Alimentation et Cancer : Qui croire ? Que savoir

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DOSSIER DE PRESSE
Juillet 2008
Alimentation et Cancer : Qui croire ? Que savoir ?
Trois tables rondes avec des chercheurs, des politiques, des consommateurs et des
malades, ouvertes au grand public.
Source : La Ligue Contre Le Cancer
Contact Presse :
E-mail : [email protected]
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Sommaire
Les enjeux du débat « Aliments & Cancers »………………………………………… p.3
Le Groupe ESCT et les Mastères spécialisés Management de la Santé ………… p.4
La Mission d’Animation des Agrobiosciences………………………………………… p.6
Assosciences Midi-Pyrénées…………………………………………………………… p.7
Consommateurs et malades : ce qui résiste à l’analyse.……………………………. p.8
Alimentation & Cancer : radiographie des savoirs…………………………………… p.10
Que peuvent les pouvoirs publics ? …………………………………………….….......p.12
2
LES ENJEUX DU DEBAT « ALIMENTS & CANCERS »
Alimentation et Cancer : Qui croire ? Que savoir ?
Trois tables rondes avec des chercheurs, des politiques, des consommateurs
et des malades, ouvertes au grand public.
Le 16 septembre 2008, de 17h à 20h, à la salle du Sénéchal (Toulouse), le Groupe Ecole Supérieure de
Commerce de Toulouse, la Mission Agrobiosciences et Assosciences Midi-Pyrénées organisent un débat
- tables rondes ouvert à tous, pour dresser un état des lieux des connaissances et des questions
concernant le lien entre les facteurs alimentaires et le cancer. Avec les meilleurs spécialistes et
chercheurs de la région (notamment Roland Bugat, président du Pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé,
Denis Corpet, chercheur sur les relations entre alimentation et cancer, Max Lafontan, spécialiste des
obésités, Jean-Pierre Cravedi des perturbateurs endocriniens) mais aussi des politiques (Jean Tkaczuk,
Président de la Commission Recherche Transferts de Technologies du Conseil Régional Midi-Pyrénées),
sans oublier des représentants d’associations de consommateurs et de malades... Pour un débat sans
tabou !
Pas une semaine ne passe, sans que l’on entende parler du cancer, sur un plan médiatique mais aussi
personnel. Il faut dire que ce fléau fait une victime toutes les deux minutes en France...
Depuis quelques années, les livres et les recettes « anti-cancer » ont le vent en poupe, préconisant
souvent une alimentation saine. De nouvelles tendances nutritionnelles et comportementales se
développent, portées par des leaders d’opinion, souvent drapés de leur blouse blanche. Dans ce
foisonnement d’informations, il devient impératif de répertorier les arguments scientifiques avérés, pour
donner des points de repères fiables à tous les citoyens. C’est dans cet esprit que les étudiants des
mastères spécialisés en management de la santé du Groupe Ecole Supérieure de Commerce de
Toulouse, de formation scientifique ou ayant une expérience hospitalière, ont effectué un vaste travail
bibliographique recensant les dernières découvertes, en France et à l’international, autour de cette
préoccupation majeure de notre société. A l’heure où naît le Pôle de compétitivité Cancer Bio-Santé,
l’ESCT, la Mission Agrobiosciences et Assosciences Midi-Pyrénées ont choisi d’organiser, à Toulouse, un
débat public croisant les regards des scientifiques spécialisés dans le cancer et dans l’alimentation, des
responsables politiques et administratifs, des représentants d’associations de consommateurs et de
malades. Il s’agit à la fois d’exposer les dernières connaissances acquises, de faire la part des croyances,
rumeurs et hypothèses, et de laisser s’exprimer les doutes, les questionnements et les zones
d’incertitudes.
3
LE GROUPE ECOLE SUPERIEURE DE COMMERCE DE TOULOUSE
Le groupe ESCT, dirigé par Hervé Passeron, est classé aujourd’hui parmi les meilleures Ecoles
1
mondiales et justifie de la triple accréditation internationale EQUIS , AMBA et AACSB.
La mission du Groupe est de permettre à ses étudiants d'obtenir une pratique éclairée et pertinente du
management généraliste ainsi qu'une ouverture sur diverses fonctions et métiers spécialisés.
A travers ses différentes activités académiques, associatives et professionnelles et ses multiples
programmes, le Groupe ESCT a pour ambition de former les pilotes du changement en orientant ses
étudiants vers l'acquisition de solides connaissances et compétences permettant l'exercice de leurs
futures responsabilités en entreprise.
Le Mastère spécialisé Management de la Santé se compose de deux Mastères spécialisés, travaillant en
tronc commun pour certains enseignements. Il s’agit du Mastère spécialisé Management des Industries
de Santé et Mastère spécialisé Management des Structures Sanitaires et Sociales.
ème
Le Mastère spécialisé en Management de la Santé, classé 2
1
aux trophées de la pédagogie SMBG ,
s’appuie sur un réseau de partenaires largement développé et bénéficie d’une forte notoriété.
Le Mastère Spécialisé : Management des Industries de Santé
Le Mastère spécialisé en Management des Industries de Santé a pour vocation de répondre aux
nouveaux enjeux du secteur des industries de santé. Les dix dernières années ont vu en effet une forte
mutation de ce secteur autour des axes suivants :
-
Restructuration des industries pharmaceutiques sur leur cœur de métier, le médicament
-
Développement de l’innovation en matière biotechnologique et technologique
-
Développement d’une industrie technologique du matériel médical avec l’émergence de nouveaux
besoins.
Dans ce contexte de changement, les industries de santé se doivent d’être toujours plus compétitives et
pour cela s’appuyer sur des collaborateurs « multicompétents ». Dans cette optique, cette formation
assure ainsi une double compétence scientifique et en management/marketing/communication au service
de la performance des industries de santé.
1
Le Groupe ESCT a été accrédité EQUIS (L'European Quality Improvement System) en 2001, et réaccrédité en 2004 pour 5 ans,
AMBA (Association of Masters of Business Administration) en 2002 et AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of
Business ) en 2003. Le classement du Cabinet SMBG est consultable sur http://www.smbg.fr/
4
Le Mastère Spécialisé : Management des Structures Sanitaires et Sociales
Le Mastère Spécialisé en Management des Structures Sanitaires et Sociales a pour objectif de former
des managers de haut niveau au service des structures sanitaires et sociales publiques ou privées.
Le secteur de la santé en France subit en effet depuis une vingtaine d’années des évolutions continues.
Aujourd’hui, l’augmentation des dépenses de santé constitue toujours un problème majeur de notre
économie.
« La Santé n’a pas de prix » a été progressivement remplacé par « La Santé a un coût » et de
nombreuses réformes fondées sur la rationalisation ont conduit l’État à intégrer, voire à prioriser au sein
de ce secteur, des logiques économiques et financières. Dans ce contexte, les managers de ces
organismes doivent plus que jamais développer de nouvelles compétences qui leur permettent de gérer
la performance et surtout la complexité de ces structures, créées avant tout pour le service et le bien-être
de chacun d’entre nous.
RESPONSABLE PÉDAGOGIQUE
INFORMATION ET ORIENTATION
Françoise Le Deist, professeur au Groupe ESC Toulouse
Jacqueline REAT BEX: [email protected]
[email protected]
Tél. +33 (0)5 61 294 868 - Fax +33 (0)5 61 294 768
Téléchargement du syllabus: www.esc-toulouse.fr
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Un Centre national de médiation des nouveaux rapports science et société
Créée en 2000 dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région entre le ministère de l’Agriculture et de la
Pêche et la région Midi-Pyrénées, la Mission d’Animation des Agrobiosciences (MAA), par ses actions
propres ou à la demande d’organismes publics ou privés, investit ses compétences dans la conception,
l’organisation et l’animation de débats sur des sujets sensibles touchant le devenir de l’agriculture, de
l’alimentation, des sciences et technologies du vivant, et développe des opérations de mise en culture
science et société auprès des lycéens. Grâce à un réseau d’intervenants nationaux et internationaux
multidisciplinaires, capables d’éclairer les différents sujets abordés, la MAA joue aujourd’hui un rôle
national de médiation entre la science et la société.
Implantée en Midi-Pyrénées dans les locaux de l’Ecole Nationale de Formation Agronomique, à Auzeville,
elle mène en région des actions pilotes telles que la Conversation Midi-Pyrénées, l’Université de
l’Innovation Rurale à Marciac ou l’Université des lycéens. Sollicitée au plan national, elle a directement
contribué
aux
Etats
Généraux
de
l’Alimentation
(2000),
aux
Forums
de
concertation
sur
l’accompagnement du renforcement de la population d’ours bruns dans les Pyrénées ou encore aux
débats mis en place par le Ministère de l’Agriculture lors du Salon International de l’Agriculture. Au plan
international, elle a initié le Café des Sciences de Barcelone (2003), expertiser la politique éditoriale du
Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam) et anime, chaque
année, les Tables Rondes de la Fédération Européenne de Zootechnie. Tous les débats organisés par la
Mission Agrobiosciences donnent lieu à une publication téléchargeable gratuitement sur son site Internet
agrobiosciences.org
Une équipe collégiale
Additionnant plusieurs compétences en matière de conception, d’animation, d’analyse, d’édition et de
multimédia, l’équipe de la MAA fonctionne d’une manière collégiale et polyvalente. C’est à travers une
discussion interne et une liberté éditoriale que s’élabore le choix des sujets à traiter et les moyens à
initier.
L’équipe de la Mission d’Animation des Agrobiosciences (MAA)
Jean-Claude Flamant, directeur de la MAA : [email protected]
Jean-Marie Guilloux, conception et coordination générales : [email protected]
Sylvie Berthier, coordination des débats : [email protected]
Valérie Péan, en charge des publications : [email protected]
Lucie Gillot, chargée de projet : [email protected]
Jacques Rochefort, service presse, documentation : [email protected]
Site Internet : www.agrobiosciences.org
Contact presse : Sylvie Berthier, coordination des débats : [email protected]
Tel. 05 62 88 14 57
6
Assosciences Midi-Pyrénées s’est constituée à partir des sections locales des principales sociétés
savantes nationales et l’appui de deux Associations de professeurs de Lycée (en physique-chimie et en
SVT). De 2003 à 2008, elle a organisé une soixantaine de conférences, privilégiant les thèmes de la
génétique, du cerveau, des nanosciences, des nanotechnologies et des problèmes relatifs à l’énergie et
à la ville. Mais, le spectre général des sujets abordés par l’association couvre l’ensemble des disciplines
scientifiques.
Une exigence : la science pour tous
A l’origine, l’idée des animateurs d’Assosciences était d’inviter, à Toulouse, des scientifiques ayant
tenu, précédemment, des conférences à Paris dans le cadre de l’Université de Tous Les
2
Savoirs (UTLS). Mais avec le temps, le succès et la reconnaissance grandissants, le projet
d’Assosciences a évolué, inscrivant désormais à son programme de nouvelles conférences, mais toujours
avec cette exigence : des sujets scientifiques d’actualité et d’intérêt général, de bonne qualité et
accessible au grand public.
Où et quand ?
Les conférences d’Assosciences se tiennent en début de soirée, à partir de 18h45, à la salle du
Sénéchal,
17
rue
de
Rémusat,
à
proximité
de
la
place
du
Capitole
de
Toulouse.
Retrouvez le programme, sur le site http://www.assosciences.com/
Irriguer le territoire régional
Enfin, afin de rendre ce cycle de conférences accessible au plus grand nombre et notamment aux
citoyens d’autres villes de la région, il sera diffusé, à partir de l’automne 2008, via un réseau de
cyberbases qui permettra d’accéder, en temps réel, à l’exposé oral du conférencier et de transmettre ses
réponses aux questions des auditeurs toulousains et de la Région.
Contact
Paul Costa
17, rue Régans – 31000 Toulouse
Tél. 05 61 52 97 61 – 06 86 93 65 88
http://www.assosciences.com/
2
http://www.canalu.tv/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs
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CONSOMMATEURS ET MALADES : CE QUI RESISTE A L’ANALYSE...
Manger pour conserver sa santé ?
3
Selon le « Baromètre santé nutrition » de l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la
Santé), si « manger pour conserver sa santé » n’est un objectif que pour 20 % des Français, plus de
80 % considèrent que l’alimentation joue un rôle important dans l’apparition de certaines maladies comme
l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou l’ostéoporose.
En revanche, seuls 64% des Français semblent penser qu’elle joue un rôle important en ce qui
concerne le cancer.
Malgré tout, plus des trois quarts des Français considèrent être bien informés sur leur
alimentation… Est-ce vraiment le cas ?
Les Français et l’obésité : que savons-nous vraiment ?
Alors que des études scientifiques et épidémiologiques montrent l’existence d’une corrélation prouvée
4
entre surpoids et développement de certains cancers, un sondage SOFRES réalisé à la demande du
5
World Cancer Research Fund (le Fonds mondial de recherche contre le cancer, FMRC) indique qu’une
grande majorité de Français ignore le lien entre obésité et cancer.
Interrogés sur les principaux facteurs de risque de cancer, seulement 42 % de nos concitoyens identifient
le surpoids et l’obésité. En revanche, ils sont bien plus nombreux à pointer du doigt le tabagisme (93 %),
l’exposition prolongée au soleil (87 %), la consommation d’alcool (82 %) et les additifs alimentaires
(66 %). Ces chiffres ne reflètent-ils pas un manque d’information du grand public sur ce sujet ? D’autant
que l’Académie de Médecine et des Sciences a émis un rapport « causes du cancer en France »
minimisant le rôle de l’alimentation dans le développement de cancers…
Reste que certains comportements alimentaires, ancrés dans la culture culinaire française, restent des
révélateurs du manque d’information - ou bien du rejet - sur le rôle de certains facteurs alimentaires dans
le développement des cancers.
Tel est le cas du sel « posé sur la table » au cours du repas par plus de 3 Français sur 5. Chacun
d'entre nous ingère en moyenne 4 kilos de sel par an, soit près de deux fois la dose limite fixée par
6
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon la Ligue contre le cancer , le sel joue un rôle dans le
cancer de l’estomac, et la conservation des aliments par salage entraîne la formation de substances
appelées nitrosamines ayant un rôle cancérigène. Mais sommes-nous informés du « sel caché » dans les
aliments ?
De même, le « baromètre santé » de l’INPES révèle que 1 Français sur 5 a l’habitude de mettre sur sa
table la mayonnaise, le beurre et l’huile d’olive…
3
http://www.inpes.sante.fr/
TNSofres, Obésité et Cancer, France. Pour le WCRF International 30.09.03
http://www.fmrc.fr/
6
http://www.ligue-cancer.net/
4
5
8
Ou encore, certaines études rapportent que la consommation de sucre raffiné est passée de 2kg/an/pers
en 1830 pour atteindre 35kg/an/personne en France au début du 21ème siècle.
Et qu’en est-il de ces fameux omégas-3 et 6 qui semblent envahir notre alimentation moderne : a-t-on le
pouvoir de contrôler réellement leur apport dans notre alimentation ?
Tendances : Bio et alicaments, des perspectives d’avenir contre le cancer ?
Face à toutes ces interrogations et zones d’incertitude sur notre alimentation, deux grandes tendances
sociologiques se dégagent : le retour à une alimentation naturelle, l’alimentation «Bio» ou, à
l’inverse, la course vers de nouveaux aliments industriellement enrichis en substances dites
bénéfiques.
Une étude de l’INPES indique que seulement 6,6 % des personnes interrogées en 1996 déclaraient avoir
consommé des produits « Bio », au cours des quinze derniers jours, alors qu’ils étaient 18,3 % en 2002.
Depuis, cette augmentation se confirme puisque, selon le baromètre réalisé chaque année pour le
7
compte de l’Agence Bio , si 46% des Français déclaraient ne jamais consommer de produits
biologiques en 2003, ils n’étaient plus que 38% en 2004…
A l’inverse, une des perspectives pour palier les déficits de notre alimentation serait, selon certains
industriels ou nutritionnistes, les « aliments fonctionnels », aussi dénommés « alicaments » ou
« nutraceutiques ».
Puisque nos aliments actuels seraient « pollués » ou déficients en certains composés bénéfiques pour la
santé, quoi de plus facile, en effet, d’en enrichir certains en vue de prévenir des maladies chroniques
comme les troubles cardiovasculaires, le diabète voire même le cancer ? Si cette pratique paraît
alléchante aux nombreux industriels qui rivalisent d’idées « marketing » sur le sujet, nous pouvons
légitimement nous demander quelle place occupe le consommateur dans cette « nouvelle vague»
d’aliments : que sait-il vraiment de ces produits ? Ou que croit-il savoir ? Sait-il faire la part entre concept
marketing et bénéfice réel sur sa santé ? Et connaît-il les dangers potentiels de certains d’entre eux ? Pas
si sûr…
Reste que le marché des alicaments augmente de 20 % par an, et que la concurrence fait rage entre
les fabricants sur fond de slogans et de nouveautés, les produits affichant tous le désormais
incontournable « scientifiquement prouvé »... à destination du public. Est-il dupe ?
En bref…
Enfin, est-il réellement possible, dans un pays comme la France, où l’alimentation fait partie intégrale de
la culture de critiquer ou d’infléchir les comportements alimentaires… même si des arguments avérés le
demandent ? Qui a accès aux informations ? Et lesquelles ? Quand bien même serions-nous informés,
avons-nous vraiment le choix de notre alimentation dans un contexte économique difficile ? La santé par
l’alimentation
7
est-elle
réellement
accessible
à
tous ?
http://www.agencebio.org/
9
ALIMENTATION & CANCER : RADIOGRAPHIE DES SAVOIRS
Alimentation et cancer : qu’en disent les études scientifiques ?
Selon l’OMS, un tiers des cancers serait attribué à une alimentation non équilibrée. Cette affirmation a été
confirmée par l’INC
8
(l’Institut National du Cancer) qui indique qu’une alimentation diversifiée et
équilibrée, privilégiant l’apport de facteurs protecteurs et limitant la consommation de boissons
alcoolisées (associée à la pratique d’une activité physique visant à éviter la surcharge pondérale), peut
réduire de 30 %, environ, les cas de cancer. Cette mesure représenterait à terme une diminution globale
potentielle d’environ 100 000 cas de cancer par an en France !
Reste que, actuellement, les experts sont divisés quant au rôle de notre alimentation dans la survenue
des différents cancers. Par ailleurs, des études scientifiques sont menées sur le sujet, mais la plus
9
importante d’entre-elles, l’étude EPIC (lancée en 1993 dans 10 pays européens), ne livrera ses résultats
que dans quelques années. De plus, comme le rappelle le Pr. Lecerf, chef de clinique de l’Institut Pasteur
de Lille : « Entre les données de la recherche fondamentale et l’assiette, il y a un grand pas qu’il ne
faut pas franchir trop rapidement, cela pourrait pousser à des erreurs ». Mais, en cette absence de
preuves actuelles « scientifiquement validées », faut-il attendre que les évidences tombent pour nous
préoccuper de ce problème bien réel ?
Une expertise implacable, dix recommandations
Différents organismes de santé, nationaux ou internationaux, peuvent aujourd’hui réaliser un « tri » entre
substances alimentaires incriminées ou fortement suspectées dans la survenue et/ou la prévention des
cancers. Certains composants alimentaires sont désormais clairement impliqués dans la survenue de
certaines de ces affections, alors que d’autres ont démontré leur effet bénéfique. Ainsi, le FMRC vient de
publier dans son dernier rapport
10
un tableau récapitulatif des ingrédients dont les propriétés « pro » ou
« anti » cancer sont clairement établies ou supposées. Comme le souligne un article récent paru dans
Sciences et Avenir (avril 2008), qui titrait en « Une » sur le thème « Aliments & Cancers », le rapport du
FMRC est une implacable expertise. Cette étude a donc abouti à l’émission de 10 recommandations qui
prodiguent des conseils nutritionnels.
Des pesticides dans nos assiettes ?
Au-delà des substances naturelles présentes dans nos assiettes, se pose le problème des composants
issus de l’agriculture intensive (composés phytosanitaires…) et des polluants industriels qui se nichent
dans nos aliments et pourraient avoir d’importants impacts sur la survenue des cancers.
Premier au banc des accusés, les pesticides. Depuis près de 50 ans, ces produits ont été mis en
évidence dans tous les compartiments de l’environnement (eaux des rivières, nappes phréatiques, air et
eaux de pluie…). On les trouve aussi dans les fruits, les légumes, les céréales et les produits d’origine
9
Dossier Aliments et Cancer , Sciences et Avenir, Avril 2008, p54-69
http://www.fmrc.fr/.
10
10
animale que nous consommons. Malgré de nombreuses précautions, l’exposition humaine à ces
substances est donc aujourd’hui bien réelle : des résidus de pesticides ont été détectés dans le sang, les
urines, le tissu adipeux, certains organes, et même dans le lait maternel. Mais la majorité des études sont
conduites sur le sol américain, et la prise de conscience en Europe reste lente. Pourtant, la France est le
er
ème
1 consommateur européen de pesticides, et le 3
au niveau mondial derrière les USA et le Japon !
Cela représente 76 000 tonnes utilisées en 2004 pour un chiffre d’affaires frôlant les 2 milliards d’euros !
En France, l’Observatoire des Résidus et Pesticides
11
(ORP) estime qu’aujourd’hui 80 à 90 % de la
population est exposée.
Le risque semble bien réel, et dépasse même, aujourd’hui, la simple frontière des craintes liées aux
pesticides, car certains phytosanitaires s’avèrent être, aussi, des perturbateurs endocriniens. De quoi
s’agit-il ? Ces substances exogènes, en mimant nos hormones, vont interférer avec ces dernières,
altérant ainsi le bon fonctionnement de notre système endocrinien. Des cas de cancer de l’utérus ou
encore de tumeurs du cerveau ont été attribuées à certains perturbateurs endocriniens, les plaçant dans
la catégorie des substances dangereuses. Sont-ils réellement présents dans notre alimentation
quotidienne ? Si oui, sont-ils dangereux à dose infime ? Et faut-il craindre leur accumulation dans notre
corps au fil d’une vie ?
L’obésité : un facteur aggravant ?
Que n’a-t-on dit sur l’obésité ? Surtout, qu’elle est impliquée dans les maladies cardio-vasculaires et le
diabète. Sauf que de nombreuses études ont montré, aussi, l’existence d’une corrélation entre surpoids et
développement de certains cancers, tels que ceux de l’œsophage, du pancréas et des reins. L’OMS
prévoit qu’en 2015, environ 2,3 milliards de personnes dans le monde souffriront d’embonpoint et plus de
700 millions seront obèses ! Des chiffres très inquiétants quand on annonce que le surpoids et la
sédentarité seraient responsables du tiers des décès par cancer, ce qui est comparable au taux de
mortalité imputable au tabagisme. L’OMS estime par ailleurs que le maintien d’un équilibre pondéral
réduit le risque de certains types de cancer.
En bref…
Nous retiendrons que le sujet « Alimentation & Cancer » divise les experts à ce jour. Cependant, il est
admis par l’ensemble de la communauté internationale qu’un lien existe bien entre ces deux facteurs. S’il
convient de mieux informer le grand public sur le sujet, il n’est pas non plus nécessaire de l’alarmer, mais
simplement de lui donner les moyens de se faire sa propre opinion, pour qu’il puisse choisir de modifier
ou non son mode d’alimentation.
11
http://www.observatoire-pesticides.gouv.fr/
11
QUE PEUVENT LES POUVOIRS PUBLICS ?
ème
La prise de conscience du phénomène du cancer dans notre pays date du début du 20
siècle et s’est
traduite par l’élaboration de programmes de lutte contre le cancer et la création d’établissements de soins
et de recherche spécialisés.
Alors que des sommes colossales sont dépensées pour tenter d’éradiquer cette maladie et que les
laboratoires pharmaceutiques proposent sans cesse de nouveaux traitements, le cancer fait toujours
rage, toujours plus de victimes chaque année, surtout dans les pays développés comme la France.
Les progrès dans les actions comme le dépistage, les soins, l’accompagnement, la recherche sont en
revanche incontestables.
Quelle est, cependant, la place de la prévention parmi les actions engagées par les pouvoirs
publics et quels sont ses résultats ?
En 2003, le Président Jacques Chirac annonçait son Plan cancer, qui devait se dérouler sur cinq ans et
mobiliser un demi-milliard d’euros. Les mesures de ce Plan se déclinent en 3 grands axes : Prévention et
Dépistage, Soins et Humanisation de la prise en charge et Recherche. Terminé depuis fin 2007, ce Plan
a donné lieu à plusieurs bilans et évaluations. Nous nous sommes intéressées plus particulièrement à
ceux dressés par l’INCa du 6 juin 2008, concernant les mesures de prévention.
Sur 17 mesures de prévention :
-
9 concernent la lutte contre le tabagisme et ont été réalisées entièrement,
-
3 concernent la lutte contre l’alcoolisme : une action est réalisée (compagne d’information),
l’autre est en cours (aide à l’arrêt de l’alcool) et la troisième (recommandations sanitaires) est
abandonnée.
12
Autre constat : les mesures comme la prévention des cancers professionnels, l’impact de
l’environnement, la prévention à l’école ou encore la promotion de l’hygiène alimentaire sont classés par
l’INCa comme étant partiellement réalisés ou en cours.
Comment expliquer un tel déséquilibre entre, d’une part, le nombre de mesures concernant le tabac et
l’état de leur avancement et, d’autre part, l’importance accordée à la prévention à l’école et la promotion
de l’hygiène alimentaire. Pourtant, il est aujourd’hui parfaitement établi que l’alimentation et l’état
nutritionnel participent de façon déterminante au développement et à l’expression clinique des maladies
spécifiques aux pays industrialisés comme le cancer et ces mesures concernent chacun d’entre nous.
Plusieurs organismes nationaux et internationaux tels que le FMRC, le réseau NaCRe, le PNNS, l’INCa,
12
la ligue, l’ARC … produisent régulièrement des rapports qui résument les dernières avancées
scientifiques, proposent des mesures de prévention ou des recommandations, dressent le bilan des
programmes réalisés. Mais, le citoyen français est-il informé de ces travaux ? Ces travaux sont-ils
accessibles au grand public, premier intéressé ?
Selon une enquête réalisée par l’INPES, les principales sources d’informations restent les médias
(49,8 %), les professionnels de santé (20,5 %) et l’entourage proche (16,8 %).
Quelle part revient aux pouvoirs publics dans la diffusion de l’information ?
Quel est le coût du traitement du cancer et quel serait (éventuellement) le coût de mise en place
d’actions de prévention ? Quel sont les enjeux économiques, l’influence et le lobbying des
industries pharmaceutiques ?
13
Au cours des 5 dernières années, trois commissions de l’Afssa
ont, certes, émis des avis sur les
problèmes posés par le sucre, le sel et les acides gras trans. Mais, quelles sont les mesures prises par
les pouvoirs publics concernant ces produits, en termes de réglementation, d’étiquetage… ?
Et où en est le procès en diffamation mené par le Comité des Salines de France contre un scientifique lui
reprochant d’avoir dit : « Le lobby des producteurs de sel et du secteur agroalimentaire industriel est très
actif. Il désinforme les professionnels de la santé et les médias ». Rappelons ici que l’entreprise Solvay,
membre du Comité des Salines, possède une filiale pharmaceutique commercialisant cinq
antihypertenseurs, et que plusieurs branches de l’industrie agroalimentaire sont directement ou
indirectement intéressées par de multiples « vertus » du sel dans les aliments industriels. Et ce n’est
qu’un exemple parmi autres...
Quelle est la position de l’Etat français sur ces questions d’actualité et les mesures concrètes prises en
termes d’information et de prévention ? Et quelles en sont les limites ?
Finalement, à l’heure où se créent des Pôles de Compétitivité, dont le « Cancéropôle », nous pouvons
nous demander de quelle façon ce dernier participera à la politique de prévention ?
12
FMRC : Fond Mondial de la Recherche sur le Cancer/ Réseau NaCRe : Réseau National Alimentation Cancer Recherche /PNNS :
Programme National Nutrition Santé/ INCa : Institut National du Cancer/ ARC : Association pour la Recherche contre le Cancer
13
Agence française de sécurité sanitaire des aliments : http://www.afssa.fr/
13
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