Islam_Oyonnax_1 - Diocèse de Belley-Ars

publicité
Découvrir l’islam (Bernard Michollet, Oyonnax)
13 mars 2013 : L’apparition de l’islam et ses fondements
“ Fondamentaux ” de l’islam et grandes étapes de son développement à partir des données de l’histoire
1/ Muhammad ibn ‘Abd Allah (567-573?—632)
*
Né à La Mekke (tribu de Qoreïch), orphelin recueilli par son grand-père, voyage jusqu’en Syrie.
*
Marié à Khadîja vers 25 ans.
*
610 : premières « révélations » de l’ange Gabriel ; reste silencieux jusque vers 614-615 ; alors
commence à annoncer sa « récitation » (al-Qur’an) ; entouré d’un petit groupe, il subit les railleries des
Mekkois. En 619, il perd sa femme et son oncle. Il reçoit allégeance de Yathrib.
*
622 : hijra (hégire = expatriation), Mohammed devient chef politique à Yathrib (Al-Madina)
dont les habitants polythéistes — pas les habitants juifs — se convertissent à l’islam : c’est la
naissance de l’umma. Les « révélations » de cette époque portent sur l’organisation de la religion et de
la société. Déjà marié à Â’isha, Mohammed prend plusieurs autres femmes (en rapport avec les
alliances claniques).
*
La notion de jihad apparaît à ce moment en lien avec la décision de la reconquête de La Mekke.
Les attaques mekkoises sont repoussées. Dans le jeu des alliances, les clans juifs hésitent : ils le
paieront. Et du point de vue religieux, Jérusalem comme direction de la prière et le jeûne juif (au profit
du Ramadân) sont abandonnés pour faire retour à la « vraie religion d’Abraham ».
*
630 : occupation de La Mekke : instauration d’une législation civile et religieuse. Fin de
l’idolâtrie.
*
632 : mort de Mohammed. L’islam domine déjà une très grande partie de l’Arabie.
2/ Naissance et expansion de l’islam
*
Abou Bakr (premier calife, 632-634) : premier organisateur de l'umma. Il endigue les révoltes
et oriente les énergies vers la conquête.
*
Omar 1er (634-644) : Syrie-Palestine conquise de 634 à 639 (Damas en 635), victoire sur les
forces byzantines en 636 (sur la rivière Yarmouk), reddition de Jérusalem en 638 ; prise de la
Mésopotamie ; chute des Perses en 637 ; Alexandrie est occupée à partir de 642 ; la haute
Mésopotamie en 639-641 ; l'Arménie en 645-646.
*
Othman (644-656) et Ali (656-661) : organisation des territoires ; dissensions internes.
*
Moawiyya, (premier calife omeyyade, 661-750) : expansion vers l’est (Indus atteint an 710 et
confins de l’Asie en 751 grâce à des alliés chinois).
*
Constantinople résiste (prise par les Ottomans en 1453).
*
Kairouan est fondée en 670 : Carthage tombe en 698 ; les Berbères sont battus en 702 ; le
détroit de Gibraltar est franchi en 711 : Cordoue et Tolède tombent ; en 716, la province musulmane,
al-Andalous est constituée ; la conquête est arrêtée par Charles Martel à Poitiers en 732 (Narbonne est
occupée jusqu’en 759).
3/ Retour à la foi pure d’Abraham
L’islam apparaît d’abord comme un monothéisme de base à côté des autres, avec des accents
prophétiques. Dieu n’intervient pas dans l’histoire d’un peuple mais de manière sporadique auprès des
peuples pour les ramener à la pureté de la foi monothéiste. Il vient confirmer les messages antérieurs
en corrigeant les altérations dues aux croyants (l’essentiel du judaïsme et du christianisme — religions
qui ont joué leur rôle — est dans l’islam). Un lien direct à Abraham est opéré par-dessus les siècles.
a) Le Coran
Le Coran est le cœur de la religion (c’est Jésus-Christ dans le christianisme) : 114 sourates. Il est
expressément la « parole de Dieu » claire et ne demandant aucune interprétation (thèse classique
dominante). Dieu y révèle sa volonté pour l’homme (il ne se révèle pas).
L’apparition de l’islam et ses fondements (B. Michollet, 13/03/2013) — page 2 / 3
b) Dieu et le croyant
« Ô vous qui croyez ! Croyez en Allah, en son Envoyé, à l’Écriture qu’il a fait descendre sur son
Envoyé, à l’Écriture qu’il a fait descendre antérieurement ! Quiconque ne croit pas en Allah, [en] ses
anges, [à] ses Écritures, [en] ses envoyés et au dernier Jour est dans un égarement infini. »
(IV, 135/136).
Dieu est l’unique, le transcendant, le créateur (un certain arbitraire des décrets divins est accepté),
seul digne de louange (contre les associationnistes). Il est le Vivant, le Subsistant, le Miséricordieux, le
Savant, le Puissant, Celui qui écoute et pardonne. Il a 99 noms.
Mohammed est prophète (LE sceau des prophètes) et envoyé par Dieu à tous les hommes (Jésus
l’était aux fils d’Israël).
La shahâda (profession de foi) : « J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que
Mohammed est l’envoyé de Dieu ». Il suffit de la prononcer devant un témoin pour être considéré
comme musulman. La foi est abandon, soumission (islam).
L’homme est bon et avec l’aide de Dieu, il peut parfaitement tenir tête aux forces du mal (l’homme
n’est pas créé à l’image de Dieu, il n’y a pas de péché originel). Sa vocation est celle de la créature qui
doit louer le Créateur (il n’est pas fils de Dieu : l’idée est explicitement condamnée).
Le jugement : aucun médiateur, aucune rançon n’allégeront le fardeau d’autrui. Dieu pardonne
comme il veut, mais jamais aux polythéistes. L’intercession de Muhammad jouera.
c) Les « cinq piliers » et les pratiques
Selon une tradition, « L’envoyé de Dieu a dit : l’islam est bâti sur cinq (bases) : le témoignage qu’il
n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est l’envoyé de Dieu, l’accomplissement de
la prière rituelle, le versement de l’aumône légale, le pèlerinage et le jeûne de ramadan. »
Le mariage : l’homme peut avoir jusqu’à quatre épouses, les concubines esclaves étant licites sans
clause de nombre. Le divorce est permis.
Les « protégés » : (ou dhimmi, juifs, chrétiens, etc.) peuvent pratiquer leur religion, tout en
s’intégrant dans la cité musulmane. Le statut de protégé n’est pas un statut d’égalité.
Le prêt à intérêt est théoriquement interdit,
Les interdits alimentaires : prohibition du sang, de toute viande non saignée, de viande sacrifiée à
d’autres qu’à Dieu, de la chair de certains animaux comme le porc, des boissons alcooliques.
L’islam est la religion de l’équilibre (pas d’héroïsme, ni d’excès : pas de célibat volontaire). Le
pardon est facultatif (la loi du talion est la règle).
L’umma est très présente comme communauté de mode de vie socioreligieux intégré.
Le vêtement des femmes : « Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne
montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Qu’elles rabattent leurs voiles sur leurs gorges. »
(XXIV 31) ; « Ô prophète ! dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de serrer sur elles
leurs voiles ! » (XXXIII 59).
La circoncision est seulement une pratique traditionnelle.
Il n’y a pas de clergé officiel : les imams dirigent la prière ; les docteurs interprètent les textes.
d) Quelques temps forts
*
*
*
Le Ramadan : dans la nuit du 26e au 27e jour du mois, début de la révélation du Coran.
‘Aïd el-Fitr (la petite fête) : fin du jeûne du Ramadan.
‘Aïd el-Kebir (la grande fête) : commémoration du sacrifice d’Abraham.
e) La tradition
La sunna, ensemble des traditions, paroles et exemples de Mohammed (les hadith), est constituée à
la fin du IXe siècle. La chari’a (= voie à suivre) est constituée au IXe siècle également.
Les principales écoles juridiques sont :
– l’école hanafite, fondée par l’imam Abou Hanifa (mort en 767), en Mésopotamie ; implantée en
Turquie, en Inde, en Chine : esprit assez large, fait le plus appel à la raison ;
– l’école malikite de l’imam Malik (mort en 795), implantée en Arabie, en Afrique du Nord, en
Afrique occidentale, en haute Égypte, au Soudan : plutôt intransigeante ;
L’apparition de l’islam et ses fondements (B. Michollet, 13/03/2013) — page 3 / 3
– l’école shafi‘ite de l’imam al-Shafi‘i (mort en 820) enterré au Caire, qui se rencontre en basse
Égypte, en Syrie, en Arabie du Sud, en Malaisie, en Indonésie, en Afrique orientale : met en avant la
notion de consensus ;
– l’école hanbalite de l’imam Ibn Hanbal (mort en 855) : réaction vers un traditionalisme strict (en
Arabie).
f) Les courants
Suite à une vraie guerre civile (656-660), l’umma se déchire à propos de l’exercice de l’autorité :
*
Les shi‘ites (« partisans » de ‘Ali) revendiquent le pouvoir pour les descendants issus du
Prophète par Fatima sa fille et ‘Ali son gendre.
*
Les kharidjites, veulent comme calife le musulman le plus digne, fût-il un esclave noir.
*
Les sunnites (= gens de la tradition) choisissent le calife dans la tribu de Qoreïch (prise de
pouvoir par Mu‘awiyya et ses successeurs à Damas [660-750]).
*
Le mouvement sufi (~ « mystique ») revendique Hasan al-Basri (642-728) comme leur ancêtre :
basé sur la simplicité de vie et la sincérité de l’idéal.
4/ Bibliographie
1. Dictionnaire des symboles musulmans. Rites, mystique et civilisation, CHEBEL Malek, Éd. Albin
Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 1995.
2. Le Coran, trad. Régis BLACHERE, Maisonneuve et Larose, 1999.
3. Le Coran, trad. KASIMIRSKI, Garnier-Flammarion, 1970.
4. DU PASQUIER Roger, Découverte de l’islam, Seuil, coll. « Points Sagesse » nº 36, 1984.
Prochaines conférences (salle Saint-Léger, Oyonnax)
Mercredi 3 avril 2013 à 20h. 30 : « Le Coran et ses rapports avec la Bible »
Mercredi 17 avril 2013 à 20h. 30 : « L’islam face au défi de l’interprétation »
Téléchargement