immunisées. Cela permet de penser que notre candidat-vaccin simule ce type de
réponse naturelle », explique Morgane Bomsel.
Pour élaborer ce candidat-vaccin, les chercheurs ont étudié la protéine
transmembranaire Gp41 de l’enveloppe du VIH. Il s’agit de la partie de l’enveloppe
virale variant le moins parmi toutes les souches virales du sida. Gp41 contrôle, à la
fois, l’entrée du virus dans les cellules de la muqueuse et l’infection d’une famille de
lymphocytes T, les principales cellules cibles du VIH. Pour favoriser l’induction
d’anticorps neutralisants lors de l’immunisation, les autres parties de l’enveloppe du
VIH, non-neutralisantes, ont été retirées du candidat-vaccin.
Le vecteur vaccinal de ce candidat-vaccin ou virosome est utilisé depuis plus de 10
ans dans plusieurs candidat-vaccins destinés à l’Homme. Grâce à sa surface
lipidique mimant la surface du virus, ce virosome permet aux antigènes de Gp41
d’adopter une structure similaire à celle qu’ils ont
in situ
. Cela favorise l’induction
d’anticorps neutralisants lors de la vaccination. « En plus d’une réponse immune de
type humorale (c'est-à-dire liée à la production d’anticorps) anti-VIH puissante au
niveau des muqueuses, sans avoir besoin d’une réponse cellulaire cytotoxique, le
vaccin fonctionne relativement bien
in vitro
contre les sous-types B et C du VIH,
responsables de 95% des cas aux Etats-Unis, en Europe et en Inde. Ce succès est
prometteur », indique Morgane Bomsel.
« Cependant, il reste beaucoup de travail à réaliser. Il existe plusieurs limites à ces
résultats : le vaccin n’a été testé que sur des singes femelles. Il protège d’une
infection vaginale non traumatique, ne reflétant pas nécessairement la réalité. Reste
donc à étudier le vaccin chez des mâles et à voir son efficacité contre d’autres voies
d’infection sexuelles (rectum, tractus oro-uro-génital). Enfin, il faut poursuivre cette
étude, notamment quant à la durée de la réponse immunitaire protectrice », conclut
Morgane Bomsel
En tout état de cause, comme l’a récemment souligné le Pr Françoise Barré-
Sinoussi, Prix Nobel de médecine, les modèles animaux montrent leur pertinence
dans les recherches visant à développer des candidats-vaccins.
Ce travail a été rendu possible grâce au financement de l’Agence nationale de
recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), SIDACTION – Ensemble contre
le sida et la fondation pour la recherche médicale (FRM) et réalisé en collaboration
avec la société américaine Mymetics (Nyon, Suisse).