Cours mensuels « Ateliers Ain Karem 2013-2014 », le lundi soir.
1
14 Octobre : Les musulmans tels qu’ils se voient eux-mêmes.
Coran, Hadiths, Sira et histoire [légendaire] des débuts de l’ère islamique, morale,
préceptes et interdits, shari’a, Ummah, piliers, salât, tawhîd, vie après la mort.
Introduction générale.
- Ce cours vise à faire partager une expérience pratique et des connaissances théoriques
accumulées depuis plusieurs années au contact de Musulmans, du proche, moyen Orient, du
Maghreb mais aussi de France.
- Il vise à armer intellectuellement toute personne désireuse de « rendre compte de
l'espérance qui est en lui » (cf. 1 Pierre 3.15) devant un Musulman. Il ne s'agit pas
prosaïquement de construire de zéro des « experts de bureau » en islamologie, mais bien de
permettre à chacun d'acquérir une capacité à tendre la main aux Musulmans.
- Ce cours ne vise pas à gonfler encore le torrent de critiques haineuses concernant
l'Islam, le Musulman, l'Arabe ou le Turc. On en dit trop, on en a trop dit. Le Christianisme
intellectuel contemporain se contente malheureusement souvent de vérités toutes faites,
colportées y compris par des personnes de bonne volonté ou pleines de sincérité.
- Ce cours vise plutôt à susciter des moyens d'actions et des méthodes pour un « dialogue
de salut » avec les Musulmans. Peut-être certains ici sont venus parce qu'ils s'interrogent sur
l'Islam et sa présence dans notre pays, dans cette ville, et qu'ils veulent en savoir plus, ou
parce que eux-mêmes ou leur proches ont été en contact sont victimes, ou amis de Musulman
et souhaitent savoir comment / pourquoi. Ce que je souhaite, quant à moi ce n'est pas
seulement faire œuvre d'information, mais susciter des envies apostoliques et des besoins
d'action dans le domaine du dialogue islamo-chrétien.
- Dialogue islamo-chrétien ? Au-delà des difficultés et des outrances de la question :
définie par la première encyclique de Paul VI, 1965, Ecclesiam Suam. Le pape décrit l'Église
elle- même, épouse du Christ, dans en dialogue en face à face avec son Rédempteur et brosse
même un tableau de l'humanité qui est créée par Dieu pour se tourner (convertere) vers Lui.
L'humanité se retrouve aujourd'hui en plusieurs cercles concentriques : les membres de
l'unique Église du Christ (cf. Dominus Iesus
1
) qui sont Son Corps et sont tournés vers la tête.
Les autres baptisés, qui sont séparés du corps mais tout de même en relation (sacramentelle
notamment par le baptême) avec ce dernier ; les autres hommes qui après le Christ se sont
positionnés contre lui (mais qui de nature ont une capacité à Dieu (Cf. Saint Augustin). Il faut
mentionner l'analyse très intéressante de Louis Bouyer
2
qui définit de façon très pertinente
mais aussi hardie l'œcuménisme : il appelle à inclure dans ce dialogue non seulement les
baptisés d'autres confessions, mais aussi les post-chrétiens : au premier chef d'entre eux les
juifs (qui refusent le Christ oui le judaïsme peut être considéré aujourd’hui comme un post
christianisme, nous verrons comment et jusqu’à quel point), les Musulmans (dont la doctrine,
nous le verrons n'est compréhensible qu'en fonction d'une remise en cause de l'œuvre de
rédemption du Christ la « prophétie » de Mahomet en fin de compte qu'un détail) et les
Athées, dont l'athéisme - le rationalisme et le naturalisme positionnement tout à fait
« moderne », au sens qu'il naît en fin de compte à la suite de la philosophie cartésienne,
n'existe qu'en fonction de la révélation chrétienne ou plutôt de son refus. Notons que Bouyer
n’a cette vision qu'en fonction des post-christianismes
3
. Cette approche est à la fois choquante
et imprévue, parce que ce n'est pas la définition habituelle de l'œcuménisme qui sépare
habituellement de l'interreligieux par la question sacramentelle. Or Bouyer ne parle pas les
Hindous, Bouddhistes, ou autres croyances Zen, qui sont réputées ne pas être des post
1
Congrégation de la doctrine de la Foi, Dominus Iesus, sur l'unicité et l'universalité salvifique du Christ et de l'Eglise, 2000
2
« La catholicité d'un tel oecuménisme fait qu'il ne se limite pas aux autres Eglises chrétiennes, mais s'étend, (…) au
judaïsme même et même (si impensable qu ecela puisse paraître pour l'heure) à l'islam, dans la mesure où celui-ci peut
être considéré comme une hérésie judéo-chrétienne, issue des « caricatures de l'Incarnation et de la Trinité fournies par les
Chrétiens eux mêmes ». L'athéisme est également concerné, ne serait-ce que que pour la rejeter. »
3
qui sont en fait des anti-christianismes, nous verrons en quoi, en analysant Vatican II Lumen Gentium 16.
Cours mensuels « Ateliers Ain Karem 2013-2014 », le lundi soir.
2
christianismes (et encore : des études récentes visent à accréditer l’idée du bouddhisme
comme une conséquence de l’évangélisation de l’orient par l’apôtre Thomas) et relèvent
beaucoup plus d'une logique de primo évangélisation plutôt que d'une démarche œcuménique.
J'avouerais que cette approche de Bouyer est particulièrement intéressante et se marie
tellement bien avec la notion du « dialogue de Salut » de Paul VI que je pense qu'il s'agit de
fonder notre réflexion intellectuelle globale sur l'idée qu'après tout, ce que nous pouvons faire
avec les Musulmans, est plus proche de l'œcuménisme que de la primo-évangélisation. En
effet avec les Musulmans nous ne partons pas de rien : ils ont des idées sur un Dieu unique,
qui se révèle à l’homme, et qui agit. Ce n’est pas un paganisme, ce n’est pas u athéisme, c’est
encore autre chose, qu’il nous faut bien prendre en compte si nous voulons leur annoncer
l’Evangile.
Le cours est divisé en plusieurs parties :
1 L’islam vu par lui-même : nous étudierons les bases de ce que dit l’islam de lui-même, ses
origines, la pratique religieuse, la pensée existentielle, doctrinale et théologique.
2 L’islam face aux non musulmans : relations des Musulmans avec les non Musulmans,
tolérance, soumission, conversions (dans les deux sens), apologétique islamique
3 l’islam face à la science (historique, egétique, islamologique)
4 l’islam et les relations aves les chrétiens. Annoncer le kérygme aux Musulmans, les
sources de nos difficultés dans le dialogue islamo chrétien.
Islam, islamisme.
Mais avant cela, il importe de faire tomber quelques présupposés, dont le premier serait celui
d'un islam « bon » puisqu'à base spirituelle qu'il faudrait opposer à un « islamisme » mauvais
qui serait son pendant dénaturé par quelques excités.
(Cf. EM Gallez) :
Nul ne contestera l'urgence qui existe à faire face à ce qu'on appelle «l’islamisme », même si
l'on ignore beaucoup de quoi il s'agit. Ce qui inquiète - et pas vraiment à tort - c’est de voir
des millions de gens guidés vers des buts lointains auxquels ils sont prêts à sacrifier beaucoup
éventuellement leur propre vie , mais qui apparaissent comme des impasses. Dès 1980,
il était prévisible que « l’islamisme » constituerait l'un des deux grands défis du XXIème
siècle l’autre étant celui de la globalisation ultra-libérale, injustement confondue avec la
mondialisation et à laquelle on reproche non sans raisons de fournir un cadre propice à des
escroqueries ou autres malversations planétaires. Ce n'est pas le lieu d’en parler, si ce n'est
pour signaler qu’aujourd’hui, l'islam se pose précisément en s’opposant par excellence à ces
dérives frauduleuses immorales et globales ; d'une certaine manière, il prend ainsi la suite du
marxisme qui, en de nombreux pays, avait constitué l’espérance des pauvres durant deux
générations. Et il trouve évidemment une justification nouvelle que le conflit israélo-arabe
vient exacerber sans cesse. De la sorte, l'islam peut avoir encore de beaux jours devant lui,
contrairement à ce qu'avancent des psychanalystes ou des sociologues accourus à son chevet,
affirmant que le monde islamique est en crise, oubliant ou ignorant qu'il en a été ainsi depuis
les origines
4
. En fait, ils placent l’analyse à un niveau erroné, faute de regarder l'agent
principal qui est le domaine dont il relève: la théologie. C'est là que se situe la force principale
de l'islam depuis 14 siècles, le reste étant une question de circonstances favorables (ce qu'elles
ont effectivement été durant le premier siècle islamique). S’il fallait caractériser le fond de
l'identité islamique que le discours crée ou entretient, il faudrait faire état de deux convictions
de foi
5
essentielles :
4
Cf. Olivier Roy, l'échec de l'Islam politique, 1999
5
Distinguons immédiatement ces deux présupposés de « foi » au sens large des credibilia (vérités à croire) musulmanes, trois
éléments solidaires, qui sont bien connus en « théologie islamique », dans l’ordre suivant (Cf Ghazâlî, Lettre au disciple):
(a) La proclamation par la langue de la shahâda: « il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et Muhammad est Son envoyé ».
(b) L’adhésion sincère par le cœur.
Cours mensuels « Ateliers Ain Karem 2013-2014 », le lundi soir.
3
1- Dieu a institué les musulmans au-dessus des autres hommes ;
2 - Il leur a confié le salut du monde (peu importe l'expression employée on pourrait parler
aussi bien de la société islamique, idéale, de la charia, ou même du Royaume de Dieu).
Ces deux convictions expriment un choix privilégié de la part de Dieu ; elles proviennent du
mystère d’Israël, l’élection… mais plus fondamentalement encore d'une certaine perception
de celui-ci : est-ce en vue de lui confier la domination du monde, que Dieu choisit (ou
suscite) un peuple? Les mentalités peu ouvertes au spirituel et en particulier dans les
mentalités dites « modernes », il est presque inévitable de penser l’élection divine comme la
justification d'une suprématie. Cette dérive de l'idée d'élection a pris diverses formes dans
l’histoire et a étendu son influence depuis longtemps jusqu’en Occident. Dans un passé
relativement récent, les Anglais ou les Français se crurent chargés par Dieu (ou par la déesse
Raison) de dominer le monde et de lui imposer le salut (c’était encore une idéologie de ce
type qui marquait le colonialisme de la 3ème République). Restons-en pour ne pas perdre
de vue ce qui est essentiel, et qui se rapporte aux racines de ces rives. Car, bien sûr,
rétorquer aux convictions islamiques : « ce n’est pas vous que Dieu a choisis au-dessus des
autres hommes, c’est nous! », n’a jamais constitué une bonne réponse! Il faut retourner aux
sources de cette mauvaise réponse qui dénature radicalement la Révélation en cherchant à se
servir de ce Dieu qui demande la foi. Remarquons que les prétentions à l’hégémonie
universelle conduisent nécessairement à la guerre une guerre sacrée, perpétuelle et sans
merci puisque le salut du monde est supposé y être en jeu. Ces dérives de la notion de salut
sont celles de la foi définissons le mot foi dans un sens strict et large comme désignant non
seulement la foi judéo-chrétienne mais aussi les « fois » qui sont apparues postérieurement :
toutes consistent en une réponse de l'homme à une Révélation qui lui est présentée comme
venant de Dieu et qui doit apporter le salut. Il ne s’agit pas de nier que l'idée du salut du
monde fasse partie de la Révélation judéo-chrétienne, mais de mettre en question l'idée que
nous sommes chargés de faire advenir ce salut. N'est-ce pas cette idée que l’on retrouvait
au cœur de la foi marxiste, le « parti des élus » possédant la clef de l'Histoire en marche ? Une
telle conviction, née de certains judéo-chrétiens ayant renié leur foi, comme on le verra,
importe plus que le contenu de tous les discours. Soit qu’ils invoquent Dieu sans cesse, soit
qu’ils Le nient de manière tout aussi répétitive.
L’essentiel, c’est que le militant, quel qu'il soit, croie qu'il a été choisi et que le salut du
monde dépend de son dévouement personnel à la Cause. Hélas, bien peu de réponses
chrétiennes valables et explicites ont été données à ces discours qui promettent le salut du
monde ou tout simplement un monde meilleur, et qui, à toutes les époques, ne peuvent pas
laisser indifférents ; aujourd’hui, ne voit-on pas plus que jamais la misère s’accroître de par le
monde - en tout cas, on en a une conscience plus grande?- Le problème est celui-ci :
qu’objectera-t-on à ceux qui mettent leur espérance dans la foi en un monde globalement
meilleur et qui, comme par exemple en Égypte, proclament : "L’islam, c’est la solution" en
tuant des chrétiens ? Va-t-on leur expliquer qu’il n’y a justement pas de solution à espérer, que
les lois du marché sontlas bien dommageables aux pauvres (surtout quand elles sont
tronquées), et que les miséreux d'aujourd'hui doivent se considérer comme une génération
sacrifiée aux nécessaires réajustements de l’économie et ne pas se plaindre ? Ce langage
cynique et odieux est celui de la pensée politiquement correcte. Beaucoup de responsables
chrétiens préfèrent utiliser le discours sur les droits de l’homme, mais est-il radicalement
meilleur tandis qu’il s'apparente bien souvent à une litanie ? Car peut-il avoir encore de
l’impact dans une culture la personne humaine n'est plus reconnue comme source des
droits (et dans le monde musulman, l’a-t-elle jamais été) ? Et quel dialogue peut-on construire
en étant bloqué entre les fanatiques du néolibéralisme qui nient toute intervention de Dieu
(c) Œuvrer selon les piliers de la Loi et ses obligations dictées par Dieu.
Cours mensuels « Ateliers Ain Karem 2013-2014 », le lundi soir.
4
dans l’histoire, et ceux de l'islamisme qui prétendent la faire advenir à tout prix ?
Ou alors, il faut revenir aux sources, à une vision toute autre de l’histoire, qui mobilise face
aux graves enjeux du temps présent sans pour autant prétendre construire un monde
globalement meilleur. C'est celle du judéo-christianisme des apôtres. C’est évidemment dans
cette direction que je vous propose d’aller lors de ce cours.
S. Paul particulièrement a voulu articuler une telle vision du monde et de l'histoire, au point
d'inviter les Chrétiens à juger ce monde (1Co 6,2-3) : n’ont-ils pas reçu la lumière nécessaire
? La lumière d'un tel jugement se reçoit de Celui qui, justement doit venir encore pour juger le
monde : sous son regard, en son nom et, en quelque sorte, par anticipation un certain jugement
devient déjà possible. Le nœud de ce regard théologique porte donc en particulier sur l'attente
de Celui qui doit juger (et sur les conditions préalables de Sa venue). Comme par hasard, ces
questions sont présentes dans les souvenirs que les traditions islamiques ont véhiculés - et
elles étaient même centrales au point de départ...
L'importance de l'Oummah
Le musulman est fier d'être membre de l'Oummah (la communauté des croyants) qu'il
considère comme la meilleure des communautés voulues par Dieu (Coran 3, 110). C'est le lieu
s'accomplissent l'égalité et la prise en charge des croyants, le lieu ils prennent
conscience de leurs droits et de leurs devoirs, de ce qui est licite et illicite, ce qui implique
aussi privation de liberté et de responsabilité. Les droits dont peuvent bénéficier les
musulmans sont donc confessionnels parce que circonscrits dans le cadre de la charia.
Ouverture : comparer Oummah et Communion des Saints ? La dimension collective est
essentielle dans l'Islam : il est impensable de voir un Musulman sinon prier seul, du moins
prier selon des critères qui ne soient pas collectifs. La relation personnelle entre le Croyant et
Dieu n'est pas présente ni dans le Coran ni dans la Sunna. Car c'est l'Oumma qui est le lieu de
l'expression d'un amour et d'une charité mutuelle, l'assurance du lien à Dieu : il faut se
rapprocher du « messager » (Mahomet) et des « Ouali mourshid », les élus de Dieu, des
guides.
« Fait patienter ton ego en compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur, matin
et soir, recherchant Sa satisfaction » (s18-28).
Il est frappant de voir à quel point cette approche est similaire à une certaine vision
communautaire monastique, les frères du monastère sont l'occasion mais aussi la
manifestation de l'expression de l'affection et de la miséricorde. LOummah n'est pas
ontologiquement l'Église dans le sens où son chef ne profère pas de magistère et dans lequel il
n'y a pas de clergé. L’Oummah est le rassemblement de ceux qui sont soumis (muslimin) et
son chef (Khalifa « lieu tenant ») ne fait que prescrire les commandements de Dieu.
Pour autant, l'islam n’en est pas moins divisé entre plusieurs tendances, dont les deux
principales sont le sunnisme et le chiisme. L'islam de France est avant tout l'islam sunnite,
dont les deux « pôles » historico-spirituels sont l'Arabie saoudite (La Mecque, Médine) et
l'Égypte (Université Al Azhar).
Biographie de Mahomet (partie prenante de la Sunna)
Pour rappel : pour l'histoire officielle musulmane, Mahomet
6
est mort en 632. Nous le
« savons » par la « Sira » d’Ibn Ishaq († env. 767), que nous ne connaissons que par
l’adaptation abrégée d’un de ses élèves indirects, Ibn Hisham († env. 834) ; celle de Waqidi (†
823), réduite au récit des campagnes du « Prophète » ; celle de son secrétaire Ibn Sa‘d († 845)
; enfin celle de l’historien compilateur Tabari († 923).
6
Note l’appellation « Mahomet » et la francisation du Turc « Mehmet » qui désigne le nom propre arabe
« Muhammad ». Malgré ce que prétendent certains de nos amis Musulmans, dire « Mahomet » n’est pas plus
irrespectueux que de dire « Coran » qui le mot français pour l’Arabe « Qur’an ». Il est certain que
l’appellation Mahomet vient d’ailleurs des croisades, les armées chrétiennes ont surtout lutté contre des
Turcs, et non contre des Arabes.
Cours mensuels « Ateliers Ain Karem 2013-2014 », le lundi soir.
5
Nous avons donc un livre considéré comme officiel dans l'Islam qui est écrit par quelqu'un qui
n'a pas pu connaître la personne en question... On est très loin de la notion de transmission de
l'évangile par la tradition apostolique. Ce sont toutes des sources tardives ; Toujours est il que
cette Sira fait autorité et n'est pas discutable dans la sphère sunnite. Cette biographie a fait
l'objet d'une mise en scène cinématographique, que je vous invite fortement à consulter dans
un film de 1976 qui s’appelle « le Message » (Ar Rissala).
http://www.dailymotion.com/playlist/xzaln_IslamRealVoice_le-message-film-al-
rissala/1#video=x5dwli
Mahomet naîtrait en milieu païen, à la fin du 6ème siècle, à la Mecque. Marié à Khadija, une
« juive » plus âgée que lui, il recevrait des révélations privées sur l’unicité de Dieu dans une
grotte de montagne à proximité de la Mecque. Il prêche le Dieu unique, mais sa prédication
allant contre les intérêts économiques de la caste marchande, la tribu Qureish, de la ville de la
Mecque (dont la prospérité viendrait d’une sorte de temple païen multi idolâtrique : la
Ka’aba), il est persécuté et doit partir pour une ville plus lointaine, Yathrib, qu’on appelle
désormais Médine
7
. De il organise une nouvelle société qui deviendra civilisation, l’Islam
tout en continuant à recevoir ses révélations privées de l’ange Gabriel. Il finit par s’imposer,
détenteur à la fois de la vérité et de la supériorité numérique et militaire et conquiert sans
combat la Mecque. A sa mort, ses révélations sont mises par écrit par ses compagnons qui
avaient appris par cœur les paroles que Gabriel lui avaient soufflé à l’oreille. Une biographie
résumée par Maxime Rodinson est disponible en annexe
8
.
Le sunnisme vient de Sunna qui est la « tradition » du « prophète » : la sunna c'est l'ensemble
des dires, des actes, des qualités, des approbations ou réprobations de Mahomet. Tout cela est
consigné de façon précise dans les recueils de Hadiths, et l’on conserve pieusement les
chaînes de transmission de ces traditions orales. On cite le Hadith avec sa chaîne de
transmission pour savoir par quel compagnon de Mahomet nous vient ce « dit » authentique.
Il y a des recueil de Hadith « forts » (sahih) : Muslim, Boukhari. Ils sont numérotés et les
experts en science islamique y renvoient. (Exactement comme le Denziger, pour la théologie
chrétienne). Mais il y aussi des Hadiths « faibles », dont la chaîne d’authentification est plus
floue. Dans la tradition islamique, il y a aussi la biographie (Sira). Toutes ces sources,
associées au Coran permettent de définir la loi, la charia, la « voie »). La discipline
d’interprétation de la volonté de Dieu par rapport aux Hadiths, à la vie de Mahomet et
également au Coran se subdivise elle même en « écoles juridiques » (mahdabs) dont a plus
courante en France est celle d’Afrique du Nord l’école malékite. Ce que l’on peut retenir,
c’est que la loi étant impérée par Dieu, le croyant doit forcément l’appliquer : il ne peut pas ne
pas le faire, et donc si il ne le fait pas il fait forcément un mal complet, et donc
impardonnable. Par ailleurs, cette loi impérée par Dieu est indépendante de la propre
conscience du bien ou du mal de l’homme. Il n’ya aucune continuité d’intelligence entre
l’homme et Dieu, Dieu ne se communiquant pas lui-même en l’homme mais commuiqant
uniquement via le livre saint à savoir bien sûr, le Coran
9
.
Le Chiisme quant à lui regroupe ceux qui sont partisans de 'Ali (shi'i partisans) qui a
revendiqué le Califat (la direction de l’Ummah / communauté des croyants) et qui a provoqué
le premier « shisme »; les deux grands pôles géopolitique et spirituels sont l'Iran (et une
grande partie de l'Iraq) et le Liban (avec une forte minorité Chiite ou apparente en Syrie). Il y
7
« Médine » ou « Al Medina », la « Ville ». Il est frappant au passage de constater que la Ville avec un grand V
de l’Islam est l’endroit a été mise en œuvre la première société dite « islamique », c’est à dire une
référence politique et administrative, et non pas La Mecque, qui est tout de même supposé être le lieu
spirituel de l’Islam.
8
Rodinson, qui est athée et communiste, prétend donner un regard critique sur la biographie de Mahomet. Force
pourtant est de constater que son travail ici n’est pas islamologique ni critique, puisqu’il ne fait que reprendre
la légende d’Ibn Isham avec des mots contemporains.
9
Il n’y a donc en aucune manière la notion d’une primauté de la conscience en Islam.
1 / 22 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !