LAURENT BRAQUET DAVID MOUREY COFOEC_Mise en page 1 11/05/15 16:59 Page1 « Clarté pédagogique et rigueur de l’analyse, pour comprendre les fondamentaux de l’économie ! » éré é savoirs construits selon une démarche rigoureuse, afin d’échapper à tous les poncifs récurrents et argumentations trop pressées sur de nombreux sujets clés : croissance, emploi, pouvoir d’achat, entreprise, mondialisation, Europe, environnement… L’actualité économique est débordante, foisonnante, difficile à appréhender : les problèmes économiques ont souvent plusieurs dimensions, les solutions sont complexes, les conseils nombreux, mais parfois contradictoires et les décisions se multiplient, selon des intérêts quelquefois divergents… Accéder à ce savoir n’est pas une mince affaire ! Un effort intellectuel est nécessaire, mais, plus que jamais, nous avons l’obligation de comprendre les rouages de l’économie pour exercer notre citoyenneté. Dans ces conditions, comprendre les mécanismes fondamentaux du fonctionnement de nos économies se révèle incontournable. L’économie, en tant que discipline scientifique, vise à proposer – au-delà des opinions, préférences et préjugés – un ensemble de Afin de faciliter la tâche à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce monde dans lequel ils vivent et où l’économie occupe une si grande place, les auteurs proposent un ouvrage dont la principale qualité doit être l’alchimie entre la clarté pédagogique et la rigueur de l’analyse, tout en suscitant l’intérêt du lecteur et en donnant du sens. David Mourey est professeur de SES au lycée Charles Le Chauve à Roissy-en-Brie, professeur en TD de « Politique économique » à l'UFR d'économie-gestion de Marne-la-Vallée depuis 2008, professeur à l'ISMaPP pour un cours d’ « Introduction à l'économie » depuis 2013, formateur en SES dans l’académie de Créteil, fondateur, organisateur et modérateur depuis 2005 des « Rencontres économiques » de Pontault-Combault et de Paris, Cycles de conférences, débats et colloques pédagogiques. Visitez le blog de l’auteur http://davidmourey.com et la page YouTube des « Rencontres économiques ». ISBN : 978-2-8041-9021-7 COFOEC http://noto.deboeck.com : la version numérique de votre ouvrage • 24h/24, 7 jours/7 • Offline ou online, enregistrement synchronisé • Sur PC et tablette • Personnalisation et partage Conception graphique : Primo&Primo® Laurent Braquet est professeur de SES au lycée Gustave Flaubert de Rouen, formateur en SES dans l’académie de Rouen et enseigne en classes préparatoires au concours commun des IEP. Il est l’auteur de L’essentiel pour comprendre la mondialisation, 2014 et L’essentiel pour comprendre le marché du travail, 2014. COMPRENDRE LES FONDAMENTAUX DE L’ÉCONOMIE ce L’économie est présente partout dans nos sociétés. Les sujets et les discours sur l’économie – au sens large – sont omniprésents dans les médias et, qu’on le veuille ou non, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on ne peut y échapper ! -Qu y s nas fa Pré sB è n g d’A COMPRENDRE LES FONDAMENTAUX DE L’ÉCONOMIE Introduction approfondie à l’économie éré é -Qu y s nas ce fa Pré sB è n g d’A Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com © De Boeck Supérieur s.a., 2015 1re édition Fond Jean Pâques, 4 – B-1348 Louvain-la-Neuve Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Imprimé aux Pays-Bas Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : juin 2015 Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2015/0074/032 ISBN 978-2-8041-9021-7 Sommaire Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Chapitre 1 Qu’est-ce que l’économie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Chapitre 2 Les problèmes économiques fondamentaux . . . . . . . . . . . 45 Chapitre 3 La croissance économique : sources, instabilité et soutenabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Chapitre 4 Les interdépendances entre les principaux acteurs et les principales opérations économiques . . . . . . . . . . . 145 Chapitre 5 L’organisation des économies contemporaines : entre les principes du marché et les interventions des pouvoirs publics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 Chapitre 6 La monnaie et le financement des économies contemporaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 Sommaire 5 Chapitre 7 Les principes fondamentaux du fonctionnement des économies ouvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 Chapitre 8 Les marges de manœuvre des pouvoirs publics dans l’économie globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 321 Chapitre 9 Pourquoi les crises financières et économiques reviennent-elles toujours ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Comprendre les fondamentaux de l’économie 453 459 Remerciements Nous tenons à remercier chaleureusement les éditions De Boeck Supérieur pour nous avoir accordé leur confiance et nous avoir donné la chance et l’opportunité d’écrire ce Manuel, en particulier Dominique De Raedt et Mireille Raskin, mais également toutes les autres personnes sollicitées pendant les différentes étapes de la rédaction de ce Manuel. Nous adressons également nos chaleureux remerciements à Agnès Benassy-Quéré (Présidente déléguée du Conseil d’analyse économique) pour avoir accepté de rédiger la préface de ce Manuel. Nous sommes conscients de notre chance et des encouragements qui nous sont témoignés. Nous remercions aussi nos collègues qui, par leurs débats et questionnements récurrents, ont alimenté nos réflexions scientifiques, didactiques et pédagogiques. Nous remercions tous nos élèves et étudiants qui depuis des années nous obligent par leurs interrogations, incompréhensions, suggestions… à repenser la structure de nos cours, de nos dossiers, l’enchaînement de nos explications… Sans eux, ce livre n’aurait aucune raison d’être. Ils sont la principale source de nos inspirations et de notre motivation et nous sommes heureux chaque fois que nous parvenons à les faire avancer sur le sentier sinueux et semé d’obstacles de la compréhension de l’économie. Enfin, David Mourey tient à remercier sincèrement tous les économistes et autres grandes personnalités de l’économie qui ont accepté de participer à des conférences, débats ou colloques pédagogiques destinés aux lycéens et étudiants essentiellement, depuis 2005 à Pontault-Combault et depuis 2008 à Paris, au Palais du Luxembourg (Sénat), à la Banque de France, à la Fédération bancaire française… Ces remerciements s’adressent aussi aux très nombreux partenaires qui ont permis à ces rencontres d’avoir lieu. Vous pourrez retrouver l’historique de ce Cycles de conférences, débats et colloques pédagogiques sur le blog Démocratie, Économie et Société créé en janvier 2007 (http://www.davidmourey.com/) et une grande partie des vidéos sont déjà en ligne sur la page YouTube des « Rencontres économiques » http://www.youtube.com/user/DavidMourey?feature=watch Remerciements 7 Préface L’économie a envahi nos vies. Nos vies personnelles d’abord, avec les problèmes d’emploi, de logement, de pouvoir d’achat. Nos vies au travail, ensuite, avec la concurrence internationale, les réorganisations, les exigences de productivité. Nos vies citoyennes, enfin, lorsque l’économie devient omniprésente dans le débat politique. Pourtant, l’économie relève souvent du mystère, voire de la magie dangereuse. Comment les difficultés de ménages pauvres américains pour rembourser leurs emprunts immobiliers ont-elles pu mettre en péril des banques prétendument puissantes ? Pourquoi la Banque centrale européenne ne nous envoie-t-elle pas tout simplement les billets de 50 euros qui, dépensés en produits fabriqués dans la zone euro, pourraient faire repartir la croissance ? Pourquoi ne met-on pas à la retraite anticipée les travailleurs seniors pour faire de la place aux jeunes ? Et pourquoi ne pas annuler la dette des États ? Autant de questions que chacun se pose sans forcément trouver une réponse intelligible. Car les experts abondent, mais ils parlent une langue étrange dont les mots clés sont croissance potentielle, effet de levier, solde structurel, stabilisateurs automatiques, contrainte budgétaire intertemporelle, etc. Que faire ? Abandonner la partie ? Tirer au sort son bulletin de vote ? S’en remettre à un gourou qui, lui au moins, parle distinctement – tant pis si ses raisonnements ne respectent pas la loi de l’offre et de la demande ni les contraintes de budget des États ou des familles ? Non, il faut exiger de comprendre. Refuser le jugement de valeur sans en avoir saisi le soubassement ; refuser le charabia dans lequel il est si facile de se draper ; refuser d’opposer l’offre et la demande, les flux et les stocks, le présent et le futur, etc. Pour cela, nous avons besoin de passeurs, qui prendront le temps de nous mener pas à pas, de nous frayer un chemin dans la jungle de l’économie. Sans jamais céder à la facilité de l’à-peu-près, le passeur nous explique les enchaînements logiques, repère ce qui fait consensus et discute les points de divergence. Préface 9 L’économie n’est pas une science de salon. Elle exige un apprentissage, une maîtrise des outils de base. On ne peut pas affirmer tout et son contraire. Certaines questions, comme l’impact du coût du travail sur l’emploi, ou bien l’effet de la politique monétaire sur le taux de change, sont aujourd’hui relativement bien connues. D’autres, comme les effets de la politique budgétaire sur l’activité et l’emploi, font encore l’objet de discussions passionnées. Il est important de savoir distinguer ces deux configurations. Pour découvrir un territoire, rien de mieux que la marche à pied. Le rythme lent de la marche permet de s’imprégner de la géologie, de la flore, de l’habitat, des hommes et des femmes qui peuplent le lieu. Il en est de même de l’apprentissage de l’économie. Surtout ne pas aller trop vite. Forts de leur expérience d’enseignants et de leur engagement citoyen, David Mourey et Laurent Braquet nous offrent un merveilleux guide de randonnée, à suivre pas à pas pour ne pas se perdre sur les flancs des pentes escarpées. Agnès Bénassy-Quéré 17 avril 2015 10 Comprendre les fondamentaux de l’économie Avant-propos « It’s the economy stupid » « Pense à l’économie, idiot ! » Telle était la phrase, devenue célèbre et désormais gravée dans la mémoire collective, que le Président des États-Unis Bill Clinton avait affichée au-dessus de son bureau afin de ne jamais oublier l’économie et son omniprésence dans nos vies quotidiennes, dans nos démocraties modernes. En tant que citoyens, une fois que nous avons intériorisé cette réalité incontournable, nous devons faire feu de tout bois pour mieux comprendre les mécanismes fondamentaux et les logiques implacables qui gouvernent nos choix économiques, individuels et collectifs, aux effets sociaux, démographiques, écologiques et sociétaux. Sans prétendre aucunement à l’exhaustivité, ce livre vise à aider tous ceux qui s’intéressent sérieusement au fonctionnement de nos économies, à mieux en appréhender les rouages fondamentaux. Les principaux concepts du langage économique de base y sont abordés dans le cadre des problématiques et questionnements qui traversent les débats de notre temps. L’objectif est de fournir à chacun des clés pour comprendre l’économie réelle et non de compiler des connaissances déconnectées de toute réalité, en dehors de toute interrogation légitime et de prendre des distances avec nos avis et opinons qui n’expliquent rien ! Nous nous sommes imposés une autre contrainte majeure, mais cruciale : éviter toute formalisation inutile à la compréhension de l’essentiel. Cependant, par souci de rigueur, de cohérence et de pertinence, nous avons fondé notre texte sur une démarche scientifique, au sens où la complémentarité des approches théoriques et empiriques reste indispensable. En effet, théories et faits ne s’opposent pas comme on l’entend trop souvent, mais se combinent pour nous permettre de lire, de décrypter, ces réalités qui ne se produisent pas spontanément, mais qui sont construites par les croisements de regards théoriques confrontés aux faits statistiquement construits et nécessaires à la procédure de réfutation. Avant-propos 11 Dans ce cadre, les principales questions économiques sont abordées avec un langage qui se veut le plus simple et le plus clair possible. Pour autant, comme il n’était nullement question de sacrifier la qualité et la rigueur, pour éviter de passer de la simplification, de la clarification pédagogique, au simplisme fallacieux, le lecteur ne pourra pas faire l’économie d’un véritable effort intellectuel. Les neuf parties qui composent ce livre peuvent être lues et étudiées selon l’ordre qui convient au lecteur et à ses besoins. Il en est de même pour les chapitres d’une même partie. Ce livre vise un public large. Il s’adresse aussi bien aux lycéens des séries ES et STMG, qui étudient l’économie, qu’aux étudiants de Licence de sciences économiques et de gestion, des diverses classes préparatoires B/L et ECE, des étudiants des IEP, des candidats au CAPES, au CAPET et à l’agrégation de SES ou d’Économie-gestion… Il peut être utile au citoyen également. 12 Comprendre les fondamentaux de l’économie Introduction Le Prix Nobel d’économie 2014, le français Jean Tirole, a découvert l’économie à l’âge de 21 ans. Pour lui, cette découverte fut majeure dans la mesure où l’économie, en tant que discipline intellectuelle, conduit à faire la connexion entre les mathématiques et les sciences humaines et sociales, entre des disciplines si éloignées a priori et pourtant si complémentaires. Il a déclaré sans détours, peu après avoir pris connaissance de sa récompense : « J’ai vraiment été fasciné par cette discipline car elle est à la fois “positive” et “normative” : elle analyse les comportements pour établir des recommandations de politique écono‑ mique, pour finalement essayer de “rendre le monde meilleur”. Pouvoir se confronter à des problèmes théoriques exigeants, et donc intellectuelle‑ ment passionnants, tout en contribuant à la prise de décision, c’est très attirant ». Nous partageons complètement cette vision, dans ses différentes dimensions. En effet, l’économie fait partie de notre vie. Les activités, sujets et discours sur l’économie, au sens large, sont quotidiennement commentés, disséqués dans les médias. Journaux, radios, télévisions, sites et blogs, déversent un flot continu d’informations, d’affirmations, d’analyses sur les questions économiques, monétaires, financières, sociales… Qu’on le veuille ou non, nous sommes abreuvés de nouvelles sur la vie économique, et on ne peut guère y échapper… ni en acte, ni en pensée. Les activités économiques nous gouvernent, autant que nous sommes des acteurs de l’économie. Mais aussi passionnante ou inquiétante soit-elle, cette actualité économique débordante, foisonnante est bien trop désordonnée et difficile à appréhender : le cours de l’économie n’est pas un long fleuve tranquille. L’économie, en tant qu’activité réelle, demeure presque insaisissable si on ne dispose pas des codes, du vocabulaire, et de la grammaire appropriés. En clair, si on ne maîtrise pas le langage spécifique de l’économie. Les problèmes économiques, souvent épineux, se posent sans cesse et pèsent d’un poids considérable sur nos choix de consommateur, éventuellement de chef d’entreprise… mais aussi de citoyen/électeur… lorsqu’il nous faut arbitrer entre les programmes des partis politiques, au sein desquels les grands dossiers économiques comme la croissance, la lutte Introduction 13 contre le chômage, le pouvoir d’achat, la compétitivité, la fiscalité, la dette publique… sont souvent scrutés, évalués, débattus, critiqués. De surcroit, ces problèmes économiques ont plusieurs dimensions. Les solutions sont complexes et interdépendantes. Les conseils des experts de l’économie sont nombreux mais trop souvent contradictoires. Or, il y a loin de la coupe aux lèvres, de l’évidence apparente à la réalité de la compréhension. D’autant plus que les « experts », parfois autoproclamés, pullulent et brouillent les pistes qui pourraient mener à une compréhension claire, saine et équilibrée des questions abordées. Les décisions se multiplient, dans tous les sens, selon des intérêts souvent divergents… La tâche de l’économiste dans la Cité est des plus difficiles. Celui-ci doit réaliser un véritable travail d’équilibriste, de funambule, entre la neutralité/objectivité du savant, et la fonction de conseiller du politique avec ses propres préférences, préjugés. Il n’y a, en effet, rien de plus dangereux, quand on étudie l’économie pour conseiller, que de croire qu’on puisse être complètement affranchi de toute subjectivité. « Les hommes d’actions qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelque économiste passé. Les visionnaires influents, qui entendent des voix dans le ciel, distillent des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerveau de quelque écrivailleur de Faculté » disait déjà John Maynard Keynes, dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, en 1936. Seuls ceux qui sont conscients de ces limites potentielles, inhérentes à la nature des objets étudiés, peuvent prétendre produire des analyses largement objectives et conseiller le Prince avec un parti pris réduit à la portion congrue. La boîte à outil de l’économiste est pourtant remplie d’instruments forgés au fil des siècles par les progrès de la science économique, une discipline traversée de controverses mais aussi d’outils d’analyse qui font consensus dans la communauté des économistes. La science du débat n’en est pas moins une science et, comme toute science, c’est par sa méthode de production de connaissances qu’elle se distingue des autres discours, et notamment du discours politique et idéologique, et non par son objet d’étude. En effet, l’économie, en tant que science, enseignée dans les écoles et les Universités, vise à proposer au-delà des opinions, préférences et autres préjugés, un ensemble de savoirs construits selon une démarche rigoureuse afin d’échapper à tous les poncifs récurrents et pseudos argumentations, trop pressées et trop orientées, sur de nombreux sujets clés : croissance, emploi, pouvoir d’achat, entreprises, mondialisation, Europe, environnement… Dans ces conditions, comprendre les mécanismes fondamentaux du fonctionnement de nos économies se révèle incontournable. A fortiori, dans une économie ouverte sur les échanges avec les autres économies, cela devient même impératif car nos décisions individuelles et collectives ont des effets sur les autres et réciproquement. Dans une démocratie où les controverses politiques tronquent les diagnostics, les thérapies choisies par les gouvernants modifient le cours de nos vies : les choix individuels et collectifs, passés et présents, se combinent pour 14 Comprendre les fondamentaux de l’économie dessiner un avenir qui in fine s’impose à nous, autant qu’il est construit par nos décisions d’acteurs de l’économie. Ces choix sont cruciaux et la compréhension de leurs fondements est indispensable car en économie, nos choix peuvent grever notre présent et hypothéquer notre avenir. Pour autant, le discours sur l’économie ne doit pas rester ésotérique. Mais disons le tout net : accéder à ce savoir n’est pas une mince affaire ! Un véritable effort intellectuel est nécessaire. Il ne faut pas se leurrer. Pas de travail à l’économie, pour apprendre l’économie ! De la même manière qu’il faut s’entrainer dur pour bien jouer au tennis, travailler dur pour devenir médecin, économiste,… ou écrire un livre d’économie ! …, il faut accepter de se donner les moyens de comprendre l’essentiel de l’économie,… en travaillant. Qui prétendrait qu’il suffit de prendre des médicaments pour se proclamer médecin, qu’il suffit de se faire un repas pour devenir cuisinier, qu’il suffit de jouer au football avec ses amis pour devenir joueur ou entraineur professionnel ? Personne ! Alors comment peut-on prétendre qu’il suffit de produire et vendre un bien ; travailler, participer à une production et acheter des biens… pour être économiste, établir des diagnostics sérieux et conseiller les décideurs ? Chacun peut avoir son opinion sur tous les sujets économiques, mais avoir une opinion ne fait pas de celle-ci une vérité révélée et scientifiquement fondée. En économie, on croit aisément ce qu’on désire et on a tendance à prendre ses désirs pour des réalités. Il faut pourtant raison garder et ne pas confondre ses intuitions et les fausses évidences avec de la connaissance solidement établie par des spécialistes, sur la base d’une méthodologie rigoureuse. Avec l’enchainement des crises que nous traversons depuis 2008, nous avons plus que jamais l’obligation de faire feu de tout bois afin de mieux comprendre les rouages de l’économie, en maitriser les raisonnements de base, pour pouvoir exercer pleinement notre citoyenneté ! Pour faciliter la tâche à toutes celles et tous ceux qui veulent mieux comprendre le monde contemporain, où l’économie occupe une si grande place, nous vous proposons dans cet ouvrage d’en décrypter les mécanismes avec clarté pédagogique et rigueur. La pédagogie de l’économie est un exercice extrêmement difficile mais nécessaire pour toutes les raisons que nous venons d’évoquer. La pédagogie implique de reformuler son discours pour l’adapter à chaque situation nouvelle, chaque interlocuteur, chaque lecteur… Le travail pédagogique exige une volonté permanente de reformulation et de simplification sans pour autant verser dans le simplisme. Là se trouve un autre grand piège des discours sur l’économie qui inondent notre quotidien. Jean Tirole, Prix Nobel et exemple de modestie sur l’étendue de ses connaissances, a rappelé récemment qu’un économiste ne peut prendre position sur la politique économique et peser sur les décisions de politique économique ex nihilo. Sinon « Le danger est de répondre sur des sujets que l’on n’a pas étudiés soigneusement, ce que je ferai sans doute mais que je voudrais éviter autant que possible. Chaque secteur, chaque acteur et chaque domaine de la vie économique sont un cas particulier qui exige que l’on en étudie le fonctionnement avant de se Introduction 15 prononcer ». Face à la connaissance, restons conscients de l’étendue de notre méconnaissance et apprenons à être prudents avant d’affirmer doctement tel diagnostic ou telle thérapie. Ce livre est fondé sur cet état d’esprit et il vise donc à donner les clés permettant d’ouvrir les premières portes du domaine, plein de mystères, de l’économie. Démarche de l’économie, problèmes économiques fondamentaux, dynamique de la croissance économique, interdépendances entre les acteurs et les opérations économiques, rouages de l’économie de marché et de l’inter vention des pouvoirs publics, fonctionnement du système bancaire, logique de l’économie mondialisée, mécanismes du marché du travail, de la protection sociale et des crises financières et économiques : autant de sujets qui seront abordés avec pour ambition de mieux comprendre les principes « fondamentaux » de l’économie. Les auteurs 16 Comprendre les fondamentaux de l’économie C h a p i t r e 1 Qu’est-ce que l’économie ? « Le plus grand ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance, c’est l’illusion de la connaissance », Stephen Hawking « La théorie ne fournit aucun ensemble constitué de conclusions immédiatement utilisables pour définir les politiques. Il s’agit d’une méthode plutôt que d’une doctrine, d’une série d’outils intellectuels qui aident leurs détenteurs à tirer des conclusions correctes. » John Maynard Keynes 1. La science économique : une science des choix sous contraintes ? 1.1. À la découverte de l’économie Chacun d’entre nous est un acteur de l’économie. Chacun d’entre nous peut avoir une idée intuitive de ce qu’est l’économie : la vie quotidienne est constituée de faits et de décisions diverses qui sont des actes et des faits économiques. Changer son forfait de téléphonie mobile, payer une place de concert, créer son entreprise et remplir les formalités nécessaires, embaucher un travailleur et le rémunérer pour son travail par un salaire, décider de poursuivre ses études pour une année supplémentaire plutôt que de travailler dans un restaurant à plein temps, placer son épargne sur un livret A, installer un site de production dans un pays où le coût du travail est relativement faible ou affecter le produit des impôts prélevés au financement d’infrastructures publiques, donner des cours d’économie, écrire des livres d’économie… sont des exemples de décisions qui intéressent l’économiste. La science économique : une science des choix sous contraintes ? 17 De la même manière, le ralentissement de la productivité globale des facteurs des pays développés depuis la fin des années 1960, le ralentissement actuel de la croissance du PIB français, l’évolution du taux d’endettement des ménages américain, le niveau des réserves de change de la Banque centrale de Chine, la crise des dettes souveraines dans la zone euro depuis 2010 constituent des phénomènes complexes qui nécessitent de mobiliser l’analyse économique pour comprendre les mécanismes à l’œuvre. Tous ces faits sont essentiels pour décrypter le monde contemporain : chaque jour, l’économie est partout présente, et les sujets économiques occupent une place importante dans les médias et les colloques ; des revues y sont consacrées, et des chaînes de télévision scrutent les événements marquants de la vie des entreprises et des décisions de l’État. Quel sera le niveau de la croissance en 2015 ? Les hypothèses retenues pour construire le budget de la Nation seront-elles tenues ? Comment les fruits de cette croissance seront-ils répartis entre le facteur travail et le facteur capital ? Les impôts vont-ils baisser ? La crise de la zone euro est-elle terminée ? La déflation constitue-t-elle une menace à court terme ? La mondialisation de l’économie est-elle responsable du chômage de masse ? Non seulement ces questions clés suscitent de nombreuses analyses et commentaires dans les grands médias, mais elles occupent une partie du temps des milliers d’élèves et étudiants qui ont choisi des cursus scolaires et universitaires au sein desquels l’enseignement de l’économie est présent. Étant donné que les activités économiques sont omniprésentes, étudier l’économie est alors un impératif et devient… fondamental. La compréhension du langage de l’économie permet d’éclairer le débat démocratique, tant pour les citoyens confrontés à des choix cruciaux face à l’offre politique et aux programmes proposés par les candidats aux élections que pour les décideurs politiques eux-mêmes, conseillés par des économistes qui leur apportent une expertise afin d’éclairer leurs arbitrages. De nombreuses enquêtes montrent que les enjeux économiques ne sont pas seulement des débats d’experts mais des préoccupations citoyennes du quotidien largement partagées, à propos de la crise, du chômage, des délocalisations, de la dette, de l’avenir de l’euro, etc. A contrario, la méconnaissance des mécanismes économiques peut laisser le champ libre à des explications idéologiques simplistes et des utopies démagogiques qui conduisent au fatalisme. Une meilleure maîtrise du langage de l’économie est alors utile pour démocratiser un débat qui semble abstrait, mais dont les conséquences ont un impact bien réel sur le devenir de nos sociétés et sur nos vies quotidiennes. 1.2. L’économie : une science comme les autres ? À la question « qu’est-ce que l’économie ? », il est courant de recevoir en réponse une liste de sujets concrets dont s’occupe l’économiste professionnel : la production, la consommation, les échanges, la monnaie, la croissance, l’inflation, le chômage. Si les philosophes grecs concevaient l’économie comme l’art du gouvernement domestique, puis comme « science de l’enrichissement », 18 Qu’est-ce que l’économie ? elle devient, à la fin du xixe siècle, la « science des échanges marchands » grâce à laquelle on peut analyser les comportements humains et leur coordination sur les différents marchés. L’économie est une science sociale, une science humaine dont l’objet n’a pas fondamentalement varié au fil des siècles : aujourd’hui encore, l’économiste a toujours pour ambition de comprendre les phénomènes économiques en cherchant à décrire précisément la réalité qu’il observe, à l’expliquer et à la comprendre grâce à des outils d’analyse adaptés. Comme cette réalité est infiniment complexe et difficilement observable par l’exercice du sens commun, les économistes utilisent, comme dans toutes les autres sciences, des modèles et des théories afin d’élaborer des représentations simplifiées de la réalité. Ainsi, dans le cas de l’analyse du marché, ils prennent comme référence le modèle de concurrence parfaite, où l’économiste commence par décrire un monde chargé d’hypothèses fortes sur le fonctionnement d’un marché « idéalisé » (incapacité d’une entreprise à influencer le prix du marché, information parfaite, libre entrée et libre sortie du marché, etc.), avant de relâcher ces hypothèses une par une, pour se rapprocher de la réalité des marchés concrets, par un enrichissement du modèle stylisé (existence d’oligopoles et de monopoles, asymétries d’information, barrières à l’entrée sur les marchés, etc.) Les progrès de la science économique au fil du temps ont permis d’établir un ensemble de connaissances (une sorte de « boîte à outils ») que les économistes utilisent aujourd’hui dans leurs travaux de recherche : audelà des sensibilités théoriques différentes et des divers courants de pensée en économie, ils utilisent souvent des instruments d’analyse, des modes de raisonnement communs (utilité, coût d’opportunité, incitations, asymétries d’information, préférence pour le présent, inflation, anticipations, etc.) L’économiste explique le réel en s’astreignant à un raisonnement scientifique rigoureux, sur le modèle des mathématiques ou des sciences physiques : face à un monde économique complexe, avec des millions de variables et d’actions humaines qui interagissent et évoluent perpétuellement, il s’astreint aux règles du travail scientifique, à l’instar des autres disciplines. Comme nous l’avons vu, il élabore des modèles (comme le géographe, qui utilise des cartes simplifiées) et cherche à dégager des régularités, des lois générales et des relations de cause à effet entre les variables grâce à une démarche hypothético-déductive. Il utilise donc l’abstraction. Selon l’économiste Maurice Allais, premier Français lauréat du prix Nobel d’économie (en 1988), dans un article de 1966 paru dans la Revue économique (« L’économique en tant que science »), « la légitimité de l’abstraction ne peut se justifier qu’a posteriori. A priori toute abstraction peut légitimement paraître inadmissible. Réduire les planètes à des points pour étudier leurs mouvements est une abstraction cho‑ quante, mais elle réussit, et c’est cette réussite même qui la légitime. Il en est ainsi de toute abstraction. Ce principe vaut pour la science économique comme pour toute autre science ». Les théories économiques sont mobilisées pour donner une cohérence à la masse d’informations observées : il s’agit de constructions intellectuelles qui permettent de donner un sens à ce que l’on observe. La science économique : une science des choix sous contraintes ? 19 Pour reprendre les termes du philosophe Gaston Bachelard, le fait scientifique n’est pas donné naturellement : il est « conquis, construit, constaté ». Mais il faut garder à l’esprit que la science économique reste une science de la société, une discipline qui a une histoire particulière : elle s’est détachée progressivement de la morale et de la philosophie, puisqu’il est d’usage de dater la naissance de l’économie, en tant que science distincte de la philosophie morale, au moment de la publication du livre de l’écossais Adam Smith (1723-1790), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, publié en 1776. Le regard de l’économiste sur le réel permet donc de fournir un éclairage particulier sur un objet d’étude où l’économique, le social, le politique et le culturel forment un tout. 1.3. Le raisonnement économique Pour mieux cerner le champ de l’économie, on peut retenir la définition que donne Edmond Malinvaud, dans ses Leçons de théories microéconomiques (1986) : « L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse, d’une part, aux opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation des biens, d’autre part, aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations. » En effet, le raisonnement économique s’effectue dans un univers de ressources rares : même dans les nations riches, la nature n’offre pas en abondance les biens et services, matériels ou immatériels, qui doivent être produits pour satisfaire les besoins et les désirs potentiellement illimités des individus (alimentation, habillement, logement, santé…). David Ricardo considérait déjà au xixe siècle que la valeur d’échange des choses utiles venait de « leur rareté, et de la quantité de travail nécessaire pour les obtenir ». L’acquisition des biens économiques, contrairement aux biens libres (que l’on peut détenir en abondance), nécessite toujours une contrepartie en termes de temps de travail, de monnaie ou d’échange contre d’autres biens, ce que résume la formule « there ain’t no such thing as a free lunch ! » (il n’y a pas de repas gratuit !). La science économique constitue alors l’étude de la façon dont les individus sont contraints d’effectuer des choix dans ce contexte de rareté, et les implications qu’ont ces choix pour la société (on désigne ainsi parfois l’économie comme la « science des choix »). Ainsi, dans les activités humaines, disposer d’une plus grande quantité d’un bien implique en général de disposer d’une moindre quantité d’un autre bien. Puisque les individus sont forcés de réaliser des arbitrages (en temps, en énergie, en dépenses diverses) et d’effectuer un calcul coûts/bénéfices, les économistes désignent par le concept de coût d’opportunité la somme des satisfactions auxquelles les agents renoncent lorsqu’ils effectuent ces choix (le coût d’opportunité d’une heure de loisir correspond ainsi au salaire horaire auquel on renonce en ne travaillant pas). L’efficacité économique commande d’employer les ressources rares à leur usage 20 Qu’est-ce que l’économie ? le plus productif pour éviter les gaspillages. Le modèle de la décision rationnelle considère alors un agent économique qui, luttant contre l’avarice de la nature, apporte les meilleures solutions aux problèmes économiques qui se posent à lui : que produire ? Quels biens consommer ? Dans quelles quantités ? Comment les produire ? Comment les répartir ? Dans la théorie néoclassique, dominante en économie aujourd’hui, si les marchés sont laissés à leur fonctionnement naturel, concurrentiel, les choix des individus conduiront à une allocation optimale des ressources disponibles. Le postulat le plus célèbre de l’économie est ainsi celui d’un individu particulier, « l’homo oeconomicus », aux traits psychologiques simples : il s’agit d’un être rationnel et utilitariste, qui calcule systématiquement les bénéfices et les coûts associés à ses décisions. Quelle sera la durée optimale de mes études universitaires ? Quelle profession ai-je intérêt à exercer ? Quels biens et services dois-je acheter ? Ce sont des choix économiques que nous avons tous à effectuer en tant qu’individus : même si nous vivons en société, ces arbitrages de la vie quotidienne font souvent de nous des « homines oeconomici », au moins en partie. Ainsi, selon John Stuart Mill (1806-1873), « [L’économie politique] ne traite pas de l’ensemble de la nature humaine telle qu’elle est modifiée par l’état social ni de tout le comportement de l’homme en société. Elle ne s’intéresse à lui qu’en tant qu’être animé par le désir de posséder de la richesse et qui est capable de juger de l’efficacité comparée des moyens visant à atteindre cette fin. » (John Stuart Mill, Sur la définition de l’économie politique et sur la méthode d’investigation qui lui est propre, 1831) Par ailleurs, les individus réagissent à des incitations, puisque les modifications des prix influencent leurs comportements. Par exemple, ceteris paribus, c’est-à-dire toutes choses égales par ailleurs, si le prix des tablettes tactiles Samsung baisse par rapport aux iPad d’Apple, les consommateurs sont davantage incités à acheter des tablettes Samsung, ou, de la même manière, si le gouvernement diminue le coût du travail pour un coût du capital donné, les producteurs sont incités à choisir des combinaisons productives plus intensives en facteur travail. Dans son ouvrage Principes d’économie moderne (De Boeck, 2007, troisième édition), J. Stiglitz, (prix Nobel d’économie 2001) estime ainsi que, pour comprendre comment les individus font des choix, et aussi comprendre les conséquences de ces choix sur les ressources de la société, il est nécessaire de mobiliser cinq concepts fondamentaux dans le raisonnement économique : les arbitrages (trade‑offs), les incitations, l’échange, l’information et la distribution. 1.4. Les limites de l’analyse économique Fondamentalement, l’économie étudie la manière dont les sociétés s’organisent pour subvenir aux besoins de la population et assurer son bienêtre matériel. Mais elle est confrontée, en tant que science, à des contraintes La science économique : une science des choix sous contraintes ? 21 particulières. Pour le comprendre, il faut faire un détour par l’épistémologie : selon Thomas Kuhn, les révolutions scientifiques sont des changements de « paradigmes », c’est-à-dire des changements de systèmes de références ou de croyances, des ensembles cohérents de concepts et de méthodes qui organisent la recherche scientifique. Mais, à la différence de la science physique, où généralement, et malgré la persistance de controverses, un nouveau paradigme chasse l’ancien et le remplace, l’une des caractéristiques de l’économie est la coexistence des paradigmes et l’existence d’un pluralisme théorique. Des travaux de recherche peuvent aussi se poursuivre dans le cadre des différents courants de pensée qui existent en économie (néoclassique, keynésien, marxiste, régulationniste, institutionnaliste, etc.) Les désaccords entre les économistes ne viennent pas forcément des imperfections de leur science : ils sont liés à la spécificité de leur objet d’étude, à leur angle de vue, ou au cadre d’analyse qu’ils ont choisi. Ainsi, le paradigme keynésien a fondé l’analyse macroéconomique en se plaçant du point de vue d’un ministre des Finances désireux de réguler l’économie et de mettre en œuvre la politique économique en traitant des phénomènes économiques globaux comme l’inflation, la croissance, le chômage, le commerce extérieur, etc. ; le paradigme néoclassique analyse plutôt l’économie du point de vue des choix microéconomiques, ceux de l’individu et de l’entreprise face à des choix et des ressources limitées, en cherchant à justifier la liberté d’entreprendre et la performance de l’économie de marché si elle n’est pas perturbée par l’intervention intempestive de l’État ; tandis que le paradigme marxiste établit, quant à lui, une vision de l’économie cohérente avec les objectifs d’un courant révolutionnaire critique du capitalisme, qu’il vise à renverser. Le travail de l’économiste est rendu plus difficile par une autre différence fondamentale entre les sciences de la nature (physique, biologie) et la science économique : les premières étudient des objets extérieurs au chercheur, tandis que la seconde étudie un objet dans lequel l’économiste est lui-même immergé, ce qui est d’ailleurs le cas dans les autres sciences sociales (sociologie, anthropologie, ethnologie). Il peut avoir des préjugés, des opinions sur l’objet qu’il étudie, qui brouillent son jugement sur les faits observés. En raison de la difficulté à réaliser des expériences (malgré le développement de l’économie expérimentale, on ne peut déclencher une crise économique pour analyser ses effets !), de la proximité des économistes avec la décision politique (ils sont parfois les conseillers des hommes et des femmes politiques), l’ambition explicative de la science économique est alors perpétuellement menacée de devenir non scientifique, voire de servir purement et simplement des idéologies. Si les sciences de la nature, qui traitent de la matière inanimée et des phénomènes naturels, sont soumises à des lois naturelles, les sciences sociales, qui, elles, décryptent les comportements de l’homme, plus ou moins rationnel, vivant en société, ne peuvent de fait être soumises à des lois intangibles. Malgré son haut niveau de reconnaissance académique (on décerne chaque année à des économistes lauréats un prix en 22 Qu’est-ce que l’économie ? mémoire d’Alfred Nobel remis par la Banque royale de Suède), la science économique fait face à des critiques récurrentes et parfois violentes, d’ailleurs réactivées par l’enchaînement des crises depuis 2008 : optimisme excessif sur les capacités autorégulatrices du système économique (finance de marché), spécialisation trop poussée des travaux de recherche en économie (finance, économie industrielle, économie internationale, etc.), attachement trop grand à la modélisation et à l’usage intensif des mathématiques, etc. La science économique est toutefois parvenue à produire un savoir robuste et un langage commun, et à s’élever à un haut niveau d’intégration et de reconnaissance en tant que science, même si ces crises et leurs effets pourraient susciter de nouvelles pistes de recherche dans le champ de l’économie. Graphique 1.1. proportion d’étudiants inscrits dans des cursus d’économie (rentrée scolaire 2012) STS (avec économie) DUT (rattachés aux sciences de gestion) 27 % Licence Pro (économie-gestion) 21 % Université – Sciences Économiques 10 % 2% 0,1 % Université – Éco-Gestion Université – Sciences de Gestion 9% 4% 12 % 7% 8% Université – AES ENS/EHESS CPGE économie (B/L, Ens Cachan/Lyon, ECE) École de commerce tableau 1.1. les effectifs par filière Source : L’avenir des sciences économiques à l’Université, Rapport Hautcoeur, juin 2014 La science économique : une science des choix sous contraintes ? 23 2. Quels sont les différents niveaux d’analyse en économie ? Souvenons-nous que l’économie peut s’envisager de deux manières : soit du point de vue des choix du consommateur et du producteur (on parle de microéconomie), soit du point de vue du ministre de l’Économie qui réalise des arbitrages de politique économique à l’échelle de la nation (on évoque alors la macroéconomie). 2.1. La perspective microéconomique La microéconomie est une branche de l’économie qui s’intéresse à l’étude du comportement humain à l’échelon d’un individu, dans sa capacité à utiliser de manière optimale ses ressources, nécessairement limitées. L’économiste considère généralement les besoins et les objectifs comme illimités, mais il ne porte pas de jugement sur les choix de l’agent en fonction des goûts et des préférences de ce dernier : que l’individu consomme des produits hard discount ou des produits de marques luxueuses, qu’il choisisse de produire des automobiles ou des avions, que sa combinaison productive comporte plus ou moins de travail ou de capital s’il est entrepreneur constituent des choix subjectifs sur lesquels l’économiste ne se prononce pas. Par ailleurs, l’économiste ne détermine pas le niveau que le consommateur souhaite atteindre en termes de satisfaction, ou bien le niveau des profits que l’entreprise souhaite réaliser : c’est à l’agent économique de le faire, à l’issue d’un calcul économique. En fonction des contraintes qui s’imposent à lui, notamment en termes de ressources financières et de temps, l’agent économique souhaite atteindre ses objectifs de la meilleure manière possible. Il devra pour cela réaliser des arbitrages, comme faire un choix entre deux biens pour le consommateur, ou entre deux facteurs de production pour le producteur (travail et capital). Dès lors, l’usage d’une certaine quantité d’un bien conduit l’agent à renoncer à tout ou partie de l’usage d’un autre bien. La microéconomie considère que l’agent est en mesure de faire un calcul coût/bénéfices qui le conduira à choisir la meilleure façon d’utiliser ses ressources pour maximiser sa satisfaction (dans le cas du consommateur) ou son profit (dans le cas du producteur). Il est important de noter que cette branche de l’économie reprend comme postulat essentiel celui de l’existence de lois naturelles censées ramener le système économique spontanément à l’équilibre, tout en garantissant l’optimisation des intérêts privés. La microéconomie adopte une démarche positive d’interprétation des faits, au sens où elle s’attache à décrire ce qui est : elle ne porte pas de jugement moral ou philosophique (valeurs, éthique, préférences politiques) sur le comportement des individus en société. D’ailleurs, l’agent économique dans ce type de raisonnement se détermine de façon purement indépendante : il le fait sans tenir compte des actions des autres agents (ainsi, le consommateur cherche à maximiser sa propre satisfaction sans se préoccuper des impacts possibles sur les autres consommateurs et indépendamment de la demande de ces derniers). Dès lors, l’analyse microéconomique ignore les aspects normatifs (ce qui devrait 24 Qu’est-ce que l’économie ? être) : la consommation est toujours envisagée comme la recherche d’une satisfaction, et non comme un choix fondé sur un système de valeurs et de préférences. Par exemple, acheter de la nourriture bio sera perçu comme un arbitrage censé apporter un maximum de satisfaction, plutôt que comme un acte citoyen et militant. De la même manière, les choix de localisation de la production seront basés sur la stricte volonté de maximiser les profits (par l’implantation de sites de production dans des pays à bas salaires notamment), plutôt que comme un choix guidé par l’intérêt général et le niveau de l’emploi national. Graphique 1.2. les principes du raisonnement microéconomique Coût d’opportunité Calcul coût/bénéfices Incitations Modification des comportements liée aux variations des prix Choix et arbitrages Choix du consommateur Maximisation de l’utilité Choix du producteur Maximisation du profit Ressources limitées Contrainte budgétaire Contrainte de temps Microéconomie Individualisme méthodologique Raisonnement à partir d’un « agent représentatif » Échange marchand Coordination des plans individuels sur le marché où s’expriment les offres et les demandes agrégées, et en fonction desquelles s’établit un prix Principe de rationalité Chaque individu est supposé adopter un comportement cohérent vis-à-vis de ses propres choix (adaptation des moyens aux objectifs) Calcul à la marge Ce calcul permet de considérer l’impact de l’augmentation infinitésimale d’une variable (variable explicative) sur une autre variable (variable expliquée) Quels sont les différents niveaux d’analyse en économie ? 25 La microéconomie adopte quelques hypothèses et principes généraux : l’individualisme méthodologique (elle développe son raisonnement en partant des comportements individuels et des choix des agents) ; l’analyse marginale (elle analyse l’impact d’une évolution infinitésimale d’une variable explicative X sur une autre variable expliquée Y) ; l’hypothèse de divisibilité des biens et des facteurs de production (ces derniers sont divisibles en petites quantités pour pouvoir effectuer des calculs) ; l’utilisation de fonctions dérivées (elle utilise l’analyse des fonctions mathématiques) ; le raisonnement « toutes choses égales par ailleurs » (elle considère par hypothèse qu’une variable évolue alors que l’autre est supposée constante) ; le principe de rationalité individuelle (elle considère que l’agent a la capacité de faire le meilleur choix pour lui en vertu d’un calcul coûts/bénéfices) ; enfin, la microéconomie retient comme cadre de référence le modèle stylisé de concurrence pure et parfaite (elle considère par hypothèse qu’il y a sur le marché atomicité des acteurs, homogénéité des produits, libre entrée et libre sortie du marché, transparence du marché et mobilité des facteurs de production). 2.2. L’analyse macroéconomique La macroéconomie est la branche des sciences économiques qui cherche à expliquer des phénomènes globaux tels que l’évolution du produit intérieur brut, le taux de chômage ou le taux d’inflation. Elle analyse principalement l’économie en termes de circuit reliant les variables principales de l’économie : ces phénomènes sont dits « macroéconomiques » parce qu’ils sont mesurés à l’échelle de l’économie nationale, voire de plusieurs pays (comme dans le cadre de la zone euro ou de l’Union européenne). La macroéconomie se distingue de la microéconomie par son domaine et son approche : – Son domaine d’analyse concerne la régulation d’un système incluant une multitude d’agents économiques reliés par diverses opérations : principalement la détermination du revenu, la production, l’emploi et le niveau général des prix. Il inclut donc l’analyse des deux problèmes majeurs de l’économie nationale : le chômage et l’inflation. – En termes d’approche, tandis que la microéconomie étudie les questions d’affectation des ressources rares entre diverses utilisations, la macroéconomie appréhende l’économie au niveau des fonctions globales reliant des agrégats, comme la production, le revenu, la consommation et l’investissement, ce qui n’exclut pas de prendre en compte certains prix (niveau général des prix, taux d’intérêt, taux de salaires). Il existe ainsi des différences importantes avec la microéconomie : dans le cadre de la macroéconomie, les ajustements entre les variables de l’économie s’opèrent par les revenus et pas forcément par les prix, alors que, dans le raisonnement microéconomique, les ajustements s’opèrent essentiellement par les prix relatifs (le prix d’un bien par rapport à celui d’un autre bien). La macroéconomie traite du problème de l’équilibre (comment réduire le 26 Qu’est-ce que l’économie ? chômage ? Comment éviter la récession économique ? Comment freiner l’inflation ?), tandis que la microéconomie traite du problème des choix (comment les hommes peuvent-ils faire le meilleur usage de ressources rares ?) Par ailleurs, la macroéconomie considère des variables qui sont des agrégats hétérogènes (la production ou la consommation d’un ensemble de biens souvent très différents), alors que l’analyse microéconomique prend en compte des variables homogènes (la production ou la consommation d’un bien). Enfin, la démarche macroéconomique part directement du niveau global pour expliquer le fonctionnement d’un système (on parle de perspective « holiste »), alors que la démarche microéconomique part toujours du comportement individuel en considérant qu’il est représentatif de l’ensemble (d’où le terme « d’agent représentatif »). Le but des macroéconomistes est de chercher à concevoir des politiques pour remédier aux grands problèmes de l’économie (faible croissance, montée du chômage, inflation ou déflation) et élever le bien-être de la population. L’objectif principal des macroéconomistes qui s’intéressent aux phénomènes de court terme consiste à identifier les raisons pour lesquelles nos économies connaissent des fluctuations de la production, le second objectif consistant à établir les mesures de politique économique adaptées pour réduire ces fluctuations et stabiliser l’activité. La macroéconomie s’appuie sur des modèles mathématiques qui représentent, de façon simplifiée, les relations qui caractérisent une économie nationale (de la même manière que les géographes établissent des cartes qui simplifient la réalité du terrain). Ces modèles sont tournés vers l’étude des données empiriques et servent à interpréter les faits, mais également à tenter de prévoir l’évolution de la conjoncture, ou bien l’impact de telle ou telle décision de l’État. Des difficultés spécifiques apparaissent lorsque l’on passe de l’échelon individuel au niveau macroéconomique : les raisonnements à partir d’un agent représentatif conduisent à masquer les interactions qui modifient les résultats et les conséquences au niveau global (les économistes ont tendance à dire que « ce qui est vrai pour la partie n’est pas vrai pour le tout »). On peut prendre quelques exemples concrets pour le comprendre : les gains de compétitivité d’une entreprise ne font pas augmenter la production nationale si l’accroissement des parts de marché est obtenu au détriment des autres entreprises nationales ; une baisse des salaires peut comprimer le coût du travail d’une entreprise et augmenter ses profits mais peut déprimer la demande globale dans l’économie si cette baisse des salaires est généralisée à toutes les entreprises (le salaire n’est pas seulement un coût mais également un revenu) ; le désendettement d’un individu peut améliorer sa situation personnelle mais, s’il se généralise, peut favoriser l’effondrement de la consommation, enclencher une déflation (baisse des prix), et finalement conduire à l’alourdissement des dettes en termes réels ; enfin, la réduction des dépenses publiques pour améliorer la situation des finances publiques peut freiner brutalement l’activité économique et conduire à une baisse des recettes fiscales qui réduisent l’amélioration du solde public (voire creuse encore plus le déficit). L’une des principales difficultés du raisonnement macroéconomique réside alors dans la prise en compte de ces interdépendances, car la moindre mesure de politique Quels sont les différents niveaux d’analyse en économie ? 27 économique (comme une baisse des taux d’intérêt, ou une hausse du taux de TVA), ou le moindre choc extérieur (hausse brutale du prix du pétrole), se traduisent par des effets en chaîne sur l’ensemble des variables macroéconomiques (consommation, investissement, chômage, inflation, taux de change, etc.) qui s’influencent mutuellement. Pour représenter ces interdépendances et limiter le nombre de variables, les macroéconomistes utilisent des modèles qui simplifient volontairement la réalité : ils choisissent les phénomènes les plus importants à expliquer (la croissance, l’inflation, le chômage, la distribution du revenu) et décrivent le comportement des agents en émettant des hypothèses. Graphique 1.3. le raisonnement macroéconomique Agrégats réels et financiers Analyse holiste : les rapports entre les variables sont déterminés au niveau de l’ensemble de l’économie (circuit économique) Analyse des phénomènes économiques globaux : PIB, consommation, FBCF, exportations, inflation Macroéconomie Interdépendances entre les grandes variables de l’économie : fondements microéconomiques de la macroéconomie Rôle d’éclairage de la décision publique : comptabilité nationale et analyse des politiques de stabilisation au service du bien-être matériel de la population L’essor de la macroéconomie est, pour l’essentiel, postérieur à la grande crise du capitalisme des années 1930. Cette crise a nécessité de refonder la théorie économique pour expliquer l’apparition d’un chômage massif et persistant. Ce contexte a également favorisé une implication plus forte de l’État dans le domaine de la régulation globale de l’économie : cette fonction de stabilisation (ou de régulation) a nécessité le développement de la macroéconomie et des systèmes de comptabilité nationale durant la période de l’après-guerre. À partir des années 1970, la macroéconomie contemporaine a consolidé son assise scientifique en intégrant davantage dans ses modèles le raisonnement microéconomique des choix alternatifs, les aspects inter temporels, l’influence des anticipations, le rôle de l’information, les déterminants financiers ou encore l’impact de la crédibilité des pouvoirs publics. Pourtant, ces convergences n’empêchent pas la persistance de débats et controverses sur le caractère spontanément équilibré de l’économie de marché notamment, entre les économistes d’inspiration 28 Qu’est-ce que l’économie ? keynésienne, pour lesquels les politiques de stabilisation demeurent nécessaires pour éviter les déséquilibres macroéconomiques puisque les marchés ne sont pas spontanément à l’équilibre, et les économistes néoclassiques, pour lesquels les forces du marché sont en mesure d’opérer une allocation efficace des ressources. 3. Une brève histoire de la pensée économique Pour comprendre l’économie et le vocabulaire des économistes, il est donc nécessaire de se plonger brièvement dans l’histoire intellectuelle de cette science, qui a produit des connaissances solides inscrites dans les différents courants de pensée. En effet, avant que la science économique moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui ne se développe, les questions économiques n’étaient pas aussi clairement séparées des enjeux politiques et sociaux d’organisation de la société : à l’époque d’Adam Smith, on parlait à ce titre d’« économie politique ». La plupart des grandes classifications admises dans la communauté des économistes conduisent à distinguer le courant classique et néoclassique, le courant keynésien, le courant monétariste et la nouvelle macroéconomie et le courant marxiste et hétérodoxe. 3.1. Les pères fondateurs de l’économie « classique » Cette première école de pensée regroupe les fondateurs de l’économie (Adam Smith, David Ricardo, Thomas Robert Malthus, Jean-Baptiste Say, John Stuart Mill) et cherche à affranchir l’économie des jugements de valeur et des questions de philosophie morale et politique. Avec ces économistes, qui se situent entre la fin du xviiie siècle et la première moitié du xixe siècle, l’économie acquiert réellement un statut de science autonome. Si les théories de l’école classique sont très diverses, elles ont en commun de défendre les principes du libéralisme économique, soit l’idée fondamentale que les mécanismes de marché doivent occuper une place centrale dans l’économie, que l’État doit peu intervenir dans les affaires économiques et que les processus de production sont inséparables des conditions de répartition des richesses entre les classes sociales, lesquelles répondent à des lois explicatives qu’il faut tenter de déchiffrer. Le fondateur de ce courant, ainsi que de la science économique moderne, est Adam Smith (1723-1790), qui est également le père de la pensée libérale en économie. On peut résumer sa pensée par quelques grands principes : pour lui, la richesse des nations provient de la production matérielle permise par le travail, et plus spécialement de la division du travail, la spécialisation et l’échange marchand. Selon Adam Smith, il faut laisser les individus s’enrichir, car en recherchant leur intérêt personnel, ils enrichissent non intentionnellement la nation toute entière, et l’intérêt personnel permet d’atteindre l’intérêt général (c’est le principe de la « main invisible »). Enfin, il défend résolument la concurrence, car elle permet de se procurer les produits aux meilleurs prix sur les marchés et elle profite aux consommateurs. Cette idée de concurrence bénéfique est valable aussi Une brève histoire de la pensée économique 29 à l’échelon international : il est possible d’acheter à l’extérieur ce qui y est moins cher. Adam Smith est donc un partisan du libre-échange et de la spécialisation internationale de chaque pays dans les productions où il est le plus efficace (où il est nécessaire d’utiliser le moins de travail possible). Le reste doit être importé. Il est aussi le théoricien de l’ordre naturel : il faut respecter la liberté et ne pas perturber l’échange marchand qui est un fait naturel, qui a toujours existé dans les sociétés. Dans ce cadre, l’économie s’équilibre naturellement et l’État ne doit surtout pas intervenir dans son fonctionnement. Le rôle de l’État se limite à trois fonctions essentielles, qu’on appelle « régaliennes » : l’armée, la justice, la police, mais aussi les travaux d’infrastructures nécessaires pour le développement économique et non rentables pour le secteur privé (creusement de canaux fluviaux, construction de ponts, etc.), c’est-à-dire les biens collectifs. David Ricardo (1772-1823) prolongera les travaux de Smith en renforçant l’assise scientifique de l’économie. Dans le domaine de la mesure de la valeur, il reprend la distinction opérée par Adam Smith entre valeur d’usage et valeur d’échange d’un bien. La valeur d’usage d’un bien dépend de la satisfaction éprouvée à la consommation du bien, alors que la valeur d’échange renvoie à la quantité d’autres biens que l’on peut acquérir en échange de ce bien. Le prix relatif d’un bien est l’expression monétaire de sa valeur d’échange. Ricardo estime que la valeur d’échange d’un bien ne dépend pas de sa valeur d’usage mais de la quantité de travail qu’il a fallu pour produire le bien. Un bien qui a nécessité deux fois plus de travail qu’un autre vaudra donc, selon Ricardo, deux fois plus cher. David Ricardo établit également une théorie de la répartition du revenu entre les classes sociales : l’analyse de la répartition du revenu issu de la production entre salaire (rémunération du travail), profit (rémunération du capital) et rente (rémunération de la terre) lui permet de formuler la théorie de la rente différentielle. Ricardo estime que les salariés sont toujours payés au niveau minimal de subsistance ; leur salaire dépend donc du prix des produits de première nécessité et, notamment, du prix du blé (qui permet de faire le pain). Il estime qu’à mesure que la population augmente, les entrepreneurs industriels sont obligés d’utiliser des terres de moins en moins fertiles pour pouvoir nourrir la population, ce qui fait augmenter le prix du blé, donc le prix du pain et, ainsi, le salaire de subsistance qu’il faut bien verser aux ouvriers. Les profits baissent donc tendanciellement selon Ricardo, ce qui devrait conduire l’économie à un état stationnaire, puisqu’aucun entrepreneur ne souhaitera investir du fait de perspectives de profits trop faibles. Ricardo envisage deux possibilités pour contrer cette tendance : le progrès technique, qui permettrait d’utiliser de façon plus efficace les terres disponibles (en utilisant par exemple des engrais pour un meilleur rendement), ou l’ouverture au commerce international, pour mettre en culture des terres fertiles jusque-là inexploitées (et importer du blé). Ricardo défend vigoureusement le libre-échange et argumente sa position en exposant sa théorie des avantages comparatifs. Il explique que, quand les facteurs de production sont immobiles entre pays (les travailleurs ne peuvent se déplacer d’un pays à un autre et les 30 Qu’est-ce que l’économie ? capitalistes investissent uniquement dans leur pays), chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel il est relativement le plus performant et à importer les autres biens. En faisant cela, plus de biens peuvent être produits au niveau mondial, avec une quantité constante de facteurs de production : le libre-échange entre pays est à l’origine de la création d’un gain à l’échange, à l’échelle mondiale. Ricardo est également un théoricien des questions monétaires : il établit un lien étroit entre quantité de monnaie en circulation et inflation. Si l’offre de monnaie est trop importante par rapport à la quantité de biens et services en circulation, la monnaie va perdre de sa valeur (il est un précurseur de ce que les monétaristes appelleront la « théorie quantitative de la monnaie »). Une unité monétaire ne permettra pas d’acheter autant de biens et services que par le passé, ce qui signifie qu’il y a inflation. Afin de limiter le pouvoir de création monétaire des banques et de contrôler l’inflation, Ricardo propose que la monnaie soit définie en référence à l’or. Ce vieux débat théorique sur la nature de la monnaie entre la « Banking School » (école de la banque) et la « Currency school » (école de la circulation) a visiblement de beaux jours devant lui. Selon les partisans de la « Currency School », pour maintenir stable la valeur de la monnaie, il faut contrôler sa création selon les principes de la théorie quantitative de la monnaie. Selon les partisans de la « Banking School », la création de monnaie n’est possible qu’à partir d’une demande de crédit préalable. L’offre de monnaie est désormais endogène. Jean-Baptiste Say (1767-1832) est un autre auteur majeur de l’école classique. Il a démontré le rôle prépondérant de l’entrepreneur dans l’économie de marché et la primauté de la production avant sa répartition puis sa consommation, dans le cadre de sa célèbre « loi des débouchés », en vertu de laquelle « les produits s’échangent contre les produits » et l’offre, par les revenus qu’elle génère, crée sa propre demande. Toute production génère des revenus (profits, salaires, intérêts) susceptibles de racheter toute la production de biens et services à sa valeur. Il est donc le précurseur de ce que l’on appelle aujourd’hui, dans le débat macroéconomique, la politique de l’offre. Pour Jean-Baptiste Say, l’agent principal du progrès économique est le chef d’entreprise, « l’homme des combinaisons nouvelles » comme le dira Joseph Schumpeter au xxe siècle, qui démontrera le rôle crucial de l’innovation et du risque d’investissement des entrepreneurs. Au début du xixe siècle, alors que les économistes classiques anglais négligent la question, Jean-Baptiste Say va construire une analyse plus élaborée du rôle de l’entrepreneur en revendiquant, contrairement à Ricardo, l’élaboration d’un savoir économique fondé sur l’expérience. Il s’appuiera d’ailleurs sur la sienne puisque, après avoir été évincé du Tribunat par Bonaparte, il prend la tête d’une filature de coton à Auchy-lès-Hesdin, qu’il dirigera de 1805 à 1812. Ceci le conduit à une analyse très fine de la fonction de l’entrepreneur, qu’il articule à la fois à sa théorie de la répartition des richesses et à sa fameuse « loi des débouchés ». Selon cette dernière, c’est donc uniquement du niveau de la production que les débouchés des entreprises découlent. Les économistes classiques considèrent alors les crises du capitalisme comme des Une brève histoire de la pensée économique 31 accidents conjoncturels, qui ne remettent pas fondamentalement en cause les capacités autorégulatrices des marchés. La « loi des débouchés » de Jean-Baptiste Say, reprise par David Ricardo et John Stuart Mill, affirme donc l’impossibilité des crises générales de surproduction et d’engorgement général des marchés (manque de demande), même s’il peut survenir des déséquilibres temporaires et localisés à certains secteurs de l’économie, vite résorbés grâce à la loi de l’offre et de la demande. La monnaie est neutre dans le système économique et ne sert que d’intermédiaire dans les échanges : les variations de la quantité de monnaie n’affectent pas le niveau de la production réelle. 3.2. La théorie néoclassique À la fin du xixe siècle, l’école néoclassique, dont les chefs de file sont l’économiste autrichien Carl Menger, l’économiste britannique William Stanley Jevons et l’économiste français Léon Walras, garde de l’école classique la loi de Say et l’idée centrale selon laquelle le libre jeu des marchés et les forces de la concurrence permettent de résorber les déséquilibres. Dans cette approche fondée sur l’existence d’un équilibre général de tous les marchés, la crise est toujours, en théorie, impossible : les déséquilibres constatés ne peuvent survenir qu’en raison de perturbations extérieures au système (exogènes). Ces perturbations sont le plus souvent imputées à l’intervention de l’État, qui introduit, par son action, des rigidités sur les marchés et qui, en contrôlant la création de la monnaie, perturbe les signaux envoyés aux agents par les prix de marché. Les théoriciens de l’école néoclassique prolongent ainsi les travaux des premiers auteurs classiques en leur donnant des fondements plus robustes, grâce en particulier à l’usage de la formalisation mathématique. Ils utilisent un raisonnement microéconomique à la marge fondé sur le comportement d’un agent représentatif rationnel qui cherche, par les arbitrages qu’il effectue, à maximiser sa satisfaction sous contrainte, et en expliquant le fonctionnement général de l’économie de marché par l’agrégation des comportements de tous les individus qui la composent. Les néoclassiques s’intéressent plus particulièrement aux comportements du consommateur et du producteur (agents théoriques et génériques) : ainsi, le consommateur cherche à acheter telle ou telle marchandise en cherchant à maximiser sa satisfaction sous contrainte de son budget (théorie du consommateur), tandis que le producteur choisit entre fabriquer telle ou telle marchandise afin de maximiser son profit sous contrainte de son coût de production (théorie du producteur). Les théoriciens néoclassiques utilisent notamment le raisonnement à la marge (on évoque parfois la « révolution marginaliste ») : ils ne raisonnent pas sur des quantités globales ou moyennes mais sur des unités marginales, c’est-à-dire la dernière unité. La théorie du consommateur se base ainsi sur l’utilité (la satisfaction) apportée par la dernière unité consommée (utilité marginale), tandis que la théorie du producteur est fondée sur la production tirée par la dernière unité de facteur de production (productivité marginale). Ce raisonnement à la marge permet aux auteurs néoclassiques de formaliser mathématiquement leur 32 Qu’est-ce que l’économie ? raisonnement, grâce à l’utilisation des dérivées partielles. Comme les auteurs classiques, ils ont cherché à déterminer ce qui procure sa valeur à un bien, et considèrent que la valeur d’un bien dépend de l’utilité que le bien offre : le prix d’un bien est alors fonction du désir du consommateur de l’acquérir. Cette utilité est liée à la rareté du bien et constitue une notion subjective, qui dépend des préférences de l’individu. Les théoriciens néoclassiques ont également approfondi la théorie des marchés : le français Léon Walras, premier professeur de la chaire d’économie politique de l’université de Lausanne, a démontré mathématiquement, sous la condition du respect des conditions de la concurrence pure et parfaite, l’existence d’un équilibre sur tous les marchés en même temps (marché des biens et services, marché du capital, marché du travail et marché de la monnaie). Dans ce cas, tous les facteurs de production sont utilisés à leurs capacités maximales, le plein-emploi est assuré et tous les consommateurs trouvent satisfaction à leurs demandes. Le modèle théorique de l’équilibre général de Walras, qui demeure aujourd’hui encore une référence, formalise la métaphore d’Adam Smith selon laquelle une « main invisible » (celle du marché) conduit à l’harmonie naturelle des intérêts. Le successeur de Walras à l’école de Lausanne, Vilfredo Pareto, complètera la théorie de l’équilibre général par la théorie de l’optimum : il renonce à la mesurabilité des satisfactions et construit des courbes d’indifférence. Le concept d’optimum découle du refus d’introduire toute mesure et, par conséquent, de l’impossible comparaison des utilités intertemporelles. Dès lors, une situation est optimale au sens de Pareto lorsqu’il n’est plus possible d’améliorer la satisfaction d’un individu sans détériorer celle d’un autre. Cependant, l’introduction d’un « commissaire-priseur » ou « secrétaire de marché » se révélera indispensable au bon fonctionnement des marchés, selon la théorie des économies de marché développée par Kenneth Arrow et Gerard Debreu en 1959. Tout en reconnaissant la présence possible d’imperfections sur les marchés (existence de monopoles, d’oligopoles, problèmes d’information), les auteurs néoclassiques pointent surtout les effets néfastes de l’excès de réglementation, qui freine la création d’entreprises, alors que les prix administrés empêchent la loi de l’offre et de la demande d’opérer et de maximiser la satisfaction des agents. Sur le marché du travail, le monopole des syndicats (souvent associés dans l’analyse à l’État) conduit à un niveau trop élevé des salaires réels et du coût du travail, ce qui décourage les entrepreneurs de créer des emplois et génère du chômage, tandis que le droit du travail trop protecteur agit de même, en empêchant les entreprises d’adapter leurs effectifs aux fluctuations de la demande (insuffisante flexibilité du travail). Par ailleurs, l’intervention de l’État perturbe le fonctionnement optimal des marchés et les signaux envoyés par les prix, afin d’orienter les décisions de production vers les secteurs les plus rentables. Dans cette conception, le marché est « autorégulateur » et constitue le mode de coordination le plus efficace en matière d’allocation des ressources dans l’économie. La manipulation de la création monétaire est d’ailleurs souvent vue par les auteurs néoclassiques comme le point d’entrée des influences perturbatrices Une brève histoire de la pensée économique 33 de l’État sur l’activité économique. Avec les théoriciens néoclassiques, l’échange devient l’objet d’étude principal de la science économique et le marché l’institution centrale de l’économie, ce qui suppose une intervention minimale de l’État dans les mécanismes concurrentiels. 3.3. La révolution keynésienne ou le capitalisme sous tente à oxygène Si la théorie néoclassique domine largement la fin du xixe siècle et le début du xxe siècle, en édifiant une science économique moderne, la grande crise des années 1930, qui dégénère en une dépression économique d’une gravité et d’une durée jamais observées jusque-là, fragilise la légitimité du capitalisme de marché, à une époque où le modèle socialiste d’économie planifiée exerce une certaine attraction dans le monde. Face à cette dépression, et déflation, unique et exemplaire, alors que les économistes néoclassiques misent toujours sur les mécanismes autorégulateurs du marché pour résorber les excès de l’offre (baisse des salaires pour réduire le chômage, baisse des prix pour relancer la consommation, baisse des taux d’intérêt pour relancer l’investissement), John Maynard Keynes (1883-1946) va contester l’idée d’une capacité naturelle du système économique à retrouver la prospérité à long terme après d’inévitables phases d’ajustement et critiquer l’idéologie libérale du « laisser-faire » qui en découle. Dans son ouvrage majeur, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, publié en 1936, il prouve que la crise du capitalisme est possible car rien ne garantit que toute offre crée ipso facto et à tout moment sa propre demande (critique de la loi des débouchés de Say). Il insiste sur le caractère psychologique des déterminants principaux de l’activité économique (consommation, demande de monnaie, taux d’intérêt, décision d’investissement), qui rend le capitalisme libéral intrinsèquement instable. Contrairement à la théorie néoclassique, qui postule le plein-emploi, Keynes montre qu’il peut exister des équilibres de sous-emploi durables en raison d’une demande effective (demande globale anticipée par les entrepreneurs) insuffisante. En situation d’incertitude (au sens de Franck Knight, le risque caractérise une situation probabilisable, calculable. En revanche, en situation d’incertitude, rien ne peut être probabilisé. Tout simplement, on ne sait pas !) face à l’avenir, les entrepreneurs peuvent en effet mettre en œuvre un niveau d’investissement, de production et d’emploi insuffisant pour occuper toute la population active et utiliser toutes les capacités de production disponibles, même s’ils maximisent leur profit. La baisse des salaires pour résorber le chômage serait même pire que le mal. En effet, ceteris paribus, si une entreprise peut attendre individuellement, par ce biais, une baisse de ses coûts de production, en raison des interdépendances, la diminution de la demande effective globale deviendrait considérable si ce calcul se généralisait à l’ensemble des entreprises (de plus, la baisse des salaires entraînerait sûrement une baisse des prix, laissant inchangés les salaires réels). Le chômage n’est donc pas 34 Qu’est-ce que l’économie ? « volontaire » au sens des théoriciens néoclassiques (les travailleurs refusant le salaire d’équilibre jugé trop faible), mais il est bien de nature « involontaire » en raison d’une demande effective insuffisante. Par ailleurs, la dynamique du capitalisme permet une croissance du revenu réel, mais, en raison de la loi psychologique fondamentale, la consommation progresse moins vite que la hausse du revenu : la hausse tendancielle de l’épargne qui en résulte peut alors créer une contrainte de débouchés. C’est donc l’excès d’épargne (comme l’avait déjà analysé Thomas Robert Malthus) qui est à l’origine du risque de sous-consommation et constitue le talon d’Achille du capitalisme, et non son insuffisance, comme le supposait Friedrich Hayek. Si, dans la vision keynésienne, la crise du capitalisme est possible, elle n’est pas pour autant utile car elle provoque une perte de capacité, de potentiel, de production (travailleurs au chômage, disparition d’entreprises) et une perte nette de revenus pour la société. C’est pour cette raison que l’intervention de l’État se justifie en permanence pour contrer ces tendances perturbatrices. « À long terme nous serons tous morts », disait Keynes, donc nous n’avons pas le temps d’attendre que les marchés s’équilibrent… La main bien visible de l’État doit trouver le moyen de « prendre par la main » la main invisible du marché, pour l’accompagner vers le retour rapide à une prospérité économique durable. Ce qui n’est pas facile, étant donné que la main invisible, par définition, ne se voit pas. On comprend toute la difficulté qui s’impose aux gouvernants. De fait, si les pouvoirs publics peuvent agir pour « réamorcer la pompe » et briser le cercle vicieux de la crise, leur tâche est d’assurer en amont une régulation constante de l’activité pour éviter que la dépression ne survienne. Pour cela, l’État doit agir sur la variable motrice mais très instable de l’investissement productif, dont les variations déterminent largement les fluctuations économiques. Celui-ci dépend de la rentabilité espérée par les entrepreneurs en situation d’incertitude et du niveau des taux d’intérêt, variable liée à l’équilibre entre l’offre de monnaie (fixée par la banque centrale) et la demande de monnaie des agents économiques et non de l’offre et de la demande de capitaux, comme pour les néoclassiques. Ainsi, pour les néoclassiques, le taux d’intérêt (réel) détermine le partage entre consommation et épargne, alors que pour les keynésiens, le taux d’intérêt (nominal) détermine le partage de l’épargne entre monnaie et titres. Dans le cadre de pensée keynésien, l’intervention de l’État est nécessaire pour résorber les déséquilibres, car le marché n’est pas autorégulateur. Les autorités monétaires peuvent donc réduire le taux d’intérêt pour stimuler l’investissement, à même de garantir une hausse plus que proportionnelle de la production (effet multiplicateur). Mais c’est surtout la politique budgétaire qui apparaît la plus efficace lorsqu’elle utilise le déficit budgétaire de manière à soutenir l’investissement public, tandis que la redistribution des richesses en faveur des bas revenus (qui consomment la plus grande part de leur revenu disponible) peut éventuellement stimuler la propension à consommer. En conséquence, selon Keynes, le capitalisme doit être organisé pour survivre et parvenir à concilier croissance économique, plein-emploi et équité dans la répartition des revenus. Une brève histoire de la pensée économique 35 3.4. La rupture monétariste Après 1945, la macroéconomie keynésienne centrée sur la régulation conjoncturelle à court terme s’impose dans le champ scientifique, mais aussi dans la pratique de la politique économique, pilotée par des gouvernements soucieux de poursuivre l’expansion économique (croissance régulière du PIB) dans la stabilité macroéconomique (contrôle de l’inflation, maintien du pouvoir d’achat de la monnaie). Cela semble bien fonctionner pendant plusieurs décennies et on parlera de fine‑tuning, de « réglage fin » par les politiques conjoncturelles. Mais les années 1970 marquent pourtant la crise de la pensée keynésienne, face à l’émergence concomitante d’une croissance faible, d’un chômage de masse et de l’accélération de l’inflation (que l’on a appelée à l’époque la « stagflation »). La relation/courbe de Philips et l’arbitrage inflation/chômage semblent révolus. Les politiques traditionnelles de relance à court terme butent sur les causes structurelles de la crise (hausse des coûts de production, ralentissement des gains de productivité, chômage persistant) et les effets de la mondialisation (contrainte extérieure). Milton Friedman (1912-2006), le chef de file de l’école monétariste, a entrepris dès les années 1950 à l’université de Chicago une critique des thèses keynésiennes dans le but de dénoncer les formes perverses de l’intervention de l’État dans l’économie. Dans ses travaux, Milton Friedman réhabilite la théorie quantitative de la monnaie, selon laquelle le niveau général des prix varie proportionnellement à la quantité de monnaie en circulation dans l’économie, et démontre, dans une vaste étude de l’histoire monétaire des États-Unis menée avec Anna Schwartz (1963), l’impact de la politique monétaire sur l’activité économique : entre 1929 et 1933, une diminution de la quantité de monnaie de plus de 25 % explique alors la sévérité de la Grande Dépression et montre le rôle déterminant des banques centrales dans la crise. À partir des années 1970, l’accélération de l’inflation dérègle le cercle vertueux expansionniste des « trente glorieuses » et invalide la théorie keynésienne de l’époque concernant le dilemme inflation/chômage, en vertu de laquelle une relance monétaire appropriée permet de réduire le chômage. Selon les monétaristes, l’inflation a essentiellement pour origine un taux d’expansion monétaire trop élevé par rapport au taux de croissance réel de l’économie, tandis qu’il existe un taux naturel de chômage qui ne dépend que des imperfections du marché du travail, et dont on ne peut s’écarter durablement par une injection de monnaie. Pour Milton Friedman, les perturbations de l’économie de marché prennent naissance dans le secteur monétaire et sont causées par les interventions intempestives des banques centrales, qui dérèglent le fonctionnement des marchés. Puisque la demande de monnaie des agents économiques est relativement stable et prévisible, les variations erratiques de l’offre de monnaie sont responsables de l’érosion continue du pouvoir d’achat de la monnaie, au détriment des titulaires de revenus fixes. Selon Milton Friedman, la meilleure stratégie consiste, compte tenu des anticipations adaptatives, à neutraliser la politique monétaire en instaurant une norme de croissance de la masse monétaire et l’indépendance des banques centrales. 36 Qu’est-ce que l’économie ? 3.5. La controverse entre la Nouvelle École classique (NEC) et la Nouvelle École keynésienne (NEK) Dans les années 1970, le courant de la Nouvelle École classique (NEC) va prolonger et radicaliser les préceptes monétaristes : dans leurs travaux, ces auteurs (Robert Lucas, Thomas Sargent, Neil Wallace) critiquent les politiques keynésiennes jugées totalement inefficaces, même à court terme. Pour eux, les marchés sont continuellement en équilibre et les agents économiques sont capables d’anticiper correctement les conséquences néfastes des politiques keynésiennes (en vertu de « l’hypothèse des anticipations rationnelles »). Par exemple, si l’État veut relancer l’économie par un déficit budgétaire, les ménages vont anticiper les hausses futures d’impôts qui ne vont pas tarder à survenir pour combler le déficit. En conséquence, la hausse des revenus distribués n’augmente pas la consommation, mais seulement l’épargne de précaution. La Nouvelle École classique préconise une politique économique neutre qui ne perturbe pas les marchés, censés s’équilibrer spontanément. Il n’existe pas de risque d’insuffisance de demande dans l’économie et il faut donc agir sur l’offre (et inciter les entreprises à produire, investir, innover, etc.). La réplique des économistes de la Nouvelle École keynésienne (NEK), durant les années 1980, va chercher à donner à la macroéconomie keynésienne des fondements microéconomiques issus de la théorie néoclassique standard. La réplique va donc se faire, cette fois, sur le terrain même des néoclassiques et nouveaux classiques, celui de la microéconomie et des comportements, choix, incitations… et non sur un autre terrain, celui de la macroéconomie avec Keynes, puis Hicks, Hansen, Samuelson… Ce courant de pensée conserve deux conclusions fondamentales de la théorie keynésienne : l’imperfection des marchés, qui suppose l’intervention indispensable de l’État, et l’existence d’un chômage involontaire. Ces travaux reposent sur quelques grands principes : la rigidité des prix sur des marchés imparfaitement concurrentiels, qui implique qu’il n’y a pas d’ajustement instantané de ces derniers, contrairement aux enseignements de la théorie néoclassique ; la rigidité des salaires sur le marché du travail et le chômage volontaire, puisque les salaires sont rigides, car les entreprises rationnelles peuvent avoir intérêt à rémunérer les salariés au-delà du salaire d’équilibre (théorie du salaire d’efficience, modèles insiders/outsiders) ; l’efficacité de la politique monétaire : contrairement aux néoclassiques, les néokeynésiens estiment que la monnaie n’est pas neutre dans l’économie et qu’elle est un déterminant essentiel de la politique économique en cas d’insuffisance de la demande. Au final, les néokeynésiens (Edmund Phelps, Joseph Stiglitz, Paul Krugman, Gregory Mankiw…) estiment que l’intervention de l’État est nécessaire, puisque les marchés ne s’ajustent pas continuellement, mais qu’elle doit être très mesurée. S’ils adhèrent au concept de chômage involontaire de Keynes, ils pensent qu’il faut accroître la flexibilité du marché du travail et notamment des rémunérations, afin de baisser le niveau du taux de chômage d’équilibre. Les néokeynésiens considèrent ainsi que les forces du marché n’assurent pas l’optimum, mais leurs travaux s’appuient sur des modèles théoriques qui reprennent de nombreux outils de la théorie microéconomique néoclassique. Une brève histoire de la pensée économique 37 3.6. La tradition marxiste : la critique du capitalisme Selon les descendants de Karl Marx (1818-1883), le capitalisme est un système économique historiquement condamné par ses contradictions internes : la crise est techniquement possible du fait des caractéristiques du système (dissociation de l’acte de vente et de l’acte d’achat, anarchie des décisions d’investissement, qui pousse à la suraccumulation du capital, manque de coordination générale de l’activité), mais elle est surtout une fatalité qui manifeste l’inefficacité croissante de ce système et l’épuisement de son rôle historique dans le développement des sociétés. Selon Marx, le développement exceptionnel des forces productives du travail (innovation, division du travail, organisation de la production) est en effet le moteur de la croissance capitaliste (depuis la révolution industrielle), mais le système est miné par une contradiction interne qui rend la loi des débouchés inopérante. En effet, dans l’économie capitaliste, la production et la consommation constituent deux opérations disjointes et la propriété privée du capital contraste avec le caractère social de la production, à une époque où le salariat est en pleine expansion. Ainsi, les capitalistes ne sont pas assurés de rencontrer une demande solvable suffisante sur les marchés. Les crises de surproduction constituent donc une menace permanente, encore aggravée par la paupérisation relative de la classe ouvrière. En effet, la concurrence entre les capitalistes les incite à substituer sans cesse du capital technique (biens d’équipement, machines) à la force de travail, afin de réaliser des gains de productivité et de réduire le temps de rotation du capital. Comme le profit (plus-value) résulte d’un prélèvement sur le seul produit du travail, l’augmentation de l’intensité capitalistique réduit les moyens d’extraire la plus-value, pourtant indispensable au prolongement de la croissance capitaliste, et provoque une baisse tendancielle du taux de profit. Cette baisse expliquerait à la fois les crises périodiques du capitalisme et sa disparition finale, favorisée sur le plan politique et social par la lutte des classes et l’organisation des travailleurs. Si la crise des années 1930 a pu apparaître comme la crise finale du capitalisme chez les économistes marxistes qui en ont été les témoins, la phase de croissance exceptionnelle qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a montré la grande résistance du système capitaliste. Cependant, la crise de la fin des années 2000 a relancé le débat, d’autant plus qu’elle présente des similitudes importantes avec la Grande Dépression de l’entre-deux-guerres. En outre, les institutions nées dans la lutte contre cette crise historique ont permis d’atténuer fortement, pour l’instant, la crise présente, ce qui suggère le rôle créateur de la crise. 3.7. Le théoricien de l’innovation : Joseph Schumpeter (1883‑1950) C’est à Joseph Schumpeter que l’analyse économique reconnaît traditionnellement d’avoir donné une consistance à la fonction de l’entrepreneur, en insistant sur son rôle dans l’innovation. Schumpeter partage avec Karl Marx un intérêt pour la dynamique du système capitaliste. Cependant, au lieu d’en trouver la source dans les luttes de classes découlant des rapports 38 Qu’est-ce que l’économie ? de production, il l’identifie à une seule force : l’initiative individuelle de l’entrepreneur, dont l’étude est au cœur de son ouvrage Théorie de l’évolution économique, dès 1911. Cette évolution économique ne peut logiquement se produire que lorsque les routines sont brisées par l’action innovatrice qui définit ainsi l’entrepreneur schumpétérien. Cet entrepreneur, ou plutôt ces « troupes d’entrepreneurs », constituent ainsi la force et le moteur du changement économique. Ils affrontent des résistances, voire des oppositions aux changements, à la nouveauté et c’est à leurs qualités uniques (« joie de créer », « désir de vaincre », selon Schumpeter) qu’ils doivent d’en triompher. L’action innovatrice de l’entrepreneur reste cependant soumise, pour Schumpeter, à l’existence d’un système de crédit. Cela fait du banquier un autre acteur essentiel, puisque c’est lui qui maîtrise le processus de création monétaire. Schumpeter considère donc qu’avant d’être entrepreneur, l’individu est un débiteur et que c’est grâce à la création monétaire, c’est-à-dire la création d’un pouvoir d’achat à partir de rien, qui affranchit le financement de l’innovation de la contrainte d’une épargne préalable, que celui-ci peut bouleverser les conditions de la croissance en forçant l’économie à orienter ses ressources vers de « nouvelles combinaisons » (expression qu’utilise Schumpeter pour désigner les innovations). Joseph Schumpeter défend l’idée que les fluctuations économiques sont caractéristiques de la dynamique du capitalisme, et que la crise fait partie intégrante du processus de croissance. Il développe une analyse des cycles économiques et de l’évolution économique impulsée par l’investissement, et surtout par l’innovation. Les innovations, portées par les entrepreneurs, apparaissent en grappes et se généralisent dans le système économique. Les entreprises innovantes en position de monopole dégagent ainsi temporairement un surprofit. Les secteurs de l’économie liés aux entreprises incorporant le progrès technique sont incités à développer à leur tour de nouveaux produits, de nouveaux procédés, de nouvelles formes d’organisation des entreprises, à conquérir de nouveaux marchés ou de nouvelles sources de matières premières. Mais c’est la généralisation des innovations et l’imitation de celles-ci par d’autres entrepreneurs qui détériorent les profits et conduisent à l’essoufflement de l’activité économique. Joseph Schumpeter montre que le processus d’apparition du progrès technique et des innovations est irrégulier dans le temps, ce qui explique les fluctuations de l’activité et la marche perpétuellement déséquilibrée de l’économie, tout au long des cycles économiques. Le processus de croissance dépend donc d’un processus d’innovation qui est un processus de destruction créatrice, d’entreprises, d’emplois, de revenus… In fine, à l’instar de la prophétie de Marx, Schumpeter pense que le capitalisme est condamné à sa perte, mais non du fait de ses contradictions internes et de ses échecs… mais de ses succès ! 3.8. Les hétérodoxes : Autrichiens et postkeynésiens La pensée macroéconomique moderne ne peut-être limitée à une succession d’écoles orthodoxes, dont les développements théoriques et les visions du monde ont dominé la pensée et ont servi de fondements aux politiques Une brève histoire de la pensée économique 39 macroéconomiques mises en œuvre depuis la Seconde Guerre mondiale. En effet, deux courants hétérodoxes, minoritaires, ont élaboré des théories qui, bien qu’étant en partie divergentes des points de vue orthodoxes, sont en accord avec les écoles orthodoxes sur d’autres aspects. Ces développements, qui émanent de l’école autrichienne et de l’école postkeynésienne, permettent de poser de nouvelles questions et d’apporter de nouvelles réponses à des problèmes non encore définitivement résolus. L’école autrichienne, ou tradition autrichienne, est en plein renouveau depuis la fin des années 1970. Dans la lignée des travaux de Von Mises et Hayek, de nouveaux auteurs s’opposent aux thèses keynésiennes et à certains aspects de l’orthodoxie classique. À l’origine, la théorie autrichienne des fluctuations s’inspire des travaux de C. Menger, E. Von Böhm-Bawerk et du Suédois K. Wicksell. Le modèle de base proposé par L. Von Mises et approfondi par F. Von Hayek insiste sur le rôle joué par la monnaie et le temps dans les fluctuations économiques. Dans une économie monétaire, la prise en compte du facteur temporel permet d’insister sur la dynamique de l’activité économique et de mettre en lumière l’importance de l’incertitude. Dans ce cadre théorique où, donc, la monnaie et le temps sont à l’origine de l’incertitude, les Autrichiens ont pu démontrer l’absence de neutralité monétaire. Selon Von Mises et Hayek, toute politique monétaire active induit une modification des prix relatifs des biens de productions par rapport aux biens de consommation et une variation de la structure temporelle de la production (variation du détour de production). Or, cette évolution de la structure temporelle de la production, comme elle n’est pas le résultat des décisions individuelles des agents économiques (consommateurs et producteurs), conduit inéluctablement à la récession, puis à la dépression. À l’inflation doit succéder le chômage. En outre, il est préférable de laisser la dépression suivre son cours, de laisser l’économie se purger elle-même, car, dans le cas contraire, le risque est grand d’accentuer l’instabilité et d’allonger la période d’assainissement. Ce modèle est considéré comme l’unique solution de recours, pendant l’entre-deux-guerres, à l’analyse keynésienne de la Grande Dépression, car il permet notamment de prévoir le retournement de l’économie américaine. Mais, en rupture avec les analyses monétaristes de cette dépression, il ne permet pas d’expliquer les dépressions secondaires et les rigidités des prix et des salaires. Il semble, de plus, inadapté lorsqu’il s’agit d’expliquer et de proposer des solutions à des situations de récession-déflation. De surcroît, l’école autrichienne rejette l’hypothèse d’anticipations rationnelles qui semblent incompatibles avec une situation d’incertitude. Or, la théorie autrichienne des fluctuations est basée sur l’existence d’incertitudes. Dans ces conditions, les anticipations ne peuvent être que subjectives. Seule une structure de risque (différent de l’incertitude) peut donner lieu à une probabilité objective de réalisation des anticipations. Comme, en outre, l’information est supposée partielle, la tradition autrichienne conclut à l’instabilité de l’équilibre macroéconomique. Ce dernier reste difficile à atteindre et à maintenir. En fait, l’analyse autrichienne permet de réconcilier théorie monétaire et théorie de 40 Qu’est-ce que l’économie ? la production (cf. effets des impulsions monétaires sur la structure des prix relatifs et la structure du capital productif). En d’autres termes, la théorie autrichienne propose implicitement de réconcilier théorie du cycle économique, relative à la courte période et théorie de la croissance économique, relative à la longue période. Ces positions originales occupées par les « Autrichiens » ont favorisé l’exploration de nouveaux domaines de la macroéconomie, plus ou moins négligés par les théories orthodoxes. L’école postkeynésienne trouve ses origines dans les travaux d’A. Marshall et de J.M. Keynes sur la perspective monétaire et la prise en compte du temps, et ceux de Marx, Kalecki, Sraffa… sur l’analyse à partir des variables de la répartition. Les analyses postkeynésiennes visent à généraliser le message contenu dans la Théorie générale aux concepts de croissance, accumulation et répartition. De plus, les différentes origines de la tradition postkeynésienne ainsi que les multiples tentatives de généralisation de la théorie de Keynes à des domaines qu’il n’avait pas explorés explicitement ont contribué au développement de deux grands courants au sein de cette école, le fondamentalisme keynésien et l’école du surplus. Cependant, on peut mettre en évidence les thèmes communs centraux étudiés de manière privilégiée par les auteurs postkeynésiens : le temps et la monnaie, l’insuffisance de la demande effective, les fondements microéconomiques de la macroéconomie, l’incertitude et une critique de l’hypothèse d’anticipation rationnelle. La monnaie, le temps et l’incertitude sont des caractéristiques majeures d’une économie monétaire de production. En distinguant risque et incertitude, selon Hyman Minsky, on met en exergue l’instabilité des comportements économiques. D’où l’adoption de conventions et contrats, qui instaurent des rigidités, et on ne peut que rejeter l’hypothèse d’anticipation rationnelle, hypothèse qui implique un certain déterminisme sur le futur, ce qui est incompatible avec une situation d’incertitude. Il en découle une explication de l’insuffisance de la demande effective qui est influencée par la détention de monnaie (liquidité, par excellence et préférence pour la liquidité) dans une économie monétaire de production frappée d’incertitude. La monnaie est, en outre, considérée comme étant endogène au système économique. En d’autres termes, par le biais du crédit, l’offre de monnaie va s’adapter aux besoins de l’économie. Cette position concernant l’offre de monnaie a des conséquences fondamentales sur l’instabilité des fluctuations, l’inflation et les politiques économiques. En effet, du fait du caractère endogène de la monnaie, l’excès de crédit peut provoquer à terme un retournement brutal de l’activité, conduisant à une dépression aux conséquences non négligeables (en référence notamment aux travaux de Hyman Minsky). De plus, en ce qui concerne l’inflation, l’offre de monnaie n’en est plus la cause mais la conséquence. Les postkeynésiens l’expliquent par les conflits qui portent sur la répartition des revenus, conflits qui sont le reflet d’un rapport de force qui peut- être exacerbé par la politique monétaire. Dans ces conditions, la croissance endogène de l’offre de la monnaie permet de valider des hausses de Une brève histoire de la pensée économique 41 salaires et de prix et une politique des revenus adaptée peut favoriser la stabilité des prix lorsqu’elle est indexée sur l’évolution des prix. Il en résulte que, selon les tenants de l’école postkeynésienne, dans une économie monétaire où règne l’incertitude, les politiques de gestion de la demande (politique budgétaire, politique monétaire) accompagnées d’une politique des revenus adaptée permettront une stabilisation de l’activité économique. Autrement dit, dans la perspective postkeynésienne, le cycle économique, s’il a des origines réelles (variations de la demande effective, conflits sur la répartition) a également des origines monétaires, mais les variations de l’offre de monnaie endogène sont elles-mêmes fonction des variables réelles. Le cycle économique est donc fondamentalement lié aux évolutions des variables réelles de l’économie. Pour autant, dans une économie monétaire, on ne peut négliger les changements monétaires et leurs conséquences. Tel est, selon les postkeynésiens, le message central de Keynes. 3.9. Jean Tirole : un économiste atypique L’économiste français Jean Tirole, président de l’École d’économie de Toulouse (TSE), directeur scientifique de l’Institut d’économie industrielle à Toulouse, professeur invité au MIT, médaille d’or du CNRS en 2007, s’est vu décerner en octobre 2014 le prix Nobel d’économie. Il est le troisième Français à l’obtenir, après Gérard Debreu en 1983 et Maurice Allais en 1988. Ses recherches ont été très largement consacrées aux théories des organisations industrielles et à la réglementation. Mais il a produit de nombreux travaux dans des domaines aussi divers que la liquidité, la réglementation bancaire, les conditions d’existence de bulles sur les prix des actifs et l’économie comportementale. En collaboration avec O. Blanchard (désormais chef économiste du FMI), il a rédigé en 2003 un rapport sur le fonctionnement du marché du travail français, dans lequel sont traitées des questions, comme celle du contrat unique, qui restent au centre des débats en ce début 2015 (« Protection de l’emploi et procédures de licenciement », CAE, 2003). « J. Tirole est un économiste tout à fait exceptionnel… il se distingue par la diversité de ses contributions scientifiques… reflétée dans le nombre impressionnant de ses collaborateurs… Son œuvre est caractérisée par des théories élégantes motivées par des problèmes réels et ayant des implica‑ tions pratiques importantes, notamment dans le domaine de la régulation. J. Tirole a également contribué très fortement à l’enseignement de l’éco‑ nomie. Ses manuels sur l’organisation industrielle, la théorie des jeux ou encore la finance d’entreprise font référence dans les universités du monde entier et nombreux sont les économistes qui ont découvert ces domaines à travers ses ouvrages. » (« Hommage à Jean Tirole », Conjoncture BNPP, janvier 2015, par Philippe d’Arvisenet et Yves Nosbusch) 42 Qu’est-ce que l’économie ? Jean Tirole, dans sa conférence du 21 novembre 2011, lors de son entrée à l’Académie des sciences morales et politiques, avance que l’analyse microéconomique moderne est construite à partir de deux cadres unificateurs, la théorie des jeux et la théorie de l’information. (…) La théorie des jeux est une discipline ancienne, d’abord développée par des mathématiciens tels que le Français Emile Borel (1921) et l’Américain John von Neumann (1928), et plus récemment par des chercheurs en sciences sociales, notamment des économistes. La théorie des jeux prédit, décrit, analyse et évalue les choix de stratégies faits par des acteurs en situation d’interdépendance et aux intérêts divergents, par exemple des entreprises en situation oligopolistique qui s’affrontent sur un marché, ou des hommes politiques qui sont en concurrence lors d’une élection. Pour illustrer la puissance et les limites de la théorie des jeux, on peut considérer comme référence la situation décrite dans le « dilemme du prisonnier », un cadre stratégique qui permet de représenter et d’analyser de nombreuses situations conflictuelles. Le deuxième cadre unificateur de l’économie moderne est la théorie de l’information, appelée aussi théorie des incitations, théorie des contrats, théorie du signal ou encore théorie du principal-agent, selon l’application qui en est faite. Cette théorie consiste à donner un rôle d’outil stratégique aux informations privées que possèdent les décideurs économiques. On y trouve deux concepts essentiels. Tout d’abord : l’aléa moral : certaines actions réalisées par un agent ne sont pas vérifiables par les autres agents ; l’antisélection : un agent dispose d’informations qu’il peut dissimuler ou plus généralement manipuler. (…) Ce cadre d’analyse s’applique à de nombreux domaines comme la régulation des entreprises de réseau, la finance d’entreprise, la gouvernance des organisations, etc. Enfin, pour Jean Tirole, « nous assistons à une réunification progressive des sciences sociales. Cette réunification sera lente mais elle est inéluctable : en effet les économistes, psychologues, sociologues, juristes ou politistes s’inté‑ ressent aux mêmes individus, groupes et sociétés. La convergence qui existait jusqu’à la fin du dix‑neuvième siècle est à rétablir et nécessitera de la part des différentes communautés scientifiques des efforts d’ouverture aux techniques et idées des autres disciplines. Nous espérons qu’à défaut de pouvoir pénétrer la richesse des recherches entreprises actuellement, cet exposé aura constitué un plaidoyer convaincant en faveur de la nécessité d’adopter une approche pluri‑ disciplinaire pour étudier certains sujets des sciences sociales et humaines. » (« Rationalité, psychologie et économie », Revue française d’économie, no 2/ vol. XXVIII) Une brève histoire de la pensée économique 43 44 Qu’est-ce que l’économie ? Idée principale : Capitalisme comme « ouragan perpétuel » de destruction créatrice grâce à l’innovation technologique Idée principale : Renforcer les fondements microéconomiques de la macroéconomie, critique des politiques conjoncturelles de relance Idée principale : Réhabilitation de la théorie quantitative de la monnaie Neutralisation de la politique monétaire, lutte contre l’inflation Idée principale : Critique du Capitalisme Abolition du salariat Avènement de la société sans classes Idée principale : Contrainte des débouchés Critique de la loi de Say Justification des politiques de relance Idée principale : Équilibre général des marchés (Walras) Idée principale : vertus de la concurrence et du libéralisme économique Division du travail et échange international Destruction créatrice, grappes d’innovation, entrepreneurinnovateur, cycle long de Kondratiev, bureaucratisation de l’innovation, crépuscule de la fonction d’innovation Hypothèses d’anticipations rationnelles, fonction d’offre de Lucas (rigidité à court terme), taux de chômage d’équilibre (NEK) Théorie quantitative de la monnaie ; Taux de chômage naturel ; Courbe de Phillips augmentée des anticipations (adaptatives) ; Norme de progression de la masse monétaire au rythme de la production (k %) Théorie de l’exploitation, salariat, aliénation, plus-value, paupérisation de la classe ouvrière, baisse tendancielle du taux de profit Principe de la demande effective, loi psychologique fondamentale, motifs de préférence pour la liquidité, fonction de stabilisation de la politique conjoncturelle Équilibre général, optimum de Pareto, théorie de la valeur-utilité, coût d’opportunité, théorie du consommateur et du producteur, chômage volontaire Ordre naturel, division du travail, loi des rendements décroissants, théorie de la répartition entre les classes sociales Asymétries d’informations, salaire d’efficience Concepts principaux : Concepts principaux : Concepts principaux : Concepts principaux : Concepts principaux : Concepts principaux : Concepts principaux : Théorie de l’optimum (Pareto) À partir du début du xxe siècle À partir des années 1950-1960 Période : À partir des années 1970 Période : Période : xviiie -xixe siècle Période : Joseph Schumpeter À partir du xixe siècle Nouvelle macroéconomie Période : Monétarisme À partir des années 1930 École marxiste Période : John Maynard Keynes À partir de la fin du xixe siècle Économie néoclassique Période : Économie classique tableau 1.2. les Grands courants de l’histoire de la pensée économique C h a p i t r e 2 Les problèmes économiques fondamentaux « Tout canon fabriqué, tout lancement de bateau de guerre, tout tir de fusée signifie, en dernière analyse, un vol au détriment de ceux qui ont faim et ne sont pas nourris. » Président Dwight D . Eisenhower « La véritable finalité de l’Economie est la production de biens et services pour la consommation présente et future. Je pense que la charge de la preuve devrait toujours reposer sur ceux qui conseillent de produire moins et de laisser oisifs des hommes ou des machines ou une terre alors qu’ils pourraient être utilisés. Le nombre de raisons que l’on peut trouver pour justifier un tel gaspillage est étonnant : peur de l’inflation, déficits de la balance des paiements, budgets déséquilibrés, dette publique excessive, perte de confiance dans le dollar. » James Tobin 1. Dans une économie aux ressources limitées, existe-t-il un gain à l’échange ? 1.1. La liberté des échanges : la clé de voûte de l’économie de marché Dans son ouvrage d’économie politique Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, publié en 1776, Adam Smith développe l’idée selon laquelle tout individu a un penchant naturel à Dans une économie aux ressources limitées, existe-t-il un gain à l’échange ? 45 échanger avec autrui pour satisfaire ses besoins. La division du travail et les échanges qui en découlent permettent d’augmenter la productivité du travail. En se spécialisant dans une activité et en échangeant les biens fabriqués, les individus produisent de façon plus efficace et l’échange génère un gain : la production est plus importante que dans une situation sans échange, où tout le monde produit tous les biens et consomme sa propre production. Adam Smith prend l’exemple d’une manufacture d’épingles du xviiie siècle où le processus de production est divisé en dix-huit opérations distinctes, chaque ouvrier étant affecté à une opération. Cette organisation permet d’obtenir une production quotidienne de 4800 épingles par ouvrier, alors que si chaque ouvrier s’était attelé à produire toute l’épingle, il n’en aurait produit qu’une petite vingtaine au maximum dans la journée. La division du travail a permis d’importants gains de productivité pour trois raisons : la spécialisation de chaque ouvrier dans une opération simple accroît son habileté ; elle permet un gain de temps, puisqu’il n’y a plus de temps morts à cause du passage d’une tâche à l’autre ; la division du travail permet l’utilisation de machines qui permettent d’économiser le travail (gain d’innovation). Ce mécanisme permet alors d’augmenter les quantités produites et échangées, d’élever les niveaux de vie et la « richesse des nations ». Dans une économie de marché libre et concurrentielle, la division du travail est au cœur de la dynamique de croissance à travers les gains de productivité, mais également avec les apprentissages et les innovations qui en découlent. Adam Smith développe en 1776 la théorie des avantages absolus : un pays dispose d’un avantage absolu dans la production d’un bien s’il est plus efficient dans la production de ce bien. En conséquence, Adam Smith préconise que chaque pays se spécialise dans la production des biens pour lesquels il dispose d’un avantage absolu, abandonnant ainsi la production des autres biens. Il démontre qu’en divisant ainsi le travail, il existe un gain mutuel à l’échange : la spécialisation engendre en effet des gains de productivité qui permettent, à quantité de facteurs de production donnée, de produire plus qu’en situation d’autarcie (c’est-à-dire en situation où il n’y a pas d’échange). Chaque individu cherche à satisfaire son intérêt personnel mais, indirectement et involontairement « conduit par une main invisible », il permet aux autres d’augmenter également leur bien-être. Dans le chapitre relatif au « pouvoir du marché » de leur ouvrage Free to Choose paru en 1980, le prix Nobel d’économie Milton Friedman et sa femme Rose ont défendu les vertus du libre-échange en prenant l’exemple d’un simple crayon à papier. Sa fabrication nécessite l’assemblage de nombreux biens et services, matières premières et fournitures diverses et complexes, ainsi que la coordination d’entreprises et de travailleurs dispersés de par le monde, sans que ces derniers ne se voient ni ne se connaissent. Avec cette division internationale du travail vertueuse, Milton et Rose Friedman font ainsi référence au gain à l’échange et à « l’harmonie naturelle des intérêts » qu’évoquait Adam Smith en 1776 avec sa métaphore de la « main invisible » : l’échange volontaire et le mécanisme des prix permettent de satisfaire les besoins des consommateurs. 46 Les problèmes économiques fondamentaux 1.2. La théorie de l’avantage comparatif En 1817, l’économiste classique David Ricardo développe sa théorie des avantages comparatifs (ou relatifs) : dans le cadre d’un modèle simplifié à deux pays (le Portugal et l’Angleterre) et à deux biens (le vin et le drap), il démontre que l’échange international peut être mutuellement avantageux, même dans l’éventualité où l’une des deux nations est plus efficiente que l’autre dans la production des deux marchandises échangées, dès lors que chacune se spécialise dans les produits pour lesquels elle est la plus avantagée ou la moins désavantagée (coûts unitaires, productivité du travail). Chaque pays, quel que soit son niveau de développement, gagne à se concentrer dans un ou des produit(s) en vertu de ses avantages relatifs, et a intérêt à abandonner les autres productions : si chaque nation ne produit que ce pour quoi elle est (relativement) la plus douée, elle produit une quantité de biens et services supérieure, l’échange international devient un jeu à somme positive (le gain mondial est accru) et permet de reculer l’avènement de l’état stationnaire, lorsque la croissance économique s’arrête. Pour expliquer sa théorie, David Ricardo donne l’exemple suivant : supposons que le Portugal doive utiliser 90 heures de travail pour produire une pièce de drap et 80 heures pour un litre de vin, contre 100 heures pour une pièce de drap en Angleterre et 120 heures pour le vin. Drap Vin Angleterre 100 120 Portugal 90 80 Le Portugal dispose d’un avantage absolu dans la production de vin et de drap. Pour autant, le Portugal a intérêt à abandonner la production de drap, pour laquelle l’Angleterre dispose d’un avantage comparatif, et à se spécialiser dans la production de vin, pour laquelle il est relativement plus efficient (par rapport au drap). En effet, en se spécialisant selon ces principes, l’Angleterre utilisera les 120 heures libérées par l’abandon de la production de vin à la production de drap. Elle disposera ainsi de 220 heures au lieu de 100 pour produire des draps, et pourra ainsi en produire 2,2 unités. De même, le Portugal utilisera les 90 heures libérées par l’abandon de la production de drap pour les utiliser à la production de vin : il disposera ainsi de 170 heures pour la production de vin et celle-ci sera alors de 2,125 unités. Au total, 2,2 draps sont produits contre 2 auparavant et 2,125 litres de vin contre 2 auparavant. La spécialisation et l’échange ont entraîné un gain. La façon dont ce gain est réparti va dépendre du prix des biens. Les gains à l’échange peuvent ainsi être répartis de façon très inégale entre les pays. L’économiste Paul Samuelson a démontré, grâce à un exemple simplifié, l’intérêt de la théorie de l’avantage comparatif. Supposons qu’une brillante Dans une économie aux ressources limitées, existe-t-il un gain à l’échange ? 47 avocate envisage de recruter un secrétaire pour dactylographier rapports, courriers et autres documents qu’il doit produire à longueur de journée. Elle auditionne un certain nombre de secrétaires, chacun subissant un test de dactylographie : elle se rend compte alors que ceux-ci sont moins performants dans ce domaine qu’elle-même. Paul Samuelson explique alors que comme l’avocate est incomparablement plus performante qu’un dactylo sur le plan du droit relativement à son écart de performance en matière de dactylographie, il reste dans leur intérêt commun que l’avocate embauche n’importe lequel des secrétaires si cela lui permet de se consacrer à son domaine d’excellence, c’est-à-dire, dans le cas présent, le droit. 1.3. Surplus et gains à l’échange Pour comprendre les avantages mutuels de l’échange, les économistes prennent l’exemple des échanges au sein de la famille. Dans une économie moderne, on peut difficilement imaginer une famille totalement coupée des échanges et isolée du reste du monde. Si cela était le cas, il lui faudrait produire sa nourriture, fabriquer ses vêtements et construire sa maison. Cette famille a tout à gagner à pratiquer l’échange avec les autres. Grâce aux échanges, les gens peuvent s’offrir une plus grande variété de biens et services à moindre coût. Les économistes évoquent la notion de surplus pour mesurer les gains de l’échange pour les participants, et leur partage entre acheteurs et vendeurs. Le surplus des consommateurs correspond à la différence entre ce que les consommateurs étaient disposés à payer pour le produit et le prix du marché qu’ils doivent payer. Le gain des producteurs représente de façon équivalente l’écart entre le prix auquel ils étaient prêts à vendre le produit et celui du marché. Imaginons que David cherche à vendre dans un vide-grenier un téléphone d’occasion. Il est disposé à le céder pour 100 euros. Laurent se rend au vide-grenier pour acheter ce type de téléphone en étant disposé à le payer 200 euros. David et Laurent discutent, négocient et se mettent finalement d’accord sur un prix de 125 euros. Étant donné que Laurent était disposé à payer jusqu’à 200 euros, tout ce qu’il paie en dessous de ce montant constitue ce que l’on appelle son surplus, c’est-à-dire le gain à l’échange. De même, comme David était disposé à vendre son téléphone pour seulement 100 euros, tout ce qu’il obtient en plus représente également un surplus. La valeur totale des gains à l’échange est de 100 euros : on l’obtient en calculant la différence entre le prix maximal que Laurent était disposé à payer et le prix minimal auquel David était disposé à vendre. Au prix de 125 euros, David a retiré de l’échange un gain de 25 euros, et Laurent 75 euros. Graphiquement, au point d’équilibre concurrentiel, il existe un prix de marché unique pour toutes les unités échangées. Comme on le voit sur la courbe de demande, les acheteurs seraient disposés à payer un prix nettement plus élevé, par exemple P1 pour obtenir une quantité Q1, ou encore P2 pour une quantité P2, etc. 48 Les problèmes économiques fondamentaux Seule la dernière unité achetée au point E est payée au prix auquel les acheteurs étaient disposés ; toutes les autres sont payées à un prix inférieur. Cette différence de prix mesure les gains de l’échange pour le consommateur, soit le surplus du consommateur : pour chaque unité achetée, le consommateur gagne la différence entre le prix qu’il était prêt à payer et le prix de marché. De la même manière, les producteurs vendent toutes les unités au prix unique qui équilibre le marché. Or, comme le montre le graphique, ils seraient prêts à accepter un prix inférieur pour toutes les unités situées à gauche du point d’équilibre. Ainsi, pour chacune de ces unités, les producteurs gagnent la différence entre le prix de marché et le prix auquel ils étaient disposés à vendre. Les échanges se développent précisément parce qu’acheteurs et vendeurs en retirent un gain net, c’est-à-dire une différence entre les satisfactions qu’ils en retirent et le coût d’opportunité des ressources qu’ils sacrifient. L’échange s’arrête au point d’équilibre, quand on a entièrement épuisé les gains mutuels à l’échange. Graphique 2.1. O Surplus du consommateur P1 P2 E P* Surplus du producteur D 0 Q1 Q2 Q* Dans une économie aux ressources limitées, existe-t-il un gain à l’échange ? 49 Graphique 2.2. le processus vertueux de la division du travail, de la spécialisation et du développement des marchés Accroissement de la division du travail Spécialisation Echange et développement des marchés Gains de productivité Gains à l’échange Production 2. Que produit-on et comment le mesure-t-on ? 2.1. Les enjeux de la production en situation de rareté Pour satisfaire les besoins de tous les agents économiques, chaque jour nous devons produire de nombreux biens et services. Produire ne veut pas forcément dire créer ! Créer implique l’apparition de quelque chose qui n’existait pas avant. Cela pourrait être un acte divin, magique, surnaturel… Produire consiste à transformer l’existant en différents produits. Nous éviterons donc de parler de création de richesse. Nous retiendrons plutôt le terme production, qui est beaucoup plus pertinent. Quant au terme richesse, très vague, il interviendra quand on abordera les différentes manières de mesurer les productions. Les différentes productions sont toujours obtenues en combinant, de la manière la plus efficace possible, des facteurs de production comme le travail, le capital productif, la technologie… dans un environnement concurrentiel et institutionnel donné et mouvant. En effet, en vertu de la contrainte de rareté, l’entrepreneur doit sans cesse tenter de faire un choix optimal en matière de combinaison productive car, en situation de rareté des ressources productives (le travail, le capital, les ressources naturelles, le temps…), chaque choix, qui résulte d’un arbitrage souvent difficile, s’accompagne d’un coût d’opportunité plus ou moins élevé, le coût d’opportunité étant le coût de ce que à quoi on renonce quand on fait 50 Les problèmes économiques fondamentaux un choix plutôt qu’un autre. Le concept de coût d’opportunité nous permet de comprendre que le coût ne peut se résumer au coût strictement économique. On en déduit qu’en situation de rareté (non-abondance ou quantité limitée), l’allocation (affectation) des ressources, c’est-à- dire la manière dont une économie va utiliser les ressources en hommes, capital, équipements, etc. pour produire des biens et des services destinés à la satisfaction des besoins de tous les agents économiques, sera un enjeu crucial qui engagera l’avenir. Si, pour l’essentiel, cette allocation des ressources rares relève de choix et d’activités privés dans des économies de marché, l’État (ou plus largement les administrations publiques) peut intervenir pour modifier cette allocation des ressources soit en produisant directement, soit en modifiant, via diverses incitations et réglementations, la production des agents privés en raison de l’existence d’externalités et de biens collectifs. L’ensemble de ces conditions restrictives va avoir des conséquences sur l’ampleur de la production (et la croissance de cette production). Nous devons donc, dans un premier temps, préciser ce que nous entendons par production. La question de la croissance de la production sera abordée plus tard. 2.2. Qu’est‑ce que la production ? Les différents sens de la notion de production La production est un concept générique qui permet de designer des réalités multiples et hétérogènes. Commençons donc par préciser les sens de ce terme courant, afin de mieux les comprendre et d’en reconnaitre les différentes formes. Au sens courant, la production est une activité humaine et socialement organisée (par un ensemble de règles diverses) consistant à fabriquer, en utilisant et en transformant des ressources naturelles ou d’autres produits intermédiaires, des biens ou des services. En ce sens, toute activité humaine de ce type est une activité productive. Par exemple, lorsqu’une personne fait pousser des légumes dans son jardin pour sa propre consommation, elle produit des biens, puis elle produira un service lorsqu’elle préparera son repas. En revanche, un cours d’économie donné par David, au nom de l’amitié, au fils de Laurent qui n’a pas compris ce que lui a expliqué son papa n’est pas une production au sens économique, car David ne sera pas rémunéré par Laurent. Mais cette production domestique n’est pas une production au sens économique (ou sens étroit, stricto sensu). Dans ce cas, pour qu’il y ait production, il faut qu’il y ait une référence directe ou indirecte au marché. Autrement dit, il conviendra que le produit s’échange sur un marché, ou qu’il soit produit à partir de facteurs de production (du travail…) rémunérés sur Que produit-on et comment le mesure-t-on ? 51 un marché. Un cours d’économie donné par David ou Laurent dans un lycée public ou une école privée est une production au sens économique, car ils sont logiquement rémunérés pour ce service de haute qualité. Dans ces conditions, la production économique est une activité humaine socialement organisée consistant à fabriquer ou produire des biens ou des services s’échangeant sur un marché ou produits avec des facteurs de production rémunérés sur un marché. Retenons encore que si la production est une activité, nous verrons un peu plus loin, via différents instruments de mesure, qu’elle est aussi le résultat de cette activité. De la production particulière d’une unité de production à la production globale Concrètement, la production résulte d’abord de l’activité d’une grande multitude d’unités de production, aux activités très diverses, qui peuvent être des entreprises privées ou publiques, des administrations publiques… – La production d’une unité de production va correspondre à la quantité de produits (biens ou services) obtenus au cours dune période donnée. Sur le plan comptable, il s’agit souvent de l’année. – La production globale désigne l’ensemble des productions de biens et services de toutes les unités de production qui est destinée à satisfaire les besoins de tous les agents économiques. De la production effective à la production potentielle – La production effective correspond à la production réalisée à un moment donné. Mais son niveau ne donne aucune indication de l’efficacité de l’utilisation des facteurs de production et de leur combinaison. – La production potentielle désignera la production maximale possible, compte tenu de l’utilisation totale des facteurs de production, quantitativement et qualitativement. À ce niveau de production, il est impossible de produire plus, d’une manière ou d’une autre. Il n’y a aucun gaspillage de capacité de production. 2.3. Que produisons‑nous ? Quelles productions ? Nous produisons des biens et des services. On peut utiliser trois types de critères pour les distinguer. Les produits sont-ils matériels et stockables ? Sont-ils produits et consommés simultanément ou non ? Les biens sont des produits matériels et stockables. Ils sont produits et consommés à différents moments. Il peut donc exister un décalage temporel entre leur production et leur utilisation. Par exemple, une bouteille de Jack Daniel’s, un iPhone, sont des biens pour un ménage donné. Un verre de whisky pris au bar avec Laurent, un abonnement internet ou téléphonique sont des services. 52 Les problèmes économiques fondamentaux Les services sont immatériels, non stockables. Leur production et leur utilisation sont simultanées. La crêpe servie à la crêperie relève du service, car on considère que ce qui est consommé ce n’est pas la simple crêpe, mais un service global de restauration. La crêpe n’est qu’une des composantes de ce service. Le lait, la farine, les œufs, l’électricité, etc. sont des consommations intermédiaires, c’est-à-dire des biens ou services qui sont utilisés au cours du processus de production du service de restauration que propose la crêperie. Nous distinguons également les productions marchandes et les productions non marchandes : Par convention, tous les biens sont marchands. Ils sont échangés sur des marchés à des prix de marché. Le terme « biens collectifs » désignera en fait des services collectifs. Les services marchands sont également échangés sur un marché à des prix de marché. Conventionnellement, la production marchande est vendue (donc achetée) à un prix économiquement significatif, c’est-à-dire un prix couvrant plus de 50 % des coûts de production. L’échange marchand permet de déterminer la valeur monétaire des produits échangés. Les services non marchands n’ont pas de prix de marché. Ils ne sont donc ni vendus, ni achetés. Mais ils ne sont pas gratuits. Rien n’est jamais gratuit en économie. Comme le dit l’adage des économistes, « there is no free lunch » (il n’y a pas de repas gratuit). Les services non marchands sont financés par les impôts versés par la collectivité, car tout le monde a intérêt à ce que tout le monde y ait accès. Chacun a intérêt, ici, à ce que le besoin de tous soit satisfait. Comme la « main invisible » du marché ne permet pas de faire converger les intérêts individuels et l’intérêt collectif, c’est à la main bien visible de l’État de réparer ces défaillances de marché (voir chapitre 5.4) Pour autant, la production non marchande sera évaluée de manière marchande, en fonction du coût des facteurs de production qui s’échangent de manière marchande. Sur la distinction entre production non marchande, biens collectifs et biens publics, on pourra se reporter au chapitre 5.4. Parmi les biens, on fait également les différences suivantes : Les biens de consommation finale (CF) concernent les ménages et la satisfaction finale de leurs besoins. La consommation est dite finale car le bien est détruit, plus ou moins rapidement, avec la consommation. Ainsi, la crêpe sera détruite plus rapidement que le contenu de la bouteille de Jack Daniel’s. Les biens de consommation intermédiaire (CI) sont transformés ou utilisés au cours du processus de production dans une entreprise ou une administration publique. Ils ne sont utilisés qu’une seule fois. Ainsi la farine, le lait, les œufs… sont des CI pour la crêperie, mais des biens de CF pour David. Que produit-on et comment le mesure-t-on ? 53 Un même bien peut donc faire l’objet d’une consommation finale pour un ménage ou d’une consommation intermédiaire pour une entreprise. Au niveau des entreprises, les biens de production désignent des biens ou services utilisés au cours du processus de production. Parmi eux, les biens d’équipement correspondent à du capital fixe qui sera utilisé plusieurs fois (comme la plaque pour faire cuire les crêpes de la crêperie), alors que les biens ou services de consommation intermédiaire correspondent à du capital circulant et ne seront utilisés qu’une seule fois. 2.4. Qui produit quoi ? La production est assurée dans le cadre d’organisations dites productives Il s’agit d’organisations dans la mesure ou un ensemble de personnes ont des objectifs communs et vont mettre en œuvre divers moyens (humains, techniques, financiers…) pour les atteindre. Il y a organisation car l’activité est encadrée par des règles, une hiérarchie… Une organisation productive est simplement une organisation particulière caractérisée dont l’objectif est de produire des biens ou des services pour satisfaire des besoins divers. Parmi les organisations productives on peut rencontrer des entreprises publiques ou privées, des administrations publiques, des associations. On utilise trois critères principaux pour distinguer les organisations productives : le statut juridique, qui est privé ou public, le caractère marchand ou non marchand de la production, l’objectif lucratif ou non de l’activité. Il convient de ne pas confondre marchand et lucratif. En effet, les organisations lucratives (dont l’objectif principal est la recherche du profit) sont nécessairement marchandes. En revanche, il existe des organisations privées marchandes non lucratives, comme les mutuelles ou les coopératives de production. Les administrations publiques sont à but non lucratif et non marchandes. Les entreprises privées, à but lucratif, sont marchandes. Les entreprises peuvent être privées ou publiques, à but lucratif ou à but non lucratif. Toutes les organisations productives marchandes sont des entreprises. Une entreprise est dite publique, non pas en fonction du caractère marchand de sa production, mais en fonction de l’identité du propriétaire principal : l’État. Une association est une organisation productive privée à but non lucratif. On perçoit intuitivement, au travers de ces quelques définitions, que de nombreuses interactions, interdépendances et échanges, du fait des diverses spécialisations, existent entre ces différentes organisations productives et ces différentes opérations productives. Pour en savoir davantage, il vous est donné rendez-vous dans la partie : « Qui fait quoi dans l’économie ? », ou nous présenterons les agents économiques, leurs opérations et les interdépendances qui les lient. On utilisera, en particulier, le modèle du circuit économique simplifié. 54 Les problèmes économiques fondamentaux Comme toute opération économique, la production doit être mesurée. La mesure est au cœur de la construction des « faits économiques » qui n’existent pas spontanément, qui ne se révèlent pas directement et par nature. Les faits économiques correspondent tout simplement à des statistiques fabriquées sur la base de nombreuses conventions et critères. La production d’une entreprise est une production marchande Pour commencer, on pourra mesurer la production d’une entreprise par son chiffre d’affaires (CA), avant de calculer sa valeur ajoutée. En fait, la mesure la plus pertinente de la production d’une unité de production est la valeur ajoutée. Le CA n’est qu’une approximation, car il implique une double comptabilisation de certaines productions. On obtiendra : Chiffre d’affaires = valeur des ventes réalisées par une entreprise = prix de vente unitaire x nombre de produits vendus Soit CA = p x Q Valeur Ajoutée = valeur de la production (CA) – valeur des consommations intermédiaires La production d’une administration publique est une production non marchande La production d’une administration publique est, comme nous l’avons indiqué, évaluée de manière marchande mais indirectement, car elle n’est pas échangée sur un marché. Il n’y a donc ni prix, ni acheteurs, ni vendeurs mais elle n’est pas gratuite. Comme la production non marchande n’a pas de prix, même si elle n’est pas gratuite, il a bien fallu trouver un moyen pour la mesurer. La convention veut qu’elle soit mesurée par le coût des facteurs de production qui, eux, s’échangent à un prix sur divers marchés. Ainsi, la production d’un fonctionnaire est mesurée par sa rémunération. Si son traitement augmente peu, on pourrait en déduire que sa production augmente peu. Quand le ministère de la Fonction publique gèle les traitements de fonctionnaires, peut on en déduire que leur production stagne ? De la production en valeur à la production en volume Cette première mesure, en valeur, de la production n’est pas convenable, dans la mesure où elle intègre le niveau des prix et donc, en évolution, l’inflation. Nous pouvons donc être confrontés à un phénomène d’illusion monétaire ou nominale, dans la mesure ou la production et la croissance peuvent être surestimées du fait du niveau plus ou moins élevé et de la hausse plus ou moins forte des prix. Il est donc indispensable de déduire (retrancher…) l’effet prix pour ne conserver que l’effet quantité. En effet, souvenons-nous Que produit-on et comment le mesure-t-on ? 55 qu’une économie fonctionne afin de produire les quantités de biens et services destinés à satisfaire les divers besoins de tous les agents économiques en matière de consommation, d’investissement… Pour le dire simplement, ce qui compte en économie n’est pas le (pQ), ou la valeur de la production, mais le (Q), son volume. Ainsi, un ménage n’est pas plus satisfait au regard de ses besoins quand la valeur de ce qu’il a dans son caddy est deux fois plus élevée. Il le serait plutôt si, pour un prix stable, le volume de marchandise dans son caddy avait doublé. Production en valeur Production en volume = ---------------------------------Indice des prix Nous pouvons retenir les équivalences (en colonnes) suivantes, sur lesquelles nous reviendrons : « en volume » à mesure « en valeur » « en valeur réelle » à mesure « en valeur nominale » « en monnaie constante » à mesure « en monnaie courante » 2.5. Le PIB : un indicateur de production globale Quels sont les principaux intérêts et les principales limites du PIB en tant qu’indicateur de la production globale, autrement dit de la capacité de l’économie à produire les biens et services permettant de satisfaire les besoins de tous les agents économiques ? Le PIB est un agrégat, donc, par définition, il va faire la somme (agréger) de productions très hétérogènes. Le produit intérieur brut (PIB) permet de mesurer la production globale de l’économie, en faisant plus précisément la somme des valeurs ajoutées de biens et services d’une économie par tous les agents économiques qui ont une activité de production. À travers la mesure de la production globale de biens et services, le PIB permet d’évaluer la capacité de l’économie à satisfaire les besoins de tous les agents économiques (ménages, entreprises). Le PIB est un indicateur statique, stricto sensu, mais il nous permettra de calculer la croissance économique, indicateur dynamique. On pourra mesurer la croissance économique, et donc l’amélioration, l’augmentation de cette capacité à satisfaire ces besoins. En calculant le taux de variation du PIB, on mesure la croissance économique. Le taux de croissance correspond donc au taux de variation du PIB. (Cf. chapitre sur la croissance économique). Le PIB est, par construction, un indicateur quantitatif ! Néanmoins, cette production peuvent avoir des impacts qualitatifs positifs ou négatifs. 56 Les problèmes économiques fondamentaux Table des matières Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 chapitre 1 Qu’est-ce que l’économie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 1. La science économique : une science des choix sous contraintes ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 1.1. À la découverte de l’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 1.2. L’économie : une science comme les autres ? . . . . . . . . . . . 18 1.3. Le raisonnement économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 1.4. Les limites de l’analyse économique . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 2. Quels sont les différents niveaux d’analyse en économie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 2.1. La perspective microéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 2.2. L’analyse macroéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 3. Une brève histoire de la pensée économique . . . . . . . . . . . . 29 3.1. Les pères fondateurs de l’économie « classique » . . . . . . . . 29 3.2. La théorie néoclassique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 3.3. La révolution keynésienne ou le capitalisme sous tente à oxygène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 3.4. La rupture monétariste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 3.5. La controverse entre la Nouvelle École classique (NEC) et la Nouvelle École keynésienne (NEK) . . . . . . . . . . . . . . . 37 Table des matières 459 3.6. La tradition marxiste : la critique du capitalisme . . . . . . . . . . . . . . 38 3.7. Le théoricien de l’innovation : Joseph Schumpeter (1883‑1950) . . . . 38 3.8. Les hétérodoxes : Autrichiens et postkeynésiens . . . . . . . . . . . . . . . 39 3.9. Jean Tirole : un économiste atypique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 chapitre 2 Les problèmes économiques fondamentaux . . . . . . . . . . . . . . . 45 1. Dans une économie aux ressources limitées, existe-t-il un gain à l’échange ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 1.1. La liberté des échanges : la clé de voûte de l’économie de marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 1.2. La théorie de l’avantage comparatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 1.3. Surplus et gains à l’échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 2. Que produit-on et comment le mesure-t-on ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 2.1. Les enjeux de la production en situation de rareté . . . . . . . . . . . . . 50 2.2. Qu’est‑ce que la production ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Les différents sens de la notion de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 De la production particulière d’une unité de production à la production globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 De la production effective à la production potentielle . . . . . . . . . . . . . 52 2.3. Que produisons‑nous ? Quelles productions ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 2.4. Qui produit quoi ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 La production est assurée dans le cadre d’organisations dites productives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 La production d’une entreprise est une production marchande . . . . . . 55 La production d’une administration publique est une production non marchande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 De la production en valeur à la production en volume . . . . . . . . . . . . . 55 2.5. Le PIB : un indicateur de production globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Les valeurs brutes ne sont pas nettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 2.6. Les trois approches du PIB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Du PIB en valeur au PIB en volume . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 PIB effectif et PIB potentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 2.7. Les limites du PIB en tant qu’indicateur de production globale . . . . 61 La production domestique, légale, n’est pas mesurée . . . . . . . . . . . . . . 61 Le PIB augmente sous l’effet de productions entraînant des externalités positives ou négatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Enfin, le PIB va permettre de comptabiliser positivement les activités de réparation des externalités négatives . . . . . . . . . . . . . 63 460 Comprendre les fondamentaux de l’économie L’existence de limites du PIB nous invite à nous référer à d’autres indicateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 3. Comment les revenus sont-ils distribués dans l’économie ? . . . . . . . 67 3.1. La répartition primaire des revenus entre les facteurs de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Le partage des revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 De la valeur ajoutée à la répartition primaire des revenus . . . . . . . . . . 68 Les cotisations sociales et la répartition primaire . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Le partage des revenus primaires et son évolution récente . . . . . . . . . 71 Le salaire minimum et la répartition primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 3.2. L’évolution du partage de la valeur ajoutée entre les facteurs de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 L’évolution de l’utilisation de l’EBE de 1950 à 2012 . . . . . . . . . . . . . . . 74 3.3. De la redistribution au revenu disponible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Les deux étapes de la redistribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Le résultat de la redistribution : le revenu disponible des ménages : du RP au RDB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 4. Quels sont les grands équilibres macroéconomiques ? . . . . . . . . . . . . 78 4.1. De la complémentarité des approches microéconomiques et macroéconomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 4.2. Les principales variables macroéconomiques : le tableau de bord de l’économie globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 4.3. Les politiques économiques face aux équilibres et déséquilibres macroéconomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Le « carré magique » des objectifs des politiques macroéconomiques conjoncturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 chapitre 3 La croissance économique : sources, instabilité et soutenabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 1. Quels sont les fondements de la croissance économique ? . . . . . . . . 87 1.1. Comment définir la croissance économique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 La croissance n’est pas le développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Les économistes distinguent différentes formes de développement . . . 89 1.2. Comment mesurer la croissance économique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Croissance tendancielle et taux de croissance annuel moyen (TCAM) . . . 90 Du concept de croissance potentielle à sa mesure : un exercice compliqué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Table des matières 461 1.3. La croissance économique : une mesure difficile . . . . . . . . . . . . . . . 92 1.4. Les tendances de la croissance économique ou la croissance tendancielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 1.5. Les facteurs de la croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 La décomposition des facteurs de la croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 L’importance cruciale des gains de productivité du travail . . . . . . . . . . 95 Les principaux facteurs de croissance dans les économies contemporaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 L’impact du facteur travail sur la croissance économique est indiscutable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Le rôle central de l’investissement et de l’accumulation du capital . . . . 98 Le progrès technique est à la source d’une croissance économique soutenue et durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Les différentes formes d’innovations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Le rôle central des entrepreneurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 1.6. Petit détour par les principaux modèles de croissance endogène . . 104 L’importance de l’accumulation des différentes formes de capital . . . . 104 Quelles politiques d’innovation et de croissance ? . . . . . . . . . . . . . . . 106 1.7. Le rôle des institutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 2. Comment expliquer l’instabilité de la croissance ? . . . . . . . . . . . . . 108 2.1. Un fait historique : une forte variabilité de la croissance . . . . . . . . 108 2.2. Fluctuations et cycles : définitions et typologie . . . . . . . . . . . . . . . 110 2.3. Observation des fluctuations et cycles économiques . . . . . . . . . . . 112 2.4. Principes de base pour l’analyse des fluctuations économiques . . . 112 PIB effectif/potentiel et croissance effective/potentielle . . . . . . . . . 112 Politiques de l’offre et politiques de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . 115 2.5. Les principales explications des fluctuations de la croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Typologie des chocs économiques : fluctuations et cycles . . . . . . . . . 115 Le cycle du crédit et ses effets cumulatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 Le rôle des politiques conjoncturelles et des politiques structurelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 3. Comment mettre en œuvre une croissance « soutenable » ? . . . . . . 122 3.1. Les limites écologiques de la croissance économique . . . . . . . . . . . 122 L’existence d’externalités négatives et les comportements irresponsables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 La tragédie des biens communs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 462 Comprendre les fondamentaux de l’économie 3.2. Le développement et le bien‑être ne se résument pas à la croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Le développement durable et les solidarités intergénérationnelles . . . 124 Les trois dimensions constitutives de la soutenabilité-durabilité du développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Le bien-être est pluridimensionnel, selon la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 Le « paradoxe d’Easterlin » : croissance et bien-être ne sont pas synonymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 3.3. L’analyse économique de la croissance soutenable et du développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 Le bien-être dépend de l’accumulation-interaction de quatre formes de capital . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 Variation du stock global de capital, bien-être et soutenabilité . . . . . 127 Y a-t-il substituabilité entre formes de capital ? . . . . . . . . . . . . . . . . 127 De la « soutenabilité faible » à la « soutenabilité forte » . . . . . . . . . . 128 3.4. Quelles politiques environnementales et climatiques devons‑nous privilégier ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Les instruments réglementaires : normes et réglementations . . . . . . . 129 Les instruments économiques : quotas et taxation selon le principe du « pollueur-payeur » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 Le faux débat sur la complémentarité et la substituabilité entre les trois types d’instruments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 4. Démographie et croissance économique : quels sont les effets du vieillissement démographique sur la croissance économique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 4.1. La démographie et l’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Les grandes évolutions démographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Une typologie des approches des relations entre économie et démographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Quelques interdépendances simples entre démographie et économie . . . . 134 Il existe clairement des relations simples et directes entre économie et démographie, entre dynamique économique et dynamique démographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 Quelques enseignements préalables sur la relation entre vieillissement démographique (VD) et croissance économique . . . . 137 4.2. Dynamique démographique et transition démographique . . . . . . . 138 4.3. Le vieillissement démographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 Table des matières 463 4.4. Évolution des structures démographiques, épargne, accumulation du capital et croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 La théorie du cycle de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 La relation entre vieillissement démographique (VD), épargne et investissement en économie ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . 142 chapitre 4 Les interdépendances entre les principaux acteurs et les principales opérations économiques . . . . . . . . . . . . . . . 145 1. Qui fait quoi dans une économie ? Comprendre les interdépendances économiques . . . . . . . . . . . . . . . . 145 1.1. Les agents économiques et leurs comportements . . . . . . . . . . . . . . 145 Qu’est-ce qu’un « agent économique » ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 Les grandes catégories d’agents économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 1.2. Les grandes catégories d’opérations économiques . . . . . . . . . . . . . 148 Les opérations sur les produits concernent la production et l’utilisation des biens et services marchands ou non marchands pour satisfaire des besoins divers . . . . . . . . . . . . 148 Les opérations de répartition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Les opérations financières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 1.3. Les interdépendances entre agents économiques et les opérations économiques : une synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . 150 Le circuit économique simplifié : une modélisation des interdépendances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 L’analyse de la Banque des règlements internationaux (BRI) : le cercle vicieux des interdépendances pendant la crise . . . . . . . . . . 152 Équilibre ressources-emplois dans une économie ouverte et interdépendances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 2. Comment l’entreprise produit-elle ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 2.1. Qu’est‑ce qu’une entreprise ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 L’entreprise, un acteur central de l’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Pourquoi existe-t-il des entreprises ? La réponse des économistes . . . 159 La combinaison productive et son efficacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 La mesure des coûts et la recherche du profit de l’entreprise . . . . . . . 162 2.2. La diversité des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Comment classer les entreprises ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Le classement des entreprises selon la taille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Les grandes catégories d’entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165 Le classement des entreprises selon le statut juridique . . . . . . . . . . . 166 464 Comprendre les fondamentaux de l’économie 2.3. Le rôle déterminant de l’entrepreneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 L’entrepreneur comme force motrice du capitalisme . . . . . . . . . . . . . 170 L’entrepreneur a besoin d’un environnement institutionnel favorable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171 3. Quels sont les indicateurs de la performance d’une entreprise ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174 3.1. La performance de l’entreprise : une mesure complexe . . . . . . . . . 174 Quelle performance ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174 La recherche du profit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Le seuil de rentabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 3.2. Le bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Qu’est-ce que le bilan d’une entreprise ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 La structure du bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Le résultat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177 3.3. Le compte de résultat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178 Les charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178 Les produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178 Le résultat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 3.4. Les soldes intermédiaires de gestion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Le calcul des soldes intermédiaires de gestion . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Quelques ratios de performance de l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 4. Quelle gouvernance pour l’entreprise ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 4.1. Qu’est‑ce que la gouvernance de l’entreprise ? . . . . . . . . . . . . . . . . 182 La gouvernance : un système de relations entre les « parties prenantes » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Les deux grands modèles de gouvernance de l’entreprise . . . . . . . . . . 183 4.2. La montée en puissance du mode de gouvernance centré sur l’actionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 Le retour de l’actionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 L’entreprise : un actif financier comme les autres ? . . . . . . . . . . . . . . 185 4.3. Les limites de la gouvernance « orientée actionnaires » . . . . . . . . 187 Un pouvoir excessif des actionnaires ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 La rentabilité financière à court terme au détriment de l’investissement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188 Table des matières 465 chapitre 5 L’organisation des économies contemporaines : entre les principes du marché et les interventions des pouvoirs publics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 1. Pourquoi échanger sur différents marchés ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 1.1. Qu’est‑ce qu’un marché ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 Les trois problèmes économiques fondamentaux, selon Paul Anthony Samuelson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 Qu’est ce qu’un marché ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192 1.2. Un marché ne peut fonctionner sans institutions . . . . . . . . . . . . . 195 2. Quels sont les principes de base du fonctionnement des marchés concurrentiels ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196 2.1. La courbe ou fonction de demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196 La loi de décroissance de la demande et les déplacements le long de la courbe de demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 Les autres déterminants de la demande : les facteurs significatifs . . . 197 De la demande individuelle à la demande du marché . . . . . . . . . . . . . 198 2.2. La courbe ou fonction d’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 La fonction d’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 La loi de croissance de la courbe d’offre et les déplacements le long de la courbe d’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 Les autres déterminants de l’offre et les déplacements de la courbe d’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 De l’offre individuelle à l’offre du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201 2.3. L’équilibre de l’offre et de la demande : la formation du prix d’équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 L’équilibre du marché et la représentation graphique de l’équilibre sur le marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 Les déséquilibres et le retour à l’équilibre : mécanisme de tâtonnement et situations de rationnement . . . . . . . . . . . . . . . . . 205 2.4. Déplacements de l’offre et de la demande et changement d’équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206 Déplacements de l’offre et changement d’équilibre . . . . . . . . . . . . . . 206 Déplacements de la demande et changement d’équilibre . . . . . . . . . . 207 3. Dans quelles conditions les marchés sont-ils efficaces ? . . . . . . . . . 207 3.1. Comment les marchés parfaitement concurrentiels fonctionnent‑ils ? . . 207 Qu’est ce que la concurrence ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 Les conditions de concurrence pure et parfaite (CPP) . . . . . . . . . . . . 208 466 Comprendre les fondamentaux de l’économie De la concurrence effective à la concurrence potentielle . . . . . . . . . 209 3.2. Le fonctionnement des marchés réels : entre CPP et concurrence imparfaite (CI) sur les divers marchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 4. Quelles sont les grands types d’imperfections et de défaillances du marché ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 4.1. Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent‑ils ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 Les structures de marché en situation de CI en fonction de la condition d’atomicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 La concurrence monopolistique : innovation et différenciation . . . . . 214 Quelles stratégies peuvent utiliser les entreprises pour réduire la concurrence ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Les politiques de concurrence : entre réglementations et sanctions . . . 217 4.2. Quelles sont les principales situations de défaillances du marché ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219 Les asymétries d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219 Les externalités et les biens collectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222 Les biens collectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223 chapitre 6 La monnaie et le financement des économies contemporaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 1. Pourquoi utiliser la monnaie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 1.1. La monnaie : une institution indispensable au fonctionnement du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 La monnaie au cœur de l’échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 Les trois grandes fonctions de la monnaie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226 Une monnaie de plus en plus dématérialisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227 1.2. Monnaie et activité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 La monnaie ne peut influencer l’activité économique, selon l’analyse néoclassique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 La monnaie influence l’incitation à investir, selon John Maynard Keynes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231 Les analyses sociologiques de la monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 1.3. Monnaie unique et identité européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233 2. À quoi servent les banques et les marchés financiers ? . . . . . . . . . . 235 2.1. Les rouages du financement de l’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 À quoi sert le système financier ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Besoins et capacités de financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236 Table des matières 467 Financement interne et financement externe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237 Financement direct et financement indirect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238 2.2. Les banques : des acteurs majeurs du financement de l’économie . . . 240 Les banques assument le risque de liquidité et le risque de crédit . . . 240 Banques de détail et banques d’investissement . . . . . . . . . . . . . . . . . 241 L’évolution du secteur bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 2.3. Le pouvoir de création monétaire des banques . . . . . . . . . . . . . . . 243 La création monétaire par les banques commerciales . . . . . . . . . . . . . 243 Création, destruction de monnaie et variation de la masse monétaire : une synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245 Quelle quantité « optimale » de monnaie faut-il créer ? . . . . . . . . . . . 245 2.4. La régulation du secteur bancaire et l’union bancaire de l’Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 Les banques au cœur de la crise financière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 La régulation prudentielle des banques après la crise . . . . . . . . . . . . 248 L’union bancaire de l’Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 3. Comment réguler la création monétaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 3.1. L’organisation du système bancaire dans la zone euro . . . . . . . . . . 249 L’organisation du système bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 Le système européen des banques centrales (SEBC) et l’eurosystème . . . . 250 3.2. Controverses autour du rôle de la politique monétaire dans l’activité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252 Une neutralité indispensable de la politique monétaire ? . . . . . . . . . 252 Une politique monétaire incontournable pour la relance économique ? . . 253 3.3. La stratégie de la Banque centrale européenne (BCE) dans la zone euro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Les stratégies traditionnelles des banques centrales . . . . . . . . . . . . . 253 La stratégie de la Banque centrale européenne (BCE) . . . . . . . . . . . . 255 4. Comment fonctionne une union monétaire comme la zone euro ? . . . .256 4.1. Le projet politique d’Union monétaire de l’Europe . . . . . . . . . . . . . 256 La marche vers l’Union monétaire de l’Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256 Les avantages et les inconvénients de la monnaie unique . . . . . . . . . 257 4.2. La zone euro est‑elle une zone monétaire optimale (ZMO) ? . . . . . . 259 La théorie des zones monétaires optimales (ZMO) . . . . . . . . . . . . . . . 259 La zone euro se rapproche d’une ZMO par certains aspects… . . . . . . . 261 … mais reste encore éloignée d’une zone monétaire optimale (ZMO) dans de nombreux domaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 468 Comprendre les fondamentaux de l’économie 4.3. Le système de politique économique de la zone euro donne la priorité à la stabilité monétaire et budgétaire . . . . . . . . . 262 Le système de politique économique de la zone euro . . . . . . . . . . . . . 262 Le renforcement de la discipline budgétaire avec la crise des dettes souveraines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264 chapitre 7 Les principes fondamentaux du fonctionnement des économies ouvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 1. Quels sont les fondements du commerce international ? . . . . . . . . . 267 1.1. La mondialisation contemporaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 Qu’est-ce que la mondialisation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 L’émergence d’une économie mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 1.2. Une brève histoire du commerce international depuis 1945 . . . . . . 269 La promotion du libre-échange après 1945 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269 Les tendances récentes du commerce mondial . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 Une nouvelle division internationale du travail : TIC et essor des services . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271 1.3. Le plaidoyer pour le libre‑échange international . . . . . . . . . . . . . . 272 La doctrine libérale : l’ouverture internationale est un jeu à somme positive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272 La théorie des avantages comparatifs : le modèle de David Ricardo . . . . 273 La théorie néoclassique du commerce international : les dotations initiales factorielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274 1.4. Les coûts économiques et sociaux du libre‑échange . . . . . . . . . . . . 275 L’ouverture internationale peut aggraver les déséquilibres internes . . . 275 La mondialisation est-elle coupable ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276 1.5. Les effets contrastés des politiques protectionnistes . . . . . . . . . . . 279 La protection des industries naissantes et vieillissantes . . . . . . . . . . 279 Les risques des politiques protectionnistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281 2. Quel avenir pour l’Europe dans la mondialisation et la régionalisation de l’économie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 2.1. Une brève histoire de la construction européenne . . . . . . . . . . . . . 283 L’Europe : un projet pour la paix et la prospérité économique . . . . . . 283 Les trois piliers de l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284 2.2. Un long processus d’intégration économique . . . . . . . . . . . . . . . . . 284 Le cercle vertueux attendu du marché unique . . . . . . . . . . . . . . . . . 284 Les « quatre libertés » dans l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . 285 Table des matières 469 2.3. Le poids de l’Europe dans l’économie mondiale et les perspectives de l’Union . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286 Le poids économique de l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286 La stratégie de croissance « Europe 2020 » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287 Mondialisation, régionalisation et intégration régionale (IR) . . . . . . . 289 Les accords régionaux et le processus d’intégration régionale (IR) . . . 290 3. Quelles sont les stratégies des firmes multinationales dans l’économie mondiale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291 3.1. La globalisation de la production : les firmes multinationales . . . . 291 Les firmes multinationales remodèlent la division internationale du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291 Firmes multinationales et investissements directs à l’étranger (IDE) . . . 291 3.2. Pourquoi des firmes multinationales ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293 Une diversité de stratégies des grandes firmes . . . . . . . . . . . . . . . . . 293 L’émergence de firmes multinationales globales . . . . . . . . . . . . . . . . 295 La mondialisation des chaînes de valeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297 Les FMN conservent néanmoins une forte dimension nationale . . . . . 298 3.3. Les firmes globales en quête d’avantages compétitifs dans la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298 Les stratégies de localisation des firmes globales . . . . . . . . . . . . . . . 298 Un nouvel impératif pour les États : l’attractivité du territoire pour les FMN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299 Les différents aspects de la compétitivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301 4. Quels sont les déséquilibres macroéconomiques et financiers internationaux ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304 4.1. Les déséquilibres globaux : un enjeu majeur pour l’économie mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304 Mondialisation de l’économie et déséquilibres macroéconomiques . . . 304 Une identité fondamentale caractérise les économies ouvertes . . . . . 306 4.2. Les déséquilibres macroéconomiques globaux : une synthèse . . . . . 313 Déficits et excédents extérieurs des nations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313 Solde commercial et compétitivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313 Politiques économiques et soldes extérieurs courants : quelques enseignements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314 5. Une régulation des échanges internationaux est-elle nécessaire ? . . . .316 5.1. La défense des principes du libre‑échange après 1945 . . . . . . . . . . 316 5.2. Les grandes institutions de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . 317 470 Comprendre les fondamentaux de l’économie Les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale) . . . . . . . . 317 L’organisation mondiale du commerce (OMC) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317 5.3. Un ensemble de régulations internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . 319 chapitre 8 Les marges de manœuvre des pouvoirs publics dans l’économie globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 321 1. Pourquoi la puissance publique intervient-elle dans la régulation des économies contemporaines ? . . . . . . . . . . . . 321 1.1. La justification de l’intervention de l’État dans l’économie . . . . . . . 321 L’allocation des ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 322 La stabilisation de l’activité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 322 La redistribution des richesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 323 1.2. Les objectifs de la politique économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 323 La croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 Le plein-emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325 L’équilibre extérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325 La stabilité des prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326 1.3. Politiques conjoncturelles et réformes structurelles . . . . . . . . . . . . 327 Actions conjoncturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 327 Les réformes structurelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330 1.4. Quelles sont les contraintes sur les politiques conjoncturelles ? . . . . 330 Les contraintes sur la politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330 Les contraintes commerciales et financières sur la politique budgétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332 2. Faut-il réduire les inégalités économiques et comment améliorer la justice sociale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336 2.1. Les différentes formes d’inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336 Les inégalités salariales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336 Les inégalités de patrimoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336 Les instruments statistiques de mesure des inégalités . . . . . . . . . . . 338 L’évolution à long terme des inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341 2.2. Inégalités et justice sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342 Une question controversée en économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342 La question du partage capital/travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344 2.3. Les inégalités et la croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 345 Les inégalités comme facteur de dynamisme économique . . . . . . . . . 345 Table des matières 471 La réduction des inégalités comme stimulant de la croissance . . . . . . 346 Quelle justice fiscale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348 3. Marché du travail, emploi, chômage et politiques de l’emploi . . . . 349 3.1. Définition, structure et évolution du chômage . . . . . . . . . . . . . . . . 349 Du travail à l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 349 Le chômage : définitions et mesures statistique et administrative . . . 350 3.2. Le fonctionnement du marché du travail : approches théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355 L’équilibre du marché du travail selon les économistes classiques et néoclassiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355 L’équilibre du « marché du travail » selon Keynes . . . . . . . . . . . . . . . 357 La théorie des équilibres à prix fixes : le débat entre chômage « classique » et chômage « keynésien » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 358 Les théories de la segmentation du marché du travail (MT) . . . . . . . . 359 Les analyses contemporaines du marché du travail . . . . . . . . . . . . . . 361 3.3. La dynamique du marché du travail : une approche empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 Pourquoi devons-nous passer d’une approche statique du marché du travail à une approche dynamique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 Un processus de « destruction créatrice » à l’œuvre sur le marché du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367 3.4. La pluralité des politiques de l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370 Les politiques ciblées sur la demande de travail . . . . . . . . . . . . . . . . 370 Les politiques fondées sur l’offre de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 379 Les politiques de l’emploi face à la « Grande Récession » . . . . . . . . . . 382 4. Système de protection sociale : architecture, fonctionnement et réformes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383 4.1. Les logiques et principes des systèmes de protection sociale . . . . . 383 Prolégomènes sur le système de protection sociale . . . . . . . . . . . . . . 383 Les logiques de l’État Providence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 384 4.2. Les modèles typiques de l’État providence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 386 Modèle bismarckien et modèle beveridgien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 386 La typologie des modèles d’État providence de Gosta Esping-Andersen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387 4.3. Le fonctionnement de l’État providence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389 Le fonctionnement vertueux de l’État providence . . . . . . . . . . . . . . . 389 La triple crise de l’État providence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389 472 Comprendre les fondamentaux de l’économie 4.4. Le système de protection sociale en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . 390 Les quatre volets du système de protection sociale . . . . . . . . . . . . . . 390 La structure par branches, risques et prestations du SPS en France : quels poids relatifs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 392 Protection sociale, assurance sociale, assistance sociale et structure du SPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393 chapitre 9 Pourquoi les crises financières et économiques reviennent-elles toujours ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395 1. Quelle est l’architecture de la globalisation financière ? . . . . . . . . . 395 1.1. L’intégration des marchés de capitaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395 Une « première mondialisation » du capital financier (1870-1914) . . . . 395 La marche vers la globalisation financière à la fin du xxe siècle . . . . . 396 1.2. La règle des trois « D » : le triptyque de la globalisation financière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 397 La domination de la finance anglo-saxonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 397 Une concurrence accrue entre les institutions financières . . . . . . . . . 397 1.3. L’organisation des marchés financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399 Les différents compartiments du marché des capitaux . . . . . . . . . . . 399 Marchés au comptant et marchés à terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400 1.4. Le rôle décisif de l’information sur les marchés financiers . . . . . . . 400 L’importance de la maîtrise de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400 Le rôle des agences de notation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401 1.5. Les gains et les risques de la globalisation financière . . . . . . . . . . 402 Les avantages attendus de la globalisation financière . . . . . . . . . . . . 402 Les risques de la globalisation financière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 403 2. Enchaînement cumulatif des crises et principes fondamentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 405 2.1. De la crise financière à la crise économique : la crise de l’économie « réelle » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 405 La globalisation financière, les interdépendances internationales et le risque systémique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 405 Le cercle vicieux des bulles et l’enchaînement des crises . . . . . . . . . 408 Les causes microéconomiques des crises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 411 Les causes macroéconomiques des crises financières et économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 413 Table des matières 473 Le difficile arbitrage entre inflation, endettement et stabilité financière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 415 2.2. Les réponses des autorités publiques face à la crise financière et économique de 2007‑2010 : l’action des banques centrales et des États . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417 Les mesures des banques centrales face aux problèmes de liquidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417 Les plans de sauvetage du système bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417 Les plans de relance des États . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 418 2.3. De la crise de la dette souveraine grecque à la crise de la zone euro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 419 Quelques rappels sur la nature et les causes majeures de la crise de la zone euro (2010-2015) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 419 La grande hétérogénéité des économies de la zone euro . . . . . . . . . . 424 2.4. Les failles institutionnelles de la zone euro : une monnaie sans État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 427 Les quatre défauts de construction institutionnelle et les défaillances de la gouvernance de la zone euro . . . . . . . . . . . . 427 La zone euro : une monnaie sans gouvernement économique . . . . . . . 430 La crise de la dette souveraine grecque comme révélateur et détonateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431 Les remèdes à cette crise multidimensionnelle sont du même type que ceux déjà présentés pour la crise financière et économique mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431 Une politique monétaire de la BCE qui ne peut pas tout . . . . . . . . . . 432 2.5. Les évolutions institutionnelles de la zone euro depuis 2010 et les perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 440 Les mécanismes de solidarité budgétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 440 L’Union bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441 Vers un approfondissement du fédéralisme budgétaire ? . . . . . . . . . . 442 La zone euro face à la stagnation et au risque de déflation . . . . . . . . 443 Vers davantage d’intégration par une politique macroéconomique d’ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 444 3. Pourquoi et comment réguler les marchés financiers ? . . . . . . . . . . 445 3.1. Le contexte : crise financière et risque systémique . . . . . . . . . . . . 445 Pourquoi une régulation financière ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 445 Les grandes instances de la régulation financière . . . . . . . . . . . . . . . 446 474 Comprendre les fondamentaux de l’économie 3.2. Les domaines d’action de la régulation financière . . . . . . . . . . . . . 448 Un programme ambitieux de régulation après la crise financière de 2007 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 448 Les progrès de la régulation financière depuis 2009 . . . . . . . . . . . . . 449 3.3. Les limites de la régulation financière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 450 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 453 Table des matières 475 LAURENT BRAQUET DAVID MOUREY COFOEC_Mise en page 1 11/05/15 16:59 Page1 « Clarté pédagogique et rigueur de l’analyse, pour comprendre les fondamentaux de l’économie ! » éré é savoirs construits selon une démarche rigoureuse, afin d’échapper à tous les poncifs récurrents et argumentations trop pressées sur de nombreux sujets clés : croissance, emploi, pouvoir d’achat, entreprise, mondialisation, Europe, environnement… L’actualité économique est débordante, foisonnante, difficile à appréhender : les problèmes économiques ont souvent plusieurs dimensions, les solutions sont complexes, les conseils nombreux, mais parfois contradictoires et les décisions se multiplient, selon des intérêts quelquefois divergents… Accéder à ce savoir n’est pas une mince affaire ! Un effort intellectuel est nécessaire, mais, plus que jamais, nous avons l’obligation de comprendre les rouages de l’économie pour exercer notre citoyenneté. Dans ces conditions, comprendre les mécanismes fondamentaux du fonctionnement de nos économies se révèle incontournable. L’économie, en tant que discipline scientifique, vise à proposer – au-delà des opinions, préférences et préjugés – un ensemble de Afin de faciliter la tâche à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce monde dans lequel ils vivent et où l’économie occupe une si grande place, les auteurs proposent un ouvrage dont la principale qualité doit être l’alchimie entre la clarté pédagogique et la rigueur de l’analyse, tout en suscitant l’intérêt du lecteur et en donnant du sens. David Mourey est professeur de SES au lycée Charles Le Chauve à Roissy-en-Brie, professeur en TD de « Politique économique » à l'UFR d'économie-gestion de Marne-la-Vallée depuis 2008, professeur à l'ISMaPP pour un cours d’ « Introduction à l'économie » depuis 2013, formateur en SES dans l’académie de Créteil, fondateur, organisateur et modérateur depuis 2005 des « Rencontres économiques » de Pontault-Combault et de Paris, Cycles de conférences, débats et colloques pédagogiques. Visitez le blog de l’auteur http://davidmourey.com et la page YouTube des « Rencontres économiques ». ISBN : 978-2-8041-9021-7 COFOEC http://noto.deboeck.com : la version numérique de votre ouvrage • 24h/24, 7 jours/7 • Offline ou online, enregistrement synchronisé • Sur PC et tablette • Personnalisation et partage Conception graphique : Primo&Primo® Laurent Braquet est professeur de SES au lycée Gustave Flaubert de Rouen, formateur en SES dans l’académie de Rouen et enseigne en classes préparatoires au concours commun des IEP. Il est l’auteur de L’essentiel pour comprendre la mondialisation, 2014 et L’essentiel pour comprendre le marché du travail, 2014. COMPRENDRE LES FONDAMENTAUX DE L’ÉCONOMIE ce L’économie est présente partout dans nos sociétés. Les sujets et les discours sur l’économie – au sens large – sont omniprésents dans les médias et, qu’on le veuille ou non, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on ne peut y échapper ! -Qu y s nas fa Pré sB è n g d’A