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protons par croisement doit rester faible. D’autres collisions de protons pour un
même croisement ressemblent beaucoup à des vertex secondaires ! La luminosité
instantanée au point d’interaction de LHCb est donc plus faible que sur Atlas et CMS.
L’un des instruments essentiels de LHCb est donc son détecteur de vertex. Il s’agit
de deux mâchoires, dont l’une est en photo ici et contenant chacune une série de 17
demi-disques alignés le long de l’axe du faisceau. Chaque demi-disque est parcouru
par des pistes au silicium avec un pas d’environ 100 micromètres et selon les
directions radiales et azimutales. Lorsque le faisceau est stable et que les collisions
commencent, les deux mâchoires viennent se refermer sur les faisceaux jusqu’à ce
que la distance entre l’axe des faisceaux et la zone interne des demi-disques ne soit
plus que de 8 mm. Une image en 3 dimensions des trajectoires des particules
chargées est ainsi obtenue et les vertex sont parfaitement reconstruits.
D’autres sous-détecteurs participent à la trajectographie sur LHCb. De chaque côté
d’un aimant, ici en bleu, imposant un champ magnétique intégré le long de la
trajectoire des particules de 4 Tesla-mètre, deux systèmes de chambres à traces, en
rouge, étendent la reconstruction des trajectoires fournie par le détecteur de vertex
sur plusieurs mètres. La mesure précise du rayon de courbure des traces des
particules dans le champ magnétique permet la détermination de leur impulsion.
La physique des saveurs ou de la violation de CP nécessite de connaître avec
exactitude le mode de désintégration des mésons B. Il faut donc identifier
précisément les types des particules produites. Il s’agit de la tâche des sous-
détecteurs non encore décrits. Le premier de ces systèmes est l’imageur de lumière
Cerenkov. D’après la relativité d’Einstein rien ne va plus vite que la lumière dans le
vide, c étant la vitesse correspondante. Cependant en raison de l’indice de réfraction
n, d’un milieu, une particule chargée peut aller plus vite que la vitesse locale, v, de la
lumière dans ce milieu. La propagation de la particule chargée s’accompagne alors
d’un front d’onde de lumière formant un cône autour de l’axe de propagation de la
particule. L’angle d’ouverture du cône est fonction de l’indice du milieu et de la
vitesse beta de la particule chargée. Ce cône est similaire aux ondes suivant un
bateau se déplaçant à grande vitesse ou à l’onde de choc d’un avion volant plus vite
que la vitesse du son. Sur LHCb, deux imageurs Cerenkov sont placés le long de la
trajectoire des particules et contiennent 3 milieux d’indices différents. Des systèmes
optiques mesurent l’angle « theta » du cône Cerenkov produit, représenté sur le
schéma à droite, et donc la vitesse beta de la particule. A partir de l’impulsion fournie
par le trajectographe et de la vitesse, la masse, donc la nature des particules
chargées sont déterminées. Pour compléter le système d’identification, un système
calorimétrique contenant notamment, un calorimètre électromagnétique et un
calorimètre hadronique, permet de mesurer l’énergie et le point d’impact des
photons, électrons et hadrons. Il permet aussi de les différencier. Enfin, une
alternance de blindage et de chambres à traces permet respectivement d’absorber
toutes les particules arrivées jusque-là, sauf les muons, et de mesurer les muons qui
eux, continuent de voler. Ainsi, une trajectoire s’étendant au-delà des calorimètres
est forcément due à un muon.
Voici donc ce qui se passe lors d’une collision. Les protons se croisent et
collisionnent. Les particules traversent les parties instrumentées du détecteur. Les
données produites sont analysées par des ordinateurs, qui, à partir des points fournis
par le détecteur de vertex et les chambres à traces et en utilisant la carte du champ
magnétique de l’aimant, reconstruisent les trajectoires, ici représentées en bleu. Les
calorimètres absorbent les particules et mesurent leurs énergies, indiquées par les