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38 Jean SOUBIRAN
-I-
A. (v. 694-697) La constellation circumpolaire du Dragon, qui serpente entre
les deux Ourses qu'elle enserre, est reconnaissable entre toutes : on rappellera Aratos {Ph.
26-62), ses Scholiastes2 et ses traducteurs latins : Cicéron {Ph. fr. V-VII), Germanicus {Ph.
24-64 et Schol. ad loc.), Aviénus {Ph. 99-168), pour ne rien dire d'une foule d'autres
textes. La comparaison avec les méandres d'un fleuve, issue elle aussi d'Aratos {Ph. 45 oīīļ
Tcoxapoio árcoppcó^ / eiXeîxai) est passée chez Virgile {Ge. I 244 sq. Maximus hic flexu
sinuoso elahitur Anguis / circum perque duas in morem fluminis Arctos) et se retrouvera chez
Sénèque {Thy. 869 sq. Et qui medias diuidit Vrsas / fluminis instar lubricus Anguis) . L'idée
que les navigateurs grecs s'orientent d'après la Grande Ourse, plus facile à repérer, et les
Phéniciens d'après la Petite, plus proche du pôle, est également une idée aratéenne {Ph.
37-44) reprise par les traducteurs latins (Cic., Ph. fr. VII ; German., Ph. 40 sq. ; Avien.,
Ph. 12 4 sq.), ainsi qu'Ovide {Fast. III 107 sq. ; Tr. IV 3, 1 sq.), Manilius (I 294-301),
Val. Flaccus (I, 17-20)... pour nous en tenir aux poètes classiques. Ce Dragon est
considéré par les mythographes comme le gardien du jardin des Hespérides3, tué par
Héraclès qui, selon l'opinion la plus répandue, est à reconnaître dans la constellation
voisine de l'Agenouillé (aujourd'hui, précisément, Hercule)4. Certes, le scholiaste d'Aratos
(p. 92 Mart.) cite Python comme une identification possible de ce Dragon, mais telle ne
pouvait être la pensée de Sénèque, qui mentionne expressément Python plus loin (v. 700).
B. (v. 698-699) Le Serpent que tient Ophiuchus (' 0<|>ioû%oç = « qui tient le
serpent ») n'est pas moins évident. La figure humaine, dressée sur la carapace du Scorpion,
maîtrise un long reptile qui lui enserre la taille et dépasse de chaque côté, vers la
Couronne au nord (la tête), vers l'Aigle à l'est (la queue). Cette figure, les mythographes
l'identifient généralement à Asclépios-Esculape5, dont on sait que le serpent est l'animal
2 Nous renvoyons à la monumentale édition commentée dAratos procurée par J. Martin
(C.U.F., 1998, 2 vol.), ainsi qu'aux Scholia in Aratum uetera publiés par le même savant
(Stuttgart, Teubner, 1974). Traducteurs latins d'Aratos (tous publiés dans la C.U.F.) : Cicéron
(J. Soubiran, 1972) ; Germanicus (A. Le Boeuffle, 1975) ; Aviénus (J. Soubiran, 1981),
auxquels on ajoutera Hygin, De Astronomia (A. Le Boeuffle, 1983) ; on se reportera aux notes
ou commentaires de ces éditions. En outre, Scholies de Germanicus, Germanici Caesaris Aratea
cum scholiis, ed. A. Breysig, Berlin, 1867 = Hildesheim, 1967 ; Ératosthène, Catasterismorum
reliquiae, ed. C. Robert, Berlin, 1878, repr. 1963 ; Ératosthène, Le ciel. Mythes et histoire des
constellations, sous la dir. de P. Charvet, trad. fř. & comm., Paris, 1998.
3 Schol. Arat., p. 91 sq. ; Eratosth., Catast. 3 ; Schol. German., p. 60, 116 sq. ; Hyg., Astr. II 3,
1.
4 Cf. Arat., Ph. 63-70 et Schol. ad loc. ; Eratosth., Catast. 4 ; Hyg., Astr. II, 3, 1 ; 6, 1 ; Avien.,
Ph. 169-193, etc. D'autres identifications dans Hyg., Astr. II 3, 2 ; Schol. Arat., p. 92. Cf. Le
Boeuffle, 1977, p. 193 (en abrégé dans ce qui suit : N.LA.C.)
5 Cf. Arat., Ph. 82-89, et Schol. p. 111, 117 ; Cic., Ph. fr. XV ; German., Ph. 73-89 et Schol. p.
62, 120 ; Avien., Ph. 235-248 ; Eratosth., Catast. 6 ; Hyg., Astr. II, 14, 5 ; Manil., I 331-336.
Autres identifications : Hyg., Astr. II 14, 1-4 ; cf. A. Le Boeuffle, N.LA.C. p. 198.
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