Les chiens polaires abandonnés retrouvent une vie normale dans la

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16 | MM17, 20.4.2015 | SOCIÉTÉ
Les chiens polaires
abandonnés
retrouvent une vie
normale dans
la ferme de Carine
Mettraux.
SOCIÉTÉ | MM17, 20.4.2015 | 17
«Sissi», la vieille chienne blanche, vient se faire cajoler par Carine Mettraux. A l’entrée du domaine, le cimetière des huskies appelé «le temple» (au centre).
Reportage
Pour husky
sonne le glas
Fondatrice de l’association «SOS chiens polaires», à Payerne
(VD), Carine Mettraux se bat pour rendre une vie normale à
des animaux trop souvent abandonnés, maltraités, malades
ou jugés trop vieux.
Texte: Laurent Nicolet
C
Photos: Jeremy Bierer
’est un endroit idéal: une ferme en
zone inondable, coincée entre une
autoroute et un stand de tir, avec
des avions militaires qui passent
par-dessus. Idéal en tout cas pour accueillir
une quarantaine de chiens polaires dont le
vacarme n’importunera personne.
Des chiens maltraités, abandonnés,
attachés à des arbres, déposés devant la
porte, dans une caisse ou laissés pour
quelques jours avec la promesse de venir les
rechercher après les vacances – «personne ne
revient évidemment». Voilà comment les
animaux arrivent chez Carine Mettraux,
fondatrice de «SOS chiens polaires» à
Payerne (VD).
Telle Sissi, chienne blanche âgée
aujourd’hui de 14 ans, «une vieille dame,
qui souffre d’un cancer des os» et dont
personne ne voulait parce que peu sportive
mais qui s’est montrée «extraordinaire toute
sa vie avec les enfants ou dans le milieu
du handicap».
Le dernier arrivé, il y a quelques jours, un
jeune chien d’une année et demie, était dans
une famille qui a contacté Carine. «Un troisième enfant venait de naître, donc moins de
temps pour le chien. Et puis un husky avec
un bébé, ce n’est pas vraiment conseillé.»
Les SPA appellent aussi parfois. Les
polaires, il faut le dire, sont des chiens
souvent abandonnés. «Ce sont des animaux
particuliers qui aiment être dehors, se
balader même quand ils sont vieux. Si on en
prend un, mieux vaut savoir que ça bouge.»
Les futurs propriétaires ne sont pas
suffisamment informés
Avec aussi une tendance marquée à la fugue.
«Vous pouvez bien sûr l’éduquer, lui apprendre à faire assis-debout-couché, il y aura
toujours un moment où votre chien va ficher
le camp, suivre une piste. Nous, ici, on ne
s’amuse pas à les lâcher.» «SOS chiens polaires» dispose d’un terrain d’entraînement où
les chiens peuvent courir. Des bénévoles
viennent également les promener – en laisse,
en trottinette, en kart, à ski de fond, mais toujours attachés.»
Selon Carine Mettraux, les vendeurs,
souvent pressés de réaliser une bonne affaire
et de se débarrasser de l’animal, n’informent
pas suffisamment les futurs propriétaires sur
les caractéristiques d’un chien qui «reste
quand même un chien de traîneau, donc de
meute». Qu’il vaut donc mieux ne pas laisser
seul. «Il faudrait en prendre au moins deux,
même s’il n’est pas nécessaire que le deuxième
soit forcément un husky.»
Les chiens polaires, Carine y est arrivée par
hasard. Pour ses 20 ans, elle voulait s’offrir un
akita inu, un chien japonais. «Mais ça coûtait
trop cher, je travaillais à l’époque dans une
pouponnière pour 800 francs par mois.»
Une amie lui signale alors des malamutes qui
sont à vendre. Des malamutes?
Carine n’a jamais entendu parler de ces bêteslà. Des chiens de traîneau de l’Alaska. C’est
ainsi qu’Aphrodite entre dans sa vie.
Plus tard, éducatrice dans une école à Château-d’Œx (VD), elle se rend compte que le
meilleur moyen de faire marcher les enfants
ou de faire du ski de fond avec eux sans qu’ils
râlent, «c’était de prendre ma chienne avec».
Après Aphrodite, il y aura Zeus, un mâle aux
yeux vairons, puis Cheyenne qui a servi de modèle pour le logo de l’association. Car peu à
peu, Carine s’est mise à récupérer les chiens
polaires dont les gens ne voulaient plus. En
une année, elle arrive à vingt-sept: «Cheyenne
est le premier chien maltraité que j’ai récupéré. Elle a été séquestrée pendant sept ans dans
une maison, chez des toxicomanes où elle a
été lancée contre les murs, bâillonnée, une
histoire à faire froid dans le dos.»
Longtemps Carine avait pensé qu’un chien
maltraité serait forcément très agressif et
même irrécupérable. «Avec Cheyenne, je me
suis aperçue que je me trompais sur toute la
ligne. Depuis onze ans que je récupère des
chiens, aucun ne m’a déçue. Ils sont là quand
on a besoin d’eux, ils sont volontaires,
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Des chiens qu’on
n’oublie pas
Le temple A l’entrée du
Le husky est un
chien qui vit en
meute et qui
n’apprécie donc
pas la solitude.
généreux, savent s’adapter, notamment quand
ils travaillent avec des enfants ou des
handicapés.»
Un tiers des chiens de Carine ont plus de
12 ans. Un âge déjà canonique pour des
animaux considérés comme vieux à partir de
10: «C’est un peu l’EMS ici», constate-t-elle.
Une situation qui s’explique par le fait que
l’âge est souvent la cause de l’abandon. «Il y
aura le musher qui ne les veut plus parce
qu’ils ne sont plus compétitifs ou monsieur
et madame Tout-le-monde qui voient qu’à
partir d’un certain âge les frais de vétérinaire
commencent à devenir importants et qui
veulent prendre un chien plus jeune.»
Animal emblématique à cet égard, la
chienne polaire Aniak, aveugle et sourde, dont
Lolita Morena est la marraine, et qui participe
encore à des courses de traîneau: «En montée
elle va très bien, elle a juste un peu peur dans
les descentes, mais ça prouve que malgré son
double handicap, elle a le droit de vivre
comme les autres.»
Habituellement les chiens qui arrivent
chez Carine ne sont pas replacés. Il peut y
avoir des exceptions toutefois, des cas où le
chien est adopté par ses parrains et marraines.
C’est ainsi que l’association appelle les
volontaires qui versent de l’argent pour
l’entretien d’un chien ou viennent le trouver
et le promener.
Une menace pèse pourtant sur «SOS
chiens polaires»: la maison qui l’abrite va être
vendue. Carine cherche à rassembler des
fonds pour l’acheter: «Quoi qu’il arrive, il est
de toute façon exclu que j’abandonne mes
chiens. Quitte à vivre dans une caravane
comme ça m’est déjà arrivé.» MM
domaine, installé sous
des arbres, entre bougies, fleurs, statues de
bouddha et photographies, impossible de
manquer un endroit que
Carine appelle «le
temple» et où sont rassemblées les urnes des
chiens disparus: «Cela
permet à chacun qui a
connu tel chien de lui
dire au revoir, comme à
une personne.»
L’association Les buts
de «SOS chiens polaires»
sont certes de recueillir
les huskies et races similaires abandonnés, mais
aussi de renseigner les
futurs propriétaires
pour améliorer les
conditions de vie de ces
animaux en milieu
urbain. Des activités en
compagnie des chiens
sont régulièrement
proposées. L’association
peut être soutenue par
le biais d’une
cotisation annuelle ou
en parrainant un chien.
Renseignements: www.
soschienspolaires.ch
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