Nicole ROULLAND - L’implantation de l’Islam en France aujourd’hui.
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Il y a encore quelques mois, le thème du retour du religieux était dans toutes les bouches. En
effet, à l’approche du nouveau millénaire, nous avons assisté à un regain du spirituel, mais pas
autant que ce qui nous était prédit. Ce dont on peut se réjouir, c’est que l’effet secte (comme, par
exemple, un éventuel suicide collectif le soir du 31 décembre 1999) n’a pas fait parler de lui. Ce
sont surtout et principalement toutes les croyances New Age, Zen qui sont revenues au goût du
jour. A ces « religions », le terme spiritualité serait plus approprié, on peut ajouter l’Islam qui, du
haut de ses 1420 ans, n’est pas démodé et fait toujours autant d’émules, ne cessant de s’accroître
sur le territoire français, en particulier depuis quelques années.
L’Islam est donc une religion en vogue ces derniers temps. En effet, il ne se passe pas une
semaine sans qu’une conférence n’y soit consacrée : « Islam et modernité », « Islam et
politique », « Islam et laïcité ».... Aussi, le dialogue islamo-chrétien s’est développé et les
groupes de partage, de réflexion se multiplient dans toutes les régions de France.
Il est vrai qu’avec ses quatre millions de sympathisants dans le pays, l’Islam français est loin
devant le Protestantisme (un million) et le Judaïsme (700 000), ce qui fait de lui la deuxième
grande religion française. Par ailleurs, il est en incessante progression puisqu’on peut dénombrer
depuis quelques années entre 30 000 et 50 000 conversions, le chiffre variant en fonction des
sources. Mais en dépit de cet état de fait, l’Islam n’est pas une religion reconnue (non pas
reconnue par l’Etat puisque selon l’article 2 de la Loi de 1905 concernant la séparation des
Eglises et de l’Etat : « La République ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte »,
mais reconnue par les français, dans les mentalités françaises.) telle que le protestantisme et le
judaïsme ; le catholicisme semble encore rester la « religion d’Etat », non pas que l’Etat soit
influencé par une religion particulière, ni qu’elle en favorise une, mais tout simplement parce
que le catholicisme est présent partout.
Cette non reconnaissance de l’Islam est due, entre autres, à la loi de séparation de l’Eglise et
de l’Etat datant de 1905, époque où l’Islam était encore très minoritaire en France et n’avait pu
s’établir correctement. Alors, que faire de l’Islam, ou plutôt, comment les musulmans vont
pouvoir s’intégrer sur le territoire français, où si peu de choses sont prévues et organisées pour
eux.
Les institutions de la Vème République ne vont pas sans poser de problèmes à ces croyants,
encore appelés « nouveaux arrivants » bien que la troisième génération soit déjà inscrite à l’école
maternelle ou primaire. En effet, les lois promulguées par notre République vont bien souvent à
l’encontre des us et coutumes de la tradition musulmane. Par ailleurs, la population française n’a