Nuit des Étoiles au Parc La Belle Idée, le 10 août 2013 1

Nuit des Étoiles au Parc La Belle Idée, le 10 août 2013 1
Le ciel des étoiles est une des grandes victimes de
notre technologie moderne. Chaque médaille a son
envers ; chaque progrès s'accompagne de "regrès"
(au sens de régresser) et de regrets. Nos routes et
nos maisons bénéficient de l'éclairage nocturne,
mais nous ne connaissons plus les constellations.
Il suffit de passer quelques nuits dans le Sahara pour
sentir l'intensité de la présence des étoiles. Pour
comprendre jusqu'à quel point elles faisaient partie
de la vie de nos ancêtres.
Reconnaître les étoiles et les constellations.
Mais on peut d'abord se demander pourquoi.
Pourquoi se donner cette peine ? pourquoi investir
des efforts dans cette direction ?
Reconnaître les étoiles, c'est à peu près aussi utile
(ou inutile...) que de savoir nommer les fleurs
sauvages dans les bois.
La navigation se fait aujourd'hui avec des satellites
appropriés. Il n'y a guère plus que les amateurs de
voile qui lèvent quelquefois les yeux vers le ciel pour
se diriger ; une ou deux constellations leur suffisent
à retrouver l'étoile Polaire.
La vraie motivation est ailleurs. Elle est de l'ordre du
plaisir. Le plaisir de transformer un monde inconnu
et indifférent en un monde merveilleux et familier.
Il s'agit d' "apprivoiser" le ciel, pour l'habiter et s'y
sentir chez soi.
On me fait souvent la demande suivante : "mon
enfant s'intéresse à l'astronomie, quel télescope me
conseillez-vous de lui acheter ?".
Cette question est tout à fait dans l'esprit du temps.
On suppose que la technologie peut résoudre tous
nos problèmes. Il vaut mieux retarder cet achat.Si
l'on n'a pas été initié au ciel des constellations, le
télescope risque d'être rapidement relégué au
grenier.
C'est l’œil nu devant le ciel qu'il faudra commencer.
Comme pour tout ce qui en vaut la peine, il faudra y
mettre du temps et de la persévérance. Il ne vous
suffira pas d'identifier une constellation, pour la
connaître. Il vous faudra la retrouver vingt fois, dans
des régions célestes différentes. Progressivement
elle s'intégrera dans le paysage, elle entrera dans
votre vie, vous l'associerez à vos souvenirs.
Et surtout, quand sa saison reviendra, vous
éprouverez à la retrouver, fidèle, à sa place dans le
ciel, le même plaisir que celui d'entendre au
printemps le chant des hirondelles ou de sentir
l'odeur des fleurs du robinier-faux acacia.
La connaissance du ciel a aussi une autre dimension,
qui est de l'ordre de l'enracinement. Les
modifications rapides du cadre de vie -suite au
rythme des progrès technologiques- font que
l'homme contemporain ne se sent nulle part. On
peut voir, dans la remontée de l'intérêt pour les
régionalismes, une réaction contre ce sentiment
d'aliénation face au monde moderne. Chacun se
sent le besoin d'appartenir à quelque chose. On
cherche désespérément ses racines, quitte à s'en
inventer de toutes pièces.
Une des raisons de la popularité de l'astronomie
aujourd'hui c'est, je crois, le lien qu'elle montre
entre l'homme et les étoiles. Loin d'être un étranger
à l'Univers, comme l'enseignaient les existentialistes,
les découvertes récentes de l'astrophysique nous
indiquent notre parenté avec tout ce qui brille dans
le ciel.
Nous sommes redevables aux étoiles d'avoir
fabriqué les atomes dont sont constituées les
molécules de nos yeux tournés vers elles. Le
sentiment d'appartenance dont nous avons tant
besoin, l'astronomie nous le donne dans un sens
tellement plus satisfaisant que nos manuels
d'histoire.
Avant d'être français ou canadiens, noirs ou blancs,
hommes ou femmes, nous sommes terriens,
solaires, "voie lactien", fils et filles de l'Univers. Nos
racines sont dans les étoiles.
Cette prise de conscience est importante pour l'être
humain tout entier. Mais, si elle reste confinée à
l'intellect, elle ne peut prendre sa véritable
dimension.
Il faut encore la confrontation de ces connaissances
dans le cerveau avec le regard physique sur le ciel.
A la rationalité doit s'associer l'émotion de retrouver
la nébuleuse d'Orion -haut lieu de naissance
stellaire- ou Antarès -génératrice du carbone et de
l'oxygène.
Être initié au ciel des constellations, c'est connaître
les acteurs de notre présence sur Terre.
Hubert REEVES, 1990
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Nuit des étoiles
Parc La Belle Idée – août 2013
La voûte céleste est ce que nous partageons avec tous les hommes sur terre même si on ne perçoit pas les
mêmes étoiles dans l'hémisphère nord et dans l'hémisphère sud. Nous le partageons avec tous les hommes
d'aujourd'hui mais aussi, à peu de chose près, avec tous ceux qui nous ont précédé : nous voyons les mêmes
étoiles que Galilée, que les astronomes mésopotamiens, le même ciel qu'observaient les premiers hommes…
Le ciel nous relie à tous, de tous temps et de tous lieux.
Le ciel semble à tous inaccessible et omniprésent… comme peuvent nous sembler être les dieux. C'est sans
doute pourquoi il est la demeure des dieux. Le céleste est, aux yeux des hommes, divin.
Nous savons aussi que ce que nous voyons dans le ciel, la lumière des étoiles met des années-lumière à nous
parvenir. C'est-à-dire que ce que nous voyons n'est plus, ce que nous voyons est une "réalité passée". Nous
regardons vers le ciel comme pour scruter l'avenir et pourtant ce qui nous parvient est passé…
Les hommes ont nommé toutes les étoiles que nous voyons. Ils s'y emploient depuis des millénaires parce que
de tous temps, nommer c'est faire exister. Pour ces hommes, nommer c'était aussi assigner une place, un
rôle ; c'était organiser les cieux. Et ceci devint nécessaire quand l'homme commença à cultiver. Parce qu'avec
le "déplacement" des étoiles, c'est la course du temps que l'on observe et à l'époque néolithique, au moment
on commence à cultiver, maîtriser le temps devient nécessaire. Les premiers calendriers datent de cette
époque et ils furent établis d'après l'observation des astres.
Pour se repérer dans le ciel (comme sur terre) et tout simplement parce qu'elles existent, les étoiles furent
dotées d'un nom… et souvent d'un mythe qui raconte leur création, comme pour toute chose sur terre, les
hommes sachant bien que si les dieux ont créé toutes ces choses que nous voyons c'est pour nous en
enseigner d'autres, invisibles.
Pour se repérer sur la voûte céleste, on distingue la Grande Ourse et la Petite Ourse (les Chariots). La Grande
Ourse était connue des Égyptiens sous le nom de Voiture d'Osiris et des Scandinaves sous celui de Chariot
d'Odin.
La Constellation que nous appelons le Grand Chien fut reconnue comme un chien pour la première fois il y a 5
mille ans, dans la région de Sumer ; le Taureau était déjà un taureau à Babylone et en Égypte.
La Grande Ourse et La Petite Ourse
En Arcadie vivait Callisto, fille du roi Lycaon. Elle était chasseresse et disciple de la déesse vierge Artémis qui
avait exigé de ses suivantes le vœu de chasteté. Mais alors qu'elle dormait sous un arbre, Zeus l'aperçut et en
tomba amoureux. Pour la séduire, le dieu s'approcha d'elle déguisé en Artémis (selon certains) ou en Apollon.
Callisto ne se méfia pas et céda au dieu. Elle cacha qu'elle attendait un enfant jusqu'à ce qu'Artémis la
surprenne se baignant dans une rivière. La déesse la menaça de ses flèches et la bannit.
Zeus la changea en ourse pour qu'elle puisse échapper à la colère d'Héra mais la déesse incita Artémis à
l'abattre pour ne pas avoir respecté son vœu de chasteté. À la mort de Callisto, Zeus en fit une constellation
qu'il appela La Grande Ourse. Et Hermès, dépêché par Zeus, recueillit son fils Arcas qu'il confia à Maia pour
l'élever et qui à sa mort deviendra la Petite Ourse.
Héra obtint de Poséidon qu'il interdise aux deux Ourses de ne jamais descendre se coucher dans l'Océan
comme le font toutes les étoiles. De toutes les constellations, elles sont les seules à toujours demeurer au-
dessus de l'horizon.
Dans la Petite Ourse, on distingue l'Étoile Polaire.
Chasteté et chasse – pureté et mort.
En prolongeant la queue de la Grande Ourse, on repère Arcturus, une étoile rouge, la plus brillante de la
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constellation du Bouvier. Arcturus signifie en grec "le gardien des ours" et elle fut citée pour la première fois
par Hésiode. En astronomie chinoise, elle est appelée Dajiao et représente un astérisme[1] qui symbolise le roi
céleste.
Véga et Altaïr – la Tisserande et le Bouvier
Un jeune bouvier (Niulang, le bouvier, l'étoile Altaïr) rencontra sur son chemin 7 sœurs fées se baignant nues.
Il vola leurs vêtements et les fées choisirent Zhinu (la tisserande, l'étoile Véga) la plus jeune d'entre elles pour
les récupérer. Ce qu'elle fit. Ils tombèrent amoureux l'un de l'autre et vécurent de beaux moments ensemble.
Mais quand la déesse des cieux découvrit qu'un simple mortel avait épousé une des jeunes fées, elle prit son
épingle à cheveux et traça une large rivière dans le ciel pour les séparer éternellement, formant ainsi la Voie
Lactée qui sépare les étoiles Véga et Altaï. Mais une fois par an, toutes les pies du monde volent vers le ciel
afin de former un pont au-dessus de l'étoile Deneb dans la constellation du Cygne, permettant ainsi aux
amoureux d'être ensemble pour une unique nuit, la 7ème nuit du 7ème mois (la nuit de qiqiao jié).
Trois étoiles permettent de distinguer le Triangle d'été :
- Deneb dans la constellation du Cygne
- Altaïr dans la constellation de l'Aigle
- Véga dans la constellation de la Lyre.
Constellation de l'Aigle et Altaïr
Altaïr est une étoile blanche, la plus brillante de la constellation de l'Aigle. Son nom vient de l'arabe Al nasr al
tair, "l'Aigle en vol" et symbolise donc la constellation toute entière.
Le grand aigle Aquila était le serviteur de Zeus : il se tenait é côté de son trône sur le mont Olympe et portait
son foudre. Or en Arcadie était un enfant appelé Asclépios (Esculape), fils d'Apollon et de Coronis (fille de
Phlégias, roi des Lapithes). Petit, il fut confié aux soins du centaure Chiron qui lui enseigna les arts de la
médecine et de la guérison. Il devint si habile à soigner les malades qu'il réussit aussi à ramener les morts à la
vie. Il vit un jour un serpent venimeux qu'il tua. Un autre serpent sortit des fourrés, tenant dans sa gueule une
herbe verte qui ramena le premier serpent à la vie. Asclépios prit les brins d'herbe au serpent et acquit ainsi le
pouvoir de ressusciter les morts. Mais Arès qui régnait sur les âmes de tous les défunts dans le monde
souterrain demanda à Zeus d'y mettre un terme. Zeus envoya donc Aquila sur terre pour frapper Asclépios de
son foudre. Puis il plaça Asclépios et son serpent parmi les étoiles de manière à ce qu'on n'oublie pas sa
sagesse et sa bonté. À côté de lui, on peut voir l'aigle Aquila.
Deneb et la constellation du Cygne
Avec Véga et Altaïr, Deneb forme le triangle d'été. Son nom vient de l'arabe. En astronomie chinoise, Deneb
fait partie de l'astérisme représentant un gué servant à traverser la Voie Lactée qui symbolise un fleuve
céleste.
Cette constellation est associée à plusieurs oiseaux légendaires :
- à Zeus transformé en cygne pour séduire Léda (dont il eut pour enfants les Gémeaux et Hélène de
Troie).
- à Orphée métamorphosé en cygne après sa mort et placé dans les cieux à côté de sa lyre.
- à Cygnus, l'amant de Phaéton qui s'était écrasé en conduisant les chevaux du Soleil (son père Hélios).
Après sa mort, Cygnus rechercha désespérément son corps dans le fleuve Eridan. Cygnus plongea tant
de fois la tête dans l'eau que Zeus, le prenant en pitié, le transforma en oiseau aquatique.
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Véga et la constellation de la Lyre
La Lyre est une constellation ancienne : les civilisations antiques du Moyen-Orient et de l'Inde y voyaient un
vautour. Les astronomes grecs y voyaient une lyre (une kithara) que les plus anciennes cartes du ciel
représentent tenue par ses griffes par un vautour. Lyre était une des 48 constellations identifiées par
Ptolémée.
Sous la forme d'un vautour elle est rattachée au mythe d'Héraclès (les Oiseaux du Lac Stymphale). La lyre
serait l'instrument d'Orphée.
L'étoile la plus brillante est Véga : elle est sur l'alignement de la Grande Ourse qui se prolonge jusqu'à Altaïr. Le
nom de Véga signifie vautour en arabe.
La constellation de Cassiopée facilement repérable à sa forme en W. La reine Cassiopée était la femme de
Céphée et la mère d'Andromède à côté desquels elle se trouve. On dit aussi que pour la punir de son orgueil,
la reine fut enchaînée à son trône et condamnée à tourner autour du pôle nord. Elle avait disputer la beauté
aux Néréides, nymphes de la mer. Poséidon, irrité par son audace, fait ravager ses terres par un monstre marin
et l'oblige à enchaîner sa fille Andromède à un rocher pour y être dévorée par le monstre. Elle sera sauvée par
Persée. Cassiopée elle sera placée parmi les étoiles.
Vénus est désignée dans les cultures chinoises, japonaises… sous le nom d'étoile d'or. Elle était connue des
civilisations mésoaméricaines et occupait une place importante dans leur conception du cosmos et du temps.
On l'appelle fréquemment "étoile du berger" car elle peut être facilement visible dans le ciel du matin avant le
lever du Soleil ou dans le ciel du soir après le coucher du Soleil.
L'étoile polaire est l'étoile la plus proche du pôle nord céleste. Aujourd'hui c'est alpha, l'étoile la plus
lumineuse de la constellation de la Petite Ourse. Comme les étoiles se déplacent dans le ciel, même très
lentement, il est arrivé que d'autres étoiles occupent une position plus proche du pôle nord : il y a 3000 ans,
c'était l'étoile béta de la même constellation qui était l'étoile polaire et son nom en arabe, Kochab, signifie
"étoile du nord".
La Voie lactée est la galaxie dans laquelle se trouve notre système solaire, à sa périphérie en fait. Elle contient
selon les derniers relevés environ 100 milliards d'étoiles. Les scientifiques estiment qu'elle s'est formée il y a
13,2 milliards d'années, soit l'âge approximatif de l'univers.
Le nom de Voie lactée (Galaxias en grec) est associé à un mythe grec. Pour rendre Héraclès immortel, Zeus lui
aurait fait téter le sein d'Héra alors endormie. Celle-ci en voulant le repousser, fit jaillir une giclée de lait qui se
répandit dans le ciel.
Les Perséides sont une pluie d'étoiles filantes issue de débris aussi gros qu'un grain de sable de la comète
Swift-Tuttle. C'est donc une pluie de météores. Les premières traces d'observation datent de l'an 36 (en
Chine ; de l'an 811 en Europe) mais ce n'est qu'en 1864 qu'on établit la relation avec la comète (la Terre à
cette période de l'année recoupe l'orbite de la comète). Comme les traînées de la pluie d'étoiles semblent
provenir de la constellation de Persée, on les a appelé Perséides. On les appelle aussi "Larmes de saint
Laurent", ce saint très populaire étant célébré le 10 août.
Les signes du zodiaque
"L'observation des phénomènes célestes est aussi vieille que les premières civilisations. Telle qu'elle nous est
parvenue, la science des astres est née dans les cités chaldéennes. Les Chaldéens, c'est d'ailleurs ainsi que les
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