vie de l’OIE
Le virus de la fièvre
hémorragique de
Crimée-Congo (VFHCC)
provoque une maladie
zoonotique dans de nombreux
pays d’Asie, d’Afrique, du
Moyen-Orient et du sud-est
de l’Europe. Compte tenu des
échanges internationaux et
de l’impact du changement
climatique, sa propagation en
Europe centrale est également
envisageable. Cette fièvre est
principalement transmise par
les tiques du genre Hyalomma.
Le virus circule selon un cycle
de vie tique-vertébré-tique,
mais il peut également se
transmettre horizontalement
et verticalement au sein d’une
même population de tiques
(Fig. 1). Les zones endémiques
correspondent à la répartition
des populations de tiques
vectrices. Les tiques du genre
Hyalomma infestent une grande
variété d’espèces animales
sauvages, tels les cervidés et les
lièvres, ainsi que les animaux
de rente vivant à l’extérieur,
tels les caprins, les bovins et les
ovins. Ces animaux jouent un
rôle primordial dans le cycle de
vie des tiques ainsi que dans la
transmission et l’amplification
du virus. Les animaux infectés
ne développant aucun signe
clinique, les infections par
le CCHFV n’ont aucun effet
sur la production animale.
En revanche, l’infection chez
zoonoses
Virus de la fi èvre hémorragique de Crimée-Congo
– un défi pour la santé publique
M. Mertens (1), K. Schmidt (1), M.H. Groschup (1) & Z. Vatansever (2)
(1) Institut pour les maladies infectieuses nouvelles et émergentes au Friedrich-Loeffl er-Institut, Institut de
recherche fédéral pour la santé animale, Südufer 10, 17493 Greifswald-Insel Riems, Allemagne
(2) Département de parasitologie, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Kafkas, Kars, Turquie
l’homme entraîne souvent
une maladie grave, la fièvre
hémorragique de Crimée-
Congo (Fig. 2). Tous les ans,
plus de 1 000 cas de FHCC
sont rapportés chez l’homme en
Albanie, en Bulgarie, au Kosovo
et en Turquie. Dans d’autres
pays, le taux d’infection et
le nombre de cas ne sont
généralement pas connus.
Les taux de létalité rapportés
varient de 5 % (en Turquie) à
80 % (en Chine) et peuvent
dépendre de la souche virale,
du degré de sensibilisation
et de connaissances de la
population locale ainsi que de
l’efficacité des interventions
de santé publique. La plupart
des individus contractent
l’infection suite à la morsure
d’une tique ou en écrasant
une tique infectée. L’infection
peut aussi se transmettre au
contact du sang et d’autres
fluides organiques d’animaux
virémiques. La fièvre
hémorragique de Crimée-
Congo peut également se
transmettre directement entre
humains, provoquant ainsi
une infection nosocomiale.
Pour l’heure, aucun vaccin
contre la FHCC n’a été validé
et son traitement se limite à
traiter les symptômes. Dans
les pays infectés, des mesures
de précaution individuelles
(mesures de protection
personnelles, soin mis à éviter
les risques d’infection, etc.)
et collectives (campagnes
d’information, détection et
diagnostic précoces, unités
de soins médicaux, etc.) sont
prises afin de protéger la
santé publique en limitant les
risques d’exposition (pour une
synthèse, voir Mertens et al.,
http://dx.doi.org/10.1016/j.
antiviral.2013.02.007).
La connaissance des zones
endémiques est essentielle pour
la mise en œuvre de mesures
de santé publique ciblées.
Le dépistage sérologique du
VFHCC chez les ruminants
permet d’identifier les zones
touchées, la prévalence
d’anticorps chez l’animal étant
un précieux indicateur de la
circulation locale du virus.
Les restrictions commerciales
concernant les animaux
séropositifs et les produits
d’origine animale qui en sont
issus n’ont pas lieu d’être,
puisque la réponse humorale
entraîne l’élimination du virus,
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