Presses Universitaires du Midi Mythologie et astronomie III. Python et le Dauphin (Sénèque, Med. 700) Author(s): Jean SOUBIRAN Source: Pallas, No. 66 (2004), pp. 37-47 Published by: Presses Universitaires du Midi Stable URL: http://www.jstor.org/stable/43605938 Accessed: 01-01-2017 12:40 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Presses Universitaires du Midi is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Pallas This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms PALLAS, 66, 2004, pp. 37-47. Mythologie et astronomie III. Python et le Dauphin (Sénèque, Med. 700) 1 Jean SOUBIRAN (Université de Toulouse-Le Mirail) Préparant - selon le récit de sa nourrice - une terrible opération magique, Médée rassemble d'abord une foule de serpents venimeux {Med. 681-690), dont elle juge cependant trop faible la malfaisance : elle fera donc appel aux reptiles célestes, plus redoutables encore : 690 « Parua sunt , inquit, mala et uile telum est , ima quod tellus créât : caelo petam uenena. (...) 694 Hue ille uasti more torrentis iacens descendat unguis, cuius immensos duae> maior minorque, sentiunt nodos ferae (maior Pelasgis apta, Sidoniis minor), pressasque tandem soluat Ophiuchus manus uirusque fiindat ; adsit ad cantus meos 700 lacessere ausus gemina Python numina, et Hydra et omnis redeat Hercúlea manu succisa serpens , caede se reparans sua. Tu quoque relictis peruigil Colchis odes, sopite primum cantihus serpens meis. » 1 Je dois le point de départ de cette recherche à Madame Armisen-Marchetti qui, expliquant ce passage à ses étudiants, s'est étonnée de la présence de Python au milieu de trois reptiles notoirement catastérisés. Mes réflexions et mes recherches m'ont conduit, par l'argumentation qu'on va lire, à l'hypothèse peut-être téméraire dont je porte seul la responsabilité. This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 38 Jean SOUBIRAN -I- A. (v. 694-697) La constellation circumpolaire du Dragon, qui serpent les deux Ourses qu'elle enserre, est reconnaissable entre toutes : on rappellera Ar 26-62), ses Scholiastes2 et ses traducteurs latins : Cicéron {Ph. fr. V-VII), Germa 24-64 et Schol. ad loc.), Aviénus {Ph. 99-168), pour ne rien dire d'une foule textes. La comparaison avec les méandres d'un fleuve, issue elle aussi d'Aratos {P Tcoxapoio árcoppcó^ / eiXeîxai) est passée chez Virgile {Ge. I 244 sq. Maximus h sinuoso elahitur Anguis / circum perque duas in morem fluminis Arctos) et se retrou Sénèque {Thy. 869 sq. Et qui medias diuidit Vrsas / fluminis instar lubricus Angu que les navigateurs grecs s'orientent d'après la Grande Ourse, plus facile à repér Phéniciens d'après la Petite, plus proche du pôle, est également une idée aratée 37-44) reprise par les traducteurs latins (Cic., Ph. fr. VII ; German., Ph. 40 sq. Ph. 12 4 sq.), ainsi qu'Ovide {Fast. III 107 sq. ; Tr. IV 3, 1 sq.), Manilius (I 2 Val. Flaccus (I, 17-20)... pour nous en tenir aux poètes classiques. Ce Drag considéré par les mythographes comme le gardien du jardin des Hespérides3, t Héraclès qui, selon l'opinion la plus répandue, est à reconnaître dans la constell voisine de l'Agenouillé (aujourd'hui, précisément, Hercule)4. Certes, le scholiaste (p. 92 Mart.) cite Python comme une identification possible de ce Dragon, mai pouvait être la pensée de Sénèque, qui mentionne expressément Python plus loin B. (v. 698-699) Le Serpent que tient Ophiuchus (' 0<|>ioû%oç = « qui t serpent ») n'est pas moins évident. La figure humaine, dressée sur la carapace du maîtrise un long reptile qui lui enserre la taille et dépasse de chaque côté Couronne au nord (la tête), vers l'Aigle à l'est (la queue). Cette figure, les mytho l'identifient généralement à Asclépios-Esculape5, dont on sait que le serpent est 2 Nous renvoyons à la monumentale édition commentée dAratos procurée par J (C.U.F., 1998, 2 vol.), ainsi qu'aux Scholia in Aratum uetera publiés par le mêm (Stuttgart, Teubner, 1974). Traducteurs latins d'Aratos (tous publiés dans la C.U.F.) : (J. Soubiran, 1972) ; Germanicus (A. Le Boeuffle, 1975) ; Aviénus (J. Soubiran auxquels on ajoutera Hygin, De Astronomia (A. Le Boeuffle, 1983) ; on se reportera au ou commentaires de ces éditions. En outre, Scholies de Germanicus, Germanici Caesar cum scholiis, ed. A. Breysig, Berlin, 1867 = Hildesheim, 1967 ; Ératosthène, Catasteri reliquiae, ed. C. Robert, Berlin, 1878, repr. 1963 ; Ératosthène, Le ciel. Mythes et his constellations, sous la dir. de P. Charvet, trad. fř. & comm., Paris, 1998. 3 Schol. Arat., p. 91 sq. ; Eratosth., Catast. 3 ; Schol. German., p. 60, 116 sq. ; Hyg., A 1. 4 Cf. Arat., Ph. 63-70 et Schol. ad loc. ; Eratosth., Catast. 4 ; Hyg., Astr. II, 3, 1 ; 6, 1 ; Avien., Ph. 169-193, etc. D'autres identifications dans Hyg., Astr. II 3, 2 ; Schol. Arat., p. 92. Cf. Le Boeuffle, 1977, p. 193 (en abrégé dans ce qui suit : N.LA.C.) 5 Cf. Arat., Ph. 82-89, et Schol. p. 111, 117 ; Cic., Ph. fr. XV ; German., Ph. 73-89 et Schol. p. 62, 120 ; Avien., Ph. 235-248 ; Eratosth., Catast. 6 ; Hyg., Astr. II, 14, 5 ; Manil., I 331-336. Autres identifications : Hyg., Astr. II 14, 1-4 ; cf. A. Le Boeuffle, N.LA.C. p. 198. This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms PYTHON ET LE DAUPHIN 39 favori6. C. (v. 701-702) Il s'agit ici de la constellation de l'Hydre : Aratos, Ph. 443449, d'où Cicéron, Ph. 214-221 ; Germanicus, Ph. 426-432 ; Aviénus, Ph. 891-901 ; en outre, Manilius, I 415 sq. ; Hygin, Astr. II 40 ; III 39 i etc. La plupart des mythographes unissent l'Hydre (serpent d'eau), le Corbeau et la Coupe dans une fable amusante, contée en particulier par Ovide, mais qu'on retrouve aussi ailleurs7 : envoyé par Apollon chercher de l'eau à une source, le corbeau s'y attarda outre mesure pour attendre la maturité des fruits d'un figuier voisin, et justifia ensuite son retard auprès du dieu en prétextant la présence d'un serpent d'eau qui l'aurait empêché de remplir son vase. Irrité du mensonge, Apollon condamna l'oiseau à souffrir toujours de la soif et catastérisa ensemble les trois figures, Corbeau, Coupe et Hydre. Mais pour Sénèque, ici, il ne s'agit pas de cela : le contexte indique sans équivoque que cette Hydre est le monstre de Lerne, dont Héraclès triompha en tranchant d'un coup toutes les têtes (en nombre variable selon les mythographes : peu nous importe ici) et en cautérisant les blessures pour les empêcher de repousser plus nombreuses. Cette identification de l'Hydre céleste, xo Çcôov ô KanrycoviaaTO o'HpaicMfc (Schol. Arat., p. 280, 14 ; cf. 281, 17 Mart.), explicite chez le Scholiaste, est implicitement confirmée par le groupement des trois constellations, Hydre, Cancer et Lion (Arat., Ph. 445 sq. et note J. Martin ad loc. ; d'où Cic., Ph. 216 sq. ; German., Ph. 42 7 sq. ; Avien., Ph. 893 sq. ; Eratosth., Catast. 11 ; Vitruve, IX 5, 1 ; Hygin, Astr. II 23, 1) - le Cancer étant, pour les auteurs qu'on vient de citer (et pour Avien., Ph. 379-383), le crustacé qui mordit Héraclès au pied dans le marais de Lerne, et le Lion le fauve de Némée, dont Héraclès portait sur le dos la dépouille, trophée de son premier travail8. Tels sont donc les trois reptiles célestes, car tres sunt ungues in cáelo : unus qui in septentrione est, alter Ophiuchi, tertius australis , in quo sunt Crater et Coruus (Servius, ad Ge. I 205). Mais non seulement Sénèque leur adjoint in fine (703 Tu quoque...) le dragon cher à Médée qui veillait en Colchide sur la toison d'or et qui n'est pas catastérisé - nous en reparlerons plus loin - ; mais surtout, parmi les reptiles célestes, il en intercale un quatrième, Python (v. 699-700), qui ne semble jamais, lui non plus, avoir trouvé place dans le ciel étoilé. Disparate du développement sénéquien ? Les commentateurs de Médée paraissent l'admettre. Pour C.D.N. Costa9, Médée « now summons serpents from the 6 Cf. Ovide, Met. XV 651-744. Mais la couleuvre d'Esculape (le 7capeiaç des Grecs : cf. aussi Lucain, IX 721 et la note de mon éd.), splendide serpent bronzé dont la longueur peut atteindre 2 mètres ( Grand Larousse EncycL , s.v. couleuvre, III 565 b), n'est pas venimeuse, contrairement à l'attente de Médée (699 uirusque fundat ). Dans le sanctuaire du dieu, à Épidaure, était apprivoisée cette espèce ; et quand on fondait un nouveau temple, on y amenait un de ces serpents. 7 Ovide, Fast. II, 243-266 ; en outre, Eratosth., Catast. 41 ; Schol. Arat., p. 282 ; Schol. German., p. 100, 180 ; Hyg., Astr. II 40, 1 ; cf. A. Le Boeuffle, N.L.A.C. p. 204. 8 Sur ces deux identifications, cf. A. Le Boeuffle, N.LA.C. p. 21 1 et 212 (avec références). 9 Seneca Medeay ed. with Introd. and Comm., Oxford, 1973. C.D.N. Costa exclut l'Hydre des reptiles célestes, ce qui est plutôt surprenant, la constellation de l'Hydre étant bien connue. This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 40 Jean SOUBIRAN constellations, and three others famous in the Golden Fleece with which she had alrea cité les trois reptiles célestes énumérés par three are summoned by M., and so are oth Apollo and cremated or buried, and the sna peut-on réellement trouver dans le ciel trace -II- Notons d'abord, après C.D.N. Costa, que l'allusion du v. 700 est conn d'autres sources, notamment Hygin, Fab. 140 : Python, serpent monstrueux, é périr de la main d'un enfant de Latone. Lorsqu'il la sut enceinte, Python la p donc pour la tuer, mais elle lui fut dérobée par Zeus et il ne put la trouver. Q après sa naissance, Apollon se vengea de Python en le tuant de ses Gemina... numina désigne donc Apollon et Artémis encore à naître, et le neu numina est particulièrement habile pour réunir deux divinités de sexe différent prix d'une anomalie métrique13. Mais la question essentielle demeure une éventuelle catastérisation de Pyt semble suggérer Sénèque, et qu'ignorent, à notre connaissance, mythog astronomes. Donnons tout de suite notre solution. Nous pensons qu'a existé, c Sénèque et attestée indirectement par ce seul passage de Médée> une tra identifiait Python avec la constellation du Dauphin. Le lien entre les deux est un nom rare de Python, en grec, (ou -<|>ÍVT1Ç ), quasi homon Dauphin, ; et l'on ajoutera une deuxième homonymie, celle du nom de AeX<|)OÍ. Les relations induites par cette triple rencontre peuvent être synthét diagramme que voici : 10 Seneca Medea^ with an Introd., Text, Transi, and Comm., Warminster, 2000 - qu propos de l'Hydre, l'erreur de son prédécesseur. 11 Je regrette de n'avoir pu consulter, pour tout ce qui suit, J. E. Fontenrose, 1959. 12 Version différente chez Apollodo re (14, 1) : ayant appris de Pan la man tique, rendit à Delphes, où Thémis alors prophétisait ; et comme le serpent Python, q l'oracle, l'empêchait d'approcher de la crevasse, il le tua. - Sur Apollon meurtrier d nombreux textes : H. h. Ap. 300 sqq. ; Eur., I. T. 1233-1258 ; Call., Hymn. II 97- Rh., II 705-707 ; Prop., IV 6, 35 ; Ov., Met. I 438-447 (qui fait de Python, v. 444, un venimeux) ; Sen., H.O. 92 sqq. ; Luc., V 79-81, VII 148 ; Stace, Th. I 562-569, sq. ; Ter. Maur., 1586 sqq. 13 Lorsqu'il termine son trimètre par un trisyllabe crétique ou dactylique, Sénèque presque toujours à le faire précéder d'un polysyllabe élidé (cf. mon Essai sur la versif Romains , Paris, 1988, p. 379). This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms PYTHON ET LE DAUPHIN 41 Aehfyoí y ' '5' / y ' ArcóMxov AEX^ÍÇ 6 ^ AeX^iivriç Voyons de plus près chacune des six relations ainsi présentées. 1) Apollon et Delphes (AeXtyoi) est la plus évidente, et n'exige démonstration : Apollon est le dieu par excellence de Delphes. L'épithète de Delp est d'innombrables fois attribuée, avec ou sans substantif, Delphicus Apollo ou seul ; ou bien le nom du dieu est associé à celui de Delphes14. 2) Apollon et le Dauphin (AeX<1>iç) - relation moins connue, mais bien att sont également liés. V Hymne homérique à Apollon (v. 388-544) raconte longuem le dieu, métamorphosé en dauphin (v. 400 Sépaç 8eX<|>îvi éoiKCÓç'; 494 e 8eX<|>îvi), 'arraisonna' en pleine mer un navire crétois pour en conduire l'équ Delphes, où il entendait faire de ces gens les gardiens de son temple : cf. aussi Scho p. 234 Mart, (récit attribué à Hermippos1*) : ' ArcóMxovoç ... Tvyíiaapévou Kp AeAxtxròç Sedivi ópoicoOÉVTOÇ. D'où l'épithète de AeX<1>ivioç attribuée au dieu H. hom. Ap. 493 sqq. ' Qç pèv éyco tô 7Cpœxov év íjepoeiSéi tcóvtco eiSópevoç SeX^îvi Ooffc ènì vf1oç öpouoa, 495 ãç èjLioì eùxeaOai 8eX<ļ)ivicp* aura p ó ßcopoq* airròç 8éXx|)eioç Kai ènó''rioç ëaaexat aieí. - épithète qu'on retrouve ailleurs (S trabón, IV 1,4= 179 ; A. P. VI 278) 16. Et il Athènes un très ancien sanctuaire d'Apollon Delphinios (AeÀ,<1>íviov, Andoc., Aristote, fi-. 419 ; Plut., Thes. 12, 6 ; 18, 1). Apollon Delphinios était le prote marins (H. hom. Ap. 22 sqq.), le dauphin était son animal sacré (Servius, ad Ae 14 Quelques références en poésie latine : Enn., Scaen. 353 W ; Hor., Od. I 7, 3 ; Tib., Ov., Met. II 543, 677 ; IX 332 ; X 168 ; XI 304 ; XV 631 ; Fast. Ill 856 ; Sen., O Luc., V 70 ; II. Lat. 32 ; Colum., X 217 ; Petr., /*.31,5; 34, 3 (= A L. 691, 5 & Stace, Th. VIII 196 sq. ; Mart., IX 42, 4 ; Claud., R Pr. II 246. 15 Hermippos de Smyrně, disciple de Callimaque (IIIè s. av. J. C.), grammairien et a Phaenomena, poème didactique perdu {Kl. Pauly, s.v., II 1079). 16 Mais Delphinius , en revanche, ne semble pas attesté en latin (hormis, à propos ďA occurrence dans les Schol. Bern. ¿¿/Virg., Bue. VIII 56). This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 42 Jean SOUBIRAN delphinum aiunt inter sacra Apollinis r quindécemvirs, prêtres d'Apollon (Servius, précisément la métamorphose d'Apollon la supra ) ; mais on l'expliquait aussi, soit par soit par celui qui sauva Arion18 : la pluralit les Scholiastes et les mythographes. 3) Apollon et Delphynès (AeÁxjrúvTi?, -<( la plupart des nombreux textes qui relaten Delphes, du monstrueux serpent Python de s'étendre. Nous intéresse seulement ici seulement les deux formes -((nivTiç, -(ķivi polymorphisme). Ce nom de Delphynès est II 705 7COTE TCETpaÍTi i)Ko ÔEipdSi napvīļaooīo (var. -<|>í-) AeXx|)tivTļv xó^oioi TteXcopiov é^evdpi^e Koûpoç écòv ëxi yupvóç (seil. ' ArcóMxúv) et le Scholiaste ad loc. renvoie à Callimaque (fr. 88 Pf. = 364 Sch.) : ôxi AeX<1>iÍvtiç ekoXeîxo ó <|>t)A,dooo)v x6 év Ae>4>oîç xpîioxqpiov * AéavSpoç (Maiav8poç ?) Kai KaM.iļxa%o<r Eircov, ôpaKatvav 8ë aiixqv <ļ)Tļaiv Eivai, GtiXdxikcoç Ka^oDpēviļv AEAxjnivav, aúxòç ó KaXX,ípaxoç. Selon R. Pfeiffer, l'allusion viserait un passage des Aitia qui serait la première attestation érudite de ce terme rare, repris plus tard par Denys le Périégète19 : 441 Tœ 7tdpa ITuOœvoç Odóev tceôov, r'%1 SpdKovxoç AEĀx|>wTļcr xpiTtóÔEGcyi 0EOI) 7tapaKÉKX,ixai óXkóçt, ÓXkÓÇ, aTCElpEOÍT1GlV é7CK|)pÍGOCOV (ķO^iSEGGl20 - ainsi que par le Scholiaste d'Euripide, Phén. (éd. E. Schwartz, I, Berlin 1 887) : 17 Servius, loc. cit. : ... cuius rei uestigium est quod hodieque quindecimuirorum cortinis delphinus in summo ponitur et, pridie quam sacrificium faciunt, uelut symbolům delphinus circumfertur, ob hoc scilicet quia quindecimuiri librorum Sibyllinorum sunt antistites, Sibylla autem Apollinis uates et delphinus Apollini sacer est. 18 Cf. A. Le Boeuffle, N. L.A.C, p. 196 sq. Aux références latines qu'il donne, on ajoutera Eratosth., Catast. 31 ; Schol. Arat., p. 233 sq. 19 Quant au Aéavôpoç, AedvÔpioç ou MaidvÔpoç cité par le Scholiaste, il demeure énigmatique : un Léandr(i)os ou Maiandrios de Milet avait écrit des MiA/iļaiaKa (cf. Kl. Pauly, s.v. , III 525, 895 sq.). 20 Cf. aussi les Schol. ad loc. Avienus (D.O. T. 601 sq.) traduira : Hic quondam Python transactus arundine membra (sic !) sanguinis et cossus prolixa uolumina soluit. Tep Ttdpa et Hic désignent le fleuve Céphise. This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms PYTHON ET LE DAUPHIN 43 ad u. 232 ävxpa SpáicovToç* toi Aetaļrūvo cmriXaiov. 233 év riapvaacp, Ö0ev kcltoktexxjolç ' AkóXXxùv tò v AeA^ūvīļv KaTETÓÇeoaev.21 - et par Nonnos : XIII 28 Ae^oviļv S éôdpaoae Kai aiGépa vaie v ' AkóXXxùv. En latin, où le calque Delphynes (- phines ) ne semble pas sûrement attesté, il convient cependant de signaler une notice de Tertullien, Cor. 7, 522 : Habes... Callimachum, qui et Apollinem memorat interfecto Delphico dracone lauream induisse> où Delphico est une conjecture de Rhenanus3, mais où une bonne partie de la tradition ms. (F N X R1) porte Delphiney qui pourrait être l'ablatif de Delphines : le Thes. L . L. ( Onomasticon D) enregistre cette seule occurrence sous le lemme Delphynes. Et J. Fontaine, dans son commentaire ad loc.y cite la glose d'Hésychius, AeXtyiç ó èv AeA/ķoī^ SpÓKCOV, qui semble précisément confondre Ae^ļruvr^ et Aetajnç (cf. infrasons G). 4) Delphes et le Dauphin (cf. supra sous 2) : Servius déjà {ad Aen. III 332) notait, dans une autre version du mythe, la parenté étymologique des deux noms : {Icadiust Apollinis. . . filius ) cum Italiam peteret naufragio uexatus delphini tergo exceptus dicitur ac prope Parnasům montem delatus patri Apollini templům constituísse et a delphino locum Delphos appellasse. Et les Modernes ne l'excluent pas, sous des formes diverses et plus ou moins dubitatives : P. Grimai {Diet. mythoLy s.v. Apollon, p. 43 a) : « le dauphin, dont le nom rappelait celui de Delphes » ; {op. cit., s.v. Melantho, p. 283 b) : « avec Poséidon, uni à elle (Mélantho) sous la forme d'un dauphin, elle aurait engendré le héros éponyme de Delphes, Delphos » ; P. Chantraine {Diet. étym ., s.v. AeÀ,<|>iç, à propos de AeX^ivioç, épithète d'Apollon) : « jeu étymologique, à la fois dieu du dauphin et dieu de Delphes » (cf. note de J. Humbert, éd. C.U.F., à H. hom. Ap. 495) ; {op. cit., s.v. AeX<|>oi) : « rapprochement formel évident avec « matrice », qui est aussi l'étymon de ôeX,<1>íç » ; W. Fauth {Kl. Pauly , s.v. Apollon, I, 444) : « sous le signe du dauphin sacré, dont la symbolique chtonienne et maternelle ressort de la parenté étymologique et de la connexion légendaire {Hom. h. 3, 388 sqq.) avec le gouffre terrestre AeAxļ>oi ». Et ce n'est sûrement pas par hasard que, dans la notice citée supra sous 2, le Scholiaste d'Aratos juxtapose eiç AeX^oûç et 8eX<|)ivt : il y a là tout un champ sémantique, 8eX<j>iç / Aetaķol / AeX(ļ)')VTļ<?, qui n'avait pas échappé aux Anciens et qui pourrait bien n'être pas seulement apparent. 5) Delphes et Delphynès : ne sont pas en relation moins évidente, puisque Python - on l'a suffisamment rappelé par les testimonia et références allégués plus haut - est, sous ce nom ou celui de Delphynès, le grand serpent de Delphes tué près du Parnasse par 21 Donnons les uariae lectiones de ces testimonia : Ap. Rh. : -<ļ>ivrļv, -<ļ)īva; Denys : -<1>ívT1Ç, -<ķnvīļ<? ; Schol. Eur. : -(ļnvou, -(Juvíou. 22 Éd. J. Fontaine, Coll. Érasme, Paris, P.U.F., 1966. This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 44 Jean SOUBIRAN les flèches d'Apollon. 6) Delphynès et le Dauphin : reste donc N'étant pas explicitement attestée, hormis 3, elle requiert vérification. Mais le champ atteste la vraisemblance, et nous penson Sénèque {Med. 700) dont nous somm mythographique rare, alexandrine très pro s'est perdu, qui faisait de la constellation d aussi de Python, sous son nom de Ae^iiviiç serpit , qu'emploie Cicéron à propos de la c lumine serpit, auquel rien ne correspond ch Ce serait tentant, mais le gros contresens c traducteur romain sur les w. 319-321 d'Arat En sens contraire, contre notre hypothès l'exiguïté de cette constellation, que soulig jLKXÀxx noXXóç ; German., Ph. 321 sq. br corpus (cf. Vitruve, IX 4, 5 parue), alors que I, A B C) se caractérisent par la longue sui au corps d'un serpent. Mais cette const traditions, sensiblement plus étendue (ce qu que l'on vient de rappeler). Hygin {Astr Pégase : il lui inclut donc la constellation du et si l'on ajoute celle, moderne, du Petit Rena obtient un ensemble, certes pas vraimen brillantes, mais en tout cas d'assez bonnes d parallélogramme dont fait état Aratos {loc. ci Plaide, en revanche, en faveur de notre petite constellation de la Flèche, pointée pr nombreux textes (cf. supra n. 12) qui relate Apollon - dieu archer, on s'en souvient - , presque toujours rappelées (Euripide, Callim Hygin). Et si la tradition aratéenne a l'air d là sans que personne l'ait décochée (Arat., 23 Cf. note A. Le Boeuffle à Hyg., Astr. III 16, 24 Constellation imaginée en 1660 par Hévéliu op. cit. p. 175). 25 Telle en est bien l'orientation, malgré une notice aberrante ďHygin {Astr. III 14), qui du reste se contredit lui-même : huius acumen ad Equi pedum regionem spectat (exact)/ duae reliquae {stellai) in eo loco quo ferrum solet adfigi (faux). Les deux étoiles a et ß, les plus occidentales, représentent bien l'empennage de la flèche : sic Eratosth., Catast. 29 èni toû X^rópaioç ß' ; Schol. German, p. 91 {stellai) duas in fiindo sagittae ; p. 160 in pennis II. C'est ainsi que les cartes et sphères célestes la représentent toujours. This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms PYTHON ET LE DAUPHIN 45 uacans ; German., Ph. 315 incertum quo cornu missa inscia neruij inscia nam domini est ), les myth - meurtrier des Cyclopes (Eratosth., Catast. 29 German., p. 91, 161 Br. ; Hyg., Astr. II, 15), il tentant, au vu des rapprochements précédents, de su flèche décochée par Apollon pour tuer Delphynès-P les Cyclopes ne le sont nulle part). Du reste, la pré région du ciel se décèle à d'autres indices : les myt étoiles, autant que de Muses, précisent-ils26 ; et à Petit Renard (cf. supra ) la sphère barbare reconnai de la sphère grecque. Nous aurions donc là un ens autres, qui relient entre elles, par un mythe com Ourses et le Bouvier ( Arctophylax ) ; le Dragon e Cassiopèe, Andromède, Pégase et la Baleine ; l'Hydr Cancer et le Lion (cf. supra I, C) ; Orion, le Chien et Revenons, pour finir, à l'astronomie et au l'identification Dauphin = Python. On y obser énumérés le sont dans l'ordre nord-sud : le Dragon près28 ; puis le Serpent d'Ophiuchus, très étendu en + 25° (tête) et - 10° ; le Dauphin-Python, autour d australe, de + 10° (tête) à - 20° (queue). Tel est bien v. 82-89 ; Del : v. 316-318 ; Hya : v. 443-449). Mieu ces quatre constellations sont durant six mois visibl qu'on vient de décrire : le Dragon, haut dans le culmination supérieure ; le Serpent, au sud-est, à m au méridien, se déploie sur toute sa longueur ; le D basse sur l'horizon et proche de son coucher, s'étire (queue) et l'ouest (tête). Telle était bien à peu près, disposition observable dans l'antiquité31. Lu et compris ainsi, le texte de Sénèque acquiert soir de juin, Médée préparant à la nuit tombée ses 26 27 28 29 Ovide, Fast. II 1 18 ; Schol. German., p. 92 & 162. A. Le Boeuffle, N.LA.C. p. 225 sqq. Cf. Arat., Ph. 61 sq. ; d'où Cie., Ph.fr. X ; German., Nous donnons, en chiffres ronds, les déclinaisons précession des équinoxes (cf. carte h.t. en fin de vol Aujourd'hui, le Serpent est entre + 1 5° et - 1 5 °, le 25°. 30 En fin de nuit, vers 7 h T. U. le 1 5 janvier, puis de p 3 h le 15 mars, 1 h le 15 avril... jusqu'à la soirée : 23 h 31 Hipparque (II 5, 14) note qu'au lever du Dauphin cul et du pied de la Vierge : c'est bien ce que montrent les c This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 46 Jean SOUBIRAN haut vers la région céleste circumpolaire passant par le Serpent ďOphiuchus et le D sur l'horizon, l'Hydre. Et lorsque son reg souvient (703 Tu quoque...) que, non encor terrestre, là-bas en Colchide, loin vers Pest d'or, qu'elle chérissait32 : elle l'invite à qu rejoindre {ades). Mais en l'appelant ainsi, e uenena ) pour revenir sur terre à ses funestes 705 Postquam euocauit omne serpen congerit in unum frugis infaustae Un dernier mot, pour lever un possible d'un autre passage de Sénèque {Here. Fur. celle-ci. Semblable à Médée cherchant au ci identifiant sur la voûte céleste des figures (Vénus, Callisto, Europe, trois des sept Plé Ariane, Hercule), qu'elle découvrait sous fo ensemble au petit matin (comme il est no d'été. La démarche de Médée est la même l'année, sauf qu'ici c'est le ciel vespéral qui normal aussi, attendu le début de la nuit donc exactement symétriques, et nos deux pure fantaisie, comme on s'est souvent rés et là sur des données scientifiques réelles grands textes. Bibliographie C. Flammarion, Les étoiles et les curiosités du ciel Paris, 1882, repr. 1981. J. E. Fontenrose, Python. A study of Delphic myth and his origin , Berkeley, 1959. A. Le Boeuffle, Les noms latins d'astres et de constellations , Paris, 1977. 32 Cf. Val. Flaccus, I 60-62, VIII 59-104. 33 Ablatif absolu que nous comprenons : Colchos relinque et ades (valeur temporelle) et non quoniam Colchos (iam) reliquisti, ades (valeur causale). 34 Mythologie et astronomie II. Le ciel étoilé vu par la jalousie de Junon ( Sénèque , Herc. Fur. 3-18 ), in Les Astres. Actes du colloque international de Montpellier (23-25 mars 1995), Montpellier, 1996, 1. 1, p. 69-81. This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms PYTHON ET LE DAUPHIN 47 Le P'juin à 21 h 30 ou le 15 juin à 20 h This content downloaded from 130.133.8.114 on Sun, 01 Jan 2017 12:40:57 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms