Conduite à tenir devant une algie pelvi

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Conduite à tenir devant une algie
pelvi-périnéale en médecine manuelle
D. BONNEAU
Service de Gynécologie-Obstétrique - CHU Carémeau - Nîmes
Institut Supérieur de Thérapeutique Manuelle - 23, avenue des Lierres - 84000 Avignon
www.medecinemanuelle.fr
Lieu de convergence et d’opposition entre
force gravitaire et force de réaction du sol,
l’anneau pelvien de la femme recueille la
fécondation, protège le fœtus et constitue la
voie de passage lors de la naissance.
Pouvoir rattacher cette doléance à une souffrance d’organe, à une tension musculaire, à
une compression radiculaire ou tronculaire,
impose une connaissance des caractères
propres à chacune de ces algies.
Cette extrême richesse symbolique permet
d’appréhender la complexité de la prise en
charge des dysfonctions lombo-pelviennes de
la femme.
En opposition avec son homologue somatique, l’absence de systématisation précise de
l’innervation végétative et le caractère nébuleux des manifestations de son dysfonctionnement se manifestent par la difficulté de
l’expression des plaintes des patientes et de
leur compréhension par le médecin.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Par sa dimension manuelle, la prise en charge thérapeutique renforce la dimension émotionnelle de cette approche médicale.
Les algies pelvi-périnéales deviennent un
motif de consultation de plus en plus fréquent,
car les femmes n’acceptent plus comme une
fatalité les suites des “douleurs de
l’enfantement”.
Et cette évolution se manifeste en anatomie
par la transformation de nerf honteux en nerf
pudendal, dont la racine latine commune permet à la richesse de la langue française de
remplacer la honte par la pudeur.
La consultation d’algologie en gynécologie
demande beaucoup de méthode pour
démembrer les plaintes des patientes.
En outre, quelles que soient les dénominations triviales, familières ou anatomiques du
bassin de la femme, cette zone génère chez
l’homme, et ce depuis la nuit des temps, un
désir plus ou moins bien canalisé qui peut
laisser des cicatrices profondes et indélébiles
chez une fille, une nièce, une amie ou une
femme. Et ce non-respect peut fermer douloureusement et durablement un anneau qui
ne demande qu’à s’ouvrir pour accueillir.
Bien que le traitement manuel n’occupe
qu’une petite place dans cette prise en charge
médicale, il doit son intérêt au fait que l’on
“met le doigt où ça fait mal”, ce qui est une
étape fondamentale car elle constitue la
1 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
reconnaissance physique par le médecin de
la souffrance de la patiente.
Les techniques utilisées, paradoxalement,
passent souvent au second plan.
En effet, que l’on étire un muscle ou qu’on le
raccourcisse, que l’on décoapte une articulation ou qu’on la fasse glisser, que l’on mette
en tension un ligament ou qu’on le fasse
vibrer, l’important est de le stimuler, et ce, de
façon plurimodale. L’objectif est de réinitialiser
les capteurs dont ces différents éléments anatomiques sont pourvus. Mais à l’heure d’une
médecine basée sur les preuves, il demeure
fondamental de valider cette conception empirique, au demeurant souvent très efficace.
Pourquoi médecine manuelle et non ostéopathie ?
Le diagnostic ostéopathique repose sur la
notion de restriction de mobilité alors que pour
le médecin le signe d’appel est le plus souvent
la douleur. Ce symptôme n’est que le point de
départ d’une démarche diagnostique où
l’interrogatoire et l’examen clinique seront complétés par des examens complémentaires afin
d’établir un diagnostic positif, étiologique et
après avoir éliminé les diagnostics différentiels.
Il est bon de rappeler que l’ostéopathie est
née aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle,
issue du courant des bonesetters anglosaxons, nos cousins rebouteux d’outremanche. Le traitement manuel prolonge un
diagnostic basé sur la restriction de mobilité
des structures anatomiques, posant le problème du degré de sensibilité de l’examinateur et
l’écueil de la difficile reproductibilité inter-examinateur.
De son côté, la médecine manuelle repose
sur un diagnostic qui se doit d’être précis,
–( 2
reproductible, transmissible à l’ensemble du
corps médical et compréhensible par le
patient. Il repose sur la notion de douleur qui
est le maître symptôme d’appel. De ce diagnostic découle un traitement manuel qui
n’est qu’un complément aux autres possibilités thérapeutiques. En effet, la complexité de
la symptomatologie des algies pelvi-périnéales impose une prise en charge obligatoirement pluridisciplinaire.
En outre, le terme de médecine parallèle souligne l’aberration de certains choix.
En effet, il est préférable d’œuvrer pour des
approches médicales convergentes, centrées
sur le patient, plutôt qu’entretenir avec un certain délice les particularismes identitaires des
thérapeutes.
DIAGNOSTIC
Démembrer la douleur
Le démembrement d’une douleur en gynécologie requiert une méthodologie applicable à
toute autre localisation de l’organisme et se
fixe comme objectif potentiel, au terme de
l’examen clinique, complété par l’imagerie et
la biologie, de proposer une éventuelle thérapie manuelle associée ou non à une prescription médicamenteuse conventionnelle.
Définir la douleur
Il est important de rappeler cette définition qui
met en exergue les dimensions de la douleur
(International Association for Study of Pain)
“Expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle
ou potentielle, ou décrite dans des termes
évoquant une telle lésion”.
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
Qualifier la douleur
• Rapportée : elle se caractérise par une
localisation anatomique précise sur le trajet
d’une racine d’un nerf spinal ou d’un tronc
nerveux.
• Référée : elle ne peut être systématisée à
une structure nerveuse précise, comme
précédemment et son origine est viscérale
ou musculaire par un phénomène de
convergence spatiale soit médullaire, soit
supra-médullaire.
• Spontanée, motivant la consultation du
patient.
• Provoquée, par le patient qui en connaît
l’origine ou par le médecin qui la met en évidence au cours de son examen clinique.
• Inflammatoire : Variable sur un fond
douloureux permanent à recrudescence
nocturne.
• Mécanique : Provoquée par la mobilisation
et la marche.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
L’évolution chronologique de
la douleur
• De 0 à 6 semaines, la douleur est aiguë,
exprimant une réaction normale de
l’organisme à une agression.
• De 7 semaines à 6 mois, elle est dite subaiguë.
• Au-delà de six mois, elle est qualifiée de
chronique. Sa persistance implique
l’existence d’un syndrome douloureux chronique regroupant l’ensemble des manifestations physiques, psychologiques, comportementales et sociales, la faisant considérer comme une “maladie en soi”.
Les aspects physiopathologiques de
la douleur [12]
Douleur par excès de nociception
Ces douleurs sont liées à la stimulation des
nocicepteurs par la lésion somatique ou viscérale comme une brûlure, un traumatisme ou
lors d’envahissement cancéreux. Elle
s’exprime par des battements, des pulsations.
Le rythme peut être mécanique ou inflammatoire, la topographie régionale, l’examen neurologique est normal, car le circuit neurologique est indemne. L’antalgie nécessite
l’interruption de la transmission des influx
nociceptif. Outre l’anesthésie locale ou locorégionale, selon l’intensité, on a recours aux
différents antalgiques mais surtout ceux de
paliers 3.
La modulation de l’influx nociceptif est soit
périphérique (corne dorsale), soit centrale
(système lymbique).
Douleur neurogène (anciennement appelée
douleur de déafférentation)
Elles expriment une atteinte du système nerveux central ou périphérique. La modalité
d’expression préférentielle est la brûlure, sur
un fond continu avec des composantes fulgurantes intermittentes à type de décharge électrique, de piqûres ou de dysesthésies, tels
que fourmillements ou picotements. L’examen
neurologique périphérique ou central, peut
retrouver des signes d’hypo ou d’hypersensibilité. La composante sympathique est
souvent associée (modification de la température cutanée, sueurs, manifestations vasomotrices). Au niveau pelvien, la composante
3 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
sympathique se traduit par une sensation de
pesanteur, de gène, de lourdeur, de contraction (accouchement), de corps étranger, de
boule. Ces manifestations souvent permanentes prennent un caractère positionnel
aggravé par la miction ou la défécation, à un
moindre degré par la position assise ou
debout. L’allodynie, effleurement douloureux,
serait une sensation plus spécifique de
l’origine sympathique.
Elle relève d’un mécanisme de compression
ou désafférentation et sa topographie peut
être radiculaire ou tronculaire.
LA DOULEUR NEUROGÈNE RADICULAIRE
Elle trouve son origine en regard du segment
mobile inter-vertébral, disco-corporéal ou
zygapophysaire et beaucoup plus exceptionnellement par lésion directe de la racine, justifiant la notion de douleur référée plutôt que
rapportée.
Il est classique de distinguer le syndrome irritatif de l’atteinte déficitaire, tout en gardant
présent à l’esprit qu’un déséquilibre sympathique peut accompagner toute atteinte neurogène, se manifestant par des troubles vasomoteurs et trophiques.
LA DOULEUR NEUROGÈNE TRONCULAIRE
L’atteinte s’exprime dans le seul territoire de
ce tronc nerveux, nerf périphérique qui trouve
son origine en regard d’un plexus constitué par
plusieurs branches ventrales de nerfs spinaux.
Il s’identifie aisément par l’intégrité des fonctions nerveuses propres à la branche dorsale
(territoire sensitif et moteur), et surtout
l’absence de dérangement intervertébral.
La recherche d’un syndrome canalaire est
essentielle, conflit osseux, ligamentaire ou
tendino-musculaire.
–( 4
Douleur musculaire
Tension, contracture, crampes sont les
termes qu’emploient les patients pour définir
cette douleur. Souvent spontanée on peut la
provoquer lors de la contraction isométrique
du muscle en cause en excentrique et en
course externe.
Le syndrome myo-fascial, d’apparition posttraumatique ou posturale en est l’exemple
type. Il regroupe non seulement des phénomènes algiques, mais aussi des troubles fonctionnels. Ces douleurs et/ou phénomènes
neurovégétatifs sont dits projetés ou référés,
car situés à distance du lieu d’origine du dysfonctionnement qui siège dans le muscle et
son aponévrose, le fascia. L’identification du
muscle responsable de ces symptômes est
possible par la mise en évidence du binôme :
douleur référée – point gâchette.
Douleur idiopathique
Il s’agit des tableaux douloureux pour lesquels
aucune étiologie n’est retrouvée au terme
d’un bilan clinique et paraclinique exhaustif.
Douleur psychogène
La douleur est disproportionnée, préoccupante et invalidante. Elle s’individualise par le fait
que son existence et son intensité ne peuvent
être expliquées par les résultats d’un examen
physique complet. Il est indispensable de
compléter le bilan clinique et paraclinique par
un bilan psychopathologique.
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
ALGORITHME DIAGNOSTIQUE EN MÉDECINE MANUELLE
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Tableau 1 : Démarche diagnostique et thérapeutique en Médecine Manuelle (D.B.)
5 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
DOULEUR D’ORIGINE RACHIDIENNE
Diagnostic
Dysfonction mécanique bénigne réversible segmentaire (Robert Maigne) :
Syndrome cellulo-périosto-myalgique vertébral segmentaire
Dérangement douloureux intervertébral mineur
Trouble postural d’origine sensorielle, traumatique ou malformative :
Syndrome myo-fascial (Travell et Simons) :
Douleur projetée
Point gâchette
Traitement
Imagerie et schéma en étoile de, Maigne et Lesage favorables :
Manipulation articulaire
(Respect de la loi de la non-douleur et du mouvement contraire) (Robert Maigne)
Imagerie et/ou étoile de Maigne et Lesage non favorables :
Techniques neuro-musculaires
Décordage interépineux
Techniques cutanées
DOULEUR D’ORIGINE ARTICULAIRE PÉRIPHÉRIQUE
Diagnostic
Dysfonction révélée par l’examen programmé :
Conflit, bursite, tendinopathie, capsulopathie, chondropathie…
Mise en évidence d’un trouble postural manifesté par un syndrome myo-fascial :
Douleur projetée
Point gâchette
Traitement
Techniques articulaires
Techniques neuro-musculaires
Techniques cutanées
DOULEUR D’ORIGINE VISCÉRALE
Diagnostic
Dysfonctionnement ou pathologie organique mis en évidence :
Par l’analyse sémiologique conventionnelle :
- Interrogatoire et examen clinique palpatoire complétés par la biologie et les examens
complémentaires (imagerie, endoscopie…).
Par la recherche des dermalgies réflexes de Jarricot (zones cutanées abdominales ventrales,
douloureuses à la manœuvre du pincé-roulé, disparaissant à la guérison de l’affection).
Traitement
Techniques viscérales externes ou endo-cavitaires
Techniques cutanées
Techniques articulaires ou musculaires métamériques
Tableau 2 : Démarche diagnostique et thérapeutique en Médecine Manuelle (D.B.)
–( 6
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
Le diagnostic étiologique (tableaux 1
et 2) [3-4-5]
La démarche diagnostique emprunte le même
algorithme décisionnel employé lors de
n’importe quelle douleur somatique : cette
douleur est-elle d’origine rachidienne, articulaire périphérique ou viscérale.
L’atteinte rachidienne
L’atteinte rachidienne peut s’exprimer selon
deux modalités :
• la première, segmentaire, traduit le dysfonctionnement d’un segment intervertébral
et s’exprime sur le mode algique dans le
territoire du nerf spinal qui trouve son origine à ce niveau ;
• la seconde, posturale, manifeste un dysfonctionnement plus global en rapport avec
une anomalie telle une inégalité de longueur
ou une perturbation du système tonique
postural en rapport avec un trouble ascendant podal ou descendant, d’origine supérieure, tel un trouble de la convergence.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
L’atteinte segmentaire [9-16-23-24]
Il faut se garder de toute recette péremptoire
rattachant une pathologie à un niveau précis
rachidien sans un examen clinique complet.
En effet, l’étude de la totalité de l’appareil
locomoteur est indispensable pour porter un
diagnostic positif. L’anatomie nous a rappelé
l’importance de la jonction thoraco-lombaire
quant à son innervation somatique du pubis
mais aussi sur le plan neurovégétatif pour les
organes pelviens, car point de départ du dernier rameau communiquant blanc, d’origine
sympathique s’effectue en L2. En outre,
l’examen minutieux des zygapophyses souligne le peu de mobilité en rotation des éléments lombaires, alors que l’absence de fixa-
tion des deux dernières cotes confère une
grande mobilité en rotation aux segments
mobiles T10-T11 et T11-T12, sièges fréquents de dysfonctionnement.
Devant une douleur inguino-pubienne,
l’évocation de l’atteinte segmentaire rachidienne repose sur la recherche et la mise en
évidence par la manœuvre du pincé-roulé de
la cellulalgie, témoin de l’irritation métamérique cutanée. Cette recherche s’effectue à la
partie ventrale de l’abdomen et à la partie dorsale, dans la région paravertébrale thoracolombo-sacrale. Elle est suivie de la palpation
minutieuse des reliefs vertébraux à la
recherche du dysfonctionnement segmentaire
mécanique réversible douloureux qu’est le
dérangement douloureux intervertébral
mineur, s’exprimant dans le territoire du nerf
spinal correspondant :
! L’expression radiculaire : le syndrome
cellulo-téno- périosto-myalgique vertébral
segmentaire. Dans le syndrome vertébral
segmentaire de la jonction thoraco-lombaire
(Robert Maigne) :
• la cellulalgie occupe :
- un territoire postérieur dans la région lombaire inférieure et fessière supérieure,
- un territoire antérieur dans la région abdominale inférieure et la partie supéro-interne de la cuisse,
- un territoire latéral qui recouvre la région
trochantérienne se prolongeant parfois
jusqu’à mi-cuisse.
• Les cordons myalgiques sont plus rares et se
trouvent à la partie inférieure des droits, des
obliques et du pyramidal (à ne pas confondre
avec le piriforme en situation glutéale) et
quelquefois dans le carré des lombes ;
• La douleur périostée se retrouve sur l’hémipubis, réveillée par la friction.
! L’expression segmentaire rachidienne :
le DDIM ou dérangement douloureux intervertébral mineur :
7 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
• Après une approche globale par
l’établissement de l’étoile de Maigne et
Lesage, qui évalue les différents secteurs
de mobilité rachidienne ainsi que leurs
caractéristiques d’amplitude, de douleur…
• L’étape analytique précise l’étage rachidien
en cause, par la mise en évidence du
dérangement intervertébral mineur caractérisé par la douleur provoquée à la pression
des reliefs du segment intervertébral (processus épineux et transverse, zygapophyse) et du ligament sus et interépineux.
Remarque, pour nos confrères suisses, cette
expression segmentaire d’une modification
des structures innervées par la branche dorsale du nerf spinal est appelée zone
d’irritation.
Si l’atteinte du segment T12-L1 est le plus
classiquement en cause dans les douleurs
pubiennes, il faut se garder de toute systématisation abusive car la région thoracique
basse et l’ensemble des étages lombaires
peuvent être incriminés. En effet, l’irradiation
inguinale de la racine L5 est fréquemment
rencontrée en clinique dans les conflits par
hernie discale L4-L5.
Devant une douleur fessière ou périnéale,
la jonction lombosacrée peut être en cause,
en effet, cette aire est innervée par les racines
L5 et S1 pour la partie latérale, et par les
racines sacrées inférieures pour la partie
médiale péri-orificielles.
L’atteinte posturale globale : le syndrome
myo-fascial [22]
HISTORIQUE
JANET G. TRAVELL est un interniste, médecin
de la Maison Blanche. Elle a découvert des
points sensibles au sein des muscles dont la
–( 8
pression provoque les douleurs dont les
patients se plaignent au cours de pathologies
différentes.
DAVID G. SIMONS est médecin général de l’US
Air Force et chef de service de Rééducation
au sein de la Vétérans Administration. Il s’est
associé aux recherches de Travell.
DÉFINITION
Le syndrome myo-fascial regroupe non seulement des phénomènes algiques, mais aussi
des troubles fonctionnels.
Ces douleurs et/ou phénomènes neurovégétatifs sont dits projetés ou référés, car situés à
distance du lieu d’origine du dysfonctionnement qui siège dans le muscle et son aponévrose, le fascia.
L’identification du muscle responsable de ces
symptômes est possible par la mise en évidence du binôme
• douleur référée,
• point gâchette.
! La douleur référée
La douleur référée est une douleur provenant
d’un point détente mais ressentie dans une
zone éloignée, souvent totalement séparée
de son origine. Elle est spécifique de son
point d’origine.
Elle coïncide rarement avec le territoire
d’innervation complet d’un nerf périphérique
ou d’un dermatome.
! Le point détente
Il s’agit d’une zone d’hyperexcitabilité dans un
tissu qui, lorsqu’on lui applique une pression
suffisante, donne naissance à une douleur
référée et parfois à des phénomènes neurovégétatifs référés.
Ils se trouvent non seulement dans les
muscles et les fascias, mais aussi au niveau
ligamentaire, périosté, ou cutané.
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
Il peut être actif :
- Il est toujours sensible et il limite
l’allongement normal du muscle et sa pression réveille la douleur référée.
Il peut être latent :
- Spontanément insensible, il devient douloureux à la palpation.
à toute autre articulation de l’organisme et se
fixe comme objectif potentiel, au terme de
l’examen clinique complété par l’imagerie et la
biologie, de proposer une éventuelle thérapie
manuelle associée ou non à une prescription
médicamenteuse conventionnelle.
La recherche du point détente :
• Repérage du muscle par une contraction
isométrique.
• Évaluation de son extensibilité passive,
l’hypo extensibilité du muscle étant particulièrement évocatrice de ce syndrome.
• Palpation pulpaire distale et déplacement
du doigt selon le grand axe du muscle :
- Mise en évidence de la bande palpable
comme un cordon tendu au milieu de
fibres musculaires détendues ;
- Au sein de cette bande, on recherche le
point de plus grande sensibilité qui est le
point détente ;
- Si la palpation à plat est la règle, on peut
aussi, pour certains muscles, réaliser une
palpation par pincement.
LES PLAINTES
L’application d’une pression suffisante sur le
point détente peut produire deux phénomènes :
• Le sursaut du patient,
• Une réaction de secousse musculaire
localisée.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
L’atteinte articulaire périphérique
Une douleur en regard de l’anneau pelvien
peut aussi trouver son origine dans une atteinte des articulations qui le constitue, articulations coxo-fémorale, sacro-iliaque, symphyse
pubienne et articulation sacro-coccygienne.
Pathologie de la coxo-fémorale [7-13-19]
Le démembrement d’une douleur de la
hanche requiert une méthodologie applicable
Après avoir éliminé une étiologie rachidienne,
l’examen programmé de la hanche permet de
préciser la structure de l’articulation impliquée
dans la manifestation douloureuse.
La séméiologie de la coxalgie et de la coxarthrose est un des piliers de nos études médicales rhumatologiques, aussi elle ne sera pas
détaillée dans ce chapitre.
La douleur inguinale irradiant au genou est
typique de la hanche, une insuffisance cotyloïdienne s’exprimant souvent plus simplement par une douleur latéro-fessière sus-trochantérienne, alors que la douleur de la
coxarthrose protrusive sera plus volontiers
inguinale profonde parfois même abdominale
basse.
Nous ne détaillerons pas l’examen programmé,
parfaitement décrit par nos maîtres en traumatologie du sport, mais on entrouvrira les portes
de l’analyse des dysplasies radiologiques.
Outre la douleur, les motifs de consultations
sont nombreux telle la boiterie qui peut être
due à une douleur, un déficit musculaire ou
une raideur.
• Douleur
- à la marche,
- au repos, la nuit,
- lors du passage assis debout,
- lors de certains mouvements…
• Raideur douloureuse ou non :
- primitive,
- secondaire.
9 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
• Craquement et ressaut :
- volontaire ou non,
- douloureux ou non,
- en actif ou en passif,
- reproductible ou non,
- avec ou sans latence.
EXAMEN PROGRAMMÉ
L’examen programmé de la hanche doit être
intégré à tout bilan rachidien, car appartenant
au plan pelvien et sous-pelvien, socle de la
colonne vertébrale.
L’évaluation d’une inégalité de longueur des
membres inférieurs permet de comprendre
une douleur latéro-fessière du côté du
membre inférieur long par insuffisance relative de couverture cotyloïdienne.
! Mesure des amplitudes en mobilisation
active globale puis analytique passive
Les amplitudes actives sont toujours inférieures aux passives, et dans leur mesure, il
est fondamental de stabiliser le bassin.
• Flexion :
- genou étendu : 90°
- genou fléchi : 120°
• Extension : - de 15 à 25 °
• Abduction : - 45°
• Adduction : - 30°
• Rotation latérale : - 50°
• Rotation médiale : - 40°
! Recherche des tendinopathies
L’évolution actuelle conduit à examiner la
hanche à la manière de l’épaule en termes de
conflit, de tendinopathie, comme le montre les
images remnographiques de rupture tendineuse du moyen fessier, souvent mésestimée
et dont le retentissement est grand sur la
coaptation de la hanche.
–( 10
Le diagnostic de tendinopathie est porté par la
trilogie habituelle :
• de la palpation douloureuse sur le trajet et
les insertions,
• douleur lors de l’étirement passif,
• douleur lors de la contraction isométrique
nécessitant d’être réalisée en situation de
résistance excentrique dans le segment
externe de la course articulaire :
- adducteurs,
- ischio-jambiers,
- pelvi-trochantériens,
- moyen fessier.
! Recherche de rétraction tendineuse
• Recherche de rétraction capsulaire, dont le
schéma est le suivant (hiérarchie de la limitation des amplitudes Rotation Médiale, F,
ABD, ADD, E, Rotation Latérale).
• Recherche d’un syndrome myo-fascial
positionnel, rarement isolé, s’intégrant
souvent à un début de souffrance de
l’articulation.
• Recherche d’une atteinte du labrum, d’un
conflit en flexion adduction et rotation
médiale.
• Recherche de ressaut en passif et en actif.
• Recherche de bursite dont le caractère brutal et inflammatoire est évocateur.
• Recherche par la manœuvre de compression pelvienne d’une fracture de fatigue.
On distingue classiquement dans les pathologies de la hanche les synovites, les tendinopathies et les bursites, les fractures de fatigue
touchant aussi bien le col fémoral que l’os
coxal, les hanches à ressaut (droit fémoral,
fascia lata, psoas…), les algodystrophies, les
ostéonécroses qui ne sont pas seulement
d’étiologie vasculaires ou métaboliques mais
aussi post-contusives.
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
PATHOLOGIE
OSTÉO-CARTILAGINEUSE
LES DYSPLASIES
!
: TRAQUER
Traquer la dysplasie est un objectif primordial
de tout médecin manuel confronté à une souffrance de hanche en priorité chez les sportifs
où les mouvements extrêmes sont courants.
COTYLOÏDIENNE
Elle est classiquement identifiée par la coxométrie radiologique évaluant l’angle de couverture, la morphologie du talus…
Les dysplasies cotyloïdiennes :
• “Les vraies” sont enseignées en orthopédie
infantile et en rhumatologie lors du diagnostic étiologique d’une coxarthrose.
• “Les relatives” sont moins connues et se
retrouvent dans les inégalités de longueur
des membres inférieurs à partir de 20 m/m
chez le sédentaire et souvent pour une différence moindre chez le sportif notamment
le coureur de fond.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Ce défaut de couverture relatif du côté du MI
long s’étudie sur les clichés radiographiques
pris de face en charge en veillant à ce que le
patient verrouille les deux genoux pour éviter
la tentative de correction spontanée par un
flessum du côté court et un recurvatum du
côté court (fig. 1).
MÉTAPHYSAIRE ET ÉPIPHYSAIRE
Moins systématiquement recherchée, elle
n’en est pas moins d’un intérêt majeur.
La coxo-fémorale est constituée d’une sphère
pleine se mouvant dans une sphère creuse,
dispositif biomécanique de rotule (3ADT,
3DLA) autorisant une rotation centrée parfaite.
Toute dysplasie génère une planéité responsable d’une translation délétère d’où une
usure précoce.
LES DYSPLASIES MÉTAPHYSAIRES
Coxa magna, coxa vara ou rétroversion du col
nécessite une coxométrie précise complétée
par une analyse tomodensitométrique avec
ou non de reconstruction tridimensionnelle.
LES DYSPLASIES ÉPIPHYSAIRES (fig. 2)
Elles se caractérisent soit par un trouble de la
sphéricité de la tête, prenant l’aspect typique
de tête phallique (conflit avec effet tenaille),
qui est la source d’un conflit articulaire le plus
souvent antérieur, soit la tête est bien ronde et
c’est le col qui vient buter en fin de flexion sur
le labrum (conflit avec effet came)
Fig. 2 : Dysplasie épiphysaire : tête phallique
Fig. 1 : ILMI : asymétrie de couverture cotyloïdienne
11 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
CONFLIT AVEC EFFET CAME
La tête du fémur n’a plus un rayon constant,
mais, à sa partie antérieure ce dernier augmente créant une bosse et un méplat à la
jonction tête col. Cet effet de came est source
de conflit en flexion constituant une hyperpression sur le cartilage antérolatéral du cotyle et en regard sur le cartilage céphalique. Le
labrum n’est paradoxalement lésé que plus
tardivement, vraisemblablement grâce à ses
propriétés élastiques qui absorbent dans un
premier temps les contraintes.
Progressivement apparaissent les ostéophytes qui majorent le conflit, le pincement
cartilagineux prédomine en polaire supérieur
puis la tête se subluxe vers l’avant.
CONFLIT AVEC EFFET TENAILLE
Lors de la flexion peut se produire une décoaptation de la partie postérieure de l’articulation
et lors du retour en extension la tête vient taper
sur la paroi postérieure du cotyle. Ce type de
conflit génère une arthrose postérieure.
Ne pas oublier : Quel que soit le conflit, le
labrum et cartilage sont les premiers à
souffrir, mais ce sont les muscles qui sont
les premiers à le dire !
HANCHE ET SYNDROME MYO-FASCIAL
Le syndrome myo-fascial (Travell et Simons)
- douleur projetée,
- point gâchette,
- hypo-extensibilité musculaire.
Il traduit un déséquilibre postural siégeant soit
au niveau rachidien soit au niveau articulaire
périphérique. Il s’individualise du SCTMVS de
RM par l’absence de cellulalgie. Mais en fait, il
est souvent intriqué à une pathologie segmentaire rachidienne. Artificiellement distingués des
coxopathies, ils traduisent une pathologie
d’origine musculaire déclenchée par une position entretenue en raccourcissement des
muscles soit au décours d’un traumatisme soit
dans le cadre d’un désordre postural. Nous les
rappelons dans ce chapitre en raison de la qualité de la description et la richesse de la sémiologie présentée par Travell et Simons (fig. 3).
Pubalgie [5]
La symphyse pubienne, articulation cartilagineuse entre les deux os coxaux, est un carrefour stratégique anatomique et fonctionnel
entre rachis et membres inférieurs.
Fig. 3 : Le syndrome myo-fascial du psoas (d’après Janet Travell)
–( 12
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
La pubalgie tire de cette situation toute la
richesse de sa clinique et de ses étiologies.
Le traitement manuel ne peut être univoque.
CLINIQUE
Les formes cliniques habituellement décrites
(arthropathie pubienne, tendinopathie des
adducteurs, insuffisance pariétale abdominale
de l’orifice inguinal) ne sont que les manifestations focales d’un déséquilibre qui doit être
précisé et analysé.
En effet, une tendinopathie est la traduction
d’une dysfonction d’une articulation ou d’une
chaîne musculaire.
Pour les adducteurs, leur tendinopathie peut
être la traduction d’une coxopathie débutante
mais aussi un déséquilibre musculaire du plan
sous-pelvien (schéma en varus et hypertonie
du plan postérieur).
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Aussi une douleur pubienne médiane ou latérale doit conduire à une démarche clinique
étiologique rigoureuse pour différencier la
dysfonction rachidienne, articulaire périphérique ou viscérale.
LA MALADIE DES ADDUCTEURS
Tendinopathie ou atteinte de la jonction musculo-tendineuse, la douleur est plutôt souspubienne. La palpation des insertions des
adducteurs est douloureuse, de même que la
contraction isométrique et l’étirement passif.
La radiologie est le plus souvent normale,
mettant en évidence quelquefois un remaniement de la zone d’insertion à type de déminéralisation, voire de condensation ou d’aspect
hérissé :
• Simple remaniement osseux en regard de
l’insertion des adducteurs,
• Condensation de la branche ischio-pubienne,
• Condensation et irrégularités des contours
de la branche ischio-pubienne,
• Calcifications sur le trajet des adducteurs
et remaniements de la branche ischiopubienne.
Le traitement médical est souvent efficace
basé sur une rééducation corrigeant les
troubles posturaux et dominée par les étirements. L’obtention d’une extensibilité normale
par les étirements est le préalable indispensable à toute musculation.
L’OSTÉO-ARTHROPATHIE PUBIENNE
Arthropathie microtraumatique de la symphyse pubienne, elle se caractérise par une
douleur pubienne. L’examen réveille la douleur à la palpation de la symphyse pubienne,
lors de la mobilisation en cisaillement des
deux os coxaux. Il peut parfois mettre en
évidence un ressaut pubien en appui monopodal alterné.
La radiologie peut être contributive par la mise
en évidence d’une image de déminéralisation
et de remaniement de l’interligne à type de
pseudo-arthrite :
• sclérose des berges symphysaires,
• formations de géodes fermées et ouvertes
dans l’articulation,
• aspect en timbre-poste avec élargissement
de l’interligne,
• aspect lytique des berges avec élargissement et instabilité symphysaires.
Le traitement médical est souvent efficace au
prix d’une modification des efforts.
LA PATHOLOGIE PARIÉTALE ABDOMINALE
Due à une déficience pariétale, la douleur est
essentiellement sus-pubienne. L’examen
retrouve une palpation douloureuse des insertions des droits et des obliques avec perception d’un état pré-herniaire des orifices inguinaux. Douleur exacerbée par la toux et les
éternuements. La contraction isométrique des
abdominaux est douloureuse.
La radiographie est normale et l’échographie
est rarement contributive révélant une insuffisance de contention de l’anneau inguinal.
13 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
En cas d’échec du traitement médical, la solution chirurgicale apporte une rapide guérison.
EXAMEN
• Statique en position debout de face et de
profil pour définir le type morphologique des
membres inférieurs en varus ou en valgus,
l’existence d’une ILMI, apprécier les courbures rachidiennes et le positionnement du
bassin ;
• Dynamique en étudiant la marche (déroulement du pas, jeu patellaire…), la cinétique
rachidienne (étoile de Maigne) ;
• Analytique rachidien recherche d’un DDIM
thoraco-lombaire ou lombaire bas (irradiation inguinale de L5 par le nerf Furcal), syndrome cellulo-téno-myalgique T12-L1) ;
• Analytique articulaire :
- examen programmé de la hanche,
- examen de la sacro-iliaque et symphyse
pubienne,
- recherche des points-détentes musculaires ;
• Viscérale par les dermalgies réflexes de
Jarricot (et l’on retrouve le plus souvent une
sensibilité de l’appareil urinaire, uro-génital
ou digestif).
IMAGERIE
Elle est spécifique des organes et éléments
squelettiques précités.
FORMES CLINIQUES ATYPIQUES
“La pubalgie rachidienne” :
- La douleur latéro-pubienne peut s’associer à
une dysesthésie des organes génitaux
externes, une lombalgie, ou une douleur de
la face latérale de la cuisse.
- L’examen retrouve la cellulalgie fessière
haute et inguinale, le signe de crête, ainsi
que le DDIM thoraco-lombaire.
–( 14
- Le traitement manipulatif structurel de la
jonction thoraco-lombaire, fonction du schéma en étoile et de l’analyse analytique (“trait
haut et trait bas d’Yvon Lesage”) peut être
complété par un TTT fonctionnel musculaire
du carré des lombes et du psoas.
“La pubalgie coxo-fémorale” :
- La douleur inguinale peut irradier au genou,
et à la face médiale des cuisses ;
- L’examen révèle des signes coxo-fémoraux,
telle la limitation douloureuse de la flexionrotation médiale de hanche en association
avec les signes classiques de tendinopathie
des adducteurs, mais s’attachera à rechercher des points détentes sur les muscles
courts tels les pelvi-trochantériens ;
- Le traitement manuel portera sur la hanche
(TGO, décoaptation, TAMI), les muscles
périarticulaires, les articulations de l’anneau
pelvien (SP, SI), mais saura s’élargir à
l’ensemble fonctionnel pelvi-rachidien et
sous-pelvien. Il sera complété par des
conseils rééducatifs (hygiène de vie, rodage
articulaire), une correction par orthèses plantaires (si nécessaire) et un avis chirurgical en
cas de dysplasie ou de dégâts irréversibles.
- La pubalgie viscérale correspond à une projection douloureuse des organes le plus
souvent urogénitaux.
TRAITEMENT
Il est non seulement étiologique mais aussi
préventif (rééducation adaptée, port de
semelles orthopédiques).
Pathologie sacro-iliaque [15-20-25]
CLINIQUE
La description propédeutique la plus éloquente de cette pathologie est celle de la sacro-iliite brucellienne qui a nourri nos cerveaux de
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
carabins méditerranéens. Par ailleurs, les
atteintes de cette articulation au décours des
rhumatismes inflammatoires sont riches
d’enseignement. En outre, ces deux pathologies sont enveloppées d’autres signes cliniques évocateurs de leur origine infectieuse
ou inflammatoire.
En pathologie locomotrice mécanique courante, suspecter un dysfonctionnement de ce
joint repose sur des éléments cliniques difficiles à distinguer d’une provenance lombaire
ou lombosacrée.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Le trépied qui doit faire penser à cette hypothèse étiologique :
• Douleur fessière pouvant irradier dans la
loge postérieure de la cuisse jusqu’au
genou rappelant une sciatique tronquée,
• Douleur à la marche entraînant un raccourcissement du pas postérieur, générant parfois la remarque de la patiente, souvent une
parturiente “de marcher en canard”,
• Douleur se majorant en appui monopodal,
d’autant plus lors du saut unipodal.
Les tests anesthésiques ont montré le peu de
spécificité des tests décrits plus loin qui n’ont
qu’une valeur d’orientation. Pour certains, la
recherche d’un point douloureux en regard de
la sacro-iliaque demeure le plus simple et le
plus précis.
Nous décrirons ces tests, de valeur historique
plus que clinique, qui orientent vers un dysfonctionnement du segment lombo-pelvifémoral, en respectant les différents de
l’examen clinique :
• Lors de la marche : Raccourcissement du
pas du côté pathologique
• Debout le dos tourné au médecin : RotesQuerol :
• En appui monopodal, l’examinateur appuie
sur les épaules pour majorer les contraintes
sur la SI en charge et provoquer la douleur :
Spine test de Kirkaldy (fig. 5).
L’examen est d’autant moins significatif que
l’on décrit une multitude de signes “typiques”,
meilleure manière d’exprimer leur peu de
spécificités.
Le plus simple demeure le P4 test (Posterior
Pelvic Pain Provocation Test). Il consiste, sur
une patiente en décubitus, de fléchir la hanche
à 90° et d’exercer une pression axiale afin de
réveiller la douleur postérieure (fig. 4).
Fig. 5 : Spine test de Kirkaldy
Fig. 4 : P4 test : Posterior Pelvic Pain Provocation test
• Pouce sur les EIPS, le médecin demande
au patient de se mettre successivement en
appui monopodal sur un pied puis sur
l’autre en relevant le genou, positionnant le
fémur à l’horizontale,
• Normalement le pouce situé sur l’EIPS du
membre inférieur relevé descend, il exprime
une dysfonction sacro-iliaque s’il monte :
Piedallu (fig. 6).
15 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
- Test de FABRE ou de Patrick (fig. 8)
Rappelons que le nom de FABRE n’est pas
un nom propre mais le moyen mnémotechnique traduit de l’anglais : Faber Test :
F pour Flexion
AB pour abduction
ER pour external rotation ou RE pour rotation
externe
Ce qui donne en français FABRE
Fig. 6 : Test de Piedallu
• Sujet debout de dos en appui bipodal, le
médecin applique ses pouces sur les deux
EIPS,
• Puis le patient se penche en avant, normalement les deux EIPS ascensionne de
manière symétrique, le défaut d’ascension
évoque une pathologie sacro-iliaque.
• Assis :
- Piedallu assis :
. Dans cette position, le segment sous
pelvien est supprimé focalisant l’examen
sur le segment lombo-pelvien
• Décubitus :
- Manœuvre d’écartement et de rapprochement des ailes iliaques (fig. 7)
Fig. 8 : Test de Fabre
. Hanche en flexion, abduction et rotation
latérale, le médecin appuie sur le genou
tout en fixant l’aile iliaque controlatérale.
L’absence d’atteinte de la coxo-fémorale
permet de tester la sacro-iliaque qui
deviendra douloureuse lors de ce test.
Fig. 7 : Manœuvre d’écartement et de rapprochement iliaque
–( 16
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
- Signe de Laguerre :
. Flexion de la hanche à 90°, appui axial
sur les condyles fémoraux
- Test de Mennell :
. Fesses en bout de table, hanche controlatérale en hyperflexion le médecin provoque une hyper extension de la hanche
controlatérale
• En latéro-cubitus
- Test de Mennell
- Test de Gaenslen
. Prise de l’ischion associée à une rétropulsion de l’ilion “en volant”
• En procubitus
- Test de Mennell :
. Le praticien soulève le membre inférieur
par une prise au-dessus du genou provoquant une hyper-extension et selon la
position du contre-appui provoque un
cisaillement :
. de la coxo-fémorale par un contreappui ischiatique,
. de la sacro-iliaque par un contre-appui
sacré,
. de la jonction lombosacrée par un
contre-appui lombaire bas.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
LE COMPLEXE LOMBO-PELVI-FÉMORAL [6-7-13]
Si la sémiologie radiologique de l’atteinte
dégénérative ou microtraumatique segmentaire rachidienne et pelvienne est bien décrite,
l’équilibre sagittal et son retentissement fonctionnel sont parfois moins connus.
L’évaluation de l’incidence, détaillée dans le
chapitre sur les principes thérapeutiques, est
fondamentale dans le cadre du bilan étiologique. L’incidence est une constante à partir
de l’âge adulte. Somme de la version pelvienne et de la pente sacrée, si cette dernière
diminue du fait du vieillissement et de la perte
de la lordose lombaire, la version pelvienne
va se majorer, ce qui a pour conséquence la
verticalisation de la filière génitale mais aussi
augmenter les contraintes subies par les articulations de l’anneau pelvien.
L’atteinte viscérale gynécologique :
les algies pelvi-périnéales de la
femme [17]
L’expression de la souffrance d’un organe par
une douleur projetée à la surface du corps est
la base de notre enseignement de séméiologie
clinique. L’explication de cette manifestation
est classiquement rattachée aux convergences
entre innervation somatique et viscérale.
• Nous ne ferons que citer, sur le plan digestif :
- Abcès, hémorroïdes, fistule ou fissures
anales sont des motifs de consultation qui
après un interrogatoire précisant les circonstances de survenue permettent au
terme de l’examen clinique de proposer
un traitement adapté.
- La proctalgie fugace est plus délicate à
diagnostiquer et surtout à traiter et semble
de plus en plus intriquée dans un contexte de désordre végétatif périnéal dont
l’origine n’est pas seulement psychogène.
En effet, un facteur irritatif initial, bactérien, traumatique ou mycosique peut
générer une réaction de défense qui
s’emballe conduisant secondairement à
une autonomisation de la dysfonction
végétative locale.
• Sur le plan urinaire :
- Les manifestations infectieuses aiguës ne
posent pas là aussi des difficultés diagnostiques, mais cystites sans germe ou
cystites interstitielles amènent le médecin
à s’interroger sur la communauté de
points qui existent entre prostatite amicrobienne et proctalgie fugace. Ne serait-ce
pas un emballement neurovégétatif réactionnel à une agression microbienne ou
mycosique ?
17 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
L’endométriose
L’endométriose est une pathologie couramment rencontrée dont les manifestations sont
multiples en rapport avec ses localisations
variées. Source de dysménorrhées, de dyspareunies profondes mais surtout de douleurs
pelviennes chroniques, elle doit être le diagnostic à évoquer d’emblée tant ses modalités d’expression sont trompeuses et sa prise
en charge spécialisée.
Elle prend l’aspect classique de dysménorrhées secondaires (2e ou 3e jour du cycle)
apparaissant au cours de la troisième décade,
s’aggravant progressivement. Mais ces douleurs peuvent être intermenstruelles mais
aussi sans rapport avec le cycle.
En fait, il faut toujours y penser !
Il est fondamental de savoir que les thérapeutiques manuelles n’ont pas d’action directe sur
cette affection, mais il est fréquent de noter des
dysfonctionnements vertébraux associés dont
le traitement apporte un soulagement dans certaines manifestations de cette maladie.
Les infections chroniques
Elles tirent de leur traitement difficile et de leur
récidive, leur caractère invalidant. Elles induisent fréquemment des séquelles douloureuses
de traitement délicat, d’autant que les prélèvements sont négatifs posant le problème de
l’emballement neuro-végétatif de plus en plus
évoqué dans les algies pelvi-périnéales.
Les algies inguino-vulvaires
De diagnostic délicat, il est fondamental de
distinguer le prurit, majoritairement organique,
aux brûlures dont l’étiologie peut aussi bien
–( 18
traduire une étiologie neurologique sympathique qu’une perturbation psychogène.
Les vulvodynies imposent un examen minutieux pour détecter les modifications trompeuses de la muqueuse. Pathologie invalidante touchant souvent la jeune femme. La lésion
siège souvent en regard de la fourchette,
zone extrêmement vulnérable lors des rapports sexuels, Cette vulnérabilité est responsable d’une réaction de contracture des releveurs, véritable trismus du périnée, et à la
base de la dyspareunie d’intromission.
Il ne faudra pas oublier, en cas d’intégrité de
la vulve, de rechercher un dysfonctionnement
de la jonction thoraco-lombale qui entraîne
classiquement un syndrome cellulalgique
dans la région inguinale qu’il ne faudra pas
rattacher à une étiologie uniquement tronculaire (nerf ilio-inguinal, ilio-hypogastrique ou
génito-fémoral). En effet, la mise en évidence
du DDIM éliminera une éventuelle compression pariétale du nerf ilio-inguinal ou ilio-hypogastrique.
Les varices pelviennes [17-21]
Définie comme une douleur pelvienne chronique non spécifique, sans substrat inflammatoire, infectieux et l’absence d’endométriose
dont l’évolution est marquée par une absence
de réponse aux traitements classiques. Le
caractère postural, majoré en fin de journée et
à la station debout manque souvent. Là aussi,
il faut y penser afin de demander les examens
vasculaires adaptés. L’echo-Doppler peut être
complété par des modalités plus invasives.
Les dyspareunies
Leurs étiologies sont très nombreuses, rendant notre propos limité.
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
Sur le plan locomoteur, certaines dyspareunies d’intromission peuvent être un mode
d’expression d’un dysfonctionnement thoraco-lombaire. Les dyspareunies profondes
orientent plus, sur le plan rachidien, vers une
atteinte lombosacrée.
Mais des accouchements difficiles peuvent
léser des structures de fixations cervico-isthmiques utérines ainsi que le plancher périnéal, dont la cicatrice hypo-élastique peut être
traitée par des techniques réflexes ainsi
qu’une rééducation spécifique.
Le syndrome de Master et Allen traduit une
insuffisance des moyens de fixation de la
zone cervico-isthmique, notamment des
ligaments utéro-sacrés. Il s’exprime par des
douleurs pelviennes basses médianes, postérieures, d’appui périnéal, augmentées à la
station assise prolongée, à la fatigue.
L’examen retrouve, au toucher pelvien, une
rétroversion et une hypermobilité douloureuse, et une douleur aux points d’insertion
ligamentaire.
Les dysménorrhées
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Il s’agit des douleurs lombo-pelviennes qui
surviennent au cours des règles ou immédiatement auparavant.
Outre les étiologies classiques d’endométriose et des obstacles à l’écoulement du flux
menstruel, le diagnostic de dysménorrhée
fonctionnelle est le plus souvent retenu. Le
rôle des phénomènes locaux vasomoteurs et
neurovégétatifs est le plus souvent envisagé.
Un examen rachidien et pelvi-fémoral est indispensable car des dysfonctions segmentaires
peuvent aggraver ces manifestations. Un traitement manuel suivi d’exercice d’auto-rééducation des muscles lombo-pelvi-fémoraux peuvent améliorer cette symptomatologie.
Coccygodynie [14]
Développée dans un autre chapitre, nous
nous limitons aux aspects cliniques qui doivent orienter vers ce diagnostic. Le coccyx
subit quotidiennement des mouvements de
flexion-extension lors du passage de la position assise à la position debout, et, chez la
femme un mouvement important d’extension
lors de l’accouchement.
Sur le plan clinique, la coccygodynie
s’exprime par des douleurs profondes siégeant dans la région coccygienne, elle se
caractérise aussi :
• Par ses irradiations ischiatiques et parfois
périnéales (à différencier d’une atteinte du
nerf pudendal) ;
• Par son déclenchement :
- lors de la position assise, soit d’emblée
soit après un temps de latence de
quelques minutes,
- lors du passage assis-debout :
- la douleur lors du relever est l’élément clef
de l’instabilité coccygienne.
La recherche du facteur déclenchant est un
élément fondamental du diagnostic (chute,
traumatisme direct ou accouchement),
l’obésité est un facteur favorisant. Le contexte
psychologique ne doit pas être négligé, ne
serait-ce qu’en rapport avec le type de traitement utilisé. Nous ne reviendrons pas sur les
traitements médicamenteux classiques ou les
infiltrations (intra-discale, du hiatus sacro-coccygien ou de l’apex) mais insisterons sur le
traitement manuel.
• Après avoir éliminé une douleur référée
lombo-sacrée accessible à une manipulation de ce joint, la manipulation consiste, par
un abord intra-rectal de l’index, classiquement, sujet en position “genu pectorale” :
- dans un premier temps étirement myotensif des releveurs de l’anus,
- massage à type de pression glissée sur
les releveurs,
19 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
- puis mobilisation en extension, la pulpe
distale de l’index appliquée sur le sacrum,
le coccyx maintenu en extension durant
une trentaine de secondes, jusqu’à la perception d’un relâchement (à renouveler à
une semaine d’intervalle deux fois).
Dans notre pratique, nous préférons la position plus confortable en latéro-cubitus ou en
position gynécologique.
En général, la névralgie est isolée sans
trouble vésico-sphinctérien ou ano-rectal.
Névralgie du nerf pudendal [1-2-6-10-11-18]
Leur présence doit faire éliminer une atteinte
radiculo-plexique ou médullaire (IRM +++).
Développée dans un autre chapitre, nous ne
décrirons que les aspects cliniques notables.
Cette pathologie, connue depuis près d’un
siècle, a bénéficié d’un démembrement
exhaustif ces dernières années.
L’examen clinique est souvent pauvre ne mettant pas en évidence de trouble objectif de la
sensibilité du périnée. Il a été noté un trouble
de la perception de la chaleur. Les réflexes
bulbo-caverneux et anaux sont présents.
Le morphotype lombo-pelvien défini par
l’évaluation de l’incidence, somme de la pente
sacrée et de la version pelvienne semble être
un facteur prédisposant. Une version pelvienne élevée s’exprime par une verticalisation de
la filière génitale.
Le toucher rectal déclenche une douleur
exquise en regard de l’épine sciatique.
Les signes cliniques sont dominés par des
paresthésies ou des brûlures, dans les trois
territoires (scrotum, verge et urètre chez
l’homme, clitoris, bulbe du vagin, grandes
lèvres et urèthre chez la femme, zone anorectale). Ces torsions, strictions, pincement
avec élancements sont très mal soulagées
par les antalgiques habituels. Les patientes
parlent aussi de gène, d’engourdissement ou
de fourmillements.
Son mode d’installation est le plus souvent
insidieux, mais peut être rattaché à un épisode aigu tel un geste chirurgical ou une infection loco-régionale.
Le caractère postural est évocateur :
- majoré par la position assise,
–( 20
- amélioré par la station debout, la marche et
le décubitus.
- calmé en décubitus, les réveils nocturnes
sont rares, la douleur apparaît dans la matinée et s’aggrave dans la journée,
- la miction ou la défécation peuvent être un
élément déclenchant ou d’aggravation.
Les examens électriques sont au tout premier
plan. L’exploration électro-physiologique du
périnée peut montrer des signes de dénervation périnéale, une augmentation de la latence du bulbo-caverneux et surtout une augmentation de la latence du nerf pudendal à la
stimulation par voie endo-rectale au contact
de l’épine sciatique. L’exploration par échoDoppler de l’artère pudendale.
Les trois niveaux de compression :
• La compression au niveau du canal musculo-ostéo-aponévrotique constitué par
l’ischion et l’obturateur interne (canal
pudendal ou canal d’Alcock) est souvent la
cause surtout chez le cycliste, et ce de
façon aiguë ou chronique.
• Le conflit peut aussi se situer en regard de
la pince ligamentaire entre les ligaments
sacro-épineux et sacro-tubéreux.
• Enfin, il peut être comprimé dans la fosse
ischio-rectale.
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
Les troubles de la statique pelvienne :
Les rétrodéviations [8]
On rassemble sous le terme de trouble de la
statique pelvienne toute déviation, malposition ou désinsertion utérine ainsi que les prolapsus génitaux. Ces derniers sont classiquement moins douloureux que les premiers.
Les rétros déviations sont classiquement les
plus douloureuses, mais cette déviation peut
être secondaire à une cause douloureuse par
elle-même telle une déchirure ligamentaire,
un état adhérentiel ou une tumeur du fond
utérin.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Mais ces anomalies de position de l’utérus ne
sont pas systématiquement pathologiques,
mais elles le deviennent lorsqu’elles sont
génératrices de symptômes.
Sémiologiquement, elles se manifestent par :
• Algoménorrhée, soit des douleurs en période prémenstruelles s’accentuant au début
des règles associées à un écoulement peu
abondant.
• Dyspareunie profonde, quasi-permanente
pouvant se majorer en période prémenstruelle ou ovulatoire et s’atténuer lors des
rapports en position postérieure.
• Douleur pelvienne non cyclique majorée
lors de la position debout prolongée ou
assise, et pouvant s’accentuer à la fatigue
et se calmer en procubitus.
• Troubles vésicaux ou rectaux en rapport
avec la position sous vésicale du col et la
bascule postérieure du fond utérin.
En dehors de la grossesse, lorsque l’utérus
conserve ses moyens de fixité intacts, dans le
plan sagittal, l’axe du corps forme un angle
ouvert vers l’avant de 100 à 120° par rapport
au col (angle d’antéflexion). Le col forme un
angle de 100° avec l’axe du tiers supérieur du
vagin, angle d’antéversion. Par rapport à cette
situation physiologique, on décrit, classiquement, trois degrés de retrodéviation :
• Stade 1, ces angles disparaissent et
l’utérus se trouve en position intermédiaire.
• Stade 2, ces angles sont ouverts en arrière
et le fond utérin est dirigé vers le sacrum.
• Stade 3, à l’ouverture des angles vers
l’arrière vient se surajouter la bascule vers
le bas du fond utérin.
On distingue la rétroflexion qui est la plicature
en arrière du corps sur le col de la rétroversion qui est la bascule de l’ensemble de
l’utérus ce qui entraîne une modification de
l’orientation du col dont l’orifice ne regarde
plus en arrière mais dans l’axe du vagin sous
la base vésicale.
Mais il existe des degrés divers d’association
de rétroflexion et rétroversion.
Ces déviations peuvent être congénitales en
rapport avec une hypoplasie des moyens de
suspension de l’utérus mais aussi acquises
par déchirure ligamentaire, un état adhérentiel
ou une tumeur du fond utérin.
A l’extrême, on retrouve des désinsertions utérines s’exprimant par une hyper-mobilité du col.
Les données de l’examen clinique précisent le
diagnostic :
• L’examen au spéculum évalue le degré de
version du col en fonction de l’orientation de
son orifice.
• Le toucher vaginal combiné avec le palper
abdominal, vessie vide, évalue la position
du col, sa mobilité plus ou moins douloureuse, précise la position du corps que ne
retrouve pas la main abdominale,
recherche la douleur dont se plaint la
patiente notamment lors des rapports. Cet
examen permet d’apprécier le degré de
réductibilité et la sensibilité des différents
moyens de fixation ligamentaires.
21 )–
Algies pelvi-périnéales et thérapies manuelles
• Le toucher rectal complète cet examen
périnéal par l’analyse des paramètres, la
position du fond utérin, l’état des ligaments
utéro-sacrés et du noyau fibreux central.
Il est fondamental de garder à l’esprit que la
retrodéviation n’est pas la cause obligatoire
du motif de consultation, d’où l’impérieuse
nécessité d’examiner l’anneau pelvien et le
rachis thoraco-lombaire.
On propose des tests thérapeutiques basés
sur la réductibilité des éléments délétères suspectés, la retrodéviation ou l’hyper-mobilité :
• La disparition de la douleur en procubitus.
• Le tamponnement serré ou columnisation
du vagin ou plus simplement par la mise en
place d’un pessaire.
• L’implication des ligaments utéro-sacrés
peut être mise en évidence par un test
d’infiltration anesthésique de ces ligaments.
• Nos collègues gynécologues proposent
l’épreuve de la ligamentopexie per-celioscopique par attraction des ligaments ronds.
L’embrasement neuro-végétatif pelvien
Cadre nosologique moins classique, ce paragraphe résulte de l’analyse des dossiers de la
consultation d’algologie gynécologique.
En dehors des descriptions précédentes, le
praticien peut être confronté à des manifestations douloureuses atypiques telles que brûlures, dysesthésies, sensations de corps
étrangers dont la localisation ne correspond
pas à des territoires radiculaires précis. Les
examens cliniques, électriques, biologiques et
l’imagerie sont peu contributifs en faveur
d’une des étiologies précédemment décrites.
Les facteurs déclenchants sont très
variables et nous n’en citons que les plus fréquemment cités :
–( 22
- Infectieux uro-gynécologiques : mycosiques
ou bactériens.
- Traumatiques pelvi-périnéaux : déchirures
vaginales lors d’un accouchement, cure chirurgicale d’hémorroïdes, chute sur les
fesses, pénétration ano-rectale non désirée,
rapports douloureux…
- Psychologiques : Conflits conjugaux ou professionnels de pouvoir ou d’autorité, problèmes sexuels avec le conjoint ou autre.
Dans un contexte de souffrance ancienne,
de violence morale et/ou physique avec ou
sans abus sexuel…
Les patients décrivent une réaction neurovégétative régionale en réponse à une agression physique, infectieuse ou traumatique
locale, dont l’intensité est sans commune
mesure avec l’agent causal. Cette disproportion peut être vécue comme déroutante.
Une prise en charge globale est nécessaire.
Le traitement manuel a pour objectif de lever
les tensions musculaires, traiter les dysfonctionnements articulaires et rachidiens, agir
localement sur les structures ligamentaires et
les moyens de fixation des organes pelviens.
Une action réflexe à visée parasympathicomimétique est indispensable entretenue par
une auto rééducation (bain cryogénique).
CONCLUSION
Les algies pelvi-périnéales sont sous-évaluées car elles demeurent mal connues. Selon
l’adage “on ne trouve que ce que l’on
recherche”, cette étape diagnostique basée
sur un algorithme clinique est l’étape préalable à l’abord de cette pathologie. Compte
tenu de la variété de leur modalité
d’expression, la constitution d’équipe multidisciplinaire est le gage d’une prise en charge
optimale.
Conduite à tenir devant une algie pelvi-périnéale en médecine manuelle
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