Mémoire de fin de formation Formation 2012 - 2014 des Guides-nature des Collines Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Mémoire de fin de formation présenté par Aline PATTYN Mémoire déposé le 14 décembre 2013 Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Mémoire de fin de formation présenté par Aline PATTYN Mémorant Aline PATTYN Rue des Ecoles, 15A 7911 Hacquegnies Rédaction d’un mémoire dans le cadre de la formation de Guides-nature des Collines organisée par l’a.s.b.l. Guides-Nature des Collines A.s.b.l. subsidiée par la Région wallonne - N° agrément : 13/A014 - N° entreprise : 419 382 76 Siège social : Rue Gualbert, 33 à 7540 Kain (commune de Tournai) REMERCIEMENTS « (…) Restent les murs porteurs Des amis en béton, Un frère, une petite sœur, Pour voir à l’horizon Restent les murs porteurs Pour tenir la maison Pour surmonter ses peurs Ou vaincre ses démons (…) De jouer les durs, les cascadeurs, Des souvenirs hauts en couleur De l’utopie d’un monde meilleur De tout ce qu’on a appris par cœur Restent les murs porteurs Pour se couper du vent Pour tenir la longueur Faire face aux tremblements Restent les murs porteurs Pour s’abriter du froid Pour conjurer le malheur Et retrouver sa voie » (Cirillo C.et Calogero) Quelques mots qui prennent pour moi un sens tout particulier au moment de terminer ma formation de Guide-nature des Collines … quelques mots pour dire simplement MERCI pour cette belle aventure entamée il y maintenant près de deux ans, quelques mots pour remercier ceux qui m’ont permis depuis toujours de ne jamais baisser les bras et de croire en demain et quelques mots pour inciter chacun à aller au bout de ses rêves et de ses convictions. A l’heure de boucler ce travail, je me surprends à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et je me rends compte du chemin parcouru depuis ce 3 mars 2012 qui a sonné l’heure de la rentrée pour nous tous, les candidats à cette formation 2012-2014 de Guides-nature des Collines. En entamant cette formation, mes attentes étaient surtout de rafraîchir les connaissances acquises pendant mes études mais qui, avec le temps, s’étaient malheureusement quelque peu évaporées. Au fil des cours et des visites de terrain, j’ai redécouvert ce plaisir d’apprendre, de découvrir sans cesse ce monde qui nous entoure et qui nous réserve tant de belles surprises. Bien que déjà consciente de l’importance de préserver notre environnement, cette formation m’a permis encore d’accroître ma sensibilité environnementale et surtout d’essayer de la transmettre, au moins un peu, aux personnes qui m’entourent. Que dire sinon un immense merci à l’ensemble des professeurs qui nous ont dispensé des cours aussi intéressants les uns que les autres. Merci de leur patience et de leur partage de connaissances. Je tiens toutefois à adresser ici un merci plus particulier à Christine … un sacré « mur porteur » pour la formation dont l’engagement, l’écoute et la disponibilité me rendent admirative. Un merci aussi plus particulier à Christian et Martine qui, en préparation de ma balade, avaient pris de leur temps pour venir me distiller quelques conseils mais aussi et surtout pour leurs merveilleux cours de botanique … des instants à chaque fois riches en découvertes et en enseignement. Merci aussi à Monsieur Nolf d’avoir soutenu mon projet de balade. Et puis, finalement, un chaleureux merci à mes compagnons de route dans cette formation avec une pensée pour Jean qui a, c’est sûr, laissé son empreinte ici bas. Ce fut pour moi un réel plaisir de vous retrouver chaque samedi pour nos après-midi « studieuses » et je garde bien en mémoire les beaux moments et les fous rires partagés. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Remerciements Au fil de cette aventure qui n’a pas toujours été reposante, j’ai aussi eu la chance de pouvoir compter sur le soutien de mon entourage … lui qui m’a toujours soutenue dans mes choix et qui a toujours répondu présent dans les moments plus difficiles. Par ces quelques mots, c’est aujourd’hui à moi de mettre en lumière ces personnes qui me sont si chères. Mon premier merci ira bien évidemment à mes parents qui m’ont offert une enfance que je n’échangerai pour rien au monde. Merci à vous, Maman et Papa, de m’avoir permis de grandir dans un environnement riche et fort de belles valeurs et d’avoir toujours été là à mes côtés dans les bons et moins bons moments de la vie. A l’heure où le temps de la retraite est arrivé pour vous, sachez que je suis fière de chacun de vos parcours et que ceux-ci sont, pour moi, de magnifiques exemples à suivre. Mon second merci, je tenais à le réserver pour toi, Thomas. A l’image d’un grand frère, tu as toujours été là pour me conseiller ou me soutenir. Si la vie nous a fait partager de grands moments de joie mais aussi des moments plus douloureux, elle a surtout permis de tisser entre nous une relation très précieuse à mes yeux. Merci aussi à toi, Virginie et à toi Norah, ma petite filleule adorée … merci de m’avoir simplement apporté chacune à votre manière un soutien inestimable. Merci aussi à toi Céline et à ta petite famille de m’avoir transmis votre appui depuis Charleroi. Merci aussi à mes ‘beaux-parents’ pour l’accueil que vous m’avez réservé dans vos vies et vos cœurs. Et puis, un dernier merci et non le moindre, à mon petit homme adoré. Te dire merci pourrait devenir un vrai roman tellement ta présence à mes côtés a redonné du sens à ma vie … alors, je prendrai juste ces quelques lignes pour te remercier simplement d’être là, de consacrer de ton temps à partager avec moi ma passion pour la nature et de me soutenir à chaque instant. Merci de ta patience et de ta compréhension lors de mes divagations naturalistes à la recherche du petit insecte caché, de la petite plante rare ou de l’oiseau qui chantonne. Pour ces bonheurs que tu m’accordes et pour toutes tes autres qualités, mille mercis et mille ‘je t’aime’. A vous tous, mes « murs porteurs », un immense merci d’être là et d’avoir depuis toujours, et plus que quiconque (et même que moi), cru en moi. Tous ces mercis, pour conclure simplement en soulignant que, comme nous êtres humains, la nature est aujourd’hui en quête de « murs porteurs » … des « murs » porteurs d’idées nouvelles, animés de profondes convictions et soucieux d’accorder à la nature la place qu’elle mérite. Au travers de nos actions et de nos choix, nous sommes tous amenés à endosser ce rôle qui permettra ainsi à notre environnement de « retrouver sa voie ». J’espère que ce travail guidera, qui sait, l’un ou l’autre dans cette voie ! Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Remerciements Table des matières 1 2 Introduction ............................................................................................................................................ 1 1.1 Contexte général et objectifs de ce mémoire ............................................................................... 2 1.2 Structure de ce mémoire .............................................................................................................. 3 Présentation et description du milieu naturel ........................................................................................ 4 2.1 Situation géographique du lieu d’étude ........................................................................................ 4 2.2 Description des sites naturels d’intérêt biologique ‘Bois Lefèbvre’ et ‘Bois d’Assômont’ ............. 5 2.2.1 Description détaillée du ‘Bois Lefèbvre’ ................................................................................... 5 2.2.2 Description détaillée du ‘Bois d’Assômont’ ............................................................................... 7 2.3 3 Description de l’environnement adjacent aux sites d’intérêt biologique ....................................... 9 Le maillage écologique - son rôle, ses atouts et faiblesses au sein de la zone d’étude .................... 25 3.1 Concept de « maillage écologique » .......................................................................................... 25 3.2 Evaluation du maillage écologique existant entre les bois Lefèbvre et d’Assômont .................. 28 3.2.1 Un maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont … pourquoi et pour qui ? ........................................................................................................................................ 28 3.2.2 Etat des lieux de la structure et de la qualité du maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont ......................................................................................................................... 30 4 Recommandations et propositions d’amélioration et de renforcement du maillage écologique reliant les bois Lefèbvre et d’Assômont ......................................................................................................... 54 4.1 Etablissement d’une méthodologie de travail ............................................................................. 55 4.2 Propositions et recommandations générales d’amélioration et de renforcement du maillage écologique .................................................................................................................................. 56 4.2.1 Propositions et recommandations générales vis-à-vis du réseau hydrographique ................ 56 4.2.2 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des espaces arborés et/ou arbustifs (haies, alignements d’arbres, vergers, bosquets ou arbres isolés) ........................................ 62 4.2.3 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des accotements et bords de voiries ...................................................................................................................................... 65 4.2.4 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des zones agricoles gérées extensivement ......................................................................................................................... 68 4.2.5 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des jardins privés .............................. 70 4.3 Exemples d’application de propositions et recommandations visant la restauration du maillage écologique dans l’environnement du hameau de Pironche et dans l’environnement du hameau de la Warloche ............................................................................................................................ 73 4.3.1 Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique à hauteur du Hameau de Pironche .............................................................................................................. 74 Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Tables des matières 4.3.2 Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique pour la zone agricole enclavée entre le bois d’Assômont et le hameau de la Warloche ............................ 83 5 Conclusion générale............................................................................................................................ 91 6 Lexique .................................................................................................................................................... 7 Bibliographie ............................................................................................................................................ 7.1 Références bibliographiques .......................................................................................................... 7.2 Ouvrages consultés via Internet ..................................................................................................... 7.3 Références Internet ........................................................................................................................ Liste des illustrations Illustration 1 : Localisation du site d’étude sur fond IGN ........................................................................ 4 Illustration 2 : Cartographie du SGIB ‘Bois Lefèbvre’. ............................................................................ 5 Illustration 3 : Cartographie du SGIB ‘Bois d’Assômont’. ....................................................................... 8 Illustration 4 : Extrait du plan de secteur au droit de la zone d’étude. .................................................. 21 Illustration 5 : Vue aérienne de la zone d’étude. .................................................................................. 22 Illustration 6 : Vue du réseau hydrographique sur fond d’orthophotoplan. ........................................... 23 Illustration 7 : Carte des aléas d’inondation au droit de la zone d’étude. ............................................. 24 Illustration 8 : Extrait de la carte de Ferraris (1777) pour la zone d’étude............................................ 27 Illustration 9 : Contenu du « pense-malin » distribué dans le cadre de ma guidance d’examen. ........ 72 Illustration 10 : Cartographie des propositions de restauration du maillage écologique dans l’environnement du hameau de Pironche....................................................................... 82 Illustration 11 : Cartographie des propositions de restauration du maillage écologique dans l’environnement de la Warloche et du bois d’Assômont. ............................................... 90 Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Tables des matières 1 INTRODUCTION En ces temps où s’invitent dans notre quotidien les problématiques du réchauffement climatique, de l’érosion de la biodiversité, des multiples pollutions de l’air, de l’eau et des sols ou encore de la banalisation de nos paysages, tout un chacun s’interroge quant à l’avenir de notre bonne vieille Terre et quant à l’héritage naturel que nous lèguerons aux prochaines générations. Au fil des siècles, l’Homme a usé de sa domination, de son intelligence et de son ingéniosité pour façonner et modeler la nature afin qu’elle réponde au mieux à ses nombreux besoins (besoins alimentaires, de confort, d’espace, de bien-être, etc.) mais, comme tendent à le démontrer de plus en plus de scientifiques, par son action l’Homme aurait également enclenché la « sixième grande extinction » des espèces. Ce constat, assez unanimement émis par le monde scientifique, découle de récents bilans dressés en termes de vitesse et d’ampleur d’extinction des espèces - bilans particulièrement alarmants quant à l’importance des menaces qui pèse sur la biodiversité de notre 1 planète Terre et qui soulève elle même des inquiétudes quant à la survie même de l’espèce humaine. Ainsi, comme le disait Stefan Edberg, « Quand l’homme n’aura plus de place pour la nature, peut-être la nature n’aura-t-elle plus de place pour l’homme. ». Aujourd’hui, l’Homme est donc confronté à un nouveau défi de taille, celui de redonner une place à la nature et de lui permettre d’exister au cœur d’une société dominée par le souci de rentabilité et de productivité. Pour faire face à ce défi, l’effort de chacun est requis … chaque pierre portée à l’édifice sera précieuse car comme le dit si bien le proverbe chinois suivant, « Toutes les fleurs de l’avenir sont dans les semences d’aujourd’hui ». De par mon enfance au cœur de la campagne, de par ma formation de bioingénieure et de par mon travail au sein d’un petit bureau d’expertise environnementale, mon parcours de vie m’a toujours amenée à côtoyer la nature, à l’étudier pour tenter de mieux la comprendre, à en déceler la fragilité et à essayer d’en panser les blessures. C’est également cette volonté de toujours mieux appréhender cet univers, parfois minuscule, qui m’entoure, qui m’a poussée à m’engager dans la formation organisée par les Guides-nature des Collines. A l’heure de choisir un sujet de mémoire pour ‘boucler’ cette belle formation, je me suis toutefois sentie un peu perdue au cœur de l’immensité des sujets ayant trait à la nature et à notre beau pays des Collines … il y a tellement à dire et à explorer que le choix d’un fil conducteur s’en trouve parfois bien compliqué ! C’est alors que Christine me relaye le besoin de travailler dans le cadre du Plan Communal de Développement de la Nature de Frasnes-lez-Anvaing sur des propositions de restauration du maillage écologique entre deux sites d’intérêt biologique, le site du Bois Lefèbvre et le site du Bois d’Assômont. Aussitôt proposé … aussitôt adopté … voilà un magnifique sujet qui allie l’utile à l’agréable tout en m’offrant une belle palette de thématiques à aborder - thématiques dont certaines ont été le fil rouge de ma balade d’examen et qui me tiennent depuis toujours à cœur (notamment la diversité et les éléments naturels d’intérêt au cœur des paysages agricoles, etc.). Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de poser le contexte général dans lequel s’inscrit ce mémoire, d’en préciser les principaux objectifs et d’en exposer la structure. 1 Des estimations tendent notamment à indiquer que, sur les espèces étudiées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), près de 36% sont qualifiées de menacées ce qui représente environ 1 mammifère sur 5, 1 oiseau sur 8, un tiers de tous les amphibiens et près de 70% du règne végétal. Parmi les autres constats dressés, nous pouvons mentionner que près de 60% des écosystèmes de la planète ont été dégradés durant les 50 dernières années et que deux tiers des écosystèmes sont sujets à une surexploitation. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 1 Afin de faciliter la lecture et la compréhension du présent, certains termes plus spécifiques sont mieux explicités dans le lexique inséré en fin de document ; ces termes sont accompagnés d’un astérisque (*) lors de leur première apparition. 1.1 Contexte général et objectifs de ce mémoire Le présent mémoire s’inscrit dans le cadre du Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN) de la commune de Frasnes-lez-Anvaing - et plus précisément, dans le cadre de la collaboration de l’a.s.b.l. des Guides-nature des Collines à ce PCDN. Pour rappel, un Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN) est un outil permettant aux communes wallonnes de préserver et de restaurer la biodiversité sur leur territoire tout en y maintenant une dimension de développement économique et social pour l’ensemble de la collectivité. Cet outil repose sur une collaboration étroite et constructive entre un maximum d’acteurs locaux (autorités et services communaux, représentants d’associations naturalistes ou touristiques, représentants de certaines filières professionnelles comme celles du monde agricole, de l’industrie ou de l’artisanat, représentants d’activités de loisirs comme la chasse et la pêche ou encore simples citoyens soucieux de s’investir dans l’avenir de sa commune) lesquels sont encadrés par des experts (notamment un bureau d’études chargé de dresser un état des lieux du patrimoine naturel de la commune). En fonction des affinités des acteurs locaux, des groupes de travail se forment et œuvrent à définir et émettre une série de propositions d’actions concrètes lesquelles seront ensuite compilées par un comité de gestion et intégrées au PCDN - plan qui sera ensuite mis en œuvre après consultation publique, approbation par les autorités communales et signature d’une charte. Depuis l’année 2012, la commune de Frasnes-lez-Anvaing, inclue au cœur du Parc naturel du Pays des Collines, s’est engagée dans l’élaboration d’un PCDN. En sa qualité d’association de défense du patrimoine naturel du Pays des Collines, l’a.s.b.l. Guides-Nature des Collines a pris part aux débats et aux échanges d’idées ; elle a également émis des fiches-actions et, notamment la fiche-action numéro 13 intitulée « A la recherche des zones corridors entre les zones Natura 2000* et les zones de grands intérêts biologiques* ». Cette fiche-action repose sur le fait que, dans son état des lieux du patrimoine naturel frasnois, le bureau d’étude - à savoir l’Unité Biodiversité et Paysage d’Agro-Bio Tech Gembloux ULg - recense la présence de zones Natura 2000 et de grand intérêt biologique lesquelles sont toutefois isolées les unes des autres en raison d’un maillage écologique* discontinu et/ou détérioré qui empêche ou limite les échanges biologiques entre eux et avec leur environnement adjacent. En émettant cette fiche-action, les objectifs visés sont dans un premier temps « de chercher s’il existe des corridors, d’en réaliser un relevé botanique et des espèces animales » et dans le cas où ceux-ci font défaut, de proposer « des alternatives concrètes afin d’aménager de tels corridors essentiels à la biodiversité ». Le présent mémoire va tenter - à sa modeste échelle - de dégager des pistes d’actions en analysant, compilant et, le cas échéant, en complétant les données existantes de manière à cibler les zones où une intervention visant à densifier, restaurer et/ou préserver les couloirs écologiques apparaît requise - et ce, avec toujours en toile de fond à cette réflexion les objectifs définis par la fiche-action n°13 du PCDN de Frasnes-lez-Anvaing. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 2 1.2 Structure de ce mémoire Au terme de cette introduction, le présent document veillera dans un premier temps à dévoiler de manière plus détaillée et précise le cadre naturel de ce mémoire - et ce, en présentant notamment les deux sites visés plus spécifiquement par cette étude (à savoir le Bois Lefèbvre et le Bois d’Assômont) et l’environnement qui les encadre. Une fois le cadre naturel bien cerné et après un rappel explicatif sur l’importance du maillage écologique, nous pourrons alors entamer notre démarche d’étude et de réflexion proprement-dite vis-à-vis du maillage écologique reliant les Bois Lefèbvre et d’Assômont. A ce niveau, nous tenterons de cibler les atouts et les faiblesses de sa structure et de sa composition - et ce, eu égard aux rôles intéressants que ce maillage devrait jouer pour la préservation et/ou l’amélioration de la biodiversité recensée et/ou attendue au sein des Bois Lefèbvre et d’Assômont (et plus globalement, pour la biodiversité au sein du territoire communal frasnois). De par les informations accumulées à ce stade de notre démarche, nous pourrons progressivement définir une série de lignes directrices générales visant à protéger, restaurer et/ou renforcer le maillage écologique intermédiaire aux bois Lefèbvre et d’Assômont. Celles-ci feront, entre autres, références à des guides techniques, s’inspireront éventuellement d’expériences personnelles et/ou s’appuieront sur des retours d’expérience de restauration d’une structure écologique passée. Avec en toile de fond ces lignes directrices générales, nous tenterons ensuite de dresser un canevas d’intervention pour deux zones particulières définies au sein du périmètre global d’étude - périmètre trop étendu que pour pouvoir être abordé précisément dans son entièreté dans le cadre du présent travail. Finalement, ce rapport se clôturera par une conclusion qui synthétisera les éléments intéressants relevés au fil de cette étude et qui ouvrira aussi la porte sur diverses idées nées des cogitations et réflexions ayant jalonné ce travail. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 3 2 PRÉSENTATION ET DESCRIPTION DU MILIEU NATUREL Cette section a pour objectif de présenter succinctement le milieu naturel qui constitue le cadre général de ce mémoire. A cette fin, elle se subdivisera en plusieurs sous-sections : une première sous-section qui s’attachera à localiser géographiquement le lieu d’étude, une seconde qui détaillera les intérêts biologiques des sites ‘Bois Lefèbvre’ et ‘Bois d’Assômont’ - intérêts à l’origine de leur classement sous statuts - et une troisième qui se concentrera sur l’environnement adjacent à ces deux sites d’intérêt. 2.1 Situation géographique du lieu d’étude Comme mentionné précédemment, le périmètre d’étude - objet du présent mémoire - couvre une portion du territoire communal de Frasnes-lez-Anvaing qui englobe les bois Lefèbvre et d’Assômont - deux bois qui s’étirent dans la partie plus orientale de la commune respectivement en direction du nord (avec une extension sur le territoire communal d’Ellezelles) et du sud (avec une petite incursion sur le territoire communal athois). Cette situation du site est perceptible grâce à l’Illustration 1 qui en présente la localisation sur fond de carte IGN. N 1 km Illustration 1 : Localisation du site d’étude sur fond IGN. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 4 2.2 Description des sites naturels d’intérêt biologique ‘Bois Lefèbvre’ et ‘Bois d’Assômont’ La présente section va s’attacher à décrire les caractéristiques et les intérêts des deux sites naturels entre lesquels l’étude du maillage écologique sera réalisée. Les données reprises dans cette section font notamment référence aux informations disponibles dans la banque de données de la biodiversité en Wallonie ainsi qu’à d’autres données intéressantes disponibles par le biais de divers portails 2 cartographiques (Géoportail de la Wallonie, WebGis de la DGATLPE , etc.) 2.2.1 Description détaillée du ‘Bois Lefèbvre’ Couvrant une superficie de 140,68 hectares, le bois Lefèbvre s’étire sur les communes de Frasneslez-Anvaing (pour environ 63,5% de sa superficie) et d’Ellezelles (pour son solde). Sa localisation est présentée par l’Illustration 2. Source : Site de la biodiversité en Wallonie (http://observatoire.biodiversite.wallonie.be/Sites/sgib/Cartesgif/579.gif) Illustration 2 : Cartographie du SGIB ‘Bois Lefèbvre’. 2 Direction Générale opérationnelle de l’Aménagement du Territoire, Logement, Patrimoine et Energie. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 5 Administrativement, ce site est majoritairement repris au plan de secteur (Illustration 4) en zone naturelle avec quelques petites extensions en zone agricole - et ce, avec en surimpression un intérêt paysager. De par les intérêts qu’il renferme, ce site est inclus dans la base de données des sites de grand intérêt biologique (SGIB 579) et est partiellement inclus au sein de la zone Natura 2000 ‘Vallée de la Dendre et de la Marcq’ (BE32005). Ce site naturel s’est développé au cœur d’un paysage relativement vallonné où s’observent de belles alternances géologiques (affleurements ponctuels de sable gréseux d’âge Laekenien sur les sommets, couverture des parties hautes boisées par des sables paniséliens accompagnés d’argilite et de grés qui laissent ensuite place lorsqu’on descend les versants des collines à des niveaux argileux datés de l’Yprésien puis à des niveaux sableux à sablo-argileux yprésiens riches en fossiles ; dépôts alluviaux dans les fonds de vallées ou accumulations de colluvions en bas des pentes). De par l’alternance géologique et le relief tourmenté, des sources et petits suintements y naissent ; ils serpentent alors les versants des collines en direction des plaines alluviales pour finalement converger vers le bassin hydrographique de l’Escaut à l’ouest et vers le bassin hydrographique de la Dendre à l’est. Cette alternance de faciès géologiques et hydriques a permis le développement d’une belle diversité de milieux forestiers : Sur les sommets sablonneux, sont recensées des chênaies acidophiles à bouleaux (association du Querco-Betuletum) et des hêtraies ou chênaies-hêtraies acidophiles (association du Fago-Quercetum) avec une strate herbacée très parsemée au sein de laquelle se rencontrent çà et là des buissons de houx (Ilex aquifolium) et de chèvrefeuille (Lonicera perclymenum) ainsi que des plages de myrtilles (Vaccinium myrtillus) et de bruyères communes (Calluna vulgaris). Les relevés mentionnent également la présence d’une station de bruyère quaternée (Erica tetralix) et d’une station de polygala vulgaire (Polygala vulgaris) en bordure du bois Lefèbvre ; Les versants sont, pour partie, colonisés de taillis riches en châtaigniers (Castanea sativa) et en merisiers (Prunus avium). Les zones de sources forment des suintements acides à sphaignes (Sphagnum sp) et polytriques (Polytrichum sp) accompagnés de bourdaines (Frangula alnus), de bouleaux pubescents (Betula pubescens), de lysimaques vulgaires (Lysimachia vulgaris), de blechnums en épi (Blechnum spicant) et de prêles des bois (Equisetum sylvatica). Progressivement vers le bas des versants, les faciès évoluent vers des hêtraies neutroclines ou des chênaies-charmaies avec en guise de sous-bois, un cortège floristique varié (notamment Hyacinthoides non-scripta, Polygonatum multiflorum, Primula elatior, Circaea lutetiana, Lysimachia nummularia, Vinca minor, Oxalis acetosella, Digitalis purpurea, Adoxa moschatellina, Stellaria holostea, Paris quadrifolia, Anemone nemorosa, Viola reichenbachiana, Viola riviniana, etc.) ; Une ancienne zone de sablière, jadis exploitée au nord du bois, a, au fil du temps, été recolonisée par diverses espèces végétales intéressantes comme la verveine officinale (Verbena officinalis), le mélampyre des prés (Melampyrum pratense) ou encore la petite centaurée (Centaurium erythraea) ; Finalement, dans les zones alluvionnaires, on retrouve des hêtraies riches en frênes (Fraxinus excelsior) et des aulnaies avec leurs strates herbacées associées (notamment Carex pendula, Carex sylvatica, Equisetum telmateia, Caltha palustris, Chrysosplenium oppositifolium, Rumex sanguineus, Lysimachia nemorum, Cardamina amara, Veronica montana, Nasturtium officinale, Alliaria petiolata, etc.). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 6 A côté de ces faciès forestiers, les relevés floristiques renseignent aussi de l’intérêt de la flore messicole observée au sein des terres cultivées adjacentes aux zones boisées. De par leur caractère acide, ces sols permettent ainsi le développement d’espèces intéressantes comme la centaurée bleuet (Centaurea cyanus), le chrysanthème des moissons (Glebionis segetum), la ratoncule naine (Myosurus minimus), le scléranthe annuel (Scleranthus annuus), la camomille puante (Anthemis cotula) ou encore la spargoute des champs (Spergula arvensis). Au cœur de cette belle diversité de milieux et d’habitats, les relevés d’experts relatent la présence d’une belle diversité d’espèces à valeur patrimoniale et/ou intéressantes à l’échelle régionale/nationale. Celles-ci sont synthétiquement reprises, à titre informatif, dans le Tableau 1. Tableau 1 : Synthèse des relevés biologiques dressés pour le Bois Lefèbvre (Source : Fiche SGIB). Type de relevés Espèces recensées Relevé floristique de J.-P. Yernault (1973-1975-1976) Hellébore vert (Helleborus viridis subsp. occidentalis), Miroir de Vénus (Legousia speculum-veneris), Listère à feuilles ovales (Listeria ovata), Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), Sanicle d'Europe (Sanicula europaea). Relevé ornithologique de M. Moncousin Buse variable (Buteo buteo), Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Chouette hulotte (Strix aluco), Hibou moyen-duc (Asio otus), Pic vert (Picus viridis), Pic épeiche (Dendrocopops major), Rossignol (Luscinia megarhyncos), Pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix), Sittelle torchepot (Sitta europaea), Loriot (Oriolus oriolus) et Bouvreuil (Pyrrhula pyrrhula). Relevé de l’herpétofaune de M. de Wavrin Les quatre espèces de tritons belges sont présentes à La Hamaide. La salamandre terrestre (Salamandra salamandra) et l'orvet (Anguis fragilis) sont certainement présents sur le site. Relevé entomologique de M. Bootsen (1973 ; au bois de La Hamaide et en lisière de bois) Scaphidium quadrimaculatum, Hololepta plana, Staphylinus olens, Necrophorus humator, Cetonia aurata, Uleiota planata, Nosodendron fasciculare, Platycis minuta, Chilocorus renipustulatus, Endomychus coccineus, Hydrothassa aucta, Carabus problematicus, Hygrobia tarda, Creophilus maxillosus, Oxyporus rufus, Carabus granulatus. Relevé des lépidoptères par J.-P. Yernault (1975 ; au bois de La Hamaide) Thecla du bouleau (Thecla betulae), Thecla du chêne (Quercusia quercus), Petit sylvain (Liminetis camilla), Robert-le-diable (Polygonia c-album) et Belle-dame (Vanessa cardui). Relevé mycologique par Dr P. Meerts (1976) Boletus elegans, Russula venosa, Russula rosea, Lactarius glycyosmus, Lactarius rufus, Mycena epipterygia, Cortinarius paleaceus qui sont peu courants dans la région; de Boletus fellens qui est rare dans la région et de Pluteus pellitus, espèce rarissime et du plus haut intérêt. Relevé (ptéridophytes spermatophytes) Intéressant à l'échelle régionale : Blechnum spicant - Potentilla erecta - Carex pendula - Cardamine amara - Hypericum humifusum - Vaccinium myrtillus - Paris quadrifolia - Ilex aquifolium - Betula pubescens - Digitalis purpurea Chrysosplenium oppositifolium - Calluna vulgaris - Convallaria majalis. Très intéressant à l'échelle régionale : Dactylorhiza maculata - Listera ovata Carex demissa - Erica tetralix (se trouve dans l'annexe B des plantes protégées) Equisetum sylvaticum - Helleborus viridis - Tamus communis - Polygala vulgaris Sanicula europea - Chrysantemum segetum - Scleranthus annuus - Viola reichenbachiana - Maianthemum bifolium - Hypericum pulchrum - Centaurium erythraea - Succisa pratensis - Melampyrum pratense. Très intéressant à l'échelle nationale : Myosorus minimus - Anthemis cotula Legousia speculum-veneris - Osmunda regalis - Drosera rotundifolia 2.2.2 botanique et Description détaillée du ‘Bois d’Assômont’ A cheval sur les territoires communaux de Frasnes-lez-Anvaing et d’Ath, ce massif forestier s’étend sur environ 55,85 hectares. Comme le montre sa cartographie présentée par l’Illustration 3 ; il est Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 7 attenant au bois à Choques (rencontré dans sa continuité nord-est). Au plan de secteur, ce site est repris en zone forestière (Illustration 4). Source : Site de la biodiversité en Wallonie (http://observatoire.biodiversite.wallonie.be/Sites/sgib/Cartesgif/569.gif) Illustration 3 : Cartographie du SGIB ‘Bois d’Assômont’. Cet ensemble boisé occupe, comme le bois Lefèbvre, un sommet de la chaîne des Collines dont les versants offrent une succession géologique intéressante permettant la genèse et l’écoulement de sources ainsi qu’une diversification des faciès forestiers en présence. Les sommets sableux sont occupés par une chênaie-hêtraie acidophile (association du Fago-Quercetum) en mélange avec certaines espèces secondaires (Betula pendula, Sorbus aucuparia) ou introduites (Prunus serotina, Castanea sativa) et ornée d’un sous-bois (Pteridium aquilinum, Rubus sp., Lonicera periclymenum, Teucrium scorodonia). En descendant le long des versants, une végétation plus neutrocline s’installe avec un mélange d’hêtraie (habitat Corine 41.1322) et de chênaie-charmaie accompagnée ou non d’un sous-bois de jacinthes des bois (Hyacinthoides non-scripta), d’une strate arbustive (Corylus avellana, Acer pseudoplatanus, Fraxinus excelsior, Viburnum opulus, Crataegus monogyna, Sambucus nigra) et d’une strate herbacée (Scrophularia nodosa, Lamium maculatum, Circaea lutetiana, Polygonatum multiflorum). Dans les fonds de vallées et notamment, en bordure du rieu de la Warloche, une aulnaie-frênaie (habitat Waleunis G1.211) forme un cordon rivulaire relativement bien préservé avec une couverture herbacée bien caractéristique et riche en espèces (Carex sp., Arum Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 8 maculatum, Viola reichenbachiana, Polygonatum multiflorum, Circaea lutetiana, Chrysosplenium oppositifolium, Lysimachia nummularia, Oxalis acetosella, Athyrium filix-femina). De par les relevés opérés au sein de ce site, il apparaît que le site accueille l’avifaune forestière locale de par sa continuité avec les autres massifs forestiers de la chaîne des Collines. Une observation mentionne en outre la présence d’un couple d’éperviers (Accipiter nisus) au niveau du massif de mélèzes surplombant la ‘Fosse Margot’. Les amphibiens de la région - tels que Rana temporaria, Salamandra salamandra, Triturus alpestris, Triturus helveticus, Triturus vulgaris - doivent également y trouver un lieu de vie propice tout comme l’orvet fragile (Anguis fragilis). Des relevés faunistiques indiquent la présence du chevreuil (Capreolus capreolus), de l'hermine (Mustela erminea), de la belette (Mustela nivalis), du putois (Putorius putorius), du lièvre (Lepus canensis) et du renard (Vulpes vulpes). 2.3 Description de l’environnement adjacent aux sites d’intérêt biologique De par leur situation au cœur de l’agro-région des bas-plateaux limoneux hennuyers et plus particulièrement, au cœur des Collines du Hainaut, les sites du ‘Bois Lefèbvre’ et du ‘Bois d’Assômont’ s’inscrivent dans une aire paysagère typique rythmée par un relief assez vallonné. L’occupation du sol y est dominée par les terres de cultures et les parcelles herbagères exploitées par l’agriculture. Cà et là, ce paysage agricole relativement ouvert laisse la place à des massifs boisés, plus ou moins étendus et ce, notamment le long des versants les plus accentués des collines ou au droit de sols moins aptes à la culture. Dans les creux de vallées, se rencontrent de petits cours d’eau qui serpentent au travers des étendues agricoles et les garnissent de fins cordons rivulaires (là où ceux-ci ont été préservés dans le temps). L’habitat se retrouve dispersé au cœur de ce paysage ; il prend ainsi la forme de constructions isolées (notamment des fermes), de petits hameaux ou de villages. En marge de ce bâti, un réseau routier local a également été aménagé lequel traverse les éléments paysagers en vue d’assurer les connexions locales et régionales nécessaires. A l’image de ce paysage caractéristique du Pays des Collines, l’espace s’étirant entre le ‘Bois Lefèbvre’ et le ‘Bois d’Assômont’ s’organise autour de plusieurs composantes : une composante agricole, une composante forestière, une composante ‘eau de surface’ et une composante urbanisée. La composante agricole offre une alternance de parcelles cultivées (céréales, betteraves, maïs, pommes de terre, ray-grass ou cultures industrielles) et de prairies pâturées qui s’assemblent selon un maillage relativement géométrique dont les lignes de force sont parfois rehaussées par la présence d’éléments paysagers linéaires (haies, alignements d’arbres, talus, etc.). Au fil des saisons et de l’évolution des cultures, ces espaces se colorent de belles palettes de teintes et rythment nos perspectives paysagères. Au sein de notre périmètre d’étude comme à l’échelle communale, cette composante revêt une importance particulière de par la superficie qu’elle occupe et/ou qui lui est affectée. Par le biais de l’extrait du plan de secteur présenté par l’Illustration 4, on perçoit aisément la vocation largement agricole des territoires concernés par la présente étude au travers de la dominante de jaune affichée par ce plan - couleur dévolue aux zones agricoles. Cette domination se reflète aussi dans les statistiques d’occupation des sols puisque les plans de secteur des communes de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ellezelles et d’Ath prévoient une affectation agricole pour respectivement près de 82%, 83% et 77% de leurs territoires respectifs. Si, comme Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 9 ailleurs notre agriculture régionale a évolué vers des pratiques qualifiées de plus intensives dans un souci de production alimentaire et de rentabilité, elle n’en a pas moins gardé une dimension relativement humaine avec une majorité d’exploitations à taille familiale qui restent liées au sol*. Cette particularité combinée aux faciès paysagers du Pays des Collines marque d’une manière assez particulière notre territoire en y découpant des parcelles de taille modérée où s’appliquent les rotations culturales et au sein desquelles sont encore préservés, çà et là, certains éléments naturels intéressants pour la biodiversité comme les haies, les alignements d’arbres - et notamment d’arbres têtards -, les cordons rivulaires arborés et arbustifs, les arbres isolés, les anciens vergers hautes-tiges, les mares, etc. Au niveau de l’organisation spatiale, les prairies qui couvrent environ un tiers des étendues agricoles, se retrouvent essentiellement dans les zones plus humides de fond de vallées, sur les versants escarpés à forte pente ou en marge des exploitations agricoles laissant ainsi aux cultures les autres espaces plus aptes aux travaux mécaniques et plus aisément accessibles pour les engins agricoles (semis printaniers, récoltes automnales). Dans cette gestion de leurs cultures, les agriculteurs locaux ont également adopté, de manière progressive et grâce à l’appui de certaines réformes de la politique agricole commune, le programme de mesures agri-environnementales - programme qui promeut pour rappel un ensemble de « méthodes de production agricole compatibles avec les exigences de la protection de l’environnement ainsi que l’entretien de l’espace naturel » (Règlement CEE n°2078/92). A l’échelle des communes de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ellezelles et d’Ath, les dernières statistiques estiment qu’entre 30 à 40% des agriculteurs participent à ce programme (source : DGA-FIA MAE ; 2006) avec un attrait plus particulier pour la mesure visant la couverture hivernale des sols, pour les mesures relatives aux tournières enherbées et pour les mesures destinées à la préservation des éléments du réseau écologique et du paysage. Dans ce souci d’intégrer toujours plus l’environnement au cœur des productions agricoles, notons également le choix opéré par quelques agriculteurs d’une conversion vers l’agriculture biologique et/ou d’un engagement dans des filières de diversification agricole. Ces choix restant marginaux, les étendues agricoles gérées dans ces optiques plus extensives ne représentent dès lors encore qu’une très faible portion du territoire agricole régional. La composante forestière englobe des étendues, de tailles variables, parsemées çà et là au sein des espaces agricoles ; elle occupe essentiellement les sommets des collines mais se retrouve aussi sur des terrains soustraits à l’agriculture pour divers motifs (terrains trop humides, mauvaises qualités agronomiques des sols, profils escarpés, etc.). Entre les bois Lefèbvre et d’Assômont, les zones forestières se font relativement rares et tendent à se concentrer dans les environs de la Warloche et de Longbonne. Cette situation est d’ailleurs assez bien visible au travers des Illustrations 4 et 5. Aux abords de ces lieux-dits, on recense notamment un massif boisé de feuillus couvrant environ 24 hectares dans le prolongement méridional du Bois Lefèbvre mais aussi de plus petites étendues boisées (de quelques hectares à moins d’un hectare de superficie) disséminées dans les paysages. En parcourant rapidement ces zones forestières, on y recense une diversité de milieux et d’habitats d’intérêts variables comme notamment des peupleraies plantées dans des fonds humides ou en terrains pentus, des petits bosquets de feuillus établis sur de petits espaces escarpés ou encore quelques espaces boisés mixtes de feuillus et conifères (notamment le long de la rue de Warloche). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 10 La composante ‘eau de surface’ fait ici référence aux nombreux ruisseaux (classés et repris ou non à l’atlas des cours d’eau non navigables) serpentant notre campagne ainsi qu’aux quelques plans d’eau encore persistants au sein de celle-ci. Comme expliqué précédemment, les collines sur lesquelles s’étirent les Bois Lefèbvre et d’Assômont constituent une limite naturelle entre le sousbassin hydrographique de l’Escaut vers l’ouest et le sous-bassin hydrographique de la Dendre à l’est. Dans la zone qui nous occupe plus particulièrement pour la présente étude, nous relevons à l’ouest d’un axe reliant les Bois Lefèbvre et d’Assômont la présence de nombreux petits ruisseaux, dont notamment : le rieu de la petite Arbatte, le rieu Baptiste Bourlet, le rieu de Barbimfosse, le rieu du bois de Buissenal qui s’écoulent le long des versants occidentaux des collines abritant le bois Lefèbvre et le massif boisé de la Warloche pour se jeter dans le rieu de Pironche (cours d’eau de seconde catégorie) ; le rieu du fond Severin, le rieu Willocq, le rieu du Quesnoy et le rieu du Marais qui ème viennent chacun grossir la Warloche (cours d’eau de 3 catégorie) qui trouve sa source dans le bois d’Assômont et qui s’écoule selon une orientation nord-ouest pour rejoindre le rieu de Pironche ; ainsi que nombre de petits cours d’eau non classé par l’atlas des cours d’eau non navigables qui alimentent le sous-bassin hydrographique de l’Escaut. En ce qui concerne les éléments du sous-bassin hydrographique de la Dendre, ceux-ci se recensent à l’est de l’axe reliant les bois Lefèbvre et d’Assômont et il s’agit plus précisément de 3 cours d’eau non repris à l’atlas qui affluent vers Le Trimpont et le ruisseau de Rotteleur à savoir ème deux cours d’eau de 3 catégorie dont le cours s’étire vers l’est en direction de la Dendre. En analysant plus en détails les données disponibles sur ces cours d’eau via les portails cartographiques, plusieurs constats peuvent être dressés : Prenant leur source, pour la plupart, au cœur de massifs boisés, ceux-ci présentent une bonne qualité physico-chimique qui va progressivement s’altérer au fur et à mesure que ces cours d’eau avancent dans les terrains anthropiques et reçoivent les eaux de leurs affluents. Bien qu’aucune station de mesures de la qualité physico-chimique et/ou biologique ne soit présente sur les petits rieux affluents du rieu de Pironche, Le Trimpont et le rieu de Rotteleur, les indices de qualité annoncés pour les ruisseaux desquels ils sont les affluents (notamment les indices de moyennes à très mauvaises émis pour la Rhôsnes) ne sont guère rassurants ; ils tendent en effet plutôt à confirmer un enrichissement des eaux de surface en diverses substances polluantes (notamment des substances azotées, des nitrates, des matières organiques ou encore des matières phosphorées) au long de son tracé ce qui constitue, par voie de conséquence directe, un frein à une bonne qualité biologique. La densité relativement importante des cours d’eau au sein de la zone d’étude ainsi que le tracé suivi par ceux-ci forment une trame très intéressante en termes de maillage écologique et ce, notamment vis-à-vis des espaces agricoles qu’ils sillonnent. En outre, en observant plus attentivement les vues aériennes disponibles pour la zone d’étude, on peut 3 Au sud-est du Bois d’Assômont, on identifie également le ruisseau de ‘la Blanche’ et ses affluents. Ceux-ci ne sont toutefois pas repris dans la présente étude car leur tracé s’écarte fortement de la zone d’intérêt concernée par la présente. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 11 distinguer en marge des tracés de cours d’eau la présence de cordons de végétation qui tendent à renseigner de la préservation, au moins partielle, d’une ripisylve le long du réseau hydrographique local ; Le lit mineur des cours d’eau observés dans la zone d’étude présente une emprise latérale relativement limitée (de quelques mètres généralement) délimitée par des berges naturelles assez abruptes et faiblement aménagées (présence de murets pour consolider et stabiliser les berges au niveau d’ouvrages d’art, renforcement de bas de berges par des palissades en bois maintenues par des pieux, etc.). L’absence de stations limnimétriques dans la zone d’étude ne nous permet pas de donner d’informations précises quant aux débits d’écoulements. Toutefois, par le biais de la carte des aléas d’inondation (Illustration 7) qui délimite des zones dans lesquelles des inondations sont susceptibles de se produire par débordement « naturel » du cours d’eau, nous constatons que les terrains avoisinants les lits mineurs des cours d’eau locaux peuvent être sujets à inondations et ce, avec une valeur d’aléa d’inondation* faible exception faite à la confluence de la Warloche et du rieu de Pironche où des valeurs d’aléa moyenne à élevée sont renseignées. Ces zones sujettes à inondations plus ou moins fréquentes couvrent majoritairement des étendues agricoles mais englobent également certains terrains bâtis et l’emprise d’infrastructures publiques. La dernière composante à présenter est celle directement liée à l’urbanisation du territoire pour nos besoins de logements, de bien-être ou encore de communications. Avec des statistiques communales estimant des densités de population de l’ordre de 100 à un peu plus de 200 habitants/km² et des densités d’infrastructures routières atteignant un peu plus de 3,0 ou 4,0 km/km², les territoires communaux de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ellezelles et d’Ath présentent un degré d’urbanisation relativement faible. L’habitat s’organise en villages et hameaux densément bâtis en marge desquels s’élèvent quelques bâtisses isolées (principalement des exploitations agricoles), l’ensemble étant connecté par un réseau routier de voiries essentiellement communales (voire quelques routes régionales et autoroutes). Au sein de notre périmètre d’étude, on retrouve chacun de ces éléments urbanisés avec : Le village de Buissenal, quelques hameaux (notamment les hameaux des Papins, de Pironche, de la Warloche, de Longbonne, du Grand-Vivier, d’Hurtebise, du Haut Breucq, etc.), quelques cordons bâtis en bordure de voiries (notamment le long de la N529) et quelques demeures isolées ; Le réseau routier local comprenant la nationale N529 (voirie qui relie l’agglomération tournaisienne et la commune de Lessines en passant par nombre de villages dont celui de Frasnes-lez-Buissenal et en traversant le bois Lefèbvre) et de nombreuses voiries communales desservant le village de Buissenal ainsi que les hameaux et habitations isolées précités. Bien que soumis à des modifications anthropiques et à l’urbanisation, ces espaces restent toutefois verdoyants grâce aux jardins qui encadrent les habitations (majoritairement des habitations unifamiliales à quatre façades avec terrain attenant) et aux espaces enherbés qui bordent les voiries. Ces dernières ayant été aménagées au cœur d’un paysage vallonné, elles suivent et s’insèrent dans ce relief en créant çà et là des talus qui s’élancent en contrebas ou en contrehaut des assises routières. Au sujet de ces espaces urbanisés et de leurs abords, notons l’adhésion des Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 12 communes de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ath et d’Ellezelles aux opérations ‘bords de route - fauchage tardif’ et ‘combles et clochers’. Nous reviendrons plus en détails sur les points d’intérêt de ces diverses composantes dans la suite du présent et notamment, dans la section 3.2.2 consacrée à un état des lieux détaillé de la structure et de la qualité du maillage écologique au sein du territoire visé par la présente étude. Toutefois, d’ici là et afin de permettre au lecteur de déjà s’imprégner des spécificités paysagères de la zone d’étude, nous lui proposons ci-après quelques prises de vue caractéristiques de l’espace situé entre les Bois ‘Lefèbvre’ et d’’Assômont’. Vues des paysages bordant la lisière occidentale du bois Lefèbvre. Dans cet espace, on retrouve des étendues agricoles cultivées et des prairies, accessibles via un petit chemin de terre. En marge et/au sein de ce parcellaire serpente le ruisseau de Pironche encore garni d’une belle ripisylve. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 13 Vues du hameau de Pironche et de son environnement agricole et boisé. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 14 Vues des petits hameaux isolés le long des rues de Pironche et du Bas Pré (axe reliant les hameaux de Pironche et de la Warloche). Prises de vue de l’environnement agricole encadrant la rue Boctiaumutte. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 15 Prises de vue de l’environnement agricole encadrant la rue Grand Vivier. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 16 Prises de vue du canevas paysager encadrant le hameau de la Warloche Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 17 Prises de vue de l’environnement bordant les rues Longbonne, Beausoir et Croisissart. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 18 Prises de vue du village de Buissenal et de ses abords paysagers Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 19 Prises de vue de l’environnement rencontré en périphérie septentrionale du bois d’Assômont (environnement encadrant les rue Haut-Breucq et le chemin Placette). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 20 Bois Lefèbvre Bois d’Assômont Zones d’affectation : Habitat N 1 km Habitat à caractère rural Activité économique industrielle Périmètres de protection : Agricole Intérêt culturel, historique ou esthétique Forestière Intérêt paysager Espaces verts Réservation Naturelle Parc Eau Limites administratives : Secteurs d’aménagement (1978) Source : WebGis DGATLPE. Illustration 4 : Extrait du plan de secteur au droit de la zone d’étude. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 21 Bois Lefèbvre Bois d’Assômont N Source : Google Earth. Illustration 5 : Vue aérienne de la zone d’étude. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 22 Bois Lefèbvre Bois d’Assômont Catégorie des cours d’eau non navigables Non classé 3 ème catégorie 2 ème catégorie RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR N 600 m Source : Application Internet - Atlas CENN Illustration 6 : Vue du réseau hydrographique sur fond d’orthophotoplan. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 23 Bois Lefèbvre Bois d’Assômont Valeurs de l’aléa d’inondation Faible RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR N 600 m Moyenne Elevée Source : CIGALE Internet Illustration 7 : Carte des aléas d’inondation au droit de la zone d’étude. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 24 3 LE MAILLAGE ÉCOLOGIQUE - SON RÔLE, SES ATOUTS ET FAIBLESSES AU SEIN DE LA ZONE D’ÉTUDE Dans le prolongement de la section précédente qui s’est attachée à décrire succinctement l’environnement naturel au sein duquel s’insère cette étude, la présente section va cibler plus spécifiquement le maillage écologique y présent. Après avoir redéfini ce concept et en avoir rappelé l’importance au sein de nos paysages, nous tenterons d’évaluer la place du maillage écologique au sein de la zone d’étude et d’en dégager les atouts et faiblesses eu égard aux intérêts écologiques des sites naturels des Bois Lefèbvre et d’Assômont - constats au départ desquels nous pourrons entrevoir des pistes de restauration et d’amélioration possibles. 3.1 Concept de « maillage écologique » En observant la nature qui nous entoure, nous constatons que la majorité des espèces ont besoin d’habitats spécifiques et de ressources variées pour réaliser leur cycle de vie et/ou, tout simplement, pour vivre au fil des jours et des saisons. Citons comme exemple, certains insectes comme certaines espèces de sauterelles dont les larves se développent dans les sols et dont les individus adultes vivent dans les couverts herbacés et buissonnants, les amphibiens qui ont une vie larvaire aquatique et une vie adulte terrestre ou encore, les chauves-souris qui, outre leurs gîtes estivaux, apprécient les zones bocagères pour chasser. Le maintien d’une biodiversité riche et intéressante passe donc obligatoirement par la coexistence, au sein de notre environnement, d’habitats variés qui satisfont aux multiples exigences spécifiques et qui constituent par définition le « réseau écologique ». Le réseau écologique est donc à considérer comme un ensemble de milieux de vie où (co)habite(nt) une ou nombre d’espèces ; il se décompose assez classiquement en trois types de zones : des zones centrales, des zones de développement écologique et des zones de liaison. Les zones centrales, aussi appelées zones de protection de la nature, sont des zones reconnues comme étant d’intérêt biologique et dans lesquelles la conservation de la nature constitue une priorité par rapport aux autres fonctions. Sont ainsi notamment considérés comme zones centrales des sites faisant l’objet d’un classement comme réserve naturelle, site Natura 2000, sites de grand intérêt biologique, zones humides d’intérêt biologique, etc. A côté de ces zones centrales, on identifie des zones de développement écologique. Il s’agit de zones au sein desquelles une valeur écologique et une capacité d’accueil peuvent être maintenues parallèlement à une exploitation anthropique. C’est le cas par exemple, de forêts gérées de manière raisonnable, des vergers hautes-tiges, des prairies naturelles, etc. Ces zones de développement peuvent venir encercler certaines zones d’intérêt et faire ainsi office de zones tampons. Et puis finalement, on retrouve en guise de passerelles entre ces zones centrales et de développement écologique, les zones de liaison qui reposent sur un ensemble d’éléments naturels, ponctuels ou linéaires, permettant aux espèces de se déplacer d’un milieu à l’autre ou de s’abriter temporairement. Parmi les zones de liaison, on retrouve des arbres isolés, des alignements d’arbres, des haies, des bosquets, les berges de cours d’eau, les bords des routes, des plans d’eau, etc. La trame formée par ces différents éléments forme ce qu’on appelle le maillage écologique. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 25 Que ce soit par le biais de l’urbanisation croissante et/ou de l’intensification des pratiques agricoles et sylvicoles, le réseau écologique a beaucoup souffert des activités anthropiques … les espaces qualifiables de zones centrales se sont progressivement effacés de nos paysages pour ne plus en occuper que de faibles pourcentages et les zones de liaison ont elles aussi été peu à peu gommées pour ne plus former qu’une trame discontinue au travers des territoires. Cette érosion progressive des éléments constitutifs du réseau écologique se reflète par le biais de quelques statistiques marquantes. Ainsi, sur les quelques 10.000 mares recensées jadis au cœur de nos paysages wallons, beaucoup d’entre elles ont disparu au fil des dernières décennies pour atteindre dans les années 1980 une densité moyenne d’environ une mare par km² - densité qui s’est depuis lors encore amoindrie. Cette diminution est également constatée pour les vergers hautes-tiges qui ne s’étendent aujourd’hui plus que sur quelques centaines d’hectares alors qu’il y a 60 ans, ils en couvraient plus de 20.000 à l’échelle de la Wallonie. Outre ces quelques statistiques, la consultation d’anciennes cartographies permet aussi de bien percevoir l’appauvrissement du réseau écologique et, plus particulièrement, du maillage écologique. Pour notre zone d’étude, un coup d’œil, même rapide à la carte de Ferraris (Illustration 8), permet de bien cerner l’évolution qu’a subie cette portion de territoire au cours des ème derniers siècles. Au travers de cette cartographie ancienne datant de la fin du XVIII siècle, force est de constater que notre territoire d’étude était nettement plus garni en éléments paysagers naturels et qu’une plus grande connectivité unissait ceux-ci. Ainsi, si on analyse cette carte un peu plus en détails, on remarque prioritairement que les zones boisées dominaient plus largement l’espace ; celles-ci s’étiraient tout au long des sommets des collines de sorte qu’à cette époque les bois Lefèbvre (jadis nommé bois d’Oedenghien et bois de La Hamaide) et d’Assômont (orthographié bois d’Assaumont) étaient en connexion via un massif boisé de hautes futaies (massif englobant notamment le bois de Buissenal) dont il subsiste encore aujourd’hui quelques reliques au niveau du hameau de la Warloche. En périphérie de ces zones boisées, les étendues agricoles se révélaient parcourues de haies qui formaient entre elles un quadrillage assez dense délimitant à l’époque aussi bien les prairies que les terres de cultures. Ces haies se prolongeaient également largement en bordure des voiries, tout en laissant la place, çà et là aux abords de portions de voiries plus linéaires, à des alignements d’arbres conférant à ces endroits des allures de drèves (par exemple, au hameau de Pironche). Les haies étaient aussi fortement utilisées pour délimiter les propriétés bâties ; elles cloisonnaient ainsi les parcelles privées qui se composaient, de manière quasiment généralisée, d’une habitation bordée d’un jardin orné d’arbres ou de vergers. Cette ancienne cartographie met aussi bien en évidence l’occupation des fonds de vallée par des prairies et l’encadrement des ruisseaux par des alignements d’arbres. Un dernier élément souligné par la consultation de cette carte de Ferraris est la présence de quelques sentiers qui traversaient les parcelles agricoles offrant ainsi des accès aux terres de cultures et/ou à des propriétés plus isolées. Tous ces éléments agencés au cœur de nos paysages constituaient à l’époque un réseau écologique assez complet au sein duquel pouvaient s’identifier des zones centrales relativement vastes occupant des espaces peu accessibles ou difficilement exploitables, des zones de développement écologique couvrant les espaces exploités de manière extensive à l’époque et un maillage écologique dense répondant à certains besoins particuliers (haies servant de clôtures pour les prairies et de protection vis-à-vis des cultures, mares assurant l’abreuvement du bétail, production fruitière pour de l’artisanat local, etc.). En parallèle à la ème révolution industrielle qui a amorcé, courant du XIX siècle, de profondes mutations au cœur de notre société (passage vers une société commerciale et industrielle, mécanisation et intensification des pratiques agricoles, urbanisation et besoins en infrastructures croissants), ce réseau écologique s’est progressivement égratigné - et, avec lui, la biodiversité qu’il accueillait. A la lumière de ce passé, Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 26 des besoins sociétaux et des objectifs environnementaux actuels et futurs, nous allons tenter, dans la section suivante, de dresser un état des lieux de la situation écologique actuelle dans notre zone d’étude en ciblant plus spécifiquement le maillage écologique. N 1.000 m Source : WalOnMap Illustration 8 : Extrait de la carte de Ferraris (1777) pour la zone d’étude. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 27 3.2 Evaluation du maillage écologique existant entre les bois Lefèbvre et d’Assômont Comme défini ci-avant, le maillage écologique repose sur une combinaison cohérente de milieux offrant aux espèces locales des lieux de vie, des zones de refuge temporaire, des garde-mangers ou encore, des corridors de transit et de déplacement. De par les exigences propres à chaque espèce, pour être intéressant et fonctionnel, un maillage écologique doit englober une diversité de milieux qui s’accorde aux multiples préférences spécifiques. Pour dresser un état des lieux du maillage écologique existant entre les bois Lefèbvre et d’Assômont, nous allons tout d’abord essayer de dégager les rôles et/ou objectifs auxquels il devrait satisfaire eu égard à la biodiversité locale observée et/ou attendue au droit et aux abords de ces deux sites d’intérêt reconnu. Avec cette réflexion en toile de fond, nous tenterons ensuite de cibler les éléments de la trame paysagère à considérer comme éléments constitutifs du maillage écologique. Pour chacun de ces éléments, nous veillerons à en pointer les atouts et les faiblesses de manière à dégager des pistes de réflexion pour le chapitre suivant consacré aux propositions d’amélioration et de restauration du maillage écologique actuel. 3.2.1 Un maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont … pourquoi et pour qui ? En référence aux descriptions présentées aux sections 2.2.1 et 2.2.2, les deux sites étudiés des bois Lefèbvre et d’Assômont révèlent des faciès d’habitats assez similaires qui se sont développés au gré de la topographie et de la géologie locales. Ces étendues forestières alternent ainsi, des sommets des collines vers les fonds de vallées, entre des chênaies-hêtraies acidophiles (en mélange), des hêtraies neutroclines ou des chênaies-charmaies et des forêts alluviales dominées par le frêne et l’aulne. De par cette palette d’habitats boisés, ces sites apparaissent particulièrement accueillants pour l’avifaune locale comme le démontrent des relevés d’experts (notamment de Monsieur Moncousin) qui attestent de l’observation d’une belle diversité d’espèces (notamment la buse variable, le faucon crécerelle et l’épervier d’Europe pour l’ordre des Accipitriformes ; la chouette hulotte et l’hibou moyen-duc pour l’ordre des Strigiformes ; les pics verts et épeiches chez les piciformes et nombre de passeriformes comme le rossignol, le pouillot siffleur, la sitelle torchepot, le loriot et le bouvreuil, etc.). Outre cet accueil de l’avifaune, ces sites regorgent également d’autres intérêts vis-à-vis notamment de l’herpétofaune (mention des quatre espèces de tritons belges, de la salamandre terrestre et de l’orvet fragile), de l’entomofaune (observations intéressantes au niveau des lépidoptères, des xylophages, des insectes nécrophages et de coléoptères) et de mammifères. De plus, les relevés botaniques effectués par des experts renseignent également, et ce plus particulièrement pour les terres de culture bordant le bois Lefèbvre, de la présence d’une flore messicole particulièrement intéressante. A la lumière de cette biodiversité abritée au cœur des bois Lefèbvre et d’Assômont revêtant ainsi le statut de zones centrales (au moins pour les portions les plus intéressantes et préservées de leur superficie), il apparaît que le maillage écologique devra satisfaire aux exigences de ces espèces, localement observées et/ou espérées au regard des habitats présents, afin de constituer un trait d’union favorable aux brassages génétiques des populations entre ces deux sites et, éventuellement, de permettre à ces populations existantes de s’étendre et de recoloniser de nouveaux espaces. Toutefois, comme évoqué précédemment, les exigences d’une espèce sont parfois bien éloignées de celles d’autres espèces en raison des divergences de régimes alimentaires, de modes de vie, de moyens de locomotion, de techniques de chasse qui existent au sein du règne animal. De par ces Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 28 divergences de besoins, un maillage écologique ne peut prétendre intégrer la totalité des exigences spécifiques requises par la biodiversité locale mais il peut, par contre, être évalué et réfléchi eu égard notamment aux exigences de certaines espèces qualifiées d’ « espèces-parapluie ». Ce concept d’ « espèces-parapluie » vise des espèces dont les besoins écologiques et/ou les espaces vitaux recoupent ceux de nombreuses autres espèces ; dans ce contexte, la mise en œuvre de mesures visant à préserver et/ou renforcer les effectifs de ces populations d’espèces-parapluie aura des répercussions positives sur un plus large éventail d’espèces y associées. En complément à ces espèces dites parapluie, d’autres espèces peuvent aussi servir de références car elles nous renseignent sur l’état général d’un milieu et/ou sur un aspect particulier de l’environnement. Au niveau de notre zone d’étude, les intérêts écologiques des sites combinés à des informations puisées dans des littératures scientifiques nous invitent à étudier le maillage écologique sous l’œil des quelques espèces et groupes d’espèces suivantes : le martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) - Reconnaissable à sa silhouette caractéristique (corps court et trapu surmonté d’un tête se prolongeant par un long bec) et à son plumage éclatant (reflets bleus métalliques et orangées), ce petit oiseau constitue un bon indicateur de la qualité de nos cours et plans d’eau, de par sa sensibilité vis-à-vis de la qualité physicochimique et écologique de l’eau et vis-à-vis de l’état des berges et de la ripisylve ; le triton crêté (Triturus cristatus) - Cette espèce est la plus grande des quatre espèces observables en Région wallonne et également la plus exigeante dans son choix d’habitats ce qui fait d’elle un excellent indicateur de la qualité du réseau d’eaux de surface stagnantes au sein des plaines agricoles ouvertes et de la structure paysagère de celles-ci ; les chauves-souris ou chiroptères - Strictement protégées par nos législations en matière de conservation de la nature et considérées, pour certaines, comme espèces de référence pour la désignation des sites Natura 2000, nos chauves-souris ont un cycle de vie qui les invite à parcourir une diversité d’habitats bien spécifiques (gîtes d’été, sites de swarming, gîtes d’hibernation, terrains de chasse, etc.) et à en faire de bons indicateurs de la biodiversité locale ; les papillons et les insectes pollinisateurs (avec l’abeille, en qualité d’espèce-parapluie) - De par leurs liens, parfois très spécifiques, avec la flore locale, les groupes des papillons et des insectes pollinisateurs se trouvent directement amoindris par des interventions induisant une banalisation du cortège floristique présent au cœur de nos paysages ; ils sont donc de judicieux reflets de la richesse botanique ; l’avifaune de nos champs - Avec comme groupes parapluie d’une part, la perdrix grise (et espèces nicheuses associées) et d’autre part, les passereaux hivernants - Avec des effectifs en nette diminution, l’avifaune, et plus particulièrement les oiseaux nichant au sol, paient un lourd tribu par rapport aux pratiques agricoles plus intensives et leurs populations constituent un bon indicateur de qualité des habitats en zone agricole ; les rapaces, diurnes et nocturnes - De par leur situation en sommet de chaine alimentaire, les rapaces constituent de bons évaluateurs de la biodiversité constituant leur régime alimentaire (notamment les petits rongeurs, les petits oiseaux voire les reptiles, les batraciens et les insectes) et permettant donc leur installation au droit d’un territoire. Avec en toile de fond les exigences propres à chacune de nos espèces ou groupe d’espèces de référence, nous allons analyser plus en détails la trame paysagère enclavée entre les bois Lefèbvre et d’Assômont afin de pouvoir identifier au cœur de celle-ci les éléments susceptibles de répondre à Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 29 certains besoins de nos espèces-cibles et d’en opérer une succincte évaluation qualitative et quantitative. 3.2.2 Etat des lieux de la structure et de la qualité du maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont En parcourant l’espace confiné entre les bois Lefèbvre et d’Assômont à la recherche de lieux susceptibles d’offrir à la biodiversité locale une zone de quiétude, un abri et/ou des ressources alimentaires, nous pouvons identifier certains éléments d’intérêt - à savoir les cours d’eau et plans d’eau, les espaces arborés et/ou arbustifs prenant la forme de haies, d’alignements d’arbres, de bosquets ou plus simplement d’arbres isolés, les accotements et bords de voirie, les zones agricoles gérées extensivement ou encore les espaces verts publics et les jardins privés. Tantôt linéaires, tantôt ponctuels, ces éléments apparaissent ancrés au cœur d’un environnement plus large revêtant une destination précise (usage agricole, espace urbanisé ou domaine forestier) - environnement qu’il conviendra également d’intégrer à notre réflexion puisqu’il recèle les autres composantes du réseau écologique (zone centrale et zone de développement). Prenons le temps de présenter succinctement ces éléments identifiés comme constitutifs de l’actuel maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont. 3.2.2.1 Les cours d’eau et les plans d’eau A la lumière de la description présentée en section 2.3, nous avons pu observer le déploiement assez intéressant du réseau hydrographique au sein de notre zone d’étude. Sise à cheval sur les sousbassins hydrographiques de l’Escaut (à l’ouest) et de la Dendre (à l’est), notre zone d’étude est ainsi bien couverte par une diversité de cours d’eau allant des non-classés à ceux non navigable de seconde catégorie. En observant plus spécifiquement cette trame hydrographique (Illustrations 6 et 7), notre regard décèle très rapidement le trait d’union formé, entre le bois Lefèbvre et le bois 4 d’Assômont, par le réseau hydrographique côté sous-bassin de l’Escaut . Dans cette portion de territoire, on recense en effet le rieu de Pironche qui occupe le fond de vallée creusé en bas des versants occidentaux occupés par le bois Lefèbvre. Ce ruisseau de seconde catégorie présente une connexion avec le bois Lefèbvre par le biais de quelques affluents (notamment le rieu du bois de la Hamaide, les rieux des petite et grande Arbette et le rieu Baptiste Bourlet et d’autres ruisseaux non classés). En s’écoulant vers le sud-ouest, il reçoit alors les eaux d’autres petits affluents comme les ruisseaux du Paradis des Chevaux, de Barbimfosse et du bois de Buissenal dont certains prennent leurs sources dans le massif boisé s’érigeant sur les collines surplombant les quartiers de Warloche et de Longbonne. Dans son parcours aval, il est ensuite rejoint par la Warloche dont les sources - et celles de certains de ses affluents (notamment le rieu Willocq, le rieu du fond Severin et le rieu du Marais) jaillissent au cœur du bois d’Assômont et de massifs boisés y voisins. Couvrant une petite dizaine de kilomètres, ces éléments du réseau hydrographique forment une trame écologique intéressante, de type plutôt linéaire qui, par sa couverture et son agencement, assure des liaisons 4 Au niveau du réseau hydrographique local appartenant au sous-bassin hydrographique de la Dendre, l’agencement et l’orientation des cours d’eau locaux ne permettent pas un tel trait d’union entre les deux sites à l’étude. De par ce fait, notre analyse se concentrera sur le réseau hydrographique local inclus dans le sousbassin de l’Escaut. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 30 entre les bois Lefèbvre et d’Assômont mais aussi vis-à-vis d’autres massifs boisés. Cet intérêt est d’autant plus important que, dans sa portion la plus septentrionale, ce réseau hydrographique vient border ou traverser des zones reconnues comme étant des zones centrales du réseau écologique. Par le biais de nos visites de terrain, les diverses facettes de cette trame hydrographique ont pu être observées et évaluées. Ainsi, en se promenant le long du ruisseau de Pironche dans sa portion amont, on découvre un petit ruisseau au tracé sinueux encadré par des étendues cultivées et prairiales, avec un lit mineur s’écoulant dans un chenal relativement étroit et encaissé (en moyenne un à deux mètres de large sur un à deux mètres de profondeur) délimité par des berges assez abruptes. Sur ces berges, s’observe une ripisylve, relativement dense, composée d’une strate arbustive et/ou herbacée accompagnée(s) d’une strate arborée plus éparse. Au niveau de la strate arbustive, on retrouve des espèces assez caractéristiques des bords de cours d’eau comme l’aulne glutineux (Alnus glutinosa) et le frêne (Fraxinus excelsior) qui dominent le couvert et s’associent avec les saules (Salix sp.), le peuplier tremble (Populus tremula), l’orme (Ulmus sp.), le cornouiller (Cornus sp.) et le sureau noir (Sambucus nigra) ; certains individus présentent une forme de têtards. La strate herbacée couvrant les berges est elle principalement envahie par des espèces à tendance nitrophile comme les orties, les ronces ou diverses espèces de poacées. Au sein de cette strate herbacée relativement banale, émergent assez sporadiquement quelques espèces plus spécifiques des milieux humides comme la reine des prés (Filipendula ulmaria) et quelques touffes de joncs (Juncus sp). Ce cordon rivulaire alliant des étages arbustif et herbacé est çà et là rehaussé de quelques individus isolés (Populus sp et Fraxinus excelsior) ou d’un alignement d’arbres (notamment un alignement de chênes rouges d’Amérique sur sa rive gauche juste en amont de sa traversée de la N529) formant l’étage arboré. En s’écoulant vers le sud-ouest, le ruisseau de Pironche conserve un aspect assez similaire avec toutefois quelques nuances se marquant essentiellement au niveau de la structure de la ripisylve qui se simplifie dans la traversée du hameau de Pironche. Ainsi, en marge des zones urbanisées (propriétés privées et voiries), la ripisylve apparaît moins étagée ; elle s’y limite à une strate herbacée banale ou à un embroussaillement de ronces au-dessus desquels s’observent quelques jeunes individus d’aulnes glutineux. Passé cette zone urbanisée, le ruisseau reprend son cheminement au cœur des zones agricoles et se retrouve à nouveau orné d’une belle ripisylve au faciès assez similaire à celui décrit précédemment (strates arborée et arbustive associant aulnes, frênes, peupliers, etc. et accompagnées d’une strate herbacée). Cette ripisylve forme un cordon végétal quasiment continu et ce, au moins jusqu’au point de confluence avec la Warloche. En ce qui concerne les affluents du ruisseau de Pironche, on retrouve un cortège spécifique assez similaire mais organisé en une structure plus simplifiée et discontinue, exception faite pour les affluents situés plus en amont en marge du bois Lefèbvre (notamment le rieu du bois de la Hamaide et le rieu de la Grande Arbette). En effet, en suivant le tracé de ces petits rieux qui cheminent au sein de zones cultivées et/ou prairiales, on observe une alternance de sillons encadrés d’une ripisylve étagée (alignements d’arbres têtards ou cordon arbustif et arboré en mélange surmontant une couverture herbacée) et de portions dénudées de strates arborées et arbustives. En termes de profils, ces ruisseaux présentent un encaissement moins marqué et une emprise latérale plus étroite. En partant à la découverte du ruisseau de la Warloche - qui trouve sa source au sein du bois d’Assômont -, on retrouve un faciès assez similaire à celui décrit pour le ruisseau de Pironche. Ainsi, le ruisseau de la Warloche s’écoule en direction du nord-ouest en creusant un chenal étroit et profond de quelques mètres. Délimité par des berges relativement pentues, le lit de la Warloche est garni d’une végétation arbustive et arborée quasiment continue où les espèces suivantes ont pu être identifiées : l’aulne glutineux (Alnus glutinosa), le frêne (Fraxinus excelsior), les saules (Salix sp.), l’aubépine (Crataegus sp.), les peupliers (Populus sp), etc. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 31 Ces strates arbustives et arborées sont accompagnées d’un couvert herbacé alliant essentiellement des espèces nitrophiles et des poacées. Pour ce qui est maintenant des quelques affluents du ruisseau de la Warloche, les observations mettent en évidence une plus nette altération de la ripisylve exception faite dans certaines portions situées au niveau des sources de ces ruisseaux (sections les plus en amont). Cette altération se marque au travers de bandes rivulaires à la végétation très clairsemée se limitant à quelques arbres isolés ou à un couvert herbacé banalisé ; elle est nettement observable pour les rieux Willocq, du Marais et du Quesnoy. Outre cette altération localisée de la ripisylve, un autre constat assez négatif a aussi été révélé lors de nos expertises de terrain : celui de la raréfaction et de la disparition des annexes fluviales - et ce, notamment en raison d’une occupation plus intensive des zones bordant nos cours d’eau (mise en culture de prairies, drainage de zones humides, etc.). Par annexes fluviales, nous voulons ici évoquer les milieux en relation avec le cours d’eau par le biais de connexions souterraines ou surfaciques ; il s’agit par exemple de bras morts, de prairies inondables, de zones marécageuses et/ou de plans d’eau. L’observation des abords de cours d’eau n’a permis de pointer que peu de zones humides intéressantes dans l’espace occupé par le lit majeur. Ce dernier est en effet largement dominé par des prairies au couvert indicateur d’une gestion plutôt intensive et par des terres cultivées. Au sein de ces espaces - et même plus largement au sein de la zone d’étude -, les plans d’eau se font très très rares et, si existants, leur intérêt écologique semble limité (berges abruptes, faible végétation, pièces d’eau artificielle privées, etc.). De par les observations faites in situ, nous avons pu remarquer que la ripisylve présente le long des cours d’eau est visitée par nombre de petits passereaux (notamment des mésanges charbonnières et bleues, des pinsons des arbres, etc.) mais aussi par des corvidés (principalement la corneille noire (Corvus corone)) et une buse variable (Buteo buteo). Cette dernière a ainsi été observée lors d’une visite opérée début novembre. Survolant la lisière occidentale du bois Lefèbvre, elle a ensuite été aperçue se posant dans la ripisylve bordant la rue Boctiaumutte, pour échapper aux attaques groupées de corneilles. Au niveau des berges et de leurs éventuelles stabilisations, les aménagements restent très localisés que ce soit au niveau du ruisseau de Pironche, de la Warloche ou de leurs affluents respectifs. Au fil de leur tracé, les berges conservent majoritairement leur aspect naturel ; elles n’ont été aménagées et artificialisées que de manière ponctuelle afin de protéger de l’érosion une propriété privée ou une infrastructure publique. Selon les enjeux locaux, les aménagements prennent la forme de structures maçonnées (notamment au niveau des ponts surplombant les voiries) ou font appel à des techniques dites plus douces (par exemple, des palissades en bois comme celles rencontrées au hameau de Pironche). Du point de vue de la qualité des eaux s’écoulant au cœur de notre zone d’étude, nos constats restent assez sommaires car strictement liés aux observations visuelles. Ainsi, en remontant à hauteur des sources du ruisseau de Pironche, nous pouvons y observer que le lit est occupé par un filet d’eau claire mais qu’au fur et à mesure de sa progression au sein des espaces agricoles et de sa rencontre avec des rejets d’eau ponctuels, ce filet d’eau s’altère et se charge en sédiments. Cet enrichissement en sédiments a surtout pu être observé lors d’une visite menée après d’intenses précipitations. Cette dégradation progressive de la qualité physico-chimique a d’ailleurs été précédemment évoquée par les indices de qualité moyens à très mauvais attribués à la Rhosnes (cours d’eau qui reçoit entre autre les eaux du ruisseau de Pironche et de la Warloche). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 32 Au regard des informations et des observations faites en parcourant les cours d’eau jalonnant la zone d’étude, nous percevons très aisément toute l’importance du réseau hydrographique au sein des paysages expertisés et nous lui attribuons assez logiquement un rôle clé au sein du maillage écologique. Ce rôle découle tout naturellement de son emprise et de son organisation spatiale qui permettent une couverture intéressante de la zone étudiée et qui offrent de beaux couloirs de liaison vis-à-vis des sites des bois Lefèbvre et d’Assômont. Un autre atout sous-jacent du réseau hydrographique réside dans le canevas réglementaire adopté vis-à-vis de cet élément indispensable à la vie qu’est l’eau et, plus précisément, dans l’échéancier imposé au niveau européen qui impose que toutes les eaux européennes (en ce compris les eaux intérieures de surface, les eaux souterraines, les eaux de transition et les eaux côtières) aient retrouvé un « bon état » écologique et chimique d’ici à 2015 (article 4 de la directive européenne 200/60/CE établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau). La restauration du maillage écologique entre ces deux sites doit donc obligatoirement prendre en considération cette composante ‘réseau hydrographique’ et les actions proposées pourront s’appuyer sur un cadre et un calendrier législatif précis. A côté de ces atouts assignés au réseau hydrographique, il est aussi important de souligner toute la complexité se cachant derrière la gestion des cours d’eau : Tout d’abord, une complexité liée à une hiérarchie établie de gestionnaires. En effet, la législation désigne par catégorie de cours d’eau un gestionnaire - à savoir le particulier pour les cours non ème classés, la Commune pour les cours d’eau de 3 catégorie, la Province pour les cours d’eau de ème 2 catégorie et la Région (plus précisément la direction des cours d’eau non navigables) pour ère les cours d’eau de 1 catégorie. Etant donné la coexistence au droit de la zone d’étude de cours d’eau non classé, de 3 ème ème et 2 catégories, une gestion optimale du réseau hydrographique nécessiterait une concertation entre les différents gestionnaires privés et publics (Commune et Province) ; Ensuite, une complexité relative aux diverses problématiques liées aux cours d’eau - et, notamment les problématiques d’inondations et d’érosion. Gérer un cours d’eau implique obligatoirement une balance entre les enjeux environnementaux et les enjeux humains/sécuritaires/économiques ; Et finalement, une complexité induite par le regard actuel porté par la société sur le réseau hydrographique. L’évolution de notre société et de nos pratiques a profondément façonné la structure de notre réseau hydrographique (rectification du cours, stabilisation artificielle des berges, etc.) et avec elle, la vision que nous en avons. Aujourd’hui, nos cours d’eau sont essentiellement perçus comme des exutoires pour nos rejets d’eaux (eaux usées domestiques ou autres, eaux de ruissellement liées à l’imperméabilisation croissante des territoires ou eaux d’exhaure des réseaux de drains) et ont en oublie trop souvent que nos cours d’eau sont aussi et surtout un milieu de vie animé d’une dynamique temporelle et spatiale. « Renaturer » nos cours d’eau ne pourra se faire que si nous acceptons de redonner de la liberté à nos cours d’eau (liberté de se déplacer et d’évoluer dans le temps et l’espace). Pour clore cette présentation des atouts et faiblesses du réseau hydrographique et permettre au lecteur de visualiser au mieux toutes les facettes de cette composante centrale du maillage écologique, nous lui proposons ci-après un reportage photographique relatant les principales observations faites lors de nos visites de terrain. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 33 Prise de vue du cours d’eau non classé en aval du rieu de Pironche. Prise de vue des zones centrales bordant le rieu de Pironche (en arrière plan). Prise de vue d’un alignement d’arbres têtards bordant le rieu de Pironche, juste en amont du pont surplombant la N529. Prise de vue d’un aménagement de stabilisation de berges (mur maçonné en renfort du pont surplombant la N529). Prise de vue de la ripisylve bordant le rieu de Pironche à hauteur du hameau de Pironche ; on y distingue une clôture empêchant l’accès du bétail au cours d’eau. Prise de vue du rieu de Pironche lors de sa traversée du hameau de Pironche. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 34 Prise de vue d’un alignement de saules et de charmes taillés en têtards, en bordure du rieu du Paradis des Chevaux. Prise de vue d’un aménagement stabilisateur des berges le long de la rue Pironche. Prise de vue de la ripisylve bordant le rieu Pironche dans son tronçon en aval du hameau Pironche. Prise de vue du rieu de Pironche à hauteur de la rue Boctiaumutte ; ici encadré d’une tournière enherbée. Prise de vue du ruisseau de la Warloche à sa sortie du bois d’Assômont. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 35 Prise de vue du rieu de la Warloche depuis la rue Outre l’Eau en direction de son tronçon amont. Prise de vue du rieu de la Warloche depuis la rue Outre l’Eau en direction de son tronçon aval. Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la Warloche à hauteur de la rue Warloche (côté amont). Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la Warloche à hauteur de la rue Warloche (côté aval). Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la Warloche à hauteur de la rue du Grand Vivier (côté amont). Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la Warloche à hauteur de la rue du Grand Vivier (côté aval). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 36 Prise de vue du rieu du fond Severin en aval d’une voirie annexe à la rue Warloche. Prise de vue de la ripisylve à hauteur de la source du rieu du fond Severin. Prise de vue du rieu du Marais en aval du village de Buissenal. Prise de vue du rieu du Marais à hauteur de la rue Mont Camus. 3.2.2.2 Les espaces arborés et/ou arbustifs (haies, alignements d’arbres, vergers, bosquets ou arbres isolés) En marge des corridors arborés et arbustifs bordant nos cours d’eau, la zone d’étude est çà et là garnie d’éléments naturels arborés et/ou arbustifs qui s’intègrent, de manière ponctuelle ou linéaire, à la trame du maillage écologique. Il s’agit plus précisément des arbres isolés, des haies ou alignements d’arbres ou encore de bosquets. En termes de répartitions, ces éléments paysagers se retrouvent majoritairement au sein et en marge des étendues prairiales ainsi que dans des zones au relief accidenté ou dans les jardins privés. Ailleurs, dans les espaces cultivés, ces éléments sont quasiment voire inexistants. Cette répartition spatiale reflète assez bien l’évolution subie par nos paysages agricoles. Jadis, implantés pour délimiter le parcellaire et protéger les cultures des dents du bétail Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 37 et/ou pour valoriser certains terrains au faciès ou à la pédologique moins apte à la culture, les haies et alignements d’arbres (et dans une moindre mesure les bosquets) ont progressivement été éliminés au profit des clôtures électriques et en vue de faciliter les travaux des champs. Sans oublier également les campagnes d’arrachage subventionnées dans le cadre de la Politique agricole commune qui ont jadis effacé de nos paysages plusieurs milliers de kilomètres de haies. Lors de nos tours d’horizons de la zone englobée entre les bois Lefèbvre et d’Assômont, nous avons pu observer chacun de ces éléments et nous allons donc ci-après détailler les résultats de ces observations de terrain. Les arbres isolés sont assez peu nombreux au sein de la zone d’étude ; ils sont en effet le plus souvent regroupés à plusieurs - tantôt de manière linéaire pour constituer un alignement, tantôt de manière disparate sans arrangement précis. Parmi les essences observées, on recense des espèces de saules (Salix sp.), du charme commun (Carpinus betulus), du chêne pédonculé (Quercus robur), du tilleul (Tilia sp.) et du merisier (Prunus avium). Le plus souvent, ces individus ont une allure particulière dite d’arbre-têtard. Cette allure résulte d’une taille d’entretien spéciale consistant à élaguer tous les 3 à 8 ans les branches à un même niveau chez un individu capable de rejeter de sorte qu’il se crée un bouquet de rejets en hauteur. D’un point de vue écologique, un arbre peut représenter à lui seul un lieu foisonnant de vie depuis ces racines jusqu’à sa cime. Ainsi, les anfractuosités se formant au pied d’un arbre, entre les racines, sont autant de petites loges accessibles pour les batraciens (crapauds et grenouilles) ou les hérissons tandis que le houppier offre un lieu de nidification pour nombre d’oiseaux. Coupé en têtard, l’arbre recèle un intérêt supplémentaire résidant surtout dans les cavités qui se forment suite aux coupes successives. En effet, les cicatrices générées par les coupes vont, par le biais d’infiltration d’eau et par l’action de champignons et d’insectes décomposeurs du bois, altérer et creuser le bois ce qui va progressivement induire la formation de cavités. Ces cavités seront propices pour de nombreux oiseaux cavernicoles (chouette chevêche, mésanges, sitelles torchepot, etc.), pour des chiroptères voire certains mammifères. Ce processus de décomposition va également induire la formation d’un terreau qui va permettre à certaines espèces végétales de s’installer dans le houppier de l’arbre et qui servira d’habitat de substitution pour certaines espèces forestières d’insectes. En ce qui concerne les haies et alignements d’arbres hors ripisylve, ceux-ci s’observent encore sporadiquement en quelques endroits de la zone agricole et plus spécifiquement, en bordure de prairies ou au niveau de talus sillonnant des terres cultivées. Au sein de ces espaces agricoles, les haies et alignements d’arbres sont implantés suivant un ou plusieurs rangs ce qui leur confère une allure plus touffue. Soumise à un entretien moins régulier, les haies ont aussi un caractère plus libre et s’ornent assez généralement d’un petit ourlet herbacé en son pied. En termes de diversité floristique, les haies agricoles associent quasiment systématiquement plusieurs espèces parmi lesquelles on retrouve l’aubépine (Crataegus sp), les saules (Salix sp), le frêne (Fraxinus excelsior), le prunelier (Prunus spinosa), etc. tandis que la présence d’un ourlet herbacé vient compléter cette diversité ligneuse avec une nette domination des espèces de la famille des poacées. Au sein de certaines haies, à la diversité d’espèces ligneuses est associée une diversité de tailles ce qui permet ainsi d’alterner des individus buissonnants avec des hautes tiges et/ou des arbres-têtards. Outre cette présence au sein des étendues agricoles, les haies sont également présentes en marge des espaces urbanisés puisqu’elles sont assez souvent utilisées par les particuliers pour délimiter et clôturer leurs propriétés. A ce niveau, les haies implantées présentent un faciès assez simplifié, résultat d’un choix limité d’essences et d’un entretien régulier. En effet, en guise de clôture, les particuliers optent Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 38 majoritairement pour une haie basse taillée monospécifique ; il s’agit plus précisément d’une haie dont le développement tant en largeur qu’en hauteur est contrôlé par des tailles régulières (en moyenne une ou deux coupes par an ou par deux ans) et qui se compose généralement d’une seule et même espèce. Parmi les espèces usitées dans la zone d’étude, on citera le hêtre, le charme, le lauriercerise, le buis, l’if, les conifères, etc. Contrairement aux haies rencontrées en milieu agricole, le pied des haies bordant les propriétés privées est souvent dénué de végétation herbacée (désherbage mécanique, pose d’un géotextile, etc.). Jadis plantés au cœur de nos campagnes pour alimenter les siroperies locales, les vergers hautestiges se sont progressivement effacés de nos paysages ruraux au profit des vergers de basses-tiges qui sont plus faciles à entretenir et à récolter. Ce constat s’observe aussi au travers de notre zone d’étude avec seulement quelques vergers ou reliques encore observables le long des rues du Bas Pré, Grand-Vivier, Haut Breucq et Warloche. Bien que leur utilité originelle ait disparu, ces biotopes n’en restent pas moins un lieu particulièrement de par l’association qu’il offre entre l’arbre fruitier et la prairie pâturée. Ces milieux recèlent ainsi de multiples intérêts pour certaines espèces d’oiseaux qui utilisent les cavités des vieux arbres pour nicher (cas de la sitelle torchepot, du pic épeiche, mésanges, etc.) ou qui y trouve un excellent garde-manger (grimpereau des bois, pic vert, etc.). Finalement, passons au dernier élément arboré/arbustif rencontré au cœur de notre zone d’étude, à savoir le bosquet. Par définition, un bosquet est un petit bois. Si on exclut de cette section les bosquets implantés en zone rivulaire, force est de constater que les bosquets se font rares au sein de la zone d’étude. On en retrouve toutefois encore quelques-uns en bordure occidentale du massif boisé surplombant les hameaux de la Warloche et de Longbonne. Ces espaces, couvrant quelques dizaines d’ares, accueillent une végétation diversifiée et étagée. Les strates arborées et arbustives allient un mélange d’espèces ligneuses comme les saules (dont des hybrides avec le saule marsault - Salix caprea), les érables sycomore (Acer pseudoplatanus), les frênes (Fraxinus excelsior), les ormes (Ulmus sp), le chêne pédonculé (Quercus robur), le merisier (Prunus avium) tandis qu’en sous-bois, s’observe une strate buissonnante et herbacée dominée selon les endroits par des ronces (Rubus sp), du lierre (Hedera helix), du lierre terrestre (Glechoma hederacea), de l’égopode podagraire (Aegopodium podagraria), des plantains lancéolé et majeur (Plantago lanceolata, Plantago major), etc. Assez similairement aux éléments présentés ci-avant, les bosquets constituent un lieu propice pour nombre d’espèces de mammifères, d’oiseaux, d’insectes et autres. Pris chacun isolément, les éléments arborés/arbustifs exposés dans cette section ne constituent de prime abord qu’une trame discontinue à faible emprise spatiale. Cependant, de par leurs intérêts conjoints et/ou complémentaires, l’agencement et la combinaison de ces éléments ponctuels et linéaires prend un sens non négligeable vis-à-vis du maillage écologique local. Une préservation de ces éléments arborés/arbustifs existants avec, si possible, une amélioration de cette trame ligneuse sont des actions à entreprendre dans le cadre de la restauration du maillage écologique dans la zone d’étude. Cependant, aborder ce point nécessitera aussi de garder à l’esprit les raisons qui ont induit l’élimination progressive de ces éléments paysagers de manière à envisager des aménagements qui s’accordent avec les pratiques sociétales actuelles (tant au niveau du secteur agricole qu’au niveau des particuliers) et de manière aussi à pointer d’autres intérêts à ces éléments que ceux qui jadis avaient amené à leur implantation. Au travers des quelques prises de vue sous-jacentes, le lecteur pourra visualiser la diversité des éléments arborés et arbustifs rencontrés au fil de nos visites de terrain. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 39 Prise de vue d’un verger implanté le long de la rue Grand-Vivier. Prise de vue d’un alignement de saules têtards et de quelques arbres dépérissants en bordure de la rue Grand-Vivier. Prise de vue d’une haie d’aubépine bordant une prairie établie en marge du massif boisé surplombant la Warloche, le long de rue Longbonne. Prise de vue d’une zone arborée au fond de la voie sans issue menant au numéro 50 de la rue Pironche (association de quelques chênes isolés, de haies mixtes encadrant une prairie et d’un bosquet de feuillus). Prise de vue d’un verger d’arbres hautes-tiges bordant la rue du Bas Pré. Prise de vue d’un massif de feuillus sur les hauteurs os bordant la rue Warloche (axe desservant les n 21 à 25). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 40 Prise de vue de bouquets d’aubépine bordant une os prairie de la rue Warloche (axe desservant les n 21 à 25). Prise de vue de petites cavités se formant à la base du houppier d’un tilleul implanté à la Placette. Prise de vue d’un petit verger le long de la rue HautBreucq. Prise de vue d’un terrain arboré bordant la Warloche. Prise de vue d’une haie d’if bordant une habitation de la rue Outre l’Eau. Prise de vue d’une haie de conifères (monospécifique) encadrant une propriété privée. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 41 Prise de vue des cavités se formant au niveau du bourlet d’un saule têtard s’élevant le long de la rue de la Warloche. Prise de vue d’un bosquet s’élevant sur le talus à l’angle des rues de la Warloche et du Grand-Vivier. Prise de vue d’un arbre isolé au cœur d’une prairie bordant la rue de la Warloche. Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la Warloche à hauteur de la rue Warloche (côté aval). Prise de vue de quelques beaux saules têtards visibles depuis la rue du Grand-Vivier. Prise de vue d’un arbre mort dans une prairie de la rue Warlcohe Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 42 Prise de vue de l’entrée du massif boisé surplombant la Warloche et Longbonne (dans le prolongement de la rue Boctiaumutte). Prise de vue d’un merisier isolé dans une prairie de la rue Grand-Vivier. Prise de vue d’un verger dans le hameau Pironche. Prise de vue d’une haie arbustive et d’un massif boisé bordant la rue du Bas Pré. 3.2.2.3 Les accotements et bords de voiries En traversant nos territoires et donc notre zone d’étude, les voiries locales induisent une fragmentation de nos paysages et des milieux qui les composent. S’étirant sur plusieurs dizaines de kilomètres et s’organisant en un réseau continu, les voies de circulation - et plus particulièrement leurs abords enherbés - représentent un potentiel écologique particulièrement intéressant en matière de connectivité et de liaison. Nombre d’études menées en Région wallonne ont permis de montrer que nos bords de route abritent 735 espèces végétales différentes parmi lesquelles un certain nombre d’espèces actuellement menacées. A ce cortège floristique s’associe bien évidemment d’autres formes de biodiversité puisque les couverts herbacés peuvent ainsi constituer une zone d’accueil pour des insectes, des oiseaux, des mammifères ou encore certains reptiles. Toutefois, soumis à diverses Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 43 altérations liées à la proximité de voiries (pollutions hydrocarbonées, épandages de sel en hiver, etc.) et d’autres types de milieux (zones agricoles, espaces urbanisés, etc.), l’intérêt des bords et accotements de voiries se trouve particulièrement renforcé par l’adoption d’une gestion extensive de ceux-ci. Cette gestion extensive est notamment permise par l’opération de « fauchage tardif des bords de route » - opération dans laquelle s’est engagée la commune de Frasnes-lez-Anvaing. En parcourant les voies de communication qui jalonnent notre zone expertisée, nous pouvons identifier plusieurs types de voiries locales allant de la route nationale aux sentiers et chemins agricoles en passant par les voiries communales. Pour les voiries nationales et communales, l’intérêt est exclusivement confiné en bordure de voiries. Selon les endroits, les abords de ces voiries se composent d’une bande enherbée, plus ou moins large, dominée par les graminées à laquelle s’adjoint un cours d’eau et qui, en terrain accidenté, s’élève ou s’abaisse pour former un talus. Ce type de profils encaissés et/ou surélevés a notamment été observé dans le Hameau de Pironche et en bordure de la rue Warloche. Au niveau des sentiers et chemins agricoles, l’assise terreuse et le cheminement moins dense offrent à la flore plus de possibilités de se développer (zones centrales et accotements). En marge de ces voiries et sentiers, le cortège floristique associe des graminées (Poa annua, Dactylis glomerata, etc.) avec des espèces d’ombellifères ou apiacées (Daucus carota, Heracleum sphondylium, Anthriscus sylvestris, Apium nodiflorum), de plantains (Plantago lanceolata, Plantago major), d’Asteracées (Artemisia vulgaris, Cirsium oleraceum, Leucanthemum vulgare, Eupatorium cannabinum, Lapsana communis, Galinsoga sp., Sonchus asper), des Polygonacées (Rumex sp, Polygonum persicaria, etc.) des Rosacées (Filipendula ulmaria, Geum urbanum, etc.) ou également Galium aparine, Symphytum officinale, Capsella bursa-pastoris, Campanula sp,, Equisetum telmateia et bien d’autres encore. Quelques observations entomologiques ont également pu être faites (présence de syrphes et de Scathophaga stercoraria sur l’ombelle d’une berce) bien que la période d’observation ne soit pas optimale. Nos observations automnales ont en outre permis de mettre en évidence une strate mycologique avec la présence d’une lépiote et d’un groupe d’agarics jaunissants sur le talus bordant la rue Warloche et servant de point de départ au sentier ‘Eul Vouye Daniel’. Comme évoqué ci-avant, les accotements et bords de voiries peuvent être considérés comme de véritables corridors écologiques pour la biodiversité locale et doivent de ce fait être intégrés à la réflexion sur le maillage écologique. A côté des atouts qu’ils représentent en termes de couverture territoriale et de capacité d’accueil floristique et faunistique, la gestion de ces milieux doit être judicieusement réfléchie pour ne pas aller à l’encontre de la sécurité des usagers et doit aussi impliquer les divers acteurs locaux (gestionnaires de voiries, propriétaires des parcelles attenantes aux voiries et usagers). En parcourant les quelques prises de vue ci-après proposées, le lecteur pourra assez clairement percevoir les intérêts et les potentialités offerts par ces milieux jouxtant nos voies de communication locales. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 44 Prise de vue d’une portion de la rue Longbonne (portion pavée avec accotements talutés). Prise de vue d’un des axes formant la rue Pironche (axe sans issue desservant le n°48 de la rue). Prise de vue d’une portion pavée et encaissée de la rue du Bas Pré. Prise de vue des accotements bordant la rue Warloche os (axe desservant les n 21 à 25). Prise de vue d’un accotement surmonté d’un talus le long de la rue Mont Camu (non loin du carrefour de celle-ci avec la rue du Mouiin). Prise de vue d’un talus bordant la rue Haut-Breucq. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 45 Prise de vue d’un talus bordant la rue Haut-Breucq. Prise de vue d’un petit chemin de terrain partant du Chemin Placette vers des terres agricoles. Prise de vue d’un talus arboré bordant la rue Warloche (à hauteur du sentier ‘Eul Vouye Daniel). Prise de vue des accotements à la rue Warloche (axe os desservant les n 21 à 25 ; côté chemin Placette). Prise de vue d’un talus le long de la rue Warloche. Prise de vue d’un talus le long de la rue Warloche. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 46 Prise de vue d’une grande marguerite aperçue le long os de la rue Warloche (axe desservant les n 21 à 25). Prise de vue d’un talus embroussaillé bordant la rue os Warloche (axe desservant les n 21 à 25). Prise de vue des accotements enherbés dans le hameau Warloche. Prise de vue d’un accotement bordant la rue du Moulin (avec une renoncule acre). Prise de vue du sentier dans le prolongement oriental de la rue Boctiaumutte. Prise de vue d’une lampsane commune au bord du sentier dans le prolongement oriental de la rue Boctiaumutte). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 47 Prise de vue des accotements de la rue Pironche (au sud du hameau de Pironche) Prise de vue d’une ombelle de Berce commune sur laquelle sont posés un syrphe et des mouches à merde. Prise de vue d’Agarics jaunissants observés dans le petit talus boisé à l’angle des rues Warloche et GrandVivier. Prise de vue d’une Lépiote observée dans le petit talus boisé à l’angle des rues Warloche et Grand-Vivier. 3.2.2.4 Les zones agricoles gérées extensivement Tant à l’échelle communale qu’à l’échelle de la zone expertisée, la composante qui domine les paysages est celle occupée par l’agriculture. Si par le passé l’agriculture a agrémenté nos paysages et les a rendus propices à l’installation d’une belle biodiversité, les besoins croissants de notre population et la révolution industrielle l’ont poussée à adopter des pratiques plus intensives qui ont profondément marqué nos paysages et les espèces qu’ils abritent. Conscient de cette réalité, le secteur agricole tente aujourd’hui de répondre à un nouveau défi … celui d’assurer la conservation et la restauration de nos paysages et d’enrayer l’actuel déclin généralisé de la biodiversité. En se promenant au travers des zones agricoles, nous pouvons observer certains aménagements qui reflètent assez bien ce nouveau rôle de gestionnaire des paysages endossé par nos agriculteurs. Hormis les haies, bandes boisées, vergers, arbres/arbustes/buissons isolés et mares déjà évoqués Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 48 dans les sections précédentes, on distingue en marge des terres de cultures et prairies intensives des espaces qui semblent soumis à une gestion plus extensive. Au sein de notre zone d’expertise, plusieurs types d’espaces agricoles en gestion extensive ont pu ainsi être observés : des bandes enherbées placées en bordure de cours d’eau et servant ainsi de zones tampons entre la terre de culture et le cours d’eau ; des bandes de parcelles aménagées avec un mélange grainier favorable à la faune (ici, dans la zone, un mélange à base de tournesol et phacélie) ; et des couverts hivernaux de sol (ici, principalement rencontré le couvert de moutarde et de phacélie). Pour être précis, il important ici de rappeler que ce type d’aménagements, assez couramment rencontré au cœur de nos plaines agricoles, découle initialement d’un outil proposé aux agriculteurs dans le cadre des réformes des politiques agricoles européennes - à savoir le programme agrienvironnemental. D’une manière assez synthétique, ce programme peut être défini comme un ensemble de dix mesures, réparties en sept mesures de base et trois mesures dites ciblées, visant divers objectifs comme le maintien et l’amélioration de la biodiversité, l’amélioration de la qualité paysagère, la réduction des pollutions d’origine agricole, la conservation des sols, l’extensification des productions agricoles ou encore la sauvegarde des potentiels génétiques en voie de disparition. Ces mesures, applicables par les agriculteurs sur base d’un engagement volontaire sur 5 ans, sont régies par des cahiers de charge reprenant les modalités de gestion, les conditions d’accès et les modalités du subventionnement y liées. Dans le cadre des aménagements précités, une rapide lecture des cahiers de charge nous informe des quelques modalités suivantes : Les bandes herbeuses extensives - et ici, plus spécifiquement les tournières enherbés en bordure de culture telles que celles observées en différents endroits de notre zone d’expertise (notamment en bordure du ruisseau de Pironche dans sa partie amont et le long de la rue Boctiaumutte) - doivent répondre à des exigences minimales de taille (12 mètres minimum de large sur 200 mètres de long - éventuellement subdivisés en tronçons de minimum 20 mètres) et être ensemencées d’un mélange diversifié composé de graminées (entre 50 et 85 % en poids du mélange), de légumineuses (entre 15 et 40 % en poids du mélange) ainsi que d’au minimum trois autres espèces (à concurrence chacune d’au moins 5% du mélange et d’éventuelles autres dicotylées (en pourcentage spécifique limité à 5% du mélange) - et ce, en référence à un listing établi d’espèces. En ce qui concerne leur gestion, les tournières ne peuvent recevoir aucun fertilisant (tant chimique qu’organique) et aucun traitement phytosanitaire (exception des traitements localisés avec des herbicides spécifiques contre les orties, les chardons et les rumex) ; elles ne peuvent être pâturées et leur fauche est règlementée dans le temps (autorisation de fauche entre le 15 juillet et le 15 septembre avec exportation des produits de fauche) et dans l’espace (maintien d’une bande refuge d’au minium 2 mètres de largeur). Les bandes de parcelles aménagées font elles partie des mesures ciblées qui requièrent avant leur implantation un avis conforme remis par les services compétents sur base d’un rapport technique rédigé par un conseiller. Ici au sein de la zone expertisée, ces bandes ont été rencontrées sur deux parcelles agricoles bordant la rue Pironche ; la présence d’un couvert associant le tournesol et la phacélie attire ainsi le regard et se démarque des autres Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 49 types de cultures traditionnelles. Ces bandes sont soumises à des exigences surfaciques similaires aux tournières enherbées mais qui peuvent sur avis motivé du conseiller être modelées en respectant toutefois une proportionnelle. Le mélange grainier est défini par le conseiller sur base des enjeux et des spécificités agricoles et environnementales. Comme pour les tournières, exception faite d’éventuels traitements herbicides localisés, les bandes aménagées sont exemptes de toute fertilisation, de tout amendement et de tout traitement phytosanitaire ; Les couvertures hivernales de sol consistent dans la zone d’étude à implanter durant la période hivernale d’interculture un couvert végétal ne contenant pas de légumineuses (majoritairement la moutarde, seule ou en mélange, et la phacélie dans notre région). Dans la pratique, l’implantation du couvert doit avoir lieu avant le 15 septembre et il doit ensuite er être maintenu jusqu’au 1 janvier. Uns fois implanté ce couvert ne recevra aucune fertilisation minérale azotée et ne fera l’objet d’aucun pâturage. Un reportage photographique de ces différents types d’aménagements est ci-après présenté. Prise de vue d’une tournière enherbée bordant le rieu de Pironche à hauteur de la rue Boctiaumutte. Prise de vue d’une bande aménagée de tournesol et phacélie bordant la rue Longbonne. Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde bordant os la rue Warloche (axe desservant les n 21 à 25). Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde et d’avoine bordant le Chemin Placette. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 50 Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde et d’avoine bordant le Chemin Placette et établi en périphérie orientale du bois d’Assômont Prise de vue d’un couvert de phacélie bordant la rue Outre L’eau. Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde bordant la rue du Bas-Pré. De par les modalités de gestion imposées dans le cadre de ces aménagements spécifiques, ces derniers permettent d’intercaler au cœur et/ou en marge de zones cultivées ou pâturées intensivement des espaces d’accueil et de refuge pour la faune (et dans une moindre mesure pour la flore) locale tout en associant une maîtrise d’autres problématiques agricoles (notamment en matière de pollution agricole des eaux souterraines et surfaciques par les engrais et traitements phytosanitaires). Au fil de son existence, le programme agri-environnemental s’est progressivement intégré aux mentalités de sorte qu’aujourd’hui, près de 50% des exploitations sont engagées dans au moins une des mesures de ce programme. Bien accepté par le monde agricole qui reçoit une aide financière en guise de compensation pour les efforts consentis dans le cadre de l’application de ces mesures, ce programme d’action a été un excellent outil de sensibilisation du monde agricole et a permis d’intégrer une certaine dimension environnementale au cœur de leurs pratiques culturales. Malgré ces atouts, ce système est aujourd’hui victime de son succès croissant auprès du monde agricole qui a épuisé les enveloppes budgétaires disponibles. L’année 2013 a ainsi vu un gel des nouveaux engagements (à quelques exceptions près) et une grande inconnue demeure quant aux prochains budgets qui seront alloués aux mesures agri-environnementales (MAE) dans le cadre du PDR 2014-2020 et quant à d’éventuels bouleversements législatifs qui viendraient refondre complètement le programme MAE. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 51 C’est donc avec cette perspective incertaine quant à l’avenir des MAE que la place de ces aménagements au sein de notre maillage écologique devra être analysée. 3.2.2.5 Les jardins privés A côté des éléments paysagers ci-avant présentés, l’analyse de notre zone d’étude nous permet de recenser d’autres éléments de type ponctuel qui, bien que de taille individuelle modeste, forment entre eux un réseau intéressant qui vient judicieusement compléter le maillage écologique ; il s’agit des jardins privés. De par leur position au sein de zones plus densément urbanisées ou de par leur enclavement entre des éléments constitutifs du réseau écologique, il apparaît important de rendre ces lieux accueillants vis-à-vis de la biodiversité et/ou de les gérer de manière à permettre une connectivité des milieux d’intérêt adjacents. Touchant à la propriété privée, les jardins sont gérés de manière très personnelle en fonction des sensibilités et des dispositions humaines. Deux tendances extrêmes peuvent ainsi être observées lorsqu’on se promène au sein des hameaux et villages de notre zone d’étude : D’un côté, les jardins classiques avec un agencement ordonné des espaces et des aménagements simplifiés, et soumis à un entretien assez régulier (tonte régulière des pelouses, tailles annuelles des haies, désherbages des allées, etc.) ; Et de l’autre côté, les jardins dits naturels à l’allure plus désordonnée offrant une multitude d’habitats favorables à l’installation d’une diversité floristique et faunistique. Il est clair que dans l’optique d’une restauration et d’un renforcement du maillage écologique, ce sont les jardins « nature admise » qui devront être privilégiés. A ce niveau, des campagnes de sensibilisation voient doucement le jour pour faire évoluer les mentalités et pour démontrer tous les intérêts que peut procurer un jardin vis-à-vis de la biodiversité. Au cœur de la zone d’étude, ces campagnes ne semblent recevoir qu’un faible écho. En effet, ce sont assez globalement les jardins classiques qui dominent les abords de maisons. Quelques jardins plus naturels ont toutefois pu être observés autour de propriétés implantées notamment le long de la rue Pironche (n° 48). Ces quelques observations sont synthétisées au travers du reportage photographique ci-après présenté. Bien qu’étant des biens privés, les jardins sont aussi avant tout de petites portions de territoire qui doivent, au même titre que les espaces agricoles, les forêts ou les abords d’infrastructures, s’inscrire dans la démarche communautaire de restauration de la biodiversité et qui doivent par ce biais intégrer notre réflexion consacrée au maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 52 Prise de vue d’une haie de hêtre bordant une habitation de la rue Haut-Breucq. Prise de vue d’un jardin encadré d’une haie de buis le long de la rue Haut-Breucq. Prise de vue d’un petit verger établi en marge d’une habitation de la rue Warloche. Prise de vue d’une haie de conifères bordant la rue os Warloche (axe desservant les n 21 à 25). Prise de vue d’un jardin plus naturel observé à la rue Pironche (n°48). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 53 4 ET PROPOSITIONS D’AMÉLIORATION ET DE RENFORCEMENT DU MAILLAGE ÉCOLOGIQUE RELIANT LES BOIS LEFÈBVRE ET D’ASSÔMONT RECOMMANDATIONS Au gré des sections précédentes, nous avons appris à appréhender l’environnement s’intercalant entre les bois Lefèbvre et d’Assômont et avons pu cibler les quelques éléments qui méritent une attention particulière dans l’optique d’une amélioration et d’un renforcement du maillage écologique entre ces deux sites d’intérêt reconnu. Armés de ce bagage de connaissances, nous pouvons envisager de définir des pistes d’intervention visant à rétablir une connectivité intéressante et durable entre les bois Lefèbvre et d’Assômont. Entamer une telle réflexion soulève d’emblée des questionnements quant à l’applicabilité des propositions et quant à leur acceptabilité vis-à-vis des enjeux sociaux et/ou économiques qui gouvernent actuellement la plupart des décisions tant publiques que privées. Très rapidement, la démarche s’avère complexe et sa mise en application nécessitera une approche progressive, coopérative et transparente : L’approche devra être progressive en référence à l’expression disant « Petit-à-petit, l’oiseau fait son nid ». Comme déjà évoqué précédemment, notre société et nos activités anthropiques se sont, au fil des révolutions et des évolutions, orientées vers des pratiques et des techniques permettant d’atteindre des objectifs de rentabilité économique et/ou de satisfaction personnelle. Or, la restauration d’un maillage écologique implique obligatoirement de combiner à ses objectifs un enjeu de type écologique lequel n’est pas toujours sans risques vis-à-vis des niveaux de productivité et/ou vis-à-vis de ses convictions personnelles. La mission de restauration du maillage écologique devra donc s’accorder du temps : du temps pour appréhender de nouvelles techniques et adopter de nouvelles pratiques ; du temps pour s’approprier les connaissances et du temps pour échanger et réformer certaines idées ancrées dans les mentalités. A cette approche progressive viendra s’annexer un impératif de concertation et de collaboration entre les différents acteurs concernés par la démarche. Visant un intérêt public, le travail de restauration du maillage écologique ne peut reposer sur les efforts de quelques personnes et/ou cibler certaines fractions de la population. Le territoire expertisé est à envisager comme un puzzle dont les pièces sont détenues par chacune des personnes qui habitent, exploitent, gèrent et/ou fréquentent la zone. Au travers de cette image, on perçoit toute l’importance d’instaurer d’emblée une étroite et fructueuse collaboration entre chacun. Au-delà des populations locales, il importera aussi de regrouper autour de ce projet un ensemble d’acteurs qui pourront faire part de leurs compétences et de leurs retours d’expérience en la matière. Finalement, il conviendra de mener les actions en toute transparence et dans un souci étroit de communication. Dans ce type de projet, la communication semble un moteur clé de réussite. Celleci doit avant tout permettre de transmettre aux participants les résultats découlant des efforts consentis et de mettre en lumière ces engagements pris vis-à-vis d’un intérêt public / communautaire ce qui, à terme, peut inciter d’autres acteurs à prendre part au projet. Conscient de la complexité de la mission, le présent travail ne cherche pas à révolutionner les mentalités et/ou n’a pas pour vocation d’imposer une série d’aménagements précis. L’objectif visé ici sera plutôt de dégager des lignes directrices pour conduire au mieux ce projet de restauration du Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 54 maillage et d’émettre une série de recommandations et de propositions découlant des observations de terrain. Dans cette logique, le présent chapitre se subdivisera en trois sections : la première s’attachera à proposer une méthodologie de travail et d’intervention, la seconde visera elle à lister les recommandations et propositions qui, au vu des observations de terrain et des recherches bibliographiques, devraient permettre une conservation et une restauration du maillage écologique tandis que la troisième section se concentrera elle sur quelques propositions plus concrètes. 4.1 Etablissement d’une méthodologie de travail Comme nous venons de l’exposer, la démarche de restauration du maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont nécessitera d’adopter une méthodologie de travail adaptée à la complexité de la tâche et à la pluralité des intervenants. Une zone, telle que celle étudiée par la présente, couvre une superficie non négligeable au sein de laquelle on retrouve du domaine public mais aussi et surtout des terrains privés - urbanisés et/ou exploités par le secteur tertiaire ou d’autres secteurs économiques. Bien qu’un idéal pousserait à viser une approche globale et étendue à l’ensemble de la zone, la raison recommanderait elle une première approche plus tempérée et ciblée qui permettrait des retours d’expériences pour une application future à plus large échelle et qui stimulerait ainsi les coopérations/engagements futurs. Une démarche constructive reposerait avant tout sur la création d’un groupe de travail associant un panel diversifié de compétences et de « niveaux d’actions » lequel permettra d’assurer des suivis de mission, de prodiguer des conseils, de communiquer à un plus large public ou encore d’appuyer légalement les interventions. Ce groupe de travail peut se constituer de personnes déjà engagées dans le PCDN (notamment les membres du groupe ‘Maillage écologique’) auxquelles s’ajouteraient d’autres acteurs intéressés par la démarche qui viendraient en appui scientifique, en relais vis-à-vis de certains interlocuteurs locaux, etc. Pour initier la démarche, il conviendra sur base des idées et propositions de chacun d’établir une hiérarchie d’interventions sur base des budgets disponibles et du temps alloué. Une fois cette hiérarchie établie, un point crucial sera l’établissement des contacts ou le transfert des idées vers les personnes directement concernées par la mise en œuvre des interventions - l’idéal étant de pouvoir constituer un réseau cohérent de personnes prêtes à s’investir personnellement et pratiquement dans l’application des propositions d’intervention. Dans la continuité de cet engagement, il sera alors essentiel d’envisager l’exécution de suivis de terrain (relevés botaniques, observations ornithologiques et entomologiques, relevés des traces ou indices faunistiques, etc.) de manière à pouvoir s’assurer de l’efficacité des mesures engagées et de leur adéquation par rapport aux objectifs espérés. Ces suivis seront en outre importants pour justifier les efforts consentis ; ils constitueront des références uniques pour ajuster les aménagements par rapport à certaines réalités de terrain mais aussi pour communiquer et sensibiliser un plus large public et ainsi espérer élargir le cercle des personnes désireuses de s’investir dans la restauration du maillage écologique. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 55 Propositions et recommandations générales d’amélioration et de renforcement du maillage écologique 4.2 Comme nous l’avons défini en section 3.1, un maillage écologique a pour objectif d’offrir à la biodiversité locale un ensemble varié de milieux qui lui serviront de corridors de dispersion ou de zones refuges et qui, dans certaines conditions, peuvent eux même devenir un lieu de vie à part entière. Au sein de la zone d’étude, nous avons pu identifier plusieurs types d’éléments naturels qui, moyennant certaines précautions d’usage et de gestion, peuvent amplement remplir ses fonctions. Réfléchir à la restauration réside donc à étudier comment il est possible de densifier, d’agencer et de renforcer l’attrait écologique de ces différents éléments pour former une trame quasiment continue et harmonieusement organisée au travers des espaces occupés par l’homme. Etant donné la spécificité des types d’éléments rencontrés, la présente section va aborder successivement chacun d’eux. 4.2.1 Propositions et recommandations générales vis-à-vis du réseau hydrographique Tel qu’évoqué au point 3.2.2.1, le réseau hydrographique a par le passé été assez fortement modelé et façonné par l’homme pour répondre à des besoins bien précis (limitation des phénomènes d’inondation, drainage des zones humides, évacuation des eaux usées, etc.) qui nous ont progressivement fait oublier le rôle premier joué par nos cours d’eau … celui d’être avant tout un milieu de vie. Pour permettre à nos cours d’eau d’accueillir à nouveau un foisonnement de vie, les interventions de restauration devront aborder trois aspects : ceux de la qualité biologique, de la qualité physico-chimique et de la qualité hydromorphologique. La qualité biologique d’un cours d’eau est évaluée sur base de la composition et de l’abondance des communautés d’espèces qui colonisent ce milieu et plus particulièrement, sur base de quelques indicateurs clés (comme les macroinvertébrés*, les diatomées*, les macrophytes* et la faune piscicole) qui reflètent le niveau des altérations anthropiques subies par le cours d’eau. La qualité physico-chimique a trait elle aux propriétés générales de l’eau ainsi qu’à sa concentration en diverses substances pouvant être d’origine naturelle ou reflétant une pression anthropique (rejets d’eaux usées, écoulements surfaciques de polluants, etc.) ; celle-ci constitue un enjeu majeur tant vis-à-vis de l’intérêt écologique des eaux de surface que vis-à-vis des usages de celles-ci (prélèvements d’eau potable, usages récréatifs, etc.) ; La qualité hydromorphologique touche elle aux différents aspects de la dynamique fluviale favorables à une diversification des habitats et donc à une amélioration de la capacité d’accueil vis-à-vis de la faune et de la flore (à savoir la liberté d’écoulement, la diversification des faciès d’écoulement et de la ripisylve, le transport des sédiments par la rivière, la morphologie des substrats et du lit, etc.). Si cette mission de restauration de la qualité écologique de nos cours d’eau peut être de prime abord perçue par certains comme une utopie écologiste, il n’en est rien. La restauration écologique s’inscrit dans une vision bien plus large tracée par la directive européenne cadre sur l’eau (DCE) - directive qui impose aux Etats membres d’atteindre pour 2015 un « bon » état écologique et chimique des masses d’eau. Etant donné la position de notre zone d’étude en partie amont du bassin versant de la Rhôsnes - cours d’eau de qualité physico-chimique jugée moyenne à très mauvaise, il est essentiel d’intégrer à Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 56 la gestion et aux interventions menées sur cette composante ‘cours d’eau’ la dimension de « restauration écologique ». Pour intégrer cette dimension, une large palette d’interventions peut être envisagée mais les actions réellement entreprises dépendront des choix posés en termes d’échelle spatiale (travail à l’échelle d’une zone limitée ou à l’échelle du bassin versant) et de calendrier (actions ponctuelles ou actions échelonnées sur le long terme ; échéancier d’objectifs) mais aussi et surtout des enveloppes budgétaires disponibles et/ou disposées à être allouées à cette thématique. Dans le cadre du PCDN qui a initié la présente réflexion, les montants financiers engagés ne semblent pas suffisants que pour envisager de grands chantiers de type ‘renaturation ou restauration hydromorphologique des cours d’eau’ et nous orienteront plutôt vers des propositions douces n’impliquant pas une technicité élevée et des dépenses excessives. Toutefois, dans l’optique où des volontés privées et/ou publiques s’élèveraient en faveur de cette approche de restauration, il est clair que ce type de chantier est à encourager. Dans ce cas, une réflexion pluridisciplinaire devra être engagée avec les acteurs locaux compétents dans ce domaine (notamment les contrats-rivières, les gestionnaires des cours d’eau, etc.). Essayons maintenant de cibler quelques interventions pouvant s’intégrer, assez aisément, dans le cadre d’un PCDN - et ce, avec en toile de fond les exigences de nos espèces de référence pour les milieux aquatiques (eaux courantes et/ou stagnantes) à savoir le martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) et le triton crêté (Triturus cristatus) - exigences présentées dans l’encart ci-dessous. Source : www.nundafoto.net Le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) De par son régime alimentaire (poissons, têtards, insectes aquatiques et larves, vers, etc.) et ses modalités de nidification (nid creusé dans une berge meuble érodée), le Martin-pêcheur d’Europe s’établit essentiellement dans les endroits où il peut trouver des cours d’eau ou plans d’eau à peuplement piscicole, de bonne qualité (eaux claires facilitant sa pêche), aux berges faiblement artificialisées et garnies d’une ripisylve (utilisation comme poste de pêche). De nature assez farouche, cet oiseau recherche également les zones calmes. Pour favoriser cette espèce, seront pertinentes toutes les mesures visant à restaurer des eaux claires et propices à la faune piscicole (gestion à considérer à l’échelle globale des bassins-versants avec actions plus ponctuelles visant la préservation ou la restauration d’annexes hydrauliques), à maintenir des berges favorables à sa nidification (aménagement des berges limité aux zones à enjeux majeurs, maintien des berges érodées abruptes dans des zones sans enjeux, etc.), à restaurer des faciès variés d’habitats (variabilité des substrats de fond, des hauteurs et vitesses d’eau, des faciès des berges, etc.) et à adopter une gestion harmonieuse de la ripisylve (gestion alternée et échelonnée spatialement et temporellement ; alternance de zones d’ombrage et de zones ensoleillées, etc.). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 57 Le Triton crêté (Triturus cristatus) Etant plus exigeant que les autres espèces de tritons rencontrées chez nous et plus inféodé aux paysages agricoles ouverts, le triton a vu ses effectifs diminués et fait aujourd’hui partie des espèces vulnérables. De par les observations faites, il est constaté que ce triton cohabite généralement avec au moins une autre espèce de tritons et/ou d’autres espèces de batraciens. Pour aider cette espèce, les interventions à mener doivent viser : La restauration et la protection d’habitats aquatiques et terrestres adaptés aux exigences spécifiques de cette espèce - En termes de mares, le triton crêté a besoin pour sa reproduction de mares, d’étangs, d’abreuvoirs et de fossés, permanents ou non, relativement profondes (environ un mètre), de taille moyenne (au minimum 25 m²), riches en végétation aquatiques (hydrophytes* et hélophytes*), avec quelques berges dégagées et ensoleillées (notamment avec un ensoleillement des berges orientales) et dépourvus de poissons. En ce qui concerne les milieux terrestres, le triton crêté recherche trois types d’abris : des abris temporaires diurnes (morceaux de bois, blocs, etc.), des zones refuges (souches, végétation dense et friches, ourlets de haies et bosquets) et des sites d’hivernation (sols meubles, terriers, etc.). Et la restauration d’un réseau de mares diversifiées et interconnectées encadré d’une mosaïque d’habitats - à ce niveau, des études ont démontré un optimum de 4 à 8 mares par km². En effet, bien que le triton crêté puisse parcourir des distances parfois importantes de l’ordre de quelques kilomètres, des études montrent que celui-ci privilégie les zones où existe une proximité entre les sites estivaux et d’hivernation et les lieux de reproduction (éloignement de quelques centaines de mètres). Source : www.pharmanatur.com L’amélioration et le renforcement des éléments aquatiques constitutifs du maillage écologique devraient se faire par le biais des quelques recommandations et propositions suivantes : - Une amélioration de la maîtrise et de la gestion des eaux usées domestiques via la mise en œuvre et le respect des plans d’assainissement par sous-bassin hydrographique* (PASH) En analysant le PASH du sous-bassin Escaut-Lys, on constate que le régime d’assainissement défini pour les hameaux et villages concernés par la zone expertisée est le régime d’assainissement autonome qui implique aux habitants de ces zones d’assurer eux-mêmes l’épuration de leurs eaux usées par l’installation d’une unité de traitement individuelle. Dans la pratique, ce PASH impose à toutes les nouvelles constructions d’être équipées immédiatement d’un système d’épuration individuelle et implique pour les habitations existantes une mise en conformité progressive basée sur la définition de zones prioritaires et sur les éventuelles demandes urbanistiques induisant une extension de charge polluante. - Un accompagnement et une sensibilité des populations directement riveraines de nos cours d’eau et notamment du monde agricole Au fil de leur écoulement, nos cours d’eau bordent et/ou traversent des propriétés privées et, aussi et surtout, des prairies et des espaces cultivés. Pour ces parcelles sises en bordure de cours d’eau et plus largement dans le lit majeur, il est essentiel d’adopter une gestion appropriée à cette promiscuité afin de limiter les écoulements (surfaciques et/ou souterrains) directs de substances polluantes, d’éviter une dégradation des berges et de maintenir une ripisylve intéressante. Au niveau des parcelles privées non agricoles, l’attention devra être portée sur les quelques aspects suivants : éviter les pulvérisations en bordure du cours d’eau (respect des indications mentionnées sur les emballages en termes de dosage et de précautions d’usage), maintenir la strate herbacée en guise de protection de berges afin de limiter les problématiques d’érosion et de ne pas devoir recourir aux interventions de stabilisation artificielle Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 58 des berges et éviter l’introduction d’espèces invasives (notamment les espèces comme la renouée du Japon, le buddleia de David (plus connu sous le nom d’arbre aux papillons), la balsamine de l’Himalaya). Au niveau des parcelles agricoles, une série de précautions d’usage, basées pour certaines sur des règlementations régionales, peut être émise en vue de protéger les cours d’eau. Ainsi, le Code de l’Eau (et plus particulièrement, son chapitre IV de sa partie réglementaire - chapitre consacré à la gestion durable de l’azote en agriculture) prévoit : L’interdiction de rejets directs de fertilisants et de jus d’écoulement dans le sous-sol, un égout public ou une eau de surface ; L’interdiction d’implanter un dépôt de fumier sur champs à moins de 20 mètres d’une eau de surface avec certaines dispositions spécifiques complémentaires (changement de l’emplacement chaque année, respect de teneurs en matière sèche pour les fientes et fumiers de volailles avec durée de stockage limitée, etc.) ; Le respect de normes et de périodes d’épandages et ce, en fonction de la situation de notre région en zone vulnérable* ; L’interdiction de fertilisants à moins de 6 mètres d’une eau de surface - distance déterminée à partir du bord supérieur de la berge ou du talus qui borde cette eau de surface. En ce qui concerne les prairies, une autre thématique vient se greffer : celle du contrôle de l’accès du bétail au lit du cours d’eau. En effet, l’accès du bétail au lit du cours d’eau est à l’origine de multiples problèmes : dégradation du couvert herbacé, détérioration des berges, mise en suspension des sédiments et altération de la qualité de l’eau (matières fécales, parasites, etc.). Dès lors, une règlementation - récemment modifiée par un arrêté du 17 octobre 2013 - veille à poser des obligations en matière de clôture des terres pâturées en bordure de cours d’eau. Ainsi, par le biais de cette nouvelle règlementation, la clôture des prairies est rendue obligatoire de manière à empêcher l’accès du bétail au cours d’eau. Celle-ci doit être implantée à une distance d’au moins un mètre en retrait de la crête de berge vers l’intérieur des terres. A cet aménagement de clôture, viennent s’annexer des aménagements relatifs aux abreuvoirs. Des subventions peuvent être à cette fin octroyées aux agriculteurs qui se mettent en conformité par rapport à cette législation. D’une manière générale, précisons en outre aussi, qu’en ce qui concerne toujours les interventions en marge de cours d’eau, l’arrêté royal du 5 août 1970 - et plus précisément son article 10 - précise qu’il est interdit de : « dégrader ou d’affaiblir, de quelque manière que ce soit, les berges, le lit ou les digues d’un cours d’eau ; de labourer, de herser, de bêcher ou d’ameublir d’une autre manière la bande de terre d’une largeur de 0,50 mètre, mesurée à partir de la crête de la berge du cours d’eau vers l’intérieur des terres. » Dans l’optique de plantations, des distances doivent également être respectées par rapport à la crête de berge de cours d’eau : un minimum de 6 mètres pour les résineux, de 2 mètres pour les feuillus hautes-tiges, de 0,5 mètre pour les feuillus basses-tiges. Par contre, les plantations d’aulnes, de saules et de frênes peuvent être effectuées à moins de 2 mètres de la crête de berge. Pour une plantation en berges, une demande d’autorisation doit être sollicitée au préalable. Outre ces dispositions légales qu’il semble bon de repréciser aux habitants et exploitants de parcelles riveraines de cours d’eau, il serait également intéressant de sensibiliser ceux-ci à l’intérêt de préserver une végétation rivulaire et de leur prodiguer certains conseils pour en assurer une bonne gestion. Au fil des interventions anthropiques, la végétation présente en bordure de cours d’eau a été peu à peu réduite pour ne plus former bien souvent qu’un fin cordon végétatif. Or, de par les rôles importants qu’elle joue (lutte contre l’érosion, rôle épurateur vis-à-vis de l’eau, ralentissement des eaux d’écoulement, rôle de corridors écologiques et d’éléments paysagers, fourniture de bois, etc.), il est essentiel de préserver cette végétation rivulaire et là où cela est possible, de permettre à celle-ci de retrouver : Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 59 une structure correctement étagée - à savoir une structure associant les strates arborée, arbustive et herbacée ; une composition équilibrée - à savoir une composition alliant une diversité d’espèces (privilégier les espèces adaptées aux stations et éviter les faux-amis des berges ou les essences invasives), de taille (arbres hautes-tiges, port buissonnant, arbres-têtards, etc.) et d’état (arbres d’âges différents, arbres morts avec cavités, etc.) ; et une largeur intéressante - à savoir une combinaison végétale s’étirant sur plusieurs mètres et comprenant une ripisylve (végétation poussant dans la berge), un espace intermédiaire (espace de quelques mètres en sommet de berge) et une bande tampon (bande non exploitée ou exploitée extensivement s’étirant sur plusieurs mètres vers l’intérieur des terres). A ce niveau, on peut notamment encourager l’implantation des tournières enherbées ou de bandes de prairies extensives en bordure de cours d’eau (zone tampon entre les terres cultivées/prairies et le cours d’eau). Outre ces aspects, il importe également de gérer et d’entretenir cette végétation de manière adéquate. Parmi les modalités importantes à retenir, nous pouvons citer : l’établissement de programmes d’intervention adaptés aux enjeux locaux avec une diminution de la fréquence d’entretien dans les zones où un redéveloppement de la ripisylve est permis ou un accroissement des interventions visant une préservation de l’ouverture de certains milieux d’intérêts (comme des berges abruptes favorables à certaines nidifications, des mégaphorbiaies*, etc.) ; l’adoption, dans la majorité des cas, d’un programme d’entretien par petites trouées veillant à éviter les interventions sur de longs tronçons (maximum de 20 mètres pour une trouée), à maintenir un cordon végétatif continu entre deux trouées (si possible, en séparant les trouées successives d’une distance au moins égale à deux fois la longueur de la trouée), à alterner les positions de trouées entre les berges, à positionner les trouées judicieusement (maintien d’un ombrage dans les zones plus calmes et mise en lumière des secteurs plus rapides) ; et l’attention portée lors de l’entretien au maintien d’une ripisylve diversifiée c’est-à-dire une ripisylve étagée associant une multitude d’espèces végétales et une variété d’éléments naturels intéressants (comme des fourrés, des arbres morts, des arbres têtards, des arbres de grand diamètre, des arbustes avec des branches propices à servir de poste de chasse, etc.). - Une sensibilité des populations à l’impact des pollutions diffuses vis-à-vis de la qualité de nos cours d’eau Outre les populations riveraines de cours d’eau, il apparaît important d’impliquer plus largement l’ensemble des populations à la problématique de la qualité de nos eaux de surface et souterraines. En effet, il semble primordial de rappeler que chaque endroit d’un territoire est inclus dans un bassin versant et que, par ce biais, chaque goutte d’eau et/ou de substances déversée sur le sol est amenée à rejoindre une rivière par le biais du ruissellement surfacique ou par des transferts d’eau souterrains. A ce niveau, une sensibilisation pourrait être menée par le biais de fiches à distribuer et/ou d’articles dans des publications locales. Elle permettrait ainsi d’éveiller l’attention des populations sur l’impact de leurs rejets diffus et notamment tout ce qui a trait aux pulvérisations, aux épanchements accidentels (mise en conformité de certaines installations sensibles comme les réservoirs d’hydrocarbures et mazout de chauffage, etc.), aux eaux de nettoyage de matériels, etc. - Une préservation et une restauration des annexes hydrauliques et plans d’eau Comme nous l’avons vu en décrivant les composantes de notre zone d’étude, celle-ci apparaît pauvre en annexes hydrauliques et plans d’eau naturels. Or, ces annexes hydrauliques et plans d’eau jouent de multiples fonctions en termes de régulation des crues, d’épuration naturelle des eaux et d’accueil de la biodiversité locale. Sans vouloir se lancer dans des travaux de grande envergure et au coût excessif tels que des reméandrages de cours d’eau et des reconnexions d’anciennes annexes, il est possible d’agir sur ces composantes de nos paysages d’une part en gérant judicieusement les éléments encore existants et d’autre part en tentant de recréer certaines annexes hydrauliques ponctuelles. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 60 Pour le premier type d’intervention basé sur la gestion des annexes hydrauliques existantes, une attention particulière pourrait être posée sur les prairies maigres humides, les reliquats de forêts alluviales et les mares. Au niveau des prairies maigres humides, une gestion extensive doit être privilégiée (éventuellement par le biais des mesures agri-environnementales « Prairie naturelle » et « Prairie de haute valeur biologique ») laquelle reposera sur les principes suivants : un ajustement des périodes de fauche et/ou de pâturage, une limitation des intrants (tant organiques que minéraux) avec une exportation des produits de fauche, une restriction des traitements phytosanitaires (uniquement en localisé contre certaines espèces problématiques), des techniques et modalités de fauche respectueuses de la faune (maintien de bandes refuges, vitesse de fauche réduite, dispositifs effaroucheurs, etc.) et une interdiction de drainage de ces fonds humides. Pour les reliquats de forêts alluviales, un coup d’œil aux mesures de gestion préconisées dans le cadre du réseau européen Natura 2000 indique que la préservation de ces habitats dits prioritaires implique la mise en œuvre d’une gestion sylvicole extensive attentive à la continuité forestière (interventions limitées sur de petites surfaces), à la diversification des essences et à l’éradication d’espèces invasives, aux techniques douces (notamment par rapport aux choix des engins et techniques de débardage), à la conservation d’une mosaïque de micro-habitats (arbres morts, ilot de vieillissement, zone de régénération naturelle, fonds humides, etc.) et à une planification judicieuse des interventions par rapport aux périodes de nidification et/ou de reproduction. Pour les mares, les principes de gestion rejoignent çà et là certaines des modalités évoquées ci-avant - notamment tout ce qui a trait aux précautions d’usage vis-à-vis des fertilisants (organiques et/ou minéraux) et des produits phytosanitaires, à l’attention portée aux essences invasives et à l’intérêt de préservation une mosaïque d’habitats. Au niveau de ce type d’éléments naturels, le maintien d’une zone tampon périphérique permet d’éviter d’altérer ce milieu par le biais d’épanchements et écoulements surfaciques de substances néfastes. Dans le cadre du cahier de charges spécifique à la mesure agri-environnementale « mares », une largeur de minimum 2 mètres est imposée pour cette bande tampon. En ce qui concerne le second type d’intervention qui viserait lui à recréer certaines annexes hydrauliques ponctuelles, une option choisie pourrait être celle de recréer un réseau de mares permettant d’offrir de nouvelles capacités d’accueil pour la biodiversité qui dépend à un stade de leur vie du milieu aquatique. Dans cette optique, l’objectif à atteindre sera de reconstituer un maillage de mares diversifiées interconnectées qui rencontreront les besoins de diverses espèces. Comme mentionné précédemment, pour ce type d’aménagement, la rencontre des exigences du triton crêté peut servir de base de réflexion puisque son statut permet de prédire que toute intervention favorable à son égard le sera également pour d’autres. Créer une mare demande bien évidemment 5 de se renseigner auprès de personnes compétentes (par exemple, le Parc naturel du Pays des Collines ), d’obtenir les éventuelles autorisations nécessaires et de veiller à en choisir judicieusement la situation (privilégier les fonds à sols argileux et les points bas ; réfléchir à la sécurité des lieux vis-à-vis notamment des enfants, définir ses modalités d’alimentation, etc.). Une fois ces préambules établis, l’aménagement peut ensuite suivre les aspirations et souhaits personnels tout en s’inspirant bien évidemment des retours d’expérience en la matière. Variable dans sa taille et sa forme, une mare se révèle plus particulièrement intéressante lorsqu’elle intègre les quelques critères clés suivants : une forme qui maximise les interfaces entre le milieu terrestre et le milieu aquatique, un contour qui présente des berges aux faciès multiples (berges abruptes et en pente douce), un fond en paliers créant des espaces de profondeurs différentes, un environnement adjacent accueillant et protecteur (bande tampon autour de la mare, contexte paysager voisin diversifié répondant aux besoins spécifiques, etc.) et une gestion douce qui laisse le temps à la végétation indigène de s’installer (éventuellement aidée par quelques plantations indigènes). Si des souhaits de restauration de mares s’élèvent au sein des pouvoirs décisionnels ou de propriétaires privés, des recensements (notamment des amphibiens durant les périodes de migrations) peuvent être envisagés afin d’orienter au mieux les aménagements pour les espèces en présence. 5 Celui-ci est cité car il s’est engagé depuis 2012 dans une opération visant à recreuser des mares ; il doit donc disposer d’un retour d’expérience intéressant pour notre zone d’étude. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 61 - Une gestion des cours d’eau ajustée aux enjeux locaux et à la dynamique hydraulique Comme précédemment mentionné, nos cours d’eau ont, avec l’évolution de notre société, été soumis à d’importantes modifications et font l’objet d’une gestion parfois disproportionnée par rapport à l’environnement adjacent et aux enjeux locaux. Avec en ligne de mire la directive cadre sur l’eau, il importe d’adopter une gestion recentrée sur les cours d’eau en leur qualité de milieux vivants et dynamiques ; les actions à mener devront donc se réfléchir sur base d’une analyse précise de l’environnement qui permettra d’établir une hiérarchie d’enjeux dont découleront les lignes directrices de gestion. Parmi les enjeux rencontrés en marge des cours d’eau, il y aura lieu d’analyser et d’évaluer les obligations induites vis-à-vis de biens privés, de populations, d’infrastructures publiques et/ou du patrimoine naturel de manière à orienter au mieux les interventions à mener vis-à-vis des protections de berges, des embâcles*, de la diversification des habitats, de la préservation des intérêts écologiques, etc. Ainsi, au niveau des zones urbanisées, l’objectif prioritaire gravitera toujours autour de la protection des biens et des personnes ce qui impliquera de favoriser l’écoulement et de contenir les phénomènes érosifs (enlèvement des embâcles, mise en œuvre de techniques de stabilisation des berges, etc.). Toutefois, on tentera aussi de préserver de l’intérêt à ce milieu par le maintien d’une ripisylve qui agrémentera le cadre de vie des populations et assurera un rôle épurateur vis-à-vis de l’eau et par une diversification des habitats qui pourra accueillir la biodiversité locale. En zone agricole, les obligations de protection des biens et des personnes peuvent ici être plus nuancées et les interventions de stabilisation de berges et/ou d’enlèvement des embâcles peuvent être moins systématiques dans la mesure où les phénomènes érosifs et les inondations ne créent pas de dommages inacceptables pour les propriétaires et exploitants des lieux. La présence d’une ripisylve revêt dans ce contexte de multiples intérêts : zone tampon, maintien des berges, accueil de la faune des plaines agricoles, etc. Pour certains espaces prairiaux situés en amont de zones urbanisées ou à enjeux particuliers, un objectif de retenue des eaux peut leur être attribué et limiter ainsi les inondations en aval. Dans les espaces plus en retrait de zones urbanisées et de cultures et/ou pour les lieux d’intérêts naturels patrimoniaux, l’objectif sera bien évidemment tourné vers une diversification de la ripisylve favorable à la biodiversité. Dans la mesure du possible, les interventions seront limitées aux actes strictement nécessaires au maintien et/ou au développement des intérêts écologiques de ces sites. En lui offrant la possibilité de divaguer librement, le cours d’eau va recréer une diversité de faciès (berges abruptes, pentes douces, mouilles*, secteur rapide, etc.) et permettre à une multitude d’espèces végétales et faunistiques de s’y développer. Une attention plus particulière devra toutefois être prêtée vis-à-vis de certaines espèces invasives qui pourraient s’y installer et concurrencer néfastement les espèces indigènes. Dans le futur, la gestion de nos cours d’eau doit donc s’orienter vers une démarche plus réfléchie qui repose sur une analyse précise des enjeux prioritaires des zones et sur l’adoption d’objectifs de gestion calqués sur l’équilibre à trouver entre ces différents enjeux - le tout devant rester acceptable vis-à-vis de la préservation des biens privés et de la sécurité humaine. 4.2.2 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des espaces arborés et/ou arbustifs (haies, alignements d’arbres, vergers, bosquets ou arbres isolés) Tantôt isolés, tantôt groupés en rangs linéaires ou en agencements plus disparates, les arbres apparaissent comme étant des éléments essentiels à la structure de nos paysages mais aussi et surtout à la biodiversité qui y réside. Nous l’avons évoqué précédemment un arbre constitue un lieu propice au développement et à l’accueil de la vie ; on peut ainsi le considérer comme étant l’hôtel et le restaurant pour de nombreuses espèces de notre région. De par ses intérêts multiples, il favorise une multitude d’espèces (petits mammifères, oiseaux, insectes, végétaux, etc.) et il est donc assez complexe de lui associer une espèce de référence particulière. Toutefois, de par leurs exigences plus Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 62 spécifiques et donc leur vulnérabilité accrue, trois groupes d’espèces ‘parapluie’ peuvent être évoqués et nous servir de fils conducteurs dans l’optique d’une restauration du maillage écologique par le biais des éléments arborés et arbustifs. Ces trois groupes d’espèces sont les chiroptères, les oiseaux ‘cavernicoles’ et les insectes butineurs / pollinisateurs. Source : www.natagora.be (Jean-Louis Gathoye) Les chiroptères S’intéresser aux chauves-souris, c’est partir à la découverte d’êtres d’exception qui ne peuvent qu’attiser notre curiosité de par leurs caractères uniques et remarquables. Elles sont en effet les seuls mammifères ailés capables de voler, elles disposent d’un système très particulier d’écholocation qui leur permet de se déplacer et de chasser dans l’obscurité, elles dorment suspendues la tête vers le bas et elles observent un cycle de vie bien rodé avec une période d’hibernation (de novembre à mars) et une période d’activités (sortie d’hibernation vers mars-avril, gestation pour une mise bas en juin, accouplement et migration vers les gîtes d’hiver). Cependant, malgré ses adaptations remarquables, les chauves-souris n’en demeurent pas moins des espèces avec certaines exigences - notamment vis-àvis de l’habitat (besoin de gîtes estivaux et hivernaux répondant à des critères précis de température, d’humidité, de tranquillité, etc.) et de leur environnement de vie. Certaines études ont ainsi démontré que pour nombre d’espèces de chauves-souris, un environnement bocager bien structuré et riche en insectes constituait un territoire de chasse idéal, que les éléments linéaires arborés servaient de couloirs de vol privilégiés entre les gites et le terrain de chasse et que les cavités se creusant dans les arbres pouvaient accueillir des chauvessouris. Pour certaines espèces, le besoin d’un bocage continu apparait essentiel à leur préservation ; c’est le cas notamment du Petit rhinolophe très dépendant du réseau de haies. Pour cette espèce menacée, des études indiqueraient qu’une trouée de 10 mètres dans un élément linéaire arboré l’empêcherait de poursuivre sa route. Les oiseaux ‘cavernicoles’ Qui dit « oiseaux », dit « nidification » … et donc le besoin de lieux propices à accueillir ces constructions qui ont pour rôle premier de servir de maternité et de pouponnières pour nos oiseaux. A ce niveau, les oiseaux nous offrent une belle palette de constructions aux formes et aux structures variées : petite cuvette végétale, amoncellement hasardeux de branches, boules de matériaux, etc. Et puis, à côté de cela, certaines espèces vont-elles affectionner plus particulièrement les cavités - soit qu’elles trouveront naturellement dans la nature, soit qu’elles creuseront elles même. Pour ces espèces dites « cavernicoles », les arbres (principalement les arbres têtards, les arbres morts, les arbres dépérissants) sont des éléments particulièrement intéressants par les cavités qu’ils offrent naturellement et/ou par le support qui permet le creusement d’un nid. La richesse et la diversité du maillage arboré sera donc favorable à la reproduction de ces espèces d’oiseaux cavernicoles et notamment les pics, certains rapaces nocturnes comme la chouette chevêche (emblème du parc naturel du Pays des Collines), la sitelle torchepot, le torcol fourmilier ou d’autres petits passereaux comme les mésanges bleues et charbonnières, le rouge-gorge, les moineaux domestiques et friquets, etc. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Source : www.christophesalin.com 63 Source : Aline Pattyn Les insectes butineurs / pollinisateurs La vie des insectes butineurs est un très bel exemple de symbiose puisque ceux-ci trouvent au cœur des fleurs qui ornent nos campagnes, le pollen et le nectar qui servent à l’alimentation des larves et des adultes et à la fabrication du miel qui sert à alimenter la colonie durant l’hiver. Inversement, les butineurs en parcourant les fleurs assurent la pollinisation des espèces qu’ils visitent. On estime que les insectes butineurs assurent la fécondation et la reproduction de 80% des espèces végétales. Les espèces butineuses occupent donc une place essentielle dans le maintien de la biodiversité de notre planète. Parmi ces espèces, on connaît tous évidemment les abeilles, les bourdons, les guêpes, les syrphes, les papillons. En observant le comportement des abeilles et des bourdons, il a été constaté que ces insectes présentent des longueurs de langue différentes : courte, moyenne et longue qui vont orienter les choix des espèces végétales butinées et pollinisées. Selon les espèces, on a également pu remarquer que certaines ne visitent qu’une seule espèce végétale (cas de Megabombus consobrinus et Aconitum septentrionale) alors que d’autres en visitent une dizaine. Au niveau des statistiques, il apparaît que ce sont les groupes à longue langue qui sont les plus touchées par le déclin. De par une floraison diversifiée et étalée dans le temps, le maillage ligneux recèle un intérêt non négligeable vis-à-vis de la sauvegarde des insectes butineurs et pollinisateurs. Comme le présentent ces petites cartes d’identité d’espèces de référence, les éléments arborés de nos paysages sont des espaces de vie et d’accueil indéniables - et à ce titre, nécessite d’y apporter une attention toute particulière - tant d’un point de vue de la préservation des éléments existants, que d’un point de vue de restauration et/ou de renforcement de la trame de ces éléments ou encore d’un point de vue de leur gestion dans le temps. Pour atteindre ces objectifs, les voies d’intervention peuvent être les suivantes : En matière de préservation des éléments existants, les actions à entreprendre consisteraient en une sensibilisation des propriétaires à l’intérêt des éléments arborés de nos paysages ainsi qu’une information et/ou un rappel des législations existantes qui régissent d’éventuelles interventions sur des arbres et haies remarquables. Pour ce dernier aspect, les autorités communales ont notamment un rôle à jouer par le biais des avis urbanistiques qu’elles remettent. En outre, il est également possible à quiconque soucieux de garantir la conservation d’un arbre ou d’une haie jugé remarquable d’introduire une demande visant à faire intégrer cet élément au sein des listings officiels ce qui lui confère légalement un statut de protection. La préservation des éléments d’intérêt existant passe également par la mise en œuvre d’une gestion et d’un entretien ajustés aux types et à l’état de l’arbre. Autant pour la préservation des vergers hautes tiges que pour les arbres têtards, un minimum d’intervention est requis afin d’éviter un dépérissement et d’en préserver l’attrait. En effet, si on prend l’exemple des arbres têtards, un manque d’entretien peut nuire à terme à l’arbre et à l’intérêt qu’il représente (développement végétatif important qui occulte les cavités, bris de branches, éventration du tronc). A ce niveau, des journées de formation sont de temps à autre organisées pour transmettre aux personnes intéressées les conseils et les précautions d’usage pour la taille des fruitiers ou arbres têtards. Les interventions devront aussi être judicieusement planifiées par rapport aux périodes de nidification et/ou prendre en considération les points d’intérêt des arbres à tailler (respect des cavités intéressantes, etc.) ; Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 64 Les arbres morts jalonnant nos paysages devraient être soumis à un abattage parcimonieux basé essentiellement sur des obligations d’ordre sécuritaire. Autant que possible, seront maintenus sur pied les arbres morts isolés de tous biens et/ou lieux fréquentés et qui ne représentent aucun risque sécuritaire ; La plantation de nouveaux éléments arborés (haies, alignements d’arbres, vergers hautes tiges) devrait être encouragée. Au niveau du monde agricole, le programme agrienvironnemental a déjà permis de conscientiser les agriculteurs à la préservation et à la restauration des haies, alignements d’arbres, arbres isolés, vergers hautes tiges ; il y a lieu de persévérer dans cette voie en instaurant des dialogues constructifs qui tiennent compte des faits passés et de l’évolution du secteur pour garantir la pérennité des nouveaux aménagements. Trop souvent perçus comme une entrave, il importe de rappeler tous les rôles joués par le maillage arboré et arbustif et d’envisager celui-ci comme un allié vis-à-vis de certaines problématiques (contrôle de certains ravageurs, abri pour le bétail, barrière aux écoulements boueux, accueil des pollinisateurs, etc.). Par rapport aux pouvoirs publics et aux particuliers, des démarches sont aussi possibles simplement en posant des choix judicieux dans le cadre des aménagements d’espaces publics et privés. Dans l’optique d’un renforcement du maillage constitué d’éléments arborés et ligneux, il est important de respecter certains principes clés comme ceux de choisir des espèces indigènes, d’associer plusieurs espèces lorsque c’est possible, de sélectionner les espèces et de réfléchir à leur agencement en fonction de l’intérêt recherché (fonction paysagère, écologique, brise-vent, etc.) ou encore de définir un emplacement adapté au développement de l’aménagement (respect de distance de ‘sécurité’ vis-à-vis de biens, de limites de propriétés, etc.). Pour guider ces choix, de nombreuses publications existent et délivrent une foule d’informations utiles ; c’est notamment le cas des brochures intitulées « Guide pour la plantation de haies » et « Des haies pour demain » - brochures éditées par la Région wallonne et téléchargeables via Internet. 4.2.3 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des accotements et bords de voiries Comme mentionné précédemment, les accotements et bords de voiries constituent des lieux particulièrement intéressants par rapport au maillage écologique de par le réseau de connexion qu’ils offrent. Toutefois, pour assurer pleinement ce rôle, il importe que ceux-ci soient préservés autant que possible de toutes interventions anthropiques majeures et qu’ils fassent l’objet d’une gestion adaptée au potentiel écologique qu’ils recèlent. Les recommandations et propositions d’actions pouvant être émises à ce niveau visent à la fois les autorités publiques en leur qualité de gestionnaires de ces milieux et les populations locales en leur qualité de riverains de ces espaces. Au niveau des gestionnaires, il est clair que l’engagement de la commune dans la convention « fauchage tardif du bord des routes » est une opportunité unique de favoriser le retour de la biodiversité aux abords des infrastructures routières. Cette convention repose sur l’adoption de modalités particulières de fauche - à savoir : er Une fauche opérée tardivement (à partir de début août et jusqu’au 15 octobre ou 1 novembre) de manière à permettre aux espèces végétales (principalement les espèces à Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 65 fleurs) de réaliser leur cycle complet de développement (floraison et fructification) et à offrir des refuges intéressants pour nombre d’espèces (zone pour la nidification, pour l’alimentation, etc.) ; Une fréquence faible de fauche (une coupe annuelle) de façon à limiter le nombre de perturbations du milieu ; Un abandon des traitements chimiques (notamment des herbicides légalement interdits exception faite pour certains espaces publics particuliers comme les espaces pavés, les zones en graviers, les abords de voie ferrée et les cimetières) et le recours à des techniques alternatives (échardonnages manuels) ; Une exportation du produit de fauche afin d’appauvrir les sols et de favoriser la biodiversité ; Un ajustement de la hauteur de coupe (hauteur de coupe de 10 cm) qui permet de préserver les bourgeons situés à la base de certaines plantes et qui évite surtout de mettre le sol à nu avec les conséquences que cela peut avoir en termes d’érosion ; L’utilisation d’un matériel de fauche permettant une coupe nette sans être trop dommageable pour la faune (utilisation recommandée d’une faucheuse à outils rotatifs ou d’une faucheuse à barre de coupe). A ce niveau, la commune peut opter pour un fauchage tardif sur toute la largeur du bord de route ou pour un fauchage au-delà d’une bande sécurité (largeur généralement établie à 1,2 mètre). En parallèle à cet engagement des gestionnaires, une sensibilisation à cette pratique du fauchage tardif semble nécessaire vis-à-vis des populations locales. En effet, en se promenant çà et là, on constate que parfois les populations locales se substituent aux gestionnaires en tondant eux-mêmes les abords routiers voisins de leur habitation tandis qu’à d’autres endroits, les accotements ont quasiment disparu ou subissent diverses altérations diffuses (pulvérisations, labours, etc.). Des actions de sensibilisation devraient donc être menées afin de permettre de bien expliquer les intérêts des bords de route et de leur gestion extensive. Ces actions peuvent passer par des articles dans des périodiques locaux, par de petits folders ou encore par le biais d’interventions lors de balade (notamment lors de balades guidées). Au niveau de ces communications, une sensibilisation peut se faire en ciblant certaines espèces végétales et faunistiques favorisées par les opérations de fauchage tardif. Ma petite expérience de guide-nature m’amène à ici partager l’intervention que j’ai pu effectuer lors de ma balade d’examen qui s’est déroulée à la mi-juillet 2013. Réalisée au cœur de la campagne d’Arc, j’avais pris contact avec les autorités communales afin de solliciter un report des dates de fauche sur mon parcours. En m’octroyant ce report, la commune m’avait demandé de sensibiliser les participants et de leur expliciter cette démarche du fauchage tardif car selon leurs propos « cette politique n’est pas toujours comprise et partagée par les habitants qui se plaignent des herbes hautes qui créent des problèmes d’insécurité dans les voiries (…) ». Dans le déroulement de ma balade, j’ai donc réservé des temps d’observations et de découverte de la biodiversité se cachant dans les herbes folles qui jalonnent nos bords de route. Un premier temps a été consacré aux graminées … famille végétale méconnue de beaucoup mais tellement diversifiée lorsqu’on prend la peine de s’y intéresser. A ce poste d’observation, sur quelques mètres carrés d’accotements, se côtoyaient les espèces suivantes que j’avais abordées en ces termes : le vulpin des prés – déjà en fin de cycle lors de ma balade mais qui, en période de floraison, est aisément reconnaissable par son épi tout roux qui fait penser à la queue du renard (dont nom latin Vulpes vulpes peut servir de petit moyen mnémotechnique pour retenir le nom de la graminée) ; Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 66 la fléole des prés – qu’on reconnait par ses glumes à deux arêtes formant une échancrure assez marquée ; la houlque laineuse – toute douce ; le ray-grass anglais – dont l’épi est aplati et dont les glumes* n’ont pas d’arêtes ; le chiendent – dont l’épi est aplati des deux côtés ; le pâturin annuel – avec son épi unilatéral ; le dactyle aggloméré – avec son épi formé de groupes d’épillets compacts qui font penser à des coussinets de chats. Prises de vue de l’arrêt dédié aux graminées présentes aux abords de mon parcours de balade d’examen. A ces espèces relativement communes, s’y associent d’autres qui forment l’étoffe herbacée des bords de route. Pour les identifier, il faut toutefois en observer les détails et grâce à cette observation plus minutieuse, nos yeux sont aussi amenés à découvrir d’autres détails cachés des bandes enherbées bordant nos routes. Un autre intérêt des graminées qui dominent nos bords de route peut être expliqué par le biais d’une famille de papillons … celle des Satyrinae dont les chenilles se nourrissent de graminées. Par le biais de cette association entre sa chenille et la famille végétale des Poacées, toute intervention favorable au développement des graminées - comme le fauchage tardif - sera également bénéfique pour cette sous-famille de papillons présentée dans la petite carte d’identité qui suit. Source : Aline Pattyn La sous-famille des Satyrinae Constituant une sous-famille importante des Rhopalocères (papillons de jour), les Satyrinae se caractérisent par des ailes dont la teinte dominante est le brun lesquelles sont souvent ornées, au niveau de leur champ terminal, d’ocelles plus ou moins nombreuses avec le centre souvent marqué d’un point blanc. Les chenilles, vertes ou brunes, sont pourvues d’une pointe bifide à l’extrémité postérieure et se nourrissent donc de graminées. Les chrysalides sont elles suspendues ou simplement ‘nichée’ dans un petit cocon dans la couche de litière. Parmi les espèces que l’on peut voir voltiger chez nous, citons le Demi-deuil (Melanargia galathea), l’Amaryllis (Pyronia tithonus), le Ticris (Pararge aegeria) ou encore le Myrtil (Maniola jurtina). Ont ici été évoquées deux pistes visant une sensibilisation du public à l’intérêt d’une gestion extensive de nos bords de route mais bien d’autres existent sans aucun doute (par exemple, via un focus sur la famille des Ombellifères qu’on retrouve souvent sur les bords des routes et dont chaque ombelle de fleurs attire des cortèges d’insectes, etc.). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 67 Une gestion extensive des bords de route les plus intéressants combinée à une sensibilisation des populations riveraines nous apparaissent être les clés pour permettre à ces milieux de jouer pleinement leurs rôles au sein du maillage écologique - et ce, pour nombre d’espèces végétales et faunistiques. 4.2.4 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des zones agricoles gérées extensivement Occupant une place prépondérante au cœur de notre territoire régional, le secteur agricole a, comme nous l’avons vu, un rôle important à jouer vis-à-vis de la préservation et de la restauration du maillage écologique. Nombre d’études ont mis en évidence une relation de cause à effet entre les pratiques agricoles intensives et le déclin de certaines espèces spécifiques de nos plaines agricoles … et notamment l’avifaune de nos campagnes qui peut servir de référence pour les choix d’aménagement à poser. L’avifaune de nos plaines agricoles Au sein de notre bas-plateau limoneux hennuyer, les paysages sont dominés par de vastes étendues cultivées quasiment dépourvues d’éléments constitutifs du maillage écologique. De prime abord hostiles à toute vie, ces espaces abritent toutefois certaines espèces d’oiseaux qui apprécient ces milieux ouverts dotés de couverts herbacés assez bas. C’est notamment le cas de bruant proyer (Emberiza calandra), de l’alouette des champs (Alauda arvensis), de la bergeronnette printannière (Motacilla flava), de la perdrix grise (Perdrix perdrix), de la caille des blés (Coturnix coturnix) ou encore du vanneau huppé (Vanellus vanellus). Toutes ces espèces ont ainsi la particularité de pouvoir exploiter les ressources de ce milieu soumis à de fortes pressions anthropiques mais, malgré les stratégies de survie développées, ces espèces sont aujourd’hui toutes confrontées à une diminution de leurs effectifs qui implique la mise en œuvre d’un plan d’actions et de sensibilisation visant à leur rendre un environnement plus accueillant. Source : www.oiseaux.net Pour enrayer ce déclin, la solution consisterait à intégrer dans la trame agricole des zones soumises à une gestion dite extensive et/ou des zones plus strictement vouées à l’accueil de la faune et de la flore locale. Depuis 1985, les agriculteurs sont d’ailleurs orientés dans cette voie par le biais de politiques agricoles telles que le programme agri-environnemental, l’écoconditionnalité* des primes, etc. Améliorer la capacité d’accueil de nos plaines agricoles implique une convergence de deux composantes : Primo, un aménagement des habitats en faveur des espèces cibles ; Et secondo, une disponibilité de ressources alimentaires durant certaines périodes cruciales pour ces espèces cibles ; Dans la pratique, cette rencontre d’éléments favorables à l’avifaune de nos campagnes résulte d’une somme de petites actions comme exposées ci-dessous : D’une manière assez générale, l’avifaune trouve de bonnes conditions de vie au sein d’un paysage agricole où se combinent les plaines de grandes cultures dominées par les céréales et des zones de transition qui font office de zones refuges, de couloirs de déplacements, de lieux de nidification ou encore de garde-mangers. Ces zones de transition Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 68 peuvent revêtir de multiples faciès ; il peut ainsi s’agir de haies ou d’alignements d’arbres (déjà abordés précédemment), de tournières enherbées en bordure de culture, de bandes de prairies extensives ou encore de lisières agroforestières. Si les premières mesures sont assez bien adoptées par le monde agricole, la dernière reste assez peu appliquée. Or, de nombreuses études ont très largement démontré l’intérêt de ce type de milieu transitoire entre deux autres milieux très différents l’un de l’autre. L’aménagement d’une lisière agroforestière vise un développement végétal étagé et diversifié (manteau forestier, cordon de buissons et ourlet herbeux) reliant un massif boisé fermé et un espace ouvert de cultures. Si un tel aménagement est favorable à nombre d’espèces, il nécessite un espace non négligeable (bande d’environ 20 mètres de large avec idéalement un cordon de buissons d’au moins 8 mètres de large et un ourlet herbacé d’au minimum 5 mètres), un programme d’entretien spécifique (taille du manteau forestier en futaie, en taillis sous futaie ou en taillis avec maintien des individus d’intérêt, coupe du cordon de buisson par gyrobroyages* ou recepages tous les 5 à 10 ans, fauche de l’ourlet herbacé tous les deux ans en planifiant les interventions en dehors des périodes de nidifications et des périodes cruciales pour les 6 espèces ; entretien partiel maintenant des zones refuges) , une gestion extensive (abandon des traitements phytosanitaires ou recours à des traitements très localisés ciblant certaines espèces invasives) et une gestion des prédateurs de nos espèces sensibles, eux aussi favorisés par ce type d’aménagement. En plus de pouvoir offrir le gîte, nos campagnes doivent également permettre de satisfaire aux besoins alimentaires de l’avifaune de nos campagnes tout au long de l’année. En effet, l’évolution des pratiques agricoles (déchaumage des céréales après récolte, efficacité accrue des machines de récolte, emploi d’herbicides et d’insecticides) et le regroupement parcellaire sont autant de faits qui limitent la quantité de graines retournant au sol et la superficie des zones garde-mangers. Afin de remédier à cette diminution des ressources alimentaires, il est possible d’aménager des zones qui offriront à l’avifaune de nos campagnes une ressource alimentaire de substitution ; il s’agit notamment des pratiques de « jachères faune sauvage », de « bandes de céréales extensives non récoltées » ou « de bandes aménagées (mesure agri-environnementale 9) ». Le principe de ces aménagements est assez similaire puisqu’il repose sur l’implantation d’un couvert associant diverses espèces de plantes nourricières qui permettront de répondre aux besoins alimentaires de l’avifaune agricole sur une large période englobant la saison hivernale. Implanté pour quelques mois ou, au plus, deux années, ce couvert vise d’une part à attirer les insectes en période estivale (nourrissage des petits) et d’autre part à fournir une banque de graines pour l’hiver ; les mélanges proposés sont variés et orientés parfois pour certaines espèces plus particulières (association de légumineuses pour attirer les insectes ; mélange à base de lin, de froment, de triticale et de radis fourrager pour les bandes destinées aux oiseaux hivernants près des haies comme le bruant proyer ; association de deux couverts nourriciers à base de froment et d’une bande herbeuse intercalaire pour les bandes situées en pleine culture et destinées aux espèces hivernants se nourrissant au sol comme la perdrix grise. Cependant afin d’assurer pleinement leur rôle, il importe pour l’agriculteur de se faire bien 6 er Pour les entretiens, il convient de réaliser ceux-ci entre le 1 août et le 15 septembre de manière à éviter les perturbations durant les périodes de nidification et afin de permettre au couvert (notamment herbacé) de se redévelopper avant l’hiver. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 69 encadrer par un conseiller agri-environnemental (notamment par rapport à la gestion et à l’entretien annuel et par rapport aux problématiques de salissements par des adventices*) et des précautions d’implantation doivent être prises pour limiter la prédation dans ces zones étroites et attrayantes pour l’avifaune (rupture des couloirs de prédations par une implantation discontinue au sein des parcelles et vis-à-vis du maillage écologique - et ce, notamment pour les espèces nichant au sol et donc plus sensibles à la prédation, association des bandes aménagées avec d’autres éléments paysagers). A côté de ces aménagements, un retour vers des parcelles agricoles de taille plus raisonnable (de l’ordre de 5 à 10 hectares) est aussi un moyen pour recréer un patchwork de cultures séparées de petites bandes intercalaires favorables à la petite faune. Certains aménagements plus spécifiques à certaines espèces peuvent aussi être réalisés à faible frais ; c’est le cas notamment des placettes à alouettes. Cette technique aisée à mettre en œuvre consiste pour l’agriculteur à laisser au sein de ces grandes parcelles céréalières de petites zones nues de végétation (environ deux zones par hectare ; isolées de tout élément vertical pouvant favoriser la prédation) - et ce, simplement en levant son semoir sur quelques mètres. Dans le même ordre d’idées, n’oublions pas non plus l’intérêt des anciens bâtiments agricoles et granges vis-à-vis de certains oiseaux comme les hirondelles rustiques, certains rapaces nocturnes, les chauves-souris et d’autres petits passereaux. Actuellement, certaines de ces mesures sont reprises dans le programme agri-environnemental et/ou requises dans le cadre de la conditionnalité des primes ce qui crée un incitant financier à leur mise en application. Comme évoqué précédemment, des incertitudes planent actuellement sur le devenir de ces politiques agricoles et donc sur la pérennité des gains à ce jour acquis. Il sera donc important de suivre avec attention l’évolution de ces politiques de manière à pouvoir le cas échéant lancer des campagnes de sensibilisation motivant les agriculteurs à poursuivre leurs efforts dans le sens d’une cohabitation harmonieuse de leurs activités avec la nature environnante. 4.2.5 Propositions et recommandations générales vis-à-vis des jardins privés Dans les sections précédentes, il a surtout été évoqué le rôle joué par les agriculteurs, les gestionnaires de cours d’eau ou encore les services publics dans la préservation de notre patrimoine naturel et dans la restauration du maillage écologique. Toutefois, ce rôle revient également à tout un chacun car quelque soit la nature de son chez soi, nous avons tous un petit coin de campagne à protéger. Nos jardins, les abords de nos habitations voire nos constructions sont autant d’éléments qui peuvent aussi venir intégrer ce maillage et permettre à notre environnement de rester accueillant pour la faune et la flore. Ainsi, tous les éléments d’intérêt présentés au fil des sections peuvent nous inspirer dans les choix que nous faisons pour l’aménagement de notre propriété. En guise de clôture, nous pouvons abandonner la traditionnelle haie basse monospécifique pour plutôt implanter une haie mélangeant diverses espèces indigènes : les unes mellifères pour nos insectes butineurs, les autres épineuses pour offrir un abri sécurisé pour la nidification de nos petits passereaux, d’autres encore à baies pour constituer un beau gardemanger, etc. Et si l’espace nous le permet, on peut complexifier sa structure en intégrant des arbres hauts ou en créant une haie multirangs étagée ; Nos bâtiments sont des lieux intéressants pour nombre d’espèces ; les oiseaux y nidifient, les chauves-souris y établissent leur maternité et/ou y passent l’hiver, les insectes et d’autres Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 70 mammifères s’y abritent. Pourquoi ne pas envisager une cohabitation harmonieuse avec ces hôtes particuliers en leur laissant certains accès, en maintenant d’anciens murs mal rejointoyés ou en les prenant en considération lors d’éventuels aménagements ? ; Les éléments arborés comme les arbres-têtards ou les arbres fruitiers hautes-tiges sont de remarquables lieux de vie. Si la taille de notre jardin le permet, on peut envisager de planter un arbre d’une espèce acceptant la taille en têtard ou une ancienne variété fruitière ; Dans un coin de nos pelouses ou en bordure d’une allée, pourquoi ne pas laisser la nature reprendre un peu ses droits et/ou faciliter le retour des fleurs indigènes dans nos jardins parfois un peu trop verdoyants ; Si la nature du terrain le permet, l’aménagement d’une mare peut être réfléchie … si tel est votre souhait, laissez la nature s’y installer à son rythme et n’y introduisez pas de poissons qui se régaleront des pontes de nos batraciens ; La pose d’habitats de substitution aux habitats naturels absents comme des nichoirs, des hôtels à insectes, etc. Ce type d’aménagement a déjà fait ses preuves notamment vis-à-vis du faucon pèlerin qui s’est réinstallé dans les tours de certains édifices urbains, des hirondelles qu’on a évoqué lors de la balade, etc. ; Dans nos jardins, comme ailleurs, l’abandon des produits phytosanitaires, herbicides, insecticides et autres produits en -cides ou au moins leur utilisation raisonnée sera favorable à un retour progressif de la biodiversité et permettra de préserver la qualité de nos sols et de nos ressources en eaux. Comme le montre cette liste non exhaustive, l’inventaire des aménagements permettant à la nature de réintégrer nos jardins est longue et variée … chacun peut donc agir à sa façon et selon ses moyens ! Les promenades organisées par les guides-nature ou d’autres associations sont souvent des occasions pour sensibiliser les participants aux rôles de chacun dans la préservation du patrimoine naturel qui constitue notre cadre de vie. Dans le cadre de ma balade d’examen, cet état de fait venait d’ailleurs clôturer le parcours et, afin d’attiser les idées, un petit « pense-malin » avait été rédigé sur base de la trame de la balade (à savoir une balade bucolique au cœur de la campagne encadrant le village d’Arc à la découverte des insectes et des éléments naturels d’intérêt). Celui-ci est présenté, à titre informatif, ci-dessous. A ce niveau, les autorités communales peuvent aussi avoir un rôle de sensibilisation et/ou d’incitant dans le cadre des avis qu’elles remettent (permis d’urbanisation, permis d’exploiter, etc.) et/ou dans le cadre des rencontres avec sa population (par exemple, lors des demandes de domiciliation, des fêtes d’accueil des nouveaux habitants, etc.). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 71 Maintenir l’accès aux anciens bâtiments et anciennes granges, éviter les insecticides, maintenir des endroits boueux, placer des nichoirs artificiels, installer des planches anti-fientes Laisser une petite zone de friche, conserver des bois morts et la litière de feuilles mortes sous les haies en place, aménager un gîte, ne pas lui donner de lait Aménager une mare et laisser s’y installer la vie, maintenir aux abords de vieilles souches, des tas de bois ou de litière, participer aux opérations de ramassage des batraciens Planter des arbres et arbustes feuillus indigènes, créer une mare naturelle, supprimer l’usage des insecticides, aménager ou maintenir des accès vers des gîtes potentiels, ne pas déranger les colonies existantes Parc Parcnaturel natureldu duPays Pays des desCollines Collines Planter une haie diversifiée (arbres et arbustes à baies, épineux, etc.), planter un arbre-têtard, ne pas tailler les haies entre avril et début juillet, les nourrir durant l’hiver, placer de petits abreuvoirs et des nichoirs Aménager une prairie fleurie ou un coin d’ « herbes folles », planter des espèces fruitières hautes-tiges, préserver de vieux murs en pierre, installer des « hôtels à insectes » Petits lieux d’accueil vite faits et bien faits : - Suspendre ou déposer au sol une buche de bois percée de petits trous forés (environ 10 cm de profondeur, 3 à 15 mm de diamètre, espacement de 1 à 2 cm) pour l’accueil d’espèces xylophages, d’abeilles et de guêpes solitaires ; - Suspendre dans une haie un pot de fleurs rempli de fibres de bois ou de paillage tenus par un filet, ouverture vers le bas, puis, une fois les perce-oreilles établis, le déplacer près d’une colonie de pucerons ; - Suspendre un fagot de tiges et branches creuses bien abritées dans une boite pour l’accueil des abeilles et guêpes solitaires – à exposer de préférence au sud ou au sud-est ; - Aménager un abri à hérisson avec une boite en bois garnie de litière de paille qui sera posée légèrement audessus du sol, recouverte d’un film imperméable, dissimulée sous un tas de feuilles mortes ou de branches et accessible via un petit tunnel de 10 cm de côté ; - Garder un espace d’environ 2 cm entre un mur et le treillis supportant une plante grimpante pour l’accueil des papillons ; - Maintenir l’accès aux gîtes fréquentés par les chauves-souris (chiroptière en toiture de 40 cm de large sur 7 cm de hauteur pour les espèces accédant au gîte en vol ; ouverture dans des portes d’’environ 25 cm de large sur 7 cm de hauteur pour les plus petites espèces) ; - Construite et poser des nichoirs aux dimensions adaptées aux espèces que l’on souhaite favoriser ; - Etc. Pour d’autres idées et de plus amples renseignements : - Publication du SPW – Votre jardin au naturel (http://environnement.wallonie.be/publi/education/jardinnaturel.pdf); - Revue des guides-nature du Pays des Collines ; - Site de Natagora (http://www.natagora.be/index.php?id=39) Illustration 9 : Contenu du « pense-malin » distribué dans le cadre de ma guidance d’examen. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 72 Exemples d’application de propositions et recommandations visant la restauration du maillage écologique dans l’environnement du hameau de Pironche et dans l’environnement du hameau de la Warloche 4.3 A la lumière des propositions générales émises tout au long de la section précédente, nous allons essayer de dégager des pistes concrètes pour préserver, restaurer et/ou renforcer le maillage écologique entre les deux sites des bois Lefèbvre et d’Assômont. Etant donné la complexité et l’ampleur spatiale de la mission qui nécessitent la réunion et la collaboration d’une multitude d’acteurs locaux autour d’un objectif commun, le présent travail ne peut prétendre apporter à lui seul la trame complète des solutions visant à recréer ce maillage écologique. Il s’agit en effet d’une tâche ardue et longue dont la réussite dépendra étroitement de la motivation des différents acteurs potentiels à s’investir dans ce projet collectif. Dans ce contexte, la présente étude s’est alors plutôt concentrée sur deux zones particulières qui pourraient servir de foyers de restauration primaires et ainsi, constituer ensuite des aires de référence pour des actions à plus large échelle. Cette proposition de travail respecte ainsi la méthodologie développée en section 4.1 - méthodologie qui préconise des interventions graduellement réparties dans le temps et l’espace de manière à y intégrer et à profiter des retours d’expérience. Après avoir visité à plusieurs reprises l’environnement enclavé entre les bois Lefèbvre et d’Assômont, deux zones me sont apparues intéressantes pour lancer les bases de la mission de restauration : La première zone-cible couvre les espaces du hameau de Pironche compris entre le rieu de Pironche et le massif boisé formé par le bois Lefèbvre et son extension boisée méridionale ; La seconde zone-cible englobe elle l’espace agricole enclavé entre le bois d’Assômont et le hameau de la Warloche et délimité, respectivement en périphéries occidentale et orientale, par la rue Mont Camu et l’axe de la rue Warloche desservant les numéros 21 à 25. Le choix de la première zone-cible à hauteur du hameau de Pironche s’est justifié par la combinaison des facteurs suivants : la proximité des zones reconnues comme centrales dans le réseau écologique, le relevé de certains points paysagers attrayants et l’application par les riverains de cette zone de quelques mesures environnementales intéressantes. Cette zone aménagée devrait constituer un bel îlot de référence pour juger de l’efficacité des propositions d’aménagement tandis que du point de la sensibilisation, celle-ci devrait être facilitée vu les initiatives privées déjà engagées. La seconde zone-cible a elle été plutôt concentrée au niveau d’une zone qui de prime abord souffre de lacunes plus profondes en termes de maillage écologique (accotements enherbés peu diversifiés en certains endroits, vaste parcelle agricole, etc.) tout en offrant des lieux potentiellement intéressants à restaurer et/ou à gérer différemment. Volontairement, les deux zones-cibles ont été choisies dans le voisinage immédiat des bois Lefèbvre et d’Assômont de manière à pouvoir évaluer, à relativement court terme, l’impact et l’efficacité des aménagements proposés sur les déplacements d’espèces et la restauration/recolonisation de milieux annexes. Les retours d’expérience et les résultats observés dans ces zones pourront ensuite être judicieusement valorisés et étendus plus largement dans l’environnement des bois Lefèbvre et d’Assômont mais également pourquoi pas, à l’échelle encore plus large du territoire communal. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 73 4.3.1 Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique à hauteur du Hameau de Pironche En parcourant çà et là le hameau de Pironche en vue d’en découvrir les atouts et les faiblesses, quelques observations intéressantes ont pu être faites et ont permis de mettre en évidence quelques éléments paysagers méritant une attention plus particulière et au droit desquels une intervention devrait permettre d’en exprimer de meilleurs potentiels écologiques. De par ces derniers, ces éléments pourront accueillir la biodiversité locale qui y trouvera des espaces refuges, des ressources alimentaires et/ou des couloirs de déplacements. La présente section va s’attacher à décrire successivement les points d’intérêts et les faiblesses mis en évidence lors de nos visites in situ. Pour compléter la description qui suit, une cartographie des recommandations proposées a été dressée ; elle est présentée au travers de l’Illustration 10. Recommandations vis-à-vis des accotements de bords de voirie présentant un cortège floristique intéressant En empruntant les rues de Pironche, de Longbonne et du Bas-Pré qui desservent les habitations du hameau de Pironche, les accotements ont révélé en quelques endroits une belle richesse floristique. C’est notamment le cas en bordure de la rue Longbonne et de la rue de Pironche comme le montrent les quelques prises de vue suivantes et le précisent la cartographie annexée en Illustration 10. En effet, en marge de la rue Longbonne, s’élève un talus au droit duquel le couvert de graminées s’orne d’une belle palette de dicotylées comme des campanules, du millepertuis commun, du mouron des champs, des ombellifères, de la vesce hérissée, etc. Le long de la rue Pironche, les abords enherbés sont aussi garnis de quelques espèces intéressantes comme la consoude officinale, la berce commune, le cirse maraîcher, l’achillée millefeuille ou encore la reine des prés, la véronique des ruisseaux et l’ache nodiflore sur les rives du rieu de Barbimfosse et en bordure des fossés. Pour préserver et renforcer l’intérêt de ces accotements, un fauchage tardif de ceux-ci est à recommander ; celui-ci devra être couplé à une sensibilisation des riverains et également des agriculteurs afin que les bénéfices attendus avec cette gestion extensive ne soient pas annihilés par des actes inappropriés (tontes des accotements par les particuliers, rejets diffus induits par des pulvérisations, etc.). Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 74 Milleperuis commun Campanule Prises de vue d’un talus bordant la rue Longbonne avec son cortège floristique. Consoude officinale Cirse maraîcher Prises de vue des endroits d’intérêt bordant la rue de Pironche avec leur cortège floristique. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 75 Recommandations vis-à-vis des chemins agricoles permettant l’accès aux parcelles agricoles En marge des voiries carrossables, s’annexent de petits chemins agricoles avec une assise plutôt terreuse garnie de bandes enherbées (généralement une centrale et deux latérales). Ces chemins s’immiscent entre les parcelles agricoles qu’ils desservent et constituent au cœur de celles-ci de petits espaces refuges et/ou de fins cordons d’accueil de la biodiversité. Le cortège floristique y rencontré est assez similaire à celui bordant les voiries carrossables et évoqué au point précédent. En combinaison avec les voiries routières locales, ces chemins présentent un réel intérêt et complètent d’une manière non négligeable la trame du maillage écologique. Pour que ces espaces déploient pleinement leur potentiel, il importe d’y adopter une gestion basée sur les mêmes principes que ceux régissant la démarche de fauchage tardif de bords de route - à savoir : - en cas de fauchage, la pratique d’une fauche tardive, peu fréquente (une fois par an) avec un correct ajustement de la hauteur de coupe, une évacuation du produit de fauche et le maintien de zones refuges non fauchées ; - le bannissement de l’emploi de tout produit de type herbicides, insecticides, etc. au droit de ces chemins. De manière identique aux recommandations émises au point précédent, il importera aussi de sensibiliser les exploitants agricoles aux rejets diffus et retombées indirectes pouvant être induits lors de leurs travaux de pulvérisations. A ce niveau, une gestion en bon père de famille est simplement à préconiser (prise en compte de l’orientation des vents et maintien d’un retrait sécuritaire). Soumis à ce type de gestion extensive, les chemins agricoles devraient progressivement voir leur cortège floristique s’enrichir et avec lui, sa capacité d’accueil pour la faune dans sa globalité. Dans le cadre de la balade d’examen que j’avais organisée, cet attrait des chemins agricoles peu soumis à altérations avait clairement pu être constaté au travers de la belle diversité botanique observable sur leurs accotements (matricaire recutita, matricaire discoïde, achillée millefeuille, tanaisie, laiteron épineux, vesce cracca, gesse des prés, berce commune, etc.). Les quelques chemins visés par ces quelques recommandations sont repris sur la carte présentée en Illustration 10. Recommandations vis-à-vis des prairies et terres de cultures bordant le rieu de Pironche et ses petits affluents Comme nous l’avons présenté précédemment, le rieu de Pironche traverse dans sa portion amont le hameau de Pironche et s’écoule, en dehors de celui-ci, au sein de terres agricoles - tantôt des prairies, tantôt des espaces de culture. Au niveau des prairies, les observations de terrain tendent à démontrer que celles-ci sont correctement clôturées de manière à éviter l’accès du bétail au lit du cours d’eau et de manière à préserver également un fin ourlet herbeux sous la ripisylve. Ces interventions méritent donc d’être saluées et d’être maintenues dans le temps. Bien que difficilement contrôlables, il importera aussi de veiller au respect de distances minimales d’épandages d’engrais (retrait minimal de 6 mètres) et de traitements phytosanitaires. Pour les agriculteurs qui le souhaiteraient, un engagement agrienvironnemental (bandes de prairies extensives) pourrait être une démarche intéressante mais ceci dépendra bien évidemment du devenir du programme agri-environnemental lors de la prochaine réforme de la PAC. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 76 Au niveau des terres de cultures, l’idéal serait d’implanter une tournière enherbée faisant office de zone tampon entre la culture et le rieu de Pironche. Pour l’instant, ce type d’aménagement est couvert par le programme agri-environnemental wallon lequel est amené prochainement à être révisé. Il sera alors important d’informer les agriculteurs sur les modifications de cette politique et, le cas échéant si cette mesure disparaît, de les sensibiliser aux intérêts multiples de ce type de zones tampons enherbées - tant par rapport à la qualité de nos eaux de surface que vis-à-vis de l’accueil de la biodiversité ou encore vis-à-vis des problématiques d’érosion des terres. Dans l’optique où l’agriculteur n’envisage pas d’implanter une tournière enherbée, les recommandations minimales à lui formuler sont celles : de l’interdiction d’épandage de fertilisants à moins de 6 mètres du cours d’eau et d’un retrait minimal de 20 mètres pour un stockage aux champs de fumier (art R.195 et R.202 du Code de l’Eau) et de l’interdiction de labourer, herser ou ameublir la bande de terre se trouvant à moins de 50 centimètres de la crête de berge (art. 10 de l’AR du 5 août 1970). Exemple de mesures de protection de cours d’eau correctement appliquées (ici, la clôture de prairies). Exemple d’intervention fragilisant la berge (retrait minimaliste vis-à-vis de la berge du cours d’eau). Outre ces recommandations, les futures interventions veilleront à respecter la dynamique du cours d’eau - exception faite dans sa traversée du hameau de Pironche où les enjeux sécuritaires resteront prioritaires. Ailleurs, dans la mesure du possible, les actes seront limités et permettront aux cours Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 77 d’eau de retrouver une certaine liberté spatiale qui sera à l’origine d’une diversification des habitats (reméandration naturelle avec berges abruptes extérieures et des berges en pentes douces à l’intérieur du méandre). Ce processus semble d’ailleurs timidement s’opérer dans la portion amont du rieu de Pironche où des affaissements de berges avec création de petites banquettes colonisées par des macrophytes (Juncus sp) ont pu être observés. Quelques prises de vue de cette zone sont ciaprès proposées. Prises de vue de l’endroit où le rieu de Pironche semble retrouver une dynamique spatiale (affaissement avec création de banquettes alluviales colonisées de joncs). Recommandations vis-à-vis du réseau hydrographique richement orné d’une ripisylve quasiment continue Pour cette zone cible, le rieu de Pironche ainsi que ses affluents sont encadrés d’une ripisylve dense et quasiment continue. Ainsi, seuls quelques tronçons d’une centaine de mètres chacun (notamment sur le rieu de la petite Arbatte, le rieu Baptiste Bourlet, le rieu du Paradis des Chevaux et le rieu de Pironche) apparaissent plus dépourvus de ripisylve. Si cette fragmentation du cordon rivulaire est problématique pour le déplacement de certaines espèces (notamment le Petit Rhinolophe), elle reste toutefois intéressante dans le sens où elle permet une certaine diversification des faciès pour cet habitat aquatique - et notamment une ouverture du milieu et un éclairage des berges favorables à certaines nidifications. Dans ce contexte, il y aura donc lieu d’entrevoir un compromis ; ce compromis pourrait se réfléchir selon deux options ; - D’une part, en visant une diversification spatiale des faciès offerts par la ripisylve avec le maintien de ripisylve discontinue sur certains cours d’eau et la restauration d’une ripisylve continue pour d’autres cours d’eau - et ce, de manière à coupler sur un espace relativement proche deux options répondant à des besoins spécifiques contraires ; - Et d’autre part, en répondant, au moins approximativement, aux besoins spécifiques du plus grand nombre d’espèces. Selon l’option choisie, les interventions consisteront : - Pour la première, à restaurer une ripisylve sur certains cours d’eau et à n’opérer aucune plantation complémentaire sur d’autres cours d’eau voisins (par exemple, pour la zone Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 78 d’étude, maintien des tronçons ouverts sur les rieux de la petite Arbatte et du Paradis des Chevaux avec, en parallèle, la restauration de la ripisylve sur le rieu Baptiste Bourlet) ; - Pour la seconde, à renforcer au moins de manière ponctuelle la ripisylve sur les tronçons où celle-ci est déficiente - soit par quelques plantations rivulaires espacées (plutôt de nature buissonnantes ou arbustives en marge des terres de culture), soit par des alignements d’arbres (par exemple, d’arbres têtards espacés d’une dizaine de mètres). Dans une optique un peu plus progressiste, des tentatives d’élargissement des cordons rivulaires existants pourraient être envisagées dans des espaces peu productifs ; il s’agirait alors d’annexer à l’étroite ripisylve existante, un espace intermédiaire arboré et arbustif (largeur visée de 3 à 4 mètres) et un espace tampon (couvert herbacé éventuellement plantés de quelques arbres). Au niveau de la ripisylve de la zone cible, une dernière remarque sera émise vis-à-vis de la présence d’une espèce considérée dans les espèces invasives à l’échelle de la Wallonie - à savoir le chêne rouge d’Amérique (Quercus rubra) observé en alignement en rive gauche du rieu de Pironche, juste en amont du pont surplombant la N529. Cette espèce est considérée comme invasive dans le sens où elle induit une acidification irrémédiable des sols (notamment dans le cadre de son introduction en sylviculture) ce qui, à terme, perturbe/modifie l’écosystème et les espèces qu’il abrite. On peut donc par conséquent recommander que cette espèce ne soit à l’avenir plus plantée en milieux naturels même si elle présente un bel intérêt d’un point de vue paysager (coloration hivernale). Recommandations vis-à-vis des talus enherbés délimitant des parcelles agricoles En parcourant la zone cible, nous avons pu observer la présence sporadique de quelques talus enherbés qui s’intercalent entre des parcelles agricoles (Illustration 10). Ces éléments paysagers se révèlent intéressants car ils rompent la monotonie des cultures et peuvent servir de zones refuges lors des travaux agricoles et en l’absence de couvert cultural. De par ces intérêts précités, ces talus méritent d’être préservés et, au même titre que les accotements de voiries et de chemins agricoles, devraient être soumis à une gestion extensive (éventuellement un fauchage ou débroussaillage annuel tardif avec exportation du produit de fauche et hauteur de coupe ajustée ; interdiction d’épandages de fertilisants et de traitements phytos). En plus de cette gestion extensive, les propriétaires désireux d’aller plus loin dans la démarche de préservation de l’environnement pourraient envisager de diversifier ces talus par l’ensemencement de bandes fleuries (association de graminées avec des fleurs des prés comme la marguerite, la centaurée, la mauve, le lotier, l’achillée millefeuille, le compagnon blanc, etc.), de bandes messicoles (bleuets, chrysanthèmes des moissons, coquelicots, etc.) ou beetle bank (association de graminées avec des plantes hautes comme la berce, la tanaisie, le bouillon blanc) ou par la plantation de buissons et/ou arbustes. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 79 Prises de vue de deux talus observés : à gauche, le long de la rue Longbonne et à droite, dans le prolongement de la rue Boctiaumutte. Recommandations vis-à-vis des parcelles agricoles s’étirant en bordure de massifs forestiers La zone-cible s’étirant le long du Bois Lefèbvre et du massif forestier le prolongeant dans sa périphérie méridionale, on retrouve logiquement des zones d’interface entre le milieu forestier et le milieu agricole. A ces endroits, nous avons pu constater que la transition entre ces deux milieux est assez brutale. Afin de développer le potentiel écologique de ces zones, il serait intéressant de réfléchir aux possibilités de recréer des lisières agroforestières. L’objectif de ce type d’aménagement est de permettre le déploiement de trois ceintures parallèles de végétation allant graduellement des arbres vers les herbes. Prises de vue des lisières abruptes rencontrées de part et d’autre de la rue Longbonne, à l’entrée du massif boisé s’étirant au sud du bois Lefèbvre. Recommandations vis-à-vis de quelques parcelles agricoles, de grande ou petite taille, faiblement agrémentées d’éléments naturels En analysant les espaces agricoles au sein de la zone cible, on constate que celle-ci revêt encore assez bien un aspect de patchwork en associant des parcelles de taille raisonnable et assolées diversement. Toutefois, une parcelle située entre les rues de Pironche et du Bas-Pré et le rieu de Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 80 Pironche couvre elle une superficie assez vaste (de l’ordre de près de 10 hectares) et ce, notamment lorsqu’elle reçoit la même culture. Afin de rendre cette parcelle moins hostile, les aménagements à y entreprendre pourraient revêtir les formes suivantes : - une subdivision de celle-ci en parcelles de moindre taille et ensemencées diversement ; - l’implantation d’une bande de parcelles aménagées (beetle bak, bande fleurie, bande messicole, bande aménagée pour l’avifaune hivernant se nourrissant au sol) ; - la création de placettes à alouettes en cas de cultures céréalières. Si ces aménagements s’avèrent particulièrement pertinents au droit de cette vaste parcelle cultivée, ils peuvent aussi s’envisager ailleurs selon l’intérêt et l’enthousiasme des exploitants agricoles. Pour les étendues prairiales recensées au sein et en marge du hameau de Pironche, le renforcement du maillage écologique se fera essentiellement par le biais d’éléments ligneux : plantation de haies, d’alignements d’arbres, de vergers hautes tiges ou encore d’arbres isolés. Pour ces aménagements, il sera intéressant d’associer une diversité d’espèces indigènes et de les implanter suivant une structure spécifique à la fonction recherchée (haie écologique, méllifère, anti-érosive, etc.). Des propositions à ce sujet sont synthétiquement indiquées sur fond cartographique par l’Illustration 10. Recommandations vis-à-vis de quelques habitations privées encadrées de jardins Le hameau de Pironche compte une vingtaine d’habitations relativement isolées qui disposent chacune d’un jardin plus ou moins étendu. Sachant que la restauration du maillage écologique nécessite un effort collectif, il serait intéressant de motiver aussi les riverains à prendre part chacun à ce projet en adoptant une (ou plusieurs) mesure(s) favorisant un retour de la nature aux abords de leur habitation. Ceci peut passer par une campagne de sensibilisation qui présenterait quelques mesures aisément applicables par tout un chacun. A ce sujet, des contacts pourraient être pris avec les propriétaires de l’habitation sise au numéro 48 de la rue Pironche pour voir si ceux-ci seraient intéressés à partager leur expérience du jardin plus naturel (présence d’une prairie fleurie, haie multirangs plurispécifique, etc.) et à servir de relais. Dans le cas des exploitations agricoles, une attention plus particulière pourrait être menée vis-à-vis des possibilités d’accueil au sein des bâtiments agricoles - notamment pour la nidification des hirondelles, de passereaux voire de rapaces diurnes ou l’accueil des chauves-souris. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 81 Légende : Contour de la zone expertisée Accotements de voirie à (opération de fauchage tardif) Chemins agricoles extensivement à gérer préserver extensivement et à gérer Accotements où ont été faites des observations intéressantes Portions de cours d’eau dépourvues d’une ripisylve (à aménager ou à maintenir en l’état) Emplacements privilégiés de tournières enherbées en bordure de culture Abords prairies de cours d’eau à gérer extensivement Endroit où le cours d’eau semble reprendre une certaine dynamique naturelle Prairies au droit desquelles des éléments arborés pourraient être réimplantés Talus enherbés séparant des parcelles agricoles (à gérer extensivement et à préserver des applications d’intrants) Emplacements préconisés pour une restauration des lisières agroforestières Localisation d’un jardin au naturel Parcelle agricole de grande taille à aménager (subdivision en plus petites parcelles assolées diversement ou bandes aménagées) N 200 m Illustration 10 : Cartographie des propositions de restauration du maillage écologique dans l’environnement du hameau de Pironche. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 82 4.3.2 Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique pour la zone agricole enclavée entre le bois d’Assômont et le hameau de la Warloche A la lumière de la démarche entreprise ci-avant pour le hameau de Pironche, nous allons tenter de dégager quelques propositions d’actions concrètes qui, moyennant leur acceptation par les acteurs locaux concernés, sont autant de solutions visant à renforcer et/ou au moins préserver l’attrait du maillage écologique entre le Bois d’Assômont et le hameau de la Warloche. Ce listing de recommandations est accompagné d’une cartographie de celles-ci qui permettra au lecteur de visualiser la trame paysagère potentiellement restaurable ; elle est présentée en Illustration 11. Recommandations vis-à-vis des accotements de bords de voiries et de chemins agricoles En parcourant les abords du Bois d’Assômont et du hameau de la Warloche, notre regard a été attiré à plusieurs reprises sur un cortège floristique intéressant observable en bord de voiries et/ou de chemins. Ces portions routières intéressantes se retrouvent notamment en bordure du bois d’Assômont (soit Chemin Placette et un petit chemin agricole), en bordure de la rue Mont Camus et de son prolongement rue Haut-Breucq et sur certains talus encadrant la rue de la Warloche. Préserver voire améliorer l’intérêt de ces accotements impliquerait logiquement de les soumettre au régime de fauchage tardif - déjà évoqué précédemment. Pour les autres axes parcourus dans cette zone, les relevés botaniques soulèvent à ce jour moins de diversité (domination nette des graminées) et/ou nos observations ont pointé leur progressive disparition par le fait de travaux agricoles très proches des voiries. Pour ces autres espaces, une gestion en fauchage tardif devrait aussi s’envisager pour compléter judicieusement le maillage écologique lié au réseau routier, pour permettre au couvert enherbé de s’enrichir et tout simplement, pour servir de zones d’accueil pour certaines espèces spécifiques ou moins exigeantes (cas notamment de l’association poacées-satyrinae). En parallèle à cette action, une sensibilisation des populations riveraines devra être réalisée pour espérer y adjoindre d’autres efforts personnels (acceptation des abords moins entretenus, préservation des accotements enherbés lors des travaux agricoles, attention lors de pulvérisations, etc.). Heracleum sphondylium Apium nodiflorum Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 83 Vicia hirsuta Prises de vue des accotements bordant les rues Mont Camus et Haut-Breucq - et de la diversité floristique y présente. Juncus sp Carex pendula Pteridium aquilinum Prises de vue des endroits d’intérêt bordant le Chemin Placette et un petit chemin agricole y annexé. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 84 Prises de vue des quelques talus intéressants bordant la rue de la Warloche. Prises de vue des accotements bordant le rue Outre l’Eau : à gauche, un accotement enherbé préservé et à droite, un accotement raboté par les pratiques agricoles. Recommandations vis-à-vis des prairies et terres de cultures bordant le rieu de Pironche et ses petits affluents Dans la même logique que celle présentée pour le rieu de Pironche, il semble important que les abords immédiats du réseau hydrographique rencontré entre Assômont et Warloche soient gérés de manière extensive - soit par le biais de mesures agri-environnementales (type tournière enherbée en bordure de Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 85 culture ou bande de prairie extensive) ou soit simplement par le biais de l’application des bonnes pratiques (respect de retrait suffisant lors d’épandages de fertilisants, lors de traitements phytos et lors du travail des terres, clôture des cours d’eau, etc.). A ce niveau, on notera l’observation d’un accès du bétail au lit du rieu de la Warloche en périphérie occidentale du bois d’Assômont. A l’image des réalisations observées dans une prairie bordant la rue de la Warloche, des aménagements devraient y être envisagés pour préserver la qualité physico-chimique de l’eau et pour éviter une dégradation des berges (clôture de la parcelle, installation d’une pompe à museau ou autres systèmes d’abreuvement). Prises de vue de deux prairies en bordure de La Warloche : à gauche, avec maintien d’accès du bétail au lit du cours d’eau ; à droite : sans accès du bétail au lit du cours d’eau (présence d’une clôture et d’une pompe à museau). Outre ces recommandations, comme pour le rieu de Pironche, les futures interventions veilleront à respecter la dynamique du cours d’eau et à lui permettre de regagner une liberté spatiale acceptable aux yeux de tous et favorable à une rediversification des faciès d’habitats. Au niveau de la ripisylve, celle-ci apparaît implantée de manière quasiment continue et constitue de cette manière un cordon végétatif intéressant pour la trame du maillage écologique. A ce niveau, les quelques recommandations à émettre seraient d’envisager un renforcement de la ripisylve existante en lui allouant plus d’espace pour permettre un meilleur étagement de celle-ci et créer une jonction graduelle et douce avec les terrains environnants. Une autre recommandation viserait elle une sensibilisation des populations riveraines aux techniques et modalités d’entretien de la ripisylve. En effet, lors de nos visites in situ, nous avons pu constater certains travaux d’entretien, en marge des rues Warloche et du GrandVivier, lesquels n’intégraient pas les principales modalités reconnues comme étant des bonnes pratiques en matière de gestion de la ripisylve (notamment, le recours à des interventions en alternance sur les rives, incinération des déchets verts en marge du cours d’eau, etc.). Une sensibilisation à cette thématique de la gestion et de l’entretien de la ripisylve peut donc sembler utile (présentation des différents gestionnaires et de leur rôle, rappel des obligations des riverains de cours d’eau, code de bonnes pratiques pour l’entretien, etc.) Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 86 Recommandations vis-à-vis de quelques parcelles agricoles, de grande ou petite taille, faiblement agrémentées d’éléments naturels Revêtant un aspect assez similaire à celui observé au niveau du hameau de Pironche, les espaces agricoles enclavés entre le bois d’Assômont et le hameau de la Warloche ont dévoilé lors de mes visites quelques atouts qu’il me semble très important de préserver durablement. Ces atouts sont : D’une part, l’implantation de couvertures hivernales en marge du bois d’Assômont : En me baladant sur le Chemin Placette, j’ai pu observer des allers et venues incessants de petits passereaux entre la lisière du bois d’Assômont et le champ présent en vis-à-vis qui était occupé par un couvert hivernal alliant l’avoine et la moutarde. Ce type d’aménagement est donc à encourager car d’intérêt pour l’avifaune qui doit y trouver des ressources alimentaires (graines, insectes, vers ou autres). Et d’autre part, le maintien de quelques fins corridors enherbés entre certaines parcelles : En bordure de la rue Mont Camus, un espace enherbé encadrant une étroite voie artificielle d’écoulement des eaux a été observé et semble se poursuivre selon les vues aériennes jusqu’au lit de la Warloche. Il offre ainsi un couloir de liaison au travers de ces parcelles agricoles cultivées et peut servir temporairement aussi de lieu de refuge. Sa préservation durable (absence de remaniements, proscription des produits phytos, etc.) est donc intéressante. Cependant, à côté de ces atouts, nous pensons que des améliorations peuvent être apportées à ce parcellaire agricole afin de diversifier les milieux y présents et de rendre cet espace plus accueillant vis-àvis de la biodiversité locale. Ces améliorations pourraient notamment s’axer sur les points suivants : La plantation de nouveaux éléments ligneux notamment au droit des prairies pâturées : Une observation rapide des éléments ligneux au sein du parcellaire agricole indique que ceux-ci se répartissent essentiellement en bordure des cours d’eau et qu’en dehors de ce linéaire, les arbres, isolés ou groupés, se font très rares. Un renforcement du maillage ligneux pourrait ainsi s’opérer par la réalisation de nouvelles plantations çà et là car, comme mentionné dans la présente étude, un arbre constitue à lui seul un écosystème. Ces plantations pourraient plus particulièrement se faire en milieux prairiaux de manière à occasionner moins de contraintes et à être ainsi plus facilement acceptées par les propriétaires ou exploitants agricoles. Parmi les milieux particuliers intéressants à recréer, on mentionnera bien évidement les arbres têtards (en alignements ou isolés) ou encore les vergers d’arbres hautes tiges. Le morcellement des grandes parcelles en unités de taille plus modeste : Déjà évoqué pour le hameau de Pironche, le retour à des parcelles de taille modeste (entre 5 et 10 ha) est intéressant pour les espèces de nos campagnes. Ce morcellement peut simplement résulter du choix de l’agriculteur qui établira son plan de cultures en délimitant des parcelles de taille raisonnable et en y diversifiant l’assolement. Si pas, les grandes parcelles peuvent être entrecoupées par des bandes aménagées qui viendront rompre la monotonie de la culture et offriront un espace refuge pour diverses espèces et ce, en fonction du type de bandes aménagées installées. Dans le même ordre d’idée, en cultures céréalières, des placettes à alouettes peuvent également être réalisées sans trop de labeurs et sans induire d’importantes pertes financières (peu d’espaces perdus et peu d’entretien). La restauration et l’aménagement d’annexes hydrauliques : Se faisant rares au cœur de notre zone d’expertise, les annexes hydrauliques nécessiteraient qu’on leur octroie à nouveau un peu de notre espace. En parcourant le Chemin Placette, mon regard a été attiré par une prairie ornée de quelques arbres et de quelques touffes de joncs qui s’élevaient au-dessus du couvert de graminées. En y regardant de plus près, la prairie en question est au fait traversée par un petit suintement d’eau s’écoulant en direction d’un petit massif boisé, lui aussi intéressant par la présence de fourrés arbustifs et buissonnants et Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 87 d’arbres (dont certains dépérissants et/ou envahis de lierre). La présence de ce filet d’eau et des joncs renseigne de la nature humide du milieu. Cette humidité semble d’ailleurs même s’étendre à la parcelle cultivée voisine dont une portion apparaît détournée lors des travaux de semis. La combinaison des éléments en présence (arbres isolés, prairie, eau et bosquet) indique assez clairement qu’on a ici à faire à un milieu particulier nécessitant une gestion spécifique et/ou des aménagements visant à en renforcer l’attrait. En termes de gestion, il est assez évident que cette prairie devrait être gérée de manière extensive tant par rapport aux pratiques de fauche, qu’à la charge de pâturage ou encore qu’aux intrants (limitation des fertilisants et interdiction de produits phytos). Ce type de gestion pourrait s’inscrire dans la mesure n°8 « prairie de haute valeur biologique ». En outre, il serait peut-être intéressant d’y évaluer l’opportunité d’éventuellement recréer une mare agricole. Recommandations vis-à-vis de la gestion de certaines espèces invasives Pour cette zone, une attention particulière devra être portée à court terme sur les foyers de Renouées observés en deux endroits du Chemin Placette : l’un en marge septentrionale et l’autre en marge méridionale. De par leur taille encore relativement limitée, leur situation dans la partie amont du réseau hydrogaphique et vu leur proximité par rapport au bois d’Assômont, un programme d’actions devra être engagé à court terme de manière à contenir au plus vite leur propagation. S’agissant de foyers de Renouées, les interventions à mener pourront se pencher vers une gestion chimique des plants (injection de produits chimiques dans les tiges) et/ou vers une gestion mécanique (et plus particulièrement, vers des fauchages répétés, avec éventuellement placement de bâche et plantation de saules ou ligneux ou herbacées). Cette gestion doit s’envisager dans le long terme (à savoir sur plusieurs années) vu l’importante faculté de cette espèce à se reproduire via ces rhizomes puissants profondément ancrés. De même, afin que celle-ci soit efficace, une attention particulière sera portée au traitement des résidus de gestion et les mesures préventives ad hoc (notamment pour éviter au maximum la dispersion de l’espèce que ce soit via le matériel de chantier, via la chute de fragments végétaux dans le cours d’eau, via l’évacuation de terres contaminées, etc.) seront mises en œuvre par l’entrepreneur ou les personnes chargés de la mission. Prise de vue des deux foyers de Renouées observés en bordure du Chemin Placette, à l’orée du bois d’Assômont. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 88 Recommandations vis-à-vis de quelques habitations privées encadrées de jardins Dans la même optique que celle présentée pour le hameau de Pironche, l’intervention de tous les acteurs locaux est nécessaire et, par ce biais, un effort des populations locales devrait aussi être sollicité. Cet effort passe par le respect des règlements et législations (notamment en matière de gestion de déchets, de rejets d’eaux usées, etc.) mais aussi par permettre à la nature de s’installer dans et aux abords de nos chez-nous. Ceci passe par une sensibilisation du public aux petites actions intéressantes à mener soimême dans sa propriété ou son jardin ; celles-ci sont multiples (depuis la pose de nichoirs jusqu’à la plantation d’une haie diversifiée ou encore le maintien d’un coin d’herbes non fauchées ou l’implantation d’une prairie fleurie) et à la portée de chacun selon ses moyens et ses envies. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 89 Légende : Contour de la zone expertisée Accotements de voirie à (opération de fauchage tardif) Chemins agricoles extensivement à gérer préserver extensivement et à gérer Accotements où ont été faites des observations intéressantes Endroits où les accotements sont très limités spatialement (actions de sensibilisation à entrevoir) Portion de cours d’eau où un accès du bétail au lit a été observé Emplacements privilégiés de tournières enherbées en bordure de culture Abords prairies de cours d’eau à gérer extensivement Prairie et bords de culture où s’écoule un filet d’eau permettant un développement végétatif intéressant (à gérer extensivement et évaluer l’intérêt d’un aménagement en vue de restaurer une annexe hydraulique de type mare) Prairies au droit desquelles des éléments arborés pourraient être réimplantés Talus ou espaces enherbés séparant des parcelles agricoles (à gérer extensivement et à préserver des applications d’intrants) Emplacement des foyers d’espèces invasives (ici, deux foyers de Renouées pour lesquels un programme d’actions apparaît nécessaire) Parcelle agricole de grande taille à aménager (subdivision en plus petites parcelles assolées diversement ou bandes aménagées) Observations de travaux d’entretien de la ripisylve ne s’accordant pas avec les modalités recommandées. N 200 m Illustration 11 : Cartographie des propositions de restauration du maillage écologique dans l’environnement de la Warloche et du bois d’Assômont. Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 90 5 CONCLUSION GÉNÉRALE Mes origines et mon enfance passée dans le petit hameau du Beaureux à Arc-Wattripont m’ont fait vouer une affection toute particulière à la région de Frasnes-lez-Anvaing, une région que je pensais bien connaître. Toutefois, au fil de la formation des Guides-nature des Collines (depuis les cours sur le terrain, la préparation de ma balade d’examen et finalement, ce travail de fin de formation), j’ai l’impression d’avoir redécouvert ma région natale sous un autre jour … celui d’une région riche d’un patrimoine naturel inattendu et d’un écrin de verdure où il fait bon vivre. Il suffit en effet de prendre le temps de se balader et d’observer la vie qui nous entoure pour en comprendre la complexité, la beauté et l’intérêt. Malheureusement, notre société actuelle nous inonde d’attentes économiques, de soucis de rentabilité ou encore de propositions consommatrices toujours plus pressantes, un peu à l’image de la devise olympique de Pierre de Coubertin « Citius, Altius, Fortius ». Mais, toutefois, à force de chercher à viser toujours le « plus vite, plus haut, plus fort », on passe à côté de l’essentiel et on oublie parfois simplement de prêter attention à ce qui nous entoure. C’est un peu ce qui se passe avec l’environnement dont nous tirons les profits qui nous conviennent mais que nous n’hésitons pas à négliger sous couvert de motivations économiques ou sociales. Aujourd’hui cependant, cette négligence commence doucement à montrer ses effets pervers (extinction des espèces, banalisation des paysages, simplification des milieux, pollution des ressources naturelles, etc.) et le temps semble venu d’agir. C’est dans cet état d’esprit que s’inscrit le présent travail consacré au maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont. La démarche suivie par ce document a tout d’abord veillé à appréhender au mieux ces deux milieux d’intérêt écologique reconnu et, plus largement, l’environnement qui les encadre. En analysant et en observant ce dernier, nous avons pu constater que celui-ci regroupait des composantes bien spécifiques : une composante ‘agricole’ qui occupe majoritairement l’espace, une composante ‘forestière’ avec quelques massifs boisés, une composante ‘cours et plan d’eau’ qui sillonne les paysages et finalement, une composante anthropique qui englobe les zones urbanisées. Abordées successivement par la présente étude, ces composantes ont révélé leurs atouts mais aussi leurs faiblesses vis-à-vis du rôle qu’elles peuvent jouer au sein du maillage écologique - élément essentiel de nos paysages pour assurer la préservation voire l’amélioration de la biodiversité qu’ils abritent. Conscients ainsi des atouts et des faiblesses de cet environnement, nous avons tenté de dégager pour chacun de ses aspects particuliers les lignes directrices d’une gestion plus imprégnée des intérêts écologiques et environnementaux des éléments paysagers tout en y maintenant une dimension économique, sociale et humaine. Au terme de cette réflexion, deux éléments apparaissent essentiels à la bonne réussite de cette action visant une restauration satisfaisante voire un renforcement de la trame du maillage écologique reliant les bois Lefèbvre et d’Assômont : Le premier moteur de cette démarche résidera dans l’établissement d’un dialogue constructif et compréhensif entre l’ensemble des personnes concernées par la démarche, qu’il s’agisse des autorités compétentes, des acteurs locaux (associations environnementales, équipes pluridisciplinaires, etc.) ou encore des populations locales. En effet, l’environnement étant un ‘bien’ collectif, il revient à chacun de consentir à certains efforts pour le préserver. Chacun a donc un rôle important à jouer en fonction de son statut (public ou privé), de sa fonction (autorité décisionnelle, pouvoir sanctionnateur, gestionnaire, exploitant ou simple résidant), de son impact personnel (dimension spatiale et temporelle de l’impact, impact faible ou élevé, impact réversible Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 91 ou non) et de son pouvoir d’actions (pouvoir limité ou étendu). Un résultat optimum ne pourra être attendu que si une concertation harmonieuse, respectueuse et entraînante naît entre tous. Le second élément clé est et restera toujours le besoin de sensibiliser chacun aux enjeux de la démarche. Même si la protection de l’environnement s’insère sous différentes formes dans le quotidien (produits écologiques, recyclage et gestion des déchets, sacs réutilisables, etc.), il apparaît essentiel d’avoir une approche ancrée de manière plus locale et de sensibiliser les populations sur les intérêts de la nature qui les entoure directement dans leur vie de tous les jours … la nature qu’elles longent en empruntant les voiries locales, la nature qui s’invite dans leur jardin, la nature qui jalonne les espaces agricoles, la nature inhérente aux cours d’eau qui traversent nos campagnes, etc. Mieux connaître notre environnement immédiat permet d’y prêter une attention plus particulière et de mieux le protéger de notre influence. A sa modeste échelle, ce travail a soulevé certaines pistes d’actions mais demande bien évidemment à être poursuivi en fonction des motivations qui naîtront autour de ce projet de restauration du maillage écologique. Ce document ouvre de nombreuses portes à des actions futures à réfléchir de concert entre les différents acteurs. Un tel travail éveille en effet nombre d’idées, notamment en matière de sensibilisation et de communication (émission de folders de sensibilisation sur des thématiques particulières comme le fauchage tardif en les axant sur des observations locales, réflexion sur un calendrier d’actions mensuelles pour les écoles ou les familles, rédaction d’articles dans la brochure des guides-nature, communication des actions et des résultats de ceux-ci à la population frasnoise via les bulletins communaux, etc.) - que je me ferai un plaisir de porter, de partager et de concrétiser si leur utilité et leur pertinence se confirment à l’avenir. Semons donc ensemble aujourd’hui les fleurs de l’avenir ! Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration 92 6 LEXIQUE Adventices : Ce terme résulte d’une vision anthropocentrée et désigne une plante herbacée ou ligneuse qui pousse à un endroit où elle n’est pas désirée. Dans le langage courant, les adventices sont aussi appelées des « mauvaises herbes ». Diatomées : Microalgues unicellulaires présentes dans les milieux aquatiques et enveloppées par un squelette externe siliceux. Ecoconditionnalité : L’écoconditionnalité consiste en l’octroi d’aides publiques moyennant le respect de normes environnementales. Embâcles : Un embâcle est une accumulation de matériaux (naturels ou anthropiques) apportés par l'eau, qui fait obstacle à tout ou partie de l'écoulement d'un cours d'eau. Gyrobroyage : Opération réalisée au moyen d’un gyrobroyeur, outil permettant la coupe et le broyage de végétaux notamment dans le cadre de gestion de friches, jachères ou accotements routiers. Glume : La glume désigne l’enveloppe des fleurs de graminées ; elle enveloppe aussi parfois leurs grains. Hélophytes : Plante enracinée sous l’eau mais dont les tiges, les fleurs et les feuilles sont aériennes (par exemple, le roseau commun) Hydrophytes : Plante qui vit immergée dans l’eau (par exemple, le nénuphar) Liaison au sol d’une exploitation agricole : une exploitation est dite « liée au sol » lorsqu’elle dispose de suffisamment de superficies agricoles (prairies et terres de cultures) pour épandre et valoriser les engrais de ferme qu’elle produit (lisiers, fumiers, purins, fientes, etc). Macroinvertébrés : Organismes vivant au fond de la rivière et utilisés pour l’évaluation de la qualité biologique des cours d’eau. Il s’agit notamment de larves d’insectes, de mollusques, de crustacés, de vers, etc. Macrophytes : Terme générique utilisé pour désigner toutes les plantes aquatiques visibles à l’œil nu. Megaphorbiaies : D’origine anglo-saxonne, ce terme désigne « les formations végétales dominées par de grandes plantes à fleurs dont la taille excède 1,50 m à maturité. En Wallonie, ces mégaphorbiaies se développent toujours dans des zones humides, généralement le long des cours d’eau, dans des zones marécageuses ou dans des plaines régulièrement inondées (remontée de la nappe phréatique, inondation par un cours d’eau) » - Lien : http://www.natagora.be/fileadmin/Reseau_nature/ Fiche_de_gestion/Prairies_humides_abandonnees_ou_Megaphorbiaies.pdf Mouilles : Endroit d’une rivière où le lit s’est creusé. PASH ou Plan d’Assainissement par Sous-Bassin Hydrographique : Il s’agit de documents cartographiques qui définissent, pour chaque sous-bassin hydrographique du territoire wallon, le régime d’assainissement (collectif, autonome ou transitoire). Réseau écologique : Ensemble des lieux de vie susceptibles d’être habités ou parcourus par une espèce (définition issue de la collection Agri-nature - http://www.agrinature.be/index.php?lg=fr&rub=accueil) ; il se compose de zones centrales, de zones de développement et de zones de liaison (ou maillage écologique) : Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Lexique - - - Zones centrales : « Zones recelant des populations d’espèces et des habitats de grande valeur patrimoniale et encore en bon état de conservation » (définition issue de l’étude du réseau écologique dans le cadre du PCDN de la commune de Frasnes-lez-Anvaing) Zones de développement : « Zones d’intérêt biologique moindre mais recelant néanmoins un potentiel important en matière de biodiversité » (définition issue de l’étude du réseau écologique dans le cadre du PCDN de la commune de Frasnes-lez-Anvaing) Maillage écologique (zones de liaison) : « Ensemble d’éléments linéaires et ponctuels pouvant assurer, de par leur densité et continuité, des habitats refuges, en termes de liaison entre zones centrales et de développement ou de zones-relais favorables aux déplacements des individus » (définition issue de l’étude du réseau écologique dans le cadre du PCDN de la commune de Frasnes-lez-Anvaing) Réseau Natura 2000 : Il s’agit d’un réseau qui regroupe, à l’échelle européenne, un ensemble de sites naturels ou semi-naturels ayant une grande valeur patrimoniale en référence aux directives européennes Oiseaux (79/409/CEE - à la base des zones de protection spéciale) et Habitats (92/43/CEE - à la base des zones spéciales de conservation) et qui, par le biais de cette inclusion au réseau Natura 2000, bénéficieront d’une gestion particulière en vue de leur préservation/restauration. Pour plus de détails sur les sites Natura 2000 en Wallonie : http://biodiversite.wallonie.be/fr/natura-2000.html?IDC=829 Site de grand intérêt biologique : Un SGIB correspond à une unité géographique englobant un ensemble d'unités d'habitat ou de biotope homogènes adjacentes ou relativement proches ; il abrite au moins une espèce et/ou un habitat rare, menacé ou protégé ou se caractérise par une grande diversité biologique (site représentatif d’une ou plusieurs stations d’espèce(s) ou d’une association végétale remarquable) en excellent état de conservation. Pour plus de détails sur les SGIB en Wallonie : http://biodiversite.wallonie.be/fr/sgib-sites-de-grand-interet-biologique.html?IDC=824 Valeur d’aléa d’inondation : La valeur de l’aléa d’inondation est définie sur base des deux facteurs : - D’une part, la récurrence d’une inondation laquelle est liée à la période de retour des débits de crue ; Et d’autre part, la submersion qui caractérise l’étendue et la profondeur de l’inondation. Sur base de ces deux facteurs, une valeur d’aléa d’inondation (faible, moyenne ou élevée) est attribuée. La valeur d’aléa élevée est donnée aux inondations dont la récurrence est inférieure à 25 ans ou l’occurrence est fréquente et caractérisée par une submersion supérieure ou égale à 30 cm. La valeur d’aléa moyenne est elle donnée aux phénomènes avec : - Une récurrence inférieure à 25 ans ou une occurrence fréquente et une submersion inférieure à 30 cm. Une récurrence comprise entre 25 et 50 ans ou une occurrence occasionnelle, quelle que soit la submersion. Une récurrence supérieure à 50 ans ou une occurrence rare et une submersion de plus de 1m30. Finalement, l’aléa d’inondation faible est attribué aux inondations caractérisées par une récurrence supérieure à 50 ans ou une occurrence rare et une submersion inférieure à 1m30. Zone vulnérable : « La zone vulnérable constitue un périmètre de protection des eaux souterraines et de surface contre le nitrate d'origine agricole. Elle couvre des territoires dont les teneurs en nitrate des eaux souterraines dépassent les 50 mg/l ou risquent de les dépasser et des territoires qui contribuent à l'eutrophisation de la Mer de nord. » (http://www.nitrawal.be/40-zones-vulnerables.htm) Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Lexique 7 7.1 - - BIBLIOGRAPHIE Références bibliographiques Service public de Wallonie (DGARNE) - Collection AGRINature o Hors-série « Agriculture et Biodiversité » ; o o 2008, N°3 « Les oiseaux des plaines de cultures » ; N°4 « La vie des mares de nos campagnes » ; o N°5 « Les lisières agroforestières ». Ministère de la Région wallonne (DGRNE - Division de l’Eau - DCENN) et Laboratoire d’Ecologique FUSAGx, 2007, Guide de reconnaissances des principales plantes invasives le long des cours d’eau et plans d’eau en Région wallonne - Mouchet F., Laudelout A., Debruxelles N., Henrotay F., Rondeux J., Claessens H., 2010, Guide d’entretien des ripisylves ; - Wildlife Estates & European Landowners Organization, 2013, « Le rétablissement de la petite faune des plaines » - Aves et Service public de Wallonie (DGARNE - DEMNA), 2010, Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie (2001-2007) - Forêt wallonne, mai/juin 2011, Numéro spécial : Quelle diversité pour les saules en Wallonie ? (n°112) - Bastin B., De Sloover J.R., Evrard C., Moens P., 1993, Flore de Belgique - Svensson L., Mullarney K. et Zetterström D., 2009, Le guide ornitho - Bellmann H., 2000, Guide Vigot des insectes et des principaux arachnidés - Chinery M., 1988, Insectes de France et d’Europe occidentale - Kremer B.P. 2002, Fleurs sauvages, les identifier et les reconnaître - Grey-Wilson C., 1995, Les fleurs sauvages - Ministère de la Région wallonne (DNF) et Direction de la Conservation de la Nature et des Espaces verts, Guide pour la plantation de haies - Taymans J., 2013, Etude du réseau écologique dans le cadre du Plan Communal de Développement de la Nature de commune de Frasnes-lez-Anvaing - Rapport final - Et l’ensemble des connaissances acquises lors de la formation des Guides-Nature des Collines (formation 2012-2014). 7.2 - Ouvrages consultés via Internet Adam P. et Deblais N., 2007, Manuel de restauration hydromorphologique des cours d’eau + Guide de terrain Lien : http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Collectivite/ HYDROMORPHO/01Manuel_restauration.pdf ; http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/ mediatheque/Collectivite/HYDROMORPHO/02Guide_terrain.pdf - Le Roi A., Walot Th., Leruth Y. et Bataille B., 2010, Aménagements pour les oiseaux des champs : suivi et propositions d’un dispositif complémentaire - Lien : http://www.graew.be/cariboost_files/ 2010_20-_20m_c3_a9thodologie_20de_20suivi_20des_20oiseaux_20des_20champs-_20girea.pdf - SPW, Enquête publique - Enjeux pour une meilleure protection de l’eau en Wallonie - Lien : http://environnement.wallonie.be/dce/10652.RW-DGO3_brochure_FR_LD.pdf Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Bibliographie - Ghesquière J. et Cadillon A., 2012, Choisir et réussir son couvert végétal pendant l’interculture en AB - Lien : http://www.itab.asso.fr/downloads/Fiches-techniques_culture/cahier-engrais-verts.pdf - Grossi J.-L., 2010, Les mares prairiales à triton crêté (Cahier technique) - Lien : http://www.crenrhonealpes.fr/images/stories/documents/CTpdf/cahiertechnique/CTmares.pdf - Ministère de la Région wallonne (DGA), 2006, Les nouvelles de l’automne - Dossier MAE, où en sommes-nous ? - Lien : http://agriculture.wallonie.be/apps/spip_wolwin/IMG/pdf/LN40_FR.pdf - Ecolo Conseil Provincial de Namur, 2010, Les cours d’eau non navigeables de 2 ème et 3 ème catégories - Lien : http://www.etopia.be/IMG/pdf/Etude_Provinciale_2010-2011_-_Courd_d_eau_ non_navigables.pdf - Percsy C., 2008, Des haies pour demain - Lien : http://environnement.wallonie.be/publi/dnf/haiespour-demain.pdf - Région wallonne - Union des Villes et Communes de Wallonie a.s.b.l., 2009, Le vade-mecum des infractions environnementales - Lien : http://environnement.wallonie.be/dpe/infractions.htm - Texte de lois, Code de l’Environnement - Livre 2 Code de l’Eau - Lien : http://environnement.wallonie.be/legis/Codeenvironnement/codeeaucoordonne.htm - Union Régionale des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement de Rhône-Alpes, Retrouvons nos rivières, Guide pratique des propriétaires riverains et des usagers d’un cours d’eau Lien : http://hydromorphologie.cpie.fr/IMG/pdf/ouvrage-ref_guide_rivire_urcpie_rhonealpes.pdf - Hauteclair P., 2009, Les milieux herbacés humides abandonnés ou mégaphoribiaies - Lien : http://www.natagora.be/fileadmin/Reseau_nature/Fiche_de_gestion/Prairies_humides_abandonnees _ou_Megaphorbiaies.pdf - Service public de Wallonie (DGRNE), La vie sauvage emprunte aussi nos routes - Gardons-les aptes à la vie - Lien : http://environnement.wallonie.be/publi/dnf/vie_sauvage.pdf - Classeur "Nitrawal, 2007 (actualisé 2013), Eau-nitrate, informations et conseils techniques pour la gestion durable de l'azote (2ème édition) " - Lien : http://www.nitrawal.be/upload_files/4.1%20 Calsseur%20E-N/classeureaunitrate.pdf - Service public de Wallonie (DGARNE - Département des Aides - Direction des Surfaces agricoles), 2012, Les subventions agro-environnementales - Vade-mecum - Lien : http://agriculture.wallonie.be/ apps/spip_wolwin/IMG/pdf/Vademecum_MAE_2012_version_13_02_2012.pdf 7.3 - - - Références Internet Site internet du Ministère français de l’écologie, du développement durable et de l’énergie - Onglet consacré à des questions / réponses sur la biodiversité et la qualité des milieux - Lien : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Un-constat-d-erosion,19291.html Site ‘La biodiversité en Wallonie’ - Lien : http://biodiversite.wallonie.be/fr/accueil.html?IDC=6 Géoportail de la Région Wallonie - Lien : http://geoportail.wallonie.be/cms/fr/sites/geoportail/ home.html WalOnMap - Lien: http://geoportail.wallonie.be/WalOnMap/#BBOX=10450.012065024115,310884. 9879349759,-31296.93395986792,215162.93395986795 Site cartographie ‘Aléa d’inondation’ avec accès à la notice méthodologique - Lien : http://cartographie .wallonie.be/NewPortailCarto/Inondations/notice_pdf/Alea_d'inondation__Notice%20 methodologique.pdf Document relatif à la qualité biologique des cours d’eau - Lien : http://spw.wallonie.be/dce/tmp/ upload/qbce271011.pdf Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Bibliographie - - - - - - - Site sur la qualité physico-chimique des cours d’eau en Région wallonne - Lien : http://aquaphyc. environnement.wallonie.be/login.do Sites sur la protection et la restauration des cours d’eau en Région wallonne et ailleurs - Liens : http://www.walphy.be/index. php?page=cont_restauration ; http://www.syndicat-territoireschalaronne.com/index.php?page=restaurer-la-qualite-ecologique-des-cours-d-eaux ; http://agriculture.wallonie.be/BG/120907MuldersProtectionCoursEau.pdf Sites consacrés à la ripisylve - Liens : http://aquaterra-solutions.com/pdf/guides_ats/GUIDEATSCHAP1.pdf ;http://www.ofme.org/crpf/documents/fiches/234001.pdf Sites consacrés aux annexes hydrauliques - Liens : http://www.onema.fr/IMG/Hydromorphologie/ 23_0_intro_r3_vbat.pdf ; http://www.loire-estuaire.org/documents/pdf/2005-03CHAHERDDINE _AH.pdf Sites consacrés aux bonnes pratiques dans le voisinage des cours d’eau - Liens : http://www.crdg.be /site/images/stories/crdg/publications/FicheBetail.pdf ; http://www.crdg.be/site/images/stories/crdg/ publications/FicheRiviere.pdf Sites consacrés au fauchage tardif des bords de routes - Liens : http://www.uvcw.be/impressions/ toPdf.cfm?urlToPdf=/articles/0,0,0,0,1569.htm ; http://environnement.wallonie.be/dnf/dcnev/consnat/ Bords_de_route.htm Sites consacrés aux aspects ‘ornithologiques’ - Liens : http://www.oiseaux.net/dossiers/ gilbert.blaising/les.nids.d.oiseaux.html ; http://blog.medulinature.org/public/fichiers/03_vie_de_jardin/ MeduliNature_Nichoirs_Oiseaux.pdf Sites consacré aux arbres et haies remarquables - Lien : http://www.foretwallonne.be/blogAHR/ telechargement/remarquables.pdf ; http://environnement.wallonie.be/dnf/arbres_remarquables/ index.html Site de Natagora - http://www.natagora.be/ Législation relative aux cours d’eau non navigables - Lien : http://environnement.wallonie.be/legis /eau/eanna005.htm Site présentant des fiches environnementales pour chaque commune wallonne - Lien : http://environnement.wallonie.be/fiches_enviro/ Site AgriNature - Lien : http://www.agrinature.be/ Site de Wikipédia - Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont Analyse, évaluation et propositions de restauration Bibliographie