Le deuxième enjeu est justement celui des connexions, des
liens culturels et organisationnels entre les dynamiques eu-
ropéennes de l'islam et ses dynamiques mondiales. Tout
comme celui des positionnements face aux grands événe-
ments du monde musulman. Le 11 septembre est exemplaire
de cette question.
Les turbulences de l'islam mondial durent depuis vingt-
trente ans. Elles ont concerné la culture, les acteurs, les orga-
nisations, les sociétés, les États. Elles ont mis l'islam « dos au
mur », dans le sens où il s'est embarqué dans un processus,
celui de la politisation, celui de l'étatisation (wahabite et
autre) qui a cassé les sociétés musulmanes (l'Algérie en est
l'exemple dramatique, mais de nombreuses sociétés musul-
manes sont dans une situation semblable). Les musulmans
européens ne seront pas isolés de ces dynamiques mondiales,
comme on a pu le penser en France, par exemple, en parlant
d'un islam français, quasi-gallican. Mais comment les musul-
mans européens s'articuleront-ils à ces dynamiques ?
Ou encore : comment deviendront-ils des acteurs pour in-
fléchir ces dynamiques mondiales ? Encore une fois nous
sommes ramenés aux leaderships musulmans européens.
Le troisième enjeu, intra-européen et intra-belge, est celui
qui est apparu dans des débats, tel celui du foulard, ou celui
de l'affaire Rushdie. Il s'agit de la question de la présence du
religieux dans l'espace public. Les religions anciennes de l'Eu-
rope, en particulier les christianismes, avaient abouti, dans la
modernité, à une sorte de modus vivendi dans l'espace public.
Il est idéologiquement et institutionnellement fort différent
d'un pays à l'autre, mais en gros, dans tous les pays une sorte
de pacte s'était conclu. Le religieux vivait sa vie, établissait des
accords de collaboration, souvent de soutien par l'État, mais il
modérait sa présence dans l'espace public. Les musulmans
semblent bousculer cet équilibre. L'affaire des foulards, dra-
matisée à l'excès et maladroitement en France de la part de l'État 3,
est toutefois présente, comme question, dans tous les pays euro-
péens et est le symptôme d'autres questions à venir.
La problématique du religieux dans l'espace public fait entrevoir la
nécessité de mettre en œuvre des dynamiques sociologiques pro-
fondes. On s'aperçoit bien que la présence de l'islam dans les socié-
tés européennes ne peut être pensée seulement sous l'angle du plu-
ralisme culturel, voire même de l'interculturalisme. Le pluralisme
permettrait de penser la cohabitation juxtaposée de cultures : or
l'islam et les musulmans interpellent les sociétés européennes et,
comme on vient de le dire, leurs espaces publics. L'interpénétration
est plus grande. Il ne suffit pas non plus – même si c'est très impor-
tant – de penser en termes de connaissance, de communication, ce
qui est sous-jacent à l'idée d'interculturel. Cela ne suffit pas non plus
de penser en termes de rencontre ou de dialogue entre religions,
même si c'est important.
Nous sommes devant une rencontre civilisationnelle complexe qui
appelle un travail profond aboutissant à ce que j'appelle une « co-
inclusion réciproque ». Il s'agit d'une réflexion et transformation
profonde qui fait que l'identité de chaque partie se construit en
incluant la relation à l'autre 4. Ceci supposera un travail des sociétés
sur elles-mêmes, des débats considérables et, peut-être, l'invention
d'outils nouveaux de rencontre de civilisations.
C'est probablement autour de ces enjeux que se débattra dans les
vingt prochaines années le devenir belge et européen de l'islam.
Felice Dassetto
3 Je renvoie à mon texte Foulards, signes, rencontres accessible en ligne sur le
site web du Centre Interdisciplinaire d'Étude de l'Islam dans le Monde
Contemporain (CISMOC) de l'Université catholique de Louvain
(http://www.cismoc.ucl.ac.be/Papers_online.htm).
4 Cfr. F. Dassetto, Les rencontres complexes. Islams et Occidents, Louvain-la-
Neuve, Académia-Bruylant, 2004.
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