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Hommage à Samir
Boukhouta
Par Morad Necer
disparition
Il est des hommes qu’Allah, dans Son Innie Miséricorde,
suscite sur cette terre, sans pour autant en faire des
Prophètes ni des Califes. Ces hommes se distinguent
malgré tout des autres par leurs qualités si particulières.
Une couleur singulière les habille et les amène à se
frayer un chemin jusque dans les cœurs les plus rétifs. Ces
hommes, par leur courage, leur patience et leur abnégation,
laissent une emprunte indélébile dans l’esprit de ceux qui ont
croisé leurs chemins. Leurs caractères dociles parviennent à
plier les roseaux les plus résistants sans les briser.
Nous sommes tous aujourd’hui orphelin d’un frère, d’un ami,
d’un père qui vient de nous quitter pour rejoindre sa dernière
demeure. Si nous sommes tristes c’est parce que nous savons
qu’il va nous manquer, qu’il va manquer à l’appel de la Jama’t,
lui, qui toujours répondit présent. Serviteur de chaque instant
et sur tous les fronts, il nous montra ce que le mot ‘courage’
signiait. D’aucuns se souviendront pendant encore très
longtemps de cette grande stature au sourire candide. Nos
larmes incessantes ne pourront remplir ce vide.
Nous sommes émus mais nous n’oublions pas ce que cet
homme a laissé derrière lui, une œuvre qu’un seul livre ne
saurait conter.
Samir Boukhouta, puisse Allah lui accorder une grande place
auprès de Lui, était l’un de ces hommes qui, lorsqu’il voulait
vous conduire à un endroit, avait l’habitude de vous prendre
la main affectueusement. Durant le court instant du chemin, il
faisait passer les messages d’amour pour le Califat et le tabligh
(la prédication). Le tabligh c’est la vie, répétait-il inlassablement.
C’est sous les signes de la défense et de son entier
dévouement au Califat ainsi qu’au tabligh que se déroula sa vie.
Comment oser laisser s’évanouir une telle présence de nos
mémoires sans chercher à la retenir sur le chemin de notre
conscience, cette conscience profonde qui atteste que dans la
vérité les montagnes les plus hautes ne peuvent résister aux
assauts d’un cœur épris d’amour pour le Créateur ?
C’est dans cette saveur que les hommes de Dieu le Tout
puissant s’éteignent, sacriant leur être pour recréer les
conditions de la vraie vie en nous.
Comment oser dire que nous ne savions pas quand tant
de preuves puissantes nous sont parvenues par devers
l’illustration vivante du dévouement ?
Qu’en est-il de notre propre quête à l’horizon limité de notre
existence éphémère ? Que deviendra le printemps de nos vies
si cette promesse céleste venait à s’égarer dans la perdition de
nos choix ?
Si de notre indigente nature nous sommes appelés à oublier, il
est dans la nature de la création Divine d’être prompte à nous
faire le rappel incessant que de l’oubli naissent les ténèbres.
Seul le feu ardent de notre amour pour Allah et notre bien
aimé prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions
d’Allah soit sur lui) saura consumer l’amnésie manifeste qui
menace sans cesse.
re
la
De la responsabilité...
vue
Nombre de ceux qui, autrefois, avaient condamné ce journal [Charlie
Hebdo] lui sont aujourd’hui favorables, afrmant que tout le monde
à le droit de s’exprimer. Or de nobles âmes, imbues d’équité et
douées de bon sens, ont blâmé ce même journal pour ses infâmes
caricatures du Saint Prophète Muhammadsaw et ont tenu les éditeurs
pour responsables de cet attentat. A titre d’exemple, Henri Roussel, l’un
des fondateurs du journal Charlie Hebdo, afrme que ces [récentes]
caricatures étaient provocatrices et que l’irresponsabilité de l’éditeur a
causé la mort des membres de son équipe. Il a aussi ajouté que la ligne
[éditoriale] de Charlie Hebdo au cours de ces dernières années s’était
démarquée de sa politique fondamentale.
La déclaration du Pape était tout aussi pertinente. Il a afrmé que
la liberté d’expression avait ses limites : elle ne signie pas que l’on
est libre de dire n’importe quoi. « Toute religion mérite respect. On ne
peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision. » a-t-il
souligné. « Si mon grand ami [ici présent] parle mal de ma mère, il peut
s’attendre à un coup de poing, et c’est normal », a-t-il ajouté en désignant
l’organisateur de ses voyages. Quoi qu’il en soit, il avait entièrement
raison de dire que l’on ne doit pas blesser les sentiments d’autrui et
que ce journal était le seul responsable de toute cette affaire compte
tenu de ses actions antérieures. Les musulmans doivent, quant à eux,
retrouver leur bon sens et éviter toute réaction condamnable. [...] Nous
avons condamnés ces atrocités afrmant qu’elles sont contraires aux
préceptes de l’Islam en ajoutant qu’il est tout aussi nécessaire de xer
les limites de la liberté d’expression : sinon les responsables de pareilles
agitations blesseront les sentiments d’autrui.
— Hadhrat Mirza Masroor Ahmad,
Vème Calife de la Communauté Ahmadiyya
Extrait de ‘Sermons du vendredi’, 16 janvier 2015