BULLETIN DE SANTE DU VEGETAL MIDI-PYRENEES Viticulture - n°1 Édition Tarn-et-Garonne 10 avril 2012 EXCORIOSE La période de risque est atteinte pour les cépages sensibles. MILDIOU Risque nul. Les œufs d'hiver ne sont pas mûrs. VERS DE LA GRAPPE Surveillez vos pièges. ANNEXE : Note nationale Abeilles M ÉTÉO Prévisions du 10 au 15 avril 2012 Températures Mar 10 Mer 11 Jeu 12 Ven 13 Sam 14 Dim 15 6 4 6 3 6 8 17 14 15 15 15 12 Tendances Risque d'orages S TADES Action pilotée par le Ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018. Rares averses Pluie faible Temps variable, rares averses Averses et éclaircies PHENOLOGIQUES Les conditions climatiques de ce début de printemps, notamment fin mars, ont été favorables à une reprise rapide de la végétation. On constate une assez grande hétérogénéité entre les différents secteurs et même au sein d'une même parcelle. Les cépages les plus précoces comme l'Abouriou,le Chardonnay, le Gamay et le Merlot sont dans certains secteurs précoces déjà au stade 9 (2/3 feuilles étalées) voire même localement au stade 12 (grappes visibles). Les Syrah, Cot Cabernet-Francs et Sauvignon blanc se situent en moyenne entre le stade 3 (bourgeon dans le coton) et le stade 5 (pointe verte). Les Tannats et Cabernets Sauvignons sont eux plus en retard et se situent au stade 3 (bourgeon dans le coton). Nous sommes pour le moment sur un démarrage précoce de la végétation mais un peu moins marqué que celui de l'année dernière qui était particulièrement important. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – VITICULTURE Édition Tarn-et-Garonne N° 1 DU 10 AVRIL 2012 – Page 1/5 Directeur de publication : Jean-Louis CAZAUBON Président de la Chambre Régionale d'Agriculture de Midi-Pyrénées BP 22107 – 31321 CASTANET TOLOSAN Cx Tel 05.61.75.26.00 – Fax 05.61.73.16.66 Dépôt légal : à parution ISSN en cours Pluie faible D ISPOSITIF D ' OBSERVATION 2012 Pour sa troisième année de publication, le BSV Vigne Midi-Pyrénées conserve sa déclinaison en 6 éditions régionales (Fronton, Gaillac, Tarn et Garonne, Cahors – Lot, Gascogne - St Mont - Madiran, Aveyron) et une édition inter-régionale dédiée au vignoble de la région Limousin. Cette année, le réseau est constitué par environ 80 parcelles (traitées et non traitées) suivies par de nombreuses structures partenaires (dont vous retrouvez la liste en fin de bulletin) et par des viticulteurs observateurs. Ces données seront régulièrement complétées par les informations recueillies par les techniciens des structures partenaires lors de leurs tournées de vignoble. L'analyse de risque éditée dans les bulletins s'appuiera également sur les données issues de modèles épidémiologiques (Potentiel Systèmes et Milvit pour le mildiou, Lob pour Eudémis). L'organisation du comité de validation est la suivante : – Animatrice filière régionale suppléante : Virginie Viguès (IFV Sud Ouest) – Référents vignoble / Représentant FRC2A : • Fronton : Matthieu Pessato (CA 82) / Jean Hemmi (Cave Fronton) • Gaillac : Thierry Massol (CA 81) / Jean-Amand Perez (Cave Rabastens) • Tarn-et-Garonne : Matthieu Pessato (CA 82) • Cahors : Matthieu Tylski (Syndicat AOC Cahors / CA 46) / Valérie Alibert (Cave des Côtes d'Olt) • Gascogne – St Mont – Madiran : CA 32 • Aveyron : Karine Scudier (CA 12) / Gil Bénac (Cave de Valady) • Limousin : Céline Vachon (CRA Limousin) – FREDEC Midi-Pyrénées : Christian Lassort – SRAL : Sandrine Kikolski – Chambre Régionale Midi-Pyrénées : Caroline Gibert E XCORIOSE • Éléments de biologie Le champignon responsable de l'excoriose se conserve durant l'hiver sur les écorces et dans les bourgeons. Il produit des pycnides de couleur noire à la fin de l'hiver et au printemps sur les bois excoriés. Lorsque les conditions climatiques deviennent favorables à la germination des pycnides (précipitations prolongées), celles-ci sécrètent un « gel » de couleur jaune contenant les spores. La pluie, en diluant les spores, va permettre leur dissémination sur des organes réceptifs. Cette dissémination se fait sur de courtes distances et la maladie reste très localisée. Les attaques apparaissent au printemps, sur les jeunes Chancres d'excoriose sur bois d'un an rameaux, peu après le débourrement, et se manifestent par des Photo CA 82 taches brun-noir parfois d'aspect liégeux à la hauteur des premiers entre-nœuds. La période de sensibilité de la vigne s'étend du stade 6 (sortie des feuilles) au stade 9 (premières feuilles étalées). La croissance végétative met rapidement la partie terminale sensible du sarment hors de portée du champignon. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – VITICULTURE Édition Tarn-et-Garonne N° 1 DU 10 AVRIL 2012 – Page 2/5 • Situation au vignoble Globalement ,très peu de symptômes ont été observés au vignoble. Évaluation du risque : Les cépages et situations précoces entrent dans la phase de sensibilité. Le niveau de risque est à évaluer à l'échelle de la parcelle en fonction de son historique de contamination. Seule une présence régulière de symptômes sur bois constatée au moment de la taille justifie une gestion spécifique. Par ailleurs, les conditions climatiques survenant lors de la phase de sensibilité du végétal seront également déterminantes : la période pluvieuse annoncée pourrait être favorable au développement de la maladie. M ILDIOU • Éléments de biologie Le mildiou se conserve sous forme d'œufs sur les résidus de feuilles mortes restées au sol. Les conditions climatiques observées au cours de l'hiver et du printemps vont déterminer l'intensité du potentiel d'attaque du champignon. Rappelons que les premières contaminations épidémiques ne peuvent se produire qu'à la condition que les œufs de mildiou aient atteint un stade de maturité suffisant au vignoble. Ces 2 paramètres (potentiel infectieux et maturité des œufs) font l'objet de modélisation, pour le premier, et de suivi de laboratoire, pour le deuxième, afin de mieux anticiper les périodes de risque. • Maturité des œufs (suivi labo Midi-Pyrénées) Les premières observations réalisées au laboratoire le 5 avril dernier ne montraient aucun signe de maturité des œufs d'hiver. Rappel : La maturité des œufs d'hiver s'observe à partir d'échantillons de feuilles collectés sur différents sites et conservés en conditions naturelles durant tout l'hiver. Origines 2012 des lots de feuilles : Cahors - Lot (Douelle), Gaillac (Lisle), Gascogne-Madiran (Riscle), Tarn-etGaronne (Moissac), complétés par un lot sur Auzeville (31) Dès le printemps, chaque semaine, une fraction de ces lots est expédiée au laboratoire pour être placée en conditions contrôlées (20 °C et humidité saturante). La maturité des œufs est considérée comme acquise dès que la germination des spores contenues dans les échantillons s'effectue en moins de 24 h. Évaluation du risque : Le risque est nul à ce jour. Les œufs d'hiver ne sont pas mûrs, aucune contamination primaire ne peut donc avoir lieu. V ERS DE LA GRAPPE • Éléments de biologie Les vers de grappe hivernent sous forme de chrysalides, au sol ou sous les écorces. Au printemps, les adultes de la première génération (G1) émergent de ces chrysalides et entament le premier vol. Ce vol de G1 peut démarrer précocement selon les conditions de l'année (en 2011, les premières captures avaient déjà eu lieu sur les premiers jours d'avril) et s'étaler sur près d'un mois. Les premiers œufs sont alors déposés sur le bois puis, sur les bractées des inflorescences dès que le développement végétatif de la plante le permet. Sur nos vignobles régionaux, c'est eudémis (Lobesia botrana) qui est observée majoritairement. Elle est présente de manière sectorisée dans le vignoble. Piège delta BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – VITICULTURE Édition Tarn-et-Garonne N° 1 DU 10 AVRIL 2012 – Page 3/5 • Situation au vignoble Surveillez vos pièges car les premières captures ont été enregistrées sur la commune de Campsas, sur le vignoble de Fronton. Évaluation du risque : Si ce n'est déjà fait, disposez rapidement vos pièges sexuels dans les zones à surveiller. Le premier vol démarre à peine. E RINOSE • Éléments de biologie L'érinose est caractérisée par l'apparition, à la face supérieure des jeunes feuilles, de galles boursouflées. A la face inférieure de la feuille, se forme également un feutrage dense blanc ou rosé. Lorsque les galles vieillissent, ce feutrage vire au brun rouge. Le parasite responsable des ces symptômes est un acarien invisible à l'œil nu (Colomerus vitis). Les femelles hivernent dans les écailles des bourgeons et colonisent très tôt les jeunes feuilles pour se nourrir et pondre. Très rapidement après le débourrement démarre une phase de reproduction de l'acarien au cours de laquelle seront produites les populations d'adultes des premières générations estivales qui vont migrer vers le Galles d'érinose sur la végétation bourgeon terminal et les nouvelles feuilles des rameaux. Cette migration démarre fin mai et s'intensifie après la floraison. Sur les parcelles à risque (régulièrement attaquées), les dégâts peuvent donc apparaître très précocement, dès le stade pointe verte. Ainsi, des galles peuvent être visibles sur les premières feuilles à la base des rameaux. Lors d'attaques importantes au printemps, l'érinose peut gêner le développement des jeunes pousses et provoquer un avortement des fleurs. • Situation au vignoble Il est encore un peu tôt pour observer des symptômes. Évaluation du risque : La surveillance doit être accrue sur les parcelles ayant subi une forte attaque d'érinose lors des campagnes précédentes. La gestion du risque vis-à-vis de l'érinose dans les parcelles les plus sensibles repose sur une régulation précoce des populations, avant leur phase de multiplication. A CARIOSE • Éléments de biologie Les attaques d'acariose au printemps se manifestent de manière très localisée. Les symptômes sont provoqués par le développement d'acariens microscopiques (Calepitrimerus vitis) sur les bourgeons puis les jeunes pousses. Ce sont les femelles hivernantes qui provoquent ces attaques précoces lorsqu'elles piquent les tissus végétaux pour s'alimenter. A ce stade, les cellules végétales meurent et provoquent des malformations des feuilles ou la mauvaise croissance des rameaux. On observe donc que certains bourgeons ne démarrent pas alors que d'autres poussent faiblement et restent rabougris. Certains de ces rameaux vont se ramifier à leur base et donner un aspect buissonnant au cep. Les feuilles de la base des rameaux sont plissées et recroquevillées. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – VITICULTURE Édition Tarn-et-Garonne N° 1 DU 10 AVRIL 2012 – Page 4/5 • Situation au vignoble Rien à signaler pour le moment. Évaluation du risque : Surveillez particulièrement les jeunes plantations qui se montrent plus sensibles aux attaques d'acariose. Les vignes adultes reprennent une croissance normale dès que les conditions climatiques deviennent favorables à la pousse et les populations d'acariens sont alors diluées dans la végétation. T HRIPS • Éléments de biologie Plusieurs espèces de thrips peuvent être observées sur la vigne. La plupart sont polyphages est se nourrissent également sur les plantes de l'environnement des parcelles. 3 espèces sont répertoriées comme potentiellement nuisibles à la vigne. Il s'agit de Drepanothrips reuteri, Frankiniella occidentalis et Thrips tabaci. La reconnaissance des espèces est affaire de spécialiste, mais les dégâts observés lors d'attaques de thrips sont similaires quelle que soit l'espèce incriminée. Les femelles hivernent à la base des sarments ou sous les écorces et reprennent leur activité au printemps, au moment de l'éclateFemelle de thrips à la face inférieur ment des bourgeons. Ces femelles s'alimentent sur les jeunes d'une feuille pousses et pondent, très tôt, sur les feuilles en formation. Le développement précoce des populations de thrips peut provoquer un rabougrissement des pousses (en zig zag) pouvant aller jusqu'à une altération de la croissance végétative. Les jeunes feuilles piquées prennent un aspect crispé. Les attaques précoces de thrips peuvent alors être confondues avec des dégâts d'acariose ou d'excoriose. La présence de l'insecte doit donc être recherchée pour préciser l'origine des dégâts : l'adulte est de petite taille (0,6 à 0,8 mm), de forme allongée et de couleur jaune paille. Les thrips vivent dissimulés à la face inférieure des feuilles ou dans les replis végétaux. • Situation au vignoble Quelques thrips ont été observés sur les zones du Brulhois et de Saint-Sardos mais en faible quantité pour le moment. Évaluation du risque : Il est peu fréquent que les thrips occasionnent des dégâts significatifs. En situation d'équilibre, la vigne peut tolérer leur présence et la croissance végétative reprend rapidement le dessus. Par ailleurs, les thrips sont des proies pour bon nombre d'auxiliaires. Il n'existe pas de seuil de nuisibilité pour ce ravageur, et seules les parcelles ayant subi des attaques sévères et répétées doivent faire l'objet d'une surveillance spécifique. La gestion du risque repose alors sur une régulation précoce (dès l'étalement des premières feuilles) des populations de thrips, si leur présence est avérée. REPRODUCTION DU BULLETIN AUTORISÉ SEULEMENT DANS SON INTÉGRALITÉ (REPRODUCTION PARTIELLE INTERDITE) Ce bulletin de santé du végétal a été préparé par l'animateur filière viticulture de la Chambre Régionale d'Agriculture Midi-Pyrénées et élaboré sur la base des observations réalisées par la Chambre d'Agriculture du Tarn-et-Garonne, le Syndicat de Défense du Chasselas de Moissac AOC et les agriculteurs observateurs. Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles. S'il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transposée telle quelle à la parcelle. La CRA Midi-Pyrénées dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs pour la protection de leurs cultures et les invite à prendre ces décisions sur la base des observations qu'ils auront réalisées et en s'appuyant sur les préconisations issues de bulletins techniques. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL – VITICULTURE Édition Tarn-et-Garonne N° 1 DU 10 AVRIL 2012 – Page 5/5 Note nationale BSV Les abeilles, des alliées pour nos cultures : protégeons-les ! Cette note a été rédigée par un groupe de travail DGAl1, APCA2, ITSAP-Institut de l’abeille3, et soumise à la relecture du CNE4. 1-Direction générale de l’alimentation 2- Assemblée permanente des chambres d’agriculture 3- Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation 4-Comité national d’épidémiosurveillance dans le domaine végétal Crédits photos et dessin : J. Jullien DGAl-SDQPV et ANAMSO (colza, p.2) En butinant de fleur en fleur, les insectes pollinisateurs participent à la production de nombreuses cultures et contribuent aussi à la qualité des récoltes. À l’échelle mondiale, 80 % des plantes à fleurs se reproduisent grâce à ces insectes auxiliaires, en particulier aux abeilles. Une démarche éco-responsable Les causes de dépérissement des abeilles sont multiples. La préservation de la santé du cheptel apicole implique la mise en place de bonnes pratiques au niveau de : - la gestion des ressources alimentaires des abeilles ; - la maîtrise des risques sanitaires du cheptel ; - l’utilisation raisonnée des produits phytopharmaceutiques en protection des cultures. Face à ces risques, les pouvoirs publics ont renforcé les études écotoxicologiques, la réglementation, ainsi que les contrôles sanitaires et phytosanitaires visant à protéger les insectes pollinisateurs. Les voies d'intoxication Des empoisonnements d’insectes pollinisateurs peuvent se produire quand les produits phytopharmaceutiques sont appliqués pendant la période de floraison ou lors de la production d’exsudats, car c'est dans ces situations que les butineuses sont les plus actives, tant sur les plantes cultivées que sur les adventices. La contamination peut avoir lieu à deux moments (pendant et après le traitement phytosanitaire), par deux voies d'intoxication différentes (contact ou ingestion) : - par contact : quand l'abeille est exposée directement à un produit dangereux, surtout aux heures chaudes de la journée ; se pose sur une fleur ou sur la végétation traitée avec un produit persistant ; reçoit des traînées de vapeurs ou de poussières toxiques au-dessus des plantations limitrophes de celles qui sont en fleurs ; - par ingestion : quand l’abeille prélève du nectar ou du pollen sur des fleurs contaminées suite à une pulvérisation ; par l’utilisation avant floraison d’un produit rémanent ou systémique ; suite à un enrobage de semence avec un produit systémique et persistant durant la floraison ; ou enfin par des poussières d’enrobage insecticide émises lors de semis en l’absence de mesures appropriées de gestion des risques, telles que définies notamment dans l’arrêté interministériel du 13 janvier 2009. 1/3 Connaître les risques d'intoxication d'abeilles avant de traiter Sur « e-phy », consultez la rubrique ECOACS Base de données nationale sur les effets non intentionnels des produits phytosanitaires. Les professionnels de la production végétale et du paysage doivent impérativement connaître l'écotoxicité des produits phytosanitaires avant de les appliquer sur les cultures ou les zones non agricoles. La règle de base consiste à lire l'étiquette du produit figurant sur l’emballage (classement toxicologique, phrases de risque correspondantes). En complément, il est possible de consulter les fiches de données de sécurité 1 des produits phytopharmaceutiques et l'Index phytosanitaire de l'Acta, mis à jour chaque année. Sur Internet, on peut aussi consulter avec intérêt le catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages autorisés en France "e-phy"2, dans lequel figure une rubrique appelée Ecoacs (voir encadré) sur les effets nonintentionnels sur les auxiliaires biologiques, dont l'abeille domestique. Enfin, la base Agritox3 renseigne sur les principales propriétés de « dangers » des substances actives. 1-http://www.quickfds.com ou http://www.phytodata.com 2-http://e-phy.agriculture.gouv.fr 3-Agritox est une base de données sur les propriétés physiques et chimiques, la toxicité, l'écotoxicité, le devenir dans l'environnement, la réglementation sur les substances actives phytopharmaceutiques. Elle a été créée par le département de phytopharmacie et d'écotoxicologie de l'Inra. 80 % des informations proviennent des dossiers de demande d'autorisation de mise sur le marché déposés par les industriels et validés par les experts aux niveaux français et européen, et 20 % sont de source bibliographique (www.dive.afssa.fr/agritox/index.php). Les bonnes pratiques phytosanitaires inscrites dans la réglementation en vigueur • Conditions d'utilisation des insecticides et acaricides à usage phytosanitaire D’une façon générale, il faut noter que l’arrêté du 28 novembre 2003, paru au Journal officiel du 30 mars 2004, interdit tout emploi d’insecticides ou d’acaricides en période de floraison ou de production d’exsudats ; ceci afin de protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Par dérogation, l’emploi d’insecticides et acaricides en période de floraison ou de production d’exsudats est cependant possible dès lors que deux conditions sont respectées : 1. L’intervention a lieu en dehors des périodes de butinage, c'est-àdire tard le soir ou tôt le matin (les cultures n’étant pas visitées par les butineuses). 2. Le produit insecticide ou acaricide employé bénéficie d’une mention « abeilles ». L’arrêté définit en effet trois types de mention « abeilles » pouvant être attribuées aux insecticides ou acaricides : - « Emploi autorisé durant la floraison en dehors de la présence d’abeilles ». - « Emploi autorisé au cours de périodes de production d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles » ; « Emploi autorisé durant la floraison et au cours des périodes de production d’exsudats, en dehors de la présence d’abeilles ». • Eviter les dérives lors des traitements L'arrêté interministériel du 12 septembre 2006 impose aux applicateurs (professionnels agricoles, personnel des collectivités, particuliers) de mettre en œuvre des moyens appropriés pour éviter tout entraînement des produits phytopharmaceutiques en dehors des parcelles ou des zones traitées. Il convient dans ce cadre d’éviter toute dérive des produits vers les ruches et ruchers. N’hésitez pas à échanger avec les apiculteurs qui travaillent autour de vous et adaptez vos • Mesures anti-dérives lors du semis pratiques en leur demandant conseil vis-à-vis L'arrêté interministériel du 13 janvier 2009 précise les des abeilles. Sur cette photo, colonie peu conditions d'enrobage et d'utilisation des semences traitées populeuse après dérive. par des produits phytopharmaceutiques en vue de limiter l'émission des poussières lors du procédé de traitement en usine. 2/3 • Mélanges de produits phytopharmaceutiques dangereux pour les abeilles L'association de certaines molécules à visée phytopharmaceutique peut faire courir un risque important aux pollinisateurs (effets possibles de synergies). Pour cette raison, il convient d’être extrêmement vigilant en matière de mélanges et de respecter l’arrêté ministériel du 7 avril 2010. Ce dernier prévoit dans son article 8 : que « durant la floraison ou au cours des périodes de production d'exsudats, au sens de l'article 1er de l'arrêté du 28 novembre 2003 susvisé, un délai de 24 heures soit respecté entre l'application d'un produit contenant une substance active appartenant à la famille chimique des pyréthrinoïdes et l'application d'un produit contenant une substance active appartenant aux familles chimiques des triazoles ou des imidazoles. Dans ce cas, le produit de la famille des pyréthrinoïdes est obligatoirement appliqué en premier ». Les mélanges extemporanés de pyréthrinoïdes avec triazoles/imidazoles sont donc interdits en période de floraison et d'exsudation de miellat par les pucerons. A RETENIR - Pensez à observer vos cultures avant de traiter ! - Il est interdit de traiter en présence des abeilles, même si le produit comporte la mention « abeilles ». - Périodes et conditions où la présence des abeilles est la plus propice sur vos cultures : dès que les températures sont supérieures à 13°C , la journée ensoleillée et peu ventée. - Périodes et conditions où les abeilles sont peu présentes dans vos cultures : si les températures sont fraîches (<13°C), par temps nuage ux, pluvieux et par vent fort. Attention : d’autres pollinisateurs sauvages sont présents sur des plages horaires plus larges au cours de la journée et sous des températures plus fraîches (par exemple, les bourdons). Par ailleurs, les abeilles peuvent être actives du lever du jour au coucher du soleil. Les bonnes pratiques pour favoriser l’activité des insectes pollinisateurs et pour maintenir des ressources alimentaires en dehors des périodes de floraison des cultures mellifères • Avant toute prise de décision concernant une éventuelle intervention phytosanitaire, pensez à consulter le Bulletin de Santé du Végétal et à évaluer rigoureusement l’état phytosanitaire de la culture. • Ne laisser jamais d’eau polluée par des substances actives chimiques autour des parcelles ou sur votre exploitation, les abeilles s’abreuvent et collectent de l’eau pour assurer le développement de leur colonie. • Favorisez la présence des pollinisateurs pour la pollinisation de vos cultures en implantant des espèces mellifères autour de vos parcelles (bandes mellifères le long des cours d’eau et bord de champ, haies mellifères, CIPAN mellifères…). Rendez non attractifs pour les abeilles les couverts herbacés et fleuris entre-rangs dans la parcelle à traiter, par exemple en les broyant ou les fauchant. Pour ne pas que la flore mellifère devienne un piège pour les pollinisateurs, il est impératif que la dérive des traitements réalisés sur les cultures voisines soit évitée. • Participez au maintien de l’apiculture sur votre territoire avec des cultures diversifiées et des rotations plus longues en intégrant des légumineuses ou des oléoprotéagineux dans votre assolement. • Laissez des plantes messicoles s’implanter en bords de champs pour favoriser la biodiversité florale et mellifère. Pour plus d’informations sur les abeilles et l’apiculture, contactez l’ADA (association de développement apicole) de votre région, le référent apiculture de la chambre régionale d’agriculture ou consultez le site internet de l’ITSAP-Institut de l’abeille www.itsap.asso.fr 3/3