémie persistante suite à une infection congénitale peuvent
être identifiés par l’isolement de virus non-cytopathogène en culture de cellules suite à un
prélèvement de sang ou de sérum. Il est nécessaire d’utiliser une méthode d’identification
immunologique afin de détecter la multiplication du virus en culture cellulaire. Des méthodes
alternatives basées sur la détection directe de l’antigène viral ou de l’ARN viral dans les leucocytes
existent également. La persistance du virus devrait être confirmée par un second prélèvement
effectué après un intervalle d’au moins 3 semaines. Les animaux en virémie persistante n’auront en
général pas ou peu d’anticorps contre le BVDV.
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La virémie des cas aigus est transitoire et difficile à détecter. Lors d’atteinte mortelle par la maladie
hémorragique, le virus peut être isolé post mortem dans les tissus. La maladie des muqueuses peut
être confirmée en isolant le biotype cytopathogène du BVDV, principalement à partir de tissus
intestinaux. Le virus non-cytopathogène peut également être détecté, surtout dans le sang.
Épreuves sérologiques : La meilleure confirmation d’une infection aiguë par le BVDV se fait en
démontrant une séroconversion grâce au couplage de prélèvements sérologiques de plusieurs
animaux du troupeau. L’analyse de ces sérums couplés (d’animaux en phase aiguë et en phase de
convalescence) devrait être effectuée à au moins 21 jours d’intervalle, et les échantillons d’un
même animal devraient être testés en même temps. Les tests immuno-enzymatiques (ELISA) pour
la détection d’anticorps (ELISA indirect) et de séroneutralisation virale sont les méthodes les plus
fréquemment utilisées.
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique : il
n’y a pas de vaccin de référence contre le BVDV. Un grand nombre de préparations commerciales
sont cependant disponibles. Vu le risque de transmission transplacentaire, les vaccins à virus vivant
atténué ne devraient pas être administrés aux vaches gestantes, ni aux veaux à la mamelle. Ces
vaccins risquent également d’induire une maladie des muqueuses chez des animaux infectés de
façon persistante. Les vaccins à virus inactivé nécessitent souvent une seconde injection. Le vaccin
idéal devrait être capable d’empêcher la transmission transplacentaire chez les vaches gestantes.
L’infection par le BVDV de lots de sérum fœtal bovin utilisé comme complément dans les milieux de
culture est fréquente ; le BVDV représente donc un risque particulièrement important lors de
transfert d’embryon et dans la fabrication de produits biologiques pour d’autres maladies.
A. INTRODUCTION
Le virus de la diarrhée virale bovine (BVDV : Bovine viral diarrhoea virus) est un pestivirus de la famille des
Flaviviridae. Il est très proche des virus de la peste porcine classique et de la maladie des frontières (Border
disease) ovine (23). Il existe deux génotypes de BVDV antigéniquement différents, avec des différences
démontrables par analyse génétique : le type 1 et le type 2 (74). Les deux génotypes se distinguent l’un de l’autre
ainsi que des autres pestivirus grâce à des anticorps monoclonaux (AcM) dirigés contre les principales
glycoprotéines, E2 et ERNS, ou par de l’analyse génétique (65, 68). Le typage viral à partir d’échantillons sanguins
est possible grâce à des réactions d’amplification en chaîne par polymérase (PCR) multiplex (33). Le virus de type
1 est en général plus fréquent, même si, aux États-Unis d’Amérique, la prévalence du virus de type 2 semble être
comparable à celle du type 1. Il existe des formes non-cytopathogènes et cytopathogènes (biotypes) pour les
deux génotypes. La subdivision des biotypes se fait selon que le virus induit ou non des modifications visibles en
culture cellulaire. Habituellement, c’est le virus non-cytopathogènes qui circule dans les exploitations bovines.
Chaque biotype joue un rôle spécifique dans un grand nombre de syndromes cliniques, aigus, congénitaux et
d’infections chroniques (5, 11). Les virus de type 2 sont en général non-cytopathogènes et sont associés à des
épidémies d’infections aiguës sévères et un syndrome hémorragique (16). Cependant, des virus de type 2
récemment isolés au Royaume-Uni ont été associés à des maladies indistinguables de celles habituellement
observées et dues au type 1. Certains isolats du type 1 ont été associés à des foyers de maladies
particulièrement sévères et fatales chez des bovins adultes (20). Des infections cliniquement inapparentes ou
bénignes ont fréquemment lieu avec les deux génotypes.
Bien que la maladie soit très répandue, le contrôle de la diarrhée virale bovine peut être envisagé au niveau du
troupeau, et même au niveau national, comme cela a été démontré par les progrès réalisés par de nombreux
pays européens vers l’éradication (56).
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
a) Infections aiguës
Les infections aiguës chez les bovins surviennent principalement chez les jeunes animaux. Elles peuvent
être subcliniques ou associées à de la diarrhée (1). Les animaux atteints peuvent présenter des
prédispositions à l’atteinte par d’autres maladies, par exemple la fièvre des transports qui pourrait être due à
un effet immunodépresseur du BVDV. Les taureaux peuvent présenter une diminution momentanée de leur
fertilité, ainsi qu’une excrétion transitoire du virus par le sperme (62). Les vaches peuvent également être
atteintes d’infertilité, probablement associée à certains changements de la fonction ovarienne (35) et à des
sécrétions de gonadotropine et de progestérone (30). Lors d’infection aiguë, une virémie brève peut être
décelée, et une excrétion du virus peut se faire via le jetage. Il peut également y avoir une leucopénie
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passagère, de la thrombocytopénie ou de la fièvre, mais l’existence de ces signes varie fortement d’un
animal à l’autre. La réponse sérologique est la façon la plus sûre de diagnostiquer le passage récent d’une
infection aiguë. Lors d’atteinte par le BVDV, la morbidité est souvent élevée et la mortalité faible, même si
des cas d’atteinte plus sévère existent (12). Des épidémies de formes sévères d’infections aiguës ont
notamment été décrites de façon sporadique dans certains pays (1, 6). Les animaux présentaient alors des
lésions hémorragiques, de la thrombocytopénie, et une mortalité élevée. En effet, il a été montré que
l’infection par le virus de type 2 provoquait des altérations de la fonction plaquettaire (76). Lors d’autres
infections aiguës, de la fièvre, de la pneumonie, de la diarrhée, des morts subites dans toutes les classes
d’âge peuvent survenir, en combinaison avec des signes hémorragiques (16).
b) Infections congénitales
Si un virus non-cytopathogène infecte le fœtus bovin, il peut en résulter un avortement, un veau mort-né,
des effets tératogènes ou une infection congénitale qui persistera chez le veau nouveau-né (1, 11, 26, 55).
La confirmation du BVDV comme cause d’avortement est souvent difficile (69), mais le virus peut être isolé
des tissus fœtaux dans certains cas, ou un antigène ou le génome viral peut être mis en évidence. Il faut
également essayer de détecter des anticorps spécifiques dans les échantillons de fluides fœtaux, de sérum
ou de liquide de suspension de tissus. La mortinatalité et les effets tératogènes peuvent être liés à une
réponse immune active du fœtus suite à une infection par le virus au cours de la seconde moitié de la
gestation. Les vaches présentent alors souvent des titres élevés en anticorps (> 1/2 000) dirigés contre le
BVDV, ce qui suggère une infection fœtale et est probablement dû au fait que le fœtus transmet une charge
virale importante à sa mère (47).
Même si l’infection congénitale par le BVDV mène souvent à l’avortement, elle n’est pas toujours identifiée
dans la pratique. En effet, une infection survenant au cours du premier tiers de gestation peut donner lieu à
une résorption embryonnaire, qui passe souvent inaperçue auprès de l’exploitant. La vache revient en
chaleurs, et l’échec de la gestation sera considéré comme une mort embryonnaire précoce. Une autre
possibilité est la mort et la résorption des fluides fœtaux, ce qui résulte en une momification fœtale. Il est
fréquemment observé que les fœtus avortons présentent de l’œdème sous-cutané et des épanchements
pleuraux et péritonéaux abondants. Certaines anomalies congénitales peuvent également provoquer des
retards de croissance, des atteintes sélectives du système nerveux central (SNC) tels que l’hypoplasie
cérébelleuse et la démyélinisation (70), et des malformations oculaires telles que la cataracte et l’atrophie
rétinienne. Parfois ils souffrent d’anomalies du squelette, dont la plus grave est l’arthrogrypose.
La mortinatalité est une conséquence fréquente des infections congénitales au cours des 150 premiers jours
de la gestation ; les veaux semblent normalement développés à la naissance, mais ne survivent pas.
Cependant, dans de nombreux cas, il n’est pas possible d’isoler le BVDV de ces animaux et les tests PCR
sont négatifs. Après le 150e jour de gestation, le système immunitaire du veau sera pleinement développé et
l’infection du veau donnera habituellement lieu à une production d’anticorps et à la naissance d’un veau
normal.
c) Infection persistante
Lorsque le fœtus est infecté aux alentours du 110e jour de gestation et avant qu’il ne soit immunocompétent,
il peut naître avec une infection persistante. Ces animaux sont facilement identifiés en détectant le BVDV
non-cytopathogène dans le sang. Le virus peut également être mis en évidence par immunohistochimie au
niveau de la peau. De plus, les animaux ayant une infection persistante ne possèdent pas d’anticorps
spécifiques. Le diagnostic sérologique peut cependant être compliqué chez les veaux de moins de 3 mois
par la présence d’anticorps anti-BVDV maternels. Ces anticorps maternels peuvent également interférer
avec l’isolement viral. Chez les animaux infectés persistants plus âgés, de faibles taux d’anticorps peuvent
être montrés, suite à leur capacité de produire des anticorps contre des souches (y compris des souches
vaccinales) de BVDV « hétérologues » (antigéniquement différentes) du virus provoquant la virémie
persistante (12). Afin de confirmer le diagnostic d’infection persistante, les animaux devraient être re-testés
après un intervalle de 3 semaines.
Il n’y a pas de lésions pathognomoniques chez le veau virémique. Selon l’âge au moment de l’infection
in utero, les lésions pourront être dues uniquement à l’effet du virus sur les cellules en cours de
différentiation du fœtus, ou dues à la réponse du système immunitaire du fœtus en cours de développement
ou dues aux deux. Les signes cliniques peuvent aller de l’animal apparemment sain jusqu’à l’animal faible,
apathique, ayant des difficultés à se lever et à téter. Ces derniers peuvent présenter des anomalies du SNC,
telles que des tremblements musculaires, de l’ataxie ou de la cécité. Ils meurent en général dans les
quelques jours suivant leur naissance, et contribuent au « syndrome du veau faible ».
Environ 1 à 2 % des bovins sont infectés de manière permanente au sein d’un troupeau, avec de nombreux
animaux virémiques qui survivent jusqu’à la maturité sexuelle et sont sélectionnés pour la reproduction. Les
veaux issus de ces mères virémiques persistantes sont souvent faibles à la naissance et présentent des
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troubles de croissance. Les animaux virémiques persistants présentent une source d’infection continue pour
les autres animaux du troupeau. Leur identification rapide et leur retrait du troupeau sont donc
indispensables. Les animaux achetés devraient être systématiquement testés en vue de montrer l’absence
d’une virémie persistante de BVDV.
Les taureaux infectés ont en général un sperme de faible qualité. L’importante infectiosité du sperme
diminue également la fertilité du taureau (45, 67). Tous les taureaux d’insémination naturelle ou artificielle
devraient être testés afin de mettre en évidence une éventuelle infection persistante par le BVDV. Une
infection persistante des testicules chez des taureaux (qui sont, par conséquent, fortement séropositifs) peut
s’installer vraisemblablement à la suite d’une infection aiguë au cours de la puberté, mais cet événement est
rare (59, 75). Cette situation a aussi été observée après vaccination avec un vaccin atténué (34). Les
porteuses d’embryons devraient être négatives en virémie de BVDV avant la première utilisation. Les
donneuses infectées de façon persistante par le BVDV présentent également une source d’infection
possible, puisque les oocystes avec une zona pellucida interrompue sont sensibles à une infection in vitro
(73). Cependant, une étude limitée portant sur 2 animaux infectés de façon persistante a montré que la
majorité des oocystes étaient négatifs au BVDV (71). Les embryons peuvent également s’infecter suite à
l’infection aiguë du donneur (3). Les produits utilisés dans les techniques de reproduction in vitro (sérum de
bovins, cultures de cellules de bovins) sont des matériaux à risque pour l’infection par le BVDV, et devraient
être testés systématiquement pour ce virus (9). En effet, des incidents récents d’introduction du virus via de
telles techniques (24, 48) ont permis la mise en évidence de ces facteurs de risque. Il est fondamental que
les sérums utilisés comme compléments dans les milieux de culture soient stérilisés selon les méthodes
décrites dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres (Code terrestre), à l’article 4.5.5. du chapitre
4.5., « Collecte et traitement de la semence de bovins et de petits ruminants »., et abordées également dans
ce chapitre dans la section B.1.a. Les pays d’importation peuvent effectuer des tests supplémentaires, tels
que décrits dans l’article 4.7.6. du chapitre 4.7., « Collecte et manipulation des ovules/embryons » du Code
terrestre, afin de confirmer la stérilisation.
d) Maladie des muqueuses
Il est bien connu que les animaux virémiques persistants peuvent mourir de maladie des muqueuses par la
suite (11) ; pourtant, ceci survient rarement. Il a été montré que ce syndrome est lié à la présence du biotype
cytopathogène, provenant soit d’une surinfection (5, 14), soit d’une recombinaison entre des biotypes non-
cytopathogènes, ou de la mutation d’un biotype persistant (50). Par conséquent, le diagnostic de
confirmation de la maladie des muqueuses devrait inclure l’isolement du virus cytopathogène dans les tissus
de l’animal atteint. Ce biotype est parfois isolé à partir du sang, mais est en général surtout mis en évidence
dans différents tissus, comme par exemple les tissus intestinaux ou les plaques de Peyer (17). L’isolement
viral est également facilement réalisé sur la rate. Celle-ci est facile à prélever et est rarement toxique pour
les cultures cellulaires après préparation pour isolement viral. L’isolement à partir de tissus intestinaux est
par contre parfois difficile, lorsqu’une autolyse a déjà eu lieu. Dans ce cas, des suspensions de nœuds
lymphatiques intestinaux peuvent être testées. Du virus non-cytopathogène peut également être recherché,
surtout sur sang ou sur les organes directement liés à la circulation sanguine. Des coupes de tissus au
cryostat peuvent être colorées par immunofluorescence ou par marquage à l’immunoperoxydase afin de
mettre en évidence l’antigène viral.
La maladie des muqueuses est mortelle dans tous les cas. Elle peut débuter de façon tellement fulgurante
que les premiers signes cliniques observés peuvent être la mort ou l’animal moribond. Il est cependant plus
habituel de voir des animaux anorexiques pendant plusieurs jours, avec un état général se dégradant et
avec des signes de douleur abdominale. Ils peuvent développer une diarrhée profuse, et rapidement perdre
du poids. Des érosions sont souvent remarquées dans la bouche, principalement le long de la ligne
gingivale. De l’épiphora et du ptyalisme sont également observés. En général, les cas de maladie des
muqueuses sont rares et sporadiques.
L’examen post mortem révèle des érosions des muqueuses du tractus digestif. Les plus remarquables se
situent au niveau des plaques de Peyer, dans l’intestin grêle et dans les nœuds lymphatiques iléo-caecaux.
À l’examen histopathologique, une destruction du tissu lymphoïde intestinal est clairement observée. La
plupart des cellules des plaques de Peyer sont lysées et remplacées par des cellules inflammatoires, des
débris cellulaires ou des cellules provenant de l’épithélium abîmé qui recouvrait précédemment les plaques.
L’infection aiguë par une souche de BVDV très virulente peut être cliniquement semblable à la maladie des
muqueuses, ce qui peut prêter à confusion, surtout lorsque plusieurs animaux sont atteints. La maladie des
muqueuses peut survenir dans des cohortes d’animaux infectés persistants lorsque les chaleurs ont été
synchronisées. La différence entre l’infection aiguë et la maladie des muqueuses se fait en étudiant de près
l’anamnèse, et en recherchant aussi bien des anticorps que des antigènes ou du virus chez les animaux
infectés et convalescents. La séroconversion des animaux convalescents est un indicateur d’une infection
aiguë, alors que deux résultats de recherche d’antigènes ou de virus positifs sur un même animal, effectués
à 3 semaines d’intervalle, signent une maladie des muqueuses. En général, les animaux atteints de maladie
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des muqueuses ne présentent pas d’anticorps, même si des faibles niveaux d’anticorps peuvent parfois être
mis en évidence.
1. Identification de l’agent pathogène (épreuve prescrite pour les échanges internationaux)
Toutes les méthodes de détection doivent être validées sur des animaux d’un statut connu, aussi bien des
animaux non infectés que des animaux infectés, à des taux faibles et élevés de virémie. Les méthodes basées
sur la liaison avec des anticorps monoclonaux ou sur la mise en évidence d’acide nucléique doivent détecter
l’ensemble des virus BVDV, aussi variables qu’ils soient du point de vue antigénique ou génétique. Il existe deux
Laboratoires de référence pour le BVDV désignés par l’OIE (cf. Tableau de la 3e partie du présent Manuel
terrestre). Les Laboratoires de référence pour la peste porcine classique peuvent également être contactés lors
de besoin de conseils.
a) Isolement viral
Le virus peut être isolé dans un grand nombre de cultures monocouches de cellules de bovins (par ex. rein,
poumon, testicules ou de cornet nasaux). La multiplication des deux biotypes est en général satisfaisante.
Le BVDV est un contaminant fréquent des tissus frais de bovins, et l’absence de ce virus adventice doit être
auparavant prouvée dans les cultures cellulaires par les tests habituels (8, 28). Les cultures de première ou
seconde explantation peuvent être congelées dans de l’azote liquide en tant que suspensions cellulaires.
Les tests peuvent ensuite être effectués sur une série de passages, ou elles peuvent être repiquées avec
d’autres cellules sensibles au virus avant d’être utilisées en routine. Ce genre de problèmes peut être évité
en utilisant des lignées cellulaires continues, qui peuvent être obtenues certifiées indemnes de BVDV (8).
Le sérum fœtal bovin sélectionné pour l’utilisation en culture cellulaire doit être indemne de virus, et tout
aussi important, également d’anticorps neutralisant le BVDV (28). Le traitement par la chaleur
(56 °C pendant 30 à 45 min) n’est pas adéquat pour détruire le BVDV infectant le sérum ; l’irradiation à
25 kiloGrays (2,5 Mrad) est une méthode plus probante. Les lots commerciaux de sérum fœtal bovin sont en
général positifs à la PCR, même après l’inactivation virale par irradiation. Lorsque la possibilité se présente,
le sérum fœtal bovin peut être remplacé par du sérum de cheval, même si en général ce dernier a souvent
une moins bonne capacité à promouvoir la croissance cellulaire.
Les cellules mononucléées sanguines, le sang complet, les leucocytes lavés ou le sérum conviennent pour
l’isolement du virus à partir d’échantillons prélevés sur animal vivant. Les anticorps maternels peuvent
interférer avec l’isolement à partir de sérum de jeune veau. Les suspensions tissulaires de cadavres doivent
être préparées selon les méthodes de référence. Le sperme peut également être analysé, mais il est
préférable d’effectuer le test chez les taureaux d’insémination sur un échantillon sanguin s’il est possible de
l’obtenir. Un cas de transmission persistante atypique de BVDV par le sperme d’un taureau non virémique a
été décrit (75). Le sperme frais est cytotoxique et doit être dilué dans un milieu de culture. Le sperme dilué
peut en général être directement inoculé à une culture cellulaire monocouche, mais peut parfois être
cytotoxique malgré tout. Pour ces raisons, lors de l’incubation, il est important de surveiller l’état des cellules
par examen microscopique à intervalles réguliers.
Il y a beaucoup de variabilité dans les procédures utilisées pour isoler le virus. Elles devraient toutes être
optimisées avec une préparation virale de référence, afin d’obtenir un maximum de sensibilité de détection.
Ceci peut comprendre un ou plusieurs passages in vitro. Les méthodes conventionnelles d’isolement viral
sont utilisées, avec par la suite une phase finale de marquage immunologique (par fluorescence ou par
enzymes) pour détecter la croissance du virus non-cytopathogène. Les cultures en puits peuvent inclure des
lamelles couvre-objets sur lesquelles les cellules peuvent être fixées et marquées directement. Des
exemples sont donnés ci-dessous.
Méthode de détection virale sur échantillon de sérum pour tests à grande échelle, par marquage par
immunoperoxydase sur microplaque (54).
i) Placer 10 µl de sérum dans chacun des 4 puits d’une culture tissulaire sur une plaque de 96 puits. Ceci
est répété pour chaque échantillon. Des témoins positifs et négatifs sont inclus ;
ii) Ajouter 100 µl d’une suspension cellulaire de 150 000 cellules/ml dans un milieu sans sérum fœtal
bovin (FCS) dans tous les puits. NB : l’échantillon agit en lui-même comme promoteur de la croissance
cellulaire. Pour tester d’autres échantillons que du sérum, utiliser un milieu à 10 % de FCS, exempt
d’anticorps dirigés contre les pestivirus des ruminants ;
iii) La plaque est incubée à 37 °C pendant 4 jours, soit dans une atmosphère à 5 % de CO2, soit en
scellant le couvercle sur la plaque de puits ;
iv) Examiner chaque puits au microscope afin de mettre en évidence un effet cytopathogène (ECP), ou
des signes de cytotoxicité ;
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