LE PROTESTANTISME L’ANGLICANISME Le protestantisme regroupe l’ensemble des courants religieux chrétiens nés de l’opposition aux orientations prises par le catholicisme romain durant le Moyen Âge. Cette rupture est connue comme Réforme et a été menée sous l’impulsion de théologiens tels que Martin Luther, Jean Calvin, Ulrich Zwingli parmi tant d’autres. John Wyclif, Jan Hus, Lefèvre d’Etaples sont considérés comme des précurseurs de la Réforme. Les débuts du protestantisme sont généralement datés du 31 Octobre 1517, le moine augustin allemand et docteur en théologie Martin Luther publie les 95 Thèses dénonçant les travers de l’Eglise catholique romaine comme la vente des indulgences, et affirme que la Bible doit être la seule autorité sur laquelle repose la foi. L’année 1521 est également considérée comme déterminante : en Janvier, Martin Luther, devant la diète de Worms, refuse de se rétracter, s’estimant soumis à l’autorité de la Bible et de sa conscience plutôt qu’à celle de la hiérarchie ecclésiastique et est excommunié. A la suite de ces théologiens, le protestantisme comprend des courants théologiques très divers. Au sein de la seule fédération protestante de France, on dénombre 26 unions d’Eglises, tandis que, au plan international, ce sont environ 320 Eglises issues du protestantisme qui participent au conseil œcuménique des Eglises, aux côtés d’une trentaine d’Eglises orthodoxes et des Eglises vieillescatholiques. Parmi les idées de Luther, l’accès de tous à la Bible sans discrimination sociale et l’égalité entre les hommes ont un fort écho dans la population majoritairement paysanne, à tel point qu’elles provoquent au printemps 1525 le Bauernkrieg (guerre des paysans) dans le Saint-Empire romain germanique. Afin de mettre un terme rapide à cette explosion de violence contre la classe dirigeante, les princes se réunissent lors de la première diète de Spire, en 1526. Ils conviennent du décret de l’état d’urgence et décident que chaque prince choisit le culte à pratiquer dans son Etat, les opposants étant contraints de fuir vers un autre Etat favorable à leur foi. Une partie du reste de l’Europe bascule dans le protestantisme, toute la Scandinavie, les Pays-Bas et une partie de la Suisse, l’Angleterre constituant un domaine à part. Le protestantisme connaît ensuite une expansion mondiale au travers des mouvements missionnaires, notamment aux Etats-Unis. Les protestants modernistes hésitent à parler de « doctrine » ou de « religion ». Ils préfèrent convictions, engagement de préserver un espace de discussion et d’échange entre les fidèles. La doctrine protestante repose exclusivement sur les Ecrits sacrés, à savoir la Bible. Le protestant croit donc à la résurrection et à la vie éternelle (voir les Evangiles). La résurrection de Jésus-Christ peut sans doute être considérée comme le point essentiel de la foi protestante : « si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. » Le Baptême et la Sainte-Cène sont les deux seuls sacrements chez les protestants, qui partent du principe que, seuls ces deux actes ont été institués par Jésus-Christ. Dans certaines églises protestantes, le baptême est facultatif mais on y pratique assez largement le baptême des enfants. A l’inverse du phénomène protestant en Europe continentale, la séparation entre l’Eglise d’Angleterre et la papauté ne vient pas de querelles théologiques, mais avant tout politiques. Le roi d’Angleterre, Henri VIII, jusque là soutien sans faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine d’Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne Boleyn, il fait parvenir au pape en 1527 une demande d’annulation de son mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de Clément VII, il se proclame l’année suivante alors « Chef Suprême de l’Eglise et du Clergé d’Angleterre » et rompt toute relation diplomatique avec Rome. Cette branche du christianisme est aujourd’hui présente principalement dans les pays qui ont pu être imprégnés par la culture anglaise ; outre l’Angleterre, il s’agit notamment des anciennes colonies britanniques en Amérique et en Afrique. En toute rigueur, on ne saurait parler de l’ »Eglise anglicane » puisque les différentes églises se reconnaissant dans cette confession sont autocéphales. La plupart sont rassemblées dans la Communion anglicane, au sein de l’Eglise d’Angleterre et son primat, l’archevêque de Canterbury, ne jouissent que d’une primauté d’honneur. Ces églises sont en pleine communion les unes avec les autres et représentent ensemble environ 77 millions de fidèles. Les Eglises anglicanes ont une structure épiscopale. Elles se disent à la fois catholiques et réformées, et l’anglicanisme a souvent été présenté comme une via media entre ces 2 branches de la chrétienté. Elles se présentent comme des Eglises catholiques non romaines, parce qu’elles se veulent en continuité avec la tradition apostolique (ainsi la patristique est très développée dans le monde anglican) et affirment avoir conservé la succession apostolique. Ni l’Eglise catholique romaine ni l’Eglise orthodoxe ne leur reconnaissent cette qualité. Les archevêques anglicans de Cantorbéry et d’York ont donné leur réponse dans Saepius officio. Pour autant, lors du concile Vatican II est affirmée la « place particulière » des Anglicans, « qui gardent en partie les traditions et les structures catholiques ». Par ailleurs, les Eglises anglicanes se disent réformées parce qu’elles ont adhéré à certains principes nouveaux issus de la Réforme protestante en matière de doctrine et de liturgie. A l’origine, la doctrine anglicane est énoncée dans les Trente-neuf articles (Bill of 39 articles) qui ont longtemps eu une valeur impérative. L’éventail entre les positions doctrinales s’est ensuite élargie et donne lieu à de nombreuses classifications (Haute Eglise, Basse Eglise, Large Eglise, Anglo-catholicisme, Evangélisme, …) Il existe de nombreuses différences entre le culte protestant et le culte catholique. Les protestants se réfèrent uniquement à la Bible comme source de doctrine (sola criptura). Ils insistent sur le rôle de l’Esprit saint pour accéder à une compréhension véritable et ne reconnaissent pas l’autorité du Pape, ni celle des cardinaux. Pour des raisons historiques, il existe une multitude d’églises protestantes qui sont organisées soit autour d’évêques, il est alors question de système épiscopalien (cas des Luthériens et des Anglicans), soit de communautés adhérant volontairement à des unions d’Eglises régies par une sorte d’assemblée générale dénommée synode (cas des Eglises réformées). Toutes sensibilités confondues, les protestants partagent ces points fondamentaux : . Sola gratia (« par la grâce seule ») : L’homme ne peut pas mériter son salut auprès de Dieu, mais Dieu le lui offre gratuitement par amour. Ainsi, la valeur d’une personne ne dépend que de l’amour de Dieu, et non de ses qualités, ni de son mérite. . Sola fide (« seule la foi compte ») : Ce don se fait à l’occasion d’une rencontre personnelle avec Dieu, en Jésus-Christ (solo Christo). D’une personne à l’autre, elle peut surgir brusquement ou être le fruit d’un cheminement comme sa réponse à la déclaration d’amour de Dieu. . Sola scriptura (« par l’Ecriture seule ») : (à mettre en rapport avec le sacerdoce universel et l’éclairage indispensable du Saint Esprit) Considérée comme porteuse de la parole de Dieu, la Bible est à la foi la seule autorité théologique et le sens de la vie. Elle est éclairée par la prédication de ministres appelés par l’Eglise et formés par elle. A travers les témoignages humains qu’elle transmet, elle dessine des principes de vie personnelle de chacun. CONCILE DE TRENTE ET CONTRE-REFORME Le pape Paul III Farnèse convoque en 1542 un grand concile œcuménique à Trente, dans les Alpes (aujourd’hui en Italie). Ce concile débute officiellement le 13 Décembre 1545. Le pape lui donne pour objectif de revigorer l’Eglise catholique. Celle-ci va s’en trouver en effet profondément modifiée. Contre-Réforme et reconquête catholique : Revigorée par le Concile de Trente, la Contre-Réforme ne tarde pas à ramener les populations allemandes, surtout en Rhénanie et dans les Alpes. Elle est conduite par les jésuites espagnols et avec l’appui des successeurs de l’empereur Ferdinand Ier. Quand il se sépare le 4 Décembre 1563, le Concile de Trente a ravivé la foi catholique de l’Europe du Nord. Outre ces points de doctrine, le Concile de Trente rénove l’organisation du culte. A la place d’une Eglise médiévale épuisée, une nouvelle Eglise prend forme, avec ses zones d’ombre et de lumière. Elle va perdurer jusqu’à la fin du XXe siècle et au Concile Vatican II, citons 2 points : La confession : Avec le Concile de Trente, la confession, l’un des sacrements de l’Eglise catholique, ne se pratique plus de façon publique. Elle devient un exercice intime, sans contact visuel ou physique entre le confesseur et le pénitent. Elle devient aussi plus fréquente. On ne se confesse plus seulement une fois l’an mais tout au long de l’année. Le mariage : Avec le décret Tametsi sur le mariage, voté en 1563, le concile prend le contrepied du protestantisme et réaffirme le caractère sacramentel du mariage et son indissolubilité. Au risque de choquer l’aristocratie, il réaffirme aussi « le libre consentement des époux et condamne les pratiques consistant à violer la liberté du mariage ». Pour prévenir la bigamie et les « mariages clandestins », il exige la présence du curé de la paroisse des promis (lequel curé est mieux à même de les connaître plutôt qu’un quelconque prêtre). Il exige aussi que tous les mariages soient enregistrés sur les registres de l’état-civil. Académie de Salomon Année 6012 / 6013 Paris, le 4 Mars 6013 Chers Frères et chères Sœurs, Nous arrivons donc à l’issue de nos travaux et débats sur le Christianisme au sein de la lignée Monothéiste. Nous avons successivement étudié lors des 1 er et 2 ème modules : Les tout débuts du Christianisme, c’est-à-dire le judéo-christianisme, jusqu’en 150 environ, le développement du Christianisme de 150 à 451, date du Concile de Chalcédoine, élément déterminant, s’il en fût, dans le système théologique chrétien puisqu’il confirme le dogme de la Trinité où, du Père (Dieu), découlent le « fils » (le Christ) et le Saint-Esprit. A partir de 451, on ne peut pas dire, tant s’en faut, que les problèmes dogmatiques et les luttes entre les différents courants cessent d’exister, mais nous nous contenterons désormais de suivre le développement et l’histoire de la G ra nd e E glise ju sq u’ à l’i ss ue d u d er nie r Co ncil e de T re nte e n 15 63 , pu is qu ’à pa rtir d e la m o iti é du 16 èm e s iècle il y a u ra dé s or m ais 2 r e ligio ns chr étie nn es : • D’ u ne pa rt, l a « G ra nd e Egli se » catholique romaine et une constellation d’églises orientales ; • D’ au tre p ar t, l es é glis es pr ote sta ntes issues principalement des prédications de Luther et de Calvin réparties également, et jusqu’à nos jours, en de nombreux courants plus ou moins éloignés les uns des autres, mais tous néanmoins dans la thématique réformatrice (et purificatrice) du 16ème siècle, avec un retour plus ou moins accentué aux fondamentaux bibliques et à la connaissance approfondie du 1er testament. N o us ve rr on s d on c da ns le s pa ges s uiv ante s 7 dé vel op pe me nts : 1. Le christianisme occidental, de 451 jusqu’au schisme de 1054 ; 2. Le christianisme oriental, la conquête arabe et le schisme de 1054 ; 3. Le christianisme occidental, l’empire carolingien, et le saint empire romain germanique (Heilige Römische Reich Deutscher Nation) ou premier Reich ; 4. Les croisades et l’empire byzantin, le reflux du christianisme vers l’Occident (prise de Constantinople en 1453) ; 5 . L e pr o te sta ntism e (2 èm e r el igion chr étie nne ) ; 6. L e s chism e an glica n ; 7. L es con cil es de T re nte de 154 5 à 15 63. ✩✩✩✩✩✩✩ « l’Histoire, de tous temps, a été écrite par les vainqueurs »