Philippe Gosselin : « L’embryon mérite plus d’égards »
Article rédigé par , le Philippe Gosselin 20 juillet 2013
Le jour de l’ouverture du débat parlementaire sur la proposition de loi visant à lever l’interdiction de
la recherche sur l’embryon, 22 députés* opposés au texte dénoncent dans la connivence deLe Figaro
la gauche avec certains laboratoires pharmaceutiques. Pour le député de la Manche, Philippe
Gosselin, rédacteur de la tribune, avec une telle loi l’humanité de l’embryon est niée.
[Tribune du 10 juillet] — Le débat relatif au étant clos sur le planFigaro, mariage homosexuel
parlementaire, un nouveau front va surgir: la recherche sur l’embryon. Le décret du 14 juin 2013 fixant
l’ordre du jour de la session extraordinaire intègre en effet la poursuite de l’examen de la proposition de loi
tendant à modifier la loi no 2011-814 du 7 juillet 2011 relative à la en autorisant sous certaines bioéthique
conditions la recherche sur l’embryon et les embryonnaires.cellules souches
On espérait que, contrairement à ce qui s’est passé cet hiver, où une opération commando a été menée par
les promoteurs de la recherche sur l’embryon, le gouvernement examinerait la question, cette fois, au grand
jour et dans des conditions permettant le débat. Hélas, le passage en catimini, à la sauvette et en force, est à
nouveau la modalité privilégiée. Il y a quelques mois, en pleine mobilisation autour du mariage, le
et gouvernement poussait une proposition de loi votée en deux heures au Sénat en pleine nuit, discutée à
dans le cadre d’une petite niche parlementaire. En définitive, grâce au travail de l’opposition,l’Assemblée
le vote n’a pas pu avoir lieu, l’opération a échoué. Les partisans de la recherche sur l’embryon, qui ne
s’attendaient pas à rencontrer un échec, n’ont pas trouvé d’autre explication que celle de l’obstruction.
Or l’opposition ne fait que son travail: face à un passage en force orchestré pour servir des intérêts
industriels et financiers, quelques députés, soucieux de l’intérêt général, ont réclamé et réclameront encore
demain qu’on puisse débattre de l’enjeu. Car l’embryon mérite plus qu’une niche. L’enjeu exige de
présenter au grand jour les véritables intérêts qui justifient cette transgression supplémentaire.
Tout d’abord, la recherche sur l’embryon humain n’a rien d’une évidence scientifique. Prétendre que la
recherche sur l’embryon est indispensable pour soigner certaines maladies relève de la manipulation.
Aujourd’hui, les cellules souches adultes et de sang de cordon sont les seules à être utilisées en thérapie
cellulaire. Ainsi, pour certains types de pathologies, les greffes de cellules souches non embryonnaires
soignent déjà des patients. D’ailleurs, si vraiment la recherche sur l’embryon et les cellules souches
embryonnaires était porteuse d’espoirs et offrait des perspectives thérapeutiques, le régime actuel
d’interdiction de principe avec dérogations suffirait.
En effet, celui-ci prévoit déjà que les recherches poursuivant des « progrès médicaux majeurs » peuvent être
autorisées par dérogation. La volonté de passer à un régime d’autorisation, en supprimant l’exigence de
« progrès médicaux majeurs », traduit implicitement l’aveu que l’ambition de soigner les patients grâce aux
cellules souches embryonnaires est abandonnée. Quant aux cellules souches reprogrammées (iPS) du
(Prix Nobel de médecine 2012), elles offrent des perspectives plus prometteuses que lesPr Yamanaka
cellules souches embryonnaires en matière de thérapie cellulaire. La rapidité du lancement du premier essai
clinique sur la (dégénérescence maculaire liée à l’âge) et les investissements massifs qui se portentDMLA
– à l’étranger – sur les iPS marquent l’importance du potentiel de cette recherche. S’agissant de la
modélisation des pathologies et du criblage de molécules, les iPS sont déjà utilisées comme alternative à
l’embryon humain.
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« L’enjeu de la recherche sur l’embryon ne relève pas de
l’intérêt général mais de l’intérêt particulier et financier – de
l’industrie pharmaceutique »
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