Hommage à Claude Meillassoux, un monument de l’anthropologie 1 Bréhima BERIDOGO Claude Meillassoux est décédé le dimanche 2 janvier 2005 à Paris. Né le 26 décembre 1925 à Roubaix, il émigra aux États Unis où il fit des études d’économie. De retour en France, il prépara sa thèse d’anthropologie sous la direction de Georges Balandier à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Entré au CNRS en 1963, il y devint Directeur de recherche et la médaille d’argent lui fut décernée en 1984. Claude Meillassoux est une des grandes figures de l’anthropologie française. En effet, celle-ci, est marquée par 3 grands repères dont : · · · l’expédition Dakar – Djibouti sous la direction de Marcel Griaule, 1931 1933, la fondation de l’école structuraliste par Claude Lévi-Strauss avec la publication de ses ouvrages, Les structures élémentaires de la parenté, Paris, Mouton 1947 et Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1957 et la fondation ou l’initiation de l’école marxiste d’anthropologie avec la publication de la thèse de Claude Meillassoux, L’anthropologie économique des Gouro de Côte d’Ivoire, Paris, Mouton, 1964. Meillassoux a voulu analyser les sociétés primitives à la lumière des catégories marxistes. Il ouvrait ainsi la porte à d’autres jeunes anthropologues de l’époque dont Emmanuel Terray2, Pierre Philippe Rey3. Et une des conclusions à laquelle, il aboutissait à l’époque était que dans les sociétés primitives l’instance déterminante était « le contrôle de la circulation des femmes » (Meillassoux, 1964, 268 et 1975a, 74) . Loin de faire l’unanimité, il ouvrait ainsi un grand débat qui animera l’arène pendant plus de deux décennies. Un de ses principaux thèmes de recherche fut le mode de production. Il s’est aussi intéressé à la notion de communauté domestique et aux rapports hommes / femmes, aînés / cadets, maîtres / esclaves, communautés africaines / régime de l’apartheid, etc. S’il fit ses premières recherches à la fin des années 1950 chez les Gouro de Côte d’Ivoire, son terrain de prédilection fut par la suite le Mali, notamment le pays Soninké de Gumbu (Nara) Associant la recherche à l’action, Claude Meillassoux a été un militant de la cause anti-impérialiste et était ainsi présent aux différents fronts ouverts par ou pour les opprimés, marches, seeting, meetings, pétitions, etc. Ses principaux ouvrages sont : · · · · · 1 1964. L’anthropologie économique des Gouro de Côte d’Ivoire, Paris, Mouton. 1975. Femmes, greniers et Capitaux, Paris, Maspero (ed), 1975. L’esclavage en Afrique précoloniale, Paris, Maspero 1977. Terrains et Théories, Paris, Anthropos. 1986. Anthropologie de l’esclavage, Paris, PUF Professuer d’anthropologie, Université de Bamako, Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLASH), Département des Sciences Sociales, Section socio-anthropologie, Bamako 2 Terray, E. 1969. Le marxisme devant les sociétés primitives, Paris, Maspero 1969. "L’organisation économique et sociale des Didas de Côte d’Ivoire", Annales de l’Université d’Abidjan, F1, 2. 3 Rey, P. P. 1976. Capitalisme négrier, la marche des paysans vers le prolétariat, Paris, Maspero 1978. Les alliances de classes. "Sur l’articulation des modes de production" suivi de matérialisme historique et lutte de classes, Paris, Maspero, 1978 · 2001. Mythes et limites de l’anthropologie : le sang et les mots, Lausanne, Collection Cahiers libres