Édito 
Quelques nouvelles du Japon, et de l’eau sur Mars -  Le 11 Décembre 2006
C’est depuis le Japon, où je poursuis mes recherches avec mes collaborateurs de l’Université de Kobe, que 
j’écris cet édito.  Avec mes collaborateurs japonais, nous effectuons des expériences d’impact à haute vitesse 
sur des cibles composées de différents matériaux dont nous avons mesuré les propriétés. L’objectif est de 
confronter le résultat de ces expériences aux simulations effectuées avec le programme informatique de 
calcul de fragmentation que nous avons développé avec mon équipe, afin de valider les calculs pour 
différents types de roches et ainsi de mesurer notre degré de compréhension du processus physique complexe 
de fragmentation. Une fois validés, les calculs pourront être appliqués aux échelles de tailles des astéroïdes et 
comètes supérieures au kilomètre, donc inaccessibles en laboratoire, et permettront ainsi de caractériser la 
réponse aux impacts de ces corps célestes. Il est en effet fondamental de comprendre ce processus de 
collisions car celles-ci ont sculpté notre Système Solaire. Ainsi, au début de la formation de celui-ci, les 
collisions entre planétésimaux ont donné naissance aux planètes. Les évènements les plus énergétiques ont 
laissé des traces évidentes de ce passé violent: la composition de Mercure pourrait notamment être la 
conséquence de l’éjection de son manteau à la suite d’un impact géant qui détruit quasi-entièrement la 
planète. La Lune aurait aussi été formée à partir de débris éjectés lors de l’impact d’un planétésimal avec 
notre proto-Terre. L’impact de la comète Shoemaker-Levy 9 avec Jupiter en 1994 a enfin montré que les 
collisions se produisent encore de nos jours. Même si elles ne détruisent plus les plus gros objets, elles 
restent responsables de l’évolution des plus petits (astéroïdes, comètes) et de la production des météorites 
dont les évolutions dynamiques se terminent sur le sol terrestre. Les collisions représentent donc un risque 
important face aux efforts humains dans l’espace qui peut conduire parfois à la destruction de notre 
biosphère. Les processus collisionnels ne sont donc pas un problème annexe dans la compréhension de notre 
Système Solaire passé, actuel et future; ils sont au contraire au cœur  de sa formation et de son évolution. 
C’est pourquoi il est fondamental d’en avoir une bonne compréhension et que je poursuis ses recherches, du 
côté de la théorie et de la modélisation informatique, avec autant de passion.
Je désire profiter de cet édito pour initier une nouvelle habitude qui consiste à vous donner dans chaque 
bulletin une information d’actualité dans le domaine Astronomique. Si le temps me le permet, je rédigerai 
aussi de temps en temps un article plus approfondi. 
La dernière information en date est la présence d’écoulement d’eau liquide sur Mars, suggérée par les images 
de la sonde Mars Global Surveyor de la NASA (MSG). La mise en orbite de cette sonde autour de Mars s’est 
effectuée en 1997. Elle est à l’origine de découvertes importantes. Tout récemment, des photographies ont 
révélé de nouveaux dépôts brillants dans deux ravins sur la planète rose. Ces dépôts suggèrent que l’eau a 
transporté des sédiments dans ces ravins durant les sept dernières années ! C’est un indice très fort que l’eau 
s’écoule toujours occasionnellement sur la surface de Mars, probablement sous la forme de giclées brèves. 
Ainsi, de même que la sonde Cassini nous fait découvrir les anneaux de Saturne et ses petits satellites 
évoluant en temps réel, les sondes martiennes nous permettent aussi de voir cette planète évoluer sur des 
échelles de temps très courtes et d’observer en temps réels certains processus. C’est l’avantage des missions 
consacrées à la Planétologie par rapport à celles consacrées aux astres célestes plus lointains (étoiles, 
galaxies)  qui semblent statiques tant les échelles de temps aboutissant à un changement notable, qui s’étalent 
sur des millions d’années, sont grandes par rapport à celles liées aux processus observés sur les planètes et 
leurs environs.
Pour en revenir à cette nouvelle découverte, je tiens à rappeler que contrairement à l’eau sous forme de glace 
ou de vapeur, dont l’existence était déjà connue sur Mars, l’eau liquide est une condition nécessaire pour la 
vie (sous la forme que l’on connaît, basée sur la chimie du carbone). Cette nouvelle découverte, produite par 
des images prises en  2004 et 2005 par MSG, fait donc renaître la possibilité d’une éventuelle vie 
microbienne sur Mars. Les dépôts ont en effet des formes qui correspondent à celles attendues si le matériau 
est porté par un écoulement d’eau. À leurs terminaisons situées en bas de pentes, ils ont des branches en 
forme de doigts et ils sont facilement déviés autour de petits obstacles. L’atmosphère de Mars est si fine et la 
température est si basse que l’eau liquide ne peut pas persister à la surface car elle s’évaporerait ou gèlerait 
rapidement. Les chercheurs proposent alors que l’eau resterait liquide suffisamment longtemps, une fois 
libérée d’une source souterraine, pour transporter des débris le long des pentes avant de geler totalement.