Laurence Séchaud ▪ Professeure ▪ RN, PhD
Filière Soins infirmiers - Haute école de santé ▪ HES-SO Genève
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soins en vue de définir une orientation commune des soins et traitements à mettre
Elle donne la priorité au patient (et non à la maladie) et ceci en prévision du jour où ce dernier deviendrait
incapable de prendre lui-même les décisions à ce sujet
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. Elle recouvre un champ bien plus large et qui implique
un véritable changement par le regard qu’elle porte, non pas sur la maladie, mais sur l’expérience existentielle du
patient. Elle implique de se préparer à la mort et correspond à un processus social qui se déroule dans le
contexte d’une famille/entourage, lequel est influencé par les relations interpersonnelles. L’axe privilégié est le
point de vue du patient, avec un focus sur ses préférences de soins et leur intensité qui sont à distinguer des
choix de traitements. Une importance prépondérante est mise sur les valeurs et croyances de l’individu. Enfin, la
PAPT se conçoit sous forme d’une démarche progressive et continue. De type processus, elle implique une
communication renforcée et répétée entre acteurs et ne se résume pas à remplir ponctuellement un formulaire.
Améliorer les pratiques
Comment initier le processus et faciliter le dialogue ? L’intervention imaginée et proposée dans la recherche
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s’est adressée successivement au résidant, au proche puis à la dyade. Sa spécificité a consisté en l’utilisation
d’un jeu de cartes « alternatif »
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. Par son intermédiaire, l’infirmière a demandé au résidant de se situer face à
trente-six énoncés formulés en termes de besoins spécifiques lors de la fin de la vie et identifiés comme étant
particulièrement importants par des recherches antérieures
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. Les consignes données par la professionnelle ont
été de classer les cartes en trois piles (peu, moyennement et très important), puis de hiérarchiser les plus
importantes en fonction de leur degré de priorité. L’originalité de cette approche est que le résidant trie, dans
toutes ces propositions, celles qui lui parlent. Il prend lui-même l’initiative, l’infirmière suscitant l’échange et
donnant la possibilité de clarifications ou développements en fonction des cartes sélectionnées. Dans un
deuxième temps, avec la même méthodologie, un entretien a été conduit auprès du proche sauf qu’il lui était
demandé les projections qu’il se faisait des attentes du résidant. L’ultime entretien a consisté en une discussion,
entre résidant et proche animée par l’infirmière, sur les priorités nommées.
Les similitudes et les différences ont été identifiées et travaillées. Le rôle de l’infirmière a été de donner la parole
au résidant afin qu’il puisse faire entendre ses choix, les développer, voire les clarifier et de favoriser les
échanges en fonction des priorités identifiées. Par la suite, les possibles implications en termes de type de soins
et d’intensité de traitements ont été explorées.
Des priorités distinctes ou similaires ?
Parmi les dix cartes sélectionnées comme les plus importantes par les résidants et les proches, quel a été le
nombre d’énoncés similaires dans les trente-neuf dyades participantes?
Aucune paire n’avait une similitude totale. La comparaison des choix a montré une grande variabilité (de un à huit
énoncés similaires). Alors que presqu’un tiers (29%) avaient seulement trois cartes en commun, un peu plus d’un
quart (26%) en possédait quatre. Enfin, il est à noter que seul un 16% a fait une sélection identique d’énoncés
dans huit cas sur dix alors qu’ils sont 13% dans ce cas avec six énoncés sur dix.
Cela indique le peu de connaissances partagées entre proches et résidants sur les attentes de ces derniers. Ces
résultats contredisent certaines croyances, bien répandues, qui laissent supposer que celui qui est proche sait
« naturellement » ce qui est prioritaire pour l’autre.
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Deliens, L., De Gendt, C., D’Haene, I., Meeussen, K., Van den Block, L., & Stichele, .R.V. (2009). La planification anticipée des soins : la
concertation entre les dispensateurs de soins, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer et leurs proches. Belgique : Fondation Roi
Baudouin.
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«La Planification Anticipée du Projet Thérapeutique (PAPT) auprès des personnes âgées hébergées en établissement médico-social»,
Laurence Séchaud, thèse prochainement accessible sur le site Serval de l’Unil http://www.unil.ch/serval
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Menkin, E. S. (2007). Go Wish: a tool for end-of-life care conversations. J Palliat Med, 10(2), 297-303. doi: 10.1089/jpm.2006.9983. Voir
les cartes, en anglais, sur ce site internet : http://www.gowish.org/
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Steinhauser, K. E., Christakis, N. A., Clipp, E. C., McNeilly, M., McIntyre, L., & Tulsky, J. A. (2000). Factors considered important at the
end of life by patients, family, physicians, and other care providers. JAMA, 284(19), 2476-2482. doi: joc00645 [pii]