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L’ÉGLISE À NEUILLY
La Voix - avril 2012
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Il y a 3 ans à la même époque, Charles
et Gabriel essayent de boucler le bud-
get nécessaire au tour du monde qu'ils
veulent entreprendre ensemble. La tâche
s'avère difficile car leur projet est bien plus
qu'une aventure sportive. Pendant un an, ils
veulent visiter les chrétiens isolés ou persé-
cutés et ce thème ne rentre pas vraiment
dans les bourses existantes. De retour en
France après un an de découverte de l'Église
du monde, l'idée de créer une bourse spéci-
fique fait son chemin.
« Cela s'est imposé
comme le meilleur moyen de soutenir les
jeunes qui veulent concilier soif spirituelle et
désir d'aventure, explique Charles, son res-
ponsable. Les communautés chrétiennes que
nous avons rencontrées ont été très touchées
par notre venue et nous aimerions que d'au-
tres puissent leur apporter du réconfort »
. Les
Missions Étrangères de Paris, l'Aide à l'Église
en Détresse ainsi que le journal La Vie se lais-
sent facilement convaincre de financer le
projet. Les dotations s'élèvent à 9 000 euros
répartis en trois prix: le prix du jury, le prix
spécial Asie et celui du public, dotés respec-
tivement de 4 000, 3 000 et 2 000 euros. En
plus de ce coup de pouce financier, la bourse
aide les baroudeurs à diffuser largement leur
aventure en leur apprenant à tenir un blog, à
écrire des articles ou encore à tourner des
vidéos.
« Quand on voit l'écho médiatique
donné aux persécutions des chrétiens en
Orient ou en Chine, on se dit que leur sort
touche les gens bien au-delà du cercle des
catholiques pratiquants, estime Charles. Les
histoires écrites et les images que vont rap-
porter les lauréats seront autant de témoi-
gnages incarnés d'une Église vivante »
.
Concrètement, les candidats ont jusqu'au 31
mai pour déposer leur dossier sur le site
internet www.labach.fr et la remise des prix
aura lieu fin juin. Les critères d'éligibilité
sont simples. Avoir entre 18 et 30 ans, partir
au minimum trois mois pour un voyage iti-
nérant à la rencontre de chrétiens
« et avoir
de l'audace! »
insiste Charles. Enfin, n'allez
pas croire que la bourse est réservée aux
catholiques pratiquants ! «
On espère
qu'elle pourra attirer des croyants, mais
également des personnes qui sont en ques-
tionnement sur leur foi, des sceptiques,
même des athées qui auraient envie de se
prêter au jeu de ces rencontres
».
L.D.
L’aventure, une clé du nouvel œcuménisme
L'association Corpus lance cette année la Bourse de l'Aventure Chrétienne. Le but: aider les jeunes à partir
autour du monde à la rencontre des communautés chrétiennes.
Le samedi 10 mars, le doyenné des
deux rives (regroupant Courbevoie,
Levallois et Neuilly) a réuni ses six
équipes d’animation pastorale à Courbevoie
pour une réflexion sur les fragilités, selon le
souhait de Monseigneur Daucourt. Le Père
Anglarès, le curé de Saint-Adrien, a fait les
honneurs de ses locaux paroissiaux qui sen-
tent encore le neuf. L’équipe diocésaine de
la diaconie emmenée par Yves Doublier a
animé cette rencontre qui se veut dans la
démarche de Diaconia 2013.
François Soulage a évoqué les enchaîne-
ments possibles à partir d’une situation de
fragilité: nous sommes tous un peu fragiles,
cela n’est pas inquiétant en soi, sauf si d’au-
tres difficultés s’ajoutent. Une maman ne
peut pas payer la cotisation pour le caté-
chisme de son enfant: bien sûr, on accepte
quand même l’inscription de l’enfant. Mais
au-delà, on peut se demander si c’est parce
qu’elle ne tient pas plus que cela au caté-
chisme, ou bien si elle peine à payer le loyer
et l’électricité et ne paie déjà plus la cantine
scolaire. Comment en est-elle arrivée là?
Chaque paroisse a été invitée à repérer les
personnes fragiles et discerner les situations
de fragilité propres à son quartier. Pour
Neuilly, l’accent a été mis sur les familles
qui sont d’abord une chance mais que cer-
tains dysfonctionnements peuvent fragili-
ser: les familles décomposées et les per-
sonnes seules, la pression due au standing
qu’il faut atteindre ou maintenir (dès l’en-
trée à l’école), la grande pauvreté spiri-
tuelle, le stress des ménages biactifs (com-
ment connaître leurs attentes ?), les per-
sonnes handicapées psychiques et leurs
familles (quel lien avec la paroisse?).
Le Père Hugues de Woillemont, vicaire
général, a encouragé les chrétiens à aller
au-delà de la seule situation matérielle :
« L’option préférentielle pour les pauvres,
première orientation diocésaine, est une
nécessité puisque c’est d’abord la préfé-
rence de Dieu. Au titre de notre foi, nous
avons un regard d’amour sur le pauvre et la
personne fragile. Après avoir écouté et
réfléchi, prêtres et laïcs ensemble, nous
pourrons agir. »
Chaque EAP (Équipe d’Animation Pastorale)
va poursuivre sa réflexion: après avoir iden-
tifié les situations les plus préoccupantes,
elle doit trouver un plan d’action, pour elle,
pour tous les paroissiens, avec les per-
sonnes fragiles. Cela peut passer par des
témoins de proximité, des groupes déjà
existants…
« C’est un exemple que je vous
ai donné. »
nous dit Jésus après avoir lavé
les pieds de ses disciples.
Marie-Thérèse Masson
Fragilité et charité