Chers Frères et chères Sœurs,
Nous arrivons donc à l’issue de nos travaux et débats sur le Christianisme au
sein de la lignée Monothéiste.
Nous avons successivement étudié lors des 1er et 2ème modules :
Les tout débuts du Christianisme, c’est-à-dire le judéo-christianisme, jusqu’en 150
environ, le développement du Christianisme de 150 à 451, date du Concile de
Chalcédoine, élément déterminant, s’il en fût, dans le système théologique chrétien
puisqu’il confirme le dogme de la Trinité où, du Père (Dieu), découlent le « fils » (le
Christ) et le Saint-Esprit.
A partir de 451, on ne peut pas dire, tant s’en faut, que les problèmes dogmatiques
et les luttes entre les différents courants cessent d’exister, mais nous nous
contenterons désormais de suivre le développement et l’histoire de la Grande
Eglise jusqu’à l’issue du dernier Concile de Trente en 1563, puisqu’à
partir de la moitié du 16ème siècle il y aura désormais 2 religions
chrétiennes :
•D’une part, la « Grande Eglise » catholique romaine et une constellation
d’églises orientales ;
•D’autre part, les églises protestantes issues principalement des
prédications de Luther et de Calvin réparties également, et jusqu’à nos jours,
en de nombreux courants plus ou moins éloignés les uns des autres, mais tous
néanmoins dans la thématique réformatrice (et purificatrice) du 16ème siècle,
avec un retour plus ou moins accentué aux fondamentaux bibliques et à la
connaissance approfondie du 1er testament.
Nous verrons donc dans les pages suivantes 7 développements :
1. Le christianisme occidental, de 451 jusqu’au schisme de 1054 ;
2. Le christianisme oriental, la conquête arabe et le schisme de 1054 ;
3. Le christianisme occidental, l’empire carolingien, et le saint empire romain
germanique (Heilige Römische Reich Deutscher Nation) ou premier Reich ;
4. Les croisades et l’empire byzantin, le reflux du christianisme vers l’Occident
(prise de Constantinople en 1453) ;
5. Le protestantisme (2ème religion chrétienne) ;
6. Le schisme anglican ;
7. Les conciles de Trente de 1545 à 1563.
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« l’Histoire, de tous temps, a été écrite par les vainqueurs »
Académie de Salomon
Année 6012 / 6013
Le protestantisme regroupe l’ensemble des courants religieux chrétiens nés de l’opposition aux
orientations prises par le catholicisme romain durant le Moyen Âge. Cette rupture est connue comme
Réforme et a été menée sous l’impulsion de théologiens tels que Martin Luther, Jean Calvin, Ulrich
Zwingli parmi tant d’autres. John Wyclif, Jan Hus, Lefèvre d’Etaples sont considérés comme des
précurseurs de la Réforme.
Les débuts du protestantisme sont généralement datés du 31 Octobre 1517, le moine augustin allemand
et docteur en théologie Martin Luther publie les 95 Thèses dénonçant les travers de l’Eglise catholique
romaine comme la vente des indulgences, et affirme que la Bible doit être la seule autorité sur laquelle
repose la foi.
L’année 1521 est également considérée comme déterminante : en Janvier, Martin Luther, devant la diète
de Worms, refuse de se rétracter, s’estimant soumis à l’autorité de la Bible et de sa conscience plutôt
qu’à celle de la hiérarchie ecclésiastique et est excommunié.
A la suite de ces théologiens, le protestantisme comprend des courants théologiques très divers. Au sein
de la seule fédération protestante de France, on dénombre 26 unions d’Eglises, tandis que, au plan
international, ce sont environ 320 Eglises issues du protestantisme qui participent au conseil
œcuménique des Eglises, aux côtés d’une trentaine d’Eglises orthodoxes et des Eglises vieilles-
catholiques.
Parmi les idées de Luther, l’accès de tous à la Bible sans discrimination sociale et l’égalité entre les
hommes ont un fort écho dans la population majoritairement paysanne, à tel point qu’elles provoquent
au printemps 1525 le Bauernkrieg (guerre des paysans) dans le Saint-Empire romain germanique.
Afin de mettre un terme rapide à cette explosion de violence contre la classe dirigeante, les princes se
réunissent lors de la première diète de Spire, en 1526. Ils conviennent du décret de l’état d’urgence et
décident que chaque prince choisit le culte à pratiquer dans son Etat, les opposants étant contraints de
fuir vers un autre Etat favorable à leur foi.
Une partie du reste de l’Europe bascule dans le protestantisme, toute la Scandinavie, les Pays-Bas et une
partie de la Suisse, l’Angleterre constituant un domaine à part. Le protestantisme connaît ensuite une
expansion mondiale au travers des mouvements missionnaires, notamment aux Etats-Unis.
Les protestants modernistes hésitent à parler de « doctrine » ou de « religion ». Ils préfèrent convictions,
engagement de préserver un espace de discussion et d’échange entre les fidèles.
La doctrine protestante repose exclusivement sur les Ecrits sacrés, à savoir la Bible. Le protestant croit
donc à la résurrection et à la vie éternelle (voir les Evangiles).
La résurrection de Jésus-Christ peut sans doute être considérée comme le point essentiel de la foi
protestante : « si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est
vaine. »
Le Baptême et la Sainte-Cène sont les deux seuls sacrements chez les protestants, qui partent du principe
que, seuls ces deux actes ont été institués par Jésus-Christ. Dans certaines églises protestantes, le
baptême est facultatif mais on y pratique assez largement le baptême des enfants.
Il existe de nombreuses différences entre le culte protestant et le culte catholique.
Les protestants se réfèrent uniquement à la Bible comme source de doctrine (sola criptura). Ils insistent
sur le rôle de l’Esprit saint pour accéder à une compréhension véritable et ne reconnaissent pas l’autorité
du Pape, ni celle des cardinaux. Pour des raisons historiques, il existe une multitude d’églises
protestantes qui sont organisées soit autour d’évêques, il est alors question de système épiscopalien (cas
des Luthériens et des Anglicans), soit de communautés adhérant volontairement à des unions d’Eglises
régies par une sorte d’assemblée générale dénommée synode (cas des Eglises réformées).
Toutes sensibilités confondues, les protestants partagent ces points fondamentaux :
. Sola gratia (« par la grâce seule ») : L’homme ne peut pas mériter son salut auprès de Dieu, mais Dieu
le lui offre gratuitement par amour. Ainsi, la valeur d’une personne ne dépend que de l’amour de Dieu,
et non de ses qualités, ni de son mérite.
. Sola fide (« seule la foi compte ») : Ce don se fait à l’occasion d’une rencontre personnelle avec Dieu,
en Jésus-Christ (solo Christo). D’une personne à l’autre, elle peut surgir brusquement ou être le fruit
d’un cheminement comme sa réponse à la déclaration d’amour de Dieu.
. Sola scriptura (« par l’Ecriture seule ») : (à mettre en rapport avec le sacerdoce universel et
l’éclairage indispensable du Saint Esprit) Considérée comme porteuse de la parole de Dieu, la Bible est à
la foi la seule autorité théologique et le sens de la vie. Elle est éclairée par la prédication de ministres
appelés par l’Eglise et formés par elle. A travers les témoignages humains qu’elle transmet, elle dessine
des principes de vie personnelle de chacun.
A l’inverse du phénomène protestant en Europe
continentale, la séparation entre l’Eglise
d’Angleterre et la papauté ne vient pas de querelles
théologiques, mais avant tout politiques. Le roi
d’Angleterre, Henri VIII, jusque là soutien sans
faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine
d’Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris
de sa maîtresse Anne Boleyn, il fait parvenir au
pape en 1527 une demande d’annulation de son
mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de
Clément VII, il se proclame l’année suivante alors
« Chef Suprême de l’Eglise et du Clergé
d’Angleterre » et rompt toute relation diplomatique
avec Rome.
Cette branche du christianisme est aujourd’hui
présente principalement dans les pays qui ont pu
être imprégnés par la culture anglaise ; outre
l’Angleterre, il s’agit notamment des anciennes
colonies britanniques en Amérique et en Afrique.
En toute rigueur, on ne saurait parler de l’ »Eglise
anglicane » puisque les différentes églises se
reconnaissant dans cette confession sont
autocéphales. La plupart sont rassemblées dans la
Communion anglicane, au sein de l’Eglise
d’Angleterre et son primat, l’archevêque de
Canterbury, ne jouissent que d’une primauté
d’honneur. Ces églises sont en pleine communion
les unes avec les autres et représentent ensemble
environ 77 millions de fidèles.
Les Eglises anglicanes ont une structure
épiscopale. Elles se disent à la fois catholiques et
réformées, et l’anglicanisme a souvent été présenté
comme une via media entre ces 2 branches de la
chrétienté. Elles se présentent comme des Eglises
catholiques non romaines, parce qu’elles se veulent
en continuité avec la tradition apostolique (ainsi la
patristique est très développée dans le monde
anglican) et affirment avoir conservé la succession
apostolique. Ni l’Eglise catholique romaine ni
l’Eglise orthodoxe ne leur reconnaissent cette
qualité. Les archevêques anglicans de Cantorbéry
et d’York ont donné leur réponse dans Saepius
officio. Pour autant, lors du concile Vatican II est
affirmée la « place particulière » des Anglicans,
« qui gardent en partie les traditions et les
structures catholiques ».
Par ailleurs, les Eglises anglicanes se disent
réformées parce qu’elles ont adhéré à certains
principes nouveaux issus de la Réforme protestante
en matière de doctrine et de liturgie. A l’origine, la
doctrine anglicane est énoncée dans les Trente-neuf
articles (Bill of 39 articles) qui ont longtemps eu
une valeur impérative. L’éventail entre les
positions doctrinales s’est ensuite élargie et donne
lieu à de nombreuses classifications (Haute Eglise,
Basse Eglise, Large Eglise, Anglo-catholicisme,
Evangélisme, …)
CONCILE DE TRENTE ET CONTRE-REFORME
Le pape Paul III Farnèse convoque en 1542 un grand concile œcuménique à Trente, dans les Alpes (aujourd’hui en Italie). Ce concile débute officiellement le 13
Décembre 1545. Le pape lui donne pour objectif de revigorer l’Eglise catholique. Celle-ci va s’en trouver en effet profondément modifiée.
Contre-Réforme et reconquête catholique :
Revigorée par le Concile de Trente, la Contre-Réforme ne tarde pas à ramener les populations allemandes, surtout en Rhénanie et dans les Alpes. Elle est conduite
par les jésuites espagnols et avec l’appui des successeurs de l’empereur Ferdinand Ier.
Quand il se sépare le 4 Décembre 1563, le Concile de Trente a ravivé la foi catholique de l’Europe du Nord.
Outre ces points de doctrine, le Concile de Trente rénove l’organisation du culte. A la place d’une Eglise médiévale épuisée, une nouvelle Eglise prend forme, avec
ses zones d’ombre et de lumière. Elle va perdurer jusqu’à la fin du XXe siècle et au Concile Vatican II, citons 2 points :
La confession :
Avec le Concile de Trente, la confession, l’un des sacrements de l’Eglise catholique, ne se pratique plus de façon publique. Elle devient un exercice intime, sans
contact visuel ou physique entre le confesseur et le pénitent. Elle devient aussi plus fréquente. On ne se confesse plus seulement une fois l’an mais tout au long de
l’année.
Le mariage :
Avec le décret Tametsi sur le mariage, voté en 1563, le concile prend le contrepied du protestantisme et réaffirme le caractère sacramentel du mariage et son
indissolubilité. Au risque de choquer l’aristocratie, il réaffirme aussi « le libre consentement des époux et condamne les pratiques consistant à violer la liberté du
mariage ».
Pour prévenir la bigamie et les « mariages clandestins », il exige la présence du curé de la paroisse des promis (lequel curé est mieux à même de les connaître plutôt
qu’un quelconque prêtre). Il exige aussi que tous les mariages soient enregistrés sur les registres de l’état-civil.