Pour s'aider dans la dissection il est parfois utile, si l'artère thyroïdienne inférieure a été
liée de placer son moignon d'amont sur un fil tracteur, ce qui dégage la partie haute du
nerf. On peut aussi conserver l'artère thyroïdienne inférieure ce qui protège la
vascularisation des parathyroïdes et réaliser des ultraligatures au contact de la thyroïde,
tout en suivant progressivement le nerf, qui ne doit jamais être perdu de vue.
Dans les interventions difficiles (thyroïdectomies totales avec curage central,
réinterventions) l'utilisation de lunettes binoculaires est très utile et dans mon expérience
diminue notablement la morbidité récurrentielle.
Au cours de l'intervention, l'usage de la coagulation, même bipolaire, doit être proscrit à
proximité du nerf. C'est particulièrement vrai dans la portion terminale du nerf qui est
proche de la trachée. Une coagulation sur celle
-
ci, même à une distance d'un centimètre
peut entraîner sa brûlure car la trachée est très conductrice de la chaleur. La dissection
aux ultrasons est sans doute plus sure mais elle n'élimine certainement pas le risque
d'atteinte récurrentielle.
L'utilisation du repérage per opératoire par électrostimulation, recommandée par certains,
est à nos yeux d'un intérêt discutable.
L'application de gaze hémostatique type Surgicel
R
doit être proscrite au contact du nerf.
S'imbibant progressivement de sang et augmentant de volume elle peut entraîner une
compression du nerf et l'apparition retardée d'une dysphonie.
Lorsqu'un drain aspiratif est laissé en place il faut veiller à ce qu'il soit dirigé vers l'arrière
et ne soit pas au contact du nerf.
3 – Les cas particuliers.
Dans les thyroïdectomie subtotales on a tendance à attirer vers le haut le lobe thyroïdien
et lorsque l'on sectionne la parenchyme à utiliser un plan de coupe qui risque de se
rapprocher dangereusement du récurrent. Il ne faut pas trop extérioriser le lobe et faire
une coupe rigoureusement horizontale. L'hémostase du moignon doit se faire avec des
ligatures superficielles et sans utiliser la coagulation.
En cas de goitre volumineux, surtout s'il est plongeant, le repérage premier du nerf à sa
partie basse est difficile et dangereux. L'extraction du pôle inférieur de la thyroïde,
notamment à droite peut étirer le nerf qui
«
vient avec
»
et le léser. Dans ce cas il faut
toujours commencer par libérer totalement le pôle supérieur de la thyroïde. Ceci permet
de repérer le nerf à sa terminaison et de le dégager de haut en bas. Ceci permet
également d'extraire le pôle inférieur sans risquer d'exercer une traction sur le nerf.
Les rapports entre la partie terminale du nerf et la thyroïde sont parfois très étroits. Il
existe parfois des adhérences intimes et du parenchyme thyroïdien peut s'intercaler entre
le nerf et la trachée. Dans ces cas il ne faut pas hésiter, quelle que soit la pathologie en
cause à laisser un petit mur postérieur de parenchyme thyroïdien. Encore faut il en assurer
l'hémostase avec minutie avec des points très superficiels et des fils très fins.
En cas de réintervention il faut toujours faire un examen pré opératoire des cordes
vocales. Certaines paralysies récurrentielles sont asymptomatiques ou du moins le
malade a oublié, si l'intervention est ancienne, qu'elle avait été suivie d'une dysphonie.
La mise en évidence d'une paralysie d'un coté conduira à être particulièrement prudent du
coté opposé. S'il existe une fibrose importante vouloir à tout prix voir le nerf peut
conduire à sa blessure. Dans ce cas il vaut mieux pratiquer des ultraligatures au contact
de la thyroïde et ne pas hésiter là encore à laisser un mur postérieur.
En cas d'hématome compressif nécessitant une réintervention en urgence, il faut être
particulièrement vigilant. L'hématome évacué il faut prendre son temps, s'abstenir de
toute hémostase hâtive, de toute coagulation intempestive qui pourraient léser le nerf.