Albert Bril / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 4
qu'elle sera fixée à l'amphithéâtre et nomme un commissaire pour la faire installer.
Nous devons placer ici, par ordre de dates (avril 1795), la seconde brochure conservée à la
bibliothèque communale. Elle a pour titre : l'Heureuse témérité, comédie en trois actes, en prose,
représentée pour la première fois sur le théâtre de Dunkerque, en floréal de la troisième année républicaine,
par le citoyen Guillemart, artiste dudit théâtre. Prix : 40 sols. A Dunkerque, chez Drouillard,
imprimeur, rue de Royer, n° 184. Troisième année républicaine.
L'auteur met en scène une orpheline à marier (60.000 livres de dot). Constance — c'est son nom
— aime Saint-Fal, un enfant naturel rappelé brusquement en Amérique par sa famille qui le reconnaît et le
met en possession d'un héritage considérable, s'il épouse une riche et belle américaine. Constance a
une tante qui lui conseille d'épouser un riche seigneur du village, M. de Sordinville, à qui elle a d'ailleurs
signé un dédit de 40.000 francs — les deux tiers de sa dot — qui expire dans un délai de deux heures.
Constance qui entend bien ne pas épouser ni payer, a imaginé le petit truc suivant. Sachant Sordinville
poltron et avare, elle lui envoie ce billet anonyme : « J'adore, comme vous, la belle M
lle
Constance. Elle
m'a fait, ainsi qu'à vous, un dédit de 40.000 francs. Vous êtes, dit-on, sur le point de l'épouser et j'arrive
pour vous en empêcher. Cependant, si vous êtes brave, il ne tiendra qu'à vous de me disputer la femme
et
de doubler votre argent. Vous viendrez, pour cela, dès qu'il fera nuit, sous le grand orme, nous y
apporterons nos titres et nous nous battrons. Le vainqueur les réunira seul et conservera le droit de les
faire valoir... Songez-y bien, on veille sur vous. Si vous cherchez à m'éviter, vous êtes un homme mort. »
Au rendez-vous, c'est Constance elle-même qui arrive avec des pistolets. Sordinville se sauve en oubliant
son dédit sous le grand orme et Saint-Fal se précipite sur le prétendu rival qui reste vainqueur et reconnaît
sa bien-aimée. Sordinville, touché, les institue ses héritiers et la noce se fait dans son château.
Le 29 mai 1795, le Conseil s'assemble à dix heures du soir. Il y a eu du tumulte au spectacle à
l'occasion du Réveil du Peuple, demandé à grands cris par les bourgeois et que des militaires vêtus en
carmagnoles (sic) ont empêché de chanter. L'autorité du conseiller municipal, chargé de la police du
spectacle, a été méconnue, des voies de fait ont eu lieu. Le général, le commandant temporaire assistent au
spectacle, un officier reconnu parmi les mutins y est appelé et est mis en état d'arrestation. Le spectacle est
fermé pendant quelques jours. Puis, tout se calme.
Le 22 juillet 1795, on défend au directeur de spectacle de faire jouer ou chanter d'autres airs que
ceux des pièces qu'il représentera.
La brochure du Tartufe révolutionnaire ou le Terroriste, comédie en trois actes, en prose, par
Balardelle, juge au Tribunal criminel de Bruxelles, éditée à Dunkerque, chez Drouillard, imprimeur du
Tribunal de commerce, quatrième année républicaine (1796), ne mentionne pas la date de création ici.
L'action se passe dans la maison de campagne du principal personnage, député de la Convention.
Voici une des tirades qui donne une idée de l'ouvrage :
Je respire enfin ! un grand crime est épargné. Réjouissons-nous d
'
avoir vu échouer ceux infernaux
que ces monstres avaient conçus. Remercions surtout la Providence des triomphes de la Patrie. Elle veille,
cette bienfaisante Providence, comme une mère tendre, à la conservation de la République. En vain des
mains criminelles auront poussé le char de la révolution sur les bords de l’abîme. En vain la
machiavélique Angleterre aura vomi sur nos bords les lâches agioteurs, les cruels émigrés. ces infâmes
assassins de leur Patrie : la liberté est partout victorieuse, et la paix qui vient à nous, précédée de la
victoire, va imprimer à jamais sur la Nation Française, le sceau de la gloire et de l'immortalité.
La même année (prairial an IV, mai 1796), on joue Geneviève de Brabant, tragédie en cinq actes, en
vers, par L.-F.-G. Beraud, de La Rochelle
(2)
, dont la brochure porte cette dédicace au citoyen Benezech,
ministre de l'Intérieur :