Chapitre 2.5.1. — Peste équine
902 Manuel terrestre de l’OIE 2008
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique :
des vaccins vivants atténués (monovalents et polyvalents) destinés au cheval, mulet et âne, sont à
l’heure actuelle disponibles dans le commerce. Un vaccin inactivé monovalent a été commercialisé
mais n’est plus disponible. De nouveaux vaccins, y compris un vaccin sous-unités, ont été évalués
expérimentalement.
A. INTRODUCTION
La peste équine (PE) (Peste equina africana, African horse sickness [AHS]) est une maladie des équidés non
contagieuse, transmise par des arthropodes, due à un orbivirus (ARN double brin) de la famille des Reoviridae.
Le genre Orbivirus comprend aussi le virus de la fièvre catarrhale ovine et celui de la maladie hémorragique
épizootique qui ont des aspects morphologiques et des propriétés biochimiques voisines alors qu’ils diffèrent par
leurs caractéristiques pathogènes et antigéniques ainsi que par les espèces affectées. La particule virale d’une
taille d’environ 70 nm n’est pas enveloppée. Le génome du virus de la peste équine (AHSV, African Horse
Sickness Virus) est formé de 10 segments double brin d’ARN, qui codent 7 protéines structurales (VP 1-7), la
plupart de celles-ci ayant été séquencées pour les sérotypes viraux 4, 6 et 9 (29, 36, 39), et 4 protéines non
structurales (NS1, NS2, NS3, NS3A) (11, 19). Les protéines VP2 et VP5 forme la partie externe de la capside du
virion, et les protéines VP3 et VP7 constituent les constituants majeurs de la couche interne de la capside. Les
protéines VP1, VP4 et VP6 sont les constituants mineurs de cette couche interne. Les protéines NS3 sont les
secondes protéines virales les plus variables (35) ; les plus variables étant la protéine majeure VP2 de la surface
de la capside. Cette protéine VP2 est aussi responsable des sérotypes viraux et, avec VP5, de l’activité de
neutralisation du virus (26). Neuf sérotypes distincts de virus de la PE ont été identifiés par neutralisation virale,
mais quelques réactions croisées ont été constatées entre les sérotypes 1 et 2, 3 et 7, 5 et 8, ainsi que 6 et 9,
mais aucune réaction croisée avec d’autres orbivirus connus n’a été observée.
La PE demeure enzootique en Afrique sub-saharienne, bien que des poussées occasionnelles aient été
enregistrées en Afrique du Nord (1965, 1989-1990), au Moyen Orient (1959-1961), et en Europe (Espagne, 1966,
1987-1990 et Portugal, 1989).
La maladie présente, à la fois une incidence saisonnière (fin de l’été, automne) et cyclique avec des pics
épizootiques en Afrique du Sud durant les accès de chaleur (1). La mortalité apparaît en rapport avec les
espèces d’équidés affectés et la souche ou le sérotype de virus en cause. Au moins deux vecteurs sont impliqués
sur le terrain : Culicoides imicola et C. bolitinos. Parmi les équidés, le cheval est le plus sensible au virus de la
PE, avec un taux de mortalité de 50 à 90 %, suivi par le mulet, avec un taux de mortalité voisin de 50 %. Dans les
régions d’enzootie africaines ; l’âne est très résistant et ne fait que des infections sub-cliniques. Cependant, en
Europe et dans les pays asiatiques, l’âne se révèle moyennement sensible et la mortalité peut atteindre 10 %.
Les zèbres sont aussi très résistants, n’extériorisent aucun signe clinique excepté de la fièvre, mais ils peuvent
présenter une virémie prolongée (jusqu’à 40 jours) (4).
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
Bien que certains signes cliniques et certaines lésions soient très évocateurs, comme par exemple l’œdème de la
fosse temporale souvent présent chez les chevaux atteints de forme subaiguë, ces signes cliniques associés à
des commémoratifs historiques et des informations épidémiologiques peuvent être suffisant pour tenter le
diagnostic. Cependant, d’autres signes et lésions sont moins spécifiques de la PE, et d’autres maladies telles que
l’encéphalose équine, l’anémie infectieuse, la pneumonie à morbilivirus, l’artérite virale équine, la babésiose et le
purpura hémorragique, peuvent être confondues avec une forme ou l’autre de la PE et doivent être écartées.
C’est pourquoi le diagnostic de laboratoire est essentiel pour confirmer le diagnostic clinique.
1. Les formes cliniques de la PE
Il existe 4 formes cliniques classiques de PE : pulmonaire, cardiaque, cardio-pulmonaire ou mixte, et fébrile pure
(7).
La forme suraiguë ou pulmonaire, qui a une incubation courte (3 à 5 jours), est caractérisée par une dyspnée
sévère et une atteinte respiratoire progressive. Une poussée aiguë fébrile, durant 1 à 2 jours et pouvant atteindre
40 à 41 °C, peut être le seul signe. Le plus souvent elle est suivie par divers degrés de détresse respiratoire – la
fréquence respiratoire peut augmenter à 60 ou même 75 respirations/min. Le sujet se tient immobile, les
antérieurs écartés, la tête tendue sur l’encolure, les naseaux dilatés. Un jetage abondant est fréquent et une toux
spasmodique peut être notée en phase terminale avec un jetage mousseux obstruant les naseaux. La mort
survient en général quelques heures après le début des manifestations cliniques, l’animal se noyant littéralement