Développement et régulation des réponses immunitaires à des antigènes alimentaires au cours de la vie pré- et postnatale Harald Renz, Petra Ina Pfefferle, René Teich et Holger Garn Le développement de réponses immunitaires à des antigènes alimentaires revêt une importance et un intérêt considérables. Les antigènes alimentaires appartiennent au premier groupe d’antigènes rencontrés après la naissance. Les aliments sont digérés dans le tube digestif et des fragments passent à travers la barrière intestinale et sont transportés par le sang aux organes-cibles. La principale tâche du système immunitaire est de différencier les antigènes environnementaux dangereux et les antigènes inoffensifs et d’orchestrer la réponse immunitaire appropriée afin de protéger l’organisme. Les antigènes alimentaires les plus courants comptent clairement parmi les antigènes environnementaux inoffensifs, et la réponse immunitaire appropriée est le développement d’une tolérance clinique et immunologique. La régulation de la tolérance dépend de l’étroite interaction entre les systèmes immunitaires inné et adaptatif. Certains sous-ensembles de lymphocytes T résultant de cette régulation se développent et exercent des activités distinctes: activité anti-inflammatoire, immunosuppressive et maintien de la tolérance. Une régulation est nécessaire, car il s’agit d’un processus immunitaire actif. De nombreuses données indiquent que la tolérance est spécifique à l’antigène, ce qui implique que cette voie immunologique s’instaure dès avant la naissance afin d’assurer que le mécanisme induisant la tolérance spécifique à l’antigène sera prêt au moment de la première exposition à celui-ci. Il est désormais évident qu’une programmation immunitaire est un important préalable au développement de réponses immunitaires normales. Cette programmation est contrôlée par l’interaction entre les gènes et l’environnement. Le développement d’une tolérance clinique et immunologique constitue la réponse immunitaire normale 28 à des antigènes environnementaux, y compris alimentaires. La régulation de la tolérance est tributaire d’une interaction à la fois étroite et complexe entre les systèmes immunitaires inné et adaptatif. Cette interaction aboutit au développement de populations de lymphocytes T effecteurs régulant la tolérance, dont des lymphocytes T régulateurs. La période pré- et postnatale représente une importante «fenêtre d’opportunité» pour la programmation immunitaire, ce qui implique également que la programmation immunitaire demeure sous le contrôle étroit du système immunitaire maternel. La régulation du profil des réponses immunitaires fœtales et néonatales dépend, du moins en partie, de la transmission de cellules et d’antigènes/allergènes et du transfert d’anticorps de la mère à l’enfant. Certains composants bactériens sont de puissants immunorégulateurs et suscitent actuellement, à ce titre, un intérêt considérable. Le mécanisme non spécifique à l’antigène de régulation de la tolérance dépend de la reconnaissance de composés microbiens par le système immunitaire inné. Les récepteurs de reconnaissance de motifs, dont les récepteurs Toll-like, sont des détecteurs moléculaires de composés de ce type. Les signaux qu’émettent ces récepteurs déclenchent une cascade de mécanismes de réponses immunitaires qui favorisent et accroissent le développement de la tolérance. Plusieurs composés microbiens récemment identifiés sont à même de réaliser une programmation immunitaire précoce et efficace. Ces nouveaux aspects ouvriront un domaine innovant de l’immunoprévention qui s’appliquera également à la prévention des allergies alimentaires. 29